ALICE KORVANDER
Après le discours d’Evangeline, Alice et Mélinda se retrouvèrent seules… Du moins, en compagnie de Vanillia. La femme de Mélinda était une personne qu’Alice connaissait intimement. Lors de leur cérémonie de mariage, elle avait fait partie des invités, et avait ainsi pu sentir la virilité de la femme de Mélinda s’enfouir en elle. Et, plus récemment encore, quand elles avaient reçu l’invitation d’Evangeline, Mélinda et sa femme en avaient profité pour la prendre en sandwich. Autrement dit, passer des vacances avec le couple Warren, ce n’était jamais de tout repos. Alice n’aurait jamais cru qu’il puisse exister une vampire aussi perverse que Mélinda, mais Vanillia remplissait très bien cet office.
La Princesse finit par s’écarter quand une personne se présenta à elle.
«
Vous êtes la fille de Tywin Korvander ? »
Surprise, elle vit un homme en tenue militaire, avec des cheveux grisonnants, et un monocle sur un œil. De petite taille, l’homme était aussi moustachu, et avait tout du vieux stratège à la retraite, ou pas de loin de l’être.
«
Euh… Oui, pourquoi ? »
Alice était un peu gênée, car elle avait l’impression que le regard de l’homme était fixé sur ses seins. Ce dernier lui fit alors une somptueuse révérence.
«
Si fait, je vous ai reconnu… Enfin, ce n’est pas comme si vous passiez inaperçue… Une telle beauté, ça ne court pas les rues ! -
Oh… Je vous remercie, mais… Des beautés, ce n’est pas ce qui manque ici, pourtant… -
Taratata, ne soyez pas aussi modeste, la modestie ne sied pas au sang bleu ! Mais trêve de palabres, je suis le Maréchal Von Krudwizg, à la retraite, et je tenais à rencontrer la jeune génération ! Sylvandell est une puissante nation, une force essentielle au sein de l’Empire, et il est très important que la lignée des Korvander se poursuive… »
Difficile d’en placer une avec cet homme, visiblement très bavard…
MÉLINDA WARREN
«
Tu as vraiment le chic pour me tromper avec des femmes magnifiques, toi… -
Je me débrouille, c’est tout » répliqua modestement Mélinda à sa femme en haussant les épaules.
Leur règle tacite allait se poursuivre. Si Mélinda couchait avec quelqu’un, Vanillia devait également coucher avec cette personne. Comme ça, on ne pouvait reprocher à l’une d’avoir trompé l’autre. Dans les faits, il s’agissait surtout d’exprimer leur perversion mutuelle, car elles n’avaient jamais osé se promettre mutuellement fidélité sexuelle. Un tel vœu, en réalité, aurait été rompu dans l’heure, quand, pour célébrer leur union, Mélinda avait organisé une fastueuse orgie sexuelle, qui avait duré plusieurs jours, des jours entiers à se faire sauvagement et passionnément l’amour avec des dizaines de femmes.
Main dans la main, les deux femmes se déplacèrent, pendant que Vanillia continuait à commenter. Elle qui venait de la campagne ashnardienne, elle était surprise du train de vie de Mélinda, car, si sa femme passait beaucoup de temps au manoir ou au harem, elle se déplaçait fréquemment, pour assurer le développement et la prospérité de son clan. Ensemble, elles avaient été à Nexus, où Mélinda avait récupéré le harem de Silvercoat (qui avait mystérieusement disparu depuis quelques semaines), et même à Tekhos, où, là encore, la vampire comptait faire l’acquisition d’une nouvelle maison close.
Ses affaires marchaient plutôt bien, et son alliance avec Evangeline le prouvait. Plusieurs de ses esclaves assuraient ici le service, et elles rougirent en voyant leur Maîtresse. Elles portaient d’élégantes tenues de maid, et Mélinda leur sourit en retour, avant de reporter son attention sur une jeune femme aux cheveux de couleur pastel. Elle tenait sur son plateau une bouteille de champagne, et, en la voyant, Mélinda se pencha vers l’oreille de Vanillia
«
Elle, tu en penses quoi ? -
Elle a un petit air timide et innocent sur le visage… »
Traduction : «
j’ai une envie féroce de la baiser ». Mélinda sourit donc. Elle connaissait cette jeune esclave, savait qu’elle s’appelait Karuta, mais n’avait pas encore eu l’occasion de lui faire un câlin… Une erreur qu’elle comptait visiblement rectifier ce soir, en s’approchant de la femme. Mélinda et Vanillia se retrouvèrent ainsi devant elles, et, en percevant son battement sanguin s’accélérer, les deux vampires comprirent, sans aucun doute possible, que la jeune fille avait très envie qu’on lui fasse l’amour.
«
Salut, Karuta… Tu as l’air de travailler dur, ma pauvre… Je me permets de te présenter Vanillia, ma douce et charmante femme. -
Enchantée de te voir, Karuta… »
Vanillia lui fit, à son tour, l’un de ces sourires dont les Warren avaient le secret, et enchaîna :
«
Tu n’es pas trop fatiguée, j’espère, la nuit promet d’être longue… »
Pendant ce temps, Evangeline organisait un combat entre sa poupée et l’un des personnels de la sécurité, mais, en ce moment, Mélinda et Vanillia pensaient surtout à cette jeune servante, qui, ce faisant, venait d’être acculée dans un coin du salon, avec les deux superbes vampires face à elle.
SAMARA
Ce n’était pas encore tout de suite que Samara en saurait plus sur les arcanes magiques d’Evangeline. Elle doutait d’ailleurs d’en apprendre beaucoup, car les magiciens protégeaient jalousement leurs arts. Samara observa donc la foule. Outre se renseigner pour sa maîtrise magique, elle était aussi là pour se renseigner sur la vallée d’Ancarla. Cette région était éloignée, pour l’heure, des frontières impériales, mais ce n’était pas pour autant que l’Empire ne s’y intéressait pas. Après tout, l’objectif de l’Empire était de contrôler le monde, d’y imposer une loi unique, qui serait la même pour tous, et, ainsi, de mettre fin aux conflits entre États, en ayant une instance supranationale qui, sur le long terme, permettrait à la justice de totalement arrêter les guerres et les conflits… Du moins, c’était là le sens de la propagande impériale.
Ancarla était une région isolée, perdue dans les montagnes, près des régions polaires, mais elle disposait d’importants gisements miniers, et la Maîtresse des lieux, en menant une telle fête, avait fait passer un message politique fort. Elle voulait conserver son indépendance, son autonomie, mais aussi se rapprocher des autres grandes puissances, notamment Ashnard, pour éviter une guerre future. Pour Samara, c’était un choix plutôt avisé. On ne pouvait pas faire comme si Ashnard n’existait pas, comme si son ombre ne planait pas sur vous. Mieux valait donc prendre les devants pour éviter des soucis par la suite.
Pour l’heure, Samara se déplaçait, observant silencieusement les convives, utilisant sa queue caudale pour caresser quelques cuisses, notamment celles des maids, et s’arrêta ainsi devant l’une d’entre elles, attrapant un verre, tout en glissant sa queue sous sa robe, pour caresser sa culotte. Elle sourit alors en sentant, sur cette dernière, la présence d’un vibromasseur qui s’enfonçait dans son intimité, ainsi que d’un
plug qui filait dans son fondement.
«
Toi, tu es une esclave de Mélinda, n’est-ce pas ? »
La jeune esclave se mit à rougir en se mordillant les lèvres.
«
O-Oui… Oui, Madame… »
Le sourire de Samara ne tarda pas à s’élargir, et elle continua à la caresser intimement, avant de sentir une présence… Une puissance magique qu’elle avait déjà ressentie auparavant, et qui l’amena à tourner la tête. Elle fronça alors les sourcils en voyant une espèce de géant en armure, qui forçait les convives à s’écarter, un peu surpris par une telle apparition. Samara sentait en lui une force magique malsaine, et ne tarda pas à l’identifier.
*
Le Chaos…*
C’était une chance qu’Evangeline n’ait invite aucun prêtre de l’Ordre Immaculé. Autrement, l’Inquisition serait déjà là. Samara n’avait aucune confiance envers les agents du Chaos, et c’était bien légitime, car ils ne cherchaient qu’à corrompre et à détruire, au nom de leurs idéologies malsaines et de leurs divinités folles et sanguinaires. La magie vibra autour d’elle, tandis qu’elle se désintéressait de la jeune esclave, et s’approchait de lui, sur la défensive.
«
Que fait un agent du Chaos ici ? » demanda-t-elle sèchement, en guise de prélude.
Fallait-il en déduire qu’Evangeline était, elle aussi, dévoyée au Chaos ? Samara ne le pensait pas, car elle avait été proche de la femme, et elle aurait senti cette présence… Du moins, sauf si Evangeline l’avait dissimulé.
Avec le Chaos, il fallait toujours se montrer excessivement prudent.
MIRANDA FORGE
Si Miranda avait reconnu Sharlie, l’inverse fut vite vrai. Il n’y avait, en soi, rien de bien surprenant là-dedans, car, après tout, à Tekhos, Miranda était une femme très connue. Elle payait des millions pour qu’on lui voue un véritable culte de la personnalité, ce qui faisait d’elle une vraie égérie, figure de mode, vedette parmi les jeunes, figure de mode, et connue pour ses prouesses sexuelles. Miranda était aussi célèbre que les Sénatrices, et sa firme était, à l’image des mégacorporations, aussi influente dans la société que le Sénat tout entier. GWC avait créé Sharlie, dans le cadre d’un projet visant à créer des mères-incubatrices. Si une mère-porteuse avait pour but de recueillir la progéniture d’un couple, la mère-incubatrice, avait, inversement, le rôle d’engrosser un couple stérile. Sharlie faisait ainsi partie d’un vaste projet, vieux de plusieurs années, qui avait pour but de pallier contre les problèmes importants de fécondité qu’on trouvait à Tekhos, où, en essayant de gruger la Nature, quantité de couples hermaphrodites se retrouvaient stériles. C’était un véritable problème national, car, il y a quelques années, le taux de reproduction de la civilisation, qui était la différence entre le nombre de décès et le nombre de naissances, avait été négatif. Pour inverser ce taux, le gouvernement avait financé de vastes programmes menées par les mégacorporations, et dont Sharlie avait été l’un des échecs, en raison d’un taux trop élevé d’hormones dans son corps, ce qui avait fait d’elle une géante, violente.
*
Du moins, un semi-échec…*
Sharlie avait été conservée pour être améliorée, car, de tous les cobayes, elle était celle disposant de la plus grosse vigueur sexuelle, et dont le sperme était le plus fertile. Hélas, elle avait été enlevée lors d’un transfert par des extrémistes. C’était vraiment fabuleux que Miranda retrouve cet ancien projet. Jenny lui en avait parlé, en lui expliquant néanmoins que Sharlie en voulait à GeoWeapon Corp., ce qui n’avait pas manqué d’agacer Miranda. Tout le dossier sur Sharlie était stocké dans les bases de données de la firme, mais GWC était respectueuse de la loi. Pour participer à ce programme, Sharlie avait été volontaire, et savait donc clairement ce qu’elle risquait.
Miranda n’avait pas peur de cette géante, et la laissa donc s’approcher d’elle. Sharlie mangeait et buvait comme dix, et Miranda, tout en lui tournant le dos, l’observa grâce à ses lunettes. En réalité, Miranda voyait très bien sans ses lunettes, mais il ne s’agissait pas de simples lunettes de vue. Il s’agissait d’un petit bijou de nanotechnologie, qui permettait à Miranda de disposer de visions spéciales avec ses lunettes, comme de voir à travers les vêtements, mais aussi, en l’occurrence, de pouvoir voir derrière elle, grâce aux reflets sur ses lunettes. Elle vit donc Sharlie se rapprocher d’elle, et se retourna donc, souriant en la voyant se rapprocher, presque se coller à elle.
Pour première réponse, Miranda posa une main sur le ventre de Sharlie, sentant ses épais muscles.
«
Hum… Pas un poil de graisse… Tu t’entretiens bien, ma petite Sharlie. »
Tous les doutes avaient été balayés, et Miranda, guère impressionnée, lui sourit alors, avant de boire dans sa coupe quelques rasades.
«
Je sais qui tu es, oui… Une jeune femme qui fait partie d’un programme d’expérimentation hormonale. Malheureusement, les traitements hormonaux t’ont rendu amnésique… Ce qui ne t’avait pas empêché de signer à l’époque, même en pleine connaissance des dangers que tu t’exposais. J’ai eu ouï-dire que tu t’étais rapprochée de la Grande Sénatrice Moriarty, ce qui est très bien… Et plutôt amusant, en un sens. »
Miranda continuait à caresser son ventre, remontant un peu pour caresser le bas de son débardeur en latex. Il moulait parfaitement ses formes. On pouvait constater que la main de Miranda ne tremblait pas, tandis que ses lunettes examinaient l’intérieur du corps de la femme, permettant ainsi à Miranda de voir que les substances chimiques implantées dans le corps de Sharlie étaient toujours là.
«
Jenny m’a dit que ton passé t’intéresse… Tu dois savoir que, dans le cadre de notre procédure, tout cobaye peut, avant de faire partie du programme, rédiger une sorte de… De témoignage sur lui-même. Ce dossier est évidemment à toi si tu le souhaites. Mais, au-delà de ça, je suis ravie de te voir… J’ai vu les vidéos de toi quand tu étais au centre. Diable, que tu étais endurante… Si endurante que j’avais prévu de t’offrir en cadeau à Jenny, ma petite chérie… Alors, c’est amusant que tu aies été la voir malgré tout. »
Continuant à la caresser, elle alla même griffer un peu sa peau, et déposa son verre à proximité, puis usa de son autre main pour continuer à la masser.
«
On t’a enlevé avant que nous n’achevions de te parfaire… Et avant même que je ne puisse te tester en personne. Ma pauvre petite… »
La main de Miranda remonta pour caresser la joue de Sharlie, ses doigts se glissant dans ses mèches de cheveux. Pour elle, en choisissant de participer à ce programme, Sharlie avait renoncé à son ancienne existence, ce qui, d’un certain point de vue, faisait de Miranda sa mère. Elle avait donc sur elle un regard affectif et très maternel.
«
Alors, comment te sens-tu, Sharlie ? Aucune crise d’agressivité ? C’était pour ça qu’on faisait encore des traitements sur toi… On voulait calmer ton agressivité, car il n’était pas souhaitable de t’amener chez la Grande Sénatrice avec le risque que tu puisses la tuer. Avant que tu ne sois transférée, on t’avait injecté un ultime traitement, mais je n’ai jamais su si les effets étaient efficaces… Mais, vu que tu es là, face à moi, et que tu es l’amante de notre chère Jenny, j’en déduis que la solution a dû fonctionner… »
Plus ou moins…
Miranda alla même jusqu’à déposer un baiser sur le torse de Sharlie, au-dessus de son nombril.