Que ce garde tente seulement de lui trancher une main ou une toute autre partie de son corps et la Louve se ferait une joie de contre-attaquer. Elle ne craignait nullement le fait de croiser le fer et d’être blessée pendant un combat singulier. Mais elle ne pouvait également pas tuer ici au sein de la capitale. Et cette petite restriction pouvait lui faire valoir sa victoire. Ainsi, quand l’homme s’approcha, dégainant son épée à dépecer, la Terranide le suivait du regard, prête à esquiver l’un de ses prochains coups. Mais ce dernier ne vint pas, le mercenaire fut stoppé par l’esclavagiste qui semblait fait une leçon de morale à la lycane.
Cette dernière l’observait d’un air désabusé. A la place de baisser les yeux comme il le lui ordonnait, elle les gardait levés, plongés dans le regard de jade du noble. L’Okami ne courba pas l’échine mais restait bien droite, dans une posture hautement différente de celle utilisé par les esclaves actuellement enchaînes en file indienne. Pensait-il également l’effrayer en sortant sa rapière et en lui posant ce type de question ? Certes, la Terranide serait blessé si un combat devait avoir lieu, elle tomberait à force, sous le nombre de coups, mais elle en blesserait également quelques-uns.
Quant à la garde, cette dernière était le cadet de ses soucis. De nombreuses fois, la Louve avait eu affaire à des hommes aux pensées très peu pieuses au sein de la capitale et aucune fois elle s’était laissé se faire toucher. Avait-elle était poursuivie et clouée sur une croix ? Non. Un petit sourire amusé face à cette pensée apparu sur son visage. Oh, elle sentait bien qu’elle jouait avec le feu, mais cet homme n’avait pour elle aucun droit sur sa personne. Du respect à lui donner ? Elle aurait pu lui parier avec plus de respect s’il ne l’avait pas interpellé en la nommant « esclave ». La Terranide connaissait les codes de bienséances mais se refusait à les utiliser pour quiconque l’abaisserait à une simple fonction réductrice.
« Et quoi ? reprit-elle doucement, je ne sers qu’une personne et à ce que je sache, tu n’es pas mon maître, je n’ai aucun respect à te donner. Tu penses que je ne serais pas capable de me défendre ? Désolé si tu as toujours eu des Terranides élevés dans des fermes à esclaves, mais ce n’est pas mon cas. »
Cette déclaration donna naissance à des rires gras. La lycane les ignora tout simplement. Une atmosphère froide sembla régner un instant dans cette petite ruelle. Quand Shad s’était adressé à l’esclavagiste, elle avait également fait exprès d’accentuer ses paroles sur le « tu » montrant ainsi qu’elle ne se considérer en aucunement inférieure à cet humain. Et par les dieux, elle savait très bien qu’il n’apprécierait pas cela. Mais elle n’en avait cure.
« Je pourrais partir, mais cela reviendrait à une course-poursuite et tu pourrais penser que tu as gagné. Je vais donc te mener jusqu’à la demeure que je sers. Mais il n’y aura rien de plus. Même si tu oses penser le contraire. »
Partir en courant, semer les mercenaires pourraient être un fait aisé, mais cela donnerait une certaine sensation de victoire à l’homme. Il voulait qu’elle le mène jusqu’à sa demeure ? Ce sera chose faite, mais elle risquait fortement de lui claquer la porte au nez une fois arrivée sur place. La Louve jeta un regard aux mercenaires. Elle ne leur faisait aucunement confiance et s’attendait à une attaque dans un angle mort de leur part à tout instant. Ainsi, elle s’écarta légèrement, gardant toujours un œil sur l’humain et sur les mercenaires avant de tout simplement les guider jusqu’à la demeure Belmond.
Une fois arrivée devant cette dernière, la Louve posa sa main sur l’épaisse grille fermant l’entrée. Un des domestiques étaient en train de s’occuper du jardin et s’avança, interloqué par ce qu’il se tramait.
« Qui sont ces gens ? Que veuillent-ils ? »
Rapidement, la Terranide lui résuma la situation, un air las sur son visage. Le jardinier avait posé son râteau et écoutait attentivement les paroles de l’esclave du maître de maison avant de se tourner vers le nobliau et de lui demander d’attendre. Il partit par la suite vers la demeure et ressortit accompagné par l’intendant de maison. Ce dernier s’adressa alors à William avec respect.
« Toutes mes confuses mon seigneur pour cet accident. Cependant, cette jeune femme peut vous servir pendant un moment, pour vous dédommager du mal qui vous aurez été fait. »
« De quoi ? » s’étouffa la concernée.
L’intendant ignora la surprise de la Terranide et continua :
« Elle ne vous appartiendra pas mais pourra vous servir pendant un temps que nous déciderons. Si vous le souhaitez, en guise de dédommagement bien entendu. Il se tourna par la suite vers l’Okami, quand le maître n’est pas là, tu sais que j’ai pleins pouvoir, tu feras donc ce que je t’ai dit de faire. »
Oh ça. Elle ne risquait pas de l’oublier. Ce petit coup de pute, elle s’en souviendrait. La Louve émis un grognement sourd. Cet intendant bien qu’il affirme le contraire n’avait aucun droit sur elle, ni même sur les deux autres esclaves présentes dans la maisonnée. Quoi que pour le moment, la vampire et la démone était également aux abonnées absentes. Quand elle reviendrait, la Louve se ferait une joie de lui rappeler le règlement imposé. Mais pour le moment, elle était prise dans un carcan et prouver que cet homme n’avait pas d’autorité sur elle serait un fait bien difficile. Finalement, l’intendant se mis à rire aux éclats, ouvrit la grille, laissant la lupine se faufiler à l’intérieur et la referma dans un claquement sourd au nez et à la barbe de l’esclavagiste.
« Encore une fois, toutes mes confuses, mais cette Terranide appartient au maître de maison et elle n’est ni à vendre, ni à être échangée. Et je ne possède aucun droit sur elle pour décider de quoi que ce soit à ce sujet. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée Monseigneur. »
Et dire que la Louve avait douté un instant de l’intendant ! Mais il fallait avouer qu’elle avait bien cru qu’il avait retourné sa veste contre elle. L’intendant salua le noble et partie en tapotant l’épaule de la Terranide qui faisait encore face à l’humain. Cette dernière l’observait à travers la grille, croisant ses bras sur sa poitrine :
« Une dernière chose à dire peut-être ? Tu vois que je ne t'ai pas menti. » affirma t'elle le plus simplement du monde.
La Terranide s’attendait bien sûr à des menaces ou tous autres. Mais, ces dernières n’auraient absolument aucun effet sur elle. Pourtant, un léger sifflement la fit frémir et avant qu’elle ne puisse réagir et esquiver, une piqûre la frappa au niveau de la nuque. Elle porta rapidement sa main à cette dernière et retira une fléchette où s’égouttait quelques gouttes d’un liquide verdâtre. Presque immédiatement après, la torpeur commençait à frapper.
« Bien joué… Mais ce n’est que partie remise… »
Et elle s’effondra de tout son long. Les domestiques présents à l’extérieur avaient terminés leurs tâches et il n’y avait donc personnes pour assister à la scène présente. Quant au tireur, il était posté sur un toit voisin et afficha un sourire satisfait. Il avait mis du temps à bien viser mais au moins, il n’avait pas loupé sa cible. Il ne restait maintenant plus qu’à l’humain à rechercher sa cible en toute hâte avant qu’une personne ne le voit. Mais une chose était sûre, la Terranide risquait de ne pas apprécié son réveil. Si William l’avait trouvé impertinente lors de sa rencontre, il risquait de ne pas apprécié le futur caractère de son « esclave ».