Un nouveau maître pour une apprentie (Magister Aetius Celestius)

Tout semblait calme, personne au château n’avait besoin de soins. Shunya en profita donc pour sortir s’aérer, comme elle le faisait si souvent pour aider les gens d’Edoras. Cette fois, elle sorti du palais avec son grimoire sous le bras, elle s’était décidée à étudier, encore une fois, les sorts qu’il contenait. Son envie de devenir meilleure était toujours présente, meilleure pour mieux guérir, meilleur pour soigner plus de gens, pour aider le maximum de personnes possibles. Tandis qu’elle cherchait un petit coin tranquille pour lire, elle aperçut un enfant blessé et alla vers lui. Elle s’agenouilla, lui sourit de sa façon si innocente et lorsqu’il fut en confiance, elle lui pansa ses plaies. Oh, il n’avait rien de grave; ce n’étaient que de simples égratignures sans réel danger mais elle n’avait pas pu s’empêcher de vouloir le soigner. C’était comme ça, c’était dans sa nature et elle n’y pouvait rien, c’était plus fort qu’elle.

Une fois que l’enfant fut pansé, elle le regarda repartir en courant et sourit, contente qu’il aille mieux. Elle ne le connaissait pas, ne savait pas d’où il venait, qui étaient ses parents mais elle était contente qu’il aille mieux. Elle reprit alors sa route, s’arrêtant en dehors de la ville, dans un endroit calme. Elle s’assit dans l’herbe, posa son livre sur ses jambes et regarda aux alentours, rien, personne, seul le vent semblait parcourir cette étendue sauvage. Elle s’impregna du lieu, ferma les yeux et respira une bonne fois avant de commencer sa lecture. Cette fois-ci, elle comptait bien réussir à apprendre quelques trucs pour s’améliorer, maintenant qu’elle avait du temps pour elle. Elle passa rapidement les premières pages, elle connaissait déjà les premiers sorts et les maitrisait... Enfin, elle les maitrisait tous bien sauf celui qui touchait à la mémoire, elle devait encore s’entrainer pour celui là mais elle préférait en apprendre un nouveau aujourd’hui, elle voulait devenir un peu plus utile pour ceux qui en avaient besoin. Après plus d’une demi-heure à essayer de réussir un sort, elle ferma son grimoire et se laissa tomber dans l’herbe, les bras tendus vers le haut de sa tête.

- Pfouuu c’est dur

Lire ce livre lui rappelait toujours sa tutrice, elle avait eu tellement plus facile à apprendre avec elle que seule, il était tellement plus simple pour elle de retenir ce que disait sa mentor que de lire ce qu’il était écrit dans le livre de sorts. Enfin, maintenant elle n’avait plus le choix, si elle voulait apprendre ce livre, elle devait s’y prendre seule. Soufflant un bon coup, elle observa passer les oiseaux dans le ciel et se redressa ensuite pour reprendre son étude.

Le territoire de tekhos, il l’évitait autant qu’il le pouvait, c’était un endroit dangereux pour les hommes… mais il regardait un endroit en particulier. Il avait entendu parler de la mort d’une très vieille amie qui travaillait au palais comme tutrice pour plusieurs magiciennes…. Que de souvenirs… il se souvenait combien de ses apprenties elle avait détournée pour la prendre comme élève à sa place… il se souvenait même de ses paroles :  « un magicien ne comprendra jamais le dont d’une magicien, vous n’avez aucun droit pour leur enseigner…. » mais en contrepartie elle était la première à éduquer des garçons et ça l’avait particulièrement horripilé, mais ele avat fait partie des personnes qu’il avait toujours beaucoup respecté. C’était une lourde perte.

Il s’était donc rendu sur place pour les obsèques et avait accepté de rester plusieurs jours sur place, en tant qu’invité. Il passait la majeure partie de son temps à méditer, mais des pulsions magiques venaient le perturber… cette manière de faire… il l’aurait reconnu entre mille et pourtant elles étaient légèrement différente… la griffe du maitre sur l’élève ?

Il se dirigea vers les pulsations qu’il sentait et fini par voir une jeune femme se laisser tomber dans l’herbe, livre à la main… il sourit, elle avait étudié avec elle… il parvint jusqu’à elle et s’assit à ses côtés. Il resta silencieux quelques secondes avant de parler.

« Apprendre dans les livres est une bonne alternative, mais avant d’apprendre dans les livres il faut comprendre une chose : les livres ne font que donner des clés, ils ne sont qu’une aide… on ne peut apprendre que des livres, tout comme on en peut apprendre à marcher que dans les livres, il faut aussi savoir se lever et essayer…. Et surtout en magie, le temps, c’est le temps qui est le seul facteur clé… »

Voilà qu’il se mettait à donner un cours… surtout dans cette tenue de mage qui n’était pas très reluisante : une simple tunique longue d’un brun délavé et rapiécé à plusieurs endroits : une preuve de l’humilité nécessaire à  tout bon magicien qui se respectait en réalité ! Mais chacun était libre de faire comme il préférait ! Mais bon, il essayait de l’aider, donc on pouvait faire intégralement fi du reste.

« Je ne vais pas te dire comment tu dois t’y prendre, ta tutrice, puisse-t-elle reposer en paix, a du le faire, mais en cas de besoin, si tu veux des conseils, ou du savoir et que tu es prêtes à payer le prix nécessaire pour ton souhait, alors viens me trouver, n’hésite pas. Mais c’est la grande règle en magie : pour toute chose, il y a un prix à payer… »

« Apprendre dans les livres est une bonne alternative, mais avant d’apprendre dans les livres il faut comprendre une chose : les livres ne font que donner des clés, ils ne sont qu’une aide… on ne peut apprendre que des livres, tout comme on en peut apprendre à marcher que dans les livres, il faut aussi savoir se lever et essayer…. Et surtout en magie, le temps, c’est le temps qui est le seul facteur clé… »

La voix de cet homme la sortit de sa lecture, elle tourna alors la tête pour savoir qui lui parlait. Elle avait pensé être seule, pouvoir lire au calme et apprendre, faire évoluer sa magie mais voilà qu’un inconnu venait lui parler. Il ne lui sembla pas hostile, sa tenue n’avait rien de royal, n’avait rien de noble et pourtant il avait quelque chose d’étrange.

« Je ne vais pas te dire comment tu dois t’y prendre, ta tutrice, puisse-t-elle reposer en paix, a du le faire, mais en cas de besoin, si tu veux des conseils, ou du savoir et que tu es prêtes à payer le prix nécessaire pour ton souhait, alors viens me trouver, n’hésite pas. Mais c’est la grande règle en magie : pour toute chose, il y a un prix à payer… »

Sa tutrice… Le souvenir de son visage lors de sa dernière nuit lui revint en mémoire et elle baissa la tête, regarda ses pieds alors que la tristesse avait envahi son visage. Qui était-il pour parler d’elle, il semblait la connaitre, semblait savoir des choses sur la magie. Mieux encore, il se proposait pour la remplacer. Le temps… Comment apprendre sans perdre de temps ? Elle savait qu’il lui en fallait, elle venait de passer cinq années à étudier, elle avait appris la patience.

« Qui… Qui êtes-vous ? »

Parvint-elle à articuler sans même oser le regarder.

« Je… Enfin, vous… Depuis quand la connaissiez-vous ? »

Elle avait occulté la proposition de cet homme, elle voulait d’abord savoir qui il était, comment il avait connu sa tutrice et pourquoi il voulait l’aider à apprendre. Elle resta là, sans bouger, le livre maintenant refermé et les bras autour de ses jambes alors qu’elle regardait le sol.

Elle sembla interloquée par sa présence... avait-il quelque chose en travers du visage ? Sans doute pas, alors qu'est-ce qui la surprenait ? Le fait qu'il soit un inconnu la dérangeait-elle ? Il espérait que non car indirectement, il en avait su beaucoup sur elle ces cinq dernières années... il connaissait bien sa tutrice...Ysmira... il lui avait appris son art et ensuite l'avait laissée voler de ses propres ailes, mais chose étrange, elle s'était plus ou moins retournée contre lui et bien vite était née  outre le lien indéfectible entre maître et élève, une forme de rivalité, il lui avait appris à penser par elle même et elle l'avait fait. Et si elle avait, en prenant son indépendance mis des barrière entre eux, jamais ils n'avaient cessé de correspondre parlant de leurs recherches, se demandant des avis.

Elle était troublée et voulais des réponses à ses questions, c'était logique, mais était-ce le temps des réponses, les méritait elle ? Hum, elle avait en effet droit à des éclaircissements si ce n'est des réponses !  Il lui sourit et se rapprocha d'elle pour saisir le livre qu'elle avait laissé pour le feuilleté... pas mal, pas bien non plus, mais pas mal... oui, un ouvrage de débutant, mais il avait des ouvrages plus appropriés il pensait. Les  lui faiore parvenir était toutefois hors de question.

« On me nomme Magister Aetius Celestus... et j'ai été le maitre, le professeur, l'ami, et le conseiller d'Ysmira, ta tutrice. »

Il sourit, il avait plein de bons souvenirs au fond de la tête, plein de souvenirs au fond des yeux et ils remontaient peu à peu. Pendant vingt ans il avait appris en tant que maître tout comme il lui avait beaucoup appris, étant son disciple., toutt son art en fait, mais elle n'avait jamais voulu apprendre autre chose que le soin et la magie bénéfique ! Pourtant elle avait du talent ! Beaucoup trop de talent !

« Elle a été ma plus précieuse  apprentie et mon élève la plus douée que j'ai jamais eu... pendant vingt ans je lui ai enseignée, et elle n'a pas lancé le moindre sort avant cinq ans d'enseignement.... la magie est très dangereuse et ce que je lui ai enseigné nécessitait une maturité d'esprit qu'il a fallu développer et aiguiser pour comprendre ce qu'elle faisait.... si elle t'a enseigné, alors elle a du t'en estimer digne et à ma connaissance elle était très sévère, juste, mais très sévère. Même à moi elle m'a sonné les cloches plusieurs fois. Elle avait bien plus de talent avec les enfants.... mais bon, un différent nous a séparé... un ^point de vue futile et complexe à la fois ! »

Elle réagit lorsque l’inconnu prit le livre et le feuilleta. Elle faillit essayer de lui reprendre mais, au fond, s’il voulait juste le lire, elle n’y voyait pas d’inconvénient. Elle se savait gentille, trop peut-être mais elle n’y pouvait rien et sa timidité ne l’arrangeait pas vraiment à surpasser ce trop plein de gentillesse. Lorsqu’il lui annonça qu’il avait été le maître de sa tutrice, elle tourna son visage vers lui, se rappelant sa proposition d’enseignement.

En voyant son expression, elle ne put que l’écouter, il semblait parti dans ses souvenirs et elle se dit qu’il ne devait pas mentir concernant l’apprentissage… Même si, d’après son apparence, il semblait trop jeune pour ça. Un sort de ralentissement des années ? Oui, peut-être, si c’était ça, il devait avoir beaucoup de talent et apprendre avec lui l’aiderait certainement à devenir meilleure, elle pourrait aider plus de monde encore. Elle pourrait mieux protéger le palais et pourrait même mieux soigner la princesse.

Elle s’agenouilla alors devant le magister, posa ses paumes au sol et mit son front dessus.

« Apprenez-moi, s’il vous plait. »

Elle resta ainsi, agenouillée, tête baissée à attendre la réponse de ce maître qu’elle espérait positive.

La jeune femme eut un geste auquel il ne s’attendait pas. Elle s’agenouilla devant lui, et s’inclina avec un profond respect. Non pas qu’il ne méritât pas une telle déférence, il n’aimait pas qu’on lui rappelle à quel point son enseignement pouvait être précieux, car personne, pas même lui, n’arrivait à saisir à quel point le savoir était en même temps un trésor et une arme redoutable !  Entre les mains de quelqu’un qui n’était pas prêt, cela pouvait se révéler, et même cela se révélait particulièrement désastreux !

Le magicien soupira en voyant la jeune femme lui demander de lui apprendre !  Ben voyons, apprendre ! Elle avait de ces mots !   Qui était-elle pour apprendre ? Et que désirait-elle apprendre ? Savait-elle ce qu’elle désirait apprendre ? Non bien évidemment, on venait sans savoir pour revenir plein de savoir comme de sagesse… comme si tout était aussi facile.

Il eut un temps d’hésitation avant de la fixer droit dans les yeux et lui lancer, sur un ton de reproche qui semblait plus paternaliste que réellement tranchant, plus amusé =que réellement sec :

« Je n’apprend rien à qui ne comprend rien ! »

Oui, il estimait qu’elle ne comprenait pas encore assez pour apprendre, mais peut être fallait-il qu’elle sache ce que signifiait comprendre avant d’en demander plus, et peut être que l’éclairer là-dessus ne serait pas du temps perdu… au moins n’aurait-elle pas perdu sa journée.

« Que voudrais-tu apprendre alors que tu ne comprends pas ce qui t’entoure ? Si tu ne comprends pas ce que tu es, ce qu’est la magie, ce qu’est la patience et ce qu’est la prudence, tu ne peux apprendre à te servir de ce qui est à ta portée. Avant de t’apprendre à utiliser un outil, il faut le comprendre. Il faut savoir d’où il vient, ce qu’il fait, quelles sont les conséquences de son utilisation. C’est seulement après que l’on a conscience des danger, que l’on a appréhendé l’outil que l’on apprend à s’en servir. »

Au fond, il avait déjà accepté, n’était-il pas en train e lui donner une leçon ?

« Alors vas-y, prouve moi que j’ai tort, qu’est-ce que la magie et qu’est-ce que tu ressens en l’utilisant ? Mieudx encore, qu’es-tu par rapport à elle ? »