Jack n’a pu s’empêcher de faire une entorse à la règle qu’il s’impose et selon laquelle il se refuse à boire la moindre goutte d’alcool avant 20h ; il avait bien trop envie – non besoin, d’une bière. Plusieurs fois, il a repassé dans son esprit les événements de ce matin et les courbes généreuses de Céleste refusent de quitter son esprit avilit par le stupre. Toutefois, le lycée d’expatrié dans lequel il officie le vendredi matin n’est pas aussi permissif que le lycée public de Seikusu, dans lequel il s’est déjà, à de multiples reprises, livré à des ébats obscènes. Y abuser d’une jeune élève reviendrait probablement à signer son propre mandat d’arrêt. A la fin de sa pinte, il est presque parvenu à oublier l’incident et s’est replongé dans la correction de ses copies. A côté de lui, un petit groupe de jeune se chamaillent en plaisantant, perturbant sa concentration. Compréhensif, Jack sourit, et lève le nez de ses feuilles. Le bar commence à se remplir. Après tout nous sommes vendredi soir et beaucoup de jeunes japonais ont besoin de décompresser de leurs études, ou du boulot. Mais alors qu’il observe les environs, quelque chose attire son attention dans son champ de vision, et il fronce les sourcils en reconnaissant Céleste, assise à la terrasse d’en face avec… Cette petite peste de Brittany. Lorsque la petite croise son regard, elle se détourne, tâchant – en vain- de dissimuler son regard.
« Putain les gars, regardez-moi cette chaudasse ! », remarque l’un des étudiants sur sa droite.
Le manteau entrouvert que Céleste porte dissimule assez mal l’obscène tenue en cuir qui moule son corps moelleux. Jack se passe rapidement la langue sur les lèvres, appréciant une nouvelle fois le galbe de ses jambes moulées par son justaucorps.
« Je me la ferais bien moi ! », balance quelqu’un. « Arrête tes conneries mec, elle a même pas dix-sept piges, cette meuf… » « c’est ça qui m’excite », rétorque l’autre, avec un rire étranglé. Ses potes se marrent, en détournant le regard. Jack gage qu’ils partagent l’avis de l’indélicat… Mais qu’ils sont simplement moins honnêtes que lui.
Mais que diable fait la petite Céleste fait-elle en compagnie de sa tortionnaire, et qui plus est dans une tenue aussi obscène ? Jack fait la moue, songeant à ses années de collège. A l’époque, il avait du mal à s’intégrer et certains gars de l’équipe de football s’amusaient à lui faire accomplir des défis un peu débiles, comme subtiliser les sous-vêtements de rechanges des filles pendant le cours de sport. Jack n’y trouvait aucun intérêt, mais cela lui évitait de se faire passer à tabac. Ce petit manège avait duré presque un an, avant que le corps de ce dernier ne commence à se développer et qu’il ne commence à corriger ses anciens agresseurs. Dans le mesure où – à voir la honte qui s’épanouissait sur son visage, Céleste ne porte pas cette tenue de son plein gré, Jack en déduit que Brittany l’a forcé à le faire. Ah cette foutue peste… Encore une lycéenne qu’il coincerait bien dans une salle obscure pour lui faire payer son effronterie.
Allons bon, cesse donc de fantasmer.
Lorsqu’il croise le regard de Céleste, Jack se contente de lui adresser un discret signe de tête. S’il intervient, il sent qu’il pénalisera davantage la jeune femme qu’il ne lui viendra en aide. L’homme finit sa bière tranquillement, avant de ranger les copies de ses élèves dans son baise-en-ville. Sourd à la violente érection qui déforme son pantalon, il se lève et quitte la terrasse d’un pas tranquille, alors que certains murmures s'élèvent à la vue de son émoi. Une fois chez lui, Jack hésite une bonne dizaine de minute à appeler une escort-girl qu'il connaît bien, une certaine Melody, mais il tombe sur son répondeur et n'insiste pas, épargnant ainsi son portefeuille. C'est donc bien plus tard sous la douche, en solitaire, qu'il doit astiquer sa grosse verge veineuse, caressant doucement ses bourses glabres de sa main libre. Ne faisant guère durer ce plaisir solitaire, il jute bientôt à gros jets, arrosant la céramique de sa douche. Cette purge lui permet de s'endormir aussitôt qu'il se glisse entre ses draps propres, sans prendre la peine de régler son réveil ; après tout nous sommes vendredi soir et le lycée est fermé le lendemain.
Toutefois, c'est bien par la sonnerie stridente de ce dernier que Jack est réveillé en sursaut. Humm... Appuyant d'un geste endormi sur l'importun, Jack se redresse, fronçant les sourcils, prenant quelques instants pour rassembler ses pensées. Machinalement, il se lève de son lit et se dirige vers la cuisine pour se préparer un café. Saisissant son mobile, il hausse un sourcil en constatant que la date correspond bien à celle de samedi. Faut que je change de réveil. Lorsqu'il revient dans le salon, sa tasse à la main, il écarte négligemment le paquet de copies corrigées la veilles et ouvre un exemplaire de la Chartreuse de Parme qu'il lit pour la troisième fois. N'ayant rien de particulier à faire ce jour-là, Jack a prévu d'aller faire un tour à la salle de sport vers onze heures, puis de flâner un peu en ville. Après tout, ne doit-il pas se mettre en quête de phénomènes paranormaux, comme ses supérieurs le lui ont indiqué ? Ayant déjà décidé de taire scrupuleusement l'existence de Mélinda Warren, il va sans dire qu'il lui faut leur donner un os à ronger. Plongé dans la lecture de son roman, il sursaute lorsque son téléphone vibre sur la table en bois et décroche par réflexe.
« Taylor. »
« Bonjour monsieur Taylor, est-ce que tout va bien aujourd'hui ? » c'est la voix calme et professionnelle de Mademoiselle Howard, la secrétaire de l'établissement privé dans lequel il travaille le vendredi. « Heu oui, naturellement, pourquoi cela, Hélène ? » Jack s'amuse souvent à être familier avec la jolie jeune femme, pour le plaisir de la voir s'empourprer. « Hé bien ma foi... Vous n'êtes pas venu en cours ce matin, alors j'ai pensé que vous étiez peut-être malade. Surtout que cela ne vous arrive jamais. »
Jack fronce les sourcils, esquissant une moue. « Je ne travaille pas le samedi Hélène. Et vous non plus d'ailleurs. Vous avez du vous tromper en vous réveillant ce matin. Moi aussi quand mon réveil a sonné j'ai cru que nous étions vendredi, mais en réalité... » La jeune femme le coupa, confuse. « Mais monsieur Taylor, nous sommes vendredi ! Les élèves sont là, et les professeurs aussi ! A part vous bien entendu... » Cette fois-ci, Jack reste silencieux l'espace de quelques secondes, se prenant le front dans la main. Il est sûr et certain que la journée de la veille était un vendredi. Il l'avait vu sur son téléphone, dans les journaux. Il avait effectué son cours de français hebdomadaire. Il avait discuté avec ses collègues du week-end à venir....Y compris avec Hélène ! Pis encore, son téléphone indique bel et bien samedi. Toutefois, Hélène n'a aucune raison de lui mentir. Ainsi soit elle est complètement folle, soit il se plante.
« Écoutez Hélène, je pense que j'ai peut-être attrapé un rhume hier, je ne me sentais pas très bien. J'ai du confondre...Je suis vraiment désolé de vous avoir fait faux bond ».
« Oh ne vous inquiétez pas, ça arrive à tout le monde. Et puis vous n'êtes jamais absent de toute façon ! »
« C'est vrai. Dites-moi Hélène, aujourd'hui vous portez un tailleur bleu marine et des escarpins grenats, n'est-ce pas ? Les Vera Wang ? »
La secrétaire marqua une pause, surprise. Jack imagine sa tête de l'autre côté du fil, et ne put s'empêcher de sourire, malgré l'étrangeté de la situation. La jeune femme possèdent en effet une quantité invraisemblable de chaussures. Il avait environ une chance sur trente de tomber juste. Lorsqu'elle reprend la parole, elle chuchote, affolée.
« Monsieur Taylor, comment savez-vous ça ? Vous avez planqué une caméra dans mon bureau ou quoi ? » Jack sourit. « Malheureusement non Hélène, je pense que j'ai juste eu de la chance... beaucoup de chance.»Lorsqu'il raccroche, un rapide regard à ses copies l'informe que sa correction de la veille...N'avait pas eu lieu.
Persuadé qu'il a dû rêver la journée de la veille, Jack a essayé d'appeler Mélinda Warren, la petite vampire étant probablement la première informée en cas de survenance d’événements... Étranges. Mais il est tombé sur son répondeur et en a déduit qu'elle est occupé à soumettre quelque esclave. Si bien qu'il a pris le premier bus pour se rendre au lycée, soucieux de vérifier quelque chose. Il doit courir dans la rue pour arriver à 10h30 au portail, avant de traverser la cour de l'école à grandes enjambées. Il devait être 10h35 environ quand je l'ai croisée... Montant les escalier quatre à quatre, il débouche sur le pallier pour constater que le couoir est vide. ouf... Mais son soulagement est de courte durée, puisque quelques secondes plus tard, Céleste Hendricks et sa petite camarades se dirigent dans sa direction.
Mais qu'est-ce que c'est que ce putain de bordel ?