« Non mais ça ne va pas bien ? Espèce d’imbécile, emplâtré ! Vous avez tiré sur le gardien de nuit ! Vous êtes une honte, un incapable, un imbécile, une merde, un moins que rien, vous déshonorez la plaque autant que l’uniforme ! Barbare ! Sauvage ! Danger public ! Nul ! Zéro pointé ! Empaffé ! Débile ! Crétin congénital ! Andouille ! Abriuti ! Décérébré ! Tireur à blanc ! »
Oui, Gabriel était vernis, et habillé pour l’hiver vu la situation. Oui, il était de travail de nuit et avait du intervenir sur un cambriolage prit sur le fait, et il avait dégainé et tiré sans réfléchir, avait réussi à trouer la peau du gardien de nuit, et les cambrioleurs s’étaient barrés avec le pognon. Et là, dans le bureau du chef, un chef mi-figue, mi-raisin, à mi chemin entre la jouissance d’engueuler Gabriel et la honte de son commissariat, le flic se prenait toute une ramassée d’insultes (à la pelle bien sur), venant en grande partie de sa propre incapacité sexuelle : Gabriel était persuadé que soit il prenait la fessée, soit il était impuissant. Dans les deux cas, il renvoyait sa frustration sur Gabriel (surtout sur Gabriel, le lapin de la brigade, d’une certaine manière, amusant, non ?).
Gabriel lui-même s’ne voulait un peu, tirer sur quelqu’un comme ça… il aurait du réfléchir avant de tirer, mais non, lui il était du genre à d’abord faire parler la poudre, et ensuite seulement il contrôlait les identités. C’était pour cette raison qu’il était encore en vie en bossant autant dans le quartier de la Toussaint. Mais, ça n’avait pas que des bons côtés… la preuve en cet instant. Il sourit piteusement mais non sans une certaine insolence dans le regard. Le patron eut un haussement d’épaule avant de lui jeter un nouveau dossier à la tronche.
« Tenez, occupez-vous de ça et on verra ce qu’on faut de vous après. Tsubahana ne pourra pas vous couvrir éternellement, Valmy., et quand vous déchoirez je serai là pour vous regarder vous éclater en bas, et je rirai à en avoir mal aux côtes et au labiales, et j’irai pisser sur votre tombe !. Ne merdez pas. »
Il lui sourit et le sourire était dérangeant d’une certaine manière, et pour une fois, Gabriel n’avait pas envie de merder… il regarda dehors en sortant. Le temps était maussade, comme son humeur, enfin, il allait bien falloir y aller étant donné la situation. Il en demandait beaucoup à Tsubahana et ne pouvait pas lui faire endosser cette bavure, alors il devait se tenir à carreau (officiellement du moins). C’est pourquoi il arriva sur les lieux où il devait veiller sobre et sans clope au bec ! Et avec un casque de moto qui plus est ! Il n’avait, pour uen fois, pas badiné sur la sécurité !
Il entra dans la bijouterie et se rendit dans le bureau du patron il allait veiller ici toute la nuit, il devrait s’occuper, aussi avait-il prit quelques magazines. Ça allait être ong puisqu’il devrait veiller au bon déroulement jusqu’au lendemain matin, sachant qu’il ne remplaçait pas le garde, il se contentait de l’oublier et de faire comme si il n’ »tait pas là.
En plein milieu de la nuit il eut une soudaine envie d’aller aux chiottes, aussi délaissa-t-il le bureau pour aller poser son petit bronze en paix, il avait besoin de se soulager d’un fardeau. Il verrouilla derrière lui… et se perdit dans la petite boutique (aussi luxueuse soit-elle)…. Il mit près d’un quart d’heure à trouver la porte des chiottes, pris une bonne demie heure pour son aisance avant de finalement remettre un quart d’heure pour le retour… mais étrange… le bureau n’était pas fermé… étrange…
Il poussa du bout du pied la porte, étonné de voir qu’il y avait ici une personne, en effet, non seulement la porte n’était pas verrouillée, mais en plus elle était entrebâillée et ce qu’il vit le stupéfia…. Il y avait une femme (ou un travelo, il faudrait attendre d’être en face pour s’en rendre vraiment compte. La personne était en équilibre sur une chaise, sur le dossier de la chaise, même. Respect. Mais il ne pouvait pas ne rien faire…. Il s’approcha à pas de loups et donna un violent coup dans la chaise pour la faire valdinguer, la forçant, soit à retomber sur le sol, soit à etre pendue par les bras dans le coffre.
« Bonjour, Lieutenant Gabriel Valmy… Je crois qu’on a un problème… »