Tu te souviens encore de cette matinée. Tu revenais de la piscine municipale où tu allais assez souvent, dans le quartier on te connaissait comme une femme sportive et très proche de ton mari. Tu avais été marié assez jeune, le coup de foudre pour un homme qui devait avoir le double de ton âge et qui fut bien content d’avoir une jeune femme à ses côtés. Bien évidement tu ne te faisais pas d’illusion sur le fait qu’il devait lorgner sur des femmes plus jeune et belle que toi, mais en tant qu’épouse tu restais fidèle à cette personne.
Tu n’avais pas de métier, aidant simplement dans les tâches de ton mari en tant que secrétaire, tout en faisant tes tâches en tant que femme au foyer. Il t’interdisait d’avoir un métier, te laissant avoir des activités sportives en contrepartie, ce que tu n’étais pas prête à faire pour l’amour de ton mari.
Tu avais entendu les sirènes annonçant un entrainement d’évacuation. Enfin, comme toute la population, tu pensais qu’il ne s’agissait que d’un entrainement, jusqu’à ce que tu voies des militaires passer devant ta maison et ton mari, avec une autre femme, qui semblait inquiet, appuyant sur l’accélérateur en te voyant. Tu savais à cet instant que ce n’était pas un entrainement, ton intuition te le disait. Tu n’avais pas vraiment eut le temps de te changer, mettant par-dessus
ton maillot de bain tes vêtements, l’idée de porter des tenues à moitié trempée étant bien la dernière chose à penser que de survivre. Tu savais que ton mari t’avait abandonné contre cette minette et qu’il fuyait vers l’abri, tout comme toi.
Tu avais vu ses personnes se masser contre l’entrée principale, se marchant dessus, l’armée n’hésitant pas à faire feu pour que la masse recule. Tu découvris l’horreur de la sélection. Tu tentas ta chance, faisant fit d’avoir des bleus sous la bousculade pour être dans les premières de la masse et découvrir que tu n’étais pas sur la liste. Tu voyais au loin la menace se rapprocher et tenta le tout pour le tout.
Tu avais fait le tour, tu t’étais caché pour te lancer vers la porte au dernier moment. Tu avais été chanceuse, une seconde de plus et tu aurais certainement eu le corps broyé par la lourde porte qui se refermait. Un nouvel appel fut entamé, venant à faire tourner ta bague de mariage sur ton annulaire droit, signe de ta nervosité. Tu fus incarcérées, quoi de plus normal pour une clandestine, le temps de l’enregistrement. Il y eu des tests physiques et intellectuels.
Tu n’étais pas plus brillante que les femmes au foyer de ton âge, seul tes compétences sportives, comme l’apnée et l’endurance musculaire semblèrent intéresser les scientifiques présents ici. On te laissait tes vêtements, venant t’annoncer que n’ayant aucun métier, le superviseur allait devoir jauger ton utilité dans l’abri et que cela serait tes points de départ.
Tu n’avais pas le choix que d’accepter, ton esprit restant en alerte sur le fait qu’à tout moment on pouvait te jeter dehors, ce qui voulait dire une mort lente et douloureuse, comme on te l’avait enseigné dans les manuels d’évacuation. Tu n’avais jamais eu un esprit combatif, sans doute est-ce pour cela que ton ancien mari t’a lâché. Tu n’avais pas abandonné ma bague, elle était sertie de diamant et pouvait certainement servir dans cet abri. Une fois devant la porte du superviseur on te fit entrer, venant à refermer la porte derrière toi, te bloquant dans cette pièce avec deux personnes. Tu ne te présentais pas, ils devaient avoir reçu les informations.
Tu te nommais Bianca Yang, nom de jeune fille Rosière. Tu avais vingt ans, aucun antécédent avec les forces de l’ordre, une bonne réputation dans le quartier où tu habitais, aucun enfant à ce jour, tu étais mariée depuis deux ans. Tout ce qui décrivait une femme au foyer active avec un caractère soumis à l’homme de la maison. Tu étais bien droite devant ses deux personnes, les mains devant toi et tu recommençais à faire tourner ta bague de mariage, te demandant si le superviseur et cette femme allaient t’accepter ici.