Une neko dans la ville (Pv Félicia)

Depuis combien de temps courait-elle à travers ces bois ? Elle ne saurait le dire. *Pas assez.*, pensait-elle. Plus la neko mettrait de la distance entre elle et ses poursuivants, mieux elle se portera. Et elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur, que si elle avait le malheur de se faire attraper, elle payerait son geste au centuple, et qu'elle n'en ressortirait probablement pas indemne, ni même vivante. Non, elle devait courir, c'était sa seule chance de salut. Isabella avait pour seuls vêtement une culotte blanche, classique et sans aucun motif, ainsi qu'une sorte de nuisette bleu ciel, qui lui arrivait à hauteur des cuisses. Ses jambes et ses pieds étaient nus, et étaient la proie de nombreuses griffures et éraflures infligées par la végétation, qui constellaient sa peau de rougeur plus ou moins vives. C'était certes un petit peu douloureux, mais les priorités de la neko étaient ailleurs, et ses blessures finiraient par guérir assez rapidement.

Au loin, elle parvint à déceler de la lumière plus vive. L'orée de la forêt. Elle était arrivée aux limites, et à partir de maintenant donc, la végétation ne pourraient plus la cacher, elle devra faire preuve d'ingéniosité si elle voulait s'en sortir. Ses poursuivants étaient-ils toujours à ses trousses ? Probablement. Elle n'en avait aucune idée, mais elle devait se préparer au pire. Les tambourinements de son coeur se faisait plus intense que jamais, et c'est la respiration haletante qu'elle franchit enfin les limites de la forêt...

- Huh ?!

Où était-elle ? Elle n'en avait absolument aucune idée, mais cela ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait connu...

Elle observa longuement les environs, surprise, immobile, tournant lentement sur elle-même... et sursauta en entendant quelqu'un crier.

- Haaa ! Perverse ! Va-t-en d'ici tout de suite, retourne chez toi !

Une femme s'approcha de la neko très surprise, et elle avait l'air assez contrariée, ce qui ne rassura pas du tout Isabella. Elle brandit alors son sac à main, déterminée à chasser cette exhibitionniste qui se pavanait dans les rues, mais les réflexes de la neko, affinée par sa douloureuse expérience en la matière, furent plus vifs, et elle détala promptement sans demander son reste.

C'est ainsi qu'elle se remit à courir, encore, à travers les rues d'une ville qu'elle ne reconnaissait pas.

- BIIIIP ! BIIIP !

Elle manqua à plusieurs reprises de se faire renverser par des carrosses métalliques sans attelages, qui parvenaient à se mouvoir tout seuls et à une vitesse hallucinante, un prodige qui ne manqua pas de l'étonner. Ses pas la conduisirent alors à une impasse, son coeur battait la chamade, et elle n'envisagea pas de faire demi-tour. Qui sait sur qui elle aurait pu tomber ?! Elle grimpa alors le mur qui lui barrait la route, très simplement grâce à son agilité féline, et atterrit avec souplesse de l'autre coté. Mais sa chute, bien qu'étant sur l'herbe, ne fut pas vraiment des plus discrètes...

Elle arriva en effet non loin d'un groupe de lycéens, assis pour la plupart, discutant avec entrain. Une dizaine de mètres plus loin, une piste d'athlétisme, sur laquelle des élèves sprintaient, sur l'une des longueurs seulement. Mais quoi qu'ils faisaient, l'arrivée de la neko attira l'attention de bon nombre d'entre eux, en particulier lorsque l'un des garçons s'écria.

- Oh les mecs, r'gardez la meuf en sous- vêtements !
- Wah elle s'est même déguisée en neko !
- P'tain j'hallucine, elle est en p'tite culotte et on voit presque ses tétons !

Et il suffit alors de quelques instants pour qu'une petite foule ne s'entasse près d'elle, la reluquant sans gêne et lui posant des tas de questions. « Qu'est ce que tu fais là ? », « Comment tu t'appelle ? », « T'habite où ? », « J'peux te caresser ? ». Isabella, adossée au mur, ne savait plus où donner de la tête, ni ne comprenait vraiment ce qui arrivait. Ce qui était sûr, néanmoins, c'était qu'au moindre signe de danger, elle n'hésiterait pas à se carapater vite fait !

« Allez, allez, on se remue, on se bouge ! Plus vite, Misashi ! Kaguro, allez !
 -  Mais j’en peux plus, M’dame...
 -  Pas de ça avec moi ! Allez ! On pense à inspirer, surtout, c’est essentiel !
 -  Mais... Comment vous faites pour ne pas être fatiguée, Madame ?
 -  Ça s’appelle l’entraînement régulier, ainsi qu’une bonne hygiène de vie. »

En tant que prof de sport à Mishima, Félicia devait assurer des cours d’éducation physique et sportive. La tare de tous les otakus de Mishima, surtout que Félicia était du genre exigeante, dans la mesure où, contrairement à la majorité des profs de sport, elle ne restait pas assise sur un banc à faire des comptes avec son chronomètre. Félicia participait en effet activement à l’activité sportive, et le faisait en courant avec eux pour l’entraînement au 3x500 mètres, une épreuve particulièrement ardue. Une épreuve où, exceptionnellement, elle devait rester sur le banc de touche, afin de chronométrer les élèves. Néanmoins, avant le début de l’épreuve, elle s’amusait toujours à faire la démonstration, sprintant sur 500 mètres, avant de défier les élèves d’aller plus vite qu’elle.

Pour le cours, Félicia portait un débardeur blanc et une minijupe sportive. Des vêtements serrés et qui épousaient superbement ses formes, en faisant un fantasme vivant. Il fallait bien ça pour motiver les élèves à remuer leurs postérieurs, même si certains avaient un trop fort embonpoint au ventre pour ressembler à autre chose que des limaces courant laborieusement sur la piste. Le cours se déroula tranquillement, jusqu’au troisième 500 mètres, où l’attention de ceux ayant déjà fait leurs tours de piste fut progressivement accaparée par un élément extérieur au cours. Étant occupée à chronométrer les élèves, Félicia ne le vit pas pour tout de suite. Elle notait le temps sur une feuille volante, puis les reportait ensuite rapidement sur une grille d’évaluation, afin de voir l’évolution des élèves. Naturellement, personne n’arrivait près de son score, mais ce n’était pas, en soi, particulièrement surprenant. Les élèves n’avaient pas des capacités surdéveloppées, et un passé de cambrioleuse d’élite.

« Rappelez-vous de marcher, lâcha Félicia. Si vous arrêtez immédiatement toute activité physique, vous allez avoir de méchantes courbatures. »

Elle savait qu’un 3x500 mètres était particulièrement épuisant, et que, quand on le terminait, le corps était en souffrance. Il était donc tentant de s’asseoir, mais c’était souvent le meilleur moyen de rentrer chez soi en ayant mal partout. Quand on demandait au corps un effort physique élevé, il fallait progressivement réduire la dose. Félicia leur conseillait donc de marcher. Ce fut assez progressivement qu’elle réalisa qu’il y avait un certain attroupement. Elle devait toutefois s’occuper des temps, et attendit donc que les derniers élèves arrivent pour se retourner, et marcha rapidement.

« Elle est sexy !
 -  J’ai jamais vu une tenue aussi réaliste… Tu me prêtes tes oreilles ? »

Il y avait une petite dizaine d’élèves formant un demi-cercle, et Félicia tapa fortement dans ses mains.

« Je peux savoir ce qui se passe ? » demanda-t-elle d’une voix autoritaire.

Les élèves sursautèrent, et s’écartèrent. Surprise, Félicia vit alors une autre étudiante, qu’elle n’avait encore jamais vu, en sous-vêtements, contre le mur. Elle semblait complètement déboussolée et désorientée, et, le plus étonnant, c’était de voir que son corps comprenait des ajouts félins : deux longues oreilles pointues et félines, ainsi qu’une queue de chat.

« Vous savez qui c’est, Madame ?
 -  Vous avez vu, on voit ses nibards !
 -  Il y en a vraiment qui ne doutent de rien... »

Félicia réagit rapidement.

« Bon, ça suffit ! Je vais m’occuper de cette jeune fille. Dispersez-vous ! »

Les élèves rechignèrent, protestèrent, mais s’écartèrent suffisamment pour que Félicia puisse s’approcher de la femme. Ce n’était pas une élève, mais bien une neko. Les élèves avaient heureusement été plus intéressés par sa poitrine que par ses oreilles, car ils auraient autrement compris qu’elle n’avait pas un cosplay. Félicia s’approcha lentement, restant toutefois à une distance raisonnable, et fléchit les genoux. Son corps la masquait de la vue des autres. Elle savait, vu l’expression des yeux écarquillés d’Isabella, qu’elle était terrorisée.

« Tu n’as pas à avoir peur, petite neko... Je m’appelle Félicia. J’imagine que tu ne comprends rien à ce qui t’entoure, n’est-ce pas ? »

Elle devait débarquer tout droit de Terra. Les Portails avaient parfois la fâcheuse manie de faire disparaître n’importe qui. Félicia tendit lentement la main vers elle.

« Je ne te ferais pas de mal. Dis-moi comment tu t’appelles. »

Elle espérait surtout que la neko irait prendre sa main. Elle était mignonne, mais semblait surtout complètement paniquée.