Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[Terminé] La Peste [Partie 1] [Shizuka]

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Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

[Terminé] La Peste [Partie 1] [Shizuka]

samedi 24 août 2013, 22:46:00

-Nous avons identifié la cause des morts dans les villages de l’Ouest. C’est la peste, votre Altesse.
-C’est impossible.

Le Roi était catégorique sur ce point. Les procédures de décontamination des navires marchands avaient été mises en place justement pour éviter ce genre de maladie. La peste. La Mort Noire. Pour n’importe quelle contrée, ce serait la quarantaine des villages atteints et les bûchers pour les cadavres des morts, mais pour une nation où les mages ne manquaient pas, cela soulevait un tout autre problème; comment est-ce qu’une maladie comme la peste avait pu entrer dans le royaume, alors que les navires ne peuvent accéder qu’au port d’Eist’Shabal pour accéder à la Rivière Jineh, la rivière qui traversait l’Île-Mère de part en part. Malgré les réticences du Roi, les diagnostics étaient très clair; l’apparition de bubons sur les malades, les morts fréquentes et les quarantaines imposées par les villageois à ceux qui étaient susceptibles de porter la maladie. Le Roi trouvait cette démonstration de cruauté révoltante, mais en même temps, il comprenait la peur de ses sujets; la peste était une maladie horrible, qui ne laissait que très peu de survivants. Il laissa tomber le document sur l’accoudoir de son trône et se releva. Le chef de son unité d’investigation sentit un frisson lui parcourir l’échine lorsqu’il descendit les marches. S’arrêtant devant lui, le Roi tendit un instant l’oreille, offrant ainsi son profil à l’homme, qui nota immédiatement son air très concentré.

*boum* *boum-boum* *Boum-boum boum-boum.*

Le roi percevait parfaitement les battements du cœur de son serviteur. Il ne lui cachait rien. Les menteurs avaient la salle habitude d’essayer de se justifier lorsqu’il procédait à un tel examen, essayant d’excuser leur rythme cardiaque irrégulier. Il les congédia d’un geste de la main puis il fit signe à sa gouvernante de lui apporter son manteau. Pendant que la jeune femme glissait le vêtement sur ses épaules et lui passait les manches, il se mit à réfléchir sur son plan d’action. S’il ne se trompait pas, dans quelques semaines, la peste aura englouti son royaume, et cela, il ne le tolèrerait pas, mais il se connaissait; s’il n’arrivait pas à enrayer la maladie avant la fin du mois, il procèderait à une purge, et cela risque d’être très mauvais, autant pour son âme que pour sa réputation. Il s’était interdit de massacrer son propre peuple, et s’il devait requérir à de telles extrémités, alors, il n’était pas fait pour règner.

Meisa était normalement ensoleillée; les protections entourant le royaume repoussait les nuages, pour toujours avoir une vue dégagée sur des potentiels assaillants aériens. Une fois par semaine, il devait néanmoins laisser les nuages pénétrer son domaine pour que la faune et la flore se régénère. Et comme de fait, ce jour-là, il pleuvait. Et il pleuvait très fort; les marches de marbre du palais en était glissante d’humidité, mais le Roi n’en était pas gêné outre-mesure. Il fit ordonner à ses garçons d’écurie de préparer son cheval, puisqu’en ce temps, les Dragons refuseraient stoïquement de le porter à destination, et puis, il y avait longtemps qu’il n’avait pas chevauché; c’était un plaisir qu’il ne s’accordait plus depuis des années. Il avait quand même pris soin de faire venir les revêtements de l’animal pour qu’il ne prenne pas froid; un cheval malade était aussi efficace qu’un cheval blessé. Alors qu’il descendait aux écuries, le Roi tomba nez-à-nez avec Aglaë. Comme à son habitude, la sorcière arborait sa robe noire qui laissait totalement libre la peau blanche de son insolente poitrine. Sous la pluie, la sorcière semblait encore plus rebelle, comme si elle défiait la maladie de la prendre dans son étreinte. Il s’immobilisa devant elle et attendit.

-Laissez-moi venir avec vous, réclama-t-elle, comme à chaque fois qu’il faisait une sortie.
-Non.

La jeune femme le regarda fixement un long moment puis elle tourna les talons. Le Roi n’avait aucun doute sur ses capacités, mais il savait qu’elle ne serait pas utile dans cette mission, et elle avait déjà beaucoup plus à faire dans le royaume que le voir courir aux trousses d’une maladie. Il savait qu’il la décevait, mais ce n’était pas le jour où il la laisserait le suivre. Après tout, ce n’était pas une grippe qu’il allait combattre, mais la peste, la maladie qui n’épargne ni les hommes, ni les mages. On dit même que c’est de là qu’on croit à la malédiction divine; tous les sorciers ayant tenté de s’opposer à cette maladie n’ont connu aucun succès, pas même le Roi pendant ses années de vagabondage. Quand la jeune sorcière eut quitté son champ de vision, il descendit aux écuries, enfourcha son fier étalon puis le mit immédiatement au galop, filant comme une flèche vers la sortie de la ville.

Après avoir passé une matinée complète sous la pluie, le Roi atteignit son objectif; le premier village affecté, Enthem. Situé au sud de la Rivière Jineh, c’était une communauté relativement paisible où les villageois comptaient énormément sur les esprits naturels pour subvenir à leurs besoins. Les Néréides, par exemple, s’assuraient que les eaux ne manquent jamais de poissons, en échange d’un mâle de leur choix, normalement un jeune homme avec une grande conscience spirituelle. Kah’mui arrêta son cheval à l’entrée du village. L’étalon renâcla farouchement, désireux de s’éloigner de ce lieu de mort. Le Roi ne tenait pas spécialement à le laisser en proie à ce décor, descendant de celle avant de lui mettre une claque sur la croupe, encourageant la brave bête à mettre le plus rapidement possible de la distance entre elle et ce village.

Le Roi risqua ses premiers pas dans le regroupement de maisons, et il manqua déjà de vomir de dégout; pavant les rues, des hommes et des femmes, même des enfants, étaient allongés sur le sol, le visage masqué, sans identification. Des pestiférés. Et morts, en plus. Le Roi s’approcha d’un des malheureux et prit la peine de découvrir son visage. Son regard se teinta de tristesse, alors qu’il rabattait doucement le tissu sur les yeux morts du cadavre, se relevant par la suite pour examiner son environnement. Il vit alors un petit attroupement de personnes, ainsi qu’un homme, surélevé, qui s’excitait en lancant des mots sur un ton solennel. Le Roi s’en approcha, se mêlant à la foule pour entendre ce qu’il disait. Dès les premiers mots, il comprit que cet homme était l’un des rares agitateurs religieux qui arrivaient à survivre en Meisa.

-Regardez le résultat des péchés de votre Roi! Pour ses crimes envers le Divin, celui-ci a lâché sur son peuple son Messager de la Mort! Ses actes de luxure, son avarice et son orgueil ont attiré sur vous le courroux du divin Seigneur des Cieux!

Le Roi soupira. Enfin, il n’allait pas arrêter le bougre, même si celui-ci ne savait clairement pas que personne en Meisa ne parlait la langue Nexienne. Il pouvait bien s’époumoner à leur lancer ses débilités, mais ils ne comprenaient rien. Le Roi se tourna plutôt vers le Chef du Village et lui demanda de lui indiquer où se trouvait les malades, les victimes de la peste. Le brave homme lui indiqua la grande tente blanche, qui arborait les armoiries de l’Ordre. Le Roi ne parut pas plus étonné que cela de voir des étrangers se mêler de ses affaires, mais la colère commencait lentement à monter en lui. Il demanda au village de signaler l’homme à la Garde Royale dès qu’il serait parti, puis il s’éloigna vers la tente, où il se glissa et trouva nombre de suppliciés. Le Roi s’approcha d’un enfant malade et posa une main sur son front, puis lui caressa les cheveux. Le petit était déjà sur le point de mourir, et son âme allait bientôt quitter son corps. Avec tendresse, le Roi lui adressa une douce prière, recommandant son âme aux Esprits Bienveillants, puis il relâcha l’enfant, qui sombra dans un sommeil sans retour.

Il entendit alors un grondement de douleur, et il se retourna pour remarquer alors qu’un mage malade se trouvait parmi les victimes. Il s’approcha de l’homme et abaissa son masque pour que le magicien le reconnaisse.

-Ma…majesté…!
-Oui, c’est moi, Kay. Mais de grâce, ne fais pas de bruit. Dis-moi seulement ce qui s’est passé ici.
-Je… je n’en sais rien… je… une femme est passée… une sorcière, mon Roi, je vous le dis… Une vé-véritable sor… sorcière Noire… Elle a enlevé des enfants… et puis, la pluie est tombée… et ceux qui étaient sous la pluie… sont tous tombés malades… un rituel, je crois… un Rituel de Malédiction…
-Elle a sacrifié l’âme des petits pour alimenter le sort… plus l’âme est jeune, plus elle est forte.
-Oui… Mon roi… s’il vous plait… tuez-moi… je n’en peux plus… j’ai trop mal…
-Va, Kay. Va et dis aux Dieux ce que tu as vu. Je serai ton Témoin quand je vous rejoindrai.

Sur ces mots, le Roi tira de sa ceinture une longue dague, longue comme un avant-bras, et il la posa contre le cœur du mourant, puis il la planta rapidement dans l’organe, tout en assommant magiquement l’homme pour lui épargner la douleur des derniers instants.

-Qui que soit cette sorcière… Elle a déclenché quelque chose qu’elle ne contrôle plus… et qu’elle ne voyait pas la nécessité de contrôler.

Et ce genre de sorcière était le plus dangereux.
« Modifié: mardi 04 juin 2024, 19:42:32 par Serenos I Aeslingr »

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 1 dimanche 25 août 2013, 02:40:49

« Mais c’est stupide ! »

L’honorable praticien, âgé, regarda Shunya en clignant lentement des yeux. Il était un docteur réputé, et, si Shunya voulait bien croire que ses traitements étaient efficaces pour lutter contre un rhume et une grippe, face à la peste, c’était tout autre chose. Si Shizuka était d’un naturel timide, il existait certains ilots où sa timidité s’écroulait, laissant alors parler la professionnelle, la praticienne, l’érudite venue d’Edoras. Ce praticien s’appelait Lambert, et était le médecin de quartier, qui se vantait d’avoir déjà soigné des seigneurs. L’âge l’avait rendu obtus, et Shizuka s’énervait de le voir escroquer de braves gens, en leur recommandant des méthodes de soins sans intérêt.

« Je n’ai pas à discuter de mes méthodes avec une vagabonde, répondit posément Lambert, avant de regarder à nouveau son patient. Là, là, vomissez, extrayez le maléfice qui est en vous... »

Shunya avait rejoint Meisa par bateau, peu avant que la peste n’arrive. On avait alors fermé le port, empêchant les gens d’entrer, et les autres de sortir. L’infection se répandait au contact, et il fallait donc limiter cette dernière. Shunya était restée, et avait rejoint un campement public dressé au cœur de Meisa. Elle pouvait voir toute la beauté de ce petit royaume, même en ces temps de souffrance. La peste, ce cataclysme, s’était répandu dans le royaume, et les origines étaient diverses. Certains accusaient le Roi, prétextant un maléfice divin, une malédiction venue des Dieux pour punir Meisa de son impureté. D’autres soutenaient une tactique militaire ashnardienne pour détruire Meisa, et d’autres, encore, invoquaient des sorcières. Venant d’un État pro-tekhan, Shizuka trouvait cela stupide, mais n’avait pas osé intervenir dans les débats, préférant agir par elle-même. On avait rapidement reconnu ses compétences de guérisseuse quand elle avait montré sa marque, et elle avait rejoint les infirmières et les docteurs, qui portaient des masques pour se protéger de la peste. Elle n’avait pas osé leur dire que l’inhalation n’était pas le seul mode de transmission de la peste.

En inspectant les patients, Shizuka avait rapidement découvert qu’il s’agissait de la peste bubonique. Sur les corps, elle avait en effet trouvé les traces infimes et délicates de morsure. C’était ainsi que la peste se transmettait. Les animaux, les rongeurs, la véhiculaient à travers leurs puces, et les puces, qui étaient contaminées, mordaient les humains. À partir de là, une infection se développait dans les ganglions lymphatiques. Ils avaient pour rôle d’assurer le fonctionnement du système immunitaire. Face à la peste bubonique, ces ganglions enflaient démesurément, entraînant une douleur terrible. Les gonflements étaient ensuite perceptibles, et finissaient par entraîner la mort.

Shizuka avait évidemment reçu bon nombre de leçons sur la peste, ce fléau contre lequel l’Ordre Immaculé luttait avec une certaine insistance. Elle n’avait donc pas été surprise de voir que ces derniers étaient déjà là. Cependant, l’Ordre cherchait surtout à empêcher l’infection de se propager, et le pire était à craindre. Les morts commençaient à monter, et Shunya devait, non seulement se battre contre la maladie, mais aussi contre des incapables comme Lambert.

Lambert était un praticien privé, et il était en ce moment dans la maison d’un tisserand. La peste l’avait touché, lui et toute sa famille, et il avait refusé de se rendre au camp public, préférant demander l’assistance de Lambert. Pour le soigner, Lambert avait amené un seau rempli d’excréments, en recommandant au tisserand de les humer, et de vomir, affirmant que la peste venait d’un sang contaminé, et que, en vomissant, la peste s’en irait.

« On nous enseigne que les odeurs des excréments provoquent des fièvres qui suppriment la peste chez les corps les plus vigoureux... Laissez-vous aller, d’ici quelques jours, vous irez mieux. »

Shunya était convaincue que Lambert ne mentait pas, et pensait sincèrement ce qu’il disait. Entre Tekhos et le reste du monde, il y avait une écrasante différence au niveau de la médecine.

« C’est ridicule, ceci ne le soignera pas ! Ce dont il a besoin, c’est de...
 -  Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de vous, jeune femme. Vous êtes peut-être une brillante élève, mais nous ne sommes pas à Tekhos. Ce genre de maladie n’existe pas là d’où vous venez, je sais parfaitement comment les traiter. Je vous serais dorénavant gré de partir d’ici. J’ignore pourquoi les gardes vous ont laissé passer, mais votre présence perturbe le bon rétablissement de mon patient. »

Shunya serra des dents devant ce ton condescendant et méprisant. Lambert ne l’aimait pas, mais il était probable qu’il n’aimait personne venant contredire ses méthodes. C’était un redoutable incompétent, et Shunya était persuadée que la peste était entrée chez ce tisserand par le biais du chat familial. Ce dernier avait du chasser un rat, et l’amener dans la maison, en signe de trophée. Quand Shunya avait tenté de l’expliquer, Lambert avait levé la main, en expliquant posément que le chat n’était pas contaminé, et qu’on pouvait le garder, ce qui avait ravi sa fille.

Le noble tisserand eut alors une quinte de toux, et respira lourdement, regardant Shizuka.

« So... Sortez de... De chez moi... »

Shizuka serra les poings, et, résignée, entreprit de sortir.

*De toute façon, son infection est trop avancée, je ne pouvais pas le soigner...*

Elle essayait de s’en convaincre. Elle sortit de la belle propriété. Les riches se cloîtraient chez eux, refusant que quiconque s’approche. Shizuka savait qu’elle n’entrerait plus ici. Elle se dépêcha de revenir vers le campement public, la grande tente centrale, essayant de ne pas regarder les chariots qui portaient les cadavres qu’on allait brûler dans les charniers. Il fallait détruire tous les tissus infectieux, mais Shunya n’était guère confiante.

Elle savait que certains cas d’épidémie avait décimé intégralement des villes entières, avec un taux de mortalité de neuf personnes sur dix. Elle espérait arriver à empêcher un tel désastre ici, et comptait bien faire tout son possible.

C’était son devoir, après tout.

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Serenos I Aeslingr

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 2 lundi 26 août 2013, 17:44:50

Le Roi quitta la tente, laissant derrière lui nombre de malades, mais également quelques miraculés qu’il s’empressa d’escorter à l’extérieur. Les condamnés lui avaient affirmés qu’ils étaient reconnaissants pour ses soins, aussi vains fut-ils, et qu’ils le remerciaient pour avoir endormi leur douleur, leur permettant de mettre les choses en ordre avant leur dernier jour. Aussi réconfortant que soient ces mots, le Roi sentait toujours une culpabilité massive lui étreindre le cœur; personne ne méritait un tel sort, pas même amoindri. Lorsqu’il repensait aux paroles de Kay, il n’arrivait pas à croire qu’il ait possiblement laissé une sorcière ayant des liens avec le Royaume des Morts se faufiler chez lui, en plein dans sa « zone sûre », là où il se croyait invincible. Dans sa tête, des centaines de plan se manifestaient, passant d’une simple exécution à la réutilisation de ses plus anciens et plus barbares procédés de tortures. Le visage de la Reine Serenity lui revint en mémoire et il se sentit affreusement coupable d’avoir de telles pensées. Sa vieille amie ne lui aurait jamais pardonné une telle sauvagerie, lui qui avait dans son corps l’expérience et la sagesse des plus grands esprits que la terre n’aie jamais vu. Il renonça à ses sadiques idées de vengeance, au moins le temps de raccompagner les épargnés chez eux et d’évincer les traces de peste, donc les « puces pestiférées », qui risquaient de réinfecter les survivants. Il ordonna au chef du village d’imposer un embargo sur son propre village, pour éviter de le contaminer à nouveau. Il devait néanmoins se procurer des chats et un mage soigneur pour ceux-ci question de se débarrasser des rats. Cela ne règlera pas le problème, dit-il, mais au moins, les citoyens seront à l’abri le temps que les choses se remettent en ordre.

Une fois sorti du village, le Roi dût se résoudre à ne pas appeler son cheval pour le reste du voyage. À la place, il invoqua un tout autre moyen de transport; un esprit du vent; comme dit plus tôt, le village dépendait énormément des esprits pour tout, incluant le déplacement. La créature le regarda sous toutes ses coutures puis elle lui sourit.

-As-tu un paiement, petit Roi?
-Si.

Il leva alors un petit morceau de pierre verte, brillant de mille feux.

-Qu’est-ce?
-Un morceau d’une relique.
-C’est joli.
-Et il est à toi, si tu acceptes de me porter à destination.
-Je le veux, je le veux!

La petite esprit tenta de s’emparer de son futur bien, mais le roi referma le poing, le soustrayant à sa vue et à ses mains avares le petit objet. L’esprit, mécontent, accepte donc de porter le Roi et lui fonce dans la poitrine, où il disparait. Dès l’instant où l’esprit prend possession de son corps, le Roi sent ses pieds quitter le sol, alors qu’un vent puissant et soutenu le soulève de terre. Les Sylphes étaient des esprits joyeux, mais qui détestait qu’on leur demande des choses, étant aussi libre que le vent dont ils sont issus, mais comme les corbeaux, dès que quelque chose capte leur attention, ils seraient prêts à presque tout pour l’obtenir, ce qui expliquait pourquoi le Roi pouvait aisément les manipuler. Pour convaincre un Sylphe, il fallait trois choses; une petite taille, beaucoup de lumière et un gros mystère. Tout ce qui remplissait ces trois conditions suffisaient à acheter n’importe quel esprit du vent n’ayant pas atteint l’âge de sagesse. Il n’irait pas jusqu’à les traiter de stupide, mais leur manque d’information, simplement parce qu’ils n’ont rien à fichtre du reste du monde, était vraiment leur plus grande faiblesse.

L’esprit le porta jusqu’à un autre village, plus riche. Elle sortit alors de son corps et le regarda avec intensité, attendant son paiement avec l’impatience d’une gamine à qui on viendrait de promettre de la pâte d’amande. Le Roi roula des yeux et lui donna la petite pièce de relique, ne pouvant s’empêcher de sourire devant l’explosion de joie que cette simple offrande provoquait chez l’esprit des vents. La fillette disparut alors dans un courant d’air, chantonnant un air victorieux. Il savait qu’un résidu de relique ne suffirait pas à donner une puissance suffisante à une créature pour outrepasser ses propres limites, mais il savait que cela suffirait à donner à une personne suffisamment d’énergie pour ne pas avoir besoin d’autant de sommeil, de nourriture ou de chaleur pour survivre.

Le Roi remarqua alors une autre tente près du village et haussa un sourcil. Je ne me souviens pas avoir accordé de mandat à l’Ordre Immaculé d’agir sur mon territoire sans me faire parvenir d’abord une demande… remarqua-t-il. Son haussement de sourcil passa à un froncement, alors qu’il voyait que tous les malades était déplacé vers les tentes. Il vit alors quelques membres de l’Ordre, arborant les habits blancs, se promener entre les malades, et il accéléra le pas.

-Halte!

Les hommes s’arrêtèrent subitement et se retournèrent vers lui, surpris comme s’il venait de les surprendre les pantalons aux chevilles. Les deux hommes regardèrent l’homme au manteau blanc s’approcher, incertains de son identité, puis ils blêmirent en reconnaissant le visage se trouvant sur toutes les pièces de monnaies Meisaennes. Ils voulurent s’enfuir, mais le Roi leva les mains et ils s’immobilisèrent, aussi raides que des pics. Il fit un geste rotatif des mains, et les hommes se retournèrent, lui faisant ainsi face alors qu’il s’approchait d’eux. Une fois devant eux, il se pencha, les regarda à tour de rôle puis il recula et se mit à marcher, sur le même trajet, devant eux.

- La cent trente-deuxième année du Grand Millénaire, j’ai accordé à l’Ordre Immaculé la permission d’établir, sur mes terres, une seule et unique chapelle, parce que certains de mes citoyens étaient de fervents croyants des principes de l’Ordre. Néanmoins, je n’ai jamais autorisé l’établissement d’une quelconque force religieuse sur mon territoire.

Il regarda les deux hommes, s’arrêtant enfin de marcher, les bras croisés.

-Vous avez exactement dix secondes pour me dire où se trouve votre chef, sinon je… ah…

Les deux hommes ne le laissèrent même pas finir avant de pointer en direction d’un établissement, qui devait être une auberge réquisitionnée. Le Roi se surprenait toujours de la vitesse à laquelle les laquais n’hésitaient jamais à jeter leur loyauté aux poubelles dès qu’on les intimidait ne serait-ce qu’un peu. Il les abandonna là, sur le sol, alors qu’il entrait dans l’établissement. Le Paladin, voyant le Roi entrer dans son repaire, se leva immédiatement. Il allait se confondre en excuses mais le Roi leva une main, le taisant de ce simple geste.

-Je ne veux pas de vos justifications, Paladin Adelberth. Je sais que vous êtes ici sous les ordres du Grand Chancelier. Ce que je veux savoir, c’est pourquoi est-ce que vous déléguez des missionnaires dans MON royaume, et sous MON NEZ!

Le Roi envoya son pied dans le bureau du paladin, l’envoyant s’écraser sur le mur, le brisant comme une simple brindille de bois brisée. Le Paladin se protégea le visage des éclats, tremblant.

-Roi, je vous assure que ce n’est pas… c’est pour rassurer le peuple… c’est pour le moral, voyez-vous…
-Oh, le moral, n’est-ce pas?

Le Roi posa ses mains sur le dossier d’une chaise, le regard grave.

-J’ai bâti ce royaume, pour le protéger de vos psychopathes religieux, de vos croisades, de votre « dieu tout-puissant ». Et si je n’avais pas une Peste qui nécessitait mon attention, je vous tuerais là, maintenant, vous et tous vos fidèles, et je brûlerais votre chapelle sans le moindre remord.
-Ne vous énervez pas, Votre Altesse, notre présence n’est que…
-D’abord, je m’énerve si je veux. Je suis le Roi, ici.  Ensuite, votre présence, pour le moment, est nécessaire. Vous allez malgré tout me faire le plaisir de virer tous vos clowns et les renvoyer chez eux. Mais puisque vous vous êtes invités chez moi, vous allez mettre tous vos guérisseurs et vos hommes sous mes ordres. Je veux enrayer cette peste. Si vous coopérez, paladin, vous aurez peut-être une chance de revoir le Grand Chancelier et embrasser son cul béni de ma part, sain et sauf.

Le paladin aurait probablement aimé prononcer un mot, mais en Meisa, tout le monde connaissait le tempérament expéditif du Roi; personne ne pouvait espérer lui tenir tête. Il se comportait en Meisa comme un hôte avec ses invités; ils restaient tant que cela lui plaisait bien. Dès que le contraire se présentait, il n’hésitait pas à commettre des actes très agressifs, et pour un chef religieux, rien n’était pire que l’exécution systématique de ses sympathisants et la destruction de leur lieu de culte. Le paladin baissa la tête devant le Roi, qui ne lui accorda par la suite pas plus d’attention, sortant de l’auberge réquisitionnée, attendant que ses ordres prennent effet.

Une heure plus tard, tous les missionnaires de l’Ordre avaient quitté les lieux. Il n’en restait plus un, sauf le prêtre de la chapelle. Le Roi était satisfait. Maintenant qu’il n’avait plus à se soucier de la propagande de ses invités, il se dirigea vers la grande tente blanche. Il passa près d’un des charniers et examina les dépouilles. Après un certain temps, il fit une macabre découverte; certains n’étaient pas des pestiférés. Il remarquait certains cadavres sains, mais présentant de sévères lésions sur le corps, parfois même des fractures typiques du supplice de la roue, d’autres avaient été brûlés, des femmes spécialement. La chasse aux sorcières est ouverte… s’affligea-t-il. Les gens normaux n’hésitaient jamais à s’attaquer aux plus faibles quand ils ne savaient pas à qui s’en prendre, surtout quand ceux-ci étaient suspectés de sorcellerie. Il se dirigea ensuite vers la tente des malades. Il regarda ceux-ci et essaya de repérer des victimes reconnaissables. Aucun… sauf un qui portait un manteau, un manteau noir, avec un poignard doré en tant qu’insigne.

-Non… non non non non non…!

Il se précipita vers l’homme et l’agrippa par le manteau pour le relever et voir le visage. Oui, c’était bien la sale gueule de tombeur d’Arthuros, le Conseiller. Il regarda l’homme un long moment avant que celui-ci n’ouvre les yeux et lui adresse son habituel sourire en coin.

-Bonjour, Altesse.
-Tu ne pouvais pas mourir avant que je n’arrive, ma parole…
-Ne me faites pas rire, j’ai mal partout.

Le roi aida le Conseiller à se relever, puis il se tourna vers les autres guérisseurs.

-J’ai besoin d’un coup de main, ici.

Il se tourna à nouveau vers le conseiller, puis il l’aida à retirer le manteau. L’homme grogna d’inconfort, pendant que son Seigneur de dévêtait. Une fois nu, le Roi put remarquer d’étranges taches noires sur la peau du jeune homme. Le Roi haussa les sourcils et les toucha de l’index, ce qui arracha un cri terrible à l’Assassin Royal. L’Immortel retira son doigt prestement.

-Ca, ce n’est pas la peste... tu en souffres bien, les bubons le prouvent, mais… ces taches noires n’ont rien à voir avec la peste. –Il se tourna vers une des guérisseuses- Madame, gardez le dressé, le temps que j’examine son dos.
-Ouais… dressé, il dit…
-Pas de plaisanteries devant les dames.
-Même un malade peut s’amuser.

Le roi passa derrière Arthuros, et remarqua les même taches noires, aux mêmes endroits que sur son abdomen et son torse. Il sortit alors d'une poche de son manteau une petite fiole de poudre blanche et il la leva au dessus de la blessure, laissant une petite quantité de sable tomber sur la tache. Le sable ne toucha même pas la plaie avant de prendre une teinte noire et se dissoudre dans l'air. C'était bien de la magie noire.
« Modifié: lundi 26 août 2013, 19:45:45 par Kah'mui de Meisa »

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 3 mercredi 28 août 2013, 02:07:30

« Repentez-vous ! Repentez-vous, car la Peste est l’un des Fléaux Divins !  En vérité, je vous le dis, là où le Fléau s’abat, c’est qu’il y a Maléfice ! Ainsi parle le Très-Puissant, ainsi parle le Tout-Béni ! Repentez-vous, car ce sont vos péchés qui ont amené ce Mal ici ! Repentez-vous ! Oui, je vous le dis, repentez-vous ! »

Le long des rues, en retournant vers la grande tente médicale, Shizuka pouvait voir les missionnaires et les prêtres, parlant aux habitants des rues. Des gens qui avaient tout perdu. Elle pouvait lire sur leur visage le désespoir, tandis que les charognards agissaient. Et, dans le désespoir, le pire de l’humanité se manifeste. Shizuka l’avait appris à l’école. Le pouvoir de la religion n’était pas chose à prendre à la légère, surtout celui de l’Ordre Immaculé, qui étendait son emprise sur tout Terra, de Tekhos à Nexus, et même à Ashnard. Shizuka voyait les gens se prosterner devant les prêtres, priant en pleine rue. Elle s’avançait rapidement, pressant le pas. Certains avaient les yeux exsangues, injectés de sang, marqués par la peste, et toussaient en se tenant les côtes.

« Tu vas passer de cette vie à trépas, mon fils. Il est temps pour toi de te confesser, afin que le Tout-Puissant te recueille en son sein. »

Et, outre les prêtres, Shizuka vit aussi d’autres types de vautours, les escrocs et les charlatans. De soi-disant docteurs qui hurlaient à la foule avoir un remède contre la peste.

« Oui, oui, cette liqueur magique détruira la peste qui brûle en vous, ou en chacun de vous ! J’ai fait un voyage dans les profondeurs de Terra, dans des royaumes enchantés, dans les terres elfiques. Cette potion a été faite par les elfes sylvestres eux-mêmes, avec leur sang ! Et tout le monde sait que le système immunitaire des elfes les protège de la peste ! Prenez, je vous l’offre ! J’e ai toute une cargaison ! »

L’offre nécessitait un peu d’or, et, à voir le nombre de gens qui grossissaient devant les boutiques de ces charlatans, Shizuka se mit à craindre prochainement des rapts. Dans le désespoir, face à la peur de voir toute sa famille mourir, ou sa propre vie vous quitter, les hommes se réfugiaient dans les derniers monceaux d’espoir qu’ils avaient. Pour autant, en marchant vers la tente, elle vit que plusieurs prêtres s’arrêtaient dans leurs discours, discutant entre eux, tandis que des chariots sortaient, sous les hurlements désespérés de la foule.

*Que se passe-t-il ?*

Curieuse, Shizuka parvint à tendre à saisir une oreille pour saisir quelques bribes de conversation entre deux prêtres.

« On nous chasse ?! Le Roi a-t-il perdu la raison ?!
 -  Nous n’aurions jamais du accepter l’autorité d’Adelberth, ce paladin n’est qu’un animal politique ! Il ne veut pas faire de vagues, afin de pouvoir devenir un prélat !
 -  Sans nous, qui s’occupera de sauvegarder l’âme de ces pauvres gens ? Qui leur accordera l’absolution ? Ce Roi est-il fou ? Le pouvoir séculier se soumet au clergé, il en a toujours été ainsi ! Les souverains tirent leur pouvoir de Dieu ! »

Ainsi donc, le Roi de Meisa avait chassé l’Ordre ? Il devait être bien courageux... Ou téméraire. Shizuka connaissait suffisamment l’Ordre pour savoir que les religieux ne se soumettaient pas aussi facilement. L’Ordre reviendrait, car, sous le désespoir, et face à la perspective de mourir, la religion trouvait toujours des clients. Certains villageois pleuraient en voyant les chariots partir, essayant de savoir pourquoi l’Ordre les abandonnait. Et la réponse des prêtres était toujours la même.

« Votre Roi nous chasse, ma bonne dame. Nous sommes des hommes de Dieu, des hommes de foi et de piété, pas des guerriers. Le Roi est corrompu. Ses péchés envers l’Ordre ont amené le Fléau sur vous, et il entend vous condamner par ce biais. »

Shizuka hésita à intervenir. C’était un mensonge éhonté, mais, à voir la foule qui se regroupait autour du départ des prêtres, intervenir aurait été suicidaire.

« Shunya ! Te voilà ! »

Une voix féminine la tira de ses pensées. Tournant la tête, elle vit une autre guérisseuse approcher, une amie. Monica.

« J’ai essayé de convaincre Marc le tisserand... Mais Lambert était déjà là, je n’ai rien pu faire... »

Monica secoua la tête.

« Tu es complètement folle, je te l’ai dit que ça ne servirait à rien ! »

Shizuka pencha la tête sur le côté. Elles entendirent alors du bruit, et tournèrent la tête. Des individus avaient fracturé la porte d’une boutique close, et entreprenaient d’en voler le contenu.

« On devrait y aller..., opina Monica. Tu sais que le Roi est arrivé ? »

En entendant ça, Shizuka cessa de s’intéresser aux pillards, et tourna la tête vers Monica, incrédule. En voyant le regard de son amie, cette dernière pouffa, et la prit par la main. Shizuka la suivit alors, et les deux femmes se mirent à courir, remontant les rues pour rejoindre la tente médicale. Il y avait effectivement plusieurs gardes royaux, et, à l’intérieur, au milieu des rangées de malades, le Roi en personne. Shizuka eut un petit frisson en le voyant. Elle n’était, après tout, qu’une guérisseuse.

*Voilà donc l’homme qui a eu le courage de chasser l’Ordre Immaculé...*

Le Roi inspectait quelqu’un. On lui avait dit qu’il s’agissait du Conseiller du Roi, Arthuros, un individu énigmatique. La peste l’avait touché, et le Roi se penchait à lui. Il se retourna alors, ordonnant à une guérisseuse de venir... Et Shizuka sentit les mains de Monica dans son dos. Elle la poussa, et Shizuka se retrouva face au Roi, toute rouge.

« O-Oui, Majesté... »

Elle ne voyait pas trop l’intérêt de garde dressé le corps d’Arthuros, mais obtempéra. Il avait, sur le corps, des traces de caillots, de sang infecté, ces tâches noires que les gens du commun prenaient pour de la sorcellerie. Elle vit le Roi sortir du sable, et le répandre sur son corps. Shizuka cligna des yeux. Qu’essayait-il de faire ?

« Majesté... Il est important que les patients restent couchés », intervint alors Shizuka.

Face à la maladie, et à son devoir, Shizuka voyait sa timidité naturelle s’ébranler. Elle n’avait guère le temps de voir les pitreries du Roi avec du sable, et inspecta le corps d’Arthuros.

« Ces tâches noires... C’est la maladie de Kaposi*, mais ce ne sont pas des symptômes liés à la peste bubonique... »

Shizuka rougit soudain. La maladie de Kaposi, ou sarcome de Kaposi, était une conséquence d’une autre maladie, le VIH. Arthuros avait sans doute du trop traîner auprès d’endroits peu recommandés, ce genre d’endroits auxquels Shizuka ne devrait même pas songer ! Quoiqu’il en soit, les tâches noires s’étalaient un peu partout. Un traitement local serait insuffisant, et Shizuka doutait que Meisa dispose de l’appareil technologique nécessaire pour un traitement global.

*Quelle plaie !*



* : En théorie, la maladie de Kaposi ne peut pas s’appeler ainsi sur Terra, puisqu’elle tire son nom du chercheur qui l’a découvert, Moritz Kaposi. J’ai pris une petite liberté pour que ce soit moins compliqué.

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Serenos I Aeslingr

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 4 jeudi 29 août 2013, 10:35:49

Une jeune femme s’était approchée. Une guérisseuse, donc. Elle n’avait pas un physique commun, c’était le cas de le dire, mais il ne prit pas la peine de le lui faire remarquer. Il sentait en elle un potentiel magique, mais à savoir si elle était ou non au courant de ses propres capacités magiques, ça, il ne pouvait en être totalement sûr. Elle lui parla alors d’une maladie. Une maladie dont il avait entendu parlé dans les archives médicales du Royaume. Une première étape du virus d’immunodéficience humaine. Cependant, il connaissait Arthuros; autant était-il le tombeur de ces dames, autant il était plus qu’improbable qu’il ait commis une gaffe qui aurait réduit de plusieurs années sa longévité. Il n’osa néanmoins pas tenir tête à la guérisseuse, de peur de la vexer; autant un sortilège pouvait ressembler énormément à la maladie, il ne fallait pas confondre la maladie et le sortilège, le dernier étant beaucoup plus difficile à soigner puisqu’il ne relevait pas de la condition immunitaire d’un patient, mais bien d’un trouble dans son énergie vitale, qui servait par la suite d’alimentation au sortilège. Seulement, même si Arthuros s’aventurait dans le lit de ces dames, il n’y avait pas de prostitution en Meisa. Enfin… « pas »… il y avait bien des femmes qui vendaient leur corps pour de l’argent, mais il s’agissait des Dames du Roi, des femmes qui vivaient au Palais pour distraire les dignitaires et les personnes de marque en visite. Et elles étaient réputées pour leur propreté, étant toujours maintenues en parfaite santé par un très grand guérisseur.

Nerveux à cause du silence des deux personnes, qui n’avaient pas dit un mot depuis le diagnostic de la demoiselle, Arthuros jetait nerveusement des regards dans tous les sens. Une lui parlait d’une maladie qu’un avide visiteur des quartiers des plaisirs aurait toutes les chances d’attraper, et l’autre venait d’utiliser du sable d’empathie sur ses blessures et celui-ci venait virer au noir. Et à cause de la tension, il n’osait pas poser les questions qui lui venait à la bouche. Pourquoi ce silence grave? Allaient-ils faire quelque chose ou le laisser crever comme un chien? Il s’était toujours attendu à mourir dans des circonstances grotesques, mais pas là, pas maintenant, comme un mendiant!

Une fois son examen terminé, le Roi aida Arthuros à se rallonger, lui passant une main dans les cheveux comme il l’aurait fait pour un de ses propres fils. Le front du pauvre homme était brûlant, et ses cheveux étaient trempés de sueur. L’Assassin Royal était normalement insensible au stress, mais pour une fois, il ne pouvait s’empêcher d’être agité. Le Roi le dévisagea un long moment puis planta ses yeux dans les siens. Arthuros ne put détacher son regard de celui de son Roi, malgré qu’il sût ce qu’il était en train de lui faire. Ses yeux se révulsèrent et il tomba dans un profond sommeil. Le Roi leva les mains au-dessus du corps d’Arthuros et récita très rapidement un sortilège de protection. C’était en fait une sorte de quarantaine à petite échelle, empêchant la maladie de quitter le corps de l’espion et évitant ainsi la contamination. Il regarda Shunya un petit moment puis il lui fit signe de le suivre. Il s’adressa à deux membres de sa garde royale, qui l’avaient visiblement rejoint il y avait peu, et leur ordonna de faire partir un pigeon pour Eist’Shabal et faire ordonner le déplacement d’Arthuros par Alessa.

-Assurez-vous, je vous prie, que mon Conseiller soit traité avec le respect dû à son rang. Et dites à Alessa de faire procéder un examen complet du corps d’Arthuros; physique et magique. Compris? Je veux savoir ce qui cause ces maladies
-Et que fait-on pour ces gens, mon Roi?

Le Roi avait fait mine de les ignorer, mais effectivement, il y avait beaucoup de gens qui commençaient à se presser à quelques mètres de lui en le huant, en l’injuriant et en le blâmant pour l’arrivée de la peste sur leur village. Il regarda son Garde, qui maintenait une main sur sa lame, prêt à se battre si nécessaire, mais il posa une main sur son bras, l’incitant à se détendre. Le Roi s’approcha de ses sujets, réduisant la distance entre eux et lui. Les gens étaient armés, avec des fourches, des haches, des faucilles et toute sorte d’objet trouvés sur leur chemin, affichant ouvertement leur hostilité à l’homme le plus puissant de leur royaume; leur monarque lui-même. Le Roi savait qu’il serait impossible de les raisonner; ils n’étaient pas là pour l’écouter, mais pour lui jeter leurs insultes.

-Laissez-les faire ce qu’ils veulent. Pour un Roi, se battre contre son peuple, c’est comme se tirer un carreau dans le pied; non seulement c’est douloureux, mais en plus, c’est très handicapant.

 Il regarda Shunya et, délicatement, il passa un pan de son manteau autour d’elle pour la protéger des projectiles fruités qui volaient déjà vers eux.

Les tomates pourries souillèrent le beau vêtement blanc à l’impact, chose qui aurait aisément vexé n’importe quel bourgeois, mais qui laissa le Roi de glace, comme si cela ne l’atteignait pas, même pas du tout.  Pendant qu’il l’escortait au travers de la foule, encaissant sans broncher les pierres et les fruits périmés, il ne manqua pas de s’affubler d’un de ces  sourire, mais Shunya n’aurait probablement aucune peine à se douter de ce qui pouvait bien se trotter dans sa tête; il mourrait d’envie de s’attaquer aux paysans, à ces imbéciles trop crédules pour leur propre bien, de leur rappeler qui est le seul et unique responsable de la paix de laquelle ils jouissaient depuis déjà deux siècles. Il leur avait donné des écoles pour leurs enfants, des terres pour leurs familles, des ports pour leurs bateaux, il avait même aboli l’esclavage pour permettre aux infortunés de ce commerce de redécouvrir la liberté et la valeur même de leur vie. Tout ça, il leur avait donné, et sans jamais rien demander en retour, sauf leur soumission à ses lois qui étaient, ma foi, des plus souples comparativement à ce qui pouvait se trouver dans d’autres royaumes.

Contre toute attente, un homme osa finalement à poser un acte plus expéditif; il asséna, sur la tête du Roi, un coup de bâton, avec une telle force que l’objet se brisa, puis ce fut le silence. Tous avaient arrêté de crier, sauf l’agresseur qui essayait de rameuter des partisans, mais nul ne s’approcha pour intervenir, l’étranglant à son tour dans un silence des plus inconfortables. Pour sa part, le Roi au manteau blanc (désormais taché de souillures à couleur vives, mais malodorantes) avait tressaillit, juste un peu. Même lui ne pouvait, après tout, prévoir que quelqu’un fusse assez téméraire pour s’en prendre physiquement et directement à sa personne.  Une fois remis de sa surprise, il s’était redressé pour regarder le jeune homme à la chemise ouverte, dont l’arrogance venait de prouver à tous son incroyable stupidité, avec un regard à mi-chemin entre l’incompréhension et le reproche. On aurait pu croire qu’il aurait immédiatement sévi, mais le personnage qui se trouvait là n’était pas quelqu’un d’aussi prévisible; ravalant une colère inutile, le monarque se désintéressa de cette victime indigne et se tourna vers les autres manifestants.

-Si cela est tout, écartez-vous de mon chemin. Punition divine, malédiction ou épidémie, personne ne s’en prend impunément à mon royaume, aussi peuplé de crétins crédules soit-il. Ce sont des crétins crédules que j’ai décidé de protéger, bien avant leur naissance, après tout.

Plus personne ne leva sa fourche, ou ne tenta de barrer le chemin au monarque. Ils s’étaient tous écartés avec une révérence qu’ils ne se comprenaient pas. Le calme sévère du Roi semblait avoir chassé d’eux toute envie de révolte, comme le toisage d’un père furibond après avoir commis une grosse bêtise. Le Roi continua de marcher, sans rencontrer la moindre résistance, puis fit venir un cheval des écuries. Libérant la jeune Shunya de sa protection, il alla même jusqu’à l’aider enfourcher le puissant cheval de voyage puis il prit enfin la peine de lui expliquer son plan, la raison pour laquelle il l’avait emmenée à l’écart des autres.

-Pardonnez mes manières un peu rustres, mais il fallait que je vous parle, seul à seule, pendant que j’en avais encore la possibilité. Contrairement à nombre de vos confrères, vous semblez être une personne capable et plus soucieuse du bien-être de ses patients que de la propagande divine.

Le Roi hésita un moment à poursuivre, puisque son offre devait probablement être très soudaine et risquait d’être rejetée.

-J’ai besoin d’une personne comme vous pour retracer l’origine de ce mal. La peste n’a débuté que depuis quelques jours en Meisa, mais il y a déjà des cas très graves, ce qui me pousse à croire que quelqu’un ou quelque chose en est la source volontaire. Voici ce que je vous propose; collaborez avec moi et je vous accorderai une faveur, une fois notre mission remplie, et ce, quelle qu’elle soit… du moment que ce soit raisonnable, bien entendu. Vous pouvez bien entendu refuser, et cela en toute impunité, je ne sanctionne pas les innocents.

Il la fixa alors avec attention, attendant une réponse qui ne devrait probablement pas tarder.

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 5 samedi 31 août 2013, 15:31:39

Malheureusement, Shizuka savait que Meisa n’avait pas le niveau technologie requis pour traiter une telle maladie. Et, malgré tout son talent, la maladie semblait bien trop avancée pour qu’elle puisse le résoudre. Il aurait fallu le plonger dans une cuve de traitement, ou avoir avec elle une équipe de guérisseurs confirmés. Malheureusement, ses collègues n’étaient que des infirmières, ou des docteurs n’ayant pas suivi l’intense et très complète formation qu’elle avait reçu. Shizuka était frustrée. Comme toujours quand elle était face à une impasse. Cette peste bubonique était redoutable, mais ce n’était pas elle qui avait provoqué le maléfice dont souffrait le Conseiller royal Arthuros. Alors, quoi ? Comment l’expliquer ? Shunya ne savait pas trop quelles conséquences en tirer. Son rôle se bornait à soigner les gens, mais, si cette épidémie était provoquée par une personne ? Des terroristes ?

*C’est ridicule !*

L’idée était tout simplement grotesque, et Shizuka la rejeta derechef... Avant d’entendre des bruits dehors. Plusieurs gardes jaillirent dans la grande tente, nerveux.

« Une foule s’est amassée !
 -  Ils sont nombreux ! »

Shizuka se mordilla les lèvres. Elle était prête à mettre sa main à couper qu’il s’agissait des gens qu’elle avait aperçu tantôt, ceux qui s’étaient jetés aux pieds des missionnaires de l’Ordre. Avec leur départ, ils laissaient libre court à leur colère. Shunya craignait le pire. Elle savait que, dans ce genre de situations, un homme pouvait se briser, et devenir un animal furieux. Et, quand on arrivait à cet extrémité, il n’était pas bon être une femme... Perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas le Roi se rapprocher d’elle, et lui faire signe de le suivre.

Dehors, une foule assez hétéroclite s’était formée. En temps normal, ils n’auraient représenté aucun danger pour la garde, mais les soldats étaient bien diminués. La peste était égalitaire. Si la foule les attaquait, ce serait un carnage. Shunya sentit son cœur s’accélérer, et ce n’était pas sous l’effet de l’adrénaline. Elle avait peur. Comment aurait-il pu en être autrement ? Une foule hargneuse se dressait face à eux, et sa peur s’atténua devant la surprise quand le Roi se plaça devant elle, son manteau blanc ourlant devant elle.

*Que se passe-t-il ?*

La foule commença à s’avancer, balançant des fruits pourris sur le Roi, qui encaissa silencieusement, résistant probablement à l’envie d’envoyer ses hommes. Un choix avisé, du point de vue de Shunya. Il y avait déjà assez de morts comme ça, et, même si les villageois n’avaient pas d’armures, et des armes désuètes, une faux plantée dans le ventre pouvait toujours tuer. Elle restait à l’abri derrière lui, mais poussa malgré tout un cri quand l’arme en bois d’un villageois se fracassa sur son crâne. Le Roi chancela, et un soldat jaillit, poussant le malotru, qui tomba sur le sol. Sa main se porta à la garde de sa lame, s’apprêtant à l’occire, mais son regard se porta sur les personnes derrière lui, qui les fixaient avec rage, avec haine.

*Il suffit d’une étincelle pour tout embraser...*

Le Roi conservait son calme, et s’écarta, emmenant Shizuka avec lui, avant de lui expliquer, entre quatre yeux, ce qu’il attendait d’elle. Intimidée, Shizuka rougissait légèrement, n’osant pas parler. L’origine du mal... Il voulait qu’elle trouve ce qui avait déclenché cette épidémie ? En échange, il lui offrirait une faveur. Shunya cligna des yeux, pensant, sur le coup, à une plaisanterie. Pourquoi elle ? Elle n’était pas originaire de Meisa, et ne connaissait rien de ce royaume ! Pourquoi est-ce qu’il s’adressait à elle ? Comment était-elle censée voir ? Un frisson de peur remonta le long de son échine, alors qu’elle se mordilla les lèvres.

« Je... Majesté, euh... »

Voilà qu’elle se mettait à bafouiller ! Shizuka baissa craintivement les yeux, n’osant pas soutenir plus longtemps le regard perçant et acéré de son interlocuteur. Elle pouvait entendre les grognements de la foule au loin.

« Vous n’aviez pas le droit !
 -  Qui nous absoudra de nos fautes ?! »

Shunya inspira, se forçant à retrouver une certaine contenance, puis releva la tête, et poursuivit :

« Je... Je suis honorée par votre offre, mais... Je ne connais pas Meisa. Je suis arrivée il n’y a même pas une semaine, et... Tout ce que je sais faire, c’est guérir... J’ai prêté serment de guérir et de soigner, de préserver la vie, mais... Je ne suis pas une enquêtrice... De plus, il est probable que cette maladie est arrivée par navire, c’est le phénomène le plus courant. Les rats ont transporté les puces infectieuses. Je... Je... »

Elle n’osait pas dire qu’elle trouvait cette idée complètement absurde. C’était le Roi, après tout ! Son rôle n’était pas de courir après des chimères, découvrir l’origine de cette maladie, mais de la guérir !

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 6 lundi 02 septembre 2013, 02:26:58

[Pardon, c'est un peu plus court ><]

Entretemps, la garde royale s’était occupée de disperser les mécontents à grands renforts de cris et de menaces vides. Les civils n’avaient jamais entendu parler d’un massacre de population sous ordre du Roi, pas une seule fois en trois cents ans d’histoire, et ils savaient tous que trois cents ans, c’était une très longue période où bien des choses pouvaient se passer. Une fois les gardes assurés de la coopération des petites gens, eux-mêmes retournèrent à leur caserne pour se reposer, alors qu’un détachement escortaient la carriole transportant le conseiller vers Eist’Shabal, où il serait débarrassé de sa maladie. Si cela se savait que le personnel royal pouvait évincer la peste, cela provoquerait faux espoirs pour le peuple, parce que les quelques experts guérisseurs de Meisa ne pouvaient espérer guérir que quelques personnes à la fois, et Arthuros n’avait pas la priorité à cause de son rang, mais bien parce que le Roi savait que son conseiller savait quelque chose, quelque chose de capital, qui pourrait bien le mettre sur la bonne piste dans sa chasse à la sorcière noire.

Le Roi continuait d’attendre la réponse de Shunya, la laissant prendre la parole quand celle-ci se sentit prête à lui répondre. Ce qu’elle lui dit, néanmoins, lui fit dresser les poils sous l’effet d’un vif emportement.

-Je... Je suis honorée par votre offre, mais... Je ne connais pas Meisa. Je suis arrivée il n’y a même pas une semaine, et... Tout ce que je sais faire, c’est guérir... J’ai prêté serment de guérir et de soigner, de préserver la vie, mais... Je ne suis pas une enquêtrice... De plus, il est probable que cette maladie est arrivée par navire, c’est le phénomène le plus courant. Les rats ont transporté les puces infectieuses. Je... Je…

-Vous êtes une guérisseuse, oui, je sais, la coupa le Roi en levant la main, contrôlant tant bien que mal sa déception. Et probablement que vous n’êtes pas au courant de la situation en Meisa, mais nous avons des méthodes bien établies pour protéger nos citoyens des maladies de l’extérieur.

Le Roi la perçait de son regard, comme s’il voulait lui enfoncer de force ses propres idées dans le crâne. Il aurait été simple de le faire, en plus; il lui suffisait de le désirer, de forcer ses protections mentales et d’envahir son esprit sans lui laisser le temps de se barricader derrière un mur de peur. Pour mieux contrôler son accès de colère, il prit une grande inspiration et expira lentement, se rappelant qu’il s’adressait à une jeune femme certes intelligente, mais qui n’avait aucun attachement spécial pour Meisa; il lui demandait presque de se mettre en chasse de choses auxquelles elle n’y comprendrait rien, ou même auxquelles elle ne croyait tout simplement pas. Ailleurs qu’en Meisa, la magie était plutôt marginale; les sorciers essayaient plus ou moins de se tenir à carreaux pour éviter les bûchers et la plupart des rares gens possédant un don préféraient le cacher pour mieux se fondre dans la masse et vivre une vie sans histoire. Le Roi regarda Shunya tout en se débarrassant de son manteau, qui commençait à sentir franchement mauvais. Il plia le vêtement à l’envers, de façon à pouvoir le ranger  dans sa besace sans souiller le reste de son bagage. Il reprit la parole, sa voix teinté d’un sincère souci.

-Vous savez comme moi que l’Ordre ne possède ni les membres ni les motivations nécessaires pour aider mon peuple. Tout ce qu’ils voient ici, c’est un charmant verger dans lequel ils peuvent cueillir des fidèles désespérés. J’ai besoin de vous. Meisa a besoin de vous pour guérir. Laissez-moi une semaine pour vous prouver que cette peste n’est pas d’origine extérieure, mais bien un sabotage de l’intérieur. À quoi sert-il de guérir une personne quand des milliers d’autres sont en train de mourir?

Le Roi savait frapper où cela faisait mal, et Shunya ne pourrait échapper à son raisonnement. Pour le Roi, elle n’avait comme excuse que son ignorance de Meisa. Il savait qu’elle ne supporterait pas sa décision s’il s’avérait qu’il avait raison et qu’elle n’avait rien fait pour l’aider, laissant derrière elle une énorme montagne de cadavres en train de brûler. Il ne tirait aucun plaisir de la persuader ainsi, mais il ne voulait pas non plus la persuader par la peur ou par la culpabilité; il voulait qu’elle accepte de son propre chef, qu’elle accepte parce qu’elle sait qu’elle sera utile, et qu’elle sauvera une population entière de la maladie et de la mort. Et il savait qu’il aurait besoin d’encore plus d’arguments pour la convaincre, et pour appuyer ses prochaines paroles, il mit un genou en terre, sans décrocher son regard de celui de la guérisseuse.

-Vous avez prêté un serment, jeune demoiselle. Celui de guérir, de soigner, de préserver la vie. Et j’en appelle à ce serment; aidez-moi à préserver la vie de mes gens, et sur mon honneur, vous serez récompensée pour vos efforts, autant dans la réussite que dans l’échec, car je sais que vous ferez tout pour eux. Ne le faites pas pour moi, mais pour mes sujets. Je vous en supplie à genoux.

Quand une personne s’inclinait ainsi devant nous, c’était déjà surprenant. Quand une personne devant qui une population entière s’inclinait ravalait sa fierté pour nous demander une faveur, il était difficile d’évaluer quelle serait la réaction approprié. Un Roi ne demandait pas, il réclamait, parce qu’il en avait le droit et le pouvoir. Il pourrait simplement la forcer à coopérer, il n’avait même pas besoin d’aller aussi loin pour qu’elle accepte. Mais qu’il le croit ou pas, quelque chose lui disait que plus il l’effrayerait, moins ses résultats seront concluants. Il s’empressa d’ajouter une chose, en se levant après cette demande.

-Écoutez; avant de refuser à nouveau, réfléchissez-y au moins une nuit. Je sais que vous croyez que ce serait une perte de temps, mais je vous assure du contraire. Si ce que je pense est vrai, celui ou celle, ou ce qui, a lâché la peste sur mon peuple vise des gens importants loin de Meisa. Vous avez vu Arthuros; la peste se développe plutôt vite, mais vous l’avez remarqué comme moi; il est impossible qu’il en soit à un tel stade aussi rapidement. Arthuros a quitté le château pas plus tard qu’avant-hier!

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 7 mardi 03 septembre 2013, 17:29:29

Ce Roi était-il devenu fou ? Comment pouvait-il sérieusement croire que Shizuka puisse mener une enquête ? Elle n’en avait pas l’étoffe, elle n’était qu’une guérisseuse ! Diable, elle n’avait rien d’une détective ! Elle n’était pas courageuse, ni brave, ne savait pas se battre, ni se défendre... Sa seule force était de soigner les autres... Et elle ne venait même pas de Meisa ! Comment diable pouvait-elle répondre favorablement à cette requête, tant elle lui semblait absurde ? Son seul talent était de soigner ! Elle ne pouvait pas croire qu’il était sérieux, et, pourtant... Pourtant, oui, il insistait !

Le Roi semblait visiblement hésiter. Il devait probablement être contrarié devant le refus de Shizuka, ce qui la rendit encore plus nerveuse... Mais elle n’avait pas envie de mourir, ou de perdre son temps à faire des tâches inutiles, pour lesquelles elle n’avait aucun talent. Sa vocation était de guérir les malades, pas de mener des investigations. Le Roi cherchait visiblement à la convaincre, en abordant un autre sujet : l’Ordre. Shunya, elle, se rappelait les formations juridiques et les cours de droit qu’elle avait reçu. Enseigner le droit à des guérisseurs pouvait surprendre, mais c’était au contraire tout à fait logique, dans la mesure où cette profession impliquait de se rendre dans des pays étrangers, et de côtoyer des souverains. Personne, après tout, n’était à l’abri d’une maladie, et il était donc indispensable que les guérisseurs disposent d’un minimum de connaissances juridiques. Shunya ne se rendait que dans des pays sûrs, des endroits qui n’étaient pas officiellement en guerre contre Edoras, ou n’étaient pas reconnus comme étant des pays pro-ashnardiens. Tekhos n’était pas en guerre contre Ashnard, mais ce n’était pas une région qu’on recommandait à des guérisseuses manquant d’expérience. En bref, Shunya savait que le Roi ne pouvait rien lui imposer d’autre que de respecter les lois pénales. Elle n’était pas sujet du Roi, simplement une hôte, et, si ce statut empêchait certains choses, il la protégeait aussi d’autres choses. Ce cours lui revenait alors que le Roi lui parlait de l’Ordre. Pour leur amener à s’intéresser aux questions juridiques, leur professeur avait fait des simulations en les mettant en groupe, se mettant à la place d’un souverain, essayant de leur imposer des choses. Une sorte de pièce de théâtre où les apprenties devaient accepter ou refuser, selon ce que les conventions internationales autorisaient de faire.

L’homme voulait lui dire que l’origine de cette peste n’était pas naturelle, mais résultait d’un quelconque maléfice. L’idée, grotesque, amena Shizuka à cligner des yeux. Elle n’osait toujours rien dire, n’ayant pas envie de se fâcher contre le Roi. Elle le vit se mettre à genoux devant lui, presque en le suppliant. Cette image la fit rougir instantanément comme une tomate, et elle se tortilla sur place, n’osant rien dire, terriblement gênée. Le Roi finit par se relever, continuant à essayer de la convaincre... Mais de quoi, exactement ? Que cette épidémie n’était pas naturelle ? Quand bien même ce serait le cas, elle n’était toujours pas compétente pour agir.

« Je... Euh... »

Elle se mordilla les lèvres, croissant ses mains dans son dos, n’osant pas croiser le regard du Roi. Il devait être devenu fou, pour insister ainsi.

« Écoutez, je... Je vous l’ai dit, mon rôle est de guérir les gens, et... Quand bien même votre théorie serait exacte, je ne vois pas en quoi je pourrais vous aider... Et, du reste... Je préfère concentrer mes efforts à sauver une seule personne, plutôt qu’à me lancer dans une quête vaine consistant à essayer d’en sauver des milliers, en me fondant sur des chimères. »

Était-ce elle qui avait osé dire ça ? Ohlàlà ! Shunya se mit à rougir confusément, et tourna la tête, prenant conscience qu’elle avait sans doute été trop loin en disant que ce Roi courait après des chimères. C’était certes ce qu’elle pensait, mais elle savait que ces gens-là étaient du genre susceptibles.

« Euh... Désolée... Mais...Vous... Vous devez bien comprendre que je ne connais pas votre pays, et que je ne sais pas mener des enquêtes. Mon rôle est de soigner, je ne vois pas comment je pourrais vous être utile, je n’y connais rien... »

Elle l’avouait sans fausse modestie, elle ne comprenait pas pourquoi le Roi faisait une fixation sur elle, et insistait à ce point. Bien qu’elle doutait que cette peste soit d’origine humaine, si c’était le cas, les criminels étaient redoutables, particulièrement intelligents et doués. Que pouvait sérieusement faire Shizuka Shunya contre eux ? Le Roi n’avait-il donc aucun agent spécial pour s’occuper de cette mission ? Elle n’arrivait décidément pas à comprendre !

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Serenos I Aeslingr

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 8 dimanche 08 septembre 2013, 04:30:28

Le Roi

Elle refusait de l’entendre. Le Roi sentit son énergie autrefois si vive s’amenuiser. Elle refusait même d’y penser un peu, si ca ce n’était pas de la mauvaise volonté, il se demandait bien ce que c’était. Et pourtant, il ne démordait pas; il savait, dans ses tripes, qu’elle serait incluse dans les événements à venir. Le Roi ravala donc son découragement et s’inclina poliment devant la jeune femme.

-Très bien. Pardonnez mon insistance. Je ne tiens pas à vous contraindre de me suivre dans une quête en laquelle vous ne croyez pas. Je vous souhaite bonne chance dans votre voyage, et voici pour votre temps.

Il glissa une petite poignée de pièces d’or dans les mains de la jeune femme. L’argent était reconnue comme un objet de valeur en Meisa, mais elle y était presque inexistante, parce que jugée inutile. Le Roi tourna simplement des talons, sans insister le moins du monde. Le manque de courage ou de foi des êtres humains le surprenait à chaque fois; ils avaient le courage de poursuivre de longues études pour devenir ce qu’ils veulent dans la vie, mais ils se refusent d’un peu d’intrépidité pour la pimenter, cette vie. À leur place, il aurait profité de sa jeunesse pour vivre le plus d’expériences possibles pour avoir au moins quelque chose à raconter à ses enfants et petits-enfants quand il aurait été incapable de continuer cette vie de folie. « En même temps, ma vie de folie ne se termine jamais, puisque ma vie elle-même est folle. »

Il regagna le village, où une femme vint à sa rencontre. Aucun moyen de ne pas la reconnaitre; des cheveux d’argent, deux yeux dorés brillants comme de petits soleils, une Meisaenne de souche pure et dure. La plus pure, en fait, puisqu’il s’agissait d’Alessa. Équivalente en pouvoir à la Reine de Meisa, si ce poste avait été comblé, Alessa possédait une autorité surpassant même celle du Conseil. La demoiselle lui tendit un nouveau manteau, en tout point similaire à celui qu’il portait quelques minutes plus tôt.  Alors qu’il le passait à ses épaules, le Roi songea qu’il devrait peut-être varier un peu sa garde-robe… mais sa tenue de combat sous le manteau était si pratique qu’il ne se voyait pas changer de vêtements. Il était définitivement difficile d’être un homme ayant une vie aussi mouvementée et d’avoir le luxe d’être habillée comme on le veut.

-Alors? Demanda la Meisaenne en lui passant le capuchon sur le crâne.
-Alors rien, elle ne nous aidera pas.
-Vous demandiez son aide?

Le sourire plaisantin de sa bonne amie acheva de calmer le Roi de sa précédente frustration. Beaucoup de gens faisaient des farces sur sa vie sexuelle, lui donnant une réputation d’homme à l’appétit sexuel insatiable et ne possédant aucun don pour se contrôler en presence d’une jolie femme. En même temps, il ne s’était jamais caché d’avoir de l’affection romantique pour certaines dames, souvent même très jolies, sans jamais officialiser la chose. Le Roi avait de nombreuses maîtresses, et certaines même lui avaient donné un fils ou une fille, mais la montée au trône n’était pas aussi facile que d’attirer l’attention du Roi; celui-ci cherchait quelqu’un présentant des caractéristiques bien spécifiques avant d’installer qui que ce soit à son côté. Et malheureusement, il était également très… sélectif; il ne faisait aucun compromis; la Reine devait pouvoir le remplacer si quelque chose devait lui arriver… et bon dieu que ça ne se trouve pas dans les rues, une telle femme. De plus, il n’était pas pressé de se marier; l’engagement ne lui faisait pas peur, mais la douleur de la séparation avec sa précédente épouse était encore fraiche dans son cœur, et cela était encore plus difficile à vivre en sachant que cette même femme continuait d’arpenter le monde… sans lui. Les vieilles histoires n’étaient pas toujours celles qui finissaient en premier, malheureusement.

-Elle n’est pas… vraiment mon genre. Elle est très jolie, mais elle manque de… d’ambition. Elle a un don remarquable, je le sens dans chaque fibre de son corps, mais elle ne voit pas ou ne veut pas voir son potentiel. Et ça… c’est un non.

Le Roi fit venir un autre cheval, puisqu’il avait laissé celui qu’il avait prévu prendre entre les mains de Shunya, au cas où elle en aurait besoin pour se déplacer. Pour une guérisseuse, l’essentiel, c’était d’arriver au bon moment et très rapidement, mais ceci dit, il savait qu’elle arriverait toujours en retard. Pourquoi? Parce qu’il savait que rien n’était naturel dans cette peste, et il irait jusqu’au fond des choses.

Il enfourcha sa monture, puis fit passer les nouveaux ordres; mener les enquêtes locales sur toute personne suspicieuse au cours de la semaine. De passer les bois et les cavernes environnantes au peigne fin; s’il y avait effectivement une sorcière non-déclarée sur le territoire, il fallait immédiatement l’avertir; plus vite il aura géré le problème, plus vite on pourra s’occuper des blessés. Un dernier ordre; il fallait faire parvenir un message particulier; il fallait faire venir Aglaë, au plus vite. Une fois les directives données, il mit son cheval au galop et quitta le village.

Alessa

La Meisaenne regarda le Roi partir. Tout comme Shunya, elle ne comprenait pas son comportement et son empressement à rechercher une sorcière, puisque la peste était, déjà, une maladie bien grave sans qu’on ait besoin de trouver un coupable. Mais elle connaissait le roi depuis sa plus tendre jeunesse, et ne doutait jamais de ses consignes; s’il disait que le danger les guettait, elle le croyait sans se poser de question. Mais elle aimerait, parfois, avoir sa science; comprendre pourquoi il est aussi confiant de ses réflexions. Mais les immortels étaient tous comme ça, à voir toujours plus loin que les autres.

L’instinct lui disait que quelque chose allait se passer pour Shunya si personne ne veillait sur elle. Elle troqua donc rapidement son armure pour une robe de guérisseuse avec une cape à capuchon. Ses dons magiques étaient principalement orientés vers l’offensive, mais avec son expérience du champ de bataille, elle avait dû prendre quelques leçons de magie régénérative, normalement pour elle-même, mais elle avait appris à faire de même pour le corps des autres. Une fois vêtue, la Meisaenne se dirigea vers la position de Shunya, mais se décide à la rejoindre seulement en temps voulu. Pour l’instant, un peu de surveillance s’imposait, et Arthuros étant sur le pas de la porte de la mort, elle doutait qu'il ne fusse d'une quelconque utilité pour le moment. D'ailleurs, depuis le temps, il devrait avoir reçu des soins de la part d'Aglae et il devrait être à nouveau sur le pied de guerre.

Meisa ne manquait, définitivement, jamais d'évènement intéressant.

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 9 mardi 10 septembre 2013, 02:16:51

SHIZUKA SHUNYA

Ce Roi était décidément une personne bien étrange. Il s’avoua vaincu, lui donnant de l’or, ce qui la fit rougir. Il y avait assez de pièces là-dedans pour qu’elle paie tout son loyer d’avance à Nexus pour plusieurs années... Après tout, Shizuka avait toujours un logement principal à Nexus, où elle avait entamé son pèlerinage. Pour rejoindre Meisa, elle avait embarqué dans un navire, pour une longue traversée. Elle ne s’attendait pas à tomber sur une épidémie de peste, mais on disait que ce pays était un grand pays magique, et la magie était une chose qui intriguait Shizuka. Durant sa formation, on lui avait répété que la magie n’était qu’une manifestation de phénomènes naturels amplifiés, et qu’il s’agissait d’une science à part entière, avec ses règles, ses principes, et sa logique. Cependant, à Nexus, elle avait compris que les magiciens ne se voyaient pas comme des scientifiques, et ceci l’intriguait. Elle était, après tout, une érudite, et c’était pour ça qu’elle était partie à Meisa.

Toujours un peu surprise, elle n’entendit pas une personne se rapprocher. C’était Monica.

« Alors, qu’est-ce que Sa Majesté te voulait ? »

Shunya sursauta, surprise, et laissa tomber plusieurs piécettes. Monica cligna des yeux, et en attrapa une.

« Woow, mais c’est de l’or ! Et bien, tu as du lui faire forte impression, pour qu’il te donne tout ça… Mais fais voir ! »

Shizuka rougit, bafouillant, tandis que les mains de Monica s’emparèrent de la bourse. Pourquoi lui avoir donné autant d’argent ? Il avait dit que c’était en compensation pour le dérangement, mais elle soupçonnait autre chose. De plus, même si elle n’osait se l’avouer, cette histoire de sorcière lui trottait encore derrière la tête. Cependant, elle ne savait vraiment pas quoi en penser. Shizuka savait que le bioterrorisme existait, et que c’était d’ailleurs une pratique courante lors des conflits, que de chercher à infester les ennemis. On répandait des agents infectieux dans les réserves d’eau potable ou d’alimentation des villes à assiéger. Les épidémies de peste démarraient d’ailleurs souvent ainsi. La première grande épidémie de peste, qui avait ravagé la moitié du continent, et qui avait par la suite conduit la Sainte Inquisition à agir en personne, avait commencé par le blocus d’une ville marchande. Les envahisseurs, depuis leurs navires, avaient balancé des cadavres au-dessus des murs, amenant avec eux la peste, qui faisaient rage dans les régions orientales. À partir de là, bénéficiant d’une crise du blé qui avait affamé les campagnes et la ville, la peste noire avait proliféré, décimant les villes, allant jusqu’à Nexus. Pour la stopper, l’Inquisition avait décidé de tout brûler. Ces catastrophes sanitaires justifiaient en partie le souhait des Tekhanes de s’investir davantage dans le reste de Terra, afin d’éviter que les épidémies ne deviennent à nouveau pandémique. L’une des conséquences concrètes de cette politique était d’amener les guérisseuses tekhanes ou protekhanes à effectuer des voyages dans d’autres régions du monde, comme Shizuka le faisait.

En somme, un seul agent isolé ne pouvait être derrière une épidémie. C’était beaucoup trop gros, et il fallait au moins une équipe de laborantins, afin de confectionner le virus, de l’isoler... Ceci nécessitait un équipement précis, si on ne voulait pas être contaminé également. Shizuka imaginait mal une vieille folle hirsute dans sa forêt faire ça, avec son chaudron... C’était pour ça qu’elle avait du mal à croire à la théorie du Roi. La seule hypothèse aurait pu venir des Ashnardiens, car elle avait cru comprendre que, jadis, Meisa avait intéressé l’Empire. Or, l’Empire n’hésitait pas à utiliser la maladie, parmi d’autres méthodes odieuses, constituant, au regard des conventions tekhanes, des crimes de guerre.

« Hum... Je vois que notre bon vieux Roi ne perd pas le nord... »

Shizuka cligna des yeux.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Il... Il pense qu’il y a une sorcière derrière cette contamination...
 -  Hein ? Comment ça ?!
 -  Je… Je ne sais pas… Mais je ne comprends pas pourquoi il m’a donné tout cet argent…
 -  Je pense avoir une petite idée... »

Elle avait lancé ça sur un ton soupçonneux, mais, devant le regard interrogatif de Shizuka, Monica se mit à soupirer.

« Décidément, Shizuka, même une none rougirait à côté de toi ! »

Shizuka s’empourpra à nouveau, n’osant pas parler.

« Bon, il y a encore des gens à soigner, Shizuka... Allons-y ! Mais tu devrais ranger ta bourse, la tentation est facile... »



WALLIN


« Oh, toi ! Je vais te... »

La lame égorgea le malotru, son sang venant rougeoyer l’acier tranchant de l’épée, tout en décorant la tapisserie de la maison. Le bandit s’écroula sur le sol, se tenant la gorge en gargouillant, essayant vainement de retenir le sang qui fuyait de cette dernière. Le vieux guerrier encapuchonné, à la barbe grisonnante, ne s’intéressa même pas à ce minable, et s’avança, quittant le salon de la demeure de son vieil ami, Josselin. Ce dernier lui avait envoyé un corbeau pour lui dire de revenir immédiatement à Meisa. Wallin avait fait aussi vite que possible, mais il était visiblement trop tard. Quand il était arrivé dans le jardin de Josselin, c’était pour voir les grilles ouvertes, fracassées. Dans tout le quartier, des rôdeurs et des pillards dévalisaient les maisons. Comme toujours, alors que l’humanité devait se serrer les coudes dans les moments difficiles, il y avait toujours des rats, des mécréants, qui profitaient de la faiblesse des uns pour satisfaire leurs appétits personnels. Wallin n’avait eu aucun remords à les tuer. Ils avaient tué les majordomes de Josselin, et il craignait qu’ils n’aient volé sa fille.

Il grimpa rapidement l’escalier, appelant son vieil ami, en se dirigeant vers sa chambre.

« Josselin ! Josselin ! »

Wallin gravit un autre escalier, et entendit un toussotement venant d’une porte entrebâillée sur sa gauche. Le couloir était riche, avec des tableaux magnifiques, représentant des paysages de montagne ou du ciel, des endroits que Josselin, en tant qu’ancien alpiniste, affectionnait. Wallin ouvrit la porte.

« Josselin ?
 - Wa… Wallin, aaaahhh… J’avais…

Une toux le saisit. Il était allongé dans le lit d’un domestique, une bassine d’eau froide depuis longtemps à côté. Josselin était fiévreux, cadavérique, et la fenêtre était ouverte. On entendait des hurlements et des rires au-dehors.

« Josselin, je... Pardonne-moi... J’ai mis trop de temps à revenir... »

Josselin essaya de parler, mais une nouvelle quinte de toux le saisit, du sang jaillissant de sa bouche. Il se souvenait du fort Josselin, un homme bourru, qui tenait sa fortune de la gestion d’un important complexe forestier, un pilier de bar, qui avait bourlingué avec Wallin il y a longtemps, avant d’épouser Nallia. Quand elle avait été enceinte, il avait décidé de cesser la vie d’aventurier, reprenant la concession familiale à Meisa.

« Ne... Ne dis pas de sottises, Wallin, je t’en prie ! Main... Maintenant, écoute... Écoute, et tais-toi, surtout, je... Je n’en ai plus que pour quelques minutes à vivre, tout au plus... Je ne verrais pas le soleil se coucher, alors... »

Nouvelle quinte de toux.

« L’heure... L’heure est grave... Mais je manque de temps... Aaaaah, on en revient toujours là, après tout ? Écoute... Lysia n’est... Il faut que tu la retrouves... Elle a la clef de la crypte, et... Écoute, Wallin, Meisa... Meisa est condamné, si tu ne retrouves pas Lysa... Vous... Vous devez entrer dans la crypte, il le faut, je...
 -  Calme-toi, mon vieil ami, économise tes forces. Dis-moi où se trouve ta fille. »

Et Josselin s’exécuta.

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 10 samedi 14 septembre 2013, 22:42:47

Le Roi

La magie noire était un art qui se plaisait dans l’usage généreux de trois facteurs; la discrétion, le sabotage et les effets de longue durée. Lorsqu’on parlait de magie noire, on ne parle pas de cette connerie contemporaine qui allie la magie noire aux éléments, non. Quand on parle de magie noire, on parle des malédictions, des empoisonnements mystérieux, des invocations des maladies, le truc qui empêche les magiciens au travers du monde entier de dormir sur leurs deux oreilles avec deux yeux bien fermés et qui nourrit le folklore des civilisations, le machin qui a causé des cataclysmes par une bêtise commise par un apprenti dans son dortoir. De par sa nature hasardeuse, il était également très difficile de remonter la trace d’un sortilège qui aurait pu être lancé il y a des années avant de prendre la forme d’une peste, et le Roi en savait un brin; il se souvenait encore des malédictions de malchance que les gitanes avaient lancé à un de ses hommes; du coup, le pauvre bougre ne pouvait plus rien faire sans risquer de casser quelque chose ou de blesser quelqu’un. Lui-même avait imposé un silence éternel sur une personne qui, nettement, n’avait jamais appris à fermer sa grande gueule.

Les villages environnants n’avaient que peu d’information sur la magie, le centre de renseignements se trouvant à Eist’Shabal, il serait inutile d’y retourner puisqu’il savait qu’il n’y trouverait rien. Ce qu’il fallait faire, maintenant, c’est trouver une personne, n’importe laquelle, qui pourrait le mettre sur une piste. Et il n’y avait personne, et son don de se retrouver dans toutes les situations les plus incroyables ne semblait pas lui être d’une grande aide. Son découragement le mena à une taverne. On dit que son Royaume n’était pas la place pour les alcooliques, et pourtant, le nombre de tavernes ne cessaient de croître en Meisa. Il n’avait par contre jamais rencontré de mauvais buveur qui ne pensait qu’à se perdre dans les flots qu’il ingurgitait. Non, il n’y avait que deux types de taverne en Meisa; celle où la musique, les chansons et la rigolade en faisaient une fête éternelle et celles, moins fréquentées, où il se faisait bon de se retrouver pour discuter et boire ce qu’on voulait, passant de l’alcool au lait de chèvre. Et c’était dans ce dernier genre de taverne que le Roi s’enferma un moment. Il ne se sentait pas dans son état normal. Il était agité, comme à chaque fois où il rencontrait une variable inattendue; s’il ne pouvait pas la régler immédiatement, il se sentait plus pressé, moins porté à la réflexion.

Alors qu’il s’attablait et demandait au tavernier une bonne pinte, il lui demanda également s’il possédait un exemplaire de la cartographie actuelle de Meisa. L’homme lui apporta donc sa commande et un grand rouleau en parchemin, qu’il étala devant lui pour l’examiner. Il passa un doigt sur la carte et celle-ci se marqua d’une fade lumière dorée. Il élimine magiquement les endroits où il était déjà passé et ceux où la peste avait déjà tué tout le monde. Il établit également le mur magique protégeant Eist’Shabal de ce genre d’épidémie, puis il rassembla aussi les routes et trajets marchands. Il énuméra également les endroits où il était possible de dresser des éléments nécessaires à une malédiction. Il n’était pas un expert en magie noire, sa propre science se trouvant dans sa capacité à ressentir et manipuler les énergies environnantes pour exécuter ses faits magiques, mais il en savait un grand rayon au niveau théorique. Pour déclencher une épidémie, ce n’était pas compliqué, ce qui l’était, c’était la rendre grave. Et pour ce faire, il fallait…

-Tuer. Tuer des innocents. Tuer des enfants et des jeunes femmes.

Il posa une main sur la carte et ferma les yeux pour mieux se concentrer. « Je suis le Roi. J’ai monté Meisa de toute pièce, à partir de rien. Chaque habitant, chaque plante, chaque être vivant est une partie de moi. Je suis Meisa. » Comme si cette simple phrase, mentionnée à voix basse, suffisait à lui donner toute la connaissance, il sentit passer dans son corps une énorme quantité d’information qu’il déversa magiquement sur la carte. Soudainement, Meisa brillait de mille feux, avec des couleurs de rouge et de vert. Il ordonna à la magie de lui révéler la démographie des villages au cours des dernières semaines. Il remarqua alors de nombreuses disparitions prématurées de très jeunes flammes dans un petit village. Il mit fin au sortilège et se redressa et, avalant sa pinte cul-sec, il rendit la carte intact à son propriétaire et se précipita vers la sortie. Il enfourcha sa monture, coupant net sa bride d’un coup d’épée et le mit au galop d’un coup de talon. Le village de Kem était un petit village où se trouvait principalement des militaires retraités, ou des mercenaires désireux de se retirer de la vie d’aventurier pour penser de vieilles blessures. Ce village se trouvait à la lisière de la forêt, par-delà les plaines fermières de Meisa, qui formaient la partie terrestre entourant Eist’Shabal. Il ne s’y aventurait que rarement, sauf lorsque les habitants sylvestres se plaignaient du comportement irrespectueux de leurs voisins envers leurs amis les arbres. « Franchement, parfois, je me demande pourquoi j’ai laissé des Elfes s’installer dans mes forêts. Alors, oui, ils sont cultivés, sympathiques et très puissants en magie, mais ce sont d’horribles voisins. »

Alessa

-Comment va Arthuros? Demanda la Meisaenne, penchée sur une petite boule de cristal.
-Il va s’en sortir, fit la voix d’Aglaë. Nous avons réussi à purger la maladie de son corps.
-Des traces de magie?
-Non. Si je devais émettre une hypothèse, la magie n’aurait servi qu’à lancer et renforcer l’épidémie, mais aurait fini par être complètement remplacée par la nature déjà dévastatrice de la peste.
-Et pour les tâches noires?
-Elles ont grossi.
-Pardon?
-Ce n’est pas une maladie, Alessa. C’est une malédiction. Et une malédiction très puissante.
-Aglaë, c’est ton travail de briser ce genre de maléfices en l’absence du Roi.
-Je ne suis pas le Roi, je ne peux pas puiser dans l’Artéfact pour alimenter mes sorts quand ma puissance me fait défaut. J’aimerais bien t’y voir, moi!
-Pardonne-moi. Mais quand Arthuros pourrait-il sortir de ta solution?
-Pas tant que le responsable vivra. Nous nous affairons à le dépister.
-Très bien. Recontacte-moi si tu as de nouvelles informations.

Alessa brisa le sortilège qui la gardait en communication avec l’apprentie du Roi puis elle retourna à son faux travail de guérisseuse… ou, plus exactement, de médecin légiste. N’étant pas très efficace en tant que guérisseuse, elle pouvait néanmoins mettre à profit sa connaissance parfaite du corps humain pour obtenir quelques informations. Elle avait donc commencé à disséquer beaucoup de personnes ayant succombé à la peste, et dès qu’elle rencontrait une anomalie, elle l’inscrivait dans son rapport. Elle avait également réussi à se faire passer pour une Inquisitrice de l’Ordre, une enquêtrice, pour rassembler encore plus d’Informations. Elle savait qu’elle ne pourrait pas faire durer cette mascarade éternellement, donc elle essayait de rassembler elle-même certaines parties du puzzle, et elle savait que si elle en rassemblait assez, elle pourrait possiblement prouver que la maladie était d’origine magique, et non pas naturelle. Les cas les plus surprenants restaient les malades n’ayant été infecté que quelques heures avant leur décès. Même dans les cas extrêmes, la peste prenait au moins trois jours avant de mettre fin aux jours d’une personne. Elle avait travaillé pendant une seule journée et tout semblait lui sauter aux yeux, alors, pourquoi cela ne sautait pas à ceux des autres?

Elle regarda un moment sa fiche d’information et elle passa une main sur son visage, blême. Elle ordonna néanmoins que ses informations fassent l’objet d’une investigation approfondie; si elle se trompait, elle ne voulait pas faire de vague inutile. En attendant les résultats, elle se décida à quitter sa tente. Elle avait besoin d’air. Le soleil commençait doucement à disparaître et elle savait que la lune agirait sur son corps, donc, elle s’empressa de prendre un petit comprimé noir. Les Meisaennes tiraient de l’énergie de la lumière de la lune, ce qui expliquait pourquoi la plupart dormaient le jour et non la nuit, et malheureusement, pour certaines sang-pur, comme elle-même, elle réagissait à cette lumière par une bioluminescence oculaire; ses yeux brillaient. Une fois dehors, elle s’installa loin des tentes des infectés, s’installant près d’une rivière et tirant une cigarette d’une petite boite cachée dans le revers de sa robe blanche. Les soirées se rafraichissaient dans la campagne, et elle n’aimait vraiment pas le froid. Mist, par contre, adorait. « Une vraie folle » grogna-t-elle alors qu’elle allumait sa cigarette avec un ongle magiquement chauffé. Tirant dessus, elle regarda un moment autour, essayant de générer magiquement une chaleur générale dans tout son corps pour combattre le froid. Elle n’y trouva qu’un maigre résultat et abandonna sa tentative, se levant et marchant de long en large pour conserver une certaine température. Alors qu’elle allait jeter sa cigarette, une des guérisseuses revint avec le résultat de la recherche approfondie de ses théories. Elles étaient correctes.

-Envoyez ce rapport à la personne en charge. Elle en viendra aux mêmes conclusions que moi, et faites parvenir cette lettre au palais à l’intention des Conseillers Raphael, Alexander et Aglaë; il faut contacter les Tekhanes et mettre en place des procédures de stase des patients. Cette maladie n’a rien de normale. Il faut la mettre à l’arrêt en attendant de pouvoir l’éradiquer.

En attendant, elle espérait que le Roi avait une piste… et une bonne.

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 11 mardi 17 septembre 2013, 10:57:33

WALLIN

« Comment ça, la fille n’était pas là ?
 -  Il n’y avait personne, je te dis ! Ce sale connard de vieux croulant avait déjà clamsé quand je suis monté.
 -  Et tu dis que l’équipe de Geoffrey est morte ?
 -  Tous ! Putain, j’y comprends rien ! C’était un putain de mausolée, là-haut !
 -  Le Boucanier ne sera pas content, si nous n’avons aucune trace de la fille. Il la veut, tu comprends ?
 -  Moi, je dis qu’on devrait foutre le camp d’ici ! Ça pue, merde ! La-Brique est morte, putain ! La-Brique, quoi ! Tu te rappelles quand il avait cassé le bras de Tommy au bras de fer ? Ce mec était une putain de montagne, et il a chopé la Maladie ! On va y passer, nous aussi, si on se casse pas de là ! »

Le duo avançait dans des rues désertes et silencieuses de la ville, pensant que personne ne les suivrait. C’était une grave erreur tactique. Wallin savait avancer sans se faire repérer. Jadis, il avait pisté des proies pendant des mois à Nexus. Autre époque, mais les vieilles habitudes avaient la vie dure. Il travaillait alors pour le compte de petits criminels, des trafiquants, des bourgeois arrivistes... Et même pour des couples voulant obtenir un divorce pour faute en trouvant avec quelle personne leur époux les trompait. Josselin ne lui avait pas dit grand-chose, si ce n’est que Lysia n’était pas en sécurité. À cette idée, Wallin sentait la panique s’emparer d’elle. Lysia, la fille de Nallia... Il avait jadis aimé cette femme, et il pensait l’avoir toujours aimé. Oh, il n’avait jamais reproché à Josselin de l’avoir pris, elle méritait mieux que Wallin. Il était le parrain de Lysia, et il lui incombait de la protéger, surtout si elle avait des réponses à cette épidémie. Wallin n’était pas originaire de Meisa, et se moquait bien du sort de ce pays, mais le sort de Lysia lui importait. Il était complètement fou d’avoir atteint un pays ravagé par la peste, où ses chances de survie étaient infimes, mais il avait juré sur son honneur de protéger Lysia, et d’être là pour Josselin. L’honneur n’était pas une chose à prendre à la légère.

Il était resté près du manoir, en attendant que d’autres types approchent. Il avait en effet remarqué que les objets de valeur du manoir avaient déjà été volés, et que les pillards n’avaient sur eux aucun objet d’importance. Il avait ainsi compris que ces derniers n’étaient pas venus ici pour l’or, mais pour d’autres raisons, certainement liées à Lysia. Son instinct d’ancien détective nexusien lui avait dit d’attendre que d’autres loubards arrivent. Il était resté dans le manoir, à méditer devant la dépouille de Josselin, quand ils étaient revenus. Deux misérables rats, les pupilles dilatées par l’usage excessif de narcotiques. Il les avait pisté, bien loin des somptueux manoirs de Meisa, pour rejoindre des quartiers plus sinistres, où la peste avait du faire rage, vu le nombre de chariots où on avait empilé les cadavres.

« Et comment tu veux te tirer, hein, ducon ? Y a plus aucun navire qui démarre, et l’Ordre nous a totalement encerclé ! Tu as pas attendu ce que Titus a essayé de faire ? Lui et ses chevaux sont tombés sur les cavaliers de l’Ordre, leurs archers, et leurs balistes... Tu sais, celles qui sont grosses comme ça, et peuvent te décapiter un ours ? Titus a essayé de parlementer, et une flèche lui a longé l’oreille... Tchac ! comme ça ! Merde, je suis sûr que ce fils de pute a pissé dans son froc !
 -  Si on veut s’échapper, on le peut...
 -  Ces connards de l’Ordre, ils plaisantent pas avec ça. Nôt’bon connard de Roi les a chassés, ils lui feront pas oublier ça. Z’ont leurs navires sur la mer, et y brûlent tous ceux qui s’approchent. ‘Cherchent même pas à savoir si t’es l’putain de bon Dieu en personne, y t’arrosent comme une bondieuserie de pluie ! »

Manifestement, ces gens étaient bien renseignés. Parallèlement, Wallin notait à quel point la ville ressemblait à une ville-fantôme. Toutes les maisons étaient plongées dans l’obscurité, comme si elles étaient hantées par des fantômes. On avait barricadé beaucoup d’entre eux, mais, sur beaucoup d’autres, on avait aussi arraché les planches de bois, afin de les vider, de les dépouiller. Ils s’avancèrent dans une artère qui longeait une petite rivière. On avait même volé les pots-de-fleur, arrachant certains, balançant des cadavres à la flotte. Il se dégageait une odeur terrible de la rivière. Wallin émit une grimace. Josselin lui avait parlé de cet endroit, avec des petits ponts en bois. C’était une promenade romantique, où l’eau était aussi claire et pure que le cœur de Sainte-Jeanne.

Wallin continuait à suivre les deux individus, mais il sut bientôt où ils allaient, en voyant un bâtiment éclairé. Le seul du quartier, avec plusieurs hommes en armure devant, exhibant des arbalètes, des épées, ou des haches.

*J’y suis... Est-ce le refuge de ce Boucanier ? Que sait-il sur Lysia ?*

Wallin devait en savoir plus, et entreprit donc de se rapprocher, prudemment, bénéficiant de l’obscurité pour que personne ne le repère.



SHIZUKA SHUNYA

« Et ben, quelle journée, pfiouh ! Je ne sais pas pour toi, mais je suis claquée ! »

Shizuka sourit poliment. Oui, la journée fut laborieuse. Le soleil commençait à se coucher, et les deux jeunes femmes se lavaient les mains dehors, grâce à une bassine. Un vent frais se levait, faisant frissonner Shizuka. Depuis l’intervention du Roi, il ne s’était rien passé de particulier. Shizuka n’avait pas oublié le Roi, mais son esprit avait été accaparé par les nombreux traitements qu’elle avait apporté. Elle était révoltée de voir qu’il n’y avait pas que des pestiférés qu’on amenait, mais aussi des individus qui avaient été blessés et battus, pour qu’on les vole. Elle avait notamment soigné un homme à qui on avait arraché l’un de ses dents, une belle dent en or qu’il avait obtenu grâce à un anniversaire familial, avec une tenaille. Il pissait le sang, et elle avait du le soigner, et soulager sa douleur. Plusieurs individus étaient morts, et on avait du les balancer à l’arrière-cour. Fort heureusement, les gardes se chargeaient de cette tâche. En voyant le charnier, Shizuka aurait probablement vomi. Les cadavres avaient beau grossir, le nombre de malades était en pleine explosion, et les vivres manquaient. La magie ne permettait pas tout, et il fallait des médicaments pour soigner les gens.

« Mais tu sais ce qu’on dit, Shizuka, hein ? Pas de repos pour les braves...
 -  Il reste encore des gens à soigner. Chaque vie soignée est pour moi la plus belle des récompenses. »

À sa surprise, Monica se mit à glousser.

« Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ? »

Monica, pour toute réponse, se mit à l’imiter grossièrement :

« Chaque vie soignée est la plus belle des récompenses... Tu le sors de quel bouquin, ça, Shizuka ? Il va falloir que tu apprennes à vivre...
 -  Mais je..., lâcha-t-elle, rouge comme une tomate.
 -  Crois-moi, si tu t’attends à ce que ces types se montrent honorés que tu leur sauves la vie, tu te trompes... Ce type à qui tu as sauvé sa bouche... Le gars à la dent en or... C’est un escroc, une petite frappe qui...
 -  Ça n’a aucune importance pour moi. Mon rôle est de soigner les gens.
 -  Même quand c’est la pire des ordures ? »

Shizuka rougit encore, et répondit rapidement, sans y réfléchir :

« Évidemment ! »

Ceci amena un sourire sur les lèvres de Monica, qui n’estima pas nécessaire de répondre.

« Bon... Il faut qu’on y retourne... »

Les deux femmes retournèrent dans la grande tente. Aucune d’elle n’avait vu les hommes armés qui, lentement, se rapprochaient de la grande tente. Ils avaient une mission bien précisé, et comptaient l’accomplir. Si on se gênerait entre eux et leurs cibles, alors ils tueraient les ennemis. Et, si possible, ils violeraient bien ces petites infirmières. Elles les tentaient bien.

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Serenos I Aeslingr

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 12 mercredi 18 septembre 2013, 02:09:59

Le Roi

Le Roi s’arrêta en lisière de la forêt pour prendre un peu de repos. Son cheval ne le porterait pas plus loin à ce rythme; le pauvre semblait déjà sur le point de mourir d’épuisement. Descendant de selle, il débarrassa l’animal de son bagage et de l’équipement de chevauche qu’il arborait depuis son départ du village. L’animal renâcla et trembla de fatigue. Il n’irait pas bien loin dans cet état. Du coup, il posa ses mains sur l’encolure de la brave créature et relâcha en elle une part de son incommensurable énergie. Aussitôt, la bête se mit à hennir de joie, sentant une nouvelle force passer dans ses muscles revigorés, et elle se mit à faire des cercles au petit trot, comme pour montrer à son maître qu’elle était en pleine forme. Le Monarque lui adressa un sourire tout en lui caressant le front. Il s’immisça dans l’esprit de la bête et lui dit de partir, de retourner au village, où elle vivait avant de le rencontrer. L’animal semblait s’opposer à cette idée, mais un regard plus sévère de l’homme la dissuada de lui tenir tête. L’étalon partit donc au galop pour retrouver son écurie adorée pendant que le Roi retournait à son voyage, après avoir sommairement réorganisé son bagage, celui que portait son cheval étant trop encombrant pour ses besoins.

Il reprit son trajet à la marche. Le soleil était presque entièrement couché depuis le début de son voyage. Comme l’obscurité était l’ennemi du voyageur, il lança sur ses pupilles une illusion, plongeant le monde dans un grand soleil, comme si les ténèbres n’étaient pas encore descendue sur la terre. Malgré cette altération, il ne pouvait pas se débarrasser de ce sentiment qui lui chipotait les tripes; quelque chose ou quelqu’un le surveillait, il en mettrait sa main au feu. Cependant, ralentir n’était pas une option envisageable, et il aurait bien le temps de gérer le problème en temps venu; il devait d’abord regagner la Retraite du Guerrier, la petite ville mentionnée plus tôt.

Ses pas se firent plus pressants, et alors qu’il se mettait à courir, Ehredna se mit à briller d’une lueur rougeoyante aux pulsations alarmées. Le Roi tira alors l’épée de son fourreau et fit volte-face juste à temps pour parer la lame d’un assaillant complètement vêtu de noir, dont la capuche masquait le visage. Le monarque fit un bond arrière pour mettre de la distance entre lui et son agresseur, prenant tout juste conscience d’un autre ennemi qui fonçait vers lui, dague levée. Notre protagoniste se laissa tomber au sol, se rattrapant d’une main. Il asséna deux bottes dans le torse de l’inconnu, puis il frappa la main armée, projetant la dague plus loin, avant de pousser sur ses mains et exécuter un petit bond acrobatique, retombant sur ses pieds. Il reprit l’assaut sur le premier assaillant et enchaina les coups, que son adversaire esquiva habilement. L’autre tenta un croche-pied, ratant sa tentative car le dirigeant s’était immobilisé pour habilement tourner son attention vers lui. Le second homme en noir évita de justesse la lame filant vers son torse en exécutant un saut perilleux. Pour regagner la distance perdue, l’Immortel planta Ehredna dans le sol, tirant dessus de toutes ses forces pour se propulser lui-même vers l’homme. Laissant son arme derrière lui, l’héritier des Ashanshas réussit à refermer son bras droit autour du coup de cet assaillant, posant sa main derrière sa tête pour lui briser la nuque d’un coup sec. Derrière lui, le premier assaillant venait de prendre Ehredna et le Roi lui fit face. Il sût que la partie était gagnée au moment où l’homme perdit soudainement tout désir de se battre, tout désir de vivre, se retrouvant sur le sol à genoux, les mains resserrées sur la lame enchantée qui contrôlait maintenant parfaitement son esprit.

Le Monarque laissa tomber le cadavre du précédent adversaire pour se tourner vers celui qui se trouvait maintenant devant lui, dénué d’esprit combattif. Mettant un genou en terre, il retira la capuche de l’assassin et tira une tête incrédule en se rendant compte que son ennemi… était une femme. Le Roi inspecta la demoiselle sous toutes ses coutures; c’était clairement une femme originaire de Meisa, avec la peau basanée typiques des habitants. Le dirigeant lui mit une main sous le visage et la força à le regarder dans les yeux.

-Qui t’envoie? Qu’espérais-tu gagner en t’opposant à moi?
-Je… ne sais pas… qu’est-qu…

Elle gémit alors de douleur et se mit à cracher du sang avant que d’un coup brusque, toute la vie se trouvant dans le corps de la demoiselle lui file entre les doigts. La jeune femme était morte. Le Roi sut alors qu’elle n’était pas une sympathisante, mais une victime, tout comme son compagnon. Il n’avait pas besoin de les connaître pour se sentir chagriné de leur décès. Il savait qu’il n’avait pas plus de temps à perdre, aussi se contenta-t-il de les adosser à un arbre, liant leurs mains car même s’il doutait que ces personnes aient été réellement proches, elles ont connu la mort ensemble. « C’est la seule sépulture que je puisse vous faire pour le moment. Mais je reviendrai pour vous. » Plus que jamais, il commençait à croire que ce n’était pas l’œuvre d’une seule personne; quelqu’un le surveillait, et cette personne ne pouvait pas être en train de répandre une peste tout en lui envoyant des assassins s’il devait les manipuler. Et il ne connaissait pas des masses de personnes qui pouvaient manipuler l’esprit des gens. C’était plus commun que les sorciers, certes, mais rares tout de même.

Après quelques minutes de marche, il avait enfin atteint la Retraite du Guerrier. Lorsqu’on parlait de villes en Meisa, on parlait le plus souvent d’Eist’Shabal, ou Ferdorage, la cité naine sous les montagnes septentrionales, ou Werdenmiel, la Communauté elfique se trouvant au cœur de la Forêt d’Ambre, mais les guerriers retraités ne se sentaient pas confortables dans une vie paysanne, dans la campagne. À la place, sans même demander le soutien du Roi, ils s’étaient rassemblés avec leurs familles et avaient créé cette petite ville et avaient même creusé la montagne pour se créer un accès à la mer par le Nord. Il fallait bien deux heures pour traverser la montagne, mais  cela ne gênait pas leur économie locale, basée principalement sur les services militaires et l’exportation des minerais Nains, ceux-ci détestant particulièrement la mer au point de refuser avec véhémence d’y « refoutre les pieds ». Les anciens combattants pouvaient ainsi se reconvertir marchands ou simplement transporteurs. Les nains avaient même accepté de leur céder une part de leurs minéraux en échange de leurs vivres cultivés dans les Grands Jardins, au beau milieu de la ville.

Le Roi s’infiltra dans la place fortifiée et se mit à marcher dans les rues, provoquant quiconque de s’en prendre à lui, et il dressa même un énorme bouclier d’énergie autour de la ville tout entière, empêchant les pillards et les brigands de fuir. Les dés étaient jetés; qu’est-ce qui attendait l’Immortel en cet endroit?

-On ne s’attaque pas à mes gens sans subir mon courroux, s’enragea le monarque.

Il se dirigea alors vers l’un des rares endroits à encore avoir de la lumière, en dehors de la taverne mise-à-sac.

Alessa

-Mais qu’est-ce que cette gar… ARGH!

Alors qu’il s’apprêtait à s’attaquer à Alessa, l’un des rares imbéciles à ne pas pouvoir reconnaitre une combattante au premier regard vit son bras se plier dans un angle surprenant. La femme lui agrippa alors le col et le mit au sol avant de lui flanquer un grand coup de poing sous le menton, lui éclatant très certainement quelques dents de la bouche, avant de se tourner vers son comparse en se frappant dans la main. Un peu d’action, pour une Meisaenne qui venait de passer la journée à ouvrir des cadavres inertes, ce n’était pas refusable. En deux temps trois mouvements, néanmoins, elle avait déjà fait tomber le second colosse sur ses genoux, lui flanquant ensuite un coup de pied derrière la tête pour l’envoyer au sol, inconscient. Satisfaite de son travail, la Meisaenne prit même le loisir de signer son travail avec son poignard, coupant un joli « A » sur les vêtements des deux agresseurs. Son pressentiment s’était donc avéré juste; quelqu’un sabotait les efforts des guérisseurs pour enrayer la maladie. Elle menotta prestement les deux hommes puis elle sortit de sa tante, faisant apparaître sa longue claymore dans sa main droite. Des cris commencèrent à se faire entendre dans la grande tente, et elle comprit donc qu’il ne s’agissait pas que d’un petit groupe d’assassins, mais bien d’un raid. La Meisaenne se dirigea au pas de course vers la source des cris et tailla la toile de la tente pour entrer dans un bond. Une des infirmières se débattait contre son assaillant alors que celui-ci s’affairait à lui arracher sa robe, mais lorsque l’homme se rendit compte de la présence de la Meisaenne, le pied nu de celle-ci vola vers son menton et le décolla de terre, l’envoyant sur le dos. Ne pouvant pas se relever suite à ce coup brutal, la guerrière marcha lentement sur lui, lui écrasant les joyeuses sur son passage.

-Bravo à l’efficacité de la Garde Civile… Raphaelle va se prendre un de ces savons quand je vais rentrer…

Portant deux doigts à ses lèvres, elle lâcha un sifflement retentissant qui alerta automatiquement la garde. Remarquant la présence de Shunya dans la tente, elle remarqua aussi les deux hommes qui essayaient de la chopper, qui venaient de se retourner pour la voir. Elle leva alors une main vers eux et referma le poing. Les deux intrus furent alors projetés l’un contre l’autre et leurs deux corps lâchèrent des craquements bien sonores. La Meisaenne planta sa lame dans le corps de l’assassin avant de s’approcher des autres intrus en faisant craquer ses jointures, se plaçant devant Shunya et Monica pour les protéger des assaillants.

-Restez derrière moi et préparez-vous à sortir dès que je vous en donnerai le signal. Le campement est assiégé.

Bien qu’elle ignora encore l’identité de leurs agresseurs, elle savait que toutes les guérisseuses étaient potentiellement importantes dans le combat contre la maladie. Mais elle savait aussi qu’elle était seule contre possiblement plus d’une dizaine d’individus; elle avait beau être forte, elle n’était pas le Roi; deux assaillants tués par magie, ça demandait beaucoup de son Endurance, et elle doutait franchement pouvoir tous les abattre. Elle sauta néanmoins dans le tas et se mit à combattre, comme elle savait si blen le faire, pour maintenir les assaillants loin des infirmières, qui se rassemblaient toutes derrière Shunya et Monica. Vivement l’arrivée des tekhanes.

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 13 vendredi 20 septembre 2013, 02:15:09

WALLIN

« Où sont Mathias et ses hommes ? »

Les hommes discutaient dans la cave de l’auberge. Personne n’était à l’étage, mais on ne perdait pas les bonnes vieilles habitudes. Wallin les avait contournés, passant par une maison à proximité, afin d’arriver dans une espèce de ruelle longeant l’auberge. Il y avait des regards permettant de voir à l’intérieur de la cave, et il s’était positionné là, afin de les écouter. Il avait légèrement écarté le regard, et pouvait, en se penchant bien, entendre les bruits émanant de la pièce.

« Ils sont en train de jouer aux billes avec Saint-Pierre...
 -  C’est vraiment la merde ici... Pourquoi le Boucanier a voulu qu’on se regroupe ? On va tous y passer !
 -  Douterais-tu de sa sagacité ? Le Boucanier savait que les choses dégénéraient à ce point. Il savait que la maladie allait éclater, et ravager le pays. »

Voilà qui devenait intéressant. Wallin restait méfiant, regardant prudemment autour de lui. En temps normal, l’endroit serait probablement surveillé, mais il n’y avait visiblement plus assez de crapules pour s’assurer de ça maintenant. Le vieux guerrier restait tout de même vigilant, tandis que les truands s’agitaient. Le Boucanier... Ce nom ne disait rien à Wallin, et il regretta de ne pas avoir avec lui un habitant de la ville, comme un détective. Il ne faisait pas confiance aux soldats, étant, après tout, un Nexusien. On ne pouvait jamais vraiment savoir à qui la loyauté d’un soldat allait, en définitive. Et Wallin ne tenait pas à commettre un faux pas... Pas si la vie de Lysia était en jeu. Il attendait encore, sous le froid, quand il entendit des grognements sinistres.

Le Boucanier venait d’arriver, et était accompagné par deux monstres à la peau écailleuse. Wallin pencha sa tête par le regard, et déglutit en voyant deux wyverns, des espèces de dragons incapables de cracher du feu, et plutôt petits. Deux épais colosses avec des machettes tenaient les wyverns par de lourdes chaînes en fer. Les wyverns claquaient dangereusement en sifflant. Seuls les druides parvenaient à apprivoiser ces redoutables monstres. Si les gardes relâchaient les bêtes, elles tueraient tout le monde.

« Messieurs... Je suis heureux de voir que vous êtes tous là en ces temps de malheur et de disette... »

Le Boucanier était entre les deux hommes. Il avait une peau basanée, et, à la place d’une machette, une épée de corsaire, ainsi que quelques cicatrices. Wallin fronça les sourcils, et reconnut, sur sa main, un tatouage. Une sirène noire avec des gouttes de sang au bout de sa queue. Il reconnaissait ce tatouage, car il l’avait déjà aperçu sur les navires menant à Nexus. Des pirates. Des individus dangereux.

« Qu’est-ce que tu veux faire ? La peste nous décimera tous !
 -  Hommes de peu de foi..., rétorqua le Boucanier en soupirant. Je vous avais dit que la peste viendrait... Je te faisais confiance, Joshua, mais tes hommes ont échoué. La fille s’est échappée !
 -  Je n’y peux rien » se défendit l’intéressé.

Tout d’un coup, les hurlements des wyverns semblèrent redoubler d’intensité.

« Je n’aime pas les excuses... Il nous faut cette femme !
 -  A... Attendez, attendez... Je… J’ai retrouvé sa piste…
 -  J’attends, mais tu devrais savoir que ma patience a ses limites...
 -  Elle... La peste l’a eu... Elle est au camp médical public. J’ai envoyé mes hommes pour la retrouver, et la ramener.
 -  Le camp est défendu...
 -  J’ai foi en mes hommes. »

Wallin en avait assez entendu. Il savait où était Lysia, et c’était le plus important.



SHIZUKA SHUNYA

Shizuka étouffa un bâillement en marchant. La nuit promettait d’être longue, surtout si elle commençait à végéter. Elle sentait son corps endolori, ses muscles souffrir. Elle dormait sur un matelas de fortune, et il était tentant de se coucher, juste quelques minutes, de fermer les yeux, de ne plus sentir l’odeur moribonde des patients... Mais Shizuka savait que, si elle le faisait, si elle se laissait aller, elle s’écroulerait. Aucune des infirmières en la réveillerait, car elles estimaient toutes que Shizuka travaillait trop, et devaient se reposer. Cependant, Shizuka refusait à ce que quelqu’un meure parce qu’elle était trop fatiguée. Il y a à peine dix minutes, elle avait réussi à ralentir la maladie ravageant le corps d’un pestiféré. Sa propre magie l’empêchait de recevoir la peste, mais elle pouvait la récupérer, si elle insistait trop... La peste, après tout, était contagieuse.

La guérisseuse marchait dans les allées, quand elle entendit une femme toussoter à côté d’elle.

« Ma... Madame... »

Shizuka tourna la tête. C’était une femme blonde, de son âge... Elle devait être très belle, mais ses traits étaient creusés, ses cheveux salis, et elle toussait bruyamment, les poumons en feu.

« Il faut vous détendre, Madame, le temps que les médicaments agissent... »

Elle secoua la tête.

« Il... Écoutez... Écoutez-moi... Il... Il faut aller... L’auberge de l’Ours Dansant... Ma chambre... La porte n’est pas fermée... Vous devez... La clef... »

Elle se mit à éternuer, et Shizuka se rapprocha, essayant de lui donner un calmant. Les doigts rapiécés de la femme se crispèrent alors à son poignet. Elle avait des mains froides comme la mort, et Shizuka comprit, sans aucun doute possible, que cette femme ne survivrait pas. Elle ne passerait pas la nuit. Shizuka se mordilla les lèvres, et constata que le regard de la femme, bleu acéré, était planté dans le sien.

« La clef... La clef... La crypte… Il faut l’ouvrir, entrer… »

Mais de quoi parlait-elle ? Shizuka avait du mal à comprendre ce que cette dernière voulait lui dire. Elle entendit soudain des bruits derrière elle, et eut à peine le temps de se retourner qu’elle vit des hommes s’approcher.

« Mais que... ?
 -  La ferme ! »

Le ton de l’homme était autoritaire, et il gifla sèchement la guérisseuse. Elle poussa un cri en sentant la douleur exploser dans sa joue. Qui étaient ces gens ? Que voulaient-ils ? La panique se mit à s’emparer du cœur de Shizuka, faisant battre ce dernier à toute allure.

« Trouvez la fille, vite ! »

Shizuka cligna des yeux.

« Que... C’est un hôpital ici, nous n’avons rien à...
 -  Mais ta gueule, merde ! »

Elle se reçut une autre claque, forte, et tomba sur le sol. Une main la souleva par l’épaule, et la plaqua vigoureusement contre le mur. Elle vit une lame devant elle, des yeux injectés de sang... Elle avait l’impression qu’un démon se tenait devant elle, lui postillonnant à la figure... Quand du sang explosa de son cou, atteignant son visage. Le tueur émit un soupir, et tomba lourdement sur le sol, du sang jaillissant de sa gorge, alors qu’il se mettait à gargouiller en tenant inutilement sa plaie. Le sang filait à toute allure, sans retenue.  Shizuka vit une femme se tenir devant elle, une infirmière... Qui ressemblait alors à tout, sauf à une infirmière.

« C’est qui, cette pute ?
 -  On ne peut pas partir sans la fille, Joshua nous tuera sur place ! »

La fille ? Ils devaient sûrement parler de la patiente qui lui avait parlé de l’auberge... Shizuka avait mal à la joue, comme si elle était en feu, et cligna des yeux, paniquée.

« Mais qu’est-ce qui se passe ?! »

Shizuka était complètement terrorisée, et sentit Monica se rapprocher d’elle, comme pour tenter de la rassurer.

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 14 samedi 21 septembre 2013, 05:14:42

[Pardonne cet usage du « deus ex machina », mais bon, comme l’horloge tourne et que le Roi bénéficie de moyens non conventionnels pour obtenir de l’information… je m’en sers, mais promis, je ne le referai plus.]

Le Roi

Le Roi n’avait pas tout saisi de la conversation du Boucanier avec ses hommes, mais grâce à ses talents… non, plus honnêtement, son sacré coup de veine d’avoir capté la bonne conversation, il avait enfin une piste, une vraie de vraie. Une femme. Ces hommes cherchaient une femme. Parfait. Peut-être la sorcière? Non, elle avait attrapé la peste, et les sorcières étaient immunisées contre les effets de la maladie. Mais elle semblait avoir une importance capitale, du coup, il fut très intéressé par ce qu’il disait. Une femme affectée par la peste. Elle avait déjà dû se rendre à l’hopital de fortune qui se dressait au village campagnard. « Au moins, je sais que je n’ai aucune raison de m’en faire », se rassura-t-il. Après tout, Alessa y était et si quelqu’un pouvait avoir sa totale confiance, c’était bien la Matriarche des Meisaennes. Cependant, il n’avait aucun moyen de lui faire parvenir un message; il ne pouvait pas la toucher de ses pensées à une telle distance, cela dépassait ses capacités actuelles, et s’il tentait d’user de la magie, il risquait d’alarmer les pirates et eux n’hésiteraient pas à ordonner un massacre pour s’éviter le trouble de chercher; vaut mieux moins que rien. Cependant, il ne pouvait pas laisser le Boucanier agir à sa guise, et puis il semblait avoir des informations très intéressantes quant à l’origine de cette Peste artificielle; et il voulait cette information. En tant que Roi, il s’était fait la promesse d’éliminer les menaces, et le cancer qui ravageait son pays n’avait déjà que trop durer; il devait sévir, et neutraliser ce qui gangrénait son pays.

Il se tenait maintenant devant l’entrée de l’auberge. Des hommes armés le maintenaient en joue de leurs arbalètes et arcs. Le Roi ne les craignait pas pour autant. D’autant plus que pour l’effrayer, il faudrait déjà avoir quelque chose de plus imposant qu’un petit lance-dard. Vêtu de son manteau blanc, le Roi ne laissait pas le loisir à ses ennemis de reconnaître son visage, qui était masqué d’une capuche. Dans sa main droite, il tenait Ehredna, toujours enfermée dans son fourreau, alors que sa main gauche se chargeait lentement d’énergie. Pourquoi lentement? Pour l’effet dramatique, déjà, et surtout parce que cela lui permettait de bien jauger la résistance à laquelle il faisait face, loin de lui l’intention de flamber une auberge au complet faute d’avoir bien dosé la force de ses sortilèges. L’un des hommes regarda son voisin.

-Hé, m’sieur, y’a un type devant, on l’descend? Demanda-t-il, avec un trouble si sincère que cela en était triste.
-D’après toi?
-Bah, je demande.
-Non, justement, tu ne demandes pas; tu fais selon les ordres.
-Oui mais les ordres, ce sont ceux d’un…
-Imbécile, fit le Roi, découragé.
-Euh… oui, mais ne lui dites pas en face.
-Tiens, j’vais m’gêner, rétorqua-t-il sur un accent presque marin.

Maintenant qu’il avait bien rigolé, il en avait vraiment marre de la tête de l’autre crétin; manquer de discipline, passe encore, mais franchement, c’était presque vexant de voir qu’un village entier de guerriers avait été soigneusement nettoyé par un groupe qui accueillait un tel abruti. Il leva sa main droite et tout en expirant, il lâcha sur ses ennemis une salve d’éclairs noirs. La particularité de ce genre de magie, c’est que plutôt que de tuer un ennemi en une fois, comme un éclair normal, l’intensité de ces éclairs étaient moindre, et du coup, particulièrement douloureux. Les corps se mirent lentement à brûler alors que de terribles cris d’agonie se faisaient entendre dans la nuit. Le Roi continua de canaliser sa magie jusqu’à tuer les six gardes d’un coup, sentant sa force magique s’envoler après ce premier assaut. L’avantage, c’est qu’au moins, il ne prenait pas bien longtemps avant de récupérer, et donc il n’hésita pas plus longtemps pour foncer vers une des fenêtres et l’enfoncer, exécutant une roulade et se retournant pour voir deux gardes qui tenaient la porte bien fermée. Il les regarda tour à tour et haussa un sourcil.

-Enfin, les gars, les types malins, ils n’entrent pas par la porte…!

Non, les types malins savaient que quelqu’un essaierait de la garder fermée. Les deux gardes tentèrent d’agripper leurs armes, mais Ehredna fila droit vers leurs deux coups, alors que le Roi exécutait un bond pour réduite la distance entre eux. La vitesse de son coup était telle que sa lame trancha net les cous sans les toucher; la lame semblait avoir pris deux centimètres de longueur, juste assez pour les toucher. Il brûla immédiatement les cadavres, préférant s’en charger maintenant que de laisser de pauvres gens voir ce massacre. Son manteau blanc étant maintenant tâché (encore!) de sang, il le laissa simplement tomber, récupérant au passage les quelques fioles qui s’y trouvaient, alors qu’il descendait, lentement, chaque marche qui menait vers le sous-sol, saluant poliment un des gardes qui, sous la terreur, venait clairement de relâcher tous les muscles de son corps, et vu l’odeur, c’était plutôt triste. Une fois en bas, il dévisagea les deux Wyverns qu’il avait senties auparavant et, vus les grondements qu’elles lui adressaient, il savait qu’elles ne le craignaient pas. Tant meux. Il leva alors les yeux vers le Boucanier et le dévisagea avant de planter Ehredna dans le sol devant lui.

-Bonsoir, monsieur le Boucanier. Je ne doute pas un seul instant que vous savez qui je suis, et mes méthodes pour savoir qui est celui qui me parle vous donnerait une effroyable impression d’avoir été violé dans votre jardin secret. Pardonnez mon impolitesse, mais j’ai cru comprendre que vous ayez été au courant de la récente épidémie de peste avant qu’elle ne soit déclenchée sur mon royaume. Donc, vous allez me faire le plaisir de tout me dire de gré… sinon, vous comprendrez que mort ou vif, je n’aurai aucun mal à vous soutirer l’information… Et laissez-moi vous dire, au cas où vous ne me croiriez pas, que vos clowns ne forment même pas le tiers de vos forces qui ont, il me semble, pris la route. Alors, voici ma question; comment savez-vous que la Peste arriverait? Et ensuite, bien entendu… Puisque vous êtes vous-même dans l’impossibilité de déclencher une épidémie… qui sont les responsables derrière cette situation?

Les questions étaient claires et limpides, mais le Roi ne se faisait aucune illusion; les pirates n’étaient pas reconnus pour avoir la parole facile; beaucoup préféraient se donner la mort plutôt que de coopérer. Mais le Boucanier semblait plus être du genre de racaille qui préfèrerait laisser les autres se salir les pattes pendant que lui prenait la poudre d’escampette et sauvait sa propre peau.

Alessa

Alessa avait réussi à repousser les pirates hors de la tente. Dehors, les membres de la Garde Royal en avaient plein les bras avec les autres qui échappaient à ses coups. La tente était néanmoins sécurisée, avec les patients et les infirmières indemnes. Alessa ne se fatiguait pas, continuant de combattre à mains nues les étrangers. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois ou un idiot s’en était pris à Meisa. Ah, si. Le Roi à son arrivée; première chose qu’il fait, c’est faire la pagaille et tuer le dernier homme de sa race. Mais elle ne lui en voulait pas; l’autre type était une ordure de première, et elle était bien contente de s’en être débarrassée. Reste qu’à chaque fois qu’un type essaie de s’attaquer à la population, le Roi est soit trop occupé soit trop bête pour prendre les mesures nécessaires. Vu le nombre des pirates, elle s’était attendue à une meilleure résistance, mais beaucoup commençaient déjà à se retirer des combats. C’était inexplicable, avec un peu plus d’efforts, ils auraient eu l’avantage! Mais enfin, ce n’était pas elle qui allait se plaindre de cette retraite. Elle se retira dans la tente et inspecta sommairement les blessées avant de se tourner vers Shunya et lui caressa la joue en l’inspectant, pour la réconforter. Visiblement, il y avait plus de peur que de mal, et c’était tant mieux. Les chocs émotifs, à ses yeux, étaient beaucoup plus faciles à réconforter que les traumatismes dus aux blessures, surtout que cette petite puce avait encore une peau de bébé. Parlant de la peau… la Meisaenne fut même tentée de continuer à la caresser, parce qu’un tel grain de peau, tristement, elle l’avait perdu avant même d’avoir atteint l’âge de la jeune demoiselle. Ah, la vie de guerrière et les longues expositions au soleil, ça ne réussit pas la peau, clairement. « Je veux une peau comme ça, bon! » fit une petite partie puérile dans un coin de son esprit, mais elle revint rapidement à la situation et évita que celle-ci ne laisse place à un étrange malaise, retirant donc sa main de la joue de la petite demoiselle, avant de se tourner vers une infirmière qui venait de crier. Elle remarqua alors la jeune femme qui s’était adressée à Shunya et se rua à son chevet.

-Elle va mourir, elle…
-Tais-toi, bon sang, et donne-moi plutôt une dose d’adrénaline. Dans le sac. Non, non, l’autre poche. Merci.

Sans prendre une seule seconde, la jeune femme enfonça l’aiguille d’une petite seringue tekhane (vous savez, le genre avec un capteur et une aiguille mobile qui trouvait la veine sans pouvoir possiblement la rater) dans le bras de la demoiselle. D’un coup, celle-ci se redressa en gémissant, ravivée. Mais la Meisaenne savait que cet état d’éveil n’était que temporaire, mais il y avait une autre partie à son plan que normalement seules les tekhanes, avec leurs machines, pouvaient réaliser; elle plaça ses mains au-dessus du corps de la jeune demoiselle et un étrange cocon translucide se forma autour d’elle. Chez les Tekhanes, c’était une machine qui produisait ce cocon, mais en Meisa, la magie suffisait; c’était un cocon de pause. En fait, le principe était tout simple; le corps du sujet restait mobile, vivant, mais sa situation sanitaire se mettait sur la pause; la Meisaenne s’était ainsi assurée que la jeune demoiselle ne meurt pas, mais puisse tout de même rester active, du moins, tant que le sort la maintiendrait dans cet état, ce qui pouvait être autant une question d’heures que de minutes.

-Je sais que tu as mal, mais je ne peux rien faire de plus pour le moment. Je…

Elle fut interrompue par des bruits de combat et des hurlements de douleur à l’extérieur. Sachant que le temps lui manquait, elle se rua vers la sortie pour découvrir qu’à l’extérieur, ses hommes se faisaient massacrer par un colosse. Un géant de trois mètres, tout vert avec le pantalon déchiré (clin d’œil à un bon copain à moi… en fait, c’est vraiment une copie du Hulk… en moins puissant, pour éviter la ruine du royaume xD). « Oh putain, OH putain, OH PUTAIN…! » fit la Meisaenne, les yeux ronds comme des balles de billards. Comment Anastasia avait fait pour louper ce géant? Elle l’ignorait, mais il n’était pas normal qu’un tel monstre passe inaperçu. Ou alors… peut-être par le désert. Peut-être. C’était un gros peut-être, mais Anastasia n’aimait pas se promener dans le désert, à cause du soleil qui lui agressait la peau. Enfin, elle n’allait pas blâmer Anastasia; ce n’était pas une soldate, mais une volontaire qui donne un coup de main quand elle pouvait. À la place, elle se précipita vers le colosse, agrippant son épée au passage, puis elle attira son attention en hurlant à son encontre. La bête, surprise, se tourna vers elle et la regarda de son air abruti. Il poussa alors un cri menaçant et se précipita vers elle, se déplaçant de côté sur ses mains et pieds comme un gorille à la charge et se servit de cet élan pour frapper de son poing la femme, qui bloqua le coup, mais qui s’envola tout de même dans les airs avant de faire une chute de quatre bons mètres et de frapper douloureusement le sol. Son épée décrivit quelques cercles avant de se planter dans le sol, aux pieds du monstre. Elle grogna et tenta de se relever… alors qu’un groupe de femmes en armure apparaissaient, sortant d’un portail bleu typique des mages de Meisa. La femme de tête s’approcha et se posta aux côtés de la Meisaenne au sol.

-Taem, au rapport. Quels sont les ordres, Matriarche?

Deux femmes aidèrent la dame à se redresser, malgré ses os brisés. Entre deux cris de douleur, la matriarche parvint à lâcher son ordre.

-Butez-moi ce fils de pute!
-Entendu. Meisaennes, vous avez l’autorisation d’user de la force létale. Pas de quartiers.

Les femmes retirèrent alors leurs inhibiteurs, des casques  qui couvraient l’entièreté de leur visage, révélant leur peau brune et leurs cheveux blancs. Taem ressemblait beaucoup à Alessa, mais contrairement à la Matriarche, elle n’avait pas les yeux bleus, mais des yeux dorés, comme toutes les autres Meisaennes. La chef d’équipe agrippa un arc, ainsi qu’une flèche et visa le monstre, qui commençait enfin à s’intéresser à elles. Le monstre s’apprêta à charger, et Taem fit feu, décochant une flèche qui le frappa à l’épaule. Le trait ne perça que la peau, mais pas les muscles. Elle et ses sœurs abandonnèrent donc l’idée du combat à distance et se mirent à ruer le monstre. Bien peu de gens avaient déjà eu l’occasion de voir un commando de Meisaennes au combat, surtout pour en parler. On parlait des assassins professionnels du Roi Immortel de Meisa comme ses concubines; elles étaient là, mais on ne les voyait que rarement, voire pas du tout. Taem était armée de deux gants de combat, avec des plaques de métal renforcés, ainsi que des bottes solides. Sa force était telle qu’elle immobilisa le monstre d’une main et de l’autre, elle frappa, le faisant reculer. Les trois autres Meisaennes, armées de lames recourbées, sautèrent à leur tour à l’assaut de la bête, dans un mouvement parfaitement synchronisé.

Alessa peina à se redresser. Elle aurait voulu admirer le spectacle un peu plus longtemps, mais quelque chose de sinistre approchait, elle pouvait le sentir. Le monstre n’était qu’un avant-gout. Quelque chose approchait de Meisa, elle le sentait au travers du Lien. Elle se tourna vers les quelques gardes qui avaient accompagné les combattantes au travers du portail.

-Quelle est la situation en Eist’Shabal?
-La Peste a commencé à toucher les citoyens. Nombres de notre force militaire a été décimée par la maladie, et beaucoup de nos gens ont été placés en état de stase pour éviter la progression de la maladie.
-Et les tekhanes?
-Un vaisseau médical a été envoyé… mais il a été abattu en traversant l’océan, on ne sait pas par quoi.
-C’est une attaque… Quelqu’un nous sabotage de l’intérieur pour que d’autres nous agressent de l’extérieur…
-C’est aussi l’avis du Conseiller Aglaë. Le Conseiller Alexander a pris la direction d’un Escadron Dragon et ils sont en ce moment même en train de sillonner le ciel.
-Et Raphaelle?
-Elle est en stase.

La situation s’aggravait. Mais comme l’a dit le père du Roi, pour envisager une riposte, il faut d’abord organiser sa défense. Taem et les filles semblaient gagner du terrain face au monstre, et les rares pirates qui continuaient de se battre s’amenuisaient. Le soldat regarda la Meisaenne un long moment puis il prit une inspiration.

-Madame? Puis-je émettre mon opinion?
-Oui?
-Je crois que les responsables sont l’Ordre Immaculé.
-Foutaise. Ils sont ambitieux, mais ils n’oseraient pas une guerre ouverte contre Meisa.
-Pourtant… un des pirates portait ceci autour du cou.

Le soldat tendit un pendentif en argent à la Meisaenne, qui le saisit entre ses doigts pour l’inspecter sous toutes ses formes. Elle jeta un coup d’œil derrière et hocha de la tête. Cela provenait bien de l’Ordre… mais il ne fallait pas sauter aux conclusions; quelqu’un pouvait très bien assassiner un représentant de l’Ordre et lui voler ses breloques… mais le doute subsistait.

-Tuons ce monstre et voyons ce qu’on peut faire. Et envoyer une unité protéger Shizuka Shunya et ses camarades; ce sont nos seules guérisseuses. Placez-vous sous leurs ordres, mais la priorité numéro un est de les garder en vie. Exécution.


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