D’après des registres et des livres que Lara avait trouvé dans l’immense bibliothèque de Nexus, il y a environ cinq siècles, une équipe d’explorateurs menés par Sir Arthur Longfrey, un noble nexusien qui avait un goût pour l’exploration, et disposait de colonies d’épices dans des territoires tropicaux vassalisés à Nexus, avait fait, dans une immense et luxuriante jungle, particulièrement dangereuse, une découverte singulière. Les carnets de notes de Longfrey croustillaient de détails sur cette jungle dangereuse., exotique, immense et profonde. Des créatures sinistres, novices, maléfiques, hantaient cette jungle, et, au milieu de cette dernière, il y faisait mention de tribus autochtones, des sauvages qui, à l’aide d’objets magiques, de cristaux, avaient réussi à s’installer, et à dresser une sorte de culte. Ils y décrivaient des rites barbares, et indiquaient que l’endroit abritait des trésors secrets et enfouis. Cependant, l’exploration n’avait jamais pu atteindre son but, l’endroit étant bien trop dangereux. Longfrey était parti, et avait contracté dans la jungle la malaria. De retour à Nexus, il n’avait réussi qu’à coucher ses notes, avant de mourir. Si d’autres expéditions avaient par la suite eu lieu à Ingleria, personne n’y faisait plus mention, et la jungle avait conservé ses secrets.
«
C’est ici... » annonça son guide.
Lara Croft était à dos de cheval, partie depuis plusieurs jours maintenant d’une grande ville. En suivant, à l’aide d’une carte, de sa tête, des notes de Longfrey, ainsi que de glossaires, elle avait réussi à localiser l’emplacement d’Ingleria, la fameuse jungle. Nexus regorgeait de forêts et de jungles dangereuses. Il y avait Brokilone, une forêt de dryades, extrêmement hostiles aux étrangers, Zerrikania, une jungle qui était également réputée pour être l’un des endroits les plus dangereux au monde de Terra, avec ses redoutables mouches tsé-tsé qui pondaient des œufs directement dans votre cerveau, et ses araignées géantes mangeuses d’hommes. En quête d’exploration, Lara n’avait pas spécialement peur de tels endroits, mais elle se disait qu’Ingleria pouvait l’intéresser, en raison des constructions archéologiques, et de la possibilité de trouver une relique magique capable de commander à la Nature.
Elle avait trouvé un guide qui avait accepté de la mener à la lisière d’Ingleria. En trouver un lui avait pris plusieurs semaines. Ils venaient d’une ville à proximité, une belle ville marchande, mais, à la simple mention d’Ingleria, les visages se fermaient, les regards devenaient hostiles, et on murmurait dans son dos. Elle avait été dans des petits villages, espérant délier les langues des personnes âgées, sachant par expérience que les vieux aimaient bien parler... Et elle n’avait pas été déçue. Ingleria, lui avait-on dit, était un endroit maudit. Sa beauté cachait les graines et les racines de la mort. Outre les animaux sauvages, les vieux parlaient aussi d’un culte maudit, voué à des Dieux païens, qui, jadis, capturaient les habitants. Ceux qui arrivaient à Ingleria n’en repartaient jamais. Les habitants d’Ingleria étaient appelés les «
Maudits ». Ils capturaient ceux qui s’égaraient. Beaucoup de pères, de grands-frères, d’amants, étaient partis à Ingleria récupérer Ceux-Qui-Avaient-Été-Pris, mais n’en étaient jamais revenus. Ingleria, à jamais, conservait ceux qui entraient en elle, et personne, jamais, n’en ressortait en vie. D’un certain point de vue, même Longfrey n’échappait pas à cette règle, puisqu’il était parti avec la malaria.
Il fallait cependant plus que quelques réflexions métaphysiques et des superstitions pour repousser la courageuse Lara Croft. Elle avait exploré les profondeurs de la Terre, s’était perdue dans les profondeurs du Mexique, dans les eaux glaciales de l’Océan Arctique, à la recherche du Mjöllnir, le Marteau de Thor.
Le guide l’avait conduit le long d’une montagne, et, en contrebas, on voyait une partie de l’immense jungle d’Ingleria. Il y avait des cours d’eau, des montagnes, et de nombreux arbres. Le guide n’était cependant pas très rassuré, assez nerveux.
«
Voici votre or. »
Lara lui tendit une bourse pleine. Le guide l’avait escroqué avec l’or, mais il avait été le seul à accepter de la conduire à Ingleria, le long de canyons et de gorges tortueuses. Il ne compta même pas l’or, mais se permit de regarder Lara.
«
N’oubliez pas ce que je vous ai dit. Personne ne sort de cette jungle maudite. -
Alors, il est temps pour moi de briser les traditions. »
Il ne dit rien, l’observant encore un peu, trouvant sans doute regrettable qu’une si belle fille aille mourir dans cette forêt. Ensuite, il éperonna son cheval, et s’en alla. Lara reporta son attention sur Ingleria. Elle avait amené avec elle un bon équipement. Outre des jumelles très précises, elle s’était équipée de puissants pistolets tekhans, deux
Hornbill accrochés à sa ceinture.
«
Bon... Et bien, allons-y... »
Elle suivit un sentier descendant avec son cheval, qui lui permit de se rapprocher de la lisière de la forêt. Lara sauta au sol, et s’avança. Elle entendait les bruissements habituels de n’importe quelle jungle, et chercha un endroit où s’asseoir, afin de commencer à écrire des notes, pour la postérité.