Elle lui fit signe d’un geste de se taire, il ne moufeta pas d’avantage. Par trouille sans doute un peu, et aussi parce qu’elle semblait si confiante en elle qu’elle semblait être tellement plus grande, plus puissante, plus… tout… que lui ! Alors vous ne vous étonnerez pas qu’intimidé comme il l’était, il avait obéi sans même y réfléchir. Il s’était tu.
Et maintenant, elle lui demandait d’aller se rincer, étant donné son état, il n’allait pas dire non. Il avait la certitude que sinon, il aurait sauté un repas, même si il avait vu pire niveau faim. Il avait un nœud en travers du ventre et doutait de pouvoir avaler quoique ce soit. Mais bon, il avait l’odeur de bile régurgité qui lui montait au nez et s’en débarrasser ne serait pas du luxe…. Même si pour cela, elle allait devoir le détacher.
Etrangement, quand elle s’avança avec sa dague, il n’eut pas vraiment peur : elle avait parlé d’aller se laver, donc elle ne lui ferait pas d mal, n’est-ce pas ? Elle allait juste le détacher, non ? Ce qu’elle fit alors qu’il tentait de rester immobile, tremblant toutefois de peur d’être coupé. Oui, depuis le temps, il était toujours un peu peureux. Avec sa vie, cela vous étonne-t-il vraiment ?
Elle lui tendit la main pour l’aider à se relever, et il voulut la prendre pour se redresser. Mais il ne put pas. Ou du moins, il n’y arriva pas. Il voulait, sincèrement, prendre cette main, qui voulait non seulement dire qu’il acceptait son aide, mais qu’il lui transmettait toute sa gratitude. Mais la simple idée d’un contact peau à peau le révulsait et il savait que Sire Loup n’attendait que cela pour se manifester de nouveau, bon gré, mal gré. Surtout malgré, d’ailleurs. Il savait que e moindre faux pas signifierait possiblement la mort de la jeune femme, alors il préféré ne rien fait, tentant de s’armer de courage, au cas où.
Il respirait à fond et apparemment, cela gênait la louve qui semblait agacée par la situation. Qui ne l’aurait pas été ? Il détourna le regard, ne voulait pas la regarder dans les yeux, pas assez de volonté pour ça. Il fixait un point sombre dans les taillis, qui n’était qu’une souche qui dépassait d’un fourré. Il se concentrait dessus, entendant de manière quelque peu distraite ses nouveaux propos… toutefois, il répondit quand même, ne serait-ce que parce qu’ainsi, elle saurait comment l’appeler : c’est souvent plus dur de faire du mal à quelqu’un quand on pouvait le prénommer… Il tressaillit en même temps qu’il le prononçait, le rendant inaudible. Puis il se ressaisit.
Il glissa timidement ses doigts dans la main de la jeune femme pour s’en saisir avec une douceur propre aux peureux et l’utiliser comme levier pour se lever et ensuite seulement, il finit par adresser la parole de manière distinct et audible (ô, miracle) !
« Aelfric… vraiment ? Vous n’allez pas me vendre ? »
Il semblait dubitatif sur ce dernier point, et ses yeux allaient fouiller les ombres à la recherche d’éventuels complices. Oui, la méfiance était une réaction normale, il avait été esclave et il ne voulait pas y retourner. Il avait déjà bien pris ce qu’il fallait dans les dents. Et il ne voulait plus que cela ne recommence. Plus jamais… plutôt mettre fin à ses jours…
Il fouilla le sol autour et ne voyant pas ses cerveaux métalliques, il continua à chercher, tombant à quatre pattes pour se mettre à renifler pour les trouver, leur odeur était mêlée à la sienne avec un il ne savait trop quoi de relevé, grâce au cuivre sans doute.
« Où ils sont ? Mes bracelets ? »
Il lui adressa un regard suppliant. Apparemment, son vomi ne le dérangeait pas autant que l’éventuelle perte d’une telle connaissance : dans ces bracelets, l’histoire du monde était stockée. Il se laverait après les avoir remis. Rien n’était plus important à ses yeux, pas même sa vie !
« Où sont-ils ? »
Il insistait de manière un peu plus significative. Une douzaine de bracelets et breloques, ça ne se perdait pas comme ça ! Ils étaient forcément quelque part ! Et dire que ça appartenait au monastère, pas à lui… Il commençait à paniquer. Aussi se mit à respirer profondément pour éviter de perdre le contrôle… si il le perdait, Sire loup serait pire que la dernière fois !