La Lapine trichait, évidemment. Le grand défi de ce genre d’endroits venait du fait que l’être humain était beaucoup trop habitué à utiliser sa vision. Les miroirs le perturbaient, faussant tous les calculs. Ils permettaient d’accroître artificiellement la profondeur de champ, et, surtout, ne permettaient d’avoir aucun point de repaire. Il était donc fréquent de retourner sur ses pas sans même le réaliser, alors que la sortie, qui semblait impossible à atteindre, était en réalité très proche. La Lapine constata rapidement que Cyscek n’avait visiblement pas l’habitude des foires, comme il le montra en s’écrasant à plusieurs reprises contre différentes glaces. Il avança peu à peu assez prudemment, essayant de suivre les reflets de White Rabbit. Encore une fois, elle aurait pu tout à fait partir et l’abandonner là, ou, même, rendre le jeu encore plus difficile, en déplaçant les glaces. Contrairement à lui, grâce à sa magie, la Lapine voyait très bien les parcours à prendre, et décida peu à peu, non pas de mettre des bâtons dans les roues du brave homme, mais de l’aider.
Certes, il était un esclavagiste, mais White Rabbit laissait les considérations morales de ce type à Jaina. Elle, tout ce qu’elle voyait, c’était un joueur potentiel, un homme qui s’accrochait à elle, au point de continuer à la poursuivre après avoir fait une belle chute aux chaises volantes. Cette dévotion l’excitait, et elle estimait donc que cet homme, ce prédateur têtu, qui avait tout de même été jusqu’à se battre pour elle, méritait bien une attention de la belle femme. C’est ainsi que, telle une variante moderne et sexy d’Hansel et Gretel, elle laissa derrière elle des miettes de pain. Sa forme, d’abord, qui apparut à travers plusieurs miroirs, comme pour montrer à l’homme la direction à prendre, puis, ensuite son parfum. Elle se concentra pour légèrement accroître la densité aromatique de ce dernier, afin qu’il se répande dans les couloirs, et n’attire l’homme.
*C’est plus excitant de lui donner une carotte que de le laisser errer comme un pauvre manant à se cogner contre toutes les glaces du palais...*
White Rabbit était magnanime, et guida ainsi Cyscek à l’étage, l’attirant par son parfum, et par ses formes. À l’étage, elle envisagea alors de se reposer uniquement sur on parfum, se situant proche de Cyscek, puisqu’elle était juste derrière un miroir. Elle voulait voir si cet homme serait capable de la pister à l’odeur, et c’est ce qu’il fit. Elle ne s’attendait pas à le voir traverser la vitre, mais elle sut réagir assez rapidement. Quand l’homme l’attrapa, en passant de l’autre côté, White Rabbit enroula ses jambes autour du torse de l’homme, et le retourna, avant de se mettre à califourchon sur lui, tandis que l’homme s’affalait sur le sol, les bris de verre s’écartant, comme par magie, de son dos, tandis que les mains de la Lapine se posèrent sur ses pectoraux. S’il tentait de l’agripper avec ses mains, la magie de White Rabbit ferait alors effet, plaquant ses mains sur le sol.
« Voilà un homme motivé..., sourit la Lapine. Jusqu’à se faire saigner pour mes beaux yeux... »
Elle pencha la tête sur le côté, remontant ses doigts pour caresser son cou, avant de se pencher davantage, filant vers l’avant. Ses seins heurtèrent le tors de l’homme. Elle l’avait aidé à gagner, mais la Lapine n’avait qu’une parole. Elle aurait bien voulu continuer à jouer un peu, mais elle allait se fixer aux règles qu’elle avait elle-même fixé. C’était ainsi que le jeu fonctionnait, après tout.
« Tu as gagné le pompon... »
Elle l’embrassa alors, tout en libérant la pression sur les bras de l’homme, et ferma les yeux. Le baiser fut assez long, et White Rabbit avança sa langue, venant la frotter contre les lèvres de son partenaire. Si Cyscek était attentif à son environnement, il devait peu à peu sentir l’environnement tourner, comme si le décor était en train de se transformer... Et, lorsque la Lapine rompit le baiser, et s’écarta, l’homme était désormais au milieu d’une luxueuse suite.
« Nous sommes dans une chambre de l’Occidental Prestige. C’est l’un des hôtels les plus en vue de Seikusu. »
La chambre, une suite de luxe, avait été réservée par Jaina, et White Rabbit avait donc le droit de l’utiliser. Il y avait un énorme lit avec des draps rouges, et plusieurs baies vitrées permettant de voir qu’on était dans les derniers étages d’un hôtel, généralement utilisé par de grandes sociétés pour organiser des rendez-vous d’affaires... Ou des sauteries collectives, au choix.
« Le décor te plaît, mon brave prédateur ? »