Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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A Human I Should Turn To Be

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Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 30 lundi 03 mars 2014, 12:34:28

Pour commencer, Drea : Je n'ai peur de rien.

Il ment, parce que justement, il a peur d'elle. L'une de ses seules faiblesses, qui, avec Isaac, pourrait le faire flancher devant n'importe quelle menace. Il a une deuxième personne en qui il doit prendre soin, et c'est un fardeau, mais un fardeau qui vaut le coup. Law aime peu, mais il aime bien.

Cependant, il lui faut appuyer ses dires, et passer pour un mâle viril, qui ne craint rien. Sa main s'enferme sur la lame – sur la lame – et il poussera dessus pour la repousser. Andrea peut, si elle le souhaite, forcer dans le sens inverse, ce qui précipitera le tranchant de son arme à déchirer la peau de la main de Law, chose pour laquelle il ne se formalisera pas de toute façon, si d'aventure elle devait le tenter. Qu'elle résiste ou non, il supprime la menace. C'est après seulement qu'elle pourra l'embrasser, puis la ranger. Que ce soit dit : il ne se laissera pas égorger dans son sommeil, tout comme elle ne se laissera pas prendre sauvagement par ce monstre de masculinité, dont toutes les femmes rêvent d'avoir la visite en pleine nuit. Mais si, mais si, toutes. Même les hommes, en fait.

Le baiser a un goût nouveau – comme chacun de leurs baisers, qui intervient dans un état d'esprit différent à chaque fois, faisant jaillir des sentiments uniques et partagés. Sa main sur sa taille ne se posera pas sur le tissu de sa robe, non non : Ses ongles feront se relever la robe, tassée au creux de sa paume jusqu'à ce que les hanches soient libres. À ce moment-là seulement, il accepte d'y laisser reposer ses doigts. Soulagement de sentir sa peau au toucher.

Tu n'as pas compris. Je m'en fous. Peu importe que ça mette des années. Peu m'importe d'être le seul, d'ailleurs. Je veux juste que tu éprouves du bonheur à tout ce que tu fais. Si je dois attendre une dizaine de mois, j'attendrai. Si tu veux te rassurer ou t'amuser auprès d'autres, je ne peux pas t'en empêcher. Tu fais ce que tu veux, Andrea. J'aime prétendre que le temps et les événements n'ont pas d'impact sur moi. Je serais toujours là quand tu te décideras, d'accord ?

Il soupire avec un léger sourire, puis l'embrasse de nouveau, brièvement, avant de rejeter les cheveux mouillés de sa belle en arrière, d'une main, les dresser pour qu'ils évitent de lui retomber dessus. Une mèche s'échappera : Il la met dans sa bouche, puis mâchonne bêtement.

Le jour où je fais une connerie, je t'invite à aller voir au-dessus de nous. Mon dieu sera ravi de me punir, pour une fois, je pense.

Encore faudrait-il qu'elle croit en lui. Law va devoir se charger de cela. Il la relâche, étend ses bras sur le côté, s'arrachant au passage un bâillement qu'il tentera d'étouffer sur son épaule, par politesse. Ses yeux clignent, son regard paraît soudain plus fatigué.

J'aimerais que tu réfléchisses à ce qui te fait envie.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 31 lundi 03 mars 2014, 14:30:33

Sa résistance ne l’étonna pas. Andrea eut été surprise s’il s’était laissé faire à la menace, même totalement dénuée de danger comme la sienne. Law n’était pas du genre à accepter une telle provocation, même de sa part. Surtout de sa part, peut-être. Elle n’insista pas, le laissa la contrer sans jamais appuyer pour ne pas le blesser sans raison. Rangeant l’arme, docilement, elle le laissa prendre possession de sa peau avec plaisir. Elle, les mains sur son torse, ne semblait même pas remarquer qu’il était toujours nu et qu’elle était assise sur une zone quelque peu dangereuse dans son désir de se restreindre pour le moment. Elle s’en fichait. Du moment que ce n’était pas difficile pour lui, elle s’en moquait. Le caractère sexuel de la situation ne lui apparaissait que de manière trouble, dans un coin de son esprit. Elle avait conscience que cela pouvait prêter à confusion, mais ne se sentait comme pas concernée. Pas tant qu’elle ne lèverait pas le levier de sa conscience.

« Chut. »

Elle le fit taire d’un nouveau baiser, n’appréciant pas certains de ses mots. Elle savait bien qu’il s’en fichait et voyait les choses bien différemment d’elle. Mais malgré tout, elle n’aimait pas qu’il lui parle de cela.

« Si je te dis que tu seras le seul ce n’est pas pour flatter ton ego ou te rassurer. C’est parce que je ne veux pas qu’il y en ait d’autres. Il y en a déjà trop eu. »

La jeune femme avait conscience que cette discussion était stérile tant qu’elle ne le lui montrerait pas dans les faits. Il penserait toujours qu’elle pouvait changer d’avis, se trouver quelqu’un avec qui se divertir le temps de quelques heures. Il ne comprenait pas qu’elle n’en avait absolument et définitivement pas l’envie, et que ce n’est probablement pas quelque chose qui reviendrait comme cela. C’est sans doute quelque chose qui ne répondrait jamais à la définition de l’amusement, pour elle. Pour ça, elle avait le jeu, la découverte, et bien d’autres activités. Mais pas ça.

Ses yeux se firent rieurs. Il avait l’air d’un gamin, comme cela, abandonné et taquinant ses cheveux, sa peau. Un petit garçon amoureux. Elle ne le lui dirait jamais, il lui en voudrait très certainement de briser son image de mâle viril. Et pourtant, dans les yeux de sa reine, le roi a toujours l’air d’être encore un adolescent incertain craignant la couronne. On ne changerait pas le monde de sitôt.

« Pour l’instant, que tu dormes. Demain, je vais me plonger sérieusement dans le travail d’Isaac et l’apprentissage des rouages de Nexus. J’irai rendre visite à un certain comte pour m’excuser de mon attitude de tout à l’heure, également. Ensuite, je verrai. Oh et, dis-moi si c’est trop pour toi, surtout. »

A ces mots, Andrea enleva sa robe, restant en sous-vêtements. Elle détacha sa dague, la glissa sous l’oreiller qu’elle approcha de celui de Law, et s’allongea contre lui, sur le côté, un bras glissé sur sa taille. Il se soulevait à chacune de ses respirations, en rythme avec son ventre. Et vu la journée qu’elle avait passée, Andrea ne tarda pas à s’endormir.



Pourtant, contrairement à ses mauvaises habitudes des derniers matins passés à Nexus, cette fois-ci elle se réveilla avec le soleil, alors qu’il commençait à peine à montrer ses premiers rayons. Elle se leva doucement, essayant de ne pas réveiller le dormeur à ses côtés. Pour une fois qu’elle se levait avant lui… Souriant de le voir enfin se reposer un peu avant des jours de travail qu’elle imaginait déjà bien remplis pour lui, Andrea appela des esclaves et leur demanda de préparer un repas habituel pour leur maître. Des fruits, du thé, en profusion, le connaissant. Après une douche rapide, elle s’habilla avec les vêtements qu’Amara vint déposer à son intention. Elle était décidément très serviable. Elle songerait à la récompenser pour sa prise d’initiative. Enfilant une tenue fonctionnelle et se fondant dans les habitudes nexusiennes, la jeune femme laissa l’esclave lui attacher les cheveux, comme elle faisait dans son pays pour sa petite sœur.

Elle se sentait entièrement chez elle. Et la journée allait être un enchaînement de choses à faire absolument. Heureusement qu’il était tôt et qu’elle pouvait se permettre de ne pas s’inquiéter de l’heure à laquelle Law finirait. Elle se doutait bien que l’esclavagiste ne pouvait pas se permettre de quitter son royaume sans faire de longs préparatifs, de tout prévoir, tout organiser. Sans quoi, l’entreprise, les bas-fonds et une bonne partie de la haute société de Nexus allait s’effondrer sur eux-mêmes.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 32 jeudi 06 mars 2014, 13:09:47

J'aurais aimé dire qu'il était resté ainsi allongé sur le dos, remuant ses pensées avec inquiétude, pensant à tout ce qui l'attendrait dans sa vie, à tout ce qu'il s'était passé depuis son dernier sommeil, maintenant qu'enfin il était libre de se parler à lui-même, dans un environnement apaisé, propice à ses réflexions. J'aurais aimé dire qu'il fixait le plafond tandis que les flammes autour se réduisaient, qu'il était parfois animé de sourires ou de grimaces, en fonction du chemin que prenaient ses idées. J'aurais aimé, oui, qu'il puisse envisager son avenir sous bien des aspects, du positif au négatif, soupirant de se voir au bord d'un gouffre si grand que, pour une fois, il ne parvient pas à en distinguer le fond. J'aurais aimé dire qu'il s'était tourné vers Andrea, dormant paisiblement, et qu'il s'était dit que tout n'était pas si vain en ce monde.

Mais il s'était endormi à une vitesse éclair, exténué par sa journée et sa nuit précédente.

Il réserva toutes ces pensées à ses rêves.



Il était réveillé. Seul. Il détestait quand un matin ressemblait aux autres matins, que la fille avait dû fuir, appelée par son devoir. Lui qui était d'habitude si prompt à se dresser de son lit, comme éjecté, en pleine forme, prêt à affronter la journée qui l'attend, cette fois-ci, il lui faudra cinq bonnes minutes pour se traîner difficilement hors des draps. Il commence par aller ouvrir la porte, constatant comme chaque matin qu'on l'y attend.

« -Tu es là depuis longtemps ?
-Moins d'une heure, Maître. »


Il grogne. Il sait qu'il ne doit pas, mais il se sent mal pour l'employé. Bon, il est payé à ça, en même temps. Regard dans le miroir. Bâillement.

-Putain mais c'est scandaleux, mes cheveux au réveil. Bon, je t'écoute.
-Vous avez reçu un courrier. C'est une amende.
-Fait voir ?... Hmm... « Exhibitionnisme », « Outrage à la cour » et « Nudité dans un bâtiment officiel ». Il y a une infraction qui s'appelle comme ça ou ils viennent de l'inventer ?... Bon, je dois bien ça au juge. Payez l'amende. Et rajoutez un petit quelque chose pour le magistrat, il m'a acquitté après tout. L'argent ne l'intéresse sans doute pas...
-Des jetons ?
-Oui. Bonne idée. Cent jetons de cinq d'argent. Ca lui permettra de venir dépenser ici. Et euhm...
(Il écarte son pansement et se saisit d'un petit linge dans un tiroir pour essuyer le baume, qui commence seulement à sécher) … Tiens, une invitation pour l'ouverture de l'arène. Cela pourra lui plaire. Et rédigez un petit mot.

L'employé notait diligemment.

-Qui dira ?
-Pas un truc du genre « merci de la relaxe », plutôt quelque chose comme... « merci de votre clairvoyance dans cette affaire », un propos détourné, pas trop direct. Léchage de bottes sans soumission. Et que je serais ravi de le voir dans le casino, où je lui réserverais...
-« La meilleure nuit de sa vie » ?


Law sourit. C'est une formule qu'il utilise souvent lorsqu'il invite quelqu'un.

-C'est ça. La meilleure nuit de sa vie. »


L'arène était à plusieurs quartiers du Casino, dans une place commerciale, relativement peu peuplée. Il ne savait pas pourquoi il n'avait jamais eu cette idée auparavant. Un ami – un partenaire commercial de longue date, plutôt – venait de faire faillite et il avait eu cet endroit pour une bouchée de pain. Le commerce était racheté dans son entièreté, avec ses combattants... et les dettes attachées. Il ne voyait aucun problème à rembourser les créanciers, d'autant qu'il se trouvait quelques uns de ses propres débiteurs parmis eux. Les dettes s'annulent, pour le plus grand bonheur des deux parties.

Assis sur un haut canasson à la robe d'un élégant brun clair, il écoutait le maître d'oeuvre lui expliquer où en étaient les réparations et rénovations. Il l'amenait vers la grande arche d'où les combattants entraient, et lui expliquait une certaine vétusté que l'architecte venait tout juste de découvrir. Mêlant les termes techniques et la vulgarisation nécessaire au profane, il lui montrait que le portage n'était pas optimal, et que les pierres du sommet subissaient une pression inégale qui risquait de les faire flancher.

« -Détruire et reconstruire ?
-Ouaip, m'sieur.
-Ca coûte ?
-Un peu. C'est surtout la structure temporaire à caler pour éviter que tout l'édifice ne s'écroule qui va faire chier. Mais si vous m'permettez d'employer deux nouvelles paires de bras et que vous m'les payez, j'vous l'offre.
-Si vous me promettez de leur payer leur salaire après avoir fini votre travail et pas les foutre à la rue, j'accepte.
-Vendu, m'sieur Raine. J'dois vous parler des gradins aussi, v'nez voir. »




« -Et sinon, qu'avez-vous fait avant-hier ?
-Comment ça ?
-Pour la fête !
-Oh, ça. Et bien... Le travail. Et vous ?
-J'étais chez vous. Comment s'appelait-elles déjà ?... L'une s'appelait Lynnea, ou quelque chose du genre. J'ai oublié le nom de l'autre.
-Comment était-ce ?
-Magistral. J'ai mangé aussi. Et j'ai assisté à un spectacle. Vous savez recevoir.
-Mes clients sont des amis. Et je sais traiter des amis.
-C'est ça, c'est ça. Que puis-je ?
-Je veux une délégation de la part de la cour.
-Une délégation ?... Vous savez que ces temps-ci, on parle beaucoup de vous à la cour. Mais pas en bien.

-Je m'en doute. Et nous savons tous les deux que tout cela est d'abord une cabale de quelques hauts fonctionnaires qui abusent de leur sacerdoce.
-C'est vous qui le dites. Une délégation, donc ?
-Oui. J'ai décidé de construire un tribunal dans les bas-fonds.


Gros blanc.

-Un tribunal ?
-Un tribunal.
-Vous n'êtes pas sans ignorer que la Justice est rendue par l'Etat.
-Je suis au courant, j'y suis passé. Je sais aussi que ce pays fut presque fondé par un juge, grand homme si il en est, et qu'en ce sens notre Nation est très portée sur le concept de Justice. Et c'est pour cela que je vais entreprendre cette construction. Vous n'ignorez pas, vous, que votre « Etat » tout-puissant s'arrête justement à l'entrée des bas-fonds, et que l'armée n'y fait plus son travail. Le pouvoir est tenu et organisé par les criminels.
-Dont vous faites partie.

-Oui. Et cela ne peut plus continuer, soyons honnête ! Aussi, je veux y rétablir un tribunal. Il m'appartiendra, je le protègerai autant qu'une autre de mes possessions. Les magistrats y seront nommés par Nexus, et ils seront sous ma bonne garde aussi. Les crimes commis aux bas-fonds pourront être jugés sur place, dans l'heure. Quitte à ce que les auteurs d'infraction soient aussi conduits par mes hommes.
-... La justice des bas-fonds va devenir la vôtre. Payée par Nexus.
-La justice des bas-fonds est celle que je fais appliquer, déjà. Mais cette fois-ci, ce seront les lois de Nexus qui s'appliqueront. Je continuerai à faire régner ma propre loi à côté, et si l'armée le souhaite, elle pourra tenter de m'arrêter et de me traîner devant mon propre tribunal. Je ne m'y opposerai pas. Ai-je précisé que les magistrats seront nommés par Nexus ?
-Il est inc...
-Je vous signe ce que vous voulez. Je vous donnerai toutes les garanties que vous demanderez. Je jure sur ma vie de ne jamais atteindre à l'intégrité physique des juges et représentants de la Reine qui seront placés là, et que j'empêcherai quiconque de le faire.
-Ecoutez...
-Entre nous, je suis fatigué de négocier, alors allons droit au but. Vous êtes quelqu'un que j'apprécie plutôt dans ce palais, ce ce doit être assez rare pour être noté. Je vous offre une entrée illimitée à mes maisons de plaisir. Illimité. Toutes les putes que vous voudrez, toutes les représentations et tous les repas. Je sais ce que vous avez demandé à Lynnea pendant que Cytherea dormait. Je ne juge pas, n'est-ce pas ? Chacun nos perversions. Mais les deux m'ont dit que vous avez été agréable avec elles, et j'apprécie ceux qui évitent de brutaliser, surtout moralement, mes filles.
-Vous saviez que j'étais chez vous ?

-Voyons, je le savais avant que vous n'entriez. Peu importe. Entrée illimitée, et consommations illimitées. Chaque année, nous remettrons à plat nos relations, mais je ne pense pas avoir un jour à vous retirer ce cadeau, car nous resterons toujours en bons termes, n'est-ce pas ?
-Sieur Raine, vous me faites l'effet d'un... serpent...


La comparaison décroche un sourire à Law.

-Merci, j'apprécie. Je veux une réponse maintenant. Vous devenez un adversaire, ou quelqu'un envers qui j'ai une dette à vie ? »



Les entrevues et les responsabilités se succédaient. Repas en fin d'après-midi, dans une taverne très en vue au coeur de Nexus, avec un autre esclavagiste. La discussion était amicale, mais déviait bien vite sur une future cargaison d'esclave provenait du nord par bateau. L'autre voulait sa part, et il n'était pas le seul. Il était prêt à payer cher pour avoir de ces marchandises censément de qualité, et assez jeunes pour représenter un investissement correct. Law lui accorderait une part, en échange d'une somme conséquente.
Il fallait ensuite régler les salaires des employés. Isaac s'occupait de cela d'habitude. Avec l'un de ses pairs, ainsi étaient nommés les lieutenants de son empire, Law composait l'habituel tableau des paiements, base de calcul sur lesquels étaient indexés les versements aux employés en fonction de leur rang, ancienneté et pénibilité de leur travail, et ce pour les vingt jours à venir, base dégagé  du rendement collectif estimé ressortissant des chiffres exprimés par les gains du mois. Il y passait une bonne heure, après quoi il abandonnait les détails à son subordonné. C'est par un étonnant réflexe qu'il s'était dirigé vers la chambre de Jana, sans trop réfléchir, faisant demi-tour en s'en rendant compte. Mais le voilà en plein milieu d'un couloir, debout, à se demander ce à quoi il pourrait occuper les trentes minutes qui viennent. Il a envie de se détendre, mais n'a aucune idée de comment faire, à vrai dire. A cette heure-ci, la Favorite serait déjà à genoux à détacher sa ceinture. Il soupire. Non, ça ne lui manque pas. Il n'a pas envie que ça lui manque, bordel. Non, ça ne peut pas lui manquer. Voir cette petite bouche avide s'ouvrir en grand pour saisir, entre ces lèvres outrageusement apprêtée, son vit dressé et tout aussi hâtif, sentir la chaleur et l'humidité emprisonner le pieu qui ne rêve que de lui transpercer la gorge, et gémir des caresses de langue qui s'étend longuement sur le dessous de sa verge, si sensible... Non, non. Il s'en fout, hein, vraiment.

Bordel, bis.

Il faut travailler plus, pour compenser.


Beau garçon était Kaylan. Acheté jeune, totalement dévoué. Un terranide-tigre de deux mètres cinquante au bas mot, à peu près deux-cent kilos de muscle, belle gueule noble, et un air un peu naïf. Des sangles de cuir nouaient, à chacun de ses bras, des ballots de lin rectangulaires garnis de plumes épaisses, qui servent à encaisser les coups que Law porte. Il frappe avec le plus de force possible, tentant de déjouer l'attention de Kaylan pour le toucher frontalement, mais celui-ci, diligent, des réflexes surdéveloppées par sa condition animale, paraît tout les coups, qui finissait irrémédiablement par s'écraser dans les boucliers de tissu, dans un lourd « Pof » qui se succédait à des tas d'autres « Pof ».

« -Ensuite ?
-Quatre cent mercenaires ont débarqué, venant de l'est. Ils ont été accueillis par Masi Sist.
-Le lieutenant de... de...
-Du notable Ation.
-Oh. Ensuite ?
-Hmm... Nexus a obtenu une réduction du prix de ses exportations de grain auprès de la principauté de Tourange.
-Ensuite ?
-Hmm... Un attentat à Tekhos. Quatre blessés seulement, la bombe n'a pas explosé à l'endroit prévu apparemment.
-Des informations ?
-Aucune.

-Tsss. Ensuite ?
-Le duc...
-Non, non. Laissez tomber, c'est fini. On continuera plus tard.


Emportant son calepin, l'interlocuteur s'incline et sort. Law reste avec Kaylan, seul. Un pas en arrière, de quoi lui envoyer un violent coup de pied visant le bide, que le tigre pare sans mal, en s'inclinant un peu et en opposant ses deux bras rembourrés pour le bloquer.

-T'as pas baisé depuis quand, mon joli ?
-La dernière fois que vous m'avez donné une femelle, Maître.
-Ce qui signifie ?
-78 jours.
-Pfouh.


Lui qui était repassé aux poings voit une nécessité de reprendre les coups de pieds, dont il change la trajectoire à chaque fois, pour se rendre un peu plus imprévisible, avant de retenter à la main, puis aux coudes.

-Tu te rappelles que tu n'es plus esclave ?
-Oui, Maître.
-Alors tu n'as plus à vivre ainsi.
-Je ne sais vivre qu'ainsi.
-Tsss. Agis en homme libre !
-J'essaie, Maître.


Dernier assaut de ses poings. Il accélère, tente de percer le lin, force, y met plus de rage, jusqu'à s'arrêter, brusquement, les muscles de ses avant-bras criant leur douleur.

-Bonne nuit, Maître.
-Hm hm.




Dodo.



Réunion dès le réveil. Tous les pairs avaient été convoqués il y a quelques jours, pour que les plus lointains puissent venir. Autour d'une table carré, Law au bout, il avait rédigé une liste de ses directives pour les jours à venir.

C'était délicat pour lui. Chaque instant de sa vie, il craignait la trahison, et ce sera sans doute sa paranoïa constante lors de son absence. Il avait donc inséré, dans ses dossiers, des informations divergentes. Toute prévarication sera repérée, et comme à son habitude, il punira la déloyauté avec sa fermeté habituelle. Au fond, il est content de laisser la charge du royaume à sa cour : A son retour, il fera le tri entre les fidèles zélés et ceux qu'il pourra affecter loin du pouvoir.

Alors que chacun parle, exposant ses différents objectifs dans leurs domaines respectifs, Law se saisit d'un bout de papier, sur lequel il griffonne rapidement un mot, avant de le passer à un serviteur. « A Andrea », lui dit-il. L'autre acquiesce et s'évapore.



« -Quand suis-je devenu un bureaucrate ?
-La bureaucratie est un outil de pouvoir. Il me faut une signature ici aussi. »




Il a ensuite fallu faire le tour des employés. Leur parler, à presque tous. S'assurer de leur fidélité, son obsession constante. La journée avait été faite d'allers et de retours entre le Casino, les maisons de passe, les ports de Nexus où se tiennent ses agents commerciaux, les tavernes et restaurants, les différents commerces qu'il possédait. Une tournée infernale, alternant le cheval pour les longues distances et les petons pour furter dans les avenues bondées lorsqu'il n'y a que quelques mètres à parcourir, traînant avec lui quelques mercenaires et des employés.  Passé 19h, ayant parcouru l'essentiel de son empire à Nexus, il était retourné squatter le casino, faire un léger somme assis sur son bureau, avant de se décider à passer en revue toute la documentation comptable, technique et humaine de ce dernier mois. Tout analyser, comme le ferait Isaac avec un talent infiniment plus grand et une rapidité sans doute considérable, annoter ce qu'il faudrait améliorer, dresser une éventuelle liste d'économies à faire. Travail éprouvant pour ses nerfs, qui demandaient généralement un peu plus d'action ; alors qu'approchait le milieu de la nuit, il finissait par abandonner. Silence de mort dans les couloirs. La maison de jeu commence à se vider. Du haut de son escalier de marbre blanc, il jette un regard sur les clients encore présents. Il sait qu'au moins, il peut compter sur eux pour ne jamais le lâcher.



Bien qu'il fasse frais, il lui fallu faire un tour dans la cour intérieure de son casino, carré de verdure avec vue sur le ciel étoilé, entouré de galeries à colonnes, donnant sur des chambres et des couloirs où s'étendaient les ramifications nombreuses du bâtiment. Au milieu de l'herbe, des chemins de pierre donnaient accès à des tables de jeu éparses. Une pute, acharnée au travail, en était déjà à son dixième client. Elle cherchait le suivant, le bras posé sur l'épaule d'un joueur qui défi le froid. Un petit tour entre les croupiers, leur faisant signe qu'il va falloir rentrer, car il ne souhaite pas qu'ils soient malades. Il contemplait ensuite la lune, et bâillait. Demain, dernière journée de travail.




Couché aux aurores, levé un peu avant le repas. On lui avait disposé un déjeuner très copieux, qu'il avait expédié seul, sans le moindre esclave pour lui faire la conversation, debout au-dessus de son bureau, réglant les détails de son voyage à venir. Il ne s'agissait pas d'un parcours millimétré et horairé, ne laissant aucune place aux surprises : Il tenait juste à s'assurer que son anonymat était toujours garanti, qu'aucun bouleversement géostratégique ne viendrait entraver son avancée, qu'il ne manquerait de rien qui ne lui soit nécessaire. Il extrayait deux feuillets déjà remplis d'écrits, sur lesquels il griffonait quelques mots, avant de jeter tout le reste dans sa cheminée. Il laisse ça dans une lettre scellée, « à l'attention de Kaylan », et abandonne le tout sur son bureau. Glissé dans les mains d'un serviteur en sortant, et les dés étaient jetés.



Temple ! Des remerciements du Haut-Prêtre pour avoir financé l'autel de Sparshong, dieu qui manquait cruellement en ce lieu. C'est bien naturel, la foi est au-dessus de l'argent, n'est-ce pas ? Il demande alors si c'est dans ses projets de construire une église qui lui serait uniquement consacrée ; Law répond par la négative, rappelant que ce Dieu aime à rester secret. Politesses, discussions futiles, et le voilà e nouveau seul. Agenouillé.

Il était venu demander protection, bien entendu, mais c'était secondaire : une divinité ne nous doit rien. Nous devons aux dieux. Aussi, il était présent pour demander au reptilien si celui-ci désirait qu'il se venge de ceux qui ont conspiré contre lui. Cette entreprise serait d'importance, et elle nécessitait donc indubitablement l'accord du serpent pour pouvoir être menée. Ses chuchotements demandaient ardemment un signe, une indication, quelque chose qui lui certifie sa volonté que Law ne tue, au moins, le responsable de la police Utsaah. Rien ne venait. La réponse se faisait parfois attendre, ou ne venait jamais. Après de longues minutes, le fidèle se relevait, pas plus avancé qu'en arrivant, et partait.



Un nouveau mot pour Andrea, laissé à un mercenaire, avant d'enfourcher son cheval et de galoper vers le port.



Arrivait le crépuscule. Son moment préféré de la journée, celui où le soleil, se masquait derrière de cotoneux nuages à l'horizon, semblait se muer en une boule de feu, tantôt pourpre, tantôt améthyste. C'est à cette heure-là que Nexus lui appartenait, quand le crime est à son zénith, que le jeu tourne à plein régime, que ralentit jusqu'à l'agonie le travail légal, remplacé par les activités les plus sombres, dans des rues mal fréquentées. C'est la période de la journée où l'on s'assied autour d'une table fort garnie, et où l'on discute stratégie, commerce et finance, et où les pots-de-vin vont bon train.

Un grand cheval blanc pour Andrea, appreté en plein milieu de la rue, sorti de l'une de ses écuries privées. Un canasson majestueux, un peu fougueux, mais qui savait se tenir en société, et doté d'une solide endurance. Law avait repris, pour lui, l'étalon de robe baie cerise, son meilleur destrier, propre aux galops sauvages, qui savait distancer n'importe quel autre bête de course.

Les selles étaient sommaires. A l'arrière étaient nouées un paquetage qui suffirait à sa survie pendant un certain temps.

Au-delà des remparts de Nexus, s'étendait une longue plaine, parsemées d'immenses fermes et de quelques hameaux sans prétention. Après quelques minutes de trot, une bifurcation sur un sentier de terre menait dans un petit bois dense. Passage nécessaire, que Law comptait traverser pour reprendre, à la sortie, une autre grand-route, et s'assurerait ainsi de ne pas être suivi.

« -Pas de trace de monsieur Isaac, Maître.
-Putain... Dites à mes pairs de le retrouver. Priorité absolue.
-Bien. »


Il n'avait pas envie de remettre en cause son voyage. Mais son ami... pour ainsi dire, son seul vrai ami, était perdu dans la nature, avec une heure de retard. Isaac ne pouvait pas être en retard, il ne savait pas l'être. La ponctualité était inscrite dans ses gènes, avec la rigueur et le pucelage. Bon, pour ce dernier point, la légende est entière.


Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 33 jeudi 13 mars 2014, 21:37:00

« Je crois que vous ne comprenez pas. Je le connais. Allez lui annoncer Andrea, et tiens dites-lui au passage que vous êtes viré ! »

L’homme qui lui faisait face continua de s’esclaffer grassement comme il le faisait depuis au moins cinq minutes. Ce n’était manifestement pas un esclave, puisqu’il se permettait de prendre des libertés et se montrait même impoli face à une possible invitée de son maître. Cela devait être un domestique employé librement. Qu’importe, Andrea lui aurait bien mis deux gifles en travers de son visage trop maigre, longiligne et pointu. Ses yeux, plissés, ne laissaient plus que deux fentes sur son visage qui faisaient écho avec les lèvres minces et pincées dans un amusement tout relatif. Car si l’attitude de l’homme était moqueuse, ses yeux restaient froids et alertes. Il préférait ne pas se relâcher devant cette souillonne, juste au cas où elle se montre dangereuse et donc désespérée.

- Ecoutez, je me répète mais je ne pense pas que vous connaissiez mon maître. Il ne fréquente les dames de votre extraction que pour ses plaisirs personnels, et dans ce cas c’est lui qui vient à vous. Votre place n’est pas dans cette maison.

 Il n’en fallut pas plus pour réellement énerver la jeune femme. Baissant un instant les yeux sur son accoutrement, elle faillit lui pardonner. Elle avait, par-dessus sa tenue très simple composée d’un pantalon de toile un peu trop large et d’un haut cintré mais très basique également, un tablier de couturière. A sa ceinture, une pelote d’épingle traînait encore, illustrant la blancheur douteuse de l’habit de travail qu’elle avait enfilé depuis midi. Sa matinée avait en effet été remplie par les charges laissées par Isaac. Andy avait compté, répertorié, classé, et ce depuis les premières heures du matin, déjà habituée à une vie bien chargée là où avant elle passait des journées à ne rien faire. Comme si la jeune femme avait dormi pour les dix années à venir, et qu’il était à présent de rattraper son retard. Sans cesse sur le qui-vive, jamais en manque d’occupation, elle abattait même un peu plus que ce que le bras droit de Law lui avait demandé. A cela se rajoutait un peu d’organisation, la jeune femme donnant du travail aux esclaves qui lui étaient plus spécialement dévoués. Elle employait notamment avec facilité Amara, à qui elle faisait volontiers pratiquer la langue d’ici pour la faire se perfectionner. En échange, elle lui apprenait quelques mots simples de son dialecte qu’Andrea écorchait joyeusement avec un accent des plus incompréhensibles.

Elle appréciait la jeune femme, et avait toujours un peu de mal à la réprimander quand elle faisait quelque chose de travers, avant de lui pardonner. Parce qu’Amara était elle aussi un peu perdue dans un univers auparavant inconnu, et elle avait dû s’adapter à un langage qu’elle ne maitrisait pas pour survivre. Tout comme Andrea découvrait chaque jour des coutumes essentielles à son quotidien au sein de Nexus. La jeune fille ne réalisait pas qu’elle s’attachait de plus en plus à l’esclave. Si cela avait été le cas, elle s’en serait séparée pour s’empêcher de dériver. Il n’était certainement pas bon de franchir les limites maître / esclave. La distance sociale qui les séparait ne devait pas être franchie, au risque qu’un empire entier, un château de cartes s’effondre en avalant dans sa chute les conventions qui faisaient tenir la société debout.

Après s’être appliquée à ranger tous les livres de comptes, Andrea avait filé en ville tous les jours. Au bout de 48h seulement de supplications et de négociations, elle avait décroché un travail à l’essai. Couturière, rien de bien glorieux. Pourtant c’était toujours quelque chose à faire de ses dix doigts. De quoi remplir la bourse qu’elle mettait un point d’honneur à alourdir. Et puis elle chercherait autre chose plus tard. En attendant, raccommoder les pièces et participer à l’élaboration de nouvelles robes ne la dérangeait pas. De plus, cela avait un avantage certain. S’infiltrer dans le quotidien des nexusiens. Les conversations étaient bien plus triviales et terre-à-terre que dans le casino au-dessus duquel elle vivait. Il y avait une réalité dans la rue et dans les habitudes, les discours de politesse, qu’elle ne retrouvait pas ailleurs. En se roulant dans la boue de Nexus, Andrea avait l’impression de semer des graines, de sentir ses racines s’infiltrer dans le sol. Elle épousait de plus en plus cette société, cette cité, cette vie. Rire d’une idiotie, prendre des nouvelles d’une cliente fidèle. Elle apprenait vite et reproduisait à la perfection les attitudes et les conventions sociales qui régnaient en maître dans le quartier modeste mais animé de la boutique qui l’employait.
 
Mais son allure n’avait rien de soigné, il fallait en convenir. Et se présenter ainsi devant le comte, cela avait quelque chose de ridicule en effet. Toutefois, ce domestique outrepassait ses fonctions en jugeant du caractère inopportun d’une visite, et refusant d’en informer son maître. Et ça, elle ne pouvait pas le laisser passer.

« C’est la dernière fois. Conduisez-moi à lui, immédiatement. »
- Voyons, ma dame, il est temps de partir à présent. La farce a suffisamment duré.

Oh que oui. Andrea le poussa contre le mur de l’entrée, par surprise, et vint chuchoter à son oreille quelque chose qui le fit blêmir.

- Il… Il fallait le dire plus tôt, Madame Raine. Le comte va vous recevoir. S’il vous plaît, ne lui dites rien…
« A qui ? »
- Aux deux, ma dame.

Andrea soupira et prit seule la direction des appartements du comte. Elle devait encore se servir du nom de Law, et cela l’attristait. Elle aurait préféré qu’il la prenne au sérieux immédiatement. C’était à elle de se forger un nom, de sortir de l’ombre peu à peu. Elle comptait bien réussir, d’une manière ou d’une autre. Pas pour briller à ses côtés, non. Juste assez pour qu’elle n’ait pas à se cacher derrière lui pour ouvrir les portes.

- Andrea Raine, sous mon toit, quel honneur !

A peine se fut-elle retournée qu’il se fendit d’un baisemain de circonstance. Il en rajoutait un peu sur la politesse, mais la jeune femme laissa un sourire fleurir sur ses lèvres.

« Comte Makhno, quel plaisir. Je ne reste pas. Je voulais simplement m’excuser pour mon attitude de la dernière fois. Je me réveillais d’un mauvais rêve où vous n’aviez pas le plus agréable des rôles. Ceci étant fait… » déclara-t-elle, sur le point de partir.
- Allons, vous resterez bien le temps d’un verre ! Laissez-moi au moins une heure ou deux pour vous prouver que vous faites erreur auprès d’un vaurien pareil, et que je suis un bien meilleur parti à exploiter.
« C’eut été une proposition alléchante, si tant est que je cherche un parti à exploiter. Non merci Makhno, je ne marche pas. Et les yeux doux sont de trop. Je me répète, mais vous n’avez pas la moindre chance. Par contre, je pense que cette demoiselle aurait grand plaisir à ouvrir les cuisses pour vous laisser vous y glisser. Je suis certaine que rien que cette idée, que je viens d’insinuer dans son imaginaire, lui fait mouiller ses langes. Amusez-vous bien, gardez mes excuses et ne vous avisez pas de me reproposer un diner ou un verre, à moins que vous ne teniez à ce que je vous les rende par un des orifices, au choix, de votre corps. »
   
Là-dessus, Andrea fit demi-tour et abandonna un comte de plus en plus charmé aux joues écarlates de la jeune fille qui avait fait son apparition, sans doute pour lui demander de rejoindre son père au petit salon. Sans plus se soucier d’une quelconque réponse, Andy ressortit en faisant mine de mordre lorsqu’elle passa devant le domestique, qui ne sut jamais si son maître avait été indulgent ou si cette femme s’était finalement tue à son sujet.

C’est à ce moment précis qu’elle reçut le premier mot de Law. Elle le lut en retournant à l’atelier, amusée, avant de le ranger dans une de ses poches. Voilà qui était inhabituel le connaissant. Andrea se replongea dans les chutes de tissu, triturant un instant un morceau de cuir souple, doux et élastique. Elle le fourra dans sa poche également, avant de reprendre le travail. De quoi gagner tout ce qu’elle pouvait pour ne pas dépendre de lui, même s’il était évident que ce serait trop juste pour participer réellement aux frais de leur voyage imminent. Depuis qu’ils avaient dormi ensemble, Law et elle ne s’étaient presque pas vus. Ils ne dormaient pas aux mêmes heures, ne faisaient que se croiser. Elle aurait aimé se rendre plus disponible, mais refusait de l’attendre sans rien faire, guettant les rares moments où il rentrerait se changer ou se laver. Elle préférait prendre son mal en patience et attendre le départ.

Le signal de ce dernier ne tarda d’ailleurs pas, alors qu’elle rentrait juste au casino. Elle y passa rapidement, pour vérifier une dernière fois le travail qu’elle allait rendre à Isaac. Une fois satisfaite, Andrea lui laissa quelques annotations griffonnées à la va vite sur son bureau, détaillant là où elle avait pu prendre un peu d’avance et les difficultés qu’elle avait rencontrées. Puis elle fila se changer, prenant une tenue de voyage adaptée et un sac avec de quoi varier les tenues pour eux deux. En chemin pour le rejoindre, Andrea s’arrêta un instant chez un forgeron. Profitant de leur ambivalence qui les rend aussi forts que précis, elle demanda à l’artisan de graver sur le fin morceau de cuir une représentation symbolique de Sparshong. Aux extrémités, la lame avisée et agile dessina des dés, représentant cette part de hasard qui guidait la vie des hommes, sous le regard des dieux. En espérant que cela lui plairait, elle paya avec sa maigre cagnotte du jour avant de le rejoindre au port. Elle flatta l’encolure des chevaux puis finit de relever ses cheveux en un chignon serré.

« Je voulais attendre Isaac pour lui dire où j’en étais, mais je me suis dit qu’il y avait plus de chances de le trouver vers toi. Bien que plus rien ne sois sûr, depuis que tu m’as demandé un collier. Je ne pensais pas qu’un jour tu te résoudrais à en porter un. »

Andrea fixa le sac à dos qu’elle avait pris avec elle sur la selle sommaire et utilitaire du splendide cheval qui lui était réservé, avant d’aller lui caresser doucement les naseaux pour l’habituer à son odeur alors qu’il renâclait, semblant s’impatienter.

« Je pense que je vais perdre mon premier travail à Nexus avec ces vacances. J’ai gagné à peine de quoi tenir quelques jours. Avec les pourboires. Par où on commence ? »
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]



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