Un entretien surprenant [Pv Sentinel Prime]

Arrivée en ville depuis quelques jours à peine, Erin était déjà sur le pied de guerre. Épluchant les petites annonces pour trouver un job qui lui conviendrait, son départ précipité de New York n'avait, jusqu'alors, susciter aucun problème. Un de poids, pourtant, venait obscurcir son horizon : l'argent, partis à la va-vite de sa ville natale en ayant tout juste pris le temps de prévenir Kara, sa mère, elle n'avait pour ainsi dire à son arrivé que les vêtements qu'elle portait et à peine de quoi louer une chambre d'hôtel. Hôtel dans lequel elle vivait toujours d'ailleurs, repoussant l'échéance du paiement par d'habiles stratagèmes et abusant de sa plastique de rêve pour persuader le propriétaire des lieux lui laisser un délais supplémentaire.

Levée à six heure ce jour-là, elle affichait clairement un air renfrogné, elle qui n'avait jamais été matinale, le réveil avait été difficile, surtout qu'elle commençait à peine à s'habituer au décalage horaire entre New-York et Seikusu. Elle avait pourtant pris soin de s'apprêter sous son meilleur jour pour l'entretien, maquillée, pomponnée et habillée avec goût, elle avait, encore une fois, abusé de ses formes pour acquérir un ensemble tailleur, chemise rouge et jupe noire, pour les chaussures, les talons qu'elle portait à son départ d'Amérique ferait l'affaire, après tout, il s'agissait quand même d'escarpins d'une marque mondialement connue !

C'est à pieds qu'elle se rendit jusqu'au siège du journal l'O.V.N.I pour son entretien, un moment, elle avait hésité à y aller en volant, mais n'ayant pas pris le temps jusqu'ici d'explorer la ville, elle finit par conclure que la marche à pieds aurait au moins pour mérite de la lui faire connaître un peu plus. Finalement arrivée devant le bâtiment qui portait l'enseigne du journal, elle pénétra dans celui-ci et instinctivement, se dirigea vers l'accueil, pour signaler son arrivé. La guichetière, asiatique et d'une trentaine d'années, jaugea rapidement Sentinel Second, l'accueillit et lui demanda de s'installer dans la salle d'attente, jusqu'à ce que Monsieur Macross, son rendez-vous et potentiel supérieur, se libère. La barrière de la langue n'était heureusement pas un problème pour Erin, qui, par chance et par le plus grand des hasards, avait prit l'option japonais durant ses études, bien sûr, elle avait du mal pour le moment, mais les bases dont elle disposait lui avait permise, pour le moment de s'en tirer sans trop de difficultés, elle commençait toutefois à douter que celles-ci suffises et se promis de replonger la tête dans un bouquin d'apprentissage.

Enfin, le journaliste fit son apparition, beau, brun et musclé, il avait tout de ce qui aurait pu plaire à l'héroïne chez un homme, elle dressa un sourcil d'ailleurs, alors qu'elle le détaillait rapidement avec appréciation. Mais son physique n'était pas la seule chose qui intéressait la jeune femme, se rendez-vous pour ce job d'assistance, elle ne l'avait pas prise pour rien : Kyle Macross avait régulièrement pour sujet Sentinel Prime, le super-héros aux pouvoirs similaires aux siens qu'elle brûlait d’assommer de questions sur ses origines.

Assise sur une chaise, jambes croisées l'une sur l'autre, elle décroisa celles-ci non sans jouer de sa grâce et de sa sensualité naturelle, pour se dresser finalement, ses cheveux ondoyants couleur d'or flottant librement dans son dos, pour s'avancer jusqu'à Kyle, à qui elle tendit la main, un sourire chaleureux aux lèvres.

- "Monsieur Macross, je suis Erin Stane, ravie de faire votre connaissance."

- Ze fuis le fifs de Fentinel Prime, ve vous affure !

Le japonais, de base, ce n'est pas facile à comprendre. Mais le japonais avec un cheveux sur la langue, c'était un calvaire. Le petit gars d'à peine dix ans qui m'accompagnait jusqu'à l’accueil de l'OVNI était arrivé une petite heure auparavant pour se présenter à moi le plus simplement du monde : il était le fils de Sentinel Prime, né évidemment d'un amour digne d'une série à l'eau de rose et maintenant que son père était porté pour mort, il voulait se montrer au monde. Et si il avait contacté Kyle Macross, c'était parce que j'étais connu pour mes articles sur SP. En même temps, vu toutes les saloperies que j'avais pu lire sur mon compte au fil du temps, il avait mieux valu que je raconte moi-même mes exploits, pas vrai ? Bien entendu, ce môme n'était pas mon fils et ce n'était pas difficile à voir. Je le raccompagnais d'ailleurs à sa mère, qui attendait patiemment à côté d'une superbe jeune femme blonde bien balancée. Et croyez moi, la mère n'était pas du tout mon style de femme. Ooooooh non.
Saluant d'un sourire l'européenne que je savais être mon rendez-vous, je m'occupais d'abord du fiston.

- Alors, Macross san ? Vous êtes convaincu ? Mon fils est bien celui de Sentinel Prime, pas vrai ?

- Madame Fujita... Je reçois trois fois par semaine des enfants plus où moins légitimes de Prime. Une fois, j'ai même reçu sa soeur jumelle démoniaque. Je connais assez bien Prime pour être certain que ce n'est pas lui le père, croyez moi. Je suis désolé. Vendez le truc à un autre journal, qui sait ? Ça marchera peut-être.

Elle n'ajouta rien, me fusillant du regard tout en lâchant quelques insultes en japonais, bafouillant vaguement un "Sayonara" entre un "petit enculé" et un "enfant de porc américain". De mon côté, je lui souhaitais une bonne journée en haussant les épaules alors que la belle blonde venait à moi, me laissant le loisir de l'observer.
Une arme de destruction massive, la donzelle. De quoi attiser tout les appétits, toutes les envies. Et elle venait postuler en tailleur pour une place d'assistante ! Autant dire que j'avais la machine à cochonneries qui marchait à plein régime, même si je n'en montrais absolument rien en lui serrant la main.

- Enchanté, mademoiselle Stane. Si vous êtes plus à l'aise en anglais, n'hésitez pas ! Ça me donnera l'occasion de converser un peu dans la langue du pays.

Parcourant ses traits, je marquais malgré moi un temps d'arrêt. Marrant, ça... Elle avait un petit air de déjà-vu, sans que je ne parvienne à me rappeler pourquoi. Une femme que j'avais croisé quelque part ? Possible. Drôle de sensation pourtant, qui me fit froncer les sourcils avant que je ne me rende compte que j'avais bloqué sur elle et que ça pouvait me filer d'emblée une image de pervers. Je me repris au plus vite.

- Je vous prie de m'excuser, vous dévisager ainsi est plutôt impoli. Enfin, vous n'ignorez certainement pas que vous êtes agréable à regarder, hm ? Allez, venez.

D'un mouvement de tête assorti d'un sourire plus amusé qu'autre chose, je l'invitais à me suivre jusqu'à l’ascenseur que nous empruntâmes en silence. Elle faisait bien mise, à côté de mon jean et de mon tee-shirt noir serré ! Qui de nous deux semblait être le patron de l'autre ? Arrivé au second, nous nous dirigeâmes vers mon bureau alors que dans les couloirs fusaient quelques remarques d'approbation quant à la plastique parfaite d'Erin. Je secouais la tête l'air de rien, puis la fit entrer dans mon office.
L'endroit était suffisant pour deux bureau, dont l'un était vide. Le mien était bien sûr débordant d'un foutoir sans nom et les murs étaient décorés de quelques photos d'articles et de manchettes encadrées, certaines parlant d'SP. Y'avait un côté égocentrique refoulé, dans cet endroit... Bref. J'indiquais à Erin un fauteuil, installant le mien en face d'elle, à la cool.

- J'espère que les remarques ne vous feront pas fuir, mademoiselle Stane ! Ils sont lourds, mais forment une excellente équipe. Vous aurez peut-être l'occasion de le découvrir. Bien.. J'ai lu le CV que vous m'avez envoyé, il est plutôt correct. Je suis du genre à laisser leur chance aux débutants et j'ai réellement besoin d'une assistante à plein temps. Je suis du genre... Occupé. Cependant, un point a retenu particulièrement mon attention.

Du menton, je désignais un cadre au mur. Comme toutes les photos où j'apparaissais, mon visage était voilé, indéfinissable. Mais la tenue de Prime, elle, était nette et reconnaissable entre mille.

- Vous avez mis en avant le fait qu'il est mon sujet phare. Je ne le nierais pas, mais je commence à en avoir assez des gens qui ne me contactent que pour ça. Reste que je suis curieux. Pourquoi Prime ? Et qu'avez vous à mettre en lumière pour que je retienne votre candidature plus que celle d'une autre personne. Soyez convaincante, lâchez vous... Je n'aime pas quand c'est trop cérémonial !

D'une oreille, elle écouta la conversation du journaliste et de la femme au foyer, elle comprit peu de choses, hormis le fait que le garçon, d'une dizaine d'années à en jauger rapidement était prétendument le fils de Prime, ce qui aurait pu être crédible, après tout, Prime était un homme comme les autres et, Erin n'en doutait, avait sûrement une troupe de groupies prêtent à se jeter sur lui à la moindre occasion, mais bien qu'elle ne connaisse pas le super-héros, elle doutait que la femme, d'un âge moyen, soit le type du héros. Par contre, elle comprit sans peine les insultes qui fusèrent de la bouche de celle-ci quand le journaliste lui avoua qu'il ne pensait, lui non plus, qu'il n'était pas son fils, et cela la fit sourire davantage, alors qu'elle avait toujours imaginé les japonaises prudes et sages comme dans les mangas, elle réalisait que finalement, elles étaient comme n'importe qui d'autre.

Le regard que le journaliste posa sur elle n'aurait su tromper personne, Erin, comme avec beaucoup d'hommes, le faisait saliver d'envie. Quelque par et elle le savait mieux que personne, cet effet envoûtant qu'elle avait sur les individus du sexe opposé lui plaisait, bien que sûre de sa beauté, elle éprouvait un sentiment de flatterie lorsqu'on la dévorait du regard comme Macross le faisait, au fond, elle savait que cet effet était la clé de voûte de son emprise sur les autres, le premier rouage qu'elle m'était en place pour amener les gens à faire ce qu'elle désirait. Même si le jeu d'acteur de son interlocuteur était bon et que, lorsqu'elle lui serra la main, il ne laissa rien transparaître de son état, son regard qui avait parcourus sa plastique quelques instants avant, lui ne la trompait nullement. Automatiquement, lorsqu'elle parla à nouveau, ce fut dans sa langue natale.

- "Merci, j'éprouve encore quelques difficultés avec le japonais, les cours préparatoires ne sont pas si efficaces que je l'aurait cru.."

Elle aussi prit le temps de le détailler plus avant. Bien qu'il soit particulièrement beau et musclé comme elle aimait, cette musculature imposante la titillait, elle n'avait rien contre les gens athlétiques, bien au contraire, mais elle avait rarement vu un journaliste avec un corps aussi sculpté que le sien et son maillot noir moulant trahissait facilement ses pectoraux parfaitement dessinés et ses abdos saillants. Elle s'étonna qu'avec son physique, il est choisis une carrière de reporter, par contre, le mannequinat aurait été au contraire une voie toute tracée pour un homme dont le physique frisait avec celui des statues d’Apollon. Le fait qu'il s'excuse de l'avoir ainsi dévêtit du regard lui arracha un sourire en coin, pas le moins du monde elle ne s'était sentit offenser par son regard, bien au contraire, cela l'avait un brin excitée.

- "Ne vous inquiétez pas, si je devais me vexer à chaque fois qu'un homme me dévore du regard, j'aurais peu voir pas de contact avec la gente masculine."

Sans un mot, mais sans perdre son sourire ravageur, qu'elle arborait presque constamment, elle suivit son potentiel employeur dans l'ascenseur, le silence se faisait, elle en profita pour repositionner discrètement ses cheveux et sa poitrine, grâce à son reflet dans les portes en acier de l'ascenseur, sa petite jupe de tailleur noire la serrait adéquatement à ses formes, les mettant particulièrement en valeur, et bien que la chemise était assez large pour que sa poitrine ne se distingue pas à outrance, les quelques boutons qu'elle n'avait pas fermés offrait une agréable vue plongeante sur sa poitrine, dont on distinguait le début de sa forme. Suivant le jeune homme jusqu'à son bureau, elle ne prêta pas la moindre attention aux commentaires qui fusèrent sur son passage. Avec le temps, tout devient une habitude, même les gens qui la sifflait dans la rue, ne la choquait plus, à vrai dire, elle ne les entendaient même plus, tant elle en avait l'habitude. Lorsqu'ils furent arrivés dans le bureau, relativement grand et dont un des emplacements étaient vides, elle s'installa sur la chaise que lui avait indiqué Kyle, automatiquement, ses jambes se croisèrent sensuellement, ce qui trahissait le fait qu'elle portait régulièrement des jupes très courtes, à l'exemple de celle de son uniforme de cheerleader. Erin s'attarda un instant sur la pile de papiers qui s'amoncelaient haut sur le bureau du journaliste, rien d'étonnant, à première vue, il devait éplucher la moindre revue, la moindre lettre qu'on lui donnait, pour obtenir le maximum d'informations sur les sujets qu'il traitait. Quand elle parcourue les murs par contre, le même personnage revenait souvent, dans un costume moulant portant un "S" sur le torse. Instinctivement, elle devina de qui il s'agissait, même si elle ne l'avait jamais vu jusqu'ici, pas même en photo : Sentinel Prime, l'homme qu'elle était venue chercher. Dans sa contemplation du héros, la voix du journaliste la fit sursauter, elle en avait presque oublié où elle était, mais se reprit si vite qu'il était presque impossible d'avoir capter sa surprise.

- "En fait, je n'y avais même pas fait attention.. On s'habitude vite à ce genre de choses quand c'est régulier, j'imagine..."

Elle se tut lorsqu'il poursuivit et l'écouta attentivement. Le pourquoi désirait-elle temps collaborer précisément avec lui et pourquoi Sentinel Prime l'intéressait-elle autant la prit un peu au dépourvu, mais instinctivement, les mots lui vinrent.

- "Et bien, je suis une fan de Sentinel Prime ! J'ai suivie de prêt ses exploits depuis quelques années et je me suis toujours demandé qui il était, qu'est-ce qu'il fait dans la vie, hormis son activité de super-héros, j'entends et d'où est-ce qu'il sort sa panoplie de pouvoirs ? En plus de cela, une héroïne a fait son apparition à New York il y a de ça quelques années, il n'y a pas si longtemps, elle aurait même adopter le surnom de Sentinel Second." Elle fit une pose pour reprendre sa respiration, s'humectant les lèvres de la pointe de sa langue. "Le problème, c'est qu'elle à récemment disparue de la circulation, plus aucune photo d'elle n'est prise, à croire qu'elle à quitté New-York.. Alors forcément, ça m'intrigue.. Je pense qu'elle est venue ici pour rencontrer Sentinel Prime, pour moi, ça ne peut être que la seule explication à sa disparition..."

Les meilleurs mensonges sont ceux qui contiennent une part de vérité, dit-on. Erin avait appliqué l'adage à la lettre, la raison de sa présence était la bonne, mais son identité, par contre, était fausse, le journaliste l'ignorait, mais Sentinel Second, s'était-elle.

- "En tant que dernier argument et pour être moins cartésienne, je dirais que avoir une assistante aussi sexy que moi rendra votre bien plus agréable et le fait de se lever tout les matins pour aller au bureau moins difficile, en sachant que je vous y attendrait dans mon petit tailleur..."

Elle esquissa un sourire complice au journaliste, pour sûr, elle savait que cet argument, aussi déplacé qu'il fut, pèserait lourd dans la balance.

La belle abattait de bonnes cartes, assurément. Celles du physique et de la groupie, combinaison redoutable pour l'homme que j'étais et pour le surhomme que je cachais. Cela m'arracha un sourire, qui se perdit pourtant bien vite : j'en avais assez qu'on ne me parle plus que d'SP alors que je cherchais à faire mes preuves par l'ensemble de mon travail. Quant à la plastique... Erin l'ignorait, mais les femmes qui m'entouraient au quotidien -dont ma petite amie- avaient de quoi la faire complexer. Certes, je n'étais jamais fermé à une rencontre bien gaulée, mais maintenant que j'y étais habitué, il en fallait un peu plus que ça pour me séduire. Toutefois, le décolleté/tailleur restait un bon point, sans compter ses origines américaines. Plutôt que de l'envoyer bouler dès les premiers mots, j'allais prendre le temps de lui faire comprendre qu'elle partait assez mal.
Restait cette histoire d'héroïne. Sentinel Second... Oui, ça me revenait. A l'époque, j'arrivais jusque à Seikusu et je n'avais pas eu envie de m'intéresser à ce qui se passait en Amérique, trop occupé à gérer péniblement ma vie. Quand le nom de l'héroïne était arrivé à mes oreilles, j'avais déjà fort à faire à Seikusu de mon côté. Par contre, la demoiselle semblait bien renseignée sur cette super-nana. La spéculation qu'elle posait me paraissait trop facile. Pourquoi une new-yorkaise serait elle venue jusqu'au Japon pour me rencontrer -pardon, rencontrer SP - alors qu'au vu de son nom de code, elle m'avait copié ?

- Ne fondez pas trop d'hypothèses, Erin. Pas si vous voulez qu'on vous prenne au sérieux. Personne n'a encore vu cette "Second" dans le ciel de Seikusu. Vous savez, les super-héros ont une vie privée, aussi ! Amusé, je souriais. Peut-être que la belle s'est trouvé d'autres priorités, tout simplement. Mais je vous avouerai mal connaître le sujet, je n'ai pas le temps de m'attarder sur ce qui se passe à l'étranger, bien que je le regrette. Quant aux questions que vous vous posez sur Prime... C'est un peu ce que tout le monde se demande.

Et les fans en délire, ce n'était pas ma tasse de thé. Des déclarations d'amour enflammées, des propositions de bébés et de mariages, j'en avais reçues des tas. Et les curieux étaient mauvais pour ma vie perso, que j'essayais de consolider et de faire rouler droit malgré tout.
Restait encore cet allumage en règle qu'elle m'avait balancé. Agréable ? Oui. Utile pour elle ? Pas sûr.
Jouant son jeu et sûrement celui de tout les hommes qui lui passaient sous la main, je me penchais sur elle pour poser l'air de rien ma main sur son genoux, m'arrêtant bien sûr sur son décolleté dans un sourire gourmand. Relevant les yeux, je m'adressais à elle tout en caressant sa peau du pouce.

- Effectivement, vous savoir patienter en m'attendant en tailleur serré et très certainement en jolie petite lingerie affriolante est un bon argument, comme les formes qu'il est facile de deviner sous vos vêtements... Je pourrais certainement vous proposer le poste en échange d'un petit arrangement, hm ?

J'étais encore plus près, à présent. Un souffle d'elle ou presque. J'approchais ma main libre comme pour lui caresser tendrement la joue, mais ce fût mon index qui se posa sur son front pour la repousser un peu dans le fauteuil alors que je me réinstallais dans le mien.

- Vous faites fausse route, Erin. Tout aussi désirable que vous pouvez l'être, ce n'est pas ce qui m’intéresse chez vous. J'aime mon métier, trop pour me contenter d'une assistante juste sexy et peu farouche. Vous voulez bosser avec moi ? Ok. Proposez moi autre chose que votre superbe petit cul, montrez moi de véritables compétences qui sauraient VRAIMENT me séduire. Votre intérêt prononcé pour Prime n'est pas non plus une chose jouant en votre faveur, puisque je vous ai dis en avoir assez des gens venant vers moi juste pour lui.

Je me levais pour aller vers un petit frigo qui traînait dans un coin, servant deux verres de jus de fruits. Revenant à sa hauteur pour lui tendre son gobelet dans un sourire tranquille, je posais mes fesses sur le bord du bureau libre et croisais les bras en la fixant, faisant involontairement rouler les muscles sous mon t-shirt, d'une façon plutôt agréable.

- Je suis prêt à vous laisser une chance de me convaincre malgré tout. Disons que je le fais parce que vous m'êtes sympathique. Soit vous tentez de me faire voir toute votre motivation, soit vous sortez après avoir avalé votre jus de fruits. Santé, d'ailleurs !

Sous la surprise, Erin haussa un sourcil, son hypothèse était fondée, elle le savait mieux que quiconque, si elle était là, avant toute autre chose, c'était pour en savoir plus sur ses origines, autant le fait de rencontrer Sentinel Prime, dont elle connaissait maintenant la morphologie, d'ailleurs assez semblable à celle de son interlocuteur, l'excitait, autant le fait qu'il soit taillé comme un joueur de football américain n'entrait pas en ligne de compte, cette fois-ci. Il aurait pu être un adolescent boutonneux et accroc aux jeux vidéos en ligne que ça n'aurait rien changé à la situation,  une seule raison la poussait à se trouver ici, à Seikusu et c'est ici, elle en avait la conviction profonde de l’intuition féminine, qu'elle trouverait les réponses à ses questions. Le fait que le journaliste soulève la fragilité de son argument, toutefois, la mis dans l'embarras, elle n'avait pas prévue que les choses tourneraient ainsi et que, fort d'un charisme au moins autant développé que le sien, si ce n'était plus, le journaliste lui résisterait. Elle ne pouvait en blâmer qu'une seule personne : elle-même, d'avoir été aussi négligente et de croire, habituée qu'elle y était, que tout lui tomberait tout cuit dans la bouche sans qu'elle est à fournir le moindre effort, c'était pourtant mal la connaître que de croire un seul instant qu'elle abandonnerait si facilement, parmi le peu de qualités humaines qu'elle possédait, la persévérance figurait en tête de tableau, têtue, bornée et tenace, elle l'avait toujours été.

- "Je sais que l'hypothèse peut paraître totalement absurde, mais croyez-moi, si je vous dis qu'elle est ici, ce n'est pas pour rien, j'ai de bonnes sources, moi aussi. Quant à mon intérêt pour Sentinel Prime, ce n'est pas ce qui me pousse à vous avoir contacter pour ce job. Certes, le fait qu'il soit l'un de vos sujets de prédilection est un avantage pour moi, c'est cet avantage qui ma fait choisir cette annonce plutôt qu'une autre, mais pour le principal, si je suis là, c'est que je débarque à peine de New-York et que je n'ai pas un sous en poche, si cet entretien se soldait par un échec, je ferais serveuse ou n'importe quoi d'autre, du moment que ça me paye mon loyer, que ça soit bien clair."

Elle avait jugé nécessaire d'éclaircir les choses quant à ce point précis et tout ce qu'elle venait de dire était vrai, si elle avait de quoi subsister sans avoir à travaillé, il était évident qu'elle n'aurait jamais, mais vraiment jamais eu rien qu'une seconde l'idée de travailler. Douée dans peu de choses, hormis la gymnastique et le cheerleading, faire le service n'était pas dans la liste de ses activités favorites, le journalisme par contre, même si elle ne possédait aucune notion particulière en la matière, serait un bien meilleur choix, tant pour elle que pour sa vie de super-héroïne.

Elle garda le silence lorsque l'homme, qu'elle crue mûr sur le coup, posa une main sur sa cuisse, tout en lui parlant d'un petit "arrangement", ce qui ne lui plu pas forcément d'ailleurs, même si elle aguichait sèchement les hommes comme elle en avait besoin, elle n'avait jamais été aussi loin et n'avait pas le moins du monde envie de le faire, parce qu'elle savait le regard que porterait alors le journaliste sur elle, celui que l'on adresse à une salope, une fille vénale, ni plus, ni moins. Ceci étant, elle avait vraiment besoin de ce boulot et même si l'idée d'avoir recours à ce genre de pratique suffisait à ce qu'elle se sente salie et humiliée, elle envisagea l'espace d'un instant d'accepter, mais l'espace de cet instant, il se ravisa, changeant du tout au tout de manière assez déroutante. Agacée et un peu vexée que son charme magnétique n'est pas eu l'effet escompté, elle ne pu s'empêcher de remarquer avec qu'elle aisance il changeait de comportement, il avait l'habitude de jouer un double jeu, ou alors, il était simplement schizophrène.  La seconde hypothèse, cependant, était la moins agréable, l'éventualité de passer huit heure dans la même pièce qu'un homme changeant de comportement aussi simplement qu'il changeait de chemise ne la rassurait pas.

Le fait qu'il la croit capable d'aller jusqu'à s'offrir à lui juste pour un travail, dont le salaire n'était pas suffisant d'ailleurs pour qu'elle songe à le faire, termina de la vexer et son sourire se perdit alors que ses lèvres se serrèrent, presque jusqu'à en blanchirent, l'intégralité de son visage se modifia en l'espace de quelques secondes, devenant sérieux et légèrement crispé. Un air qu'il était rare de lui voir, généralement espiègle, Sentinel Second souriait toujours, papillonnait du regard comme une enfant et parlait d'une voix chantante et malicieuse. Tout ceci venait de disparaître en une fraction de secondes, alors que son regard de foudre et de feu transcenda le journaliste, le peu de maîtrise qu'elle avait sur elle venait de se fêler. Froissée, elle avait conscience de son état et le seul moyen qu'il lui restait pour ne pas céder était d'être plus maline que lui, autant le dire, elle doutait qu'elle parviendrait à le duper à nouveau. Aussi décida-elle de jouer franc-jeu pour cette fois-ci, alors qu'elle reprenait la parole, d'une voix qui foncièrement différente de l’accoutumé, trahissait facilement son sérieux et son manque de sang-froid.

- "Ecoutez, monsieur Macross, je ne vais pas passer par quatre chemins, je suis ici parce que j'ai besoin de ce job, pas parce que ça me plait de passer pour une pute devant vous mais parce que c'est vital pour que je puisse survivre ici. Je n'ai ni compétences particulières en journalisme, ni un talent igné pour l'écriture, ni même un goût certain en matière de lecture, mais j'ai des sources, de bonnes sources et quand je dis bonnes, je veux dire excellente. Vous vous sentez blessé dans votre estime parce que Sentinel Prime m'intéresse ? Soit, si je suis là, c'est que j'ai mené ma propre enquête et que vous êtes le plus renseigné sur le sujet et celui qui fonde les hypothèses qui en générales, sont les bonnes, parce que ne vous y méprenez pas, vous n'êtes pas le seul journaliste qui s'intéresse de prêt ou de loin au super-héros, mais vous êtes le meilleur, c'est pour ça que je suis là. En plus de cela, vous êtes américain, même si jusqu'ici je l'ignorais, votre nom de famille n'a rien de japonais et c'est un des motifs supplémentaires qui m'a fait venir, vous m'imaginez passer un entretien dans une langue que j'ai du mal à parler ? En venant vers vous, j'avais peu de chance de me tromper sur le fait que vous ne parliez pas anglais. Maintenant, si c'est une journaliste professionnelle que vous attendez, qui sache déjà tout faire, clairement, je n'ai pas le profil, mais je suis prête à apprendre."

D'une traite elle avala son jus de fruit, son long monologue venait de lui assécher la gorge et la bouche comme rarement ça avait été le cas, avec délicatesse, elle reposa le verre sur le bureau, à côté de là où était assit Kyle, son regard, qui jusqu'alors n'avait pas quitté celui de Prime, fixait le verre avec le détachement de quelqu'un dont l'esprit semblait ailleurs, avant qu'elle ne repose son regard sur le journaliste, décroisant ses jambes pour les croiser à nouveau à l'inverse de leur position initiale.

- "Si ça, ça ne vous suffit pas, alors autant nous dire au-revoir maintenant et ne pas chercher plus loin."

- Pour être aussi sûre de vous à des milliers de kilomètres du lieu d'opération de votre héroïne, je ne vois que deux solutions. Soit vous lui êtes intimement liée, soit je devrais commencer à vous demander de sortir maintenant votre costume, Second.

Je l'avais écouté parler, bien sûr. Avec tout le sérieux du monde, sans perdre une miette de ce qu'elle avait à dire. Son discours était assez probant de motivation. Erin voulait de l'argent ainsi qu'un travail fixe, de quoi en somme lui donner une situation qu'elle avait possiblement laissé derrière elle en partant d'Amérique. En fait, que ce fût le journalisme ou autre chose, peu importait à la jolie blonde. Mais j'avais maintenant l'idée bien arrêtée qu'elle me cachait des choses et qu'elle en savait plus sur cette "Sentinel Second" qu'elle ne l'avouait. Et dans la logique continuité, sa prétendue admiration de Prime devait cacher quelque chose de plus gros. Erin était maladroite dans ses propos malgré son assurance et je craignais qu'à l'avenir, cela ne lui joue quelques tours qu'elle serait très loin d'apprécier. Et je parlais en connaissance de cause.

Quand la jolie blonde réalisa ma proposition, elle en prit la mouche. Normal. Même si je ne faisais que retourner ses armes contre elle, j'y avais été fort. Son regard avait changé, tout comme la détente des traits de son agréable visage, mais je n'avais pas cillé un seul instant et gardé mes yeux bleux dans les siens. Ce genre de manoeuvre n'avait pas de quoi me faire plier, surtout avec les gaillards que j'avais déjà maîtrisé dans le passé. Toutefois, pour ne pas la froisser plus qu'elle ne l'était, je n'ajoutais rien avant qu'elle ne le fasse et évitais soigneusement de sourire. Mon sérieux et mon calme n'avaient pas flanché.
Sirotant mon jus de fruit, je fus attentif à toute sa tirade. Les mots qu'elle venait de prononcer n'étaient pas ceux que je voulais entendre, moi qui espérais qu'Erin parle avec morgue et envie d'une possible carrière dans le journalisme par réel amoureux du métier. Ce ne fut toujours pas le cas, mais elle marqua sans le savoir un point très important : elle parla avec le coeur.
Mes yeux jusque là dans les siens s'égarèrent sur ses seins. Détestable réflexe, mais je ne relevais pas le regard. Bientôt, je ne vis plus les agréables monts fermes et insolents qui tendaient son chemisier, trop occupé à me décider sur son sort. Puis, au bout d'un temps, je me levais pour faire le tour de mon bureau afin de décrocher le téléphone. Ce fut en japonais que je m'exprimais, regardant fixement Erin.

- Hiro ? Mac' à l'appareil. Fais moi un dossier complet de ce qu'on a sur cette Sentinel Second. Hm ? Oui, à part le fait qu'elle soit super-baisable, imbécile ! Envoie ça sur mon pc, s'il te plait.

Clic-clac, je reposais le combiné pour faire un autre numéro interne.

- La compta ? Macross à l'appareil. Vous pouvez préparer un chèque d'avance sur salaire au nom d'Erin Stane ? ...Ma nouvelle assistante, oui. Merci.

Le téléphone retrouva sa base et je me pointais devant Erin pour lui désigner le bureau libre dans un sourire amusé.

- Vous allez en chier autant que vous êtes jolie. Autant dire que vous n'avez pas fini de cavaler, et on commence maintenant. Je vais envoyer sur votre poste une copie du dossier que je viens de demander. Avec ce support et disons le reste de la journée, vous allez me faire un petit article sur votre Sentinel Second. Je ne la connais pas, mais maintenant je brûle d'envie de faire sa connaissance et vous allez m'y aider !    Je serai le seul à lire, ne vous en faîtes pas. Ca me permettra de voir ce que vous savez faire et donc de vous aider à faire mieux, quitte à tout reprendre du début. Si vous êtes vaillante à l'ouvrage, Erin, vous deviendrez rapidement une des femmes de ma vie. Ou presque !

Je partis d'un rire franc, presque adolescent, avant de lui écarter galamment la chaise du bureau pour l'inviter à s'y asseoir. La laissant se mettre à son aise pour retourner à mon propre plan de travail, je lui glissais tout de même quelques mots.

- On commence à 8H, on travaille souvent le week-end et la journée finit parfois tard. Mais la paye est correcte, ça compense... Et surtout, je suis de votre côté. Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à demander. Même si ça ne concerne pas le journal. Je sais qu'il est difficile de s'installer dans une nouvelle ville. Si ça vous branche, je vous invite à déjeuner tout à l'heure. Et je répondrais peut-être à quelques questions, qui sait ? Allez, hop hop... Au boulot !

Sans qu'il ne le sache, le journaliste était plus proche de la réalité que quiconque ne l'avait jamais été au sujet de Sentinel Second, c'était bien elle, en effet et, bien que cacher son identité ne lui était pas très utile, maintenant qu'elle vivait loin de sa famille et de ses amis, elle ne tenait pas à ce qu'on fasse l'amalgame des deux, Sentinel Second était l'héroïne courageuse et vaillante qui sauvait les gens, sans demander quoi que ce soit en retour, qui n'avait peur de rien ni de personne. Erin était bien différente que l'héroïne même s'il s'agissait là de la même personne et son anonymat était une manière de garder sa vie privée hors d'atteinte.

- "Si je suis si sûre de moi, ce n'est pour aucune de ses raisons, mais peu de temps avant qu'elle disparaisse, un article sur Sentinel Prime est paru dans un journal, jusque là rien d'anormal mais c'est juste après cet évènement que Second s'est faite connaître sous ce nom et une semaine plus tard, elle avait disparue de la circulation. Ça ne représente peut-être pas grand chose, mais je n'ai jamais crue aux coïncidences, pour moi, tout est lié que vous me croyez ou non ne change pas ma conviction."

Le journaliste commençait à lui taper sur les nerfs, il posait trop de questions, analysait trop les choses, d'ailleurs, son agacement commençait à se ressentir dans sa voix, presque sûre qu'elle n'obtiendrait plus le job, elle envisagea l'espace d'un instant quitter le bureau, purement et simplement, pour se chercher un autre job. Après tout, qui était-il finalement pour s'adresser à elle de cette manière hautaine ? Inconsciemment, la jeune femme savait qu'elle pouvait l'être tout autant, mais ça ne l'empêchait pas de ne pas apprécier le ton de son interlocuteur. Furibonde, elle tenait difficilement sur son siège, tant son envie de partir immédiatement se faisait pressante. Mais le peu de contenance qu'il lui restait lui intimait l'ordre de rester assise et d'attendre, la partie qu'elle choisis finalement d'écouter, même s'il lui en coûtait de son humeur de se tenir tranquille. C'est alors que le journaliste saisis son téléphone et se mit à parler en japonais, elle ne comprit pas la conversation, heureusement d'ailleurs, mais entendit Sentinel Second, sans qu'elle sache vraiment quoi en déduire toutefois puisqu'elle n'avait saisis que ça de la discussion. Puis il enchaîna sur un autre numéro, là non plus elle ne comprit pas grand chose à ce que déblatérait l'homme en face d'elle, mais reconnue son nom, ce qui était plus encourageant déjà, elle finit par se dire qu'elle avait bien fait de rester assise. Puis il se mit à lui parler en américain, le début de sa tirade lui fit presque regretter d'ailleurs qu'il n'est pas poursuivit dans la langue locale, heureusement, le reste s'annonçait sous un meilleur jour pour elle. Faire partie des femmes de sa vie ? Elle n'était pas sur de le vouloir, en tout cas pour le moment, son avis sur son nouveau patron était, il fallait le reconnaître assez négatif. Cependant, elle obtempéra et quittant le siège qu'elle avait pris au bureau de Kyle, s'installa dans celui qui deviendrait le sien si elle réussissait le test qu'il venait de lui annoncer.

Alors qu'elle l'écoutait, elle se mit au travail et ne prit même pas la peine de lui répondre, trop agacée qu'elle l'était encore pour ça, mais s’attela néanmoins à la tâche comme il lui avait demander. Elle fit le tour des articles et informations transmises à son ordinateur qui la concernant, parfois, en lisant ceci ou cela, elle fut presque prit d'une envie de rire aux éclats, mais elle se retint, s'étant déjà trop trahie pour aujourd'hui. Bien que les articles étaient diverses et variés, elle ne prit en compte que quelques-uns de ceux-ci dans la rédaction de son propre article, puisqu'elle disposait de toutes les informations nécessaires, mieux que celles de n'importe qui d'autres d'ailleurs, à sa disposition. Dans les grandes lignes, l'article exposait les seules informations sur sa vie privée que Sentinel Second avait souhaité rendre publique, ainsi y retrouvait-on le lycée dans lequel elle avait étudiée, une fausse date de naissance et une anecdote montée de toutes pièces sur son enfance. Ses trois informations, pour la plupart avait été divulguée par Erin elle-même dans le but premier de brouiller les pistes sur son identité, sans savoir si cela avait été efficace ou non, mais elle avait au moins eu le mérite d'essayer quelque chose pour être moins facilement identifiable. Dans les grandes lignes, le reste de l'article exposait la plupart de ses interventions ainsi que les lieux les plus fréquents où elle avait été aperçu ainsi que la fréquence de ses apparitions, toujours à New-York, ses manifestations variaient, mais rarement en dessous deux à trois fois par semaine sans qu'elle ne se manifeste, hors cela faisait plus d'une semaine déjà qu'elle n'avait pas donner le moindre signe de vie à New-York.

- "Bon, voilà pour la base.." Dit-elle, plus pour elle-même que pour Kyle.

Elle se mit alors à se relire plusieurs fois pour corriger les fautes, éliminer les erreurs de syntaxe et traquer les répétitions, remplaçant les mots qui revenaient trop souvent par des synonymes, enfin, elle rajouta quelques petits points qu'elle avait oublié de mentionner dans son premier jet. Lorsque midi sonna, elle était encore pencher sur son écran, les yeux plissés.

A bien y réfléchir, mes relations avec les femmes ne partaient jamais bien. C'était toujours agité au début, d'une façon ou d'une autre. Qu'elles rencontrent Sentinel Prime ou Kyle Macross, il y a avait fatalement un temps d'agressivité et de rejet. Avec Erin, ce n'était pas très différent, à ceci près que pour la première fois un statut hiérarchique me séparait de mon interlocutrice. Peut-être avais-je des leçons à prendre de ce côté là pour me rendre plus agréable ou accessible ? Possible.
La blonde était restée tendue un bon moment et son énervement était encore palpable tandis qu'elle s'était installée derrière son PC pour se livrer au petit exercice que je lui avais confié. Moi qui avais pensé que les coups de fils passés devant elle la détendraient et lui feraient plaisir, c'était loupé ! Bon, elle n'était pas à l'aise avec le japonais, ce qui expliquait peut-être son manque de réactivité. Soit c'était ça, soit je lui tapais pour de bon sur le système. Tsss... Vraiment, je n'avais aucun talent avec la gente féminine. Enfin, ma nouvelle assistante s'était mise au travail et je l'avais tout de suite imité après l'avoir regardée un moment. Les traits de son visage, sans que je ne parvienne à m'expliquer pourquoi, me semblaient singulièrement familiers et cette sensation me dérangeait désagréablement. Et ces yeux bleus qui me rappelaient ceux de ma mère ! Bah, peut-être que je l'avais croisée dans ma dimension d'origine, quelque chose comme ça ?

J'aurais pu réfléchir plusieurs heures là-dessus, mais le travail m'avait appelé et comme toujours, il s'était montré gourmand en attention. Les coups de fils s'étaient succédés entre les différents articles que j'avais à taper et les rendez-vous que j'avais à organiser pour le montages de dossiers spéciaux pour des numéros hors-série et la matinée avait filé à toute allure, me faisant presque oublier la présence d'Erin dans le bureau.
Il était bien midi et demie quand mon portable avait sonné pour un appel perso. Hitomi, qui prenait sa pause repas et des nouvelles de moi. Et comme souvent, nous profitions de ce temps pour parler en anglais, laissant le japonais de côté presque naturellement. Beaucoup de banalités sans grand intérêt qui m'avaient fait retrouvé le sourire une fois le téléphone raccroché. Juste ce qu'il me fallait pour admettre que oui, j'étais mal parti avec Erin.
Abandonnant mon fauteuil, j'étais venu me placer à côté d'elle.

- Allons manger un bout, d'accord ? Je vous invite.

Le sourire était tranquille et sincère. Pas de drague, pas d'excuses mal formulée. Une simple proposition dont j'espérais qu'elle trouverait de l'écho auprès de sa destinataire, à laquelle j'adressais une nouvelle petite tirade après un temps de silence de ma part.

- Ecoutez, Erin... Je pense que nous sommes mal partis tout les deux et que c'est de surcroît ma faute. Je vous prie d'accepter mes excuses. Nous allons travailler ensemble à partir de maintenant et à défaut de se tomber dans les bras, se supporter et s'entendre me semble une bonne chose. J'ai été... lourd, tout à l'heure, et me suis comporté de façon déplacée.

Inutile de revenir sur cette histoire de double-jeu, du "je t'allume tu me recales" bête et méchant qui aurait pu être très mal interprétée par la jeune femme. Je n'avais pas besoin d'une histoire de harcèlement sexuel, franchement... Bien décidé cette fois à rectifier le tir, je continuais sur ma lancée.

- Si je vous disais tout à l'heure que vous étiez trop sûre de vous, ce n'était pas pour vous mettre en défaut. Ce que je cherchais à souligner, c'était que laisser croire que vous détenez trop d'informations ferait de vous une cible de choix. J'imagine que votre Second possède quelques adversaires qui seraient prêts à tout pour lui nuire, hm ? Alors si ils pouvaient avoir des informations privées sur elle en s'en prenant à vous, ils n'hésiteraient certainement pas. Je parle en connaissance de cause : il faut apprendre à tenir sa langue. Etre le journaliste presque attitré de Prime m'a causé quelques ennuis à titre perso' et cela a bien failli toucher mes proches. Je ne voudrais pas que cela vous arrive, c'est tout. Même si vos sources sont sûres à deux cent pour-cents, laissez le vague, n'affirmez jamais quelque chose avec certitude. Je sais que c'est frustrant, mais... Ça vaut mieux, c'est tout.

Erin ignorait à quel point il était difficile d'être un Sentinel, quel que fût son suffixe. La vie privée et la vie costumée s'entremêlaient parfois très étroitement et le lien mettait tout en péril malgré nous. Parfois, on ne faisait plus la différence entre les deux.  Le "S" pouvait s'avérer un fardeau à porter et pourtant il fallait s'en acquitter, parce qu'on avait choisi cette voie. Et quand on avait des proches, c'était encore plus dur. Cette responsabilité qu'on choisissait d'endosser amenait à faire des choix difficiles qu'on aurait jamais imaginé possibles avant.

- Si vous voulez rester à mes côtés, je vous apprendrais ce que je peux pour que vous évitiez les erreurs que j'ai pû faire lorsque j'étais à votre place. Tout ce que j'espère pour votre héroïne, c'est qu'elle parviendra jusque Prime pour qu'il fasse la même chose pour elle.

Je soupirais, un instant dans le vague, les yeux braqués sur la fenêtre du bureau comme si je m'attendais à y voir passer un homme volant. Former la nouvelle génération. L'idée m'était déjà venue en tête une fois ou deux, quand j'avais réalisé qu'un jour je serai peut-être père. Eviter à mon gamin -si il avait eu mes pouvoirs et décidé de suivre ma voie- de prendre les coups que j'avais encaissés bien avant lui. Le guider au mieux dans ses choix, le soutenir et le pousser vers le haut. Depuis qu'Hitomi m'avait avoué sa stérilité, j'avais abandonné ce rêve. Mais... Former un autre Sentinel, un successeur... Pourquoi pas ?
Pour moi-même, je secouais la tête. A penser à de pareilles choses, j'allais me faire du mal et surtout me faire vieux avant l'âge. Je revins à Erin en l'invitant à me suivre d'un mouvement de tête et d'un sourire.

- Le restaurant juste à côté du journal fait d'excellentes nouilles, vous allez voir !