Un peu d'écriture...

J'ai la tête remplie d'idées. Imaginez un vase rempli d'eau jusqu'à débordement. Eh bien ma tête c'est le vase, et mes idées c'est l'eau. Du coup, je me suis dit que j'allais vous passer tout ça, au lieu d'embêter continuellement un ou deux amis avec mes écrits.

Vous pouvez me donner vos avis, même négatifs, et si c'est constructif c'est encore mieux. Mon but est de m'améliorer, je précise...



Je commence donc avec Demoni [titre temporaire], dont le début est doté de quelques illustrations trouvées sur Internet.

Arkan

Espèce : Démon artificiel
Rôle : Traqueur de mages
Aptitudes : Contrôle mental ; manipulation ; illusion ; combat à l’épée ; combat sans armes

Une nuit sombre, un lieu sombre… Je suis bien. Je suis dans mon élément. La nuit, le froid et le silence sont mon foyer. Partout où ils sont, je suis chez moi, plus que nulle part ailleurs. Accroupi sur le promontoire rocheux, j’observe la mer, à peine éclairée par le croissant de lune. La nouvelle lune est pour demain. Demain, je partirai en chasse. Voilà trop longtemps que je reste inactif, il est temps pour moi d’accomplir à nouveau ma mission.

Quelque chose bouge à la surface de l’eau. Quelque chose qui dérive. D’un bond je me propulse en bas de mon point d’observation, sur la plage de galets. J’y marche jusqu’à la mer. Puis mes pieds se posent sur l’eau. Ils ne s’enfoncent pas. C’est l’un des avantages de ma condition.

À mesure que j’avance vers l’objet, je constate qu’il s’agit d’un débris flottant. Il y a un corps qui s’y accroche. Un humain. Un être inférieur. Il se redresse tant bien que mal à mon approche, signe qu’il est vivant. Ses yeux fixent mon visage dans l’espoir d’y trouver des semblables. Mais tout ce qu’ils trouvent, ce sont deux trous dans la coque d’os entourant mon crâne. Ça semble leur suffire.

-Un démon…souffle l’humain.

Il est jeune. Une quinzaine d’années, peut-être. Un jeune garçon, encore dans l’âge de l’innocence, du point de vue humain. Pourtant, dans son regard, nulle trace d’innocence, mais de l’avidité et de l’espoir. Qu’espère-t-il de moi ? Sûrement un pacte, comme tous ses semblables. Mais celui-là m’a l’air bien jeune pour vouloir pactiser avec un démon. Surtout avec moi…

-Que fais-tu ici, humain ?
-Je voyageais…mon bateau a été attaqué par des pirates. Je suis le seul survivant. Tous les autres sont morts ou prisonniers, donc morts en sursis.

Oh, voilà qui est intéressant. Ce garçon est un pessimiste. Et je vois dans son regard qu’il est bouleversé par ce « tragique » événement. Bien, très bien, ça me donne une idée…

-Voudrais-tu te venger ? Tuer ces pirates qui ont massacré tes compagnons de route ?

Oui, il le veut plus que tout. Ses yeux brillent d’avidité. Il est trop facile à manipuler, je ferai de lui ce que je voudrai… Oui, je vais pactiser avec lui, et il deviendra mon jouet, ma marionnette naïve qui croit encore à sa liberté.

-Oui… Je veux les tuer, je veux les voir morts, à nourrir les requins ! Aide-moi, démon, s’il te plaît. Offre-moi le pouvoir de semer la mort sur mon passage, je te donnerai ce que tu voudras en échange.

Vraiment trop facile… Je me penche vers lui pour le tirer de l’eau. Il m’appartient désormais. Je porte mon futur pantin jusqu’à la rive, où je le dépose délicatement. Puis je me redresse de toute ma hauteur pour clamer solennellement :

-Moi, Arkan, je consens à t’accorder le pouvoir que tu demandes, à un prix d’une valeur équivalente. Quel est ton nom ?
-Tarri. Que veux-tu en échange ?
-Tu resteras à mes côtés et m’assisteras dans ma tâche une fois ta vengeance accomplie, et ce pendant trente années de ta vie, jour pour jour.

Une autre façon de dire que je veux son âme, mais il le découvrira peut-être lui-même un jour… Pour l’instant, je préfère le laisser croire qu’il pourra repartir un jour.

Tarri

Espèce : Humain
Rôle : Marionnette vivante
Aptitudes : Contrôle de l’eau ; contrôle mental (faible) ; combat à l’épée ; armes à feu

Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que ça se passe ainsi ? Pourquoi nous ? Qu’avions-nous fait ? Avions-nous offensé les dieux ? Avaient-ils simplement décidé de faire de nous l’instrument d’une guerre personnelle ?

Quand mes parents ont annoncé que nous partirions outre-mer, j’ai hésité, mais je me suis finalement rangé à leur avis. Oh, comme j’aurais dû insister, et les dissuader d’entreprendre ce voyage ! Nous serions alors tous vivants, et ensemble. Mais maintenant je suis seul. Les pirates nous ont pris par surprise, alors que nous sortions tout juste d’une tempête. Ils ont tué mes parents. Ils m’ont pris ma famille, la seule chose que j’avais. Ils doivent payer !

Ce démon est une aubaine. J’ai beaucoup entendu parler de toutes ces histoires de pacte, de pouvoirs en échange de diverses choses, parfois un service, parfois un œil, ou une âme… Mais les démons sont fourbes. Qu’à cela ne tienne, je le serai plus que lui ! Je ne le laisserai pas me prendre mon âme. Ce pacte n’ira pas plus loin que les trente années qu’il vient d’annoncer.

-J’accepte. Quelle que soit ta tâche, démon Arkan, j’accepte de t’y aider pendant trente ans en échange de pouvoirs.

Ainsi est conclu le pacte. Le démon  se penche au-dessus de moi. Je me sens lourd… Pendant que mes paupières luttent pour ne pas se fermer, je sens les mains d’Arkan plus que je ne les vois se rapprocher. Je sens également quelque chose qui entre dans ma peau. C’est un peu douloureux, mais assez peu en somme à cause de mon engourdissement. J’arrive à distinguer des chaînes. Est-ce cela, un pacte démoniaque ? Un lien comme une chaîne, solide, impossible à briser ? Quoiqu’il en soit, juste avant de sombrer malgré tous mes efforts dans l’inconscience, je sens le pouvoir du démon passer en moi via ces chaînes magiques. Je vais pouvoir les venger…

À mon réveil, je me sens différent. J’entends le bruit des vagues, plus qu’auparavant, mais surtout je peux percevoir le mouvement de l’eau avec une acuité surprenante. Avant même d’ouvrir les yeux, je sais que je ne suis qu’à une trentaine de pas de l’eau, distance qui changera avec la marée. Mais j’ai le temps avant de me poser cette question. Pour l’instant, je me redresse, le dos endolori par les galets inconfortables. En regardant autour de moi, je vois le démon, assis, qui m’observe.

-Tu as dormi pendant six heures, Tarri, annonce-t-il. T’estimes-tu suffisamment reposé pour que je t’explique tes nouveaux pouvoirs ?

Six heures, c’est peu. Mais je ne ressens pas de manque de sommeil, je n’ai aucune envie de me rendormir. J’acquiesce donc, curieux et, je l’admets, un peu excité à l’idée que j’ai des pouvoirs octroyés par ce démon. Ce dernier a un mouvement de tête…étrange. J’ai une impression qui l’est tout autant, accompagnée d’une légère pointe d’anxiété que je chasse rapidement.

-Je t’ai accordé le contrôle de l’eau, sous toutes ses formes. Cela inclut donc la glace et la vapeur. De plus, tu es capable de manipuler l’esprit humain, par exemple pour inciter un homme à tuer son camarade. Ces pouvoirs, tu les garderas jusqu’à la fin du pacte, ensuite je te les ôterai.
-Entendu. Je te remercie, Arkan.

Je me lève. Mon regard se porte à l’horizon. Quelque part là-bas, les pirates qui ont attaqué le bateau dans lequel je voyageais sont à la recherche d’autres victimes à piller et à tuer. Malheureusement pour eux, la prochaine personne qu’ils verront sera l’instrument de leur mort.

-Tu me remercieras quand ces pirates seront dans l’estomac des requins. Et je serai là pour le voir, petit.

Je me retourne, surpris. Arkan est debout juste derrière moi. A-t-il vraiment l’intention de venir avec moi ? Pour quoi faire, regarder ? Oui, probablement, il ne m’aidera pas. Ça reste un démon, tout de même.

-Comme tu voudras. Du moment que tu ne m’empêches pas de me venger, je n’ai rien à y redire.
-Je te seconderai dans ta vengeance, réplique le démon. Après tout, tu ne sais pas encore maîtriser les pouvoirs que je t’ai donnés, tu vas avoir besoin d’aide dans les premiers temps.

Oh… Il a raison, bien sûr. Comment n’y ai-je pas pensé moi-même ? Je hoche la tête en un remerciement muet et j’avance vers l’eau. Je la contrôle, m’a-t-il dit… Donc normalement, je devrais pouvoir marcher dessus sans couler. Je pose un pied à la surface, mobilisant une bonne partie de ma concentration pour le forcer à y rester. La manœuvre semblant fonctionner, je tente un deuxième pas, avec un peu moins de succès puisque mon pied entre dans l’eau jusqu’à la cheville.

Quelques minutes d’adaptation et d’essais plus ou moins réussis, et je suis prêt à partir. Je n’ai accordé aucune attention au regard moqueur du démon qui me regardait apprendre à marcher sur l’eau. Une fois bien assuré de ma stabilité, je prends la route, ou plutôt je prends la mer, jusqu’à ceux que je vais tuer.

Plus je m’éloigne de la rive, plus la colère monte en moi. Au même rythme, j’accélère mes pas, et bientôt c’est en courant que je pars vers le bateau que j’aperçois au loin. Reste à savoir si c’est le bon. Quoiqu’en fait, je m’en moque. Si je dois en tuer d’autres pour apprendre à maîtriser mon pouvoir avant de m’attaquer à mes proies, qu’il en soit ainsi.

Je les vois. Je les reconnais. Ce sont eux, ce sont ceux qui nous ont attaqués ! Quelle chance, je n’ai pas eu à passer l’intégralité de la mer au peigne fin pour les retrouver ! Sans attendre d’être arrivé, j’attrape le revolver à ma ceinture et je tire. Et alors que la balle touche une tête et que ma victime s’effondre, le démon derrière moi pousse un hurlement. Rage ? Colère ? Ou simplement l’annonce du combat qui va suivre ? Je ne saurais dire, mais maintenant tous les regards sont tournés vers nous, vers ces deux silhouettes qui courent sur l’eau dans leur direction. Le massacre va pouvoir commencer…

Arkan

Plus je resterai avec lui, mieux ça sera. Pour qu’il apprenne à maîtriser ses nouveaux pouvoirs, certes, mais ce n’est pas la raison principale. Non, en fait, mon but premier est de renforcer mon contrôle sur son esprit si faible. Il croit qu’il peut m’échapper, ce pauvre petit… Mais on n’échappe pas à un démon, surtout un démon manipulateur d’esprits comme moi.

Mon rugissement a fait son petit effet, tous les pirates du navire sont sur le pont, terrifiés à l’idée d’être attaqués par un démon. C’est tellement pathétique, toutes ces petites créatures si faibles, si facilement effrayées… Autant de victimes en plus pour moi ainsi que pour mes congénères, quelles que soient leurs fonctions. Leur peur est notre force, mais le jour où ils le comprendront, il sera trop tard, bien trop tard… Oh ? En voilà un qui n’a pas peur, comme c’est intéressant. Sûrement le capitaine, à sa tenue.

-Qu’est-ce que… Bon sang, c’est un démon artificiel ! Sortez le canon blanc !

Il est clairement plus malin que ses hommes, ce n’est pas difficile de deviner pourquoi c’est lui le capitaine. Par contre, je n’ai pas l’intention de le laisser sortir une arme qui pourrait éventuellement me neutraliser, alors je ne perds pas la moindre seconde. Saisissant Tarri à la taille, je saute pour aller le déposer sur le pont du navire. Et voilà, maintenant la fête peut commencer…

Mon pantin tire balle sur balle, transperçant des crânes et des cages thoraciques à un rythme surprenant pour un adolescent, et avec une précision qui l’est tout autant. Je passerai sur son regard glacial et son apparente maîtrise totale de lui-même, là-dessus c’est moi qui ai triché. Il ne s’agirait pas qu’il tremble dès ses premières victimes, le pauvre.

Mais je ne suis pas en reste. Je m’assure que personne ne l’attaque par derrière. J’ai moi aussi un bon nombre de victimes à mon actif, malgré les quelques moments où je dois m’interrompre pour surveiller que mon humain fait attention avec ses pouvoirs. Il les utilise encore très mal, c’en est presque risible.

-Paré à faire feu, capitaine !

Ah, il semblerait qu’ils aient eu le temps de se préparer… Voyons un peu quel genre d’arme est ce canon blanc. A priori un canon tout à fait classique et banal, noir comme tous ses semblables. Je ne vois vraiment pas ce qu…

Mes pensées sont interrompues par le tir. Ce n’est pas un boulet de canon qui fuse vers moi, c’est un rayon de lumière blanche ! Instinctivement je saute pour l’esquiver, de justesse d’ailleurs, et je vais me percher sur le haut du mât. Regardant en bas, je vois que Tarri a lui aussi évité l’attaque, mais en se jetant sur le côté. Très bien, il aurait été dommage de le voir mourir aussi vite.


Tarri

Je ne pensais pas que tuer serait aussi…agréable. Chacune de mes balles, à peu de choses près, tue un homme. Et ce que je ressens, en plus de la satisfaction de la vengeance, c’est une soif de sang qui s’agrandit à mesure que j’essaye de l’assouvir. C’est étrange. Un peu comme une drogue : je sais que le meurtre est une mauvaise chose en soi, mais j’en avais besoin, et maintenant j’en ai de plus en plus besoin. Est-ce que ça fait de moi un monstre ? Non, je peux me contrôler. Mais je n’ai pas envie d’arrêter. Pas pour l’instant. Pas tant qu’au moins un de ces hommes respire. Après, quand ils seront tous morts, je pourrai m’arrêter. Mais pas avant, surtout pas.

Quand je n’ai plus de balles dans mon revolver, il faut pourtant que je continue de me battre, alors j’utilise ce pouvoir de contrôle de l’eau que le démon m’a donné. J’attire à moi les vagues qui entourent le bateau. C’est encore difficile, mais j’arrive tout de même à faire quelques morts de cette façon.

Le coup de canon me surprend, et j’ai juste le temps de me jeter contre la rambarde pour ne pas être touché. Qu’est-ce que c’est ? Une arme sainte, spécialement conçue pour tuer des démons ? D’ailleurs, pourquoi l’a-t-il qualifié de démon artificiel, tout à l’heure. Non ! Ce n’est pas le moment pour ces questions ! Je ne peux pas me permettre de perdre du temps, alors je me dépêche : comme je suis au bord du bateau, l’eau est plus près de moi, et c’est d’autant plus facile de l’attirer pour la jeter sur le canon, et sur celui qui donne les ordres. À la puissance à laquelle j’ai envoyé cette vague, il n’est pas étonnant que canon et hommes soient tous renversés sur son passage.

Sans cet atout majeur, les pirates ne résistent pas bien longtemps. Arkan et moi terminons de tous les tuer. Tous ceux qui étaient sur ce bateau sont morts, et leur bateau coule, les emportant vers le fond. Pendant ce temps, comme je suis épuisé par toute la magie que j’ai utilisée, Arkan me soulève et me porte jusqu’à la terre ferme. Il est temps pour moi de dormir un peu, et demain je pourrai l’aider dans sa tâche, comme je lui ai promis.