TOSHIO
Le nez dans l'airbag, lez yeux levés vers le rétroviseur, Toshio avait assisté à la spectaculaire décapitation du taïwanais par le terrifiant adversaire qu'ils avaient à leurs trousses. Il avait l'impression qu'on lui vrillait les tempes avec une
perceuse.
Kobayashi-Sama ? Le chef de clan, inconscient, avait heurté de plein fouet le dossier du siège de Toshio à l'impact ; son nez était brisé et il avait perdu plusieurs dents mais il était en vie.
Pour l'instant. A son tour, le jeune homme s'extirpa de la voiture, s'appuyant à la carrosserie pour ne pas s'écrouler sur le bitume. De nombreux éclats de verre s'étaient incrustés dans ses mains, sur sa poitrine, et même sur son visage ; il avait l'impression de n'être qu'une plaie béante
. « Kobayashi-Sama, levez-vous, il faut partir MAINTENANT. » Le guerrier avait déjà fait volte face, s'avançant d'un pas tranquille vers ses proies.
Tout ça pour des putains de diamants ? Rassemblant ce qui lui restait de forces, il parvint à glisser ses avant-bras sous les aisselles du yakuza et à l'extraire du véhicule inutilisable. Le désespoir lui donnait une énergie qu'il ne se connaissait pas.
Deux mètres, trois mètres. Kobayashi pesait trop lourd, mais Toshio n'était même pas certain d'être capable de s'enfuir plus rapidement, s'il abandonnait son fardeau. Autour de lui, c'était un concert de klaxons et de hurlement affolés. Et le monstre
avançait toujours, gagnant du terrain sans se forcer, dépassant la berline accidentée, la lame au clair. Ils allaient mourir.
Merde putain, j'ai même pas eu le temps d'avoir des gosses ! Alors qu'il s'efforçait de rajuster sa prise, la main de Toshio se referma sur un objet métallique arrondi, accroché à la ceinture du Yakuza. C'était leur
dernière chance. Laissant Kobayashi glisser sur le sol, le jeune homme dégoupilla la grenade de ses doigts gourds et tremblants, avant de la jeter de la faire glisser sur le sol, en direction de leur assaillant. Il ne lui sembla même pas entendre le bruit de la déflagration; Soulevé par le souffle de l'explosion, le jeune homme fit un vol plané de quelques mètres, s'écrasant sur le capot d'un véhicule à l'arrêt. Au dessus de lui, un hélicoptère militaire survolait la zone, et il sembla qu'on s'affairait autour de lui.
"
Sauvé", songea-il, avant de sombrer dans l'inconscience.
WOLVERINE
La reddition qu'espérait Wolverine se solda par une exécution dans les règles de l'art des deux
félons. L'individu qui tenait le revolver pris la peine de se présenter, le temps pour une nouvelle escouade de l'HYDRA de se positionner, mettant en joue le mutant. Il n'y avait rien à répondre à Critchell, et Logan se contenta de hausser les épaules. Il ne connaissait pas ce type, mais il n'était sûrement pas là pour tailler une bavette avec lui. De leur propre chef, les fantassins firent feu, arrosant l'entrée de l'entrepôt de salves de fusils semi-automatiques. Ils étaient trop nombreux pour les affronter en terrain découvert. Sa première pensée fut de se précipiter vers Critchell, mais celui-ci s'était prudemment éloigné du mutant, et une demie-douzaine d'hommes armés se tenaient à présent entre lui et sa proie. Les balles sifflaient à ses oreilles, et l'une d'elle lui traversa le flanc, lui arrachant un grognement de douleur.
Saloperie !
Wolverine était pris en tenaille entre l'escouade qui avait rejoint Critchell, et les nouveaux arrivant qui venaient d'apparaître au fond de l'entrepôt, ou grimpaient sur les passerelles. L'HYDRA semblait en revanche, s'être temporairement désintéressé de Felicia, toujours camouflé derrière un cadavre de véhicule. Être pris entre deux feux nourris était probablement la dernière chose à faire, même avec une régénération cellulaire aussi
formidable que la sienne, aussi le mutant se mit-t-il à courir vers l'entrepôt, les griffes au clair. Son pouvoir auto guérisseur lui avait permis de survivre aux plus terribles des blessures, reconstituant ses organes, ou ses membres déchiquetés, mais la douleur était toujours là, omniprésente. Et elle l'
enrageait chaque fois un peu plus. Prenant son élan, Logan se servit du capot d'une berline comme d'un tremplin pour saisir les barreaux métalliques de la passerelle qui faisait le tour de l'entrepôt, à une dizaine de mères de hauteur. Une rafale de plomb déchira son biceps droit, et Logan hurla de douleur, se hissant à la seule force de son bras gauche et de ses abdominaux. Sur sa droite, un fantassin cagoulé s'avançait prudemment, un fusil à pompe braqué sur le torse du mutant haletant. Il ne put faire feu ; Logan était déjà
sur lui, plongeant ses griffes au plus profond de ses entrailles, avant de le faire basculer dans le vide et de reprendre sa course, faisant claquer les semelles de ses bottes sur la structure métallique.
Encore trois. Les tireurs embusqués s'affolaient déjà, coincés sur cette étroite bande métallique suspendue et tiraient en reculons, s'efforçant de ne pas toucher leurs camarades avec un succès fort relatif. Surpris par la vitesse de Logan, ils vidaient leurs chargeurs par réflexes sur sa silhouette mouvante, ne lui causant que des dommages superficiels qui s'
effaçaient rapidement. Parvenu au second tireur, logan saisit le canon du fusil avant de repousser brutalement l'arme vers son propriétaire, défonçant son thorax avec la lourde crosse lestée, puis de s'en emparer. Alors qu'il rechargeait la fusil mitrailleurs, une nouvelle rafale de balles lui explosa le genoux, le faisant chuter lourdement sur la passerelle. Se redressant sur les coudes en se mordant la lèvre inférieure jusqu'au sang pour ne pas
hurler, il récupéra le semi-automatique, l'arma, et fit feu, abattant un troisième tireur de plusieurs balles dans la poitrine. Le quatrième au fond, à l'endroit ou la passerelle faisait un
coude s'abritait grâce à l'angle du bâtiment, tirant de courtes salves à l'aveugle vers l'endroit ou Wolverine se trouvait. Celui-ci était parvenu à se redresser sur une jambe, mais à chaque fois qu'il posait son pied sur la structure métallique, il manquait de s'écrouler, pris de vertiges. Son pouvoir reconstituait la structure osseuse complexe de son articulation à une vitesse incroyable, mais le procédé en lui-même, était presque
aussi douloureux que la blessure initiale.
En contrebas, Critchell beuglait des instructions contradictoires, et sa garde rapprochée s'était quelque peu dispersée afin de trouver un angle de tir pour abattre le mutant. Parmi ces hommes, l'un d'eux sembla se rappeler que la Chatte noire était elle aussi, une cible
dangereuse, et incita son vis à vis à contourner avec lui le véhicule derrière lequel il pensait qu'elle se planquait.
A une centaine de mètres dans les air, un gros hélicoptère noir s'approchait avec une lenteur insupportable ; la cavalerie arrivait,
mais elle prenait son temps.Se jetant au sol pour éviter de se faire une énième fois trouer la peau, Logan riposta immédiatement, blessant son agresseur au bras. Celui-ci lâcha son arme en hurlant et s'éloigna d'un pas précipité.
Compte-pas là dessus, mon pote. Quelques pas suffirent au mutant pour parvenir à l'angle du bâtiment ; au loin, le fantassin s'éloignait en titubant, se tenant l'épaule droite. Sans hésiter, Wolverine leva l'arme à hauteur de son épaule et l’abattit sans autre forme de procès. Jetant prudemment un coup d’œil en contrebas, il releva presque une bonne vingtaine d'adversaires qui s'efforçait d'encercler le bâtiment, leurs armes braquées sur toutes les issues qui auraient pu permettre à Logan de redescendre au sol. Ça n'en finissait pas. Avisant une porte branlante dans la bâtisse, qui permettait de pénétrer à l'intérieur de l'entrepôt, Logan la défonça d'un coup d'épaule, et se jeta à l'intérieur. Déserté par l'HYDRA, il était plongé dans la pénombre, et parfaitement désert. Au beau milieu de l'immense salle, en bas des escaliers deux vans noirs, qui avaient probablement amenés les renforts de Crichell, et un joli tas de cadavre au milieu desquels trônait une valise gris métallisée entrouverte.
S'il y a bien un truc à récupérer au milieu de ce joyeux bordel, c'est probablement ce truc, songea-il, en dévalant les escaliers.