La cliente semblait surprise au fur et à mesure qu’elle avait lu le règlement, ce qui n’avait pas échappé à Faith. Il n’y avait même pas besoin d’être physionomiste pour voir ses yeux s’écarquiller de stupeur en découvrant le règlement, surprenant un peu Faith. Elle avait grandi dans un environnement d’asservissement depuis sa plus tendre enfance, et considérait toutes ces pratiques comme étant évidemment normales. Elle avait appris à être une belle esclave, venant de l’une de ces guildes où on formait des esclaves de luxe, généralement à destination de palais, de grands manoirs, voire d’ambassades. Elles ne savaient pas que faire l’amour ou sourire, on leur apprenait aussi à se faire belles, à chanter, à danser, à séduire, à lire, à être, en somme, de parfaites maîtresses, des confidentes et des amantes. Faith avait toujours eu une certaine timidité, ce qui avait aussi son charme, et un certain talent avec les chiffres. Elle avait une bonne mémoire, et c’est ce qui l’amena à se dire que le visage de cette femme lui évoquait quelqu’un... Et ce encore plus quand elle désigna du doigt, sur le catalogue, avec un aplomb indiscutable, Lucie.
Faith regarda la brochure. On y voyait le corps de Lucie, avec, à droite, des informations sur cette dernière : sa date d’arrivée, son expérience sexuelle, et sa race. Elle était décrite comme une Lycane, ce qui n’était pas faux. Faith savait que la venue de Lucie s’était faite sans problème. La petite esclave avait réussi à s’intégrer, et Faith, en réalité, ne savait même pas que Lucie était un homme. Il fallait dire qu’il avait une silhouette très féminine, portait des collants avec des gants, et même des sous-vêtements de fille. Maîtresse le coiffait également avec des bandeaux dans les cheveux, et ses beaux yeux verts lui attiraient bien des clients. Depuis qu’il était ici, il avait eu droit à son lot de fellations et de relations sexuelles.
Visiblement, cette femme tenait beaucoup à Lucie. Faith, un peu surprise, cligna des yeux.
« Heu... Et bien... Oui, Lucie a un créneau de libre. Nous allons la prévenir, et vous l’attendrez devant sa chambre, lorsqu’elle sera prête. Un garde vous escortera devant sa chambre. »
Faith la fit signer un nouveau papier, puis nota quelque chose sur son agenda. Elle appela ensuite un certain Randy, et un garde approcha. Il était vêtu d’une combinaison noire le recouvrant presque intégralement, et elle lui demanda d’escorter la cliente jusqu’à une chambre. Randy hocha lentement la tête, et demanda à la cliente de la suivre, puis s’avança tout seul, marchant en s’assurant que Lucie la suive. Faith les regarda suivre, plongée dans ses pensées.
Le trouble de cette femme en arrivant dans le harem... Puis son regard enthousiasmé en voyant Lucie... Pour Faith, ça ne faisait aucun doute. Si on ajoutait à ça leur ressemblance physique, il était évident que ces deux femmes entretenaient des liens. Peut-être des sœurs ? Auquel cas, il fallait craindre que la cliente ne cherche à libérer leur Lycane... Une chose que la Maîtresse ne tolérerait pas. Faith se retourna, et se dirigea vers une jeune fille à la peau chocolat, avec de longs cheveux noirs légèrement bouclés, afin de ressembler à ceux de la Maîtresse. Elle était torse nue, mais si jeune qu’on ne voyait pas encore sa poitrine.
« Sabrina ?! Tu veux bien aller transmettre un message à Maîtresse Mélinda ? »
Sabrina, fille d’une prostituée et d’un client inconnu, hocha la tête. Étant jeune, elle ne servait pas comme prostituée (sans doute l’une des rares lignes morales que le harem essayait de tenir), mais ça ne l’empêchait pas de servir. Née esclave, elle appartenait intégralement, depuis ses premiers cris, à sa Maîtresse, et même avant. C’était en effet à la Maîtresse qu’il revenait de décider de l’avortement ou non des fœtus de ses esclaves. Faith «écrivit rapidement quelque chose relatant cette expérience, puis chargea Sabrina d’aller en informer leur Maîtresse.
Entre-temps, Randy se rapprocha d’un banc confortable et rembourré devant une porte close, dans un couloir à la tapisserie rouge.
« Installez-vous, Madame, l’hôtesse va vous recevoir d’ici quelques minutes. »
Connaissant son travail, Randy appuya sur une sonnerie à côté de la porte, annonçant ainsi à la femme à l’intérieur la venue d’un client.
Il n’y avait dès lors plus qu’à attendre que la Lucie de Mélinda soit prête pour qu’elle ouvre la porte.