Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sujets - Azazel Ängelsson

Pages: [1]
1
« Je te demande pardon, je ne sais pas ce qui me prend. On est dans la même galère et on devrait s'entraider, et moi je suis en train de me comporter en lycéen mesquin. Je te propose de repartir de zéro. D'ailleurs, je ne me suis jamais présenté : je me nomme Azazel Ängelsson. »

Et il lui tendit la main.
*

C’était ce moment-là. C’était ce moment qui avait signé son arrêt de mort. Enfin, pas tout à fait encore, mais franchement, ces deux derniers jours avaient grandement contribué à développer le pessimisme de notre thaumaturge favori. Il peut encore précisément se la représenter, cette scène — cette impression. Celle qui avait aussi marqué le début de ses péripéties.
Il n’avait même pas eu le temps de déchiffrer la réaction de Telka à ses dernières paroles. Il l’avait juste vue lever la main — pour balayer la sienne ou accepter son étreinte, il n’aurait su le dire — et puis ça avait recommencé. Mais bien plus rapidement que la première fois, bien entendu, histoire de rendre la situation encore plus pathétique. Le mage avait à peine eu le temps de sentir l’énergie parapsychique monter. Ça avait été foudroyant, et non graduel comme lorsqu’ils se trouvaient à l’église. Et il n’avait pas été inclus dans le phénomène, cette fois-ci; sans doute car il n’y avait eu aucun contact physique entre eux. Rien ne s’était passé au ralenti comme dans son souvenir. L’intermédiaire divine auto-proclamée par la faute de laquelle il avait failli servir de snack à un groupe de harengs sous stéroïdes avait juste disparu — bop! —, laissant derrière elle les vêtements végétaux qu’il venait de s’échiner à fabriquer en gaspillant le peu d’énergie mystique qu’il était en mesure de canaliser dans l’état dans lequel il se trouvait alors. Le jeune sorcier aux yeux lilas avait bien tenté de projeter son pouvoir à sa suite, comme la première fois, mais cela n’avait pas fonctionné. Était-ce parce qu’il avait tenté le coup avec les dons dont il avait conscience et non cette part de lui qu’il avait senti s’éveiller le temps du premier saut dimensionnel? Il n’en savait rien; c’était trop tard, et c’était tout ce à quoi il parvint à penser pendant de longues minutes, voire des heures. Il cria, s’époumona, enragea contre Telka même s’il savait qu’elle n’avait aucun contrôle sur les manifestations de son pouvoir; et peu importe que ces foutus écailleux le retrouvent, ou pire encore. Il en avait assez. Assez de ne rien comprendre. Il avait souvent rêvé d’aventures, de rencontrer des êtres surnaturels au même titre que lui, de voir des mondes à l’existence insoupçonnée, mais pas ainsi. Pas si soudainement, pas sans y être préparé, pas sans alliés pour le protéger, lui expliquer. Oui, il aurait sans doute pu tuer un homme rien que par la pensée s’il l’avait voulu, mais bon sang, il y avait quelques jours encore, il n’était qu’un simple surveillant et serveur à temps partiel peinant à joindre les deux bouts, avec pas plus de phénomènes paranormaux dans sa vie que la rencontre brève mais chamboulante d’un semi-ange, et le voici à présent perdu dans des landes ponctuées de forêts; oh Gott verdammt, ces foutues forêts!
Une fois que le ganymède à la mèche d’ébène avait repris ses esprits, il ne lui était resté qu’un seul choix: celui de continuer à avancer en espérant tomber sur une quelconque forme de vie civilisée non-hostile et prête à lui porter assistance. Mais après deux jours à ne voir que de la verdure et des arbres, Azazel était vraiment sur le point de renoncer à cet espoir. Sa seule consolation était de ne pas encore être mort d’inanition — mais la fatigue s’en chargerait peut-être au final. Se servant de ses méninges, il avait survécu en utilisant le peu de pouvoir qu’il lui restait alors pour vérifier que les fruits inconnus qu’il avait arrachés à un arbre avant de quitter la première forêt n’étaient pas toxiques, et ainsi, patiemment, il avait trouver des petites portions de nourriture et des ruisseaux où puiser de l’eau, utilisant à chaque fois le peu d’énergie récupérée pour s’assurer d’en trouver une nouvelle source. S’il avait été en mesure de profiter d’un vrai sommeil réparateur, la répétition de ce processus aurait, à terme, permis une récupération définitive de ses capacités, mais depuis la disparition de Telka, le mage tatoué n’avait pas réussi à fermer l’oeil. Il était rongé par l’inquiétude, et toujours un peu affamé, toujours un peu assoiffé. À force de chutes et de rencontres avec quelques animaux sauvages — il avait presque été heureux de constater que certains animaux étaient de bonnes vieilles bêtes terrestres —, les vêtements de fortune qu’il s’était créés étaient partis en lambeaux, et le reste avait fini par pourrir sur lui. Il n’avait manifestement pas pris assez le temps de perfectionner son enchantement, mais, au point où il en était, il ne pouvait de toute façon pas se sentir plus vulnérable. De n’être vêtu que d’une sorte de réplique de fundoshi composée de fougères entrelacées ne changeait plus grand-chose. L’Européen exilé était tellement las de tout que, tout à ses réflexions noires, il ne réalisa même pas qu’il venait d’entrer à plein pied dans une rivière. Son second pied glissant sur le bord terreux alors qu’il prenait conscience de son environnement, le thaumaturge atterrit à plat ventre dans l’eau. Il se passa bien une minute sans qu’il ne réagisse; on aurait même pu croire qu’il avait perdu conscience ou qu’il était mort, son corps plein de terre, de poussière et d’égratignures flottant comme une souche morte. Puis, lentement, il se retourna sur le dos, son regard fixé sur la canopée, et se mit à se parler à haute voix:

« Peut-être que je devrais juste arrêter? Arrêter de chercher à boire et à manger, arrêter de marcher. Juste rester là et… dormir… profiter de la fraîcheur et puis partir, tout doucement. Ça me ferait une fin un peu romantique, je suppose. »


Et il se mit à glousser tout seul, comme un de ces déments de films d’horreur complotant leur revanche du fin fond de leur cellule capitonnée. Manifestation nerveuse qui cessa immédiatement lorsqu’il sentit qu’on approchait. Se redressant subitement, ce qui lui donna légèrement le tournis, il se retrouva debout dans l’eau qui lui arrivait un peu au-dessus des genoux, et se hâta de se cacher derrière un rocher saillant au milieu du cours d’eau, observant le nouveau venu. Ou, en l'occurrence, la nouvelle venue. La forme qui se traîna péniblement jusqu’au bord de l’eau semblait indéniablement féminine, et surtout blessée. Et c’était peut-être sa chance. Le sorcier aux yeux lilas n’était sûr de rien depuis son arrivée dans ce monde étrange, mais l’être qui se trouvait à quelques mètres de lui lui semblait humain; du moins, bien plus humain que tout ce qu’il avait vu ici en dehors de Telka. Et cela signifiait qu’il venait peut-être de trouver un éventuel allié et, par la même, son salut. S'éclaircissant la voix après avoir rapidement avalé une gorgée d’eau fraîche, il héla la silhouette d’une voix plus rauque que d’ordinaire:

« Hé, toi là-bas, besoin d’aide? »

Bon d’accord, c’était peut-être un peu cavalier comme entrée en matière, mais à dire vrai, après tout ce qu’il avait vécu, il s’en tapait un peu, et quelqu’un de blessé ne pouvait de toute façon pas se permettre de faire la fine bouche, pas vrai?

2
Vous nous quittez déjà ? / Toutes mes confuuuuses
« le: jeudi 02 janvier 2014, 02:43:43 »
Bonsoir tout le monde, et bonne année!

Voilà voilà, donc en fait je profite de ce passage éclair pour m'excuser auprès de mes partenaires de RP. Pour l'instant, j'ai pas eu de nouveaux messages, mais au cas où ça viendrait...

Ces derniers temps, j'ai absolument plus le temps pour le Grand Jeu, mais loin de moi l'idée d'abandonner mon personnage et ce forum en général. J'apprécie trop les possibilités qu'il offre et le fait qu'il tienne bon!

En un mot comme en cent: I'll be back. Amusez-vous bien pour moi en attendant!

3
Le look. Entre nous et nos vêtements se joue une histoire toute singulière. Notre rapport au corps et à l’image influe parfois bien inconsciemment sur notre style vestimentaire. Chacun vit avec plus ou moins de plaisir ou de contrainte ce rituel autour des habits qu’il nous faut bien composer et recomposer chaque jour. Certains y voient un moyen de se fondre dans la foule, et d'autres, au contraire, de s'en détacher. Certains ne recherchent que le confort, sans se soucier du résultat aux yeux des autres, et certains, au contraire, sont prêts à le sacrifier pour attirer l'attention et susciter l'envie, le désir. Certains suivent la mode, et d'autres en ont créé une qui leur est propre. S'en préoccuper peut sembler superficiel aux yeux de beaucoup de personnes, mais, en réalité, les modifications que l'habillement entraîne sur l'apparence générale peuvent influencer les relations humaines autant que d'autres critères physiques, comme le regard – ou même le parfum, qu'il soit naturel ou non. Et tout cela, Azazel était bien placé pour le savoir.
Depuis aussi loin qu'il s'en souvenait, le thaumaturge, son secret mis à part, n'avait jamais été en accord avec la majorité de ses pairs humains. Sa différence naturelle lui avait valu, dès le plus jeune âge, de multiples brimades et autres bousculades. Mais plutôt que de se cacher et se sentir honteux de ne pas être comme tout le monde, le jeune homme avait affirmé son identité en persistant à se vêtir de la manière qui lui plaisait et en coiffant sa chevelure déjà singulière d'une manière peu commune pour les hommes de son temps – et en apprenant à se défendre contre les petits caïds qui voulaient jouer au malin au passage. Lorsqu'il avait commencé à s'habiller par lui-même, son premier style ressemblait à ce qu'on pourrait qualifier de « rock », tout simplement, avec les jeans déchirés et les T-shirts à l'effigie de ses groupes préférés. Puis, peu à peu, Azazel avait évolué vers un look à peu plus particulier, où se mêlaient des éléments qu'on pourrait qualifier de « classieux » - des pièces de costume, d'uniforme – et des éléments plus « punk » ou « gothique ». Néanmoins, il n'appréciait pas beaucoup les labels, et aimait à dire qu'il n'appartenait pas à un style, mais se contentait de porter ce qui lui plaisait. Et ce qui lui plaisait n'était pas forcément ce qu'il y avait de plus facile à trouver. Enfin, ça, c'était avant qu'il ne déménage au Japon, et en particulier ici, à Seikusu.
En effet, dans cette ville, les magasins qui vendaient des vêtements un peu « décalés » pullulaient, et il y avait un endroit en particulier où le mage avait déjà plusieurs fois trouvé son bonheur : le centre commercial. Le centre commercial de Seikusu était une véritable perle de la société de consommation. On y trouvait absolument de tout, des magasins les plus « normaux » - supermarchés, marchands de glace , bijoutiers, etc. - aux magasins moins communs – sex-shops, entre autre –, et, dans ce joyeux fouillis, Azazel trouvait presque tout le temps son bonheur. Néanmoins, aujourd'hui, il ne cherchait pas à se fournir en vêtements d'un genre « singulier », mais tout simplement à renouveler sa garde-robe « sportive ». Ce fut donc ainsi que le jeune homme à la mèche d'ébène se retrouva à fouiller les rayons d'une boutique « casual », attrapant d'une main vive et experte ce qui lui plaisait et allait ensemble ou pouvait être assorti avec ce qu'il possédait déjà – car même pour faire un jogging ou soulever quelques poids, une tenue dépareillée le faisait se sentir mal à l'aise. Certaines personnes qu'il croisait semblaient perplexes en voyant les habits qu'il tenait en comparaison à la tenue qu'il arborait : un polo noir, dont les flancs étaient composés d'une entrelassure de bandelettes de cuir clouté qui exposaient ça et là des pans de peau de taille irrégulière, agrémenté d'une cravate d'un blanc uni si ce n'était pour la croix argentée bien visible sur sa pointe, des manches amovibles noires également, un jean baggy assorti sur les côtés duquel pendaient des bretelles noires et qui était retenu par une ceinture en cuir clouté également, et, pour finir, des chaussures en cuir noir. Pas vraiment la tenue qu'on attendait de la part de quelqu'un qui semblait s'adonner au sport. Ah, les préjugés... Toujours était-il qu'il lui fallait essayer ses trouvailles, aussi se dirigea-t-il d'un bon pas vers les cabines d'essayage.
Jusqu'ici, cela avait toutefois été une journée normale, bien que menée par un être qui ne remplissait pas vraiment les critères de la « normalité » telle qu'elle était définie par ses contemporains, et Azazel n'avait, pour une fois, eu aucune impression étrange. À croire que le surnaturel - car que pouvait-il bien ressentir d'autre? - avait décidé de déserter Seikusu. Son attention ainsi endormie, le thaumaturge ne remarqua même pas la légère trace suprasensible qu'il se mit à suivre inconsciemment. Tournant au coin du mur qui isolait légèrement les cabines du reste du magasin, le jeune homme fut mené jusqu'à celle qui se trouvait le plus au fond et, sans même y réfléchir, ne prenant pas la peine d'essayer de savoir si elle était déjà occupée ou non, tira un grand coup sur le rideau et entra... pour se retourner aussitôt et le refermer derrière lui d'un geste précipité. Il resta par la suite figé, dos à la personne qui se trouvait là, se demandant s'il avait rêvé. Avait-il réellement vu ce qu'il pensait avoir vu ? Ou avait-il simplement halluciné ? Lentement, Azazel se retourna.

Non, il n'avait pas rêvé. Les yeux écarquillés, le thaumaturge contempla avec stupeur l'être qui lui faisait dorénavant face.

Il s'agissait d'un homme – enfin, d'un individu de sexe masculin à apparence anthropomorphe, car l’appellation d'humain n'était clairement pas adaptée – dont le visage laissait clairement voir qu'il n'était pas un indigène, et qu'il devait avoir au minimum quinze ans de plus que notre protagoniste. Même son style faisait très occidental, avec son béret sur le crâne tel un fier Français. Néanmoins, rien d'inhabituel jusque-là. Non, ce qui frappait de stupeur le jeune sorcier était la partie inférieure du corps de cet individu.
Visiblement, il l'avait interrompu en plein essayage, car l'homme... être... whatever, était en train de passer une de ses... jambes dans un jean marron assorti au reste de sa tenue. Et parlons-en, de ses jambes ! Recouvertes d'une pilosité trop dense pour être humaine, elles auraient encore pu être « excusées » sous prétexte d'une quelconque maladie rare ou d'un dérèglement hormonal si, lorsqu'on progressait vers le bas du regard, et tandis qu'elles prenaient une apparence de moins en moins humaine, on ne découvrait pas une paire de... sabots ! Oui, des sabots de bouc ! Devant les yeux médusés du sorcier se tenait ni plus ni moins qu'un faune. Ou un satyre. Enfin, peu importait le nom, c'était un être surnaturel ! Ainsi, cette espèce de pressentiment qui le prenait parfois que des choses invisibles aux yeux de la plupart des mortels se produisaient était justifié : de la même manière que sa magie était bien réel, que la sorcellerie n'était pas qu'un ramassis de contes de vieilles femmes, les êtres mythologiques existaient également bel et bien. Immédiatement, une avalanche de question déferla dans son esprit. Il ne produisit nonobstant qu'un seul son :

« Euh. »

Bon, c'était bien parti.

4
Vous nous quittez déjà ? / On sait jamais, des fois que...
« le: jeudi 06 septembre 2012, 09:13:21 »
Bon, en fait, je signale pas vraiment une absence, mais, comme bon nombre d'entre vous, je suis sur le point de reprendre les cours, et, si mon année universitaire se déroule comme la précédente, je serai disponible de façon totalement irrégulière (et de préférence le week-end) jusqu'au mois d'août 2013. Du coup, que mes partenaires actuels et futurs ne m'en veuillent pas si je mets une semaine voire deux à répondre. Il se peut aussi que j'aie des périodes de répit où je pourrai carrément répondre le jour-même, enfin j'espère. x)

5
(Nota bene : Chronologiquement, si tout va bien, je positionne ce topic avant celui avec Edean et l'autre à venir avec Solaris.)

Lorsqu'il était arrivé au Japon, Azazel s'était trouvé face à un problème de taille : le financement de sa nouvelle vie au pays du Soleil Levant. En effet, le jeune sorcier avait arrêté les études à l'âge de dix-huit ans en Allemagne, ce qui l'avait laissé sans rien de plus qu'un simple « Abitur », qui, même s'il s'agissait d'un diplôme officiel, reflétait son absence de spécialisation et d'études supérieures ou professionnelles, et, de ce fait, son inaptitude à prétendre à de « vrais » métiers. Ce fut ainsi que, pour survivre, le jeune homme dut se résoudre à accumuler deux petits boulots – des baito (terme d'ailleurs dérivé de l'allemand « Arbeit ») comme ils disaient ici – pour survivre. Il divisait ainsi son temps entre un poste de serveur dans un café à thème et celui de surveillant au lycée de Seikusu. Là-bas, il passait difficilement inaperçu, avec son look un peu particulier, qu'il avait cependant eu le droit de conserver puisqu'il n'était pas un élève, et l'aura sombre qui l'avait entourée durant sa première année parmi les nippons. Aucun étudiant ne lui avait jamais adressé la parole pour lui dire autre chose que « oui, Angëlsson-san, bien, Ängelsson-san ». D'ailleurs, la manière dont il prononçait son nom avait fini par le faire sourire, une fois qu'il avait repris sa vie en main. « Ene-gué-lu-son ». Mais il ne le prenait pas du tout mal ; après tout, la prononciation suédoise était déjà un défi pour les Européens, alors les Asiatiques... À présent que le thaumaturge se montrait plus souriant et communicatif, beaucoup d'élèves s'étaient mis à l'apprécier, et même à profiter de ce nouvel aspect « bonne pâte » qu'il leur avait laissé découvrir. Combien d'entre eux évitaient plusieurs heures de colle en l'amadouant avec des regards suppliants et des explications larmoyantes, des promesses de meilleure conduite qui avaient tôt fait de lui attendrir le cœur ?

Lorsque ce changement plutôt radical de comportement arriva un beau jour jusqu'aux oreilles de la direction du lycée, Azazel apprit que, tant qu'il ne se déciderait pas à resserrer un peu la vis, ses horaires habituels seraient remplacés par de la surveillance du soir. En quoi cela consistait-il ? Tout simplement à surveiller les élèves en colle après les cours, ainsi que ceux qui s'occupaient de nettoyer et ranger leurs salles de cours, et à s'assurer que plus personne ne traînait dans les couloirs en douce – certains élèves, pour rire, se laissaient parfois enfermer dans l'établissement jusqu'au lendemain, et en profitait souvent pour effectuer des petits actes de vandalisme ou pénétrer dans la salle des professeurs pour connaître les questions du prochain test écrit. Bien que le jeune sorcier trouvât sa « sanction » aberrante – surtout qu'il n'était pas un élève, mais un adulte employé pour les surveiller et qui, en tant que tel, n'aurait pas dû se faire traiter comme un gamin –, il se garda bien de le dire, souhaitant conserver son poste qui était tout de même presque vital pour lui – à moins de vouloir se nourrir presque exclusivement de pâtes instantanées à longueur de temps et de boire uniquement de l'eau du robinet.

C'était donc pour cette raison qu'Azazel était à présent en train de faire le tour des divers bâtiments qui composaient le lycée de Seikusu d'un pas un peu traînant, un air passablement ennuyé peint sur le visage. Il aurait nettement préféré être en train de travailler au Gloomylshake ou avoir le nez plongé dans des ouvrages sur l'occulte et la parapsychologie plutôt que d'être ici – c'était si peu stimulant. Car, bien que d'un naturel calme, notre jeune mage n'appréciait que moyennement les activités qui ne lui apportaient rien d'autre qu'une rémunération sans aucune interaction sociale, ni aucun mouvement, ni aucun effort physique ou intellectuel. Au moins, lorsqu'il surveillait les lieux en journée, il avait de quoi faire – ne serait-ce que discuter avec quelques élèves ou quelques professeurs, ou faire un crochet par la bibliothèque scolaire durant sa pause de midi pour se divertir ou apprendre de nouvelles choses –, alors que là... Il n'y avait apparemment plus âme qui vive nulle part.

Pourtant, lorsqu'il passa du côté des douches, le doux bruissement de l'eau s'échappant en pluie d'un pommeau de douche avant de retomber en flaque sur le sol parvint à ses oreilles. Le jeune homme fronça ses fins sourcils. Qui donc utilisait encore les douches à cette heure ? Le soleil était sur le point de se coucher, mais les élèves qui résidaient dans les dortoirs se trouvaient tous à la cantine pour le repas du soir selon la liste d'appel – il le savait bien, puisque ça aussi, c'était lui qui avait dû s'en occuper, laissant ensuite à un autre surveillant le soin de chaperonner le repas.

S'engageant à l'intérieur du pas silencieux qu'était le sien, Azazel ne tarda pas à entendre, par dessus le bruit de l'eau, des... grognements. Oh non, pas des grognements d'animaux, mais bel et bien des grognements d'humain ; d'homme, indubitablement. Innocent comme il l'était, le jeune sorcier se demanda si quelqu'un était en souffrance à l'intérieur – peut-être un retardataire qui avait glissé en prenant sa douche ? – et traversa le vestiaire où les élèves se délestaient de leurs vêtements, remarquant au passage un sac et des habits laissés pêle-mêle sur le banc qui longeait le mur près de l'entrée de la salle d'eau – des douches communes, véritable attentat contre tous les pudiques du monde. Alors qu'il avançait toujours vers la source des sons qu'il entendait, il faillit marcher sur quelque chose qu'il s'empressa de ramasser et qui s'avéra être... un boxer noir, abandonné un peu plus loin. Mais le rougissement qui s'étalait à présent sur ses joues pâles n'avait rien à voir avec le fait qu'il tenait dans sa main le sous-vêtement de quelqu'un d'autre. Les yeux écarquillés, encore penché en avant, Azazel venait d'avoir un déclic, comme si la vision de ce morceau de tissu qui avait été en contact avec certaines... parties de l'anatomie d'un autre représentant du sexe masculin avait, par association d'idées, permis à son cerveau d'enfin décoder correctement ce qui lui parvenait : des grognements de plaisir. Et si le moindre doute demeurait en lui sur le genre de choses qui se déroulait dans la pièce adjacente, une exclamation extatique dans la ligne du célèbre « han » de littérature érotique adolescente résonna contre les murs carrelés et acheva de confirmer ce qui s'était finalement imposé à lui.

Relevant lentement les yeux, les iris mauves du thaumaturge se posèrent sur deux globes de chair bien fermes secoués de légers soubresauts induits par les mouvements sporadiques du bassin de leur propriétaire vers l'avant. Ou, dit de manière plus claire et plus crue : le garçon en question était en train de se masturber.

Par un réflexe totalement incongru, Azazel se plaqua contre le mur à côté de l'encadrement de l'ouverture entre le vestiaire et les douches, espérant que le jeune homme qu'il avait surpris dans ses... pratiques ne l'avait pas remarqué. Ses yeux étaient néanmoins toujours rivés sur la silhouette ruisselante, qu'il voyait à présent sous un autre angle suite à son saut précipité pour se camoufler, et sa curiosité naturelle le poussa à l'étudier. De ce qu'il pouvait tirer de son profil, il s'agissait d'un grand gaillard assez bien bâti, les cheveux rasés sur le ou les côtés du crâne en une coiffure qui faisait un peu mauvais garçon – mais c'était difficile à dire, puisque ses cheveux étaient actuellement trempés – ce qui suffisait déjà à le différencier du lycéen mâle nippon lambda. Bien que ses yeux furent en cet instant précis fermés – sans doute pour mieux visualiser peu importe ce qu'était le fantasme qui lui permettait d'accomplir sa... besogne –, Azazel remarqua néanmoins qu'ils avaient tout de même la forme en amande plus ou moins caractéristique des Asiatiques. Néanmoins, son teint, paré d'un hâle qui lui évoquait plutôt un latino ou quelque chose dans ces eaux-là, laissait penser qu'il s'agissait d'un métis. Ça, et la taille de son organe reproducteur. En effet, les Japonais n'étaient pas connus comme étant les mieux lotis à ce niveau, alors que ce jeune homme... Si le sorcier avait été un peu plus préoccupé par son apparence à mi-hauteur, il en aurait carrément été complexé.

Attendez, un instant.

Pause.

Était-il réellement en train de reluquer le... enfin le... bon, appelons un chat un chat – était-il vraiment en train d'observer avec insistance le pénis d'un lycéen ?! En réalisant qu'il était en train de se comporter comme un vil voyeur, le jeune homme aux yeux mauves voulut arracher son regard à ce spectacle déroutant et s'en aller sans le moindre bruit, mais il s'en trouva incapable. Il était comme hypnotisé, ses yeux suivants les mouvements de la main du métis sur sa hampe comme un chat aurait suivi du regard une pelote de laine. Et il commençait à avoir chaud tout à coup. Durant un instant, il perdit la notion du temps, et eut l'impression de complètement se détacher de son corps. Lorsqu'il revint à lui, il était à genoux, sa queue de cheval traînant sur le sol, toujours plus ou moins caché, le visage enfoui dans le sous-vêtement qu'il avait ramassé plus tôt, et une main dans son pantalon punk rouge à motif écossais dont il avait défait la ceinture pour palper avec avidité la bosse qui s'était formée dans son propre boxer.

« Oh mon Dieu ! » laissa-t-il échapper à mi-voix, avant de se plaquer une main sur la bouche, laissant tomber le morceau de tissu qui s'écrasa sans bruit – mais bien en vue de là où l'onaniste se trouvait, trop choqué par son propre comportement pour songer à le dégager de la voie vite fait d'une décharge télékinétique.

Il pensa immédiatement qu'il avait du culot d'oser prononcer le nom du Seigneur dans une telle situation. Était-il victime d'un sort ? Non, il ne ressentait rien de particulier près de ce jeune homme ; pas la moindre trace d'activité parapsychologique. Alors, cela voulait-il dire... qu'il était aussi vicié au fond, lui qui était toujours resté chaste et pur et indifférent aux plaisirs de la chair jusqu'alors ?

Tout à ses réflexions, Azazel était devenu complètement oublieux de ce qui se passait autour de lui, et notamment des actions et réactions du lycéen qui devait à présent être au courant qu'il n'était plus le seul participant – que ce fût volontaire ou non – de son petit moment récréatif.


6
Le parc et son sous-bois / And God said "Let there be angels". [Edean]
« le: vendredi 24 août 2012, 18:36:54 »
(Oui, moi et les titres... Enfiiiiin bref.)


La normalité. Quel mot déjà bien trop long pour une notion aussi plate et monotone. Qu'est-ce que la normalité, au juste ? Si l'on se tourne vers un dictionnaire pour obtenir réponse à cette question, voilà avec quoi on revient : Normalité, n.f : qualité de ce qui est normal. Voilà donc qui nous renvoie à la définition de « normal ». Normal, adj. : qui est conforme à la règle, à l'ordre. Mais qui donc pouvait bien prétendre avoir le droit de définir cette soi-disante « règle » ? Qui pouvait se prétendre normal, et imposer cette image de la « normalité » aux autres ? Question hautement philosophique, dont la réponse n'avait pas encore été trouvée. Concernant Azazel, il n'avait même pas envie d'y réfléchir, à cette fameuse réponse. En effet, si certains naissaient plus ou moins « normaux », et choisissaient de se différencier par la suite, certains, à son instar, ne pouvaient se défaire de leur « anormalité », car elle faisait partie intégrante de leur être. Ces gens-ci ne pouvaient que faire avec, et essayer de survivre au jugement et à l'hostilité de la masse. Notre jeune sorcier, lui, n'y prêtait même plus réellement attention. De plus, le Japon, où il avait élu son nouveau domicile, était connu de par le monde pour être le refuge de bon nombre de curiosités, que ce soit au niveau des mœurs ou de leurs pratiquants. Aussi, alors qu'il arpentait une rue à petite foulée en ce beau matin, Azazel, malgré ses nombreux piercings et sa chevelure à la teinte – ou plutôt aux teintes assez originales, ne récolta que peu d'oeillades péjoratives, et eut même droit à quelques regards envieux ou lubriques qui glissèrent le long de sa silhouette sans qu'il ne les remarque – il ne remarquait jamais ce genre de choses quand il était concerné.

Le jeune mage s'était momentanément départi de son look habituel pour revêtir un simple débardeur gris, qui exposait à la vue de tous ses bras minces mais solides à la peau nacrée, un jogging en coton rouge, et des baskets noires. S'il arpentait la rue à petite foulée, c'était tout simplement car il était en train de faire son jogging. En se levant, il avait décidé que ce serait son exercice de la journée, et c'était promptement mis en route après une rapide toilette. Cela faisait maintenant une bonne demi-heure qu'il courait. Ses écouteurs bien vissés dans les oreilles, et de la musique douce rythmant son allure, il déboucha sur le parc, et décida qu'il était temps de faire une petite pause histoire de se réhydrater. À priori, il n'avait rien de prévu immédiatement ensuite, aussi referait-il peut-être le chemin inverse de la même façon. Une demi-heure de footing, c'était honnête ; une heure, c'était un bon exercice d'entretien.

Se posant en douceur sur un banc, Azazel observa un peu le monde autour de lui. Comme on pouvait s'y attendre à cette heure, quelques personnes, peut-être une douzaine, se trouvaient éparpillées un peu partout dans le parc. Profitant du calme ambiant et d'une brise fraîche qui souffla momentanément sur lui, le sorcier aux cheveux mauve pâle rejeta la tête en arrière, sa longue tresse allant presque toucher le sol, puis la redressa subitement.

Cette sensation venait de le reprendre, comme une résonance à l'intérieur de lui, un appel, un signal qu'il était capable de capter. Quelqu'un ou quelque chose de « spécial » se trouvait ici, mais qui était-ce et où? Ne cédant cette fois-ci pas au réflexe qui lui criait de bondir sur ses jambes, Azazel inspira un grand coup et scanna à nouveau les personnes présentes du regard, s'accrochant à cette sensation pour ne pas la perdre... Bingo. Son regard accrocha deux yeux bleus, et la sensation précédemment citée enfla à nouveau d'un coup. Il l'avait trouvé... Et maintenant ?

7
Alors, tout d'abord, petit lien vers ma fiche.

Ensuite, concernant mes attentes, je ne suis pas (trop) fine bouche. N'étant moi-même pas un posteur régulier (je peux répondre rapidement une semaine, et puis disparaître le temps de la suivante - mais en prévenant si possible, bien sûr), je ne vais pas vous demander de répondre illico presto à ma suite. Si votre personnage me plaît bien et qu'il y a possibilité de faire quelque chose de bien avec, j'accepterai sans doute. Par contre, les fautes intempestives et répétées me sont en revanche rédhibitoires (vous n'avez pas besoin d'être Molière, mais ne pas trop charcuter la langue dans laquelle il a écrit serait chouette). Concernant la longueur des posts, si vraiment vous avez du mal, le minimum requis par le règlement peut me convenir (surtout qu'il m'arrive souvent de ne pas être aussi prolixe que là de suite) selon ce qui se passe dans le RP en question, mais bon, je suis un lecteur avide alors les pavés me conviennent aussi. ^^

Je fais du social, des combats, du hentai/yaoi (sinon je me serais pas inscrit, vu l'URL du forum XD), mais pas dans tous les genres. Enfin, ça, on verra sur le moment.

IL EST BIEN ENTENDU POSSIBLE POUR VOUS, ET ÇA SERA SANS DOUTE FORTEMENT APPRÉCIÉ PAR MOI, DE PROPOSER UNE TRAME DE VOTRE CONFECTION. MAIS ME TAPEZ PAS SI JAMAIS ÇA ME PLAÎT PAS, D'ACCORD? :D


Trame 2:

Aza, après un accident de téléportation, se retrouve pour la première fois sur Terra. Affaibli par une bataille avec des hommes-poissons, désorienté, encore impressionnable malgré sa propre nature, dans quelle situation va-t-il bien pouvoir se retrouver, et surtout, quel rôle y jouerez-vous?


Suivi des topics: (classés par ordre chronologique selon leur situation dans l'espace-temps du jeu et non du "monde réel")

1. "Si Sainte Thérèse avait été un Brésilojaponais sévèrement burné." [Anderson] (en cours)
2. Rediscovery [Solaris] [ANNULÉ].
 → The Thaumaturge, the Satyr and the Changing Room. [Hypocras] (en cours)
3. And God said "Let there be angels". [Edean]  [FIN PRÉMATURÉE MAIS INSCRITE DANS MA CONTINUITÉ]
4. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Telka]  [FIN PRÉMATURÉE MAIS INSCRITE DANS MA CONTINUITÉ]
5. L'Homme est un Loup pour l'Homme (en cours)
6. Petit angelot prête moi ton sang que je t'écrive un mot [T.C. Wood] (en cours)

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Prélude / C'est un GROS roman, c'est une FOLLE histoire. - { Validé }
« le: mercredi 22 août 2012, 02:07:33 »
AZAZEL ÄNGELSSON


Âge: 20 ANS

Sexe: M

Orientation sexuelle: BISEXUEL (PENCHANT INCERTAIN)

Race: NÉPHIL (SEMI-ANGE) - SORCIER

Description physique:


Différent. Voilà ce qu'on retient d'Azazel, voilà ce qu'on remarque dès qu'on le rencontre. Peu de Terriens se différencient autant de leurs congénères que ce jeune homme bien singulier. Mesurant un mètre soixante-dix tout rond, d'un physique assez svelte, il possède tout de même une musculature dans la moyenne pour un jeune homme de son âge. Ses habitudes alimentaires ainsi que son penchant pour le sport "de fond" comme moyen de déstresser - sans compter l'énergie qu'il lui arrive de perdre en masse durant un rituel magique - ont pour effet une absence de graisse visible sur son corps. Non pas qu'il soit obsédé par son apparence physique, mais il ne s'en plaint pas - au contraire. Jusque-là, toutefois, rien de bien différent par rapport à beaucoup de jeunes hommes de ce monde, n'est-ce pas? Ne vous inquiétez pas, j'y arrive. Azazel, bien que ses courbes n'aient à priori rien de féminines, est parfois mépris pour un membre du sexe opposé – ce qui, au demeurant, fait partie des rares choses qui l'insupportent vraiment – à cause des caractéristiques suivantes: son visage aux traits fins, son nez à la courbe gracile et ses lèvres fines, ainsi que sa Pomme d'Adam peu marquée, en font un androgyne plutôt "réussi", si tant est que l'androgynie soit un art. Là où ça commence à vraiment partir dans les hautes sphères de l'originalité, c'est quand on croise son regard, surmonté par de minces sourcils. Un regard souvent doux en apparence; mais pourrait-il en être autrement avec cette intriguante couleur mauve pâle qu'arborent ses iris? Ce même mauve que l'on retrouve à quelques nuances plus claires près dans sa chevelure - à l'exception d'une mèche d'un noir d'ébène qui tombe sur son front et qui est, encore un fait singulier de plus, totalement naturelle -, qui s'étend en une longue queue de cheval dans son dos, lui arrivant jusqu'au dessus des fesses, et divisant au passage en deux le point le plus remarquable de son physique... Un tatouage qu'il porte depuis aussi loin qu'il s'en souvienne dans son dos, une sorte de pentacle étrange, qu'il dissimule généralement grâce à la magie depuis qu'il sait comment le faire. Et comme si sa différence naturelle ne suffisait pas, Azazel en joue. Enfin, il en joue, oui et non. Il a agrémenté son apparence de nombreux piercings et d'un style du genre Gothic Aristrocrat – qui ressort très bien sur sa peau de porcelaine – la plupart du temps, tout simplement parce que ça lui plaisait, mais, au fond de lui, ça le fait toujours un peu rire de voir la tête de certaines personnes sur son passage.

Caractère & situation de départ :

VOIR HISTOIRE.


HISTOIRE

L'histoire d'Azazel, c'est l'histoire d'un exilé, d'un réfugié. C'est l'histoire d'un enfant venu d'un autre monde; un monde dont on l'a expulsé. Voici comment elle commence...
Terra, comme chacun le sait, est un monde regorgeant des êtres les plus fascinants, les plus variés, et les plus extravagants, possédant toute une panoplie de pouvoirs étranges et inconcevables pour leurs voisins planaires - je parle des Terriens, bien sûr. Vampires, lycanthropes, démons, espers, et même, dit-on parfois sous les tables, des dieux! Pas un seul Dieu, comme l'Ordre voudrait le faire croire, mais une multitude, une vraie légion de divinités! Sans parler des androïdes et autres mutants de Tehkos, la forteresse où se concentre toute la technologie de ce monde. Alors bien sûr, entre toutes ces joyeusetés, vous vous doutez bien qu'on peut trouver une "race", pour ainsi dire, que je n'ai pas nommée? Allez, je vous donne un indice: chapeau pointu, chat noir, balais volant... Oui, vous l'avez compris, je parle des sorcières - et des sorciers, bien entendu! Nous, nous allons nous intéresser à une sorcière en particulier: Belioclya Lulefeth.

Belioclya était une belle jeune femme de la ville-état de Nexus. Lorsqu'elle se déplaçait dans la rue, comme par exemple durant l'une des nombreuses promenades digestives qu'elle avait coutume d'entreprendre avec sa mère, à l'abri d'une ombrelle les jours de grand soleil, les hommes ne manquaient pas de se retourner sur son passage, hypnotisés par son regard d'un noir aussi profond que celui de sa chevelure soyeuse. Mais outre sa beauté, elle attirait également les convoitises de par son statut d'héritière de la famille Lulefeth, dont le nom était fameux auprès des entreprises de transport de marchandises comme celui du transporteur le plus fiable connu à ce jour à travers tout Terra. En effet, depuis la reprise de l'entreprise familiale par l'arrière-grand-père de Belioclya il y avait déjà de nombreuses années de cela - on vivait souvent vieux dans la famille depuis quelques générations -, pas un seul convoi, pas une seule galère n'avait subi ni embuscade de voleurs ni mauvais coup de Dame Nature. Il leur arrivait même de déterrer des trésors sur leur chemin, trésors qui venaient s'ajouter à la fortune de la famille. Et si certains trouvaient cette chance suspecte, il se gardait bien de le dire, trop intimidés par l'influence sur les autorités conférée à cette famille par l'argent. Cependant, ces gens-ci avaient bien raison d'être suspicieux: si toute la bonne fortune semblait être attirée vers la famille Lulefeth depuis quelques décennies, c'était car l'arrière-grand-père de la douce et charmante Belioclya avait pris en épousailles une des créatures honnies par l'Ordre Immaculé: une sorcière! Et pas n'importe quelle sorcière: Drotorionne Hidel.
Drotorionne était issue d'une "lignée" de sorcières. Qu'est-ce qui pouvait bien la différencier d'une autre sorcière? Tout simplement le fait que la magie coulait dans son sang et dans celui de tous ses ancêtres depuis la nuit des temps. Ainsi, chaque enfant issu d'une union avec un sorcier ou une sorcière de sa lignée résultait en la naissance d'un nouvel être magique, même si leur pouvoir avait tendance à diminuer de part leurs nombreux mélanges avec des humains ordinaires. Nonobstant, même diminués, les Hidel et les Lulefeth  - et leur descendances - restaient des experts dans la distorsion mystique des champs de probabilité, ce qui leur accordait une grande chance - ou pouvait accorder une grande malchance à ceux qui les dérangeaient d'une manière ou d'une autre. Ils n'en restaient cependant pas moins des créatures bénévolentes, contrairement aux idées reçues, et s'efforçaient de ne pas abuser de leur pouvoir dans ce sens, se contentant de l'appliquer sur eux-mêmes, et ayant pour règle absolue de ne causer ni blessure ni mort par simple appât du gain.
Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes, et Belioclya eut tôt fait d'atteindre l'âge où il devenait indispensable pour le bon fonctionnement de la famille qu'elle se trouve un mari. Par bonheur - enfin, on se comprend -, il se trouva qu'elle était déjà amoureuse du jeune homme dont une famille noble proposa qu'on les marie. Ainsi fut donc fait, et Belioclya Lulefeth devint Dame Belioclya de Desildar. Les deux familles continuèrent à fructifier, et le couple fila une idylle en apparence parfaite, mais une inquiétude mineure apparut aux environs de leur deuxième anniversaire de mariage se mua peu à peu en un problème qui allait les déchirer et par la même révéler le vrai visage de l'époux de Belioclya...

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« Stérile ? »

Le mot résonna dans la grande chambre qui avait été occupée durant de nombreuses années par Belioclya. Cette dernière venait de se redresser en position assise sur son grand lit à baldaquin, son visage figé en une expression de surprise horrifiée. Cela faisait un moment que son époux, Claudinis de Desildar, exprimait le désir d'avoir un enfant, et l'infructuosité de leurs nombreuses tentatives – et ceci malgré le capital chance des Lulefeth, dont l'efficacité n'était plus à démontrer –, avait fini par l'inquiéter, la poussant à aller consulter un médecin, qui lui avait annoncé la triste nouvelle de son incapacité à avoir des enfants. Refusant de le croire, elle s'était précipitée vers son ancienne demeure et avait requis l'aide de sa mère et de sa grand-mère. La première était connue dans la famille comme une prophétesse quasi-infaillible, et la seconde était une guérisseuse de génie. À elle deux, trouver une solution à son problème aurait dû être facile. Et pourtant...

« Non, non, Grand-mère, c'est impossible... » se mit à bégayer la jeune sorcière. « Nous n'avons jamais eu de femmes infertiles dans la famille depuis que nous savons acquis notre maîtrise de la bonne fortune. »

« Certes, mon enfant, certes... Mais cet enchantement ne garantit pas tout. Si ton problème avait été d'ordre hormonal, il aurait sans doute été réprimé par la magie durant ta croissance, mais, après t'avoir examinée, je suis certaine qu'il s'agit d'une malformation, et le genre de sorts qui pourrait corriger ceci... »

La vieille femme aux cheveux gris argenté laissa sa phrase en suspens, et les regards qu'elle, sa fille et sa petite-fille s'échangèrent signifiaient qu'elles savaient où elle voulait en venir et que ce n'était pas une option acceptable. Cependant, Belioclya n'arrivait toujours pas à se résigner, d'autant plus que...

« Maman, je ne comprends pas. Tu m'avais pourtant prédit que j'enfanterais un sorcier doté de pouvoirs hors du commun et d'une puissance qui n'avait plus été vue dans la famille depuis plusieurs décennies... » dit-elle à mi-voix.

La concernée arborait une expression perplexe, les sourcils froncés. Son don de double-vue ne l'avait encore jamais trompé, et même maintenant, lorsqu'elle se concentrait sur l'avenir de sa fille, elle voyait aux creux de ses bras un nouveau-né dont l'aura brillait tellement qu'il lui était impossible de discerner plus qu'une silhouette lumineuse.

« C'est toujours ce que je vois. Je ne comprends pas... »

La femme la plus âgée se saisit de leurs mains et les pressa avec affection, tentant de leur apporter un peu de réconfort ; surtout à sa petite-fille, qu'elle sentait aux bords des larmes.

« Mes chères enfants, parfois, le Destin joue de bien curieux tours aux êtres dotés de pouvoirs comme les nôtres. Cette vision, si elle est persiste, et surtout si nous persistons à y croire, peut encore se réaliser. »

Et, sur ses paroles sibyllines, les trois sorcières se séparèrent. Belioclya, le cœur lourd, s'en alla rapporter cette mauvaise nouvelle à son mari.

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« Que dis-tu ? Stérile ?! »

Claudinis s'approcha d'elle et la saisit brusquement par le bras. Voilà quelques heures que Belioclya était retournée à la demeure des de Desildar, mais son époux étant absent, elle avait dû prendre son mal en patience et en avait profité pour essayer de trouver le meilleur moyen de lui annoncer cette nouvelle qu'il allait forcément mal prendre. Elle avait fini par se ronger tous les ongles et, au final, tout ce qu'elle trouva à faire fut de lui dire le plus rapidement possible et sans préambule aussitôt qu'il serait à portée de voix. Elle ne s'était cependant pas attendu à ce qu'il réagisse aussi violemment. Son expression était toute bonnement terrifiante ; son regard fou la glaçait sur place, l'empêchant de se débattre.

« Ch-chéri, tu me fais mal... » parvint-elle à articuler sur un ton suppliant en désignant lentement du regard les mains du jeune noble.

Ce dernier sembla revenir à la raison à cette déclaration, sa prise se desserrant légèrement, mais, pour la première fois, Belioclya remarqua que cette expression douce qu'il arborait et qui l'avait charmée lorsqu'elle l'avait rencontré pour la première fois n'était q'une illusion dont il pouvait user sur commande : dans ses yeux, elle ne décela rien d'autre qu'une froideur calculatrice.

« Il y a sans doute quelque chose que nous pouvons faire contre cela, n'est-ce pas ? En as-tu parlé à ta mère ou à ta grand-mère ? » lui demanda-t-il.

Belioclya se dégagea de lui et le regarda avec un air perplexe, les sourcils froncés.

« Ma mère ou ma grand-mère ? Oui bien sûr, j'étais dévastée, alors je me suis tournée vers elle, mais pourquoi cette question ? »

Claudinis lui adressa un sourire dont l'hypocrisie – mais aussi quelque chose d'autre qui lui fit courir un frisson désagréable le long de la colonne vertébrale – ne lui échappa pas. Que se passait-il donc ? L'amour avait-il pu l'aveugler à ce point qu'elle ne découvre cette facette de lui que maintenant ?

« Allons, ma bien-aimée, cessons de nous mentir. Je sais très bien ce que sont ta mère et ta grand-mère – ce que toi tu es. »

Belioclya écarquilla les yeux et recula inconsciemment d'un pas, confirmant sans le vouloir le sous-entendu de son mari. Mais comment pouvait-il être au courant ? Sa famille était une fervente supportrice de l'Ordre Immaculé. S'ils étaient conscients de sa véritable nature, comment se fait-il qu'ils aient accepté – que Claudinis ait accepté de s'acoquiner avec « l'engeance du Démon » ? Tout cela n'avait pas de sens...

« De- de quoi parles-tu, Claudinis ? » lui demanda la jeune sorcière en regagnant son sang-froid et en affichant une expression perplexe très crédible.

« Pour l'amour de Dieu, Clya chérie, je sais que tu es une sorcière ! » s'exclama-t-il en levant les bras au plafond en signe d'exaspération, son expression faciale se crispant à nouveau en un masque horrible l'espace d'un instant. « Alors, il n'y pas un sort, une potion ou je ne sais quoi qui pourrait te rendre fertile ? » la pressa-t-il.

« N-non... » À quoi bon continuer de mentir, puisqu'elle avait été percée à jour et qu'il semblait ne pas se soucier du fait qu'elle soit une créature surnaturelle ? « Aucun sortilège ni aucune potion qui serait à notre portée ne pourrait m'aider, et certaines choses que nous pourrions faire nécessite de commettre des actes si vils qu'il est hors de question de les envisager. Je suis désolé, Claudinis. Je ne pourrai pas te donner d'héritier. »

Elle baissa la tête, honteuse, mais pensant qu'il allait se calmer. Même si elle avait l'impression de ne pas le connaître en cet instant, elle ne pouvait pas avoir imaginé cet amour qu'elle avait ressenti, n'est-ce pas ?

Et pourtant...

Une douleur sourde explosa sur sa tempe, et elle s'écrasa contre le mur duquel elle était proche. Claudinis venait de la frapper du poing. Elle était si choquée – et sonnée – qu'elle restait totalement immobile, le regard fixé sur le masque bestial qu'était le visage de son conjoint, tordu par un rictus mauvais.

« Dans ce cas, tu ne me sers à rien ! Pourquoi crois-tu que je t'ai épousée, alors que tu es une immonde créature du Diable ? Tous les dignitaires de cette ville et encore bien d'autres savent que votre richesse et votre chance est l'oeuvre de forces surnaturelles qui défient la loi de Dieu. Si nous n'avions pas peur d'être maudits pour toujours parce que nous vous avons laissé vous multiplier sans bouger, nous vous aurions déjà livrés à l'Ordre pour que vous périssiez sur le bûcher divin. Mon père voulait que je m'accouple avec toi pour que notre descendance apporte la prospérité à ma famille – il préférait encore que nous ayons une âme souillée plutôt que de perdre notre noblesse parce que les finances de la famille se portent mal. »

Durant tout ce discours, Belioclya s'était contenté de garder les yeux grand ouverts dans une expression de pure épouvante, formant silencieusement une litanie de « non » qui ne franchissaient pas ses lèvres fines et rosées. Et ce n'était pas fini...

« Dorénavant, tu n'es plus ma femme. Je te retire le nom des de Desildar. Tu redeviens en cet instant la sorcière Belioclya Lulefeth, et tu ne retireras aucune compensation de l'annulation de cette union souillée si ce n'est mon silence sur ta nature infernale. Quitte cette maison au plus vite, avant que je ne change d'avis et te livre au courroux divin. »

Sur ces mots, l'ignoble jeune homme quitta la chambre conjugale, y abandonnant une Belioclya en larmes et secouée de sanglots si forts qu'elle mit presque une heure à parvenir à se lever. Cependant, lorsqu'elle se leva finalement, son visage arborait une expression perdue. Elle semblait comme... déphasée. Lentement, elle se dirigea vers la grande armoire qui lui était entièrement dédiée dans la chambre et, de quelques paroles magiques, descella un compartiment secret qui contenait toutes sortes d'objets étranges et d'herbes aux senteurs plus ou moins exotiques. Elle se mit à parler toute seule en fouillant à l'intérieur.

« Il suffit que je règle ce problème de stérilité, et tout rentrera dans l'ordre. Il ne pensait pas ce qu'il disait, il était juste en colère et un peu bouleversé... »

Clairement dans le déni – car oui, elle était véritablement et profondément amoureuse de cet homme, aussi affreux soit-il –, la jeune sorcière se dirigea vers le centre de la pièce et, déposant les divers objets qu'elle avait rassemblés sur le sol, se mit à tracer un pentacle à l'aide d'une poudre blanche. Elle l'agrémenta ensuite d'une quantité inimaginable de symboles, certains semblant former des phrases, et d'autres semblant avoir un sens propre à eux seuls. Elle disposa ensuite des bougies noires autour de son œuvre à chaque extrémité de l'étoile centrale et les volets et les rideaux de la pièce, semblant s'animer d'une vie propre, se refermèrent autant que possible, plongeant la pièce dans l'obscurité. Les bougies s'allumèrent de la même manière, et Belioclya, comme dans un autre monde, se mit à réciter des formules, d'abord dans la langue des hommes, puis dans d'autres. Lentement, les symboles semblèrent prendre vie à leur tour et se mirent à se déplacer dans le pentacle. Mais soudain, alors que le rituel allait atteindre son paroxysme...

« Tu oses pratiquer la sorcellerie dans ma maison, créature de l'Enfer?! » tonna Claudinis.

Belioclya, semblant se réveiller d'un rêve, sursauta et, en voulant se protéger du coup qu'allait lui asséner son ancien époux, renversa une des bougies. La cire déforma certains symboles qui ne s'étaient pas encore activés, et d'autres prirent feu lorsque la bougie chuta dessus. Cependant, le point de non-retour avec déjà été atteint, et la magie agissait d'elle-même à présent. Ces modifications impromptues n'allaient faire qu'affecter le résultat souhaité...
Une intense lumière envahie la pièce entière, forçant la sorcière et l'humain qui la menaçait à fermer les yeux. Puis les vitres explosèrent (note de l'auteur : les Romains sur Terre connaissaient déjà la vitre, alors même en période moyen-âgeuse, ça ne me semble pas trop anachronique), et un vent violent qui sembla naître à l'intérieur de la pièce ouvrit les rideaux et les volets. Du cercle d'invocation, il ne resta plus qu'une marque noircie sur le sol, et l'humain et la sorcière revêtirent tous les deux une expression stupéfaite l'espace d'un court instant en découvrant l'entité qui en avait surgi.
Les dominant de sa haute stature d'au moins deux mètres au bas mot, l'être qui se tenait devant eux ne leur paraissait qu'une seule et unique chose : magnifique. Incontestablement de sexe masculin, l'entité possédait une peau quasiment blanche qui semblait briller de pureté. Son buste et ses épaules, ainsi que ses jambes du genou jusqu'au mollet, étaient recouverts de pièces d'armure faites d'or. Il ne portait pour tout autre vêtement qu'un pagne d'un blanc immaculé, laissant exposés à la vue de tous ses biceps, triceps, abdominaux et ses ischio-jambiers saillants. Son visage avait des traits durs, une ligne de mâchoire virile, qui contrastait étrangement bien avec les longs cils et sourcils fins qui surmontaient ses yeux... violets. Le tout était encadré par deux longs cheveux qui se répandaient sur ses épaules et où se mêlaient le violet et le blanc. Toutefois, ce qui marquait vraiment la nature incontestablement surnaturelle de cette entité, c'était bel et bien les trois paires d'ailes blanches – allant d'environ un mètre et demi de long pour les plus petites à deux et demi pour les plus grandes – déployées dans son dos. Son regard passa sommairement de Belioclya à Claudinis, puis il baissa la tête pour observer ses pieds nus et soupira.

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Lelahel était un Séraphin. Mais vous me direz, qu'est-ce qu'un Séraphin ? Un Séraphin est un Ange du Seigneur, mais pas n'importe quel ange de bas-étage – pour peu qu'un ange soit assez mesquin pour en qualifier un autre de la sorte à cause d'une histoire de hiérarchie angélique. Non, les Séraphins sont les Puissants, ils président dans la cour personnelle de Dieu. Mais alors, que faisait donc l'un d'eux dans cette pièce, et comment une simple sorcière avait-elle réussi – même par erreur – à l'invoquer ? Et bien tout simplement car les Séraphins – ou Serafim, au choix – étaient également là pour s'occuper des créatures de leur Chef Suprême, pour les guider sur la Voie de la Lumière, et Lelahel, à son grand déplaisir, présidait à... l'Amour.
Alors qu'il s'attelait péniblement à ses tâches célestes, envoyant visions et autres miracles aux prieurs méritants et aux protégés dont il avait la charge – que ce soit un fait connu de ceux-ci ou non –, l'ange hexaailé avait ressenti une sensation peu commune pour lui : la pression d'une invocation. Pour vous donner une idée, c'était comme si quelqu'un vous attrapait les pieds à partir de l'étage du dessous et essayait de vous forcer à travers le plancher – du moins, c'était ce que ça lui faisait à lui – jusqu'à ce que vous fassiez savoir que vous êtes d'accord. À partir de là, vous faisiez comme une espèce de chute, et pouf, vous voilà à l'endroit où on vous demandait. Lelahel, en bon Séraphin blasé et un peu – mais vraiment légèrement – imbu de lui-même, était sur le point d'écarter cette demande comme on chasse un insecte gênant de son épaule, lorsqu'il ressentit, le long du lien qui unit durant un cours instant l'invocateur à l'invoqué, une détresse amoureuse qu'il n'avait encore jamais ressentie. Enfin, il fallait aussi dire que rares étaient aussi les inconscients qui tentaient de soumettre un Séraphin. Intrigué, et ne pouvant dénier le lien spécial qu'il avait au sentiment d'amour sous toutes ses formes, l'être céleste se laissa entraîner, et ce fut ainsi qu'il apparut les pieds en premier dans la suie. Magnifique...
Après avoir enregistré le nombre d'êtres vivants présents dans la pièce – sans aller dans les détails, les mortels pouvaient bien attendre, déjà qu'il avait fait le déplacement... –, le Serafim baissa la tête vers ses pieds, soupira en se disant que c'était vraiment peu digne d'un ange – peu importe son rang – de se salir ainsi hors d'un champ de bataille, et claqua des doigts en une légère démonstration d'impatience. Le pentacle réapparut, tracé cette fois par des lignes de lumière violette et tel qu'il était avant son altération, durant un bref instant, puis s'évanouit à nouveau, mais ce temps lui suffit pour assimiler son but primaire. L'ange releva les yeux vers les deux mortels, toujours figés dans la position qu'ils avaient adoptée au moment où le rituel avait abouti. L'homme, indubitablement un simple humain, était clairement sur le point de frapper la jeune femme qui se trouvait au sol. Il pouvait sentir sa haine se répandre sur sa langue, lui laissant un goût amer dans la bouche. D'un geste irrité, il pointa un doigt replié vers la paume vers lui, puis le redressa d'un geste vif. L'humain fit un vol plané à travers la pièce et s'écrasa contre le mur avec un bruit écoeurant d'os qui se brisent.

« Ouch, on dirait que j'ai eu les côtes. Bah, ça lui apprendra à vouloir frapper une demoiselle en détresse, » déclara Lelahel, plus pour lui-même que pour les autres occupants de la chambre. « Alors comme ça, jeune sorcière, tu m'as invoqué par erreur ? Je vois ici que ton but premier était ce laideron de Bephomet. Il ne préside pas à l'Amour pourtant, » fit-il d'un air perplexe en s'accroupissant, ses ailes se repliant à moitié dans son dos, au niveau de la jeune femme, qui semblait ne rien comprendre à ce qui se passait. « Quel est ton nom, sorcière ? Je trouve que s'adresser à une jeune femme en la nommant ainsi, ça fait grossier. »

« Belioclya de De-, Lulefeth, » murmura-t-elle, visiblement encore trop impressionnée pour oser parler normalement.

« Belioclya de Delulefeth ? »

« Non, juste Lulefeth. Belioclya Lulefeth, Seigneur Séraphin, » répondit-elle, semblant regagner peu à peu ses moyens.

Lelahel laissa échapper un rire franc, et ses traits semblaient encore plus magnifiques ainsi. Belioclya ne put s'empêcher de rougir.

« Seigneur Séraphin ? Je n'aurais jamais cru entendre ça de la bouche d'une sorcière, même si vous n'êtes pas toutes l'engeance du Diable comme ceux qui se disent nos serviteurs en ce monde semblent le croire. Et je suis surpris que tu connaisses mon rang. Il y a très longtemps, un shaman m'a pris pour un Archange. J'ai été très vexé ; toutes les visions qu'il a eues pendant la décennie suivante n'ont concerné que la saison des amours des créatures à l'aspect le plus répugnant possible, » conta l'être céleste en pouffant de rire. « Mais tu peux m'appeler Lelahel, tout simplement. Cependant, tu n'as pas répondu à ma question... »

Alors que la sorcière aux cheveux d'ébène ouvrait la bouche pour lui parler, un gémissement se fit entendre. Les deux êtres surnaturels tournèrent la tête vers Claudinis. Belioclya se leva d'un bond. L'apparition d'un Séraphin au lieu du démon qu'elle avait voulu convoquer lui avait complètement fait oublier son époux. Elle l'aimait toujours malgré tout, et voulut se précipiter à ses côtés pour le soigner, mais Lelahel la retint. Elle tourna vers lui un visage coléreux, oubliant momentanément qu'il aurait pu la réduire au silence en un claquement de doigt.

« Que faîtes-vous ?! C'est mon mari, et il est blessé. »

Le Serafim fronça les sourcils, l'incompréhension visible dans ses iris violets.

« Ton mari ? Il allait te frapper, et son cœur n'éprouve rien d'autre que de la haine envers toi. Le Seigneur m'a accordé le don de guider les créatures terrestres vers la Lumière et la Purification des péchés à travers l'Amour. Si je suis apparu ici, c'est parce que j'ai ressenti ta détresse. Je ne sais pas ce que cet homme t'a fait, mais il ne  te retourne clairement pas ces sentiments qui t'aveuglent. »

« Vous racontez n'importe quoi ! Lâchez-moi ! » lui ordonna-t-elle en essayant de dégager son poignet, mais il ne fit que l'attirer contre lui et la força à regarder vers Claudinis.

« Je vais te montrer sa vraie nature ; les tréfonds de son cœur, » lui murmura-t-il à l'oreille.

La sorcière eut le tournis l'espace d'une seconde et ferma les yeux, et lorsqu'elle les rouvrit, une lumière aveuglante rayonnait dans son dos, et devant elle... Là où se trouvait Claudinis il y avait encore un instant rampait un présent un monstre hideux, à l'air fou, bavant et grognant, ses petits yeux porcins luisants de haine, son corps recouvert de cicatrices affreuses.

« Il n'y a en lui de place que pour le péché et la corruption. Il ne connaît ni l'amour, ni la compassion. Il irait même jusqu'à tuer ses propres parents s'il pouvait obtenir ce qu'il désire ainsi. »

Belioclya sentit les larmes couler sur ses joues. Elle ferma les yeux, et, lorsqu'elle les rouvrit, tout avait changé autour d'elle. Lelahel se tenait devant elle, et elle reconnut immédiatement l'air de la campagne. Elle avait beau être une citadine de naissance, les sorcières comme elles avaient un fort lien à la nature, et il n'était pas rare qu'elle parte avec sa mère ou sa grand-mère pour faire ce qu'elles appelaient des « pèlerinages », durant lesquelles elles se reconnectaient avec les forces de la nature. Et d'ailleurs, la petite maison de bois qui se trouvait non loin d'eux, à la lisière de la forêt...

« J'ai pensé que ça serait mieux de t'emmener dans un endroit familier, où tu te sentirais bien pour te... remettre, » déclara l'ange, semblant chercher les bons mots pour s'exprimer. « J'ai dû jeter un coup d'oeil en toi pour trouver ça, désolé. Je jure devant le Seigneur que je n'ai pas été indiscret. »

Mais la sorcière, trop choquée pour s'offusquer de quoi que ce soit, fondit tout simplement en larmes. Lelahel la recueillit dans ses bras, l'air un peu gêné. C'était la première fois qu'il intervenait « en personne » de la sorte. D'habitude, il s'incarnait dans un corps humain lorsqu'il devait régler des affaires terrestres, surtout car, en tant que Séraphin, il était bien plus tenu d'observer les règles que les anges de rang inférieur. Mais bon, soyons honnêtes, qui respectait tout le temps les règles aussi bien en Enfer qu'au Paradis ? Et puis, quelque chose chez cette sorcière l'intriguait, et il se devait d'accomplir son devoir de toute manière... Ce fut en se disant cela qu'il la mena à l'intérieur, l'installa sur un canapé près de la cheminée, et la fit s'endormir pour qu'elle se remette de ses émotions.

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Lorsque Belioclya ouvrit les yeux, son regard rencontra instantanément celui du Séraphin, installé dans un fauteuil qu'il avait tiré jusqu'en face du canapé, le positionnant dans un tel angle qu'il ne bloquait pas la chaleur de la cheminée mais leur permettait quand même d'être face à face. Ses ailes avaient disparu, mais quelque chose lui disait que ça devait juste être une forme de métamorphose.

« Alors, je n'ai pas rêvé... » murmura-t-elle en se relevant lentement en position assise.

« Non, » répondit simplement l'être céleste. « Alors, à présent, si tu veux bien me répondre, pourquoi voulais-tu invoquer Baphomet ? » lui demanda-t-il sans détour.

La sorcière baissa les yeux un instant, puis inspira un grand coup. Quelque chose, elle ne savait trop quoi, lui disait de faire confiance au Séraphin. Et puis, après tout, elle l'avait invoqué. Le moins qu'elle puisse faire était de répondre à ses questions.

« Je souhaitais... avoir un enfant. Je suis stérile à cause d'une malformation et... à cause de ça... mon mari... »

Les mots sortaient avec difficulté. Elle ferma les yeux, se remémorant la vision d'horreur de la bête tapie au fond du cœur de l'homme qu'elle avait aimé – qu'elle aimait encore, même si elle essayait de supprimer ces sentiments. Elle se sentait souillée, souillée d'avoir été ainsi abusée, souillée de s'être donnée à un tel monstre, d'avoir été si idiote... Alors qu'elle sentait les larmes venir à nouveau, elle sentit une pression réconfortante sur sa main. Lelahel s'était installé à côté d'elle et lui sourit.

« Si tu dois pleurer, pleure, mais n'ai pas peur de parler. Je suis là pour t'écouter, et sortir ces mots de toi est le premier pas vers la paix intérieure. Quand l'harmonie règne en nous, la guérison opère, » déclara-t-il sur un ton confiant.

Étonnamment, ses mots la réconfortèrent un peu, et elle sentit une agréable chaleur se répandre en elle à partir de l'endroit où il la touchait. Sans doute un truc angélique... Finalement, ce ne fut qu'une larme solitaire qui coursa le long de sa joue.

« Je voulais que Baphomet me rende normale... »

Lorsqu'elle tourna son visage vers Lelahel, ce dernier semblait hypnotisé par la larme qui coulait lentement jusqu'à son menton. Il la cueillit du bout des doigts, l'examina, puis reporta son attention sur Belioclya, le visage neutre.

« Il y aurait forcément eu un prix. Les démons demandent des sacrifices, du sang versé. Je n'ai rien vu dans cette pièce à part toi, moi, et cet humain immonde. Je sens que ton amour pour lui n'est pas encore mort, même maintenant, donc ce n'était pas lui que tu allais sacrifié à l'évidence... »

« Je... Je comptais... »

Lelahel écarquilla les yeux et lui prit son visage entre ses mains, plongeant son regard violet dans le puits noir qu'était celui de la sorcière. Il avait l'air touché par son histoire, et il semblait déjà savoir de quoi il en retournait. Elle ne savait pas si elle devait s'en sentir honorée ou honteuse...

« Tu comptais lui vendre ton âme ? Tu lui aurais laissé faire ce qu'il veut de toi après ta mort ou n'importe quoi d'autre pour avoir un enfant et garder l'amour de cet homme ? »

Il la lâcha et se leva brusquement, se détournant d'elle en faisait courir sa main dans ses longs cheveux violets.

« On dirait que les sorcières ne sont pas plus futées que les humaines lorsqu'il s'agit d'amour parfois, n'est-ce pas ? »

Belioclya était sur le point de s'offusquer, ayant naturellement du mal à accepter une telle remarque après ce qui venait de lui arriver, mais lorsqu'il se retourna et qu'elle vit son sourire crispé, elle comprit que, malgré que l'Amour soit officun noir delle les rouvrit, tout avait changé autour diellement son domaine de prédilection, le Séraphin n'était pas doué pour réconforter les gens de manière sérieuse. Elle parvint à se fendre d'un petit sourire.

« Il faut croire, oui... Merci de m'avoir empêché de faire la plus grande erreur de ma vie. »

Le sourire de l'ange s'élargit.

« Service ! »

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Les jours passèrent et se muèrent en semaines. Belioclya, grâce à un morceau de parchemin ensorcelé, avait informé la famille Lulefeth de sa situation, et avait convenu avec eux qu'elle resterait à l'écart de la ville le temps qu'il lui faudrait pour surmonter tout cela. Elle apprit également par ce biais que les de Desildar ne s'étaient pas fait entendre malgré l'état dans lequel Claudinis avait fini. Cela ne l'étonna pas ; son ancien époux appartenant à une famille qui supportait l'Ordre – par intérêt, non par foi –, il avait très bien reconnu la créature qui était apparue dans sa demeure, et s'ils craignaient la malédiction des sorcières, et ils devaient encore plus redouter le courroux d'un ange qui semblait les protéger. Ce dernier s'occupa d'elle avait une attention toute particulière qui, à dire vrai, l'étonnait autant lui-même que Belioclya. Cependant, c'était bien la première fois qu'il prenait autant plaisir à faire son travail, et, il fallait l'avouer, la jeune femme avait quelque chose qui lui plaisait. Une fois qu'elle recommença à faire autre chose de ses journées que porter le deuil de son amour perdu, elle se révéla aussi pleine d'esprit qu'elle l'était de charme, et lui enseigna un tas de choses sur la sorcellerie, tandis que lui lui parlait de la magie enochienne – la Magie des Anges. Il lui apprit également un tas de choses sur la multitude d'anges existants, ainsi que leurs rangs et leurs fonctions. Il l'observa avec béatitude revitaliser un arbre mourant, et elle découvrit avec délice les joies du vol en altitude, confortablement nichée contre son torse.
Un jour, alors qu'ils étaient à nouveau en train de discuter au coin du feu, la sorcière lui demanda :

« Dis-moi, Lelahel... » Oui, ils étaient passés au tutoiement mutuel car le Serafim commençait à trouver cet excès de politesse ridicule. « Non pas que ça me dérange, mais pourquoi es-tu encore là ? Je veux dire, j'ai souvent cette sensation étrange ces derniers temps, comme si quelqu'un essayait de te ramener là d'où tu viens... » lui confessa-t-elle.

Le Séraphin lui lança un regard étonné. Départi de son armure et vêtu d'habits normaux, ses ailes inexistantes, il avait l'air d'un humain tout à fait ordinaire, si ce n'étaient ses cheveux et ses yeux à la couleur étrange. Il pencha la tête sur la côté un instant, puis sembla réaliser quelque chose.

« Oh, c'est vrai. J'ai tendance à oublier que tu m'as invoqué. J'aurais dû briser ce lien depuis un moment, ça continue à te pomper de la magie pour rien. »

Il ferma les yeux un instant, et Belioclya eut l'impression qu'un poids dont elle n'avait jusque-là pas eu conscience la quitta.

« Voilà, c'est fait, » fit-il en rouvrant les yeux.

« Mais tu n'as pas répondu à ma question. »

« Ah, ça... »

L'être céleste détourna le regard, semblant un peu gêné.

« Pour te dire la vérité, j'aime bien être ici avec toi. Ils peuvent bien essayer de me ramener, je ne les laisserai pas faire. Ça fait des siècles que je tiens un rôle qui me pèse là-haut, et tu es la chose la plus intéressante qui me soit arrivée... Euh, je ne veux pas dire que je te considère comme une distraction ou quoi que ce soit, hein, c'est, euh... » se mit à bafouiller, ce qui, venait d'un être tel que lui, était assez comique.

« Ne t'inquiète pas, j'ai compris, » pouffa-t-elle en lui prenant une main, ce qui eut pour effet de le faire taire sur le champ. « Tu m'as bien dit que tu as un certain nombre de séjours parmi les mortels à ton actif, et aussi qu'il existe un nombre insoupçonné d'anges... » commença-t-elle.

« Oui ? » l'encouragea-t-il à poursuivre en se tournant à nouveau vers elle, leurs mains toujours entrelacées.

« Durant tout ce temps, n'es-tu jamais... tombé amoureux ? » finit-elle par dire.

À cette question, l'ange se figea et, pour la première fois depuis le jour où il l'avait sauvée, revêtit à nouveau une expression sérieuse et intense. Elle crut voir un éclat de nostalgie luire dans son regard l'espace d'un instant, mais il se détourna et lui lâcha la main. Il lui sembla qu'il tenta de sourire, mais le cœur n'y était visiblement pas.

« J'ai beau être doué des mêmes émotions que les créatures terrestres – l'Amour y compris, les Séraphins n'ont pas le droit de tomber amoureux. Nous faisons vœu de chasteté et de célibat devant l'Éternel, et nous n'avons ainsi pas le droit de nous mêler aux créatures mortelles et immortelles, en dehors des autres Séraphins. Cependant, nous sommes actuellement tous des mâles, et nous ne croisons de toute manière si peu que tomber amoureux est virtuellement impossible. »

« C'est cruel... Tu présides à l'Amour, tu es confronté en permanence aux sentiments de milliers d'êtres, et tu te dois les aider sans jamais avoir droit à ce bonheur toi-même. Comment fais-tu pour supporter ça ? » l'interrogea la sorcière aux cheveux d'ébène un déposant une main sur son épaule. Il tourna vers elle un visage surpris, puis éclata d'un rire triste.

« Décidément, tu me surprends de jour en jour. Encore jamais personne à ma connaissance ne s'était soucié du bonheur d'un ange – encore moins de sa vie sentimentale. Tout le monde pense que les serviteurs du Seigneur vivent dans le bonheur permanent ou sont dénués de ce genre d'émotions primaires, » répondit-il en se détournant à nouveau. « Mais on s'y habitue. C'est comme être confronté au meurtre : au début, on est horrifié, chaque défunt qu'on l'on voit est comme une partie de soi-même qui meurt, et puis ensuite, on apprend à les considérer comme de simples corps sans vie, à se détacher – même si, au fond, il y a toujours ce pincement... J'ai fermé cette partie de mon cœur. Je me suis résigné il y a déjà plusieurs centaines d'années au fait que je serai seul pour le reste de mon existence, » déclara Lelahel.

Il sentit alors une main se poser sur sa joue, et Belioclya lui fit doucement tourner son visage vers le sien. Leurs regards se plantèrent l'un dans l'autre, et son cœur manqua un battement. Elle était vraiment belle.

« Tu n'es pas seul, » fit-elle doucement, mais avec conviction, sans cesser de le fixer ne serait-ce qu'une seconde.

Le Séraphin resta là à la regarder, le visage complètement vide d'émotions. Au bout de presque une minute, la sorcière retira sa main, les yeux baissés, et soupira, s'apprêtant à se lever, lorsqu'une main lui saisit brusquement le bras. Elle se sentit tirée en avant d'un coup sec, et, l'instant suivant, ses yeux étaient fermés et ses lèvres étaient scellés par celle de Lelahel.

Le lendemain, lorsque Belioclya se réveilla, avant d'ouvrir les yeux, la première chose qu'elle ressentit fut la chaleur d'une autre peau et de muscles saillants tout contre elle, mais aussi une sensation douce et duveteuse partout sur son corps. Elle crut d'abord qu'il s'agissait de couvertures de rechange dont elle ignorait la présence dans la chambre de la petite maison de campagne, mais, lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était toujours plongée des pieds à la tête dans une semi-obscurité. Elle devinait le corps – au demeurant fort appétissant – de Lelahel contre le sien, et comprit rapidement qu'ils avaient dormi nus sans le moindre drap, et qu'il l'avait recouverte de ses ailes pour la garder au chaud. Elle se souvint de tout ce qui s'était passé entre eux, et elle ne parvint pas à s'en sentir coupable ne serait-ce qu'un centième de seconde. Les choses avaient semblé être tellement... à leur place, comme s'ils avaient été destinés l'un à l'autre depuis toujours. Cela aurait semblé stupide à n'importe qui d'autre, mais son instinct de sorcière lui soufflait qu'elle avait raison. Et l'expression qu'arborait Lelahel lorsqu'il ouvrit ses ailes en la sentant bouger semblait indiquer qu'il avait exactement le même sentiment. Sans rien dire, ils s'embrassèrent, puis restèrent à s'observer durant de longs instants.
Finalement, Belioclya décida qu'il était temps pour eux d'aller se laver – même si Lelahel semblait aussi frais et parfait qu'à leur premier rencontre –, mais lorsqu'ils pénétrèrent dans la salle d'eau, elle fut traversée d'une douleur intense qui l'aurait clouée au sol si le Serafim n'avait pas été juste à côté d'elle pour la rattraper.

« Clya, que se passe-t-il ? » lui demanda-t-il, affolé, se sentant instantanément coupable – il aurait dû savoir qu'un Séraphin ayant ce genre de rapports avec une mortelle, ce n'était pas une bonne idée, et pourtant...

« C'était mon ventre. L'espace d'un instant, j'ai eu l'impression de... de fondre à l'intérieur, quelque chose comme ça, » souffla la sorcière.

« Attends, laisse-moi voir, » lui intima-t-il en l'asseyant sur le rebord de bois de la baignoire.

Apposant une main sur son ventre, il ferma les yeux. Après quelques secondes, il les rouvrit brusquement, la surprise évidente sur son visage, avant que ne s'y peigne une expression de pure ravissement.

« Belioclya, tu... »

« Quoi ? » le pressa cette dernière avec impatience.

« Tu es enceinte. »

La jeune femme aux cheveux d'ébène le regarda avec les yeux ronds de l'incrédulité.

« Non, non c'est... impossible. Tu sais bien que je... que je... »

« Je le sens, Clya. Il y a une vie qui grandit en toi. Notre enfant... » souffla l'être céleste, l'air rêveur et béat.

« Mais enfin... Comment ? »

Belioclya avait vraiment du mal à y croire. Elle était bien entendu follement heureuse, mais, il y a encore quelques semaines, elle était sur le point d'invoquer un démon pour corriger une malformation de naissance qui l'empêchait d'avoir des enfants, et voilà que l'ange qui était devenu son amant lui annonçait, après leur toute première nuit ensemble, qu'ils avaient conçu un enfant malgré tout... Lelahel l'embrassa avec douceur, visiblement enchanté par la perspective de devenir père, et s'agenouilla pour lui faire face.

« Lorsque nous avons fait l'amour, nos magies ont dû se mêler et permettre ce miracle. Cette douleur que tu as ressenti, c'est la vie d'un être exceptionnel qui vient de commencer en toi. L'enfant d'une sorcière et d'un Séraphin... »

Soudainement, son visage baigné d'amour revêtit une expression horrifiée. Avant même que Belioclya puisse dire quoi que ce soit, il se saisit d'elle. La salle d'eau s'effaça et fut remplacé par la forêt qui se trouvait non loin. Ils se tenaient tous les deux nus dans la forêt, face à la maison, qui s'enflamma soudainement.

« Mais que... » commença la jeune sorcière.

« Les Malakim... » siffla Lelahel avec rage. « Ils veillent au respect de nos lois. Ils ont dû sentir l'enfant. Nous devons nous cacher, » lui dit-il. « Mais avant... »

Il s'avança vers la lisière pour pouvoir voir le ciel, leva la tête et hurla :

« À PARTIR DE MAINTENANT, SI CELA SIGNIFIE ABANDONNER L'AMOUR QUE JE SUIS CENSÉ GUIDER, JE TE DÉSAVOUE, Ô SEIGNEUR ! »

Il ferma ensuite les yeux, et la panoplie qu'il portait leur de sa première rencontre avec sa sorcière bien-aimée (NDlA : Ho ho ho!) apparut dans une myriade d'étincelles dorées. Celle-ci, suivant son exemple, conjura des vêtements de sa demeure familiale et les enfila rapidement. De quelques paroles magiques, elle inscrit un message dans l'écorce d'un arbre, message qui ne serait visible que par sa famille ; car elle savait que sa mère et sa grand-mère reviendraient ici à un moment ou à un autre. Elle saisit ensuite sans hésiter la main que son amant céleste lui tendait, et ils disparurent tous d'eux dans un nouvel éclat de lumière.

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Plusieurs mois plus tard.

Le cri déchirant d'une femme en souffrance résonna à travers les murs de pierre d'un couvent. Bientôt, le cri mourut, et fut remplacé par un second cri, plus faible, qui oscillait entre les pleurs et la protestation. Le cri d'un nouveau-né. Allongé dans une cellule, Belioclya sembla se détendre progressivement. La sorcière qui s'était improvisée sage-femme pour son accouchement lui pressa affectueusement la main.

« Vous avez fait un travail merveilleux. C'est un garçon, et il est beau comme un ange, » lui souffla-t-elle, avant de quitter la pièce.

La jeune femme aux cheveux d'ébène ne put s'empêcher de rire à cette remarque qui n'était pas si loin de la vérité. Elle releva péniblement la tête pour rencontrer le regard violet de Lelahel, qui berçait dans ses bras leur fils. En cet instant, le bonheur qu'elle vit déborder de ses yeux lui gonfla le cœur, et tous les doutes qui avaient pu l'assaillir durant leur fuite face aux Malakim s'évaporèrent. Il déposa avec précaution le fruit de leur amour au creux des bras de la jeune femme, qui serra le petit corps tout contre elle et murmura : « Bonjour, petit ange... »

« Ou petit sorcier, comme tu préfères, » plaisanta Lelahel en s'asseyant sur le bord du lit. « Quel sera son nom ? »

« À vrai dire, je m'attendais avec plus ou moins de certitudes à une fille. Tous les derniers êtres magiques de ma lignée étaient des femmes, » avoua Belioclya sur un ton d'excuse en ne cessant de fixer son enfant, qui avait cessé de pleurer.

Lelahel lui lança un regard incrédule, puis se mit à pouffer de rire.

« Ah, ces sorcières, des féministes en puissance. Puis-je me permettre de faire une suggestion ? » demanda-t-il.

« Hmm, je ne sais pas, demande à son père, » ironisa la nouvelle mère.

Le Séraphin la força gentiment à quitter leur enfant des yeux un bref instant pour planter son regard dans le sien. Il avait à nouveau l'air très sérieux.

« Azazel, » dit-il simplement.

« Azazel ? » répéta la jeune femme en fronçant les sourcils.

« Le Dixième, l'Ange Déchu de la rébellion qui pousse les hommes à se battre et qui sème le chaos dans le bon ordre du Seigneur. J'ai pensé que ça serait assez symbolique, mais si ça ne te plaît pas... »

« J'adore l'idée, » l'interrompit son amante, reportant avidement son attention sur le nouveau-né qui semblait déjà s'être endormi. « Bienvenue au monde, Azazel, petit chef des rebelles, » dit-elle sur un ton taquin en lui déposant un léger baiser sur le front.

Soudainement, un grondement énorme se fit entendre, et la bâtisse entière se mit à trembler. Une autre sorcière entra précipitamment dans la pièce.

« Vos amis arrivent ! Nos barrières ne les retiendront pas longtemps ; ils sont bien trop puissants. Vous devez partir. »

« Très bien. »

Lelahel enveloppa sa bien-aimée et leur progéniture dans ses bras, se concentra et... rien ne se produisit. La panique commença à le saisir. Il ferma étroitement les yeux et recommença, mais, une fois encore, rien ne se passa.

« Lelahel ? » fit Belioclya d'un ton anxieux.

« Je... Je ne peux plus me téléporter. Ils ont dû nous confiner avec de la magie angélique.»

Le Séraphin et la sorcière se regardèrent pendant ce qui leur parut une éternité, mais ne dura en réalité qu'une dizaine de secondes. Ils s'étaient compris sans rien dire.

« Je sais que je n'ai pas le droit de vous demander ça, mais pourriez-vous les tenir à l'écart encore quelques instants ? » demanda Belioclya en s'adressant à l'autre sorcière.

Celle-ci soupira, mais fit un signe de tête affirmatif, puis leur adressa un sourire triste avant de sortir. Sans un mot, le couple se mit en mouvement. Ils n'avaient pas le temps de réunir des accessoires, mais ils avaient déjà tout prévu dans l'éventualité où une telle chose se produirait.

« Doit-on vraiment l'envoyer là-bas ? Il n'y a pas d'autres moyens ? »

« Tu sais bien que non. Nous sommes condamnés, mais lui, il peut survivre là-bas. Mais il faut aussi que... »

Belioclya, pleurant silencieusement, savait bien ce qu'il allait dire. À contrecoeur, et après un dernier baiser sur le petit front, elle lui confia leur fils. Le Séraphin le prit dans ses bras et le porta de telle façon que leurs fronts se touchent, puis il se mit à psalmodier en enochien, la langue des Anges. Sous la couverture dans laquelle le nouveau-né avait été enveloppé, son dos brilla, et un cercle magique apparut sur sa peau tel un tatouage indolore. Durant ce temps, Belioclya, à l'aide d'une incantation, avait gravé un autre cercle dans le sol de pierre. Après s'être serrés tous les trois ensemble une dernière fois, les deux parents déposèrent le petit être au centre du cercle et, se prenant la main, entamèrent une longue incantation où s'entrelaçait la magie angélique et la sorcellerie. Au fur et à mesure qu'ils débitaient les mots de pouvoir, le cercle s'illuminait de plus en plus. Puis la petite silhouette fut pris dans un éclat aveuglant de lumière, et disparut, de même que le cercle.

À peine un instant plus tard, quatre anges dotés chacun de deux paires d'ailes se matérialisèrent autour d'eux, se saisirent d'eux, et ils disparurent tous à nouveau, laissant les lieux soudainement étrangement vides et calmes...

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Sur Terre, quelque part dans le sud de la Suède, dans la chapelle d'un orphelinat catholique, sœur Rebecka Lindgren venait de finir sa prière et s'apprêtait à quitter l'endroit, la main déjà sur la poignée de la porte, lorsqu'un grand éclat de lumière inonda le lieu de recueillement, la figeant sur place l'espace d'une seconde. Un éclair ? Le temps n'était pourtant pas à l'orage... Secouant les épaules, la nonne ouvrit la porte, et au grincement caractéristique des gonds qui avaient déjà bien fait leur temps succédèrent les pleurs d'un nouveau-né, qui résonnèrent contre la pierre et les vitraux. Écarquillant les yeux, la religieuse se retourna vivement vers la source de ces plaintes enfantines et découvrit avec stupéfaction, niché dans les bras écartés de l'unique statue à l'effigie d'un ange anonyme se trouvant dans la pièce, un nouveau-né étroitement enveloppé dans une couverture. Tombant à genoux, elle se signa, puis tourna le regard vers un vitrail représentant le Seigneur et dit : « Je vous ai entendu, Seigneur. Je prendrai soin de cet enfant. » Elle se leva ensuite pour aller récupérer l'enfant, et découvrit, glissé dans un pli du tissu qui l'entourait, un morceau de papier avec un unique mot marqué dessus : « Azazel. » Voilà un drôle de prénom, songea-t-elle, se rappelant vaguement qu'il s'agissait du nom d'un des serviteurs de Lucifer. Mais, après tout, les voies du Seigneur étaient impénétrables...

« Mais il te faut aussi un nom de famille, n'est-ce pas ? » fit-elle en le berçant doucement pour calmer ses pleurs, ce qui sembla fonctionner.

Elle parut réfléchir un instant, puis ses yeux se posèrent sur le visage de l'ange de pierre, et son visage s'illumina.

« Tu es le fils d'un ange – Azazel Ängelsson. L'allitération te plaît ? » fit-elle sur un ton taquin en baissant son visage vers le nourrisson.

Et alors, celui-ci, alors qu'il n'était âgé que de quelques heures, ouvrit les yeux, et Rebecka sut qu'elle avait trouvé le nom parfait.

Dans les iris mauves, elle vit son propre reflet sourire.

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« Donne-moi ça ! »

« Mais tu l'avais déjà ce matin, c'est mon tour maintenant ! »

« Non ! »

Rebecka leva les yeux de sa Bible – format de poche pour pouvoir l'emporter partout – pour voir deux garçonnets en train de se chamailler à cause d'un énorme nounours presque plus grand qu'eux. Le premier était un petit garçon allemand ordinaire, blond et un peu rondouillet déjà pour son jeune âge. Le second, en revanche, aurait difficilement pu passer inaperçu ou que ce fut sur cette terre. Des cheveux mauves tirant sur le blanc encadrant un visage aux yeux d'à peu près la même couleur, et une peau très pâle qui semblait presque luminescente. La seule touche sombre sur ce tout petit homme était la mèche d'ébène qui retombait sur son front. Ce singulier petit bonhomme se retrouva sur les fesses lorsque le blondinet le poussa pour récupérer la peluche convoitée, avant de s'en aller en se moquant de lui. Rebecka soupira et s'apprêta à aller le réconforter le garçonnet avant d'aller réprimander l'autre, lorsqu'elle le vit se relever sans la moindre trace de larmes dans les yeux, mais plutôt l'air très en colère.

« Eh ben ton nounours, tu peux... tu peux... TU PEUX T'ÉTOUFFER AVEC, TIENS ! » s'époumona-t-il dans la direction dans laquelle son adversaire était parti.

La nonne, un peu choquée, s'approcha de lui avec un air réprobateur.

« Azazel ! »

Le garçonnet, qui avait oublié sa présence, eut l'air gêné et baissa la tête.

« Pardonnez-moi, ma sœur, » dit-il sur un ton contrit.

Cette dernière soupira derechef, s'agenouilla et lui ouvrit ses bras, dans lesquels il vint immédiatement se réfugier.

« Je n'aime pas cet endroit... » l'entendit-elle dire dans son giron. « Les autres enfants sont pas gentils avec moi, et même les sœurs et le père qui vient dire la messe me traitent tous bizarrement. »

Alors qu'Azazel n'était âgé que de quelques semaines, Rebecka Lindgren avait été envoyée en Allemagne pour ouvrir un nouvel orphelinat au nom du Seigneur. Mais, lorsqu'était venu le moment de partir, elle s'était trouvée incapable de se séparer de son petit protégé. Littéralement. C'était comme si une force invisible l'avait empêchée de le lâcher après lui avoir fait ses adieux. N'y voyant qu'une nouvelle preuve que le Seigneur lui avait confié « son petit miracle, » comme elle le nommait, elle n'hésita pas plus longtemps et fit en sorte de pouvoir l'emmener avec elle. Ainsi, la première langue que le garçonnet se mit à parler fut donc l'allemand, mais la communication n'en restait pas moins difficile. Si en Suède, les religieux et les enfants avaient accueilli le nouveau-né à bras ouverts, croyant sans aucune hésitation à l'histoire de sa découverte par sœur Lindgren et la mission divine qu'il représentait pour elle, ici, chacun traitait cela avec un scepticisme effarant, et les enfants évitaient Azazel à cause de sa différence. Toutefois, le garçonnet semblait s'en accommoder, du moment qu'elle était avec lui. Lorsqu'il ne pouvait pas lui parler, il avait appris à jouer seul, dans le calme, et lisait déjà énormément pour son âge, et parfois des livres qui semblaient être hors de portée d'un enfant de moins de dix ans. Il avait toujours l'air passionné lorsqu'il lisait...

« J'aime bien vos cheveux, ma sœur. »

Son fil de pensées fut interrompu par ces mots et la petite main qui courut dans ses quelques cheveux d'ébène qui dépassaient de sa coiffe de religieuse.

« Ils sont comme les miens, » poursuivit le petit garçon, qui faisait en réalité référence à la mèche d'ébène qui tranchait sur le reste de sa chevelure mauve pâle. « C'est pour ça que vous m'appelez votre « petit miracle » ? » demanda-t-il en la fixant de son regard plein d'innocence.

Elle sourit. « Oui, c'est pour ça. »

Comme un cheveux sur la soupe, le petit blond rondouillet de tantôt repointa le bout de son nez, hurlant à toute berzingue, l'ours en peluche accroché à son dos et en train... de l'étrangler ?! La religieuse avait tellement de mal à croire ce qu'elle voyait qu'elle ne réagit même pas au regard suppliant de l'enfant dont le teint commençait à virer au bleu. Ce fut la voix d'Azazel qui la sortit de sa torpeur.

« C'est bon, tu peux arrêter, » déclara le petit garçon en tournant son regard vers le jouet. « Faut être gentil, même si c'est qu'un crétin. »

L'ours sembla l'observer un instant de ses yeux noirs en plastique, puis ce qui l'animait disparut et il glissa sur le sol. Après avoir pris une grande inspiration, sa peau retrouvant une couleur normale, l'enfant qui avait été agressé par la peluche se redressa et se mit à la piétiner avec rage, avant de s'en aller en courant. Rebecka, elle, tourna un regard stupéfait vers Azazel.

« C'-C'était toi qui... » commença-t-elle, incapable d'énoncer ce qu'elle pensait à haute voix.

« Je crois... Ça arrive parfois, quand je veux quelque chose ou que je suis en colère, » avoua le garçonnet. « C'est mal, ma sœur ? »

« Non, non, mon enfant, ce n'est pas mal, mais tu ne dois pas t'en servir contre les autres, tu comprends ? Klaus ne nous a pas entendus, le Seigneur en soit loué. Il ne faut en parler à personne. Ça sera notre secret, d'accord ? »

« D'accord, ma sœur. »

« Seigneur, quel est donc votre dessin ? Pourquoi avez-vous donné ces dons démoniaques à un enfant que vous avez béni ? » songea la religieuse en une question silencieuse à son dieu tandis qu'elle serrait à nouveau Azazel contre sa poitrine, inquiète de ce qui pourrait lui arriver s'il venait à être découvert.

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