Tyria écouta la citation biblique en haussant un sourcil. Elle n'était pas plus croyante qu'une autre, la religion faisait partie des sujets qu'elle avait survolé dans ses études. Mais entendre cette pauvre fille lui sortir un extrait de la bible la surprenait. Elle avait donc un peu d'éducation. Ou alors elle était issue d'un milieu extrêmement croyant pour avoir réussi à se souvenir d'une parabole alors qu'elle ne parvenait même pas à se souvenir correctement de son lieu de naissance.
La jeune brune regarda l'expression de sa prisonnière changer en un air de béatitude qui lui fit envie autant qu'il lui faisait horreur. Elle se réfugiait dans la drogue pour trouver ce que la vie lui avait refusée tandis qu'elle s'était battue pour conquérir sa position, ce en marchant sur les cadavres de ses propres parents.
Mais elle avait une piste à remonter avant de savoir ce qu'elle allait faire avec sa prisonnière.
Elle l'abandonna dans cette cave, elle y était en sécurité du moment qu'elle n'essayait pas trop de se débattre. Elle remonta ensuite dans sa maison et se livra à quelques recherches internet sans grand espoir de trouver quoi que ce soit. Mais elle fut déçue en bien. Soit Akiko Peterson était un homonyme, soit la dernière personne a avoir acheté sa victime était un journaliste suffisamment connu pour avoir une page wikipedia dédiée. Comble de l'ironie, non seulement il habitait en ville, mais en plus dans un endroit même pas difficile à atteindre pour deux sous.
Une collégienne armée de son ours en peluche pourrait entrer par effraction, Songea la dernière des Stukov en consultant les registres du cadastre.
Tout semblait si simple pour trouver ce Peterson qu'elle finit par se demander si ce n'était pas une farce. Ce journaliste remueur de poubelles avait vraiment
acheté une fille comme on achète du
bétail ?
Elle-même l'avait déjà fait sur le monde de Terra, mais là-bas, l'esclavage était chose légale. Pas ici.
Une petit visite s'impose... Songea-t-elle, ne se sentant pas du tout de discuter de ce genre de choses sur une chose aussi aisée à tracer qu'un téléphone portable moderne.
Mais se présenter devant un trafiquant d'esclave potentiel en clamant haut et fort être au courant n'était pas exactement un signe de sagesse, encore moins avec sa réelle identité.
Elle passa par sa salle de bain et se saisi d'une bombe de mousse pour teindre ses cheveux bruns en noir, elle changea aussi ses sourcils. Puis, à l'aide d'un peu de maquillage et de fond de teint, se fit plus bronzée qu'elle n'était réellement, et se vieillit intentionnellement par un maquillage un peu trop appuyé, comme si elle cherchait à masquer des défauts de peau qu'elle n'avait pas.
Elle se regarda un moment dans le miroir pour traquer les détails qui pourraient trahir sa jeunesse, mais n'en décelant pas, elle passa se changer dans sa chambre. Une des tenue qui la vieillissait le plus était le
costume trois-pièces féminin de femme d'affaire qu'elle ne portait, pour ainsi dire, jamais.
SOn seul avantage était de la faire paraître plus vieille tout en lui permettant toujours de bouger ses jambes à son aise si elle devait faire des mouvements rapides ou se battre. L'habit n'était pas prévu pour ça, mais elle s'en moquait désespérément. Ainsi attifée, elle sortit de chez elle et se rendit quelques rues plus loin pour appeler un taxi depuis une cabine de téléphones publique. Elle lui donna l'adresse du bâtiment d'en face de l'immeuble d'Akiko Peterson. Traversant la rue, elle rassembla ses esprits tout en caressant sur ses hanches, derrière son dos, le manche du couteau de combat caché sous son veston. C'était à la fois rassurant et stressant.
Elle entra dans l'immeuble en profitant de personnes qui en sortaient. Elle consulta ensuite les boîtes aux lettres pour trouver l'appartement de Peterson. La présence de courrier dans la boîte lui appris qu'il était soit négligent, soit absent. Il n'était pas encore la fin de l'après-midi, probablement était-il encore au travail.
D'après les infos qu'elle avait obtenu en se faisant passer pour la secrétaire de sa propre entreprise terrienne et en appelant pour demander si le journaliste était disponible pour une interview, il était au Japon en ce moment et enquêtais dans la ville même de Seikusu. Il rentrerait donc logiquement chez lui quand il aurait fini.
Tyria se rendit devant la porte d'entrée et examina la serrure d'un peu plus près.
Trop compliqué pour moi. Conclut-t-elle rapidement avant de se redresser et d'administrer un violent coup de pied à la porte pour en défoncer le cadre. Elle senti le coup résonner jusqu'à son bassin, mais la porte ne céda pas. Probablement avait-il déjà été dévalisé une fois ou deux et avait-il décidé d’investir dans un système de fermeture plus performant.
En grommelant, Tyria sorti le tournevis de son couteau suisse et un trombone et se donna quarante minutes pour réussir à la forcer avant d'abandonner et d'attendre le journaliste devant elle. En grommelant et en s'acharnant, elle parvint à faire tourner le loquet au bout d'un peu moins de soixante-trois minutes d'acharnement. Elle était vraiment agacée et avait forcé plus que de raison. La serrure nécessiterait probablement d'être changée, mais la porte fermerait quand même. Par un petit miracle, personne ne l'avait vue.
Elle entra et fit rapidement le tour du propriétaire. Il n'y avait rien qui attire particulièrement son œil, mais elle n'avait pas l'âme d'une artiste. Tyria Stukov était surtout constituée de faits froids et logiques, la création et le goût de l'art ne faisaient pas exactement partie de ses passe-temps favoris. Elle aurait peut-être pu capter la profondeur et les messages véhiculés par les photos si elle s'en était donnée la peine. Mais elle se contenta de les juger inintéressantes à part une photo qu'elle trouva. Un portrait de Milana avant qu'elle ne lui tuméfie le visage à coup de poing. Visiblement, quelqu'un s'était déjà chargé de lui faire sa fête, mais elle était en moins piteux état que dans sa cave.
Elle entendit alors la porte s'ouvrir et les pas méfiant d'un homme entrer dans l'appartement. Elle se retourna et reconnu son journaliste.
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Akiko Peterson je présume ? Demanda-t-elle froidement sur le ton de l'affirmation plus que de la question.
Je suis Svelania Karpov, du GRU, dit Tyria en donnant une fausse identité ainsi que le nom du service de renseignement Russe.
Elle écouta la réponse sans guère lui accorder d'importance, il y avait suffisamment de photos du personnage du internet pour le reconnaître facilement.
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Nous avons à parler M. Peterson. De vous, et de cette jeune femme. Dit Tyria en tournant la photo de Milana pour la montrer au journaliste.
Commençons par le plus évident : Que savez-vous à son sujet ?