Traque [pv Arlan] [Abandon]

Chacune des personnes encapuchonnées s’étaient mise à les attaquer. Loin d’être un combat difficile, les deux adversaires semblaient bien trop hésitants dans leurs attaques pour prétendre être réellement dangereux. Au contraire d’Arlan, la Louve fit perdre l’équilibre à son opposant en effectuant un coup de balayette afin qu’il choit sur le sol. A peine avait-il a perdu un peu de maintient qu’elle fit en sorte de mettre ses bras derrière son dos, de lui faire lâcher son arme et….de l’entendre crier. Une voix féminine ! Non deux ! Qu’est-ce que cela voulait dire ? Tordant un peu le poignet pour faire calmer la furie, la Lycane soupira :

« Aucune idée, je n’aime pas les villes de toute façon. Trop dangereux. »

Sa cible continuait à s’agiter, au contraire de l’autre qui sanglotait plus qu’autre chose…Bien contente de recevoir des cordes, la Terranide ne se priva pas et attacha du mieux qu’elle le pouvait celle qui ne cessait de les insulter. Quelque peu agacée par ces injures, elle la fit taire en la bâillonnant. Autant dire qu’un peu de calme faisait du bien ! Et pour ne pas être pris à revers, elle alla également attacher l’homme qu’elle avait assommé quelques secondes plus tôt. Mieux valait prévenir que guérir, un coup dans le dos était si vite arrivé….

Puis vint le moment des explications…La Louve poussa un soupir et porta sa main contre son front. Décidemment elle aura tout entendu ! Elle désigna d’un coup de menton l’homme qui commençait peu à peu à reprendre ses esprits :

« Pour commencer, cet homme, votre père devrait le virer…Un garde du corps n’irait pas faire de telle chose en compagnie de la personne à protéger. Après il peut essayer de venger son ancien patron. Qu’il soit plutôt heureux qu’il n’ait pas eu l’audace de m’acheter… »

Le sous-entendu était des plus équivoque. Si l’homme bedonnant l’avait acheté afin de tenter de la mater, il en aurait sans doute payer de sa vie. La Terranide lança un regard à Arlan puis à la femme à ses pieds.

« Nous n’avons rien contre vous. Mais vous allez arrêter de nous suivre tous les trois…Je serais d’humeur à vous laisser partir si bien sûr tu n’as d’objection à cela Arlan….Cependant si vous venez à nous suivre à nouveau, je pense que vous devinez ce qui pourrait vous attendre…. -elle se tourna vers le Terrien – à moins que tu aies une requête à leur soumettre ? »
« On..on ne vous suivra plus ! Promis ! Et on vous aidera aussi ! Dites-moi ce qu’il vous faut ! » enchaîna rapidement la jeune femme.

Une fois le « marché » conclu, les trois furent amenés au dehors de la chambre. La Terranide poussa un long soupir :

« Putain, on aura tout vu… »

S’assoyant par la suite sur le lit, la Lycane attrapa un des ouvrages et se remit à le lire :

« Comme le moyen de payement pour cette chose. Merci de ne pas m’avoir traité de pute après cela. »

La situation était presque aussi loufoque que la précédente. La seule différence reposait sur le manque de prestation sexuelle car la dénommée Jessica aurait très bien pu négocier sa liberté et celle de son aide contre ses charmes. Cela n'aurait rien eu de surprenant après ce qui s'était déroulé depuis l'arrivée d'Arlan sur Terra. L'homme avait vu plus de culs à l'air en l'espace de 24h qu'en deux semaines lorsqu'il enseignait à Mishima. Les lycéennes et une partie des enseignantes n'étant pas réputées pour leur côté pudique.

A la place de leurs corps les deux femmes offrèrent de partager certaines de leurs possessions. Visiblement désireuses de rattraper le coup après les filatures et la tentative d'attaque sur Shad et lui. En dehors de leur bourse ou d'objets dont la valeur est purement et uniquement sentimentale rien n'avait attiré l'oeil du duo. En accord avec la Terranide ils les laissèrent s'en aller toutes les deux avant faire venir les gardes pour livrer le pseudo garde du corps qui passera un petit passage en cellule.

« Merci encore pour votre générosité. Vous auriez pu profiter de la situation et pourtant vous n'en avez rien fait.
- Pfffff, on lui a rien demandé !
- Un peu de tenue, Greta ! Surtout que nous sommes les seules fautives ici.
- Pardon, Jessica-sama...
- Ce n'est rien, vraiment. Vous savez ce que vous comptez faire ?
- Oui, nous retournons voir père avant de repartir à l'aventure. Dommage que vous ne soyez pas garde du corps, vous auriez pu assurer notre protection.
- Ah ah ! J'aurais cependant été forcé de refuser cette proposition. Une prochaine fois peut-être.
- Notre famille vous est redevable et nous payons toujours nos dettes.
- Je vous souhaite bon courage à toutes les deux. Et soyez prudentes. »

De retour dans leur chambe la terranide se jeta sur le lit pour récupérer un des ouvrages qu'ils avaient obtenus quelques heures plus tôt avant de remercier l'humain pour son tact et sa considération après les évènements un peu spéciaux qui les avaient vu se lancer dans un acte intime dans un environnement inconnu qui leur avait d'ailleurs valu les moqueries de plusieurs villageois.

« Ah oui ? Tu as pourtant l'air de savoir te défendre, même contre un négrier. Tes précédents maîtres étaient du genre à profiter de leur position ? »

Cela n'aurait rien de surprenant qu'ils aient au moins essayer d'abuser de leur position et autorité sur la Terranide au moins une fois. Beaucoup d'hommes ont tendance à moins réfléchir de façon rationelle. La précarité de la vie sur Terra doit forcément en pousser certain à vouloir laisser exploser leurs fantasmes et désirs qu'un terrien réprimerait en temps normal. D'autres pensent aussi probablement que le sexe est une bonne façon de soumettre une femme entre la honte qu'elle ressentira ensuite pour ne pas avoir pu résister à son bourreau et le plaisir ressenti si celui-ci sait y faire. Parce que même un viol peut provoquer un orgasme, ce n'est qu'une question de réaction physiologique.

« Et si tu connais déjà le monde où je suis né, alors tu sais également que l'esclavage n'y existe pas, ou plus, de façon ouverte. »

Après une brève discussion avec sa partenaire, Arlan se plongea dans la lecture de certains livres, allongé sur son lit vu qu'ils avaient eu droit à une chambre double cette fois. L'humain avait décidé de se reposer cette nuit avant de faire un point sur sa situation le lendemain pendant qu'ils retourneront chasser pour se refaire une santé financière.

« C’est vrai…l’esclavage est aboli depuis quelques années sur Terre. Mais l’interdit peut-être attrayant pour certains terriens mettant les pieds par ici. »

Le reste de la soirée se passa dans un calme assez olympien. Chacun dans son lit, chacun lisant un des nombreux ouvrages qu’ils avaient dû payer en nature au près de la folle. Une phrase, une question et une réponse venait de temps en temps briser le silence qui s’était installé seulement troublée par le son des pages que l’on tourne.  Même si de primes abords, les ouvrages étaient pour Arlan, la Terranide ne se privait pas pour en lire quelques chapitres, après tout, ces informations pourraient aussi bien lui être importante ! Et d’un autre côté, elle n’avait pas réellement d’autres possibilités en cet instant. Les heures s’écoulèrent les unes après les autres jusqu’au coucher des deux personnages.

Le lendemain ne fut pas réellement différent de la journée précédente. Du moins, presque : personnes ne les suivaient cette fois. Se souvenant de la course qu’elle devait faire, la Lycane se tourna vers Arlan :

« Attends-moi avant de partir à la chasse, je vais te chercher tes armes »

Si le forgeron avait tenu sa part du marché, la commande d’Arlan devait être prête à l’heure qu’il est. Ni une, ni deux, la Lycane se dirigea vers l’atelier, croisant plusieurs personnes sur son chemin. Elle les ignora tout simplement continuant sa route et si l’une d’entre elle venait à lui bloquer le passage, elle affirmait tout simplement qu’elle partait faire une course pour son « maître » et qu’il ne risquait de ne pas apprécier qu’une personne vienne à la retarder.  Autant dire que cela marchait plutôt bien ! Par chance, elle n’eut pas utilisé souvent ce stratagème. Arrivée à la boutique, elle salua poliment le vendeur :

« Bonjour ! Avez-vous ce que mon maître vous a commandé ? »

Le forgeron ne répondit pas immédiatement, toisant la Terranide de haut en bas puis après avoir maugréer quelques paroles dans sa barbe, se dirigea vers un de ses établis, empoigna un sac et vint le déposer contre le comptoir. L’impact du sac fit résonner quelques pièces métalliques.

« Tout y est. Vérifiez par vous-même… »

Pourquoi donc se priver si cela était si gentiment proposé ? La Louve ouvrit le sac, sortit les armes spécialement forgées pour le terrien. Elle les testa une à une, contrôlant la marchandise avant de reposer le tout et de fermer le sac. Au moins, elle ne pouvait nier que cet artisan venait de faire un travail d’orfèvre !

« Et bien…C’est impressionnant surtout pour quelque chose que vous n’avez pas réellement l’habitude de forger, tenez voici la somme comme convenu ! »

Posant les quelques pièces d’or directement dans la paume du forgeron, la Louve pris ensuite le sac d’armes et saluant le forgeron reparti rapidement en direction de l’auberge. Arrivée sur place, elle tendit le sac à Arlan :

« Désolé pour l’attente, j’ai eu quelques soucis sur la route. Enfin ! Tout est bon, le compte y est, je pense que nous pouvons partir à présent. »

Direction la même forêt que le jour précédent ! De nouveau sur place, le duo se sépara en deux groupes distincts, partant chacun de leurs côtés. La Terranide reposa des pièges à des endroits qu’elle pensait être le plus stratégique : Point d’eau, passage fréquemment fréquenté, près de terrier…les choix ne manquaient pas ! Et en attendant que les pièges fassent leurs effets, elle prit sa forme animale et partie faire une chasse plus « usuelle ».

Le jour se levait tranquillement dans le village sous les champs des coqs et autres animaux qui couraient dans l'enclos situé sous la chambre du duo. Qui lui aussi commençait à se lever tant bien que mal après une fin de journée particulière. Déjà habillée et prête pour une nouvelle session de chasse Shad demanda à Arlan de l'attendre avant de la retrouver devant l'auberge le temps qu'elle aille récupérer leur commande chez le forgeron. Lui offrant l'occasion de revenir sur les évènements de la veille.

« Entendu. On se donne rendez-vous devant l'auberge. »

Sans perdre de temps la Terranide fit claquer la porte en bois derrière elle pour se débarrasser de sa course au plus vite. De son côté Arlan termina de tout préparer de son côté avant de faire le point. L'humain entamait sa troisième journée sur Terra et le jour du rendez-vous avec son contact approchait à grands pas. Heureusement qu'il n'avait plus à se soucier des questions de logement et de logistique. Le nouvel aspect de ses pouvoirs l'intriguait aussi grandement car jamais sa capacité à mouvoir des objets pouvait s'avérer aussi dangereuse.

Et quid de ce même pouvoir si il décidait de faire le plein d'énergie spirituelle sur place ? Même si le gain d'énergie restait infime lorsqu'il restait au contact de personnes en pleins ébats, les gens sur Terra sont des animaux en rut du matin au soir dans certains coins. Comme pouvait en témoigner leur première soirée dans cette auberge sordide ou la femme médecin qui aime se faire payer en fluides corporels.

Ou peut-être que la vertue dépend de l'éducation de chacun dans ce monde. La femme qu'il a rencontré la veille semblait loin d'être une paysanne. Et que cela soit elle ou sa garde du corps, aucune d'elle n'offra ses charmes pour se faire pardonner de leurs actions. Décidément ce monde conservait son lot de surprises.

Après avoir ressassé les deux dernières journées et feuilleté quelques pages des livres obtenus la veille il quitta la chambre pour retrouver Shad devant l'auberge. « Très bien, allons-y alors. » lâcha l'homme, se dirigeant vers l'entrée du village en compagnie de la Terranide. Direction la fôret de la veille pour se relancer dans une session de chasse et effectuer d'autres tests concernant ses pouvoirs. Et ils se séparèrent chacun de leur côté pour faire les choses à leur manière.

*****

Après une petite heure, deux sangliers étaient déjà au pied d'un arbre, morts. L'humain parvenait plus ou moins à contrôler le nouvel aspect de son pouvoir. Seule ombre au tableau les projectiles qu'il parvenait à contrôler ne pouvaient maintenir leur vitesse maximale qu'en ligne droite. Si il désirait leur faire prendre une trajectoire courbée alors il devait faire de lourdes concessions sur la vélocité du projectile et donc de perdre en force de pénétration.

« Hmmm... C'est pas encore ça. Peut-être que je peux régler ce soucis avec le temps et de l'entraînement avant de penser à quelque chose de plus drastique. »

Le temps était magnifique et la zone dégagée dans laquelle il se trouvait lui permettait de profiter dans bon bain de soleil. Légèrement fatigué par sa dépense d'énergie il alla récupérer sa gourde pour boire quelques gorgées d'eau. C'est alors en enfonçant le bouchon dans la poche de cuir qui contenait le liquide qu'un hurlement se fit entendre pas loin. Il s'agissait clairement d'une voix masculine. Non... Plusieurs voix étaient reconnaissables même si elles étaient trop éloignées pour comprendre ce qu'elles disaient. Le fait était que les hommes en question étaient clairement paniqués.

Curieux de savoir de quoi il pouvait s'agir l'homme se précipita vers le point d'origine des voix en question tout en restant caché derrière les arbres et feuillages. Un groupe de 5 hommes dont quatre étaient déjà morts escortait clairement trois jeunes femmes terrifiées qui se tenaient les une contre les autres agenouillées au sol. Les loups ne sont pas réputés pour chasser de jour en général et pourtant une meute se tenait face à un mercenaire à l'armure de cuir en lambeaux et dont la vie ne tenait plus à grand chose.
Etrangement le survivant se tourna en direction d'Arlan alors qu'il ne pouvait pourtant pas le voir. Comment était-ce possible ? Le mercenaire n'avait rien d'un sorcier ou d'un grand combattant à première vue. Non, si il savait que quelqu'un se tenait non loin d'eux c'est parce que le mâle alpha de la meute en avait fait de même avec l'humain. Le repérant probablement par son odeur.

« Génial... J'espère que le loup se vend bien car c'était pas au programme. »

L'aventurier du dimanche quitta alors les feuillages. Bien obligé vu que de toute manière sa cachette ne lui offrait plus aucune protection. Certains des loups avaient la gueule rouge, maculées du sang de leurs victimes. Les membres déchiquetés des mercenaires gisaient ici et là. Une jambe et un bras se trouvaient à quelques centimètres des trois femmes qui n'osaient pas regarder ce que se déroulait à quelques mètres d'elles.

« Désolé mais je n'ai pas de temps à perdre. Et si les loups sont les même ici, alors il suffit de s'occuper du chef. » Ni une, ni deux, Arlan lança une pierre renforcée par son pouvoir qui fit un joli trou dans la tête de la bête. Le reste de la meute paniqua en regardant et reniflant la dépouille de leur leader tout en reculant lentement avant de fuir.

Epuisé, physiquement et pentalement, le mercenaire s'écroula comme un pantin dont on venait de couper les ficelles. La carrière du pauvre homme était probablement terminée car rare sont les personnes capable de se remettre d'un tel traumatisme. Ses camarades venaient de se faire massacrer sous ses yeux, impuissant.

Les trois jeunes femmes reprirent lentement leur calme avant de partir comment allait le mercenaire puis de remercier leur sauveur. La première était une femme à la chevelure noire teintée de violet, la seconde une blonde à l'étrange tatouage imposant dont une sorte de main donne la sensation de lui tenir le cou. Alors que la dernière était vêtue d'une sorte de robe aux différentes teintes de bleu, de très grande qualité. Preuve que cette personne était fortunée et probablement une cible de choix car quel groupe irait voyager en dehors des routes ? A moins d'être des chasseurs/aventuriers ou de faire profil bas, personne ne se balade en fôret en groupe avec des mercenaires.

« Merci de votre aide, aventurier. J'ai une grande dette envers vous. Comment pourrais-je la rembourser ? »

Elle ne remarqua qu'ensuite qu'un de ses seins, toujours maintenu par son soutien-gorge, avait quitté sa robe. Complement gênée elle se retourna pour se rhabiller afin de reprendre son échange avec l'homme qui avait sauvé sa vie. Ce dernier accepta de les escorter jusqu'au village uniquement. Il ne lui restait plus qu'à récupérer son gibier et son matériel avant de retrouver Shad au point de rendez-vous.

La chasse fut encore une fois fructueuse. Les pièges eurent raison de quelques petits mammifères qui eurent la malchance de passer au mauvais endroit au mauvais moment quant à la Terranide en elle-même, elle traqua et mis bas une sorte de cervidé pouvant faire penser à un chevreuil mais d’une taille inférieure à son compère terrien. Consciente que le déplacement du cadavre dans sa forme usuelle pourrait apporter quelques complications, la Lycane découpa immédiatement des morceaux afin de faciliter le transport, accrochant les quelques lièvres à sa ceinture après avoir relevé les pièges. Il ne lui restait plus qu’à rejoindre le point de rendez-vous et d’attendre le terrien. Et son attente ne dura guère que quelques minutes car il revenait à son tour, avec plusieurs prises et…un quatuor formé de trois femmes et d’un homme qui avait tout l’air d’être traumatisé.  Haussant un sourcil, la Louve s’avança :

« Il s’est passé quelque chose Ar…-elle se rattrapa rapidement, faisant mine de tousser avant de reprendre – hum pardon excusez-moi, hum maître ? »

Ledit maître n’eut guère le temps de prendre la parole qu’une des femme se chargea d’apporter les réponses à l’interrogation de la Terranide :

« Oui, ton maître nous a sauvé la vie d’une meute de loups affamés… »

La révélation ne fit cependant aucun effet à la Terranide. Les Terres Sauvages étaient réputées justement pour être….sauvages. Quiconque s’y rendait devait s’attendre à rencontrer des créatures qui n’auraient qu’une envie : l’avoir en guise de repas. Cependant, la Louve donna un coup de fouet avec sa queue, marquant une certaine colère envers elle-même : elle n’avait rien senti, ni entendu ! Ou du moins, elle n’avait pas portée attention à l’autre partie de la forêt. Mais…au moins tout semblait aller pour le mieux à présent. Même si certains regards ne trompaient pas, ces quatre personnes devaient être bien plus à l’origine.

On lui expliqua rapidement par la suite qu’Arlan s’était proposé pour les escorter jusqu’au village voisin. Que pouvait-elle faire ?  Les contredire ? Non, elle devait continuer à se faire passer pour l’esclave loyale et se contenta tout simplement d’hocher la tête en guise d’approbation.  Décidément, elle en aura vu du monde depuis la vieille ! Sans un mot, la groupe se remis en marche en direction du dit village. Ne sachant réellement si ces étrangers devaient recroiser leur route un jour prochain, la Terranide mémorisa leurs odeurs. Le voyage de retour se fit sans réel accident et bien vite la destination fut atteinte :


« Nous voilà enfin arrivés ! – s’écria la plus ainée des trois – merci mon brave ! – elle s’approcha d’Arlan et lui serra la main – vous avez tant fait pour nous merci ! Comment pourrions-nous vous remercier ? Dites-le ! Votre prix sera le nôtre ! »

Mieux valait éviter de prononcer trop rapidement cette phrase sur Terra. La  Lycane s’approcha du terrien afin de lui chuchoter :

« Je vais m’occuper de vendre la viande le temps que vous réglez vos affaires et… »
« Non,non, vous pouvez rester l’esclave ! Cela ne devrait durer bien longtemps ! Alors ? Votre prix ? »

La solitude, le calme... la paix ! Ces concepts si simples et si appréciés du terrien n'étaient plus que de lointaines souvenirs. Des moment impossibles à trouver dans ce nouveau monde où le bruit est encore plus permanent que chez lui. Même si les sources étaient différentes. Et tomber à nouveau sur un groupe de personnes n'était pas à l'ordre du jour. En particulier parce qu'il désirait passer plus de temps sur son entraînement personnel et la manipulation de ses nouveaux pouvoirs. Ou leur nouvelles spécifitiés pour être plus précis.

Arrivés sur place, la personne clairement en charge du groupe s'était avérée logiquement être la femme vêtue de bleu. En même temps sa tenue était de grande qualité et ses manières laissaient transparaitre une certaine éducation. Un peu trop snob peut-être, ou alors ce n'était que la vision d'Arlan qui ne connaissait encore que trop peu les pratiques de Terra. Passer quelques semaines dans une auberge en qualité de gigolo ne lui avait pas laissé le temps d'approfondir ses connaissances. Les seules choses qu'il a pu travailler en profondeur étaient... différentes.

La... noble ? Ne semblait pas très observatrice car elle qualifia Shad d'esclave alors que la Terranide n'avait plus de collier autour du cou. Sans oublier qu'elle n'était pas habillée comme les autres esclaves. Bon, il devait forcément exister des domestiques, des majordomes ou des aventuriers esclaves vétues en conséquence. Mais toujours avec un signe d'appartenance à quelqu'un. Elle demanda alors son prix à Arlan pour son assistance.

« Mais... Chut ! » lâcha Arlan avant de regarder autour de lui pour s'assurer que personne n'avait entendu la jeune femme. « Vous avez perdu la tête ? On n'annonce pas ce genre de chose en public. Sauf si vous souhaitez attirer l'attention des vauriens sans scrupules qui pullulent dans ce village. »
Plus les minutes passaient et plus la femme faisait preuve d'une naïveté des plus déconcertantes. A croire qu'elle n'avait jamais mis les pieds hors de la demeure familiale.

« Je n'ai pas besoin d'argent de toute façon. Notre chasse nous procure assez de vivres et de quoi subvenir à nos besoins en plus d'obtenir un pécule d'avance pour les cas d'urgence.
- Mais... Je ne peux pas ne pas vous récompenser pour votre bravoure.
- Brav... Je n'ai fait que tuer un loup. Il fait d'ailleurs qu'on en parle, Shad. J'ignorais que les loups chassaient en journée.
- Soit ! Mais nous séjournerons quelques jours dans la maison du seigneur de ces terres. Et je compte bien régler cette situation avant de repartir. Ser...
- Je m'appelle Solis. Et voilà Shad, qui n'est pas une esclave au passage.
- Comment ? Une Terranide ? Je... Je suis confuse. Je croyais que tout Terranide était, de part sa condition, un esclave. Je vais me renseigner à ce sujet dès que possible. »

La discussion semblait interminable... Fort heureusement pour Arlan, le petit groupe attira de plus en plus l'attention et les discussions des badauds. Poussant la jeune femme à sa tête de prendre congé au bout d'un temps. De la paix, enfin... Restait à espérer que tout se déroulerait comme il l'espérait. Car sur Terra, rien ne va.

La Lycane ne fit aucun commentaire quand Arlan précisa qu’elle n’était pas une esclave. Elle s’était arrangée pour essayer de faire en sorte que ces dames le pensent et voilà qu’il avait tout réduit à néant ! Mais bon, elle n’allait pas lui en tenir rigueur, après tout, ce qu’il avait dit était la pure vérité et d’un côté, elle était également assez fatiguée de jouer la comédie. Cependant, cela pouvait engendrer plusieurs risques, notamment le fait qu’une personne vienne demander à Arlan de lui remettre la Terranide. La raison ? il l’avait acheté en tant qu’esclave, il serait donc indécent de la libérer ! Il n’était guère étonnant que la noble affiche un visage surpris face à l’annonce du terrien et qu’elle a pour objectif prochain de se renseigner sur ce qu’elle venait d’apprendre. La Louve ne pouvait pas la blâmer, les terranides étaient par leurs natures, majoritairement considérés comme des esclaves et rare étaient ceux qui pouvaient jouir d’une liberté.

Finalement après plusieurs longues minutes qui semblèrent interminables, les trois femmes ainsi que leur garde du corps prirent congés, laissant Arlan et Shad de nouveau seul. En guise de réponse, la Terranide souleva le sac où se trouvait les morceaux de viandes :

« Allons déjà vendre ceci … »

Et oui car le boucher attendait sa viande ! Et l’un des avantages par rapport au jour précédent était le fait que cette fois le duo n’était pas obligé de perdre son temps à trouver l’acheteur le plus convenable. Leur route était donc toute tracée et la discussion du prix était également déjà bien fixée, le marchandage de la veille ayant fait son petit effet. La vente établit et l’argent récupéré, la Louve se tourna vers Arlan :

« Revenons à cette histoire d’attaque de loups. Ce qui a le plus étrange ce n’est pas le fait qu’ils aient attaqués ces personnes de jour mais plutôt…pourquoi ? Je veux dire, il y’a des créatures qui s’attaquent aux humains dans les Terres Sauvages, ça c’est un fait non négligeable mais une meute de loups ? Bon ça reste possible, ça je ne le nie pas mais d’habitude se serait plus s’il n’y avait pas de proie à proximité. Or tu la remarqué tout comme moi, la forêt foisonne de gibiers en tout genre…Alors pourquoi ? Est-ce que tu aurais remarqué une chose en parti….attends ? Tu as entendu ? »

Un cri venait de résonner au cœur de la cité.

"Pourquoi ? POURQUOI ?" hurla la petite voix dans la tête d'Arlan. Il en venait à se demander si il n'était pas passé en-dessous d'une vingtaine d'échelles, avait croiser une bande de chats noirs ou avait brisé son lot de miroirs sans faire attention. La poisse ne faisait que le poursuivre depuis son arrivée sur Terra. A croire que la nuit tranquille d'hier n'était qu'une petite interlude dont il ne pourra plus jamais profiter de si tôt. Soit c'est tout Terra qui est un monde où le concept de la tranquilité est aussi rare que la propreté, soit c'est ce village qui est un nid à emmerdes qui ne cesse d'en faire sortir d'autres de son chapeau dès que la précédente est terminée.

La curiosité l'emportant sur le reste, l'homme se tourna vers sa camarade Terranide : « Oui, comme tout le monde visiblement. » répondit-il. Tournant alors la tête à gauche et à droite pour voir d'où venait la source du cri et où se portaient les regards des villageois. « Allons voir de quoi il s'agit. »

Une dizaine de personnes regardaient, paniquées, le spectacle qui se déroulait dans une ruelle. Une villageoise d'une cinquantaine d'années parlait doucement à une autre femme pour ne pas se faire entendre. « Mais que font les gardes ? Et pourquoi cet homme est encore autorisé à venir dans le village ? » Sa remarque montrait clairement que le responsable de cet incident n'en était pas à son coup d'essai. Et son interlocutrice allait le confirmer. « Tout le monde sait qu'il peut être violent, surtout quand il s'agit de femmes en face. Ou si il sort avec un coup dans le nez. »

Désireux d'avoir une vision plus concrète de la situation Arlan se faufila entre les badauds pour se retrouver devant la foule. Un groupe d'hommes s'en prenait à deux Terranides qui accompagnaient une jeune fille de douze ou treize ans au grand maximum. Et ce qui aurait pu valoir un lynchâge public sur Terre même si la menace en question était armée d'un fusil d'assaut face à un groupe de civils désarmés... Se déroulait ici en toute impunité. L'homme qui dirigeait cette bande de malfrat ne mesurait aucunement ses propos. « C'mon jour de chance ! Trois putes qui me tombent dans les bras. Dieu veut se racheter pour la soirée de merde d'l'autre jour. La gamine trouvera vite preneur. Les tordus manquent pas. »
A bien y regarder, le visage de l'homme semblait familier à Arlan. Mais difficile de dire d'où. Peut-être qu'il avait un faciès similaire à une personne rencontrée sur Terre avant son voyage. Le personnage avait une mine patibulaire qui allait de paire avec son apparence négligée. L'odeur de la crasse et de l'alcool qu'il dégageait était décelable à plusieurs mètres de distance.

Personne n'intervenait alors que les brutes ne se gênaient pas pour offrir un spectacle pervers et dégradant sous leurs yeux. Leurs mains glissaient sous les tenues de domestiques des deux Terranides qui les suppliaient de s'arrêter. Suppliant les personnes présente d'intervenir ou de prévenir les gardes. Mais personne ne bougeait. Et avant même qu'Arlan ou Shad ne fasse quoi que ce soit, le chef de la bande se mit à hurler en croisant le regard de l'aventurier. Tout aussi surpris que les villageois qui se tournèrent dans sa direction.

« C'est toi ! Je te reconnais ! Et la pute est là aussi ! » cria l'homme dont le regard était empli de haine. Des filets de bave s'envolaient d'entre ses lèvres à chaque mouvement de celles-ci. Arlan se tourna vers Shad : « Un ami à toi ? »

La scène qui se déroulait était des plus abjectes et pourtant personnes ne bougeaient. D’un côté, l’Okami s’était attendue à cela vis-à-vis des domestiques Terranides qui subissaient les assauts de ces malfrats mais quid de la jeune humaine ? Même si la Louve arborait l’esclavagisme, elle ne pouvait décemment pas s’en prendre à une enfant. Par ailleurs, il suffisait d’un rapide coup d’œil pour noter que les esclaves étaient bien traitées, du moins en apparence, et surtout, la jeune humaine semblait tout aussi perdue que ses deux servantes. D’un autre côté, elle pouvait expérimentée l’espace de quelques minutes ce qu’elles avaient dû subir dans le passé mais laissez cela continuer plus longtemps ? Il en était hors de questions ! Cependant avant qu’Arlan ou elle-même purent faire le moindre geste, celui qui devait être le chef de la bande, se retourna et commença à vociférer des propos, chaque mot étant ponctué par un filet de bave.

Ecœurant.

« Ne m’insulte pas ! Lui mon ami ? Plutôt mourir oui ! Non…je le reconnais c’est cet homme que nous avons gentiment assommé devant cette fameuse auberge… »

Et aux vues de la hargne qui régnait dans les yeux de ce dernier, lui non plus n’avait pas oublié le petit piège dans lequel il était tombé. Lui qui s’attendait à pouvoir se soulager, sa nuit s’était passée d’une toute autre manière. Rien d’étonnant en soit qu’il soit aussi frustré. Mais était-ce une raison pour s’attaquer à une enfant et à ses domestiques ? Bien évidemment, la cible était plus simple et sur le marché aux esclaves, rien de plus gratifiant que de vendre une jeune vierge prête à être dressée. Et pourtant malgré l’horreur de la situation personne ne remuaient le moindre petit doigt.

« Sale con ! Tu vas payer pour ce que tu m’as fait hier avec ta pute ! »

Hurla l’homme poing levé en direction d’Arlan. Portant sa main à sa ceinture, il dégaina par la suite une dague avec la ferme intention de venir la planter dans le corps du terrien. Serrant fermement le manche de l’arme, il s’approcha, la folie se lisant parfaitement dans son regard. Quant à ses hommes, ils étaient toujours en train de passer leurs mains rugueuses sous les vêtements des pauvres malheureuses. La Lycane soupira un grand coup, regardant l’homme qui s’avançait vers eux, couteau à la main :

« Laissez-les partir et…poses cette arme, tu vas encore réussir à te blesser… »

Et sur ces mots, il accéléra subitement son allure, arme levée, des filets de baves filant dans toutes les directions…jusqu’à atteindre le visage de la Terranide. Elle ferma ses yeux par réflexes mais sentie parfaitement la salive coulait le long de son visage. Les poils de sa queue s’hérissèrent d’un coup.
« … »
L’homme s’arrêta subitement, lâchant son arme qui commençait à être brûlante avant de se regarder et de …taper sur ses vêtements. La seconde suivante, des flammes vinrent entourer l’alcoolique. Ses cris résonnèrent quelques secondes dans la ruelle, arrachant tout courage à ses hommes qui ne sachant pas d’où cela pouvait venir, préférèrent  partir rapidement, laissant l’humaine et ses domestiques choquées mais « libres. »

La Lycane s’approcha de ces derniers, faisant fi des autres humains restants :

« Hey…vous allez bien ? »