WOLVERINE
L'instinct du mutant ne l'avait pas trompé et Laura était parfaite pour ce job. Là haut. Logan repéra la silhouette gracile de l'adolescente un instant avant que la vitre ne vole en éclat et que X-23 ne fonde sur lui avec une vitesse hallucinante. L'homme roula sur le côté pour éviter de se faire déchiqueter la gorge, mais à peine se relevait-il qu'il dut rejeter le buste en arrière, sans parvenir toutefois à éviter complètement le coup de pied retourné meurtrier.
Elle a des griffes sur les pieds. Logan n'avait pas remarqué ce détail la première fois qu'il l'avait combattue et malgré la situation, cela le fit presque sourire.
« Je vois qu'ils ont procédé à une mise à jour de mon squelette en adamantium. » Une belle estafilade lui barrait à présent le plexus, mais la blessure était sans gravité. Elle serait guérie au bout de quelques secondes. Laura sur le visage une telle expression de haine et de colère qu'il en fut une nouvelle fois déstabilisé. Le vieux mutant avait été amené à commettre durant sa trop longue existence, des actes odieux, relevant du meurtre et parfois de la torture et il admettait sa responsabilité, estimant que ses agissements avaient été nécessaires. Néanmoins, être honni pour quelque chose qu'il était
supposé avoir fait et dont il n'avait pas la moindre idée lui était insupportable.
« Qu'est ce que tu veux Laura, putain ? Qu'est-ce qu'ils t'ont raconté sur moi ? »Ce que Logan ignorait, c'est que Laura avait été victime d'un lavage de cerveau particulièrement efficace ; elle ne croyait pas Wolverine responsable de la mort de sa mère, elle l'avait vu en train de la massacrer, avant de s'en prendre à elle. Cependant Logan s'élança de tout son poids vers l'avant pour intercepter la jeune mutante. X-23 était plus rapide, mais il avait davantage d'allonge et parvint à la saisir par le col de sa combinaison sans que ses griffes n'atteignent sa gorge et la souleva au dessus du sol avant de la projeter brutalement contre une poutre métallique. Un être humain ordinaire aurait eût la colonne vertébrale brisée, mais pas Laura, évidemment ; ses os étaient comme les siens, faits de l'un de métaux les plus résistants du monde. Wolverine secoua rageusement la tête ; malgré la dangerosité de son adversaire, et la détermination avec laquelle il était venue l'affronter, il savait qu'il affrontait une
gamine paumée et...C'était l'un des combats les plus
difficile de sa vie.
« L'HYDRA est une organisation terroriste, Laura », reprit-il.
« Ils assassinent des innocents, ils arrachent des gosses à leur famille et les transforment en armes humaines. C'est à cause d'eux que je suis devenu... Ce que je suis aujourd'hui. »
Cependant, la petite ne semblait pas véritablement encline à l'écouter parler, et il du faire un bond en arrière pour éviter un nouvel assaut qui lui laissa deux profondes griffures sanguinolentes sur l'avant bras avec lequel il s'était protégé. Le vieux mutant se souvint de l'état psychologique dans lequel l'avait laissé les expérience effectuée sur son corps et son esprit par les scientifiques du projet Weapon X. Sous influence et avoir une conscience de lui-même proche du néant, Logan avait aveuglément obéit des mois durant à des ordres iniques, impliquant notamment le massacre de nombreux innocents. S'il ne se souvenait pas de tout, certains souvenirs le tenaient éveillés certains soirs. Et Laura n'était qu'une
gosse !
« Le Shield peut t'aider », essaya-il une nouvelle fois.
« ils ont des ressources dont je ne disposait pas à l'époque ».En lui parlant comme à quelqu'un de raisonnable, Logan espérait que Laura reprendrait un peu pied avec la réalité... Ce en quoi il se trompait lourdement.
NIGHTCRAWLER
Wilson aboya quelque chose que je n'entendit pas. La cantine était à présent envahie par un flot de soldats de l'Hydra que nous n'étions pas parvenu à endiguer. Le colosse était toujours planqué derrière le comptoir du self, d'où il me couvrait avec son fusil mitrailleur. C'était la douzième fois que je me téléportait pour éviter une volée de balles et je commençait avoir mal à la tête. La cantine était gigantesque, mais il n'y avait pas énormément d'endroit pour se planquer. Wilson et moi étions pour le moment le
dernier rempart du SHIELD. Si nous tombions, l'organisation s'infiltrerait et prendrait le contrôle de la base. En nage, je jetais un coup d’œil par dessus la table qui m'abritait, une main crispée sur le manche de mon sabre, la seconde sur mon abdomen qui se soulevait puis s'affaissaient de plus en plus lentement à mesure que j'essayais de reprendre le contrôle de moi-même. Wolverine m'avait dit un jour qu'on n'échappait pas à la peur, mais qu'on pouvait l'utiliser pour survire, la faire sienne pour triompher de l'adversité.
Ben voyons...Cependant, j'étais parvenu à faire le vide dans mon esprit, à l'exception d'un seul et unique leitmotiv. Les empêcher d'entrer. Roulant du dessous d'une table vers une autre, j’attrapai les chevilles du militaire le plus proche de moi pour le faire chuter au sol et lui plaquait ma main gauche sur les lèvres alors que je lui tranchait la gorge avec une dextérité qui m'effraya. L'homme émit quelques gargouillis affolés, convulsa, puis rendit l'âme. À tâtons, je m’emparai des grenades qu'il avait accroché à sa ceinture, et de son fusils mitrailleur dernier cri, abandonnant à regret mon sabre au sol. De toute évidence, les hommes de l'Hydra n'utilisaient pas leurs grenades pour ne pas risquer de se blesser en entre eux.
Je n'ai pas le même problème, heureusement. Je savait exactement où se trouvait Wilson, et je pouvait échapper au souffle de l’explosion en me téléportant. Avisant un petit groupe de cinq à huit heure, je dégoupillait une grenade et la jetais dans leur direction, avant de me téléporter à l'exact opposé de ma position initiale et de les arroser de rafales de balles. Le résultat escompté fut au rendez vous. Les hommes se retournèrent vivement vers moi, s'efforçant de s'abriter derrière des tables ou des piliers et n’identifièrent la grenade qui provenait de derrière eux qu'au moment où elle explosa, les tuant à peu près tous sur le coup. Sans m'attarder, je filais à travers les rangées de tables, le dos courbé. Je me sentais bien, et j'avais l'impression que mes adversaires bougeaient au ralenti. Wilson avait enjambé son abris, et couvrait ma course folle en abattant avec une précision chirurgicale les agents dans mes angles morts. Abattant un énième adversaire presque à bout pourtant, je grimaçait de douleur alors qu'une balle m'atteignait à la jonction entre le trapèze et le cou. Je n'avait pas vu l'agent sur ma droite et Wilson n'avait pas eu le temps de l'abattre. L'impact m'avait rejeté en arrière et j'étais tombé sur le dos.
« BUTEZ-LE LES GARS, IL EST A TERRE ! »Cause toujours. Sans bouger de ma position je l'alignait, et une nouvelle rafale emporta une partie de sa gorge avant qu'il ne s'effondre sur les dalles. Je portait une main à mon cou et grimaçais en la retrouvant poisseuse de sang. Cependant, j'étais déjà debout, et Wilson m'avait rejoins, et me tira à l'abri en m'attrapant sous les aisselles. Un nouveau commando avait fait son entrée. J'étais à court de munition – visiblement c'était également le cas de Wilson, et les cadavres des agents de l'Hydra qui jonchaient le sol étaient trop de nous pour que nous pussions nous emparer de leurs armes.
« Bordel, on va jamais s'en sortir », crachais-je, la main crispée sur ma blessure.
Cependant, d'autres silhouettes se déployaient dans notre dos, et je crus un instant que nous étions encerclés, avant de me rendre compte qu'ils portaient l'équipement du SHIELD.
Des renforts, des putains de renforts, enfin. Sans sommation, le SHIELD ouvrit le feu sur l'ennemi, alors que nous étions gentiment invités à reculer vers l'arrière du front par des gestes insistant du chef des opérations. Posant la main sur l'épaule de mon compagnon, je nous téléportait en lieu sûr, à l'entrée de la cantine, d'où déboulait un bataillon d'agent du SHIELD armés jusqu'au dents. Une seule personne ne portait pas de casque et aboyait ses ordres dans son communicateur, et c'était l'agent Sharon carter. Dès qu'elle m’aperçut, elle désigna ma blessure et fit signe à un homme en retrait – disposant d'un brassard barré d'une belle étoile rouge – de s'occuper de moi, avant de s'approcher quelques instants plus tard.
« Kurt Wagner ? Agent Carter. Nous prenons la suite à partir d'ici. Vos services sont requis à l'extérieur. C'est l'enfer dehors ».Rapide et efficace. Je ne puis m'empêcher de sourire – ou plutôt de
grimacer – alors que l'agent médical aspergeait ma blessure d'un spray étrange, avant de de la bander et de planter une aiguille dans le gras de ma cuisse gauche, effaçant presque immédiatement la douleur qui obscurcissait mon esprit. La vitesse avec laquelle elle s'envola et la vigueur qui refluait dans mes veines m'indiqua qu'il ne s'agissait pas
simplement de morphine... Le SHIELD avait également développé ses petits
fortifiants.
Quelques instants plus tard, j'étais au beau milieu de ce qu'on pouvait familièrement appeler un
sacré bordel de Dieu, suspendu à un hélicoptère sans pilote qui tournoyait dangereusement et menaçait de s'écraser sur une escouade du SHIELD au sol, parmi laquelle je cru reconnaître...
Captain America, en
chair et en os. Raison de plus pour donner tout ce que j'avais. Expirant lentement par le nez, je fermait les yeux pour ignorer le tournis qui s'emparait de moi. Ce que je m’apprêtait à faire était une première, et j'avais de bonnes chances d'y rester. Mais bordel, je pouvais pas me dégonfler devant le Cap'. Je rouvrit les yeux, et visualisait un second appareil, qui mitraillait la complexe et... Nous téléportais, moi et l'hélico, une vingtaine de mètres plus haut, avant de lâcher prise et de me laisser tomber dans le vide. L'appareil enflammé que j'avais dévié de sa trajectoire initiale, heurta le second hélicoptère et l’entraîna dans sa chute, sur le flanc de la montagne, sur lequel il s'écrasèrent dans une impressionnante explosion.
Ca avait marché. C'était
dingue, mais ça avait marché.
Je fermais les yeux pour me téléporter à nouveau, mais je n'avais visiblement plus de jus.
Merde merde merde. J'essayais une second fois, sans succès, et le sol se rapprochait dangereusement de moi. Je suis foutu. Presque résigné je serrais les dents et fermais les yeux...Avant qu'une violente bourrasque ne se mettre à souffler au dessous de moi, freinant progressivement ma chute, et me permettant d’atterrir en
douceur, c'est à dire à quatre pattes. Levant les yeux vers la belle noire aux cheveux argentés qui m'observait, je lui dédiais mon sourire le plus charmeur.
« Salut Ororo, ça roule ? »