Depuis son retour de Terra, Chikako n'était retournée une seule fois au parc. Elle craignait que la "chose" fantôme y soit encore. Cet esprit tourmenté l'avait poussée dans ses derniers retranchements et l'avait forcée à puiser dans toute la puissance de son Hadou, l'amenant à la limite à ne pas franchir. C'était une chose qu'elle s'était pourtant jurée de ne pas faire, lorsque son Sensei, Gouki, lui avait enseigné cette technique d'usage du Ki. Mais lorsque cet esprit que l'on nommait Pendulum en vint à s'en prendre à elle physiquement, la lutteuse n'avait pas eu d'autres alternative que de franchir la ligne. C'était trop tard : elle avait déjà utilisée le Satsui no Hadou. Une charmante jeune fille à trois yeux en avait d'ailleurs fait les frais. Chikako était maintenant devenue une véritable girouette, pouvant à tout moment basculer dans une version maléfique d'elle-même, si on l'énervait un peu de trop...
C'est donc en craignant de retomber sur Pendulum qu'elle s'était dirigée vers le parc de Seikusu, histoire de se rassurer. La lutteuse était ainsi : pour combattre ses peurs, elle n'hésitait pas à y faire face et à les combattre. Quitte à ce que cela la fasse devenir une nouvelle fois la Chikako version Evil... En arrivant vers les jeux, elle ne ressentit aucune présence et aucune mélopée funèbre ne s'élevait d'outre-tombe. Elle resta jusqu'à la tombée de la nuit, pour en être sûre.
*Tout est bien calme...*
-- T'es là, fantôme !?
Elle attendit. Longtemps. Rien. Aucune réponse n'arriva. La nuit était tombée, et la balançoire ne bougea pas. La lumière du lampadaire ne vacillait plus, éclairant comme si l'ampoule était neuve, ce qui était loin d'être le cas. Chikako en fut rassurée.
*Ouf... "Elle" n'est plus là. J'espère qu'elle a trouvée le repos éternelle...*
Se disait-elle, intérieurement. Quand soudain, non loin de là :
-- Sois gentille et on ne te fera pas de mal.
*Allons, bon ! C'est quoi ça encore ?*
-- Laissez moi partir, vous ne savez pas à qui vous avez à faire.
-- Oh, la petite s'énèrve ? La ferme salope !
Ce fut surtout le bruit d'une giffle qui alerta la catcheuse. Vu le ton des voix, Chikako comprit qu'une fille venait de se faire giffler par un homme qui allait surement profiter d'elle. La lutteuse serra les dents...
*Oh c'est pas bon, ça... Je peux pas laisser faire mais si jamais...*
Elle s'approcha discrètement et vit non pas un mais trois hommes. Et assez costauds en plus ! Mais elle n'avait pas peur. Enfin... Si... mais pas d'eux en tout cas. La seule chose qui lui faisait "peur", c'était qu'en les affrontant l'Autre se réveille... Mais alors que l'un d'eux, le plus baraqué des trois, commençait à sortir son sexe de sa prison de textile, Chikako n'hésita pas à faire remarquer sa présence, sortant du buisson où elle s'était planquée.
-- Lâchez-la, bande de connards !
Vomit-elle, ne supportant pas que des hommes puissent s'en prendre aux demoiselles, sous le prétexte qu'ils étaient soi-disant plus forts physiquement. L'un d'eux s'approcha en se marrant.
-- Tiens mais regardez c'qu'on a là ! Une deuxième gazelle pour s'amuser ! On est chanceux ce soir !
Pour toute réponse, la catcheuse lui décocha un grand coup de boule dans le pif qui le fit tomber cul à terre, le sang coulant à flots.
-- Aïe ! Mon nez ! Cette salope m'a pétée le nez ! Sale pute, ça fait mal !
Chikako lui envoya ensuite un grand coup de pied dans les burnes.
-- Ferme ta gueule, un peu !
L'homme se tint alors les bijoux de familles, restant sans voix tant il souffrait. Le grand balèze se tourna vers elle, lâchant la fille que le troisième larron attrapa à son tour.
-- Putain, mais t'es qui toi !? Oh... Hé ! J'te reconnais ! T'es Ishikawa, la catcheuse de la SWWL pas vrai ? T'es p't-être balèze sur un ring de catch, ma grande, mais ici c'est pas pour de vrai. Tout le monde sait que le catch c'est du flan. Alors, t'as intérêt à foutre le camp si tu veux pas que j'explose ta face !
-- Ah ouais !?
Chikako lui envoya un coup de poing en uppercut dans l'estomac ce qui le plia en deux un bref instant.
-- Alors ? Il est bon, mon flan ?
-- Argh ! Connasse ! Je vais te défoncer !
L'homme et Chikako en vinrent aux mains mais Chikako avait le dessus sur lui, aussi sortit-il un flingue de sa poche. Instinctivement, Chikako utilisa une technique du Hadou pour se téléporter derrière lui et l'assomma avant de prendre le flingue qu'elle pointa sur le troisième.
-- Et toi, ducon ? T'en as un ? Tu ferais mieux de le poser par terre si t'en as un...
-- Euh non...
Il relâcha la fille avant de s'enfuir en courant. Chikako était frustrée...
-- J'ai horreur des couilles molles...
Elle concentra alors son Ki dans ses mains en une technique de Hadou basique mais très efficace.
-- Hadouken !
La boule d'énergie bleuâtre fusa alors vers le mec et le frappa en plein dos, ce qui le fit voltiger et l'assomma en même temps. Ce fut un corps inerte (mais encore en vie) qui s'écrasa comme une merde au sol. La lutteuse n'eut pas le temps d'aller voir la fille que le grand malabar la prit par derrière et la souleva du sol pour la projeter dos contre son genou. Chikako hurla de douleur, sentant sa colone vertébrale être malmenée. Elle gisait à terre, recrachant un peu de sang, alors que l'homme allait récupérer son pistolet. La lutteuse, mue par son instinct de survie, se releva et prépara sa plus puissante attaque. Elle ne l'avait encore jamais utilisée auparavant...
-- Shinkuu Inazuma...
-- Dommage, j'aimais bien te voir catcher...
-- ...Hadoken !
L'homme tira sur Chikako mais sa balle fut aussitôt fondue par l'énorme boule d'énergie électrique qui se dirigeait vers l'homme qui n'eut pas le temps de crier. Celui tomba raide mort, les chairs consumées par la puissance de l'attaque, cramé en certains endroits. Celui qui avait le nez en sang s'enfuit en courant après avoir assisté à la scène. Chikako tomba à genoux, épuisée par cette attaque qui l'avait vidée de son énergie.
-- Ca va ?
Demanda-t-elle à la jeune fille.
-- On ferait mieux de bouger pour se tirer d'ici... S'il déballe tout aux flics, il le croiront pas mais on aura pas à s'expliquer... Si on est pas là, ils penseront qu'il a fait une combustion spontanée et prendront l'autre gogole pour un cinglé ou un poivrot qui s'est cogné contre un poteau et qui a plus les idées claires. Héhé !
La lutteuse se releva, amusée, et commença à marcher vers la sortie du parc en se tenant le bas du dos.
-- Je m'appelle Ishikawa Chikako. Et toi, mignonne ?