Senestra... est un jeune homme de passion. Pour lui, contrairement à beaucoup d'autres personnes, ce qu'il pensait juste ou injuste était profondément ancré en lui, et ainsi il agissait toujours de manière un peu "extrême", selon qu'il se sentait coupable de son comportement, ou obligé d'agir pour diverses raisons, quelles qu'elle soit. Le connaître un tout petit peu voulait presque dire le connaître parfaitement, parce qu'il devenait très facile de comprendre ce qu'il allait faire dés lors que l'on remarquait chez lui ce besoin d'être quelqu'un d'irréprochable, de juste, de "bon". Couplé à son innocence, cela rendait le jeune homme quasiment surréel sur certain point, et ce qu'Amélie devait être en train de remarquer n'était qu'un exemple concret de ce que le lycéen était : un jeune homme dont la vie même était tournée vers le bonheur de ceux qu'il rencontrait, même si ceux ci pouvaient être vu comme mauvais, où à défaut, blessant face à cette bonté.
Il était un bon samaritain, même si il l'avait renié quand la jeune fille lui en avait parlé dans la rue, plus tôt dans la journée, et là, dans cette cage d'escalier, avec la jeune fille entre ses bras et lui qui était tout à fait incapable d'accepter qu'il ait put lui faire du mal, c'était tellement flagrant que ça en devenait quasiment ridicule. Mais lui ne s'en rendait pas compte, il voulait juste qu'Amélie soit bien, qu'elle soit heureuse, qu'elle ne partes pas dans l'instant avec cette envie d'en vouloir à ceux qui n'étaient pas comme elle. Cette demoiselle, avec sa main placée sur son torse, qu'il avait imaginé le repousser instantanément sitôt ses bras passés autour de son corps, était actuellement celle vers qui toutes les douces et chaleureuses pensées du jeune homme étaient tournées, et nombreux aurait été ceux déduisant que l'adolescent essayait de charmer la jeune fille par quelques douces manières... Sauf qu'il fallait se rendre à l'évidence, avec de telles pensées, cela ferait longtemps qu'Amélie l'aurait rejeté.
Quand il l'observa, il vit un sourire, délicat, charmant, et il ne put se préparer à ce qui allait suivre, cette simple expression sur le visage d'Amélie lui faisant chaud au coeur :
« Senestra... Tu parles trop.
- Comment ça...? »
Il sent la poigne de la jeune fille se raffermir sur son haut, le tirer à elle, l'empêchait de bouger tandis que ce simple petit geste vint faire battre son coeur un peu plus rapidement, comme s'il présentait quelque chose d'anormal dans le comportement d'Amélie. Il ne savait pas du tout ce qu'elle comptait faire, n'avait absolument aucune idée de ce que cette demoiselle pouvait penser sur l'instant, et quand il la vit se rapprocher, la possibilité qu'elle soit en train de le taquiner était bien plus forte dans l'esprit de Senestra que quoi que ce soit d'autre. Mais rien de tout cela, il sentit soudainement l'emprise des lèvres de la jeune femme sur les siennes, la tendresse charnue de sa bouche venant rencontrer son visage aussi subitement que de manière inattendue, prenant le lycéen de court. Il ne comprenait pas, ne comprenait plus rien alors que son coeur partit à cent à l'heure, son visage virant au cramoisi le plus total.
Il perdit la notion du temps, ses pensées étaient vides, et avant même de se rendre compte de ce qu'il s'était déroulé, ils s'étaient séparés l'un de l'autre, le jeune homme finissant contre une des rangées de boîtes aux lettres qui tapissaient l'entrée de l'immeuble, le goût délicieux et sucré des lèvres d'Amélie sur es siennes. Hébété, perdu, il voit la belle demoiselle devant lui, apparemment heureuse, joyeuse, dans une position que l'on pourrait qualifier de mignonne, l'observer en se délectant surement de son tour, les joues de l'homme ne perdant pas de leur couleurs de cerises bien mûres.
« Tes lèvres me font penser à une pêche... Et les miennes ? Je me suis toujours dit qu’elle savaient le goût de fraise...
- Je... elles ... tu ..., il respire un bon coup avant de reprendre, n'arrivant pas à faire sortir les mots de sa bouche. Elles sont ... délicieuses, mais... j'étais tellement surpris que je ... je n'ai pas put les apprécier autant que je l'aurais désiré... »
Incapable de mentir, incapable de faire semblant, il faudrait être le dernier des abrutis pour ne pas voir l'état dans lequel elle venait de mettre le jeune homme, clairement pas habitué à ce genre d'attention de la part d'autrui, et d'autant plus troublé qu'il s'agit de la personne qu'il souhaitait rendre heureuse aujourd'hui. Il ne pouvait pas s'y faire, ce goût sur ses lèvres qui l'appelait encore et encore à oublier son comportement de jeune homme droit et honnête, pour retourner directement auprès d'Amélie afin d'en reprendre un autre, qu'il dirigerait ce coup-ci comme une réponse au doux jeu de la jeune fille. Mais il était ... fébrile, paralysé, son coeur battant à cent à l'heure comme pour lui faire comprendre que si il commence sur cette voie il ne parviendra plus à s'arrêter, sans parler de sa peur de froisser la jeune fille, alors même qu'elle est la première à avoir fait ce pas. Mais encore une fois, il ne sait pas mentir, même dans son comportement.
« Amélie... Peut-être que tu m'en voudra... mais... je ne peux que vouloir y goûter... à nouveau. »
Il s'approche, espérant qu'elle ne le rejette pas sur ce coup-ci, qu'il ne l'offusque pas, et se penche un peu tout en venant prendre sa joue dans le creux de sa main, délicatement. Il la regarde un court instant, puis approche son visage du sien sans mot dire, même si l'on pourrait presque croire que ses joues continuent encore de se teinter de rouge, malgré l'aspect presque impossible de cette possibilité tant le visage du jeune homme c'est paré d'un bordeaux bien révélateur. Et pourtant il parvient à maîtriser cette gêne, maîtriser ce malaise, à défaut de son coeur et de son visage, pour aller rejoindre le visage de la jeune fille, lèvres contre lèvres. Cette douceur, cette exquise sensation, ce goût léger qu'il ressent désormais qu'il n'est plus foudroyé par la surprise, c'est un tel bonheur. Ne voulant être trop insistant, il ne reste que quelques secondes, et rouvrant les yeux, il ne peux empêcher de plonger son doux regard dans celui d'Amélie, parlant tout bas sans savoir pourquoi.
« Je dirais plutôt des cerises, douces, agréables, et exquises. »