Elle venait à peine de retourner à sa place, calme et sereine, débarrassée de sa légère animosité grâce au petit coup qu'elle venait de faire connaitre à Amélie, quand elle sentie soudainement son corps s'alourdir sous le poids de celui de la jeune femme. Enfin ce n'était pas tant tout son poids qu'elle sentait, mais surtout celui de ses deux mains sur ses épaules, ainsi que, peut-être, celui des mauvaises ou taquines intentions de la demoiselle qu'elle venait de provoquer, qui lui étaient toute adressées. Refroidie sur le coup, frissonnante en sentant que la situation venait de paradoxalement s'inverser, elle voulue tourner la tête vers la fille de la rue mais elle sentit un souffle chaud courir sur sa peau, les lèvres de sa camarade s'étant rapprochée dangereusement de son oreille, avant qu'elle n'expire quelques mots dans un nouveau courant d'air chargé d'une impression gênante :
« Oui… J’ai envie de te faire l’amour sous ses yeux… »
Il ne lui en faut pas bien plus pour frémir de tout son corps, comme si ces seuls mots avaient suffit pour ébranler son corps et ses envies de vengeance d'un coup, tout en lui donnant l'impression qu'une main un peu baladeuse venait de lui passer ses doigts gourmands tout du long de son échine. Complètement involontairement, Senestra l'avait sauvée de cette situation en revenant dans la pièce pour s'adresser à leur invitée, ce qui l'avait fait se décoller de la grande soeur avec vivacité tandis qu'ils échangeaient rapidement. C'est très discrètement que la jeune femme soupira pour témoigner de son sentiment d'aise désormais qu'elle étaient toutes les deux séparées par la présence de son petit frère, mais elle ne pouvait pas pour autant oublier la présence d'Amélie, et c'est bien pour cela qu'au travers de son soulagement, elle conservait sa perpétuelle vigilance envers "l'intrue", l'oreille tendue sur la discussion qui se produisait à ses cotés.
« Merci beaucoup, Sen’, mais je sais me débrouiller avec les baguettes. Je suis une fille plutôt agile de ses doigts, tu sais…
- Oh d'accord, j'y penserais la prochaine fois. Je pose toutefois la fourchette ici si tu en as besoin, d'accord ? »
L'innocence de cet homme pouvait parfois surprendre mais c'était ainsi, il était pour lui difficile de faire le lien entres quelques allusions et un quelconque désir, surement son manque de connaissance dans le domaine, ou encore le fait que pour lui, une majorité des choses ne se faisaient pas dans le sens sexuel, et qu'ainsi la probabilité de tels provocations étaient majoritairement réduite. Toutefois ce n'était pas du tout le cas de Dextra qui avait très bien compris quels genres de mots cette vipère avait utilisée pour provoquer l'émoi de son tendre frère, et elle en était d'autant plus outrée quand elle repensait à la fois où cette succube avait pris le plaisir de faire de même, à cette même place qu'occupait Amélie en cette journée. Le temps et le moyen lui en serait donnée qu'elle aurait déjà prit tout le plaisir du monde à réduire cette parvenue, qui dans le fond ne devait pas être bien différente d'elle, un frère seulement en moins pour lui permettre d'avoir un logement, mais tout cela lui étant moralement proscrit, elle se contenta de manger, veillant aux dire de la personne à sa gauche.
« Alors, vous faites quoi, tous les deux, à Seikusu ? Vos études ? Tu as une petite copine au lycée, Sen’ ?
- Que ...!
- Eh bien ... Dextra est la première à s'y être installée, il y a deux ans, suites à quelques histoires avec nos parents. Nous étions inséparable à l'époque, alors je dois avouer que quand j'en ai eut l'occasion, j'ai pris un baïto et me suis installé avec elle. Le plus dur à faire fut les papiers pour le changement de scolarité, mais ça s'est fait sans problème finalement...
- Et quand j'ai été virée, on a serré la ceinture et fait avec la paye de Sen'. Désolé, mais un type qui me propose de bosser dans une succursale de sa boutique aux mauvaises moeurs, je ne travaille pas sous ses ordres ! Je finirais mes études avant afin d'avoir un vrai boulot.
- Hé hé ... C'est comme ça que nous avons finit dans le même lycée, à une année d'écart. Je bosse dans une pizzeria, dans le centre, "Al'ondo Romano". Cette affiche ne doit vouloir rien dire d'ailleurs vu que le dirigeant est un japonais pure souche, mais le cuistot avec qui je m'entends bien est né à Ancona, dans le sud de l'Italie, donc les repas sont bons. »
Avaient-ils tout les deux omis de parler de la seconde partie des questions d'Amélie de manière volontaire ? En fait Dextra avait en effet choisis de ne même pas faire attention à cela quand elle avait vue son frère y réagir de manière sereine, tout à fait naturelle, sans piquer un énorme phare à l'énonciation de la possibilité qu'il ai une conjointe. Après tout si il parvenait à être aussi calme, c'est surement parce qu'il ne voulait pas y répondre, ou que cela lui passait complètement au-dessus désormais, pour certaines raisons que la grande soeur n'exprimerait jamais en public... Et pourtant la raison en était tout autre, c'est surtout que l'adolescent venait de comprendre que quelque chose ne tournait pas rond dans les paroles de la jeune fille, pourquoi s'intéressait-elle à son statut de célibataire chevronné ? C'était étrange vu ce qu'il avait auparavant pressenti chez elle, cette impression du genre : "je ne pose pas de questions sur ta vie alors fais-en de même" ! Enfin, il n'allait pas la laisser sans réponse, aussi poursuivit-il avec un léger rose aux joues, et une main gênée dans les cheveux.
« Quand à ce que tu me demandes euh ... Eh bien ... Non je n'ai jamais eut personne à mes cotés. Je ne sais pas, je ne dois pas être attirant, les filles ont plus tendance à m'esquiver qu'autre chose, sans raisons que je ne connaisse. »
Imperceptible sur le coup, le tressaillement de Dextra fut rapide mais assez pour la réveillée et lui faire tourner la tête vers le mur de manière inconsciente, manière incertaine de ne pas capter l'attention alors que ce geste même révélait les pratiques de la demoiselle pour éviter qu'une quelconque adolescente puérile vienne fourrer son nez dans les affaires de Sen'. Histoires diverses et variés, mises en scène, menaces, tout était bon pour faire comprendre que Senestra n'avait pas vraiment besoin d'une petite amie dans la vie de tout les jours, ou plutôt que Dextra avait besoin de son petit cocon confortable d'intimité relative entre "frère et soeur". Encore une fois, seule elle y révélait une véritable importance, le jeune homme n'étant attiré envers sa soeur que pour son inhabituelle élégance, et non en tant que personne. D'un coté l'amour, de l'autre un simple désir qui parfois se faisait plus fort que la morale...Rien de bien complexe, mais rien de bien clair non plus.
« ... Enfin je parles, et toi donc Amélie, tu as quelqu'un ? Comment es-tu arrivée à Seïkusu ? Enfin, tu peux ne pas me répondre, je ne souhaites pas être indiscret. »