Identité : Zorro WolfenÂge : Une
petite trentaine d’années en apparence. Dans les faits, c’est plus… complexe.
Sexe : Pendouillant
Race : Bâtard improbable d’un elfe et d’une lycanthrope.
Sexualité : Hétéro
Physique :
La porte de l’auberge s’ouvrit, laissant entrer un courant d’air glacial. Surpris et quelques peu dérangés par la soudaine fraîcheur, les rares clients présents à cette heure tournèrent la tête pour voir qui osait laisser l’hiver pénétrer dans l’établissement. Dans l’encadrement de la porte, à contre-jour de la blancheur se tenait une silhouette encapuchonnée.
Plutôt grande, solidement bâtie, elle était vêtue de ce qui ressemblait à une vieille, quoiqu’épaisse, cape de cuir brun, marbrée de tâches sombres et sérieusement usée sur les bords. L’inconnu referma la porte derrière lui, coupant cour aux assauts du froid, et s’avança dans la chaleur du feu qui crépitait joyeusement dans l’âtre. Il sembla jeter un regard circulaire à la pièce puis se dirigea vers le comptoir en louvoyant entre les tables qui se dressaient sur son chemin. Il avançait tranquillement, d’un pas souple et alerte, fluide, presque félin, sans faire de bruit. La démarche typique d’un aventurier ou d’un chasseur. Ou d’un assassin.
Arrivé devant le bar, il retira sa capuche, exposant ses traits à la chaude lumière des lampes à huile qui se consumaient lentement un peu plus haut. L’homme, puisque c’était indéniablement un homme, possédait une abondante crinière d’un noir d’encre aux légers reflets argentés qui lui balayait les épaules, rassemblée négligemment et attachée derrière la tête. Une barbe de plusieurs jours, d’un noir tout aussi profond, dissimulait en partie une mâchoire carrée et un menton plutôt avancé et encadrait une bouche rieuse aux lèvres fines et presque rouges. Un nez grec, fort et aux narines hautes trônait fièrement au milieu de ce visage aux hautes pommettes, lui donnant de fausses allures de faucon ou de loup. Surmontés de sourcils bien dessinés, de grands yeux d’une couleur surprenante illuminait le faciès de l’homme : dans ses iris ne dansaient pas moins de cinq nuances de vert concentriques différentes, parsemées de paillettes dorés qui reflétaient la lumière des lampes. Une impressionnante cicatrice, partant du milieu du front de l’homme et courant jusque sous sa pommette, tranchait violement avec son regard d’émeraude.
Rundil, le tenancier de l’auberge du Repos Paysan, un homme entre deux âges d’une bonhomie proverbiale et au crâne aussi chauve que sa barbe était drue, dévisagea le nouvel arrivant un moment tout en essuyant une imposante chopine, avant de prendre la parole de sa grosse voix apaisante.
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Que puis-je pour vous Monsieur ? -
Serait-il possible d’avoir une chambre s’il-vous-plaît ? Et un repas chaud ? Il fait un froid glacial dehors, ça vous pénètre jusqu’aux os …L’homme avait une voix étonnement douce, riche et profonde à la fois. Il avait cependant parlé sans aucun accent et en butant légèrement sur certains mots, comme s’il maîtrisait encore mal le langage. Rundil décida qu’il l’aimait bien.
-
Sûr mon ami, prenez place, je vous apporte ça tout de suite. Vous devez venir de loin.-
Vous n’avez pas idée … répondit l’homme avec un sourire.Un instant plus tard l’homme dégustait un potage fumant au lard, installé à une table un peu isolée. Il avait retiré sa cape, dévoilant une vieille épée dans son fourreau qui pendait à une large ceinture de cuir robuste. Un pantalon en toile épaisse, de couleur brune, y était attaché, ainsi qu’une série de sacoches élimées. Ses pieds étaient chaussés de hautes bottes de couleur noir, en cuir elles aussi, ferrées aux talons et sur les pointes. Une chemise en laine épaisse, d’un noir délavé, surmontée d’un vieux plastron de cuir usé, couvrait son buste tandis que des mitaines de cuir, maintenant posées sur la table à côté de lui, protégeaient initialement ses mains du froid
Rundil revint à la table, apportant une chope d’un breuvage ambré et mousseux à souhait.
-
Cadeau de la maison. Et voici la clé de votre chambre. Puis-je avoir votre nom ? C’est pour mon registre vous comprenez.-
Pas de souci je comprends, affirma l’étranger en avalant sa gorgée.
Et merci pour la bière. On me nomme Zorro. Zorro Wolfen. Enfin parfois certain me donne d’autres noms, du style « crétin » mais en règle générale je préfère les ignorer.L’aubergiste pouffa gentiment.
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Moi c’est Rundil. Et on évite en principe de m’appeler autrement. Sauf ma femme… Sur ce Zorro, je vous laisse à votre repas. S’il vous faut quelque chose, n’hésitez pas.-
Hmm, maintenant que vous le dites… Cela fait un moment que je voyage, et un certain … fumet s’est installé sur moi dirons-nous. Y aurait-il moyen de prendre un bain ?-
Il y a un baquet dans votre chambre. J’enverrai quelqu’un vous verser de l’eau chaude après votre repas.-
Mille mercis !Un quart d’heure plus tard, Zorro pénétrait dans sa chambre. La pièce était petite mais lumineuse et le mobilier, simple, se composait d’un lit robuste, d’un coffre à ses pieds et, comme l’avait annoncé le tenancier, d’un baquet caché derrière un petit paravent.
Le voyageur posa son épée debout à côté de la tête du lit, tira une dague de sa botte qu’il dissimula sous l’oreiller puis se déchaussa avec un soupir de soulagement et s’installa sur le confortable matelas en attendant que l’eau de son bain arrive.
Il n’eut pas longtemps à attendre. A peine avait-il commencé à se détendre un peu que l’on frappa à la porte. Il se leva pour l’ouvrir et s’écarta afin de laisser entrer deux jeunes femmes chargées chacune d’un gros seau rempli d’une eau fumante. Très semblables l’une à l’autre, elles possédaient la même aura de calme sérénité que l’aubergiste et dégageaient ce charme un peu rustique mais indéniable qu’ont certaines jeunes paysannes, de celles avec qui les hommes aiment à s’imaginer croquer la pomme.
Courtois, Zorro leur proposa une aide qu’elles déclinèrent avec un charmant sourire avant de remplir le baquet et de s’en aller, non sans lui laisser une serviette auparavant et le saluer aimablement.
L’aventurier contempla d’un air songeur la porte qui venait de se refermer sur les deux belles créatures pendant quelques instants puis secoua la tête, revenant à la réalité : l’eau ne resterait pas forcément chaude très longtemps, il fallait en profiter au plus vite !
Le plastron de son armure vola bientôt jusqu’au lit, rapidement rejoint par sa chemise, tandis que ses braies retombaient en tas informe à côté du matelas. Il fit le tour du paravent sur lequel était suspendu la serviette, piétinant le parquet de ses grands pieds, et pénétra dans l’eau chaude avec une grimace avant de se détendre.
Bon sang que cela faisait du bien ! La chaleur se glissait à l’intérieur de son corps, dénouant peu à peu des muscles sculptés par une longue vie de combats et de grand air et soulageait les cicatrices blanchâtres qui marquaient une peau bronzée, limité burinée même, en dépit de la saison. Ses longues jambes débordant de la baignoire trop petites, Zorro s’immergea totalement, ses cheveux détachés flottant au même rythme que la fine pilosité de son torse, puis, revenant à la surface, il ferma les yeux et se laissa aller …
Caractère :
Zorro est un combattant. Un guerrier. Ou plus exactement, il a dû le devenir. Après plus de trois cents années à devoir se battre à cause d’une malédiction du sang, devenir un guerrier n’était plus une option. C’était une question de survie. Or la volonté de vivre est peut-être la chose la plus puissante qui existe chez cet homme. Volonté de vivre malgré la tension d’une vigilance constante, de vivre en dépit du sang qu’il a sur les mains et qu’il n’a fait couler qu’à regret, de vivre malgré la perte de ses proches, morts dans le sang ou dans leur lit, ou simplement disparus.
Néanmoins, l’instinct de survie n’ai pas la seule chose qui a fait de lui un combattant. En effet, si le mercenaire n’aime pas tuer, il ne répugne absolument pas à se battre. Il ne s’agit pourtant pas d’un va-t-en-guerre, d’une grande gueule qui ne vit que pour distribuer des coups, bien loin de là, mais il n’était pas le dernier à plonger dans la mêlée lorsqu’une bagarre amicale se déclarait au sein de sa compagnie.
A vrai dire, il n’y a pas que le combat que le guerrier apprécie. De manière général, il aime la vie et ses plaisirs simples : un bon repas -il est d’ailleurs particulièrement gourmand, une discussion au coin du feu, regarder la forme que prennent les nuages par une douce journée de printemps, lire un livre qui le fasse voyager, toutes ses petites choses qui font que, malgré sa difficulté et les injustices, la vie vaut la peine d’être vécu. Et le sexe.
Oui, le sexe. Zorro aime à contempler les femmes, sentir l’enivrante odeur qu’elles dégagent lorsqu’elles passent à côté de lui, la chaleur de leur corps pressé contre le sien, la souplesse de leur poitrine, la douceur de leur peau … Mais il demeurera en tout instant courtois et ne tentera jamais rien contre une dame qui n’aurait pas clairement manifesté son accord. Il a par ailleurs du mal à leur parler crûment, combien même la demoiselle le lui réclame. Et les hommes ? Le mercenaire a déjà considéré la question, et a déjà essayé – chose qu’il avoue sans difficulté – mais l’expérience ne lui a pas plu. Il reconnaîtra volontiers qu’un mâle est beau ou séduisant et peut comprendre les personnes attirées par le sexe « fort », mais lui-même n’ai pas attiré le moins du monde. Peu importe de quel côté il se trouve.
Outre ceci, il a bien entendu des choses que l’hybride n’aiment pas, voire qu’il déteste. La première d’entre elles est sans conteste possible la pluie. Quelle horreur ! C’est froid, c’est mouillé, ça TE mouille, ça rend le sol boueux, les arbres glissants, ça te coule dans les yeux et réduit ta visibilité … Cette chose ignoble doit sans doute être une mauvaise farce des dieux !
En seconde position, on pourrait placer le fromage. Ou de manière tout ce qui a une odeur trop forte et un goût trop prononcé. C’est là le revers de la médaille d’avoir des sens fortement développé …
Paradoxalement, le mercenaire aime bien l’odeur des écuries ; le mélange de foin chaud, de poussière, de crottin et de musc animal lui évoque d’agréables souvenirs de chevauchées avec ses parents ou ses amis…
Enfin, s’il y a des choses qu’il n’aime pas, il y a en aussi qu’il hait. Et par-dessus tout, il hait les êtres qui tentent de porter atteinte à la liberté des autres. La sienne, avant tout, mais aussi celle des siens et de tout être pensant de manière générale. Farouchement épris de Liberté, il se battra toujours pour la préserver. C’en est au point où il supporte difficilement de voir un animal en cage – même s’il en comprend parfois la nécessité. C’en est aussi au point, de manière plus significative, où il a rejoint une rébellion visant à renverser un tyran. C’était peu de temps avant de se trouver sur Terra. La dernière fois où il avait vu ceux qu’il aimait. C’était il y a cent ans. C’était il y a une semaine …
Histoire :
-
Vous croyez qu’il est mort ?-
Qu’est-ce qu’j’en sais moi, t’as qu’à aller voir !-
Quoi ?! Mais t’es pas bien dans ta tête !-
Moi, c’que j’voudrais savoir, c’est c’qu’il fout d’vant not’e grotte…-
Puis pourquoi il est tout nu ?Les quatre enfants se regardèrent, perplexes.
Le matin même ils s’étaient levés, comme tous les jours, sans que rien ne laisse présager d’un évènement inhabituel. La journée s’était écoulée paisiblement puis, l’école finie et leurs corvées effectuées, ils s’étaient retrouvés au point de rendez-vous convenu, au pied d’un gros arbre tordu, à moitié fendu par la foudre, juste derrière le champ du père Jordiau.
Emeryc, le plus âgé des quatre, était arrivé le premier, comme souvent. Il avait rapidement été rejoint par Loris et sa petite sœur Maya. Enfin Ulfred était arrivé en courant, rouge de colère.
-
D’solé, c’mon père qu’m’a retenu. M’a passé un savon cause que j’ai de mauvaises notes, et i’ dit que si j’continue com’ ça, bah j’s’rais privé d’sortie !Leur petit groupe rassemblé, les enfants s’étaient mis en chemin, traversant les bois et faisant mille et un détours pour éviter d’être suivi. Ils étaient passés sous un vieux tronc d’arbre, avait franchi un ruisseau en se balançant par-dessus à l’aide d’une corde et sauté de pierre en pierre sur ses berges puis s’étaient enfoncés dans les bois pour parvenir à leur repère secret. Comme d’habitude, Emeryc s’était avancé en premier pour voir si la voie était libre. C’est là qu’il avait découvert le corps.
Étendu de tout son long, face contre terre, le corps baignait dans la lumière qui inondait la petite clairière, juste devant l’entrée de la grotte que les enfants considéraient comme leur repère secret.
-
Bon, d’façon, y a pas trente six milles moyens d’tirer t’ça au clair. Faut l’s’couer pour voir si i’ bouge.-
Et s’il ne bouge pas ? s’inquiéta encore une fois le petit Loris.
Ulfred haussa les épaules en faisant la moue et s’accroupi à côté du corps.
-
Hey m’sieur ! Qu’est-ce qu’tu’fous ici ? dit-il en tendant la main pour secouer l’inconnu.
A peine avait-il effleuré la peau de l’homme que celui-ci se retourna, se redressant à moitié, avec une brusque aspiration. Son visage, défiguré par une grosse cicatrice à l’œil, avait l’air totalement hagard, perdu, ses yeux verts passant d’un enfant à l’autre sans les voir, ses lèvres s’agitant sans qu’aucun son n’en sorte.
-
Qu…Que … articula-t-il avec difficulté.
Puis ses yeux se révulsèrent et il resombra dans l’inconscience.
-
Au moins, maintenant on sait qu’il est vivant, constata sobrement Emeric.
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- Non, ne fait pas ça ! Tu risques d’y rester, tu le sais !
- Si je n’essaye pas, de toute façon on va tous y rester. La tour est en train de s’effondrer Malya ! Et il est hors de question que je vous abandonne !
Fermant les yeux, le Loup Noir se concentra, accumulant autant d’énergie qu’il le pouvait. Jamais encore il n’avait essayé de transporter autant de personnes avec lui. Mais il n’avait pas le choix. Le bouclier que Hern avait invoqué après l’ultime incantation du Tyran n’allait pas tenir longtemps sous les tonnes de rochers qui leur tombait dessus. Ils n’avaient pas fait tout ce chemin pour finir bêtement réduit en bouillie ! Il devait réussir !
-Zorro …
Un son cristallin explosa autour d’eau tandis que le bouclier de Hern se répandait en fragments bleutés autour de leur petit groupe, accompagnés par une multitude de bloc de roches de plus en plus gros. Zorro sentit la main de Malya serrer durement son épaule. Il ouvrit les yeux. Un énorme bloc de pierre fonçait droit sur eux. Il était trop tard. Zorro libéra jusqu’à la moindre parcelle d’énergie qu’il avait rassemblé, puisant dans ses propres ressources. Il se concentra plus intensément que jamais, espérant contre toute attente que cela suffirait à les sauver. Au moins eux, quitte à ce que lui-même y reste. Il sentit l’énergie envelopper tout le groupe, la téléportation s’activer …
Puis tout devint noir.
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Ce fut le contact de quelque chose de mou et humide, frais, qui le réveilla.
Zorro ouvrit les yeux en grognant, clignant à plusieurs reprises des paupières. Son corps tout entier était raide, perclus de douleurs. Il ne s’était pas senti aussi mal depuis … Sans doute depuis la première fois où il s’était téléporté, il y a bien des années en arrière. Foutre chiasse, qu’est-ce que c’était désagréable ! Il avait l’impression d’être un papi de quatre-dix balais ! Et le fait qu’il en ait réalité un peu plus du triple ne changeait rien à l’affaire …
Il se redressa avec difficulté, faisant glisser la couverture défraîchie qui le recouvrait, et sentit quelque chose tomber sur son ventre. Il pencha la tête pour regarder ce que c’était - une pointe de douleur lui traversa la nuque – et il reconnue un chiffon imbibé d’eau. C’était donc ça qui l’avait réveillé … La vision encore trouble, il regarda lentement autour de lui. Apparemment il se trouvait dans une espèce de grotte. Elle sentait l’humidité, la poussière et le sable et aussi comme une vague odeur de charcuterie et de fromage. Une bougie presque entièrement consumée éclairait chichement l’alcôve dans laquelle il se trouvait. Un peu plus loin, semblant provenir de l’extérieur de la grotte, il distinguait de légers murmures, mais ne parvenait pas encore à comprendre ce qui se disait. Tournant la tête, il continua d’observer son environnement. C’est alors qu’il s’aperçut qu’une petite fille l’observait également, ses immenses yeux violets brillant à la lumière de la bougie.
-
Les garçoooooons ! Il est réveillééééé !Zorro grimaça. Il reprenait peu à peu la maîtrise des ses sens et la gamine avait de la voix.
Au-dehors les murmures cessèrent. Un instant après, trois garçons entrèrent dans la grotte et s’approchèrent de lui. Le plus âgé, un grand échalas aux yeux noirs, s’agenouilla à côté de sa couche.
-
Vous allez mieux monsieur ?Zorro tenta de répondre mais seul un son rauque sortit de sa gorge. Essayant sans succès d’avaler sa salive, il fit une nouvelle tentative.
-
B… A boire…, éructa-t-il, la gorge en feu.
Aussitôt la gamine lui apporta un pichet d’eau, qu’il se força à boire lentement tandis que l’échalas reprenait la parole.
-
Moi, c’est Emeryc. Lui là, c’est Ulfred. C’est lui qui vous a transporté jusqu’au lit, dit-t-il en désignant un garçon à l’air solide à côté de lui.
Et eux, ce sont Loris et Maya, ajouta-t-il en montrant le dernier garçon, qui se tenait un peu à distance, et la fille qui lui avait amené l’eau. On… on vous a trouvé devant notre grotte. Vous étiez allongé par terre, inconscient.Il s’arrêta là, mais Zorro sentait qu’il avait une multitude de questions à lui poser. Il pouvait littéralement les voir se bousculer sur son visage. Il reposa le pichet vide et s’éclaircit la gorge.
-
Mes amis m’appellent Zorro. Zorro Wolfen. Certains me nomment aussi Loup Noir. Excusez-moi les enfants, je me doute que vous avez une foultitude de questions à me poser, mais j’aimerais d’abord que vous me répondiez … Où sommes-nous ?-
Dans la forêt de Laradoise, proche de Hinion, dans la cité-état de Nexus …Le Loup Noir cligna des yeux. Laradoise ? Hinion ? Nexus ? Il n’avait jamais entendu parler de ces endroits. Et s’il y avait une chose dont il pouvait se vanter, c’était bien de connaître absolument tous les lieux importants et la plupart des sans-importances des deux continents. Un horrible soupçon s’insinua en lui…
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Attendez… Où sommes-nous ?-
A Laradoise, proche de…-
Non non, pardon, je voulais dire… Dans quel monde nous trouvons-nous ?Les enfants se regardèrent, l’air perdu et perplexe. Ce fut finalement Ulfred qui répondit.
-
Bah on est sur Terra quoi …Zorro gémit et se prit la tête entre les mains, en proie à une violente migraine.
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Layanael faisait tout son possible pour ne pas se transformer. Cela aurait sans aucun doute tué l’enfant qui était entrain de sortir de ses entrailles. Autour d’elle Tilyan, son époux, et les sages-femmes elfes s’activaient tels des abeilles, lançant des sorts, préparant des outils et des linges propres, épongeant le sang qui coulait de l’utérus de la femme.
Ses sens exacerbés par la douleur, Layanael voyait les moindres détails, des gouttes de sueurs qui constellaient le visage de son mari jusqu’aux fibres dont étaient tissés les tenues des infirmières.
Cela faisait déjà cinq heures que l’accouchement avait commencé. Cinq longues heures que Layanael souffrait et que les elfes faisaient leur possible pour la soulager par leurs sorts ou par des potions. Sans grand succès. Les anesthésiants étaient inefficaces sur les lycans. Et elle faisait partie de la caste des guerriers-éclairs, une caste de combattants connus pour leur grande résistance et leur faculté de guérison hors-normes, même pour cette race. C’est d’ailleurs peut-être ce qui expliquait qu’elle soit encore en vie, malgré le sang perdu et la douleur.
Une violente contraction, plus longue et plus douloureuse encore que les précédentes lui déchira l’abdomen. Elle hurla et poussa de toute ses forces, un goût de sang lui emplissant la bouche. Que cela cesse ! Vite ! Elle ne tiendrait plus longtemps, et cela signifierait sans doute sa mort. Et celle de l’enfant.
Un vagissement puissant retentit soudain, tel la plus belle des musiques. Riant aux éclats, Tilyan brandit bien haut le bébé hurlant, le présentant à la lumière du soleil.
-Un garçon ! C’est un garçon !
Autour de lui les sages-elfes murmuraient, le regard brillant et le sourire aux lèvres. Le tout premier enfant né d’un elfe et d’une lycanne. Quel évènement !
Le visage ruisselant, épuisée mais déjà en train de guérir, Layanael reçu dans ses bras l’enfant qu’on lui tendait, enveloppé dans un linge propre. A peine l’avait-elle pris contre elle que le bébé refermait son petit poing sur sa poitrine et se mettait à têter.
Elle le regarda avec émerveillement. Son bébé. C’était son bébé ! Son miracle à elle ! Elle se pencha pour poser un tendre baiser sur la petite tête chaude.
-Zorro. Tu t’appelleras Zorro.
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Nooon, c’est pas vrai ?-
Je vous assure que si.-
Laisse-le raconter ! Et après ?Assis devant la grotte, Maya, Loris, Ulfred et Emeryc écoutaient avec passion l’histoire que Zorro leur racontait.
Cela faisait maintenant une petite semaine que le sang-mêlé était apparu, nu, faible et inconscient, devant le repère des enfants. Depuis, il avait récupéré la plus grande partie de ses forces et les enfants lui avaient apporté de quoi se vêtir et s’installer un peu plus confortablement. En échange de leur aide, Zorro leur racontait tout les jours une histoire différente, parfois inspirée de son vécu, parfois de vieilles légendes de son monde d’origine.
Pour une raison qu’il ignorait, les gosses semblaient être réticents à l’idée de l’emmener dans leur village, un peu comme s’ils le considéraient comme leur trésor secret et ne souhaitaient pas le partager avec d’autres. Bien qu’un peu dérangeante sur le principe, la situation lui convenait néanmoins : même si elle s’estompait peu à peu, il ressentait toujours une raideur dérangeante dans ses muscles suite à sa téléportation inter-univers. Mais surtout il se sentait encore perdu dans ce nouveau monde dont il ignorait tout ou presque. Pour combler ses lacunes, il posait régulièrement des questions aux enfants, qui lui répondaient volontiers.
Etonnamment, et malgré ce que son comportement un peu rustre pouvait laisser croire, ce fut Ulfred qui lui apprit le plus de choses, de la géographie du monde en passant par la faune et la flore, les aliments comestibles ou non, les différents climats qui régnaient sur les lieux et les peuples qui parcouraient ces terres et leur histoire.
D’Emeryc, dont le père était marchand, il apprit le fonctionnement économique en vigueur, la politique de Nexus et ses relations avec les autres pays – en particulier avec Ashnard qui se trouvait tout près. Le petit Loris, lui, était une source intarissable d’informations sur l’histoire de Terra, sa mythologie et ses légendes. Quant à Maya, elle connaissait tellement de rumeurs qu’elle aurait rendu jalouse bien des commères que Zorro connaissait, et parvenait toujours à ramener quelque chose à grignoter pendant les histoires. Peu à peu, grâce à eux, il s’appropriait ce nouveau monde.
Le temps s’écoula lentement tandis qu’il racontait son histoire – une histoire au sujet d’un garçon de la forêt qui doit partir dans une périlleuse aventure pour sauver le monde d’un mal terrible et au cours de laquelle il découvre être un des trois élus des Déesses. Les enfants, passionnés, le regardaient avec des yeux brillants, poussant des exclamations aux bons moments, public réceptif et attentif. Le soleil commençait à disparaître derrière les arbres quand Zorro s’interrompit.
-
Et après !? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il a retrouvé son amie d’enfance ? Il a réussi à la sauver ?-
Ca, je vous le dirai la prochaine fois, répondit le mercenaire avec un sourire. Le soleil se couche, vous devriez rentrer avant que vos parents ne s’inquiètent et vous punissent.-
Oooooh allez ! Dis-nous au moins s’il la retrouve !-
D’accord, d’accord. Oui, il la retrouve. Saine et sauve, elle le remercie d’être venu à son secours, mais lui explique qu’elle doit rester protéger le temple avant de lui indiquer la prochaine étape de son voyage. Et maintenant, filez !-
A demain Zorro !-
A demain les enfants.[Un sourire léger aux lèvres, il les regarda disparaître entre les arbres. Il adorait ces gosses et s’estimait chanceux d’être tomber sur eux.
Quelques minutes après le départ des enfants, l’homme se leva en s’étirant longuement.
Au boulot ! Le soleil allait bientôt complètement disparaître, et il avait encore pas mal de travail à faire. Ôtant sa chemise, il entreprit une longue série d’exercices d’intensité variable. Ces exercices, que l’on appelait la Danse du Vent et du Fauve, consistaient en une suite ininterrompue de mouvements d’étirements et de musculation, liés entre eux par des mouvements extrêmement rapides ou, au contraire, terriblement lent. Enseignés par sa mère il y avait bien des années de cela, ils faisaient partie de la routine des Guerriers-éclairs et étaient parfait à la fois pour se renforcer, se muscler, s’assouplir et libérer l’esprit.
Son entraînement terminé, le guerrier se saisit de la hache posée à l’entrée de la grotte et se mit à courir au petit trot dans la forêt. Il avait repéré le soir précédent un arbre mort et comptait le débiter en partie afin de ramener du bois pour son feu. Une heure plus tard, alors que les premières étoiles prenaient possession du ciel, il revint à la clairière en trainant derrière lui un brancard sommaire chargé de bûches et de branchages secs. Il les assembla d’une main experte et très vite un joli feu flamba joyeusement, projetant sa chaude lumière aux alentours et réchauffant rapidement l’intérieur de la grotte. Zorro se rhabilla – il avait eu le temps de sécher pendant qu’il ramenait le bois – et y pénétra.
Depuis qu’il était arrivé, l’intérieur de la grotte avait bien changé. Pendant son temps libre, entre deux séances d’entrainements, il avait entrepris de l’aménager, au plus grand plaisir des enfants et notamment d’Ulfred, qui avait aussitôt demandé à l’aider pour la suite.
Là où avant ne se trouvait qu’une poussière jaunâtre dans laquelle avait été trainé un vieux coffre délabré et un tronc faisant office de banc, on pouvait maintenant voir une table et un vrai banc, de facture rustique mais solide. Le coffre avait été restauré et des étagères avaient étaient assemblées à l’aide des nombreux espaces dans la paroi rocheuse. L’alcôve dans laquelle Zorro s’était réveillé avec été munie d’un couchage, confectionné avec un mélange de mousse et d’herbes sèches tassés dans un vieux sac de toile, et un rideau avait même été installé. A la demande de Maya, des bougies à base de résine avaient été placées un peu partout.
Observant leur œuvre d’un œil satisfait, Zorro se dirigea vers la table. Il y prit la cruche d’eau encore à moitié pleine, attrapa les lapins qu’il avait préparé la veille et retourna vers le feu afin d’entamer son repas. Les flammes, vivaces, crépitaient doucement tandis que la graisse des lapins goûtait dessus, répandant un délicieux fumet aux alentours. Perdu dans ses pensées, en attendant que la viande soit prête, le Loup Noir s’amusait à dessiner dans la poussière à l’aide d’une branche. Il songeait à sa vie passée, à ceux qu’il avait laissé derrière lui. Allait-il les revoir un jour ? Etaient-ils seulement encore envie ?
Il songeait aussi à son avenir sur cette terre étrangère. Qu’allait-il bien pouvoir faire ? Dans l’idéal, il souhaitait se renseigner plus sur Terra, comprendre comment elle fonctionnait. Et si possible, en apprendre plus sur la magie dans ce monde. Au cours de la semaine écoulée, il avait tenté de se téléporter à plusieurs reprises. Il avait fini par y parvenir, mais c’était épuisant. Il avait l’impression d’être redevenu un débutant, comme il l’était après sa rencontre avec l’Esprit Sauvage qui lui avait donné ce pouvoir. Ou plus exactement qui l’avait activé. C’était particulièrement frustrant, mais il pensait que s’il en apprenait plus sur la magie de ce monde, il pourrait sans doute comprendre comment retrouver ses anciennes capacités. Après tout, il avait réussi à développer son talent une fois. Pourquoi pas deux ? Mais tout d’abord, il lui faudrait convaincre les enfants de le mener jusqu’à leur village. Là les habitant pourraient le renseigner sur les démarches à suivre.
La lune était haute dans le ciel quand Zorro alla se coucher. Il avait enterré les restes du premier lapin plus loin dans la forêt et avait rangé la viande séchée du second sur une étagère, soigneusement emballée dans de grandes feuilles.
S’éclairant à l’aide d’une bougie, plus par habitude que par nécessité, la lumière lunaire lui suffisant amplement, il pénétra dans l’alcôve, se dévêtit, souffla la bougie et s’emmitoufla rapidement sous les couvertures. Comme toujours il mit longtemps à s’endormir. Et comme souvent, son sommeil fut agité…
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Le feu.
Le feu brûlait tout autour de lui, parant les arbres et les bâtiments d’une robe de lumière sanglante. Tout avait commencé très vite, si soudainement que personne n’avait eu le temps de réagir.
Le soir était tombé et tout le monde était rassemblé au pied de l’Elëlyan pour fêter le commencement de la nouvelle année. Pour l’occasion, le Grand Arbre avait été somptueusement décoré de mille et une guirlandes de pierres précieuses délicatement ouvragées, et tous avaient revêtu leurs plus beaux atours. La Grande Prêtresse avait prononcé un bref discours en l’hommage de l’année écoulée et pour honorer celle qui s’annonçait, puis le festin avait commençait.
Des centaines de plats différents, du plus étrange au plus raffiné, étaient étalés sur les grandes tables autour desquelles les elfes et leurs invités s’étaient rassemblés pour discuter de tout et de rien tandis que plusieurs petits orchestres reprenaient un peu partout des musiques douces et entraînantes. A mesure que la soirée avançait, les alcools raffinés et la bonne chair aidant, les voix se déliaient, des rires se faisaient entendre à droite à gauche, et une atmosphère de douce euphorie s’instaurait doucement. C’est alors que l’alarme avait retenti. Les premières flammes avaient suivi juste après.
Les personnes les plus réactives, Layanael en tête, commençaient tout juste à réagir et à prendre les choses en main quand « ils » étaient apparus, surgissant de nulle part, grandes ombres filiformes aux crocs et griffes d’argent qui s’étaient aussitôt jetées sur les personnes les plus proches d’elle. Le sang avait giclé, abondant, décorant les atours immaculés d’éclaboussures pourpres. Il y avait eu un flottement, puis un hurlement strident, inhumain, avait déchiré le silence. La panique avait éclaté et le carnage avait commencé.
Perdu au milieu de la foule délirante, bousculé de toutes parts, Zorro lâcha le seau qu’il tenait encore et lutta de toutes ses forces, jouant des coudes, pour arriver jusqu’à sa mère.
Efficace, comme toujours, elle avait commencé à rassembler les soldats et autres guerriers de la cité et distribuait des ordres avec un sang-froid remarquable.
- Vous cinq, allez dans la caserne, ramenez autant d’armes que possible ! Toi, toi et toi, courez prévenir les soldats en faction. Dites-leur de faire tout ce qu’ils peuvent pour réguler les mouvements de panique. Voyez s’il y a d’autres foyers d’incursion et revenez me faire un rapport aussi vite que possible. Je veux au moins dix personnes pour canaliser la foule et la guider vers les Refuges Blancs. Tilyan, tu prends la tête des opérations. Tout le reste, avec moi, il faut retenir ces bêtes !
- Mère ! Je viens avec toi !
- Zorro ! Non ! Va avec ton père ! Il y a sûrement d’autres créatures, ils auront besoin de ton aide pour les repousser. Tu pourras me rejoindre dès que tout le monde sera à l’abri !
Obéissant sans protester, le jeune homme emboîta le pas à son père et au reste du groupe.
Rassembler tout le monde ne fut pas une mince affaire, et calmer les esprits encore moins. Plus d’une fois Tilyan dû faire appel à sa magie pour plonger les plus agités dans une profonde léthargie ou pour dégager le chemin qu’un bâtiment carbonisé avait bloqué. Ils furent rejoints en chemin par plusieurs petits groupes de rescapés dirigés par des soldats.
- Tilyan, il y a des personnes bloquées dans les flammes ! Nous avons récupéré ceux sur notre chemin, mais il y en a d’autres. Et nous avons vu plusieurs de ces créatures rôder.
Le Mage-Rune réfléchit un instant et divisa les soldats en plusieurs unités chargés chacune d’explorer une zone de la cité végétale.
- Sauvez autant de personnes que vous pourrez mais ne prenez pas de risques inutiles. Si vous voyez un groupe de créatures, ne cherchez pas l’affrontement. Nous ignorons de quoi elles sont capables, mais elles sont rapides et leurs griffes pénètrent les chairs aussi facilement que du beurre !
- Bien reçu !
- Zorro, attend. Prend ça avec toi, tu en auras besoin.
Ecartant les pans de sa toge, Tilyan se saisit de la poignée d’une magnifique lame aux reflets dorés, gravée d’élégantes runes, visibles à travers le fourreau de laine-de-cristal.
Zorro la reçu avec gravité et reconnaissance et couru rejoindre les deux autres membres de son groupe. Il connaissait la valeur de ce don, mais aussi le poids qu’il impliquait. Les épées runiques étaient des lames puissantes mais infiniment dangereuses. Normalement, seuls les mage-runes et les membres de la garde royale pouvaient en posséder, et ils ne les tiraient qu’en dernier recours. Car ces lames tiraient leur force du sang et du combat, et une fois tirées, il devenait difficile de résister à la soif qu’elles dégageaient et de les rengainer.
Avançant prudemment, à l’affut du moindre danger, le trio s’enfonça peu à peu vers le cœur de la ville. Alors qu’ils s’en approchaient, un silence de plus en plus pesant s’installait, brisé uniquement par le bruit des flammes. L’atmosphère était lourde, chargée de cendre et d’une odeur métallique reconnaissable entre toutes : l’odeur de sang et de la mort. Elle inondait littéralement l’air, rendant la moindre respiration difficile. Soudain Zorro s’arrêta. Il lui avait semblé entendre quelque chose. Il tendit l’oreille, attentif… Là, encore ! Tournant la tête en direction de l’appel, il le vit. C’était un des guerriers de la cité. Adossé à une fontaine de pierre blanche à moitié détruite, il reposait dans une mare de sang.
Lorsque les trois compagnons s’approchèrent, il ouvrit des yeux au regard déjà vitreux.
- Ils… ils nous ont encerclé. Ces bêtes… Elles sont…elles sont fortes, et rapides… Leur carapace est aussi dure que l’acier. Nous avons été submergés… La louve… Je suis le plus rapide… Elle m’a envoyé chercher du renfort. J’ai été rattrapé … Je suis… je suis désolé, j’ai échoué.
L’homme respirait avec difficulté, ses lèvres livides de plus en plus pâles. Soudain ses yeux s’agrandirent en une expression de pure terreur, fixant quelque chose derrière eux.
- Non…
Le trio se retourna et eut un mouvement de recul. Devant eux, à peine quelques mètres, se tenait une des créatures. Elle avait surgi silencieusement, comme par magie. Sa gueule ouverte sur des crocs démesurés d’une blancheur aveuglante, dégoulinante d’une bave rougeâtre, ses longs membres terminés par des griffes plus effilées que des rasoirs trainant presque jusqu’au sol, elle semblait les regarder, les flammes se reflétant sur sa carapace huileuse. Puis soudain, sans un bruit, elle attaqua, se déplaçant tellement vite que l’œil n’arrivait pas à la suivre. D’instinct, Zorro se protégea de sa lame, sans même essayer de la sortir de son fourreau. Il fut percuté par une force effrayante et vola sur plusieurs mètres. Il atterrit rudement dans la poussière et glissa encore jusqu’à un mur. Son crâne le heurta violement, nimbant la structure d’une auréole rouge, le sonnant pour le coup. Comme à travers un brouillard de sang, il vit ses deux compagnons affronter la bête. L’un d’entre eux fut soudain transpercé par des griffes de trente centimètres et renvoyé au loin comme une misérable poupée de chiffon.
Avec un hurlement sauvage, Zorro se releva et chargea, la lame sortie de son fourreau pulvérisé. Distraite par le hurlement, la créature se retourna. Profitant de l’occasion, le second survivant abattit de toute ses forces sa lame sur le crâne de son ennemi. L’épée, forgée par des experts, se brisa net. Le démon ne se retourna même pas et déchira la poitrine de l’impudent d’un revers presque négligeant de ses longues griffes. Dans un hurlement l’elfe s’effondra tandis que la bête reportait son attention sur le misérable ver qui courait vers elle.
Elle était perplexe. Habituellement ses proies fuyaient devant elle, et ne survivait pas. Voilà qui était intéressant. Elle se pourlécha les babines et ramassa sa formidable musculature. A quoi bon utiliser son pouvoir, il était bien plus amusant d’utiliser sa force physique. Alors que sa proie n’était plus qu’à cinq petits mètres, elle bondit. Sans succès. Etonnée, elle regarda autour d’elle et s’aperçut que ses pieds étaient enfermés dans une gangue de pierre. Cherchant l’origine de ce phénomène, elle huma l’air, suivant des effluves de magie jusqu’à l’elfe qu’elle avait éventrée un peu plus tôt. Tiens donc ? Lui aussi avait survécut ? Qu’importe, cela ne durerait pas. C’est alors qu’une sensation inconnue s’empara d’elle. Surprise, elle tenta de tourner la tête, en vain.
Profitant du cours instant où la créature avait regardé ailleurs, Zorro avait comblé l’espace les séparant et avait planté son épée droit dans la tête du démon. La lame runique avait traversé la carapace chitineuse, ressortant de l’autre côté de son crâne. Un sang épais, noir, jaillit à gros bouillon de la plaie, lui emplissant la bouche et les narines. Aveuglé, il ne put éviter l’ultime attaque du monstre qui lui déchira la pommette et l’arcade, ne ratant son œil que d’un cheveu et qui fit voler en éclat la lame enchantée. Pour la seconde fois Zorro s’envola et atterrit lourdement sur le sol, les éclats de sa lame brisée pénétrant profondément dans son corps. A bout de souffle, le jeune homme se redressa à quatre pattes tant bien que mal. Sa gorge le brûlait atrocement, tout comme ses plaies où le sang de la créature, le sien et les fragments de la lame se mélangeaient. Dans un grognement rauque il se releva, ramassa le tronçon restant de la lame runique et se mit à courir, ignorant la douleur. Sa mère avait besoin d’aide !
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-
Zorro ! Zorro vite ! Réveille-toi !La voix paniquée de Maya tira brusquement le mercenaire de son cauchemar. S’habillant précipitamment, il déboula hors de l’alcôve.
-
Qui y a-t-il ?!-
Des bandits ! A l’auberge ! Ils ont pris la famille de l’aubergiste puis tous les enfants en otages et menacent de les tuer et d’incendier le village si on fait pas ce qu’ils disent ! J’ai réussi à m’échapper mais ils ont l’air vraiment méchants !-
Combien ? Combien sont-ils Maya ?[-
Je… Je sais pas. Six ou sept ?-
Guide-moi !Sortant en hâte de la grotte, il s’empara au passage d’un couteau et de la hache dont il s’était servi la veille et suivi la petite à travers la forêt. Rapidement cependant il la prit sur ses épaules et se remit à courir à un rythme bien plus soutenu, l’enfant lui indiquant la route en criant.
Ils arrivèrent bientôt en vue du village. Le mercenaire reposa l’enfant au sol et s’agenouilla devant elle.
-
Où est l’auberge ?-
C’est le grand bâtiment là au centre. Celui avec le toit en pente que d’un côté.-
Maya, maintenant écoute-moi attentivement. Tu vas faire ce que je te dis. Tu vas retourner à la grotte et tu vas t’y cacher. Je te reviendrais de chercher. D’accord ?-
D’a…d’accord. Dit Zorro, tu vas les sauver hein ?Il lui répondit par un sourire et se dirigea au trot vers le village.
Arrivé en vue de l’auberge, il s’arrêta et se dissimula dans l’ombre, observant la situation à travers une fenêtre. Comme l’avait dit Maya, les brigands étaient sept, mais il y avait toujours la possibilité que certains ne soient pas visibles. Ils semblaient armés d’un équipement hétéroclite, du style que l’on ramasse sur un champ de bataille. Des pillards donc. Peut-être même des déserteurs de l’une ou l’autre des armées qui s’affrontaient dans les parages.
A en juger par leur mine patibulaire, ils n’hésiteraient pas à mettre leurs menaces à exécution. Quant aux otages, ils avaient été rassemblés dans un coin de l’établissement, à l’opposé de la porte.
Après avoir soigneusement mémorisé la scène, le Loup Noir fit le tour du bâtiment à la recherche d’une autre issue par laquelle il aurait pu se faufiler pour prendre les truands à revers. Peine perdue. La seule entrée possible était l’entrée principale ! Le mercenaire grimaça. Tant pis pour la finesse ! Il allait falloir faire autrement…
A l’intérieur de l’auberge, Mark râlait. C’était d’ailleurs l’une de ses spécialités. Ca et les jeunes filles.
-
P’tain, qu’est-ce qu’i’ foutent les bouseux ! Sont lents ces connards !-
Ta gueule Mark, tu fais chier tout le monde…-
Toi ta gueule face de gland ! T’suçais encore ta mère qu’moi j’allais m’la taper tous les soirs ! Gratis en plus !-
Insulte encore une fois ma mère Mark et je te préviens …-
Ouais ouais, c’est ça… Pffff, j’en ai marre, j’vais pisser !-
Tu devrais pas Mark. On sait jamais.-
J’fais c’que j’veux, t’as compris ducon ? Pis c’pas une bande de merdeux com’ ça qu’va m’empêcher d’pisser !Mark sortit de l’auberge en continuant de jurer comme un charretier. Un instant plus tard, on entendit un grand bruit et il revint dans l’auberge en un magnifique vol plané, cul par-dessus tête, le pantalon sur les chevilles. Il dérapa sur le parquet et s’immobilisa. Le visage en sang, une bosse de la taille d’un œuf naissait peu à peu sur son front. Il était complètement inconscient.
-
Qu’est-ce que ?Trois des bandits restants se précipitèrent au dehors, l’arme brandie. Rien. Une voix s’éleva alors, moqueuse, venant du fond de l’auberge.
-
Tss tss tss. S’en prendre à des femmes et des enfants et uriner dans la rue. Vous êtes vraiment pitoyables les gars. Pire que des bêtes !Tous les truands se retournèrent d’un bloc et se figèrent. Entre les otages et eux se tenait un homme, seul, appuyé nonchalamment sur une hache de bûcheron et qui les regardait de ses yeux verts avec un air à la fois dégoûté et vaguement ennuyé. Personne ne l’avait vu entrer.
-
T’es qui toi ?-
Moi ? Personne en particulier. Mais vous pouvez m’appeler Loup Noir, si ce n’est pas trop compliqué pour vous. Vous en revanche, vous êtes les connards qui allez déguerpir d’ici en vitesse et avec la promesse de ne jamais revenir. C’est un conseil.-
Hahahaha ! Les gars, nous avons un plaisantin ici ! Tuez-le …Dans un parfait ensemble les six malfrats s’élancèrent, sûr d’eux. C’était un exercice qu’ils avaient déjà effectué des dizaines de fois et qui avait toujours porté ses fruits. En plus, leur adversaire était seul, sans armure et sans autre arme que sa hache émoussée alors qu’eux portaient des armes et des armures ramassées sur les champs de bataille. Il n’avait aucune chance. A six contre un, ils allaient l’encercler, lui couper toute retraite, puis jouer un peu avec lui avant de le tuer. C’était extrêmement facile. Aussi furent-ils particulièrement surpris de la suite des évènements.
Ramassant sa hache, Zorro s’élança vers le brigand le plus à sa droite, anticipant la manœuvre d’encerclement. Arrivé à hauteur de son ennemi, sans ralentir sa course, il brandit la hache à hauteur d’épaule et l’abattit horizontalement. Le manche de l’outil percuta le crâne du hors-la-loi avec une telle force que le bois explosa. Le truand fit un salto arrière sous l’impact et retomba sur le dos, inerte, des esquilles plantées dans le front.
Le premier brigand n’était pas retombé que Zorro avait lâché sa hache, désormais inutile. Pivotant sur une jambe, il se saisit du couteau à sa ceinture et le lança dans le même mouvement. La lame traversa l’espace en sifflant et se planta dans le genou d’un second bandit qui se roula au sol en hurlant.
Un troisième truand chargeait le mercenaire accroupi, son épée levée au-dessus de sa tête. Il en asséna un coup oblique rageur, que Zorro esquiva de justesse en lui plongeant dans les jambes. Ils roulèrent tout les deux à terre, cherchant à prendre le dessus sur leur adversaire. Le sang-mêlé parvint à immobiliser le bandit sous lui et lui flanqua un violent coup à la mâchoire, la déboitant.
Sentant une attaque venir, il attrapa le couteau passé à la ceinture de Gueule-de-biais et frappa derrière lui, au jugé.
Il sentit sa lame s’enfoncer dans les entrailles d’un cinquième bandit. Il la remonta brutalement, déchirant la ceinture abdominale, et lui exécuter une rotation en fin de course, agrandissant la plaie. Le malfrat, les yeux exorbités, tomba lourdement au sol, ses entrailles se répandant autour de lui.
Zorro ramassa son épée et se releva, se dirigeant vers le dernier rescapé.
Celui-ci, terrifié, tremblant, recula.
-
Je vous avais prévenu qu’il valait mieux partir en vitesse …Le hors-la-loi laissa alors tomber son arme et s’enfuit sans demander son reste, abandonnant celui qui gémissait au sol en se tenant le genou.
Zorro se tourna alors vers les otages en s’accroupissant et leur parla d’une voix apaisante.
-
Veuillez m’excuser pour cette scène … C’est la petite Maya qui m’envoie, elle m’a dit que vous aviez des problèmes.-
Attention Zorro !Par pur réflexe, Zorro se releva à une vitesse inhumaine, tournoyant sur lui-même. Sa lame ripa contre celle de Gueule-de-biais en une pluie d’étincelle, déviant le coup mortel, et acheva sa course en taillant en travers dans la gorge du truand. Un geyser de sang explosa et le bandit tomba à la renverse, le liquide vital s’écoulant à gros bouillon de sa gorge tranchée.
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Zorro s’était levé tôt le lendemain. Après la fête donnée en son honneur, il avait eu loisir d’interroger les habitants, qui lui avaient recommandé d’aller voir au centre de Nexus. Là, il pourrait sans doute trouver les informations qu’il cherchait.
Après s’être équipé avec des vêtements donnés par les villageois et de l’équipement récupéré sur les bandits, dont il avait aussi récupéré les bourses, il avait fait ses adieux aux enfants et était parti. Il avait une longue route à faire.
Il était arrivé en fin d’après-midi dans un petit bourg où on lui avait chaudement recommandé l’auberge du Repos Paysan.
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Des coups discrets frappés à la porte le tirèrent de sa rêverie.
-
Monsieur Wolfen ?-
Oui un instant, j’arrive !Il sortit de la bassine d’eau – tiède maintenant – et noua rapidement la serviette autour de sa taille avant d’aller ouvrir.
Derrière la porte se tenait l’une des deux filles de l’aubergiste.
-
Je viens vous prévenir que le repas du soir sera bientôt prêt. Et je voulais savoir, enfin mon Père voulait savoir, combien de temps vous comptiez rester ici.-
Oh, j’avoue que je ne sais pas vraiment, je n’y ai pas réfléchi, répondit Zorro en souriant. Je vous dirai ça plus tard. Et merci pour le repas, je descends dans une minute !Autre :
Capacités spéciales :
Un marche-monde est une personne ayant la faculté pour le moins surprenante de se déplacer au sein du multivers, volontairement ou non. Dans le cas de notre mercenaire, cela est totalement incontrôlé.
Cette faculté s’accompagne de deux avantages forts pratiques. Le premier avantage est qu’un marche-monde sait instinctivement parler et lire la langue majoritaire du lieu où il apparaît (la langue commune en quelque sorte). La maîtrise des autres idiômes ET de l’alphabet restent le fruit d’un apprentissage classique.
Le second avantage est l’adaptation des capacités spéciales du marche-monde aux spécificités du nouveau monde. Pour être clair : les pouvoirs magiques originelles du marche-monde s’adaptent progressivement (parfois TRES progressivement !) à la magie du monde, permettant au marche-monde de continuer à les utiliser.
Tout est dans le nom ; Zorro est capable de se téléporter. Néanmoins, étant arrivé tout récemment sur Terra son pouvoir est limité : il ne peut se rendre que dans des lieux qu’il voit où qu’il a mémorisé, sauf s’ils sont énergiquement protégés (par magie ou technologie de type champs de force). De plus, le déplacement l’épuise tellement qu’il est actuellement limité à deux « sauts » par jour [IRP].
Hybride d’elfe et de lycan, notre louloup dispose d’une vitalité remarquable. Virtuellement intemporel, il a tendance à guérir plus vite que la moyenne et jouit d’une vigueur appréciable (oui oui, le terme est choisi ;p). Il reste cependant tout à fait vulnérable aux blessures, poisons et maladies. Il s’en remettra juste plus vite.
Dernière capacité spéciale mais pas des moindres, Zorro est sous l’influence d’une malédiction du sang. Concrètement, cette malédiction fait qu’il ne pourra jamais apprécier une longue vie paisible ; la guerre, la violence et le sang finiront toujours par le rattraper.
Comment avez-vous connu le forum ? Via de loooooooongues recherches. Nan, sérieusement, j’ai fait le tour de plusieurs top-sites (et donc forums) avant de m’inscrire ^^’
Je reconnais blablabla. Quoi ? Faut l’écrire en entier ? Pfff…
Je reconnais avoir pris connaissance du contenu du topic sur le traitement automatisé des données personnelles qui est fait par l'hébergeur de LGJ.