Notice Musicale : Le titre est une référence à la chanson "1983... (A Merman I Should Turn To Be) (http://www.youtube.com/watch?v=J9To2ZhnOdE)" de Jimi Hendrix, où le narrateur, fatigué de la guerre sur terre, décide d'aller vivre sous l'eau avec sa petite amie. On lui dit que c'est impossible, mais peu lui importe : Il fait l'amour avec sa copine sur la plage, monte dans son sous-marin construit, et s'évade sous l'eau. Le climax final de la chanson est la découverte d'Atlantis, promesse d'une vie meilleure loin des hommes.
Chaque fois que je la met, je me dis que ces 13 minutes dans ma vie deviennent soudain étonnamment belles, parce que cette chanson est magnifique.
-Vous êtes très beau.
Il lui rajustait sa cravate. Ne pouvait-il pas s'empêcher de faire des commentaires ? Bon sang. Law n'aimait pas qu'on pense que ses relations avec Isaac étaient physiques, très physiques. Si ce dernier lui-même se mettait à créer des situations aussi confusantes, le Boss allait devoir sévir.
L'acolyte s'écarte, et l'endimanché peut ainsi se regarder dans son miroir. Une vue de plain-pied qui le laisse fort perplexe.
-C'est donc ça que les terriens mettent quand ils veulent se rendre... classes.
-Il semble, oui.
Law se tournait. La vue sur son cul était plutôt avantageuse, d'accord, et la coupe de la veste soulignant assez bien sa carrure, mais merde ! sortir dans Nexus accoutré comme un PDG ou autre engeance de cette planète dégénérée et corrompue, c'était hors de question. Il soupirait donc, toujours circonspect.
-C'est une situation exceptionnelle. Et vous connaissez le proverbe ? « À Nexus, comporte-toi comme un Nexussien ». Pour une fois, vous pourriez faire cet effort de vous fondre un peu mieux dans le paysage.
-Quitte à m'habiller comme l'un de leurs notables oligarques ?
Isaac lève les yeux au ciel. Law fait un « non » de la tête, puis commence à retirer sa cravate.
-Hors de question. Je vais m'habiller avec des vêtements de Nexus, en cherchant à faire passe-partout. Donne-moi mes fringues.
-Non.
Isaac tenait tête à son patron. Il le fixait, serrant contre lui le tas de tissu qui avait servi à couvrir Law lors de son dernier voyage sur terre.
-Isaac, on a dit que j'essaierais le costume pour voir si ça allait aller, ça ne me va pas, donc on passe au plan B, file-moi ça.
-Non.
Le mafieux soupire et commence à avancer vers son subordonné, mais celui-ci, sentant clairement qu'il ne sert à rien de s'opposer frontalement au Boss, fonce vers la cheminée à trois mètres d'eux, et menace de tout jeter dedans. Ouch.
-Isaac, tu es mon ami, mon seul ami, la personne en qui j'ai toute confiance, l'unique homme au monde en qui je remettrais ma vie. Il n'empêche que c'est moi qui donne les ordres. Aussi, au nom de notre confiance mutuelle, tu vas me donner ça pour que je puisse m'habiller normalement.
Le lieutenant ne bouge pas. Il est à 'ça' de tout jeter au feu, et n'hésitera pas à le faire si Law s'approche un peu plus de lui.
-Je t'interdis de faire ça, Isaac.
-Trois beignets, s'il vous plaît.
-Tout de suite, monsieur. C'est pour le cabinet d'en-face ?
-... Pardon ?
-Oh, excusez-moi. Avec votre tenue, j'ai cru que vous étiez un nouvel employé du cabinet d'avocat.
-...
On va soigner son effet, n'est-ce pas ! L'amphi se remplissait tranquillement. Law était planqué à un détour de couloirs. Les élèves le regardaient avec inquiétude. D'accord, le costume-cravate et son âge pouvaient le faire passer pour un professeur, mais qu'est ce que c'est que cette manière d'observer les gens à un coin, en se planquant comme un pervers du bois, et qu'est ce que cette dague dépassant manifestement de sa ceinture, et qu'est ce que c'est que ce pardessus de cuir totalement old-school ?... Il va sans doute tuer quelqu'un. Pas d'inquiétude donc. Ouf. Tant qu'il ne cherche pas à interrompre les cours, tout va bien. Y a les examens bientôt, et on est dans une université sérieuse ici.
Bref. Tous les élèves, ou presque, ont pris place dans leur amphi. Le professeur traverse le couloir et s'apprête à y pénétrer, mais Law l'intercepte en hurlant des « Professeur ! Professeur ! » Observant de haut l'esclavagiste derrière ses petites lunettes rondes, il ne se permet même pas de lui répondre, attendant seulement qu'il lui annonce ce pourquoi il crie ainsi.
-Mon Dieu, c'est affreux... La directrice vous demande. Votre... femme... a eu un accident... de culotte.
-Pardon ?
-Oui je sais, j'ai été aussi étonné, mais elle m'a demandé d'aller vous chercher le plus vite possible. Je n'ai pas trop compris... Mais ça a l'air très important, il faut que vous alliez la voir.
-Qu'est ce que c'est que cette histoire...
-Je suis très sérieux, je suis là pour vous rendre service, allez voir la directrice et dépêchez-vous !
Tentant de ne pas céder à la paniquer, il hésite, puis ira chercher les escaliers les plus proches pour se rendre au bureau de la direction. Mission accomplie, et totalement improvisée. Law sautille tranquillement, sourire aux lèvres, en passant la porte.
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« Amphithéâtre B102. 11 décembre. Cours d'histoire. Le destin voudrait que tu y assistes. »
Ce mot avait été laissé dans sa boîte aux lettres, dans une petite enveloppe marron, deux semaines plus tôt. L'écriture était totalement inconnue.
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BOOOONJOUR TOUS !
Enjoué, il ferme la porte derrière lui, et bloque celle-ci avec une chaise sur laquelle il mettra deux cartons, empêchant la poignée d'être baissée. Qu'est ce que c'est que ce prof ? Ce n'est pas du tout celui de d'habitude, en tout cas.
C'est Law. En costard. Avec son trench, et une large sacoche de cuir dans le dos.
Il garde l'attirail sur lui et se penche vers une élève, lui demandant quel est le sujet du cours, déjà ? Histoire des civilisations ?... Ah. Il se doutait que c'était de l'histoire, mais avait oublié précisément.
… Parlons de Nexus. Nexus, vaste Cite-Etat dont vos livres d'histoire ne parlent malheureusement pas. Et pourtant... Nexus a un vaste passif, passionnant à étudier. Cette monarchie se distingue sur bien des points des autres nations voisines en ce sens que la Reine est une nymphomane sans aucun pouvoir, que ses conseillers sont corrompus par l'armée, les esclavagistes et les guildes de commerçants, et que tous les oligarques au pouvoir sont des pantins entre leurs mains qui se battent chacun pour qui aura le plus de pouvoir. Le pouvoir législatif est donc ridicule, puisque les lois passées sont en fait décidées en fonction de qui a le plus d'argent sur le moment. Endroit merveilleux, isn't it ? Parlons plus longuement des esclavagistes, justement. Car, oui, à Nexus, rien de plus légal que l'esclavage. C'est à la fois un fléau et une bénédiction. Le principal problème aujourd'hui étant qu'il y a une inflation de l'esclavage, ainsi, les nobles préfèrent se tourner vers ça plutôt que d'employer des citoyens qui, eux, coûtent plus cher à rémunérer. Il y a plein d'autres aspects autour de ça, mais bon... le peuple, ça ne lui plaît pas. Cela dit, ledit peuple est un peu hypocrite, puisque même les moins riches de la classe moyenne arrivent à s'offrir des serviteurs. Heureusement que certains esclavagistes ont des offres abordables pour les plus petites bourses...
Il se stoppe. Les étudiants sont médusés. Il court et grimpe les escaliers quatre à quatre, se stoppant à côté d'Andrea.
Vous. Mon cours ne vous intéresse pas, hm ? Vous préférez parler de... Japon, de Chine et de tous ces pays dont j'ai oublié le nom ? Scandaleux ! Rangez tout de suite vos affaires et sortez de mon cours !
À peine eut-il fini sa phrase qu'on essaye d'ouvrir la porte d'entrée, en vain. Oh bon sang. Il lui murmure aussitôt :
Prend la sortie de secours. On se retrouve dehors. Vite, très vite.
Un clin d'oeil et il dévale les escaliers.
Etudiants, gardez du respect pour vos professeurs qui souffrent à vous enseigner tout ce qu'ils vous enseignent. Certains sont des connards, d'accord, mais ce n'est pas une raison pour leur manquer de l'élémentaire déférence que vous leur devez. Ils travaillent. Et il n'y a rien de plus grand qu'un humain qui travaille.
Il vire les cartons, ouvre brutalement la porte, s'ouvrant sur le professeur aux petites lunettes rondes, ébahi. Il allait s'énerver contre Law. Tiens, la directrice est à côté de lui. Ahahah. Il chope l'enseignant par le col, le tire contre lui avec brutalité, le plaque contre le mur et... lui roule une grosse pelle. Devant tous les élèves, oui. La directrice ne sait que faire, mais Law trouvera : Il la prend sur le côté, la soulève et la transporte comme une jeune mariée, moment romantique s'il en est, sauf qu'il la fout dans la poubelle, le cul enfoncé dedans, pliée en deux pour rentrer. Il poussera le professeur en sortant et tapera un petit sprint dans les couloirs, exultant avec un « YIIIIIIIIHAAAAAAAAAAAAAAAA ! » que tout l'étage entendra.
Et ne ralentira pas jusqu'à être à la sortie de l'université.