Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: lundi 25 novembre 2024, 03:41:07 »Hadrian n’était pas comme la plupart des « anciens »; certes, il avait un certain âge, et il était d’une génération puissante, au point que très peu d’autres semblables pouvaient prétendre avoir autorité sur lui dans l’ère moderne, mais il avait connaissance et compréhension des concepts modernes, tels que le consentement ou les rapports de pouvoir, et il ne faisait aucun doute dans son esprit que, compte tenu de leur différence d’âge et de son ancienneté en tant que vampire, ce qu’il proposait à Calypso n’était rien plus ni moins qu’un abus. Cependant, ils étaient tous deux vampires; ils étaient condamnés, même dans le meilleur des cas, à abuser d’autrui, ou même d’abuser de soi-même, que ce soit par soif de pouvoir ou soif tout court.
Les vampires comme Hadrian étaient des prédateurs, et cela ne se limitaient pas seulement à chasser une proie pour s’en nourrir. Par nature, ils étaient des choses qui détruisaient autant le corps que l’esprit, voire même l’âme des gens, dans certains cas. Comme si, d’instinct, ils étaient menés aux actes les plus sordides, et que les éviter requérait un effort conscient. Une chose terrifiante pour un être humain, qui n’ont pour instinct que la survie et l’hédonisme. Hadrian ne comptait plus le nombre de vampire qui, non content de se nourrir, succombaient à leurs plus bas instincts, violant les plus grands interdits du monde pour satisfaire leurs morbides fascinations pour le vice et la cruauté.
Hadrian, cependant, était un homme digne, même dans sa déchéance. Et il refusait de prendre plaisir à l’exploitation d’autrui, tant que ceux-ci n’avaient pas mérité sa colère et son mépris.
Il s’approcha donc d’elle et, comme dans une tentative de rendre la chose moins répugnante, pour lui, qui était fier comme un Lasombra, et elle, qui ne savait assurément pas ce qu’un Lasombra pouvait être, il leva une main, et la posa contre son épaule, comme pour lui donner confiance, plantant son regard vermeille dans le sien, et il replaça une mèche des cheveux immaculés de la jeune femme derrière son oreille. Elle était terrifiée. Tentée, certes, il pouvait e voir, mais cette tentation ressortait uniquement de son désir de se débarrasser de ses cauchemar, chose qu’il ne pouvait que trop bien comprendre
« Inutile de précipiter les choses, » décida-t-il en se penchant sur elle. « Si la peur te prend, tu n’as qu’à lever la voix, et tout s’arrête. »
Le ton du Tremere était calme, confiant mais surtout courtois, comme on imaginerait les hommes chevaleresques d’un temps révolu. Bientôt, cependant, les lèvres de la demoiselle rencontrèrent les siennes, et il les baisa doucement, une première fois, pour tester les eaux, la main du vampire ainé quittant son épaule pour se poser sur sa joue, avec toute la douceur que le monstre en lui pouvait se permettre.
Le baiser, en toute apparence des plus chastes, ne dura que quelques brèves secondes, et il y mit fin en reculant un peu, juste assez pour qu’elle puisse le regarder dans les yeux, et pour confirmer si elle serait capable d’aller plus loin qu’un simple baiser.