Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

Voir les derniers messages - Hadrian Kensley

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Voir les derniers messages

Cette section vous permet de consulter les contributions (messages, sujets et fichiers joints) d'un utilisateur. Vous ne pourrez voir que les contributions des zones auxquelles vous avez accès.


Messages - Hadrian Kensley

Pages: [1] 2 3 4
1
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: lundi 25 novembre 2024, 03:41:07 »
L’idée même qu’on lui fasse confiance lui était si étrange que pendant un moment, Hadrian fut même tenté de rire au nez de la pauvre ingénue. Si ce n’était, cependant, de sa propre expérience et de son âge, peut-être qu’il aurait également espéré qu’un mentor ne se présente et ne lui offre sa protection et son éducation, et donc il ne pouvait pas trouver en lui l’effort de la ridiculiser.

Hadrian n’était pas comme la plupart des « anciens »; certes, il avait un certain âge, et il était d’une génération puissante, au point que très peu d’autres semblables pouvaient prétendre avoir autorité sur lui dans l’ère moderne, mais il avait connaissance et compréhension des concepts modernes, tels que le consentement ou les rapports de pouvoir, et il ne faisait aucun doute dans son esprit que, compte tenu de leur différence d’âge et de son ancienneté en tant que vampire, ce qu’il proposait à Calypso n’était rien plus ni moins qu’un abus. Cependant, ils étaient tous deux vampires; ils étaient condamnés, même dans le meilleur des cas, à abuser d’autrui, ou même d’abuser de soi-même, que ce soit par soif de pouvoir ou soif tout court.

Les vampires comme Hadrian étaient des prédateurs, et cela ne se limitaient pas seulement à chasser une proie pour s’en nourrir. Par nature, ils étaient des choses qui détruisaient autant le corps que l’esprit, voire même l’âme des gens, dans certains cas. Comme si, d’instinct, ils étaient menés aux actes les plus sordides, et que les éviter requérait un effort conscient. Une chose terrifiante pour un être humain, qui n’ont pour instinct que la survie et l’hédonisme. Hadrian ne comptait plus le nombre de vampire qui, non content de se nourrir, succombaient à leurs plus bas instincts, violant les plus grands interdits du monde pour satisfaire leurs morbides fascinations pour le vice et la cruauté.

Hadrian, cependant, était un homme digne, même dans sa déchéance. Et il refusait de prendre plaisir à l’exploitation d’autrui, tant que ceux-ci n’avaient pas mérité sa colère et son mépris.

Il s’approcha donc d’elle et, comme dans une tentative de rendre la chose moins répugnante, pour lui, qui était fier comme un Lasombra, et elle, qui ne savait assurément pas ce qu’un Lasombra pouvait être, il leva une main, et la posa contre son épaule, comme pour lui donner confiance, plantant son regard vermeille dans le sien, et il replaça une mèche des cheveux immaculés de la jeune femme derrière son oreille. Elle était terrifiée. Tentée, certes, il pouvait e voir, mais cette tentation ressortait uniquement de son désir de se débarrasser de ses cauchemar, chose qu’il ne pouvait que trop bien comprendre

« Inutile de précipiter les choses, » décida-t-il en se penchant sur elle. « Si la peur te prend, tu n’as qu’à lever la voix, et tout s’arrête. »

Le ton du Tremere était calme, confiant mais surtout courtois, comme on imaginerait les hommes chevaleresques d’un temps révolu. Bientôt, cependant, les lèvres de la demoiselle rencontrèrent les siennes, et il les baisa doucement, une première fois, pour tester les eaux, la main du vampire ainé quittant son épaule pour se poser sur sa joue, avec toute la douceur que le monstre en lui pouvait se permettre.

Le baiser, en toute apparence des plus chastes, ne dura que quelques brèves secondes, et il y mit fin en reculant un peu, juste assez pour qu’elle puisse le regarder dans les yeux, et pour confirmer si elle serait capable d’aller plus loin qu’un simple baiser.

2
Les compliments de Mei semblent faire mouche et Himiko se contente de sourire, s'assurant que Mei regagne sa voiture en sécurité, et qu'elle reparte sans problème. Malgré la sécurité relative du lieu, si Mei devait disparaître soudainement sur le domaine de son maître, les réactions en chaine pourraient être catastrophiques, et son maître n'était pas du genre à apprécier que des policiers viennent fouiner dans son établissement.

La route de Mei se déroula sans incident majeur. La nuit étant déjà bien avancée, les rues étaient en grande partie désertes. Cependant, en approchant du centre-ville, elle remarqua que, malgré l'heure tardive, l'endroit débordait d'activité. Les bars et les cafés restaient ouverts, les lumières brillantes des vitrines et des enseignes éclairaient la chaussée, et les rires et les conversations des noctambules résonnaient dans l'air. Bien qu'elle aurait sans doute préféré éviter cette effervescence, elle n'avait d'autre choix que de traverser ce quartier animé pour rentrer chez elle.

À son arrivée, manifestement, il y avait eu une festivité de quelque sorte. La guitare acoustique d'Irène jetée négligemment dans un coin de la pièce, le karaoké qui jouait encore à plein volume malgré le fait qu'il n'y avait plus personne. Remarquablement, il y avait des vêtements partout. Absolument partout, un véritable chaos, à croire que les filles s'étaient… non, non, il y avait bien eu une bataille de vêtements ; des vestes et des écharpes gisaient sur les dossiers des chaises, tandis que des chaussures abandonnées traînaient près de la porte. Les verres vides et les assiettes abandonnées sur les tables témoignaient d'une soirée animée et débridée.

Les restes de nourriture parsemaient la table basse du salon, entre des canettes de soda et des bouteilles de bière à moitié vides. Une légère odeur de pizza froide et d'alcool flottait encore dans l'air, mêlée à un parfum sucré de desserts oubliés.

Au centre du salon se trouvait une jeune femme inconnue, couverte négligemment d'une petite serviette rose. Cheveux mi-longs, un collier en cuir autour du cou, le soutif défait, le short-short ouvert à moitié et la signature des membres du groupe sur le ventre, le buste, les cuisses et même sous le pied. Cette personne était entourée de verres et de déchets, et s'était apparemment endormie dans une flaque de bière sur le plancher.

Lorsque la porte se referma, la jeune femme s'exclama.

"Le chaaaaaaat! Le chat est arrivéééé! Aaaah! Courez, mes p'tites -hic!- mes p'tites -hic!- mes p'ti -hic hic- souris!"

3
"Assurément pas ce soir," la rassura Himiko avec un sourire. "Une invitation en bonne et due forme vous sera envoyée. Je vous contacterai demain après-midi pour qu'on parle réservation, et pour faire la médiation avec l'horaire de nos artistes."

Encore une fois, Himiko démontrait son impeccable service à la clientèle, prenant en considération les besoins du groupe de musique. Mei et ses collègues n'étaient pas sous les ordres de l'entreprise, et Kitano Productions ne visait pas cet environnement de travail, encore une fois en phase avec l'intention d'Hadrian de garder, au maximum, les autorités dans l'ignorance de ce qu'il trafiquait dans l'arrière-boutique.

La voyant frissonner, Hadrian se leva lentement puis lui fit signe d'entrer dans le bureau, où le vent qui se rafraichissait ne pourrait plus l'attaquer, puis il jeta un coup d'œil vers Himiko qui, pour sa part, évitait sciemment de croiser le regard du vampire. Celui-ci eut un petit sourire amusé, avant de passer le pas de la porte.

Dans le bureau, Hadrian élabora un peu plus sur les besoins de l'entreprise, ainsi que les accomodations qui leur seront proposé. Il ne lui proposait évidemment aucun contrat pour le moment; il était de son avis que s'il devait les embaucher, ce serait une fois qu'ils étaient d'accord sur ce qu'ils désiraient mutuellement. Cependant, Himiko, professionnelle comme toujours, prenait la peine de noter ce qui se disait, ce que Mei révélait et les besoins des filles. Moins qu'une interview d'embauche, Hadrian semblait faire la conversation comme s'il prenait des nouvelles d'une amie qu'il n'avait pas vue depuis longtemps, et malgré les quelques interventions verbales d'Himiko, la rencontre sembla se poursuivre sans incidence, et avec moins en moins de traduction requise.

Les heures s'avancèrent et, après un bon moment, il était temps de se dire au revoir pour le moment, et avec un sourire, Hadrian invita Mei à suivre Himiko.

Une fois dans le stationnement, celle-ci s'arrêta devant Mei et fit volte-face pour croiser son jeune regard, et elle lui adressa un grand sourire.

"Alors ? Votre impression ?"

Le ton de la jeune femme semblait nettement plus décontracté maintenant qu'Hadrian était absent. Sans la stresser, l'homme restait quand même son patron et, en quelque sorte, également le maître de ses pensées, et elle n'aimait pas nécessairement ce sentiment.

"Ah, et…"

Elle retira une feuille de son calepin et la tendit à la jeune femme.

"J'ai pris quelques notes pendant la rencontre, pour que vous puissiez avoir un aide mémoire et des traces de votre conversation. Mr. Kensley n'est pas homme à changer d'idée ou à vendre du rêve, mais sait-on jamais, d'un coup qu'il oublie quelques trucs. Ah, et si vous avez des questions supplémentaires, mon numéro est au dos de la feuille. Mr. Kensley est une personne nocturne, donc il ne répond jamais en journée."

4
L'acuité entrepreneuriale de Mei sembla plaire à Hadrian, dont le sourire s'élargit davantage. Enfin, pas de fausse modestie, pas d'égo inutile; simplement un intérêt à grandir et à se développer. Une chose rare, en ces temps, considérant le côté foncièrement indépendant des nouveaux artistes, qui ne crachent certes pas sur l'argent, mais qui très souvent refusent de prendre un risque, ou de prendre une opportunité, parfois au nom de la fierté, parfois au nom de l'indépendence, mais plus souvent encore, sur le principe qu'un artiste ne devrait pas avoir besoin d'un mécène pour être reconnus.

"Ce n'est pas de la générosité gratuite", traduisit Himiko en joignant les mains devant elle lorsqu'Hadrian se mit à parler de nouveau. "Kitano Productions place une très grande importance sur la qualité, et sur le professionnalisme, et donc, nous sommes prêts à débourser le prix fort en échange de cette qualité. Si le mécénat est acquis, Kitano Productions ne prend pas en charge votre carrière, mais vous donnera accès à ses ressources."

Comme pour rajouter un peu à son pitch de vente, Himiko prit les devants sans l'assistance d'Hadrian et expliqua, en gros, ce que le mécénat leur apportera; l'accès aux studios d'enregistrement, ainsi que la priorité sur les réservations, l'accès à leurs auditoriums pour les répétitions et pour la production, en plus de l'opportunité de travailler avec les artistes qui ont maintenu leur contrat avec la compagnie.

Après un moment, Mei se pencha sur le document de confidentialité. Hadrian n'était lui-même pas amateur de coup-fourrés, parce qu'il faisait très attention de ne pas attirer l'attention sur les entreprises qu'il… possédait. Les rares poursuites judiciaires encaissées par Kitano n'avait jamais attiré l'attention sur lui ou sur le langage légal des contrats, et ses activités illicites ne passaient pas par cette entreprise. De fait, Kitano était suffisamment prospère, florissante même, pour ne pas justifier un besoin d'escroquer les autres.

Le contrat demandait simplement une discrétion complète par rapport à ce projet, et donc de ne pas en parler, de ne pas faire écouter des échantillons à des gens qui ne travaillaient pas au sein de l'entreprise, de ne pas travailler avec des gens qui ne sont pas autorisé sur le projet. Les répercussions en cas de manquement étaient strictes. Le document mentionnait des pénalités sévères, des poursuites judiciaires et la résiliation immédiate de tout accord. Mais ces mesures, bien que rigoureuses, n'étaient pas inattendues. En tant que professionnelle, il assumait que Mei savait que dans le monde des affaires, surtout à ce niveau, la protection des informations sensibles était cruciale. Elle comprenait assurément la nécessité de telles clauses pour préserver l'intégrité et la compétitivité de la compagnie.

Elle signa l'accord, et le lui rendit. Hadrian jeta un coup d'œil au papier, puis le donna à Himiko qui le rangea précieusement dans sa filière.

À la surprise d'Himiko et d'Hadrian, la jeune femme semblait déjà prête à leur faire des soumissions en échange de quelques informations supplémentaires.

Hadrian pouffa de rire, amusé par cette confiance en elle, mais il ne sembla pas déstabilisé. Il parla de nouveau, cette fois se penchant vers l'avant, les avant-bras sur les genoux, la tête inclinée vers la jeune femme, et son regard bleu perçant l'améthyste des siens.

"Mr. Hadrian apprécie votre enthousiasme, et s'assurera personnellement que vous ayez ce dont vous avez besoin pour travailler."

Hadrian leva son verre, puis le but en entièreté avant de se lever à son tour, posant la coupe sur la table.

"Et pour célébrer, il aimerait vous inviter, ainsi que les membres du groupe, à un dîner. Il invitera les artistes qui travaillent sur le projet, pour que vous puissiez faire connaissance, et il y aura ensuite une présentation du projet dans son état actuel. Si vous êtes volontaires, bien évidemment."

5
La main d'Hadrian se joint à celle de Mei, et pour un bref instant, il ferme les doigts dessus et lui serre la main, comme le voulait la coutume. Les japonais préféraient se saluer avec des courbettes, mais pas Hadrian; autant les Japonais ne changeaient pour personne, il ne changeait pas pour eux, ce qui avait d'ailleurs assuré une forme de respect mutuel entre lui et ses interlocuteurs nippons.

"The pleasure is all mine," répondit-il à sa salutation, sa réponse immédiatement traduite par Himiko.

L'adjointe s'inclina poliment à une requête du businessman et s'éloigna vers un mini-frigo, duquel elle tira des bouteilles d'eau et deux bouteilles contenant un liquide rouge. L'une devait être assurément du vin, mais le second n'avait pas d'étiquette. Elle revint ensuite vers les deux sujets de la rencontre, et déposa les bouteilles d'eau, ainsi que des verres sur la table à café. Alors qu'elle préparait le tout, elle transmit les paroles de Mei à Hadrian.

Hadrian recommença à parler, et Himiko se redressa pour regarder Mei.

"C'est tout naturel. Une jeune fe…"

Elle marqua une pause, et regarda Hadrian avec un sourcil levé, alors qu'il la regardait avec un énorme sourire, comme si fier de lui. Refusant de traduire verbatum ce qu'il venait de dire, elle décida donc de le confronter et elle lui lança quelques phrases en anglais, d'autres en français avant de finir sur une insulte en allemand, puis revint vers Mei.

"Pardonnez-moi. L'essentiel, c'est qu'il a conscience de la température, et qu'il est soucieux que tout le monde," elle jeta un regard agacé à son patron. "… soit confortable."

Elle ne précisa pas que la raison de son agacement était parce qu'Hadrian insistait pour qu'elle ne travaille pas dans le bureau pendant cette canicule.

Hadrian s'adossa un peu sur son siège, expliquant un peu le projet, qu'il est le résultat du travail d'un très vieil ami qui était récemment décédé, et donc qu'il voulait lui rendre hommage en adaptant son œuvre pour le grand écran. Il avait pensé que les MIRENA pourrait se rattacher et profiter de cette opportunité pour mettre le pied dans le pas de la porte du marché.

Himiko traduisit ensuite la question de Mei, et l'adjoint du CEO répondit tout simplement;

"Parce que votre chanson, Black Swan, lui a beaucoup plus. Mr. Hadrian ne fait affaire qu'avec des gens qui lui plaisent et qui ont du potentiel. Kitano Productions passe par lui, et il considère que votre groupe a le talent requis pour supporter son œuvre. Si l'enregistrement se passe bien, et si l'évaluation de cette collaboration est positive… Avez-vous entendu parlé du K.P.Spon?"

Beaucoup d'artistes de la région avaient évidemment entendu parler de K.P.Spon. C'était, selon les rumeurs, un investissement massif dans la carrière d'un artiste ou d'un groupe d'artistes. À l'image d'un contrat d'exclusivité avec Disney, le K.P.Spon, pour Kitano Production Sponsorship, était cependant reconnu pour être plus ouvert, plus permissif et surtout plus lucratif. Le Japon était une nation désespérée, à la recherche du prochain divertissement, et donc, un sponsorship par Kitano Production, sans l'ombre d'un doute, pousserait les MIRENA sur les plus grands projets et les plus grandes scène.

"Évidemment, vous n'avez aucune pression d'accepter si l'offre vous est proposée, mais ce serait quelque chose à garder en tête."

Hadrian posa ensuite quelques papiers sur la table.

"Le premier papier est un accord de non-divulgation. Tout ce qui vous sera présenter ce soir est confidentiel. Le Château Volant est une production très protégée, au point que la bande-annonce, bien que terminée depuis des semaines, n'a pas encore été publiée, justement parce qu'aucun des artistes convoqués ne plaisait à Mr. Hadrian."

Hadrian leva le regard dans sa direction, un sourcil relevé, comme s'il avait compris le sens de la dernière phrase.

"What ? It's true."

"Well, don't tell her that!" s'opposa-t-il avec les bras croisés.

Elle secoua la tête et ramena son attention sur Mei.

"Vous apprendrez aussi que Mr. Hadrian ne se moque pas de vous. Si vous êtes confiante que votre groupe peut réaliser cette tâche, vous serez payé à un montant de cinquante mille dollars américains, plus les royautés."

Ce qui voulait dire, pour Mei, que les MIRENA ne verraient probablement plus de nouilles instantanées à moins qu'elles le veuillent réellement.

6
Ce n'est qu'au moment où le soleil disparaissait définitivement à l'horizon qu'Hadrian Kensley se tira enfin de sa torpeur. La vitae s'enflamma et se rependit dans ses veines, comme par pur réflexe, un automatisme qui permettait aux gens de son espèce de se tirer de leur sommeil de mort sans l'assistance d'un autre. Mais comme toujours, il détestait les premiers instants d'éveil; cela lui faisait encore l'effet de se prendre un coup de défibrillateur, en raison de ses torpeurs violentes. Une partie de sa malédiction le forçait à revivre sa propre mort, encore et encore, et comme pour bien faire, le responsable de sa transformation s'était assuré que cette mort soit loin d'être agréable. Maxwell était un enfoiré de première, et même si Hadrian était parfaitement au courant des événements et circonstances de sa renaissance, les émotions qu'il vivait pendant ses torpeurs restaient bien intense.

La goule du jour était une jeune femme du nom de Himiko Sato, qui occupait le poste d'adjointe au sein de Kitano Productions. Autrefois l'épouse de Kazuto Sato, un homme qui avait autrefois été l'un des employés de l'entreprise, elle avait récemment réussi à mettre fin à cette relation grâce à l'assistance d'Hadrian et de son équipe d'avocats et d'enquêteurs privés, parvenant à amasser suffisamment d'informations et de preuves embarrassantes contre le jeune homme pour qu'il accepte de mettre fin à leur mariage pour couvrir ses propres déviances.

Une survivante d'abus conjugal, elle avait été très réfractaire à l'idée de devenir la servante liée d'un autre homme, mais le destin lui avait un peu forcé la main quand, par vengeance, Kazuto s'était présenté au travail armé d'une arme blanche, et que sa survie n'était garantie que via le lien de sang, car aucun hôpital, aussi doué soit-il, ne pouvait remplacer un cœur en lambeaux assez rapidement pour garantir sa survie.

Après avoir bu au poignet de sa goule et lui avoir transmis une part de vitae en retour, Hadrian s'habilla.

"Je rencontre qui aujourd'hui?"

"Vous vous rappelez du groupe MIRENA?"

"Ça me dit quelque chose," dit-il en enfilant un pantalon propre.

"Une représentante vient vous rencontrer par rapport à une opportunité. Ce serait pour le nouveau film d'animation Le Château Volant."

Hadrian réfléchit un moment, avant qu'un déclic ne se fasse dans son esprit et qu'il ne se remémore qui était ce groupe.

"Ah oui, c'est le groupe derrière la chanson Black Swan. Oui, je me souviens, maintenant. Bon, eh bien, parfait."

Il finit de s'habiller, avec son habituel complet noir, chemise rouge et cravate noire, et son anneau doré à la main gauche, passant les doigts dans ses cheveux pour leur redonner un niveau de présentabilité.

"Allons-y."



"Miss Blake?"

Himiko entra dans la salle d'attente et croisa le regard de Mei, qui était la seule présente de toute façon. Himiko était légèrement plus grande que Mei, et habillée un brin plus sobrement, s'étant débarrassé de sa veste en raison de la température simplement torride dans le bureau, en raison des grandes fenêtres. Apparemment, l'air climatisé avait surchauffé pendant la journée, et voilà qu'ils bossaient de nuit dans une énorme serre.

"Mr. Kensley est prêt pour votre rendez-vous. Je me présente, je suis Himiko. Je suis son assistante, et je serai votre traductrice aujourd'hui. Mr. Kensley comprend le japonais à un certain degré, mais pour éviter les confusions, j'aurai la responsabilité de traduire vos paroles."

Elle examina un moment la jeune femme.

"Votre rendez-vous aura lieu sur la terrasse, plutôt que dans le bureau. En raison de l'air climatisé défectueux, il y fait beaucoup trop chaud pour votre confort."

Visiblement, Mei avait droit à un niveau de considération acceptable pour ce rendez-vous.

"Veuillez me suivre."

Himiko se tourna de nouveau vers la porte du bureau et y entra, suivi de Mei, avant de la guider au travers du grand bureau, dont toutes les fenêtres avaient été ouvertes. D'ailleurs, il y avait des papiers qui s'étaient envolé dans la pièce, qu'Himiko s'était empressée de ramasser au passage.

"Nous sommes normalement mieux occupés pour recevoir, mais nous sommes conscients que vos responsabilités ne vous permettent pas de naviguer autour de nos horaires, donc Mr. Kensley avait préféré ne pas repousser."

Une fois de l'autre côté du bureau, Himiko poussa la grande porte en verre qui menait vers l'extérieur, et invita Mei à passer du côté du grand balcon. Debout devant un fauteuil d'extérieur se trouvait Hadrian Kensley, les mains dans le dos et, malgré la température élevé et humide, semblait aussi confortable et sec que dans une journée d'automne.

Il la salua, puis prononça quelques mots en anglais avant de lui tendre la main.

"Mr. Kensley vous salue et vous remercie d'avoir pris le temps de venir le rencontrer malgré l'heure tardive."

7
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: lundi 17 juin 2024, 22:23:06 »
Voyant qu'elle n'était pas du tout préparé, physiquement ou mentalement, à passer à un acte physique, le Tremere retira sa main de sur la jeune femme. L'horreur. Transformer une enfant ayant vécu si peu, c'était à la limite de l'intolérable à son idée, parce que dénuée de toute expérience, elle ne peut même pas jouir de sa condition. C'était… eh bien, au bas mot, c'était parfaitement attristant.

"Puissant, dis-tu ?" Il eut un léger ricanement à ce compliment. "Et encore, je ne suis loin d'atteindre le niveau de mes prédécesseurs. Hormis peut-être celui qui m'a engendré."

Le Caïnite prit la main de Calypso dans la sienne, précédemment posée contre son ventre, mais qui maintenant s'en éloignait, mettant fin à ce contact.

"Parmi mes talents, altérer l'esprit d'une autre personne n'est pas le plus difficile, mais il requiert une forme d'état second. Cela ne marche pas sur les Caïnites car nous sommes généralement insensibles à la douleur, et même à la plupart des sensations. Cependant, cela ne semble pas être ton cas; tu réagis au toucher, c'est donc que malgré ton statut de vampire, tu es encore, techniquement, vivante."

Il prit la main de la jeune femme et ouvrit sa veste pour la glisser dessous, pressant les doigts de la jeune femme contre sa poitrine, au niveau de son cœur.

"Les Caïnites n'ont plus de fonction vitale. De fait, nous ne ressentons presque rien. Les seules sensations fortes que je suis capable de ressentir, à ce point, sont les douleurs intenses, et le plaisir du Baiser. Je suis cependant capable de feindre la vie. C'est un peu comme un humain qui se rappelle, soudainement, qu'il doit faire un effort conscient pour respirer; faire battre le cœur, faire circuler le sang dans le corps. Même notre cerveau. Notre corps est animé par une seule force, et ce n'est pas encore certains si cette force est le vitae, ou notre âme."

Il relâcha doucement la main de la jeune femme, pour qu'elle puisse prendre ses distances à son aise.

"Mais toi, c'est différent. Tes nerfs sont encore vivants, je le vois à tes réactions. Tu peux sentir, goûter, à la façon des humains. Et ton esprit est encore très humain, donc vulnérable à mes talents. Je peux donc t'induire dans cet état second, et comme je ne suis pas maître dans l'art de l'hypnose, et que je doute que la douleur t'intéresse, la meilleure option serait de profiter du paroxysme du plaisir, ce bref moment de blanc parfait qui ponctue l'orgasme, pour te débarrasser de tes cauchemars. Temporairement, certes, mais ce serait un début."

Il marqua une pause, un moment, puis recula brièvement.

"Dire cette phrase à voix haute sonne parfaitement ridicule, j'en suis parfaitement conscient. On dirait une phrase cliché venue tout droit d'un roman pour adultes à deux ronds, mais crois-moi, ce n'est pas moi qui a inventé cette méthode."

De fait, c'était une ancienne technique qui appartenait apparemment à un autre clan, des maîtres de l'illusion et de la manipulation mentale, mais qui était également reconnu pour être une bande de rapaces, amateurs de mensonges et de subterfuge. Il ne savait pas exactement pourquoi cette technique fonctionnait aussi bien sur les humains, il était loin d'être un psychologue ou un spécialiste du cerveau humain, mais comme il avait connu certains succès, notamment avec certains de ses employés au passé brumeux, il ne le remettait plus vraiment en question.

Mais il savait que Calypso était une femme, une femme seule. Une femme qui avait été abusée, et forcée dans un monde de violence pour lequel elle n'avait aucune affinité, et très peu de chance de survivre, avec aucun allié fiable pour l'empêcher de tomber dans le piège des autres qui n'auraient assurément aucun scrupule à manipuler sa pureté et son innocence.

"Tes cauchemars t'appartiennent, au final, et le risque est le tien."

8
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: mercredi 19 avril 2023, 17:55:37 »
- Je ne savais pas...Il faut dire que la vie en général, je n'y connais rien. Si vous me permettez, j'aimerais réitérer mon offre. Cette promesse...Donnons-nous deux mois. Deux mois de nos existences durant lesquelles je vous aiderai à trouver des informations sur les portails. Pendant ce temps-là, vous m'apprendrez les rudiments d'une vie de véritable vampire, et non l'ombre que je suis aujourd'hui. Est-ce que deux mois vous suffiront ?

«  Cela me semble acceptable, » dit-il avec un hochement de tête satisfait, étirant un bras pour lui serrer la main.

Un pacte avait été formé. Certes, les bénéfices n’étaient pas particulièrement significatif pour lui, mais au moins, elle lui avait fait une offre somme toute beaucoup plus raisonnable qu’une éternité de servitude. S’il n’était pas homme à nécessairement abuser de la bienveillance ou de la naïveté d’autrui, hormis celle qu’il comptait dévorer par la suite, il n’allait pas se priver d’un moyen de retourner chez lui. Terra, c’est bien joli, mais Hadrian n’était rien sinon un vampire de ville, surtout que tous ses instincts lui hurlaient de trouver un endroit à forte concentration urbaine avant d’attirer l’attention d’un Lupin.

Ah, les Lupins. Les Loup-Garous, que les kines les appelaient. Il n’y avait probablement rien en ce monde de plus terrifiant que ces saloperies. Imaginez un monstre de quatre mètres de haut, tout en fourrure, capable de vous scinder en deux d’un coup de dents. Les vampires étaient dangereux eux-mêmes, mais un Lupin transformait la planète en un réseau d’espionnage pour trouver leurs ennemis. Les arbres, les plantes, les animaux, si un Lupin veut vous trouver, il vous trouvera sans le moindre effort. Si l’argent était une excellente façon de se protéger contre un Lupin, il fallait déjà être capable de s’en servir avant que cette saloperie ne vous tue. Hadrian n’avait, dans sa longue vie, que rencontré deux loups-garous, et c’était pendant la guerre contre le Troisième Reich. Difficile de prétendre être les bons gars quand certains de vos semblables ont bossé pour Hitler et certains étaient même sa garde rapprochée. Hadrian se souvenait même d’avoir collaboré avec les Chasseurs pendant le débarquement de Normandie pour neutraliser les Lupins avant qu’ils ne ruinent les efforts des Alliés, une alliance difficile qui avait failli lui coûter sa non-vie quand ces enfoirés se sont retournés contre lui et ont tenté de le mettre également à mort. Ah, elle est belle, l’humanité ; toujours honnête et droite, n’est-ce pas ?

À la suite de ce pacte, il leur sembla de bon ton de mettre fin à leur discussion. Le soleil n’allait pas tarder à se lever, et Hadrian n’avait aucune envie de s’efforcer à garder les yeux ouvert. Allongé sur la fourrure, il ferma les yeux, ignorant complètement les crises existentielles de sa semblable, qui semblait peiner à trouver le sommeil et le repos ; en même temps, il avait accepté de la former, pas nécessairement de la traiter comme son bébé. Lentement, sa peau perdit de plus en plus de couleur, virant au blanc craie. Ses cheveux perdirent leur lustre et, privé de sang, ses doigts devinrent fins et squelettiques. L’homme qui, plus tôt, semblait beau, fort et charismatique ressemblait maintenant à un cadavre, émacié et fragile. Il paraissait un peu plus vieux, mais cela était probablement simplement dû à son état de torpeur et à l’arrêt de toute fonction vitale. Il semblait simplement malade, mais toujours aussi charmant.

Cependant, le vampire fut tiré de son repos par un gémissement. Mais c’est pas vrai ! râla l’homme. Elle ne va pas me foutre la paix ! Il se tira de sa fourrure, récupérant rapidement ses attributs plus charmants et dévisagea la jeune femme qui gigotait. Elle s’éloigna alors allant trouver un coin pour dormir tranquille mais, maintenant qu’il était réveillé, il était fort mécontent.

Il s’approcha de la jeune femme, la prenant par le bras et la forçant sur ses jambes avant de la tirer de nouveau vers la fourrure et, plaquant une jambe derrière les siennes, il la fit basculer dans une chute parfaitement contrôler et se retrouva donc au-dessus d’elle. Il la dévisagea de ses grands yeux bleus. Il resserra la mâchoire et émit un grondement sourd avant de s’approcher et de plaquer ses lèvres sur celle de la jeune femme, glissant sa langue dans sa bouche. Calypso sentit alors un liquide chaud couler dans sa bouche et sa gorge, lui prodiguant de grandes vagues d’apaisement, et donc put en déduire ce que le vampire avait fait ; il s’était mordu la langue.

Hadrian n’avait cependant pas inventé ce procédé. De fait, les pouvoirs vampiriques et les actions qui étaient associés étaient souvent inspirés de la mystique humaine. Il y avait une raison pour laquelle les gens voyaient des corrélations entre les comportements des vampires et ceux des prédateurs sexuels ; c’était que les pouvoirs vampiriques étaient plus efficaces lorsque leur victime pouvait conceptualiser le pouvoir. Dans le cas du procédé actuel, en l’embrassant et lui donnant le sang, il lui prodiguait le fameux « baiser » du vampire. Ce baiser pouvait signifier la morsure, bien sûr, mais les vampires étaient, dans la mystique collective, de grand séducteurs, et donc, leur baiser langoureux était obligatoirement (bien sûr) doté d’effets surnaturels, non ?

Après le baiser, le vampire recula, laissant derrière lui une Calypso aux lèvres maculées de sang. Hadrian regarda la jeune demoiselle, ses doigts effleurant son ventre, remontant légèrement sous les loques qui protégeaient encore sa pudeur, caressant sa peau.

« Si le sommeil t’échappe, » dit-il d’une voix grave. « Je peux m’assurer que les cauchemars ne te reviennent pas. Un service sans frais, bien sûr; appelons-ça une faveur pour célébrer notre nouvelle collaboration. »

C'était une offre, purement et simplement. Même si les deux vampires n'avaient pas nécessairement démontré d'attirance l'un pour l'autre, et qu'Hadrian n'était pas assez arrogant pour croire qu'il était irrésistible, sauf lorsqu'il désirait l'être, il pouvait imprégner en elle un sentiment de confort et de plaisir qui supplanterait des souvenirs sombres ou des cauchemars, au moins pour un temps. Une forme plus puissante d'hypnose, en quelque sorte.

9
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: vendredi 16 décembre 2022, 17:12:24 »
- Qui est Marcel ?

- Un Mage, et une lopette de première. À peine je grogne un peu fort qu’il me bannit dans une dimension parallèle… ou une autre planète… Franchement, vous ne trouvez pas qu’il exagère ?

Enfin, pour être tout à fait honnête, c’était parfaitement raisonnable pour quelqu’un d’être parfaitement terrifié par un vampire, mage ou pas mage. A sa connaissance, il n’y avait que les Lupins qui était capable de naturellement évoquer une terreur panique chez les êtres humains à un niveau supérieur à ce qu’il pouvait évoquer. En même temps, même les vampires ne pouvaient pas toujours résister à la peur primaire, presque innée, de ces créatures qui, et de loin, surpassaient les limites du potentiel humain, et pour bonne raison ; alors que les vampires pouvaient se rétablir d’à peu près tout, ces salopards pouvaient se régénérer. Pas seulement guérir, mais bien régénérer leurs blessures. S’il y avait bien quelque chose qu’Hadrian trouvait plus que décourageant, c’était de devoir systématiquement recommencer du début, et autant dire que dans sa vie de vampire, c’était arrivé très souvent.

Elle tenta de le convaincre davantage, tentant de négocier un paiement en échange qu’il lui apprenne un peu de ce qu’il savait. Il haussa un sourcil ; il n’avait demandé aucune faveur, d’autant qu’il était convaincu qu’elle n’avait rien qui pouvait l’intéresser, mais la voilà qui offrait son aide, sans même penser des abus qu’il pourrait avoir en tête.

« Vous devez être consciente, jeune fille, que vous ne devez jamais offrir quoi que ce soit à un vampire en échange d’une offre. Nous sommes tenus à nos promesses, et l’interprétation de celle-ci a une grande influence sur les effets de notre nature. La plupart des vampires tiennent cette faiblesse de la haine viscérale pour le bris des serments que le Diable comme Dieu partagent. Nous ne sommes pas tenus de dire la vérité, et nous sommes, pour la plupart, passé maître dans l’art de la détourner. Alors, vous promettez votre aide pour en savoir plus sur les portails ; cependant, si je considère que ce pacte ne prend fin que lorsque je sais tout ce qu’il y a à savoir sur les portails, vous pourriez m’être liée pour les prochains siècles, sinon pour toujours. »

Une autre leçon qui agissait aussi bien pour elle que pour les autres. Rien n’était garanti qu’elle-même était affectée par les effets des pactes, mais cela restait qu’il suffisait qu’il y ait un autre vampire de l’autre côté pour qu’elle se fasse arnaquer et qu’elle soit lié par cet effet.

« De préférence, donnez toujours une période prédéterminée. Par exemple, tu pourrais promettre de consacrer autant de temps à ma recherche d’un moyen pour rentrer chez moi que j’en passe à t’enseigner activement. Cela évite les emmerdements.

Elle lui demanda alors s’il était possible pour lui de marcher sous le soleil et il éclata de rire. Il ne se moquait pas d’elle, mais simplement la notion figurait dans tellement d’œuvres de fiction qu’il ne pouvait possiblement croire qu’elle ne connaissait pas les risques.

« Sous l’œil vigilant de Saint Michel ? Pas question. »

Selon le livre de Nod, l’Archange Michel aurait été celui qui aurait frappé Caïn et toute sa descendance vampirique de la peur et de la vulnérabilité au feu et au soleil, deux concepts qui appartenaient à ses responsabilités divines. Il ne se désintègrerait pas immédiatement, bien sûr, mais il brûlerait comme une sorcière au bûcher jusqu’à sa mort. Et ça c’était sans parler de la peur incontrôlable qui le prendrait pour une seule seconde sous cet astre maudit.

« Mais si vous voulez débuter vos leçons, vous allez devoir dormir. »

Et il pointa d’un doigt les accoutrements en lambeaux qui laissaient très peu de place à l’imagination.

« Et préférablement dos l’un à l’autre. Je suis peut-être mort, mais ma nature de prédateur existe dans plusieurs façons ; le sang, la violence, l’avarice et le sexe. Et oui, je suis parfaitement conscient de la nature problématique de ce que je viens de dire, mais les vampires ne seraient pas qualifiés de monstre s’ils pouvaient contrôler leurs pulsions. Il est vrai que dos ou non, cela ne change pas le fait que vous êtes une femme, mais autant prendre les précautions nécessaires. »

Il ne pouvait pas nier sa nature. Il pouvait assurément lutter contre, mais tôt ou tard, s’il désirait quelque chose, il l’aurait. Pour le moment, tout allait bien ; il était gorgé de sang, il n’était pas dans un état de frustration quelconque, ses émotions étaient aussi neutres que possible, mais cela ne représentait en rien une protection pour la jeune vampire. Sa vulnérabilité éveillait le désir d’en profiter, et les vampires n’étaient rien sinon des opportunistes. Est-ce que cela justifiait les viols, les meurtres et encore plus ? Non. Et il était parfaitement confortable avec le fait qu’il était un monstre. Cependant, il était un monstre avec un code, et ce code ne lui permettait pas de laisser une victime potentielle sans un sérieux avertissement.

10
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: lundi 05 décembre 2022, 18:04:21 »
« C'est bizarre...La façon dont vous êtes arrivé ici, ça ne ressemble pas à de la magie, mais plutôt un des portails présents sur Terre, qui amène dans ce monde. Êtes-vous sûr d'avoir été victime d'un sort ? »

« Les seules créatures que je connaisse capable de faire de tels portails restent les Magi. Et justement, avant de me retrouver ici, j’avais une discussion plutôt amère avec l’un d’entre eux. Si je trouve un moyen de rentrer, Marcel ne saura jamais ce qui lui est tombé dessus. »

Contrairement aux mages connus sur Terra, les Éveillés de la Terre sont des apocalypses sur patte, des êtres si puissants au potentiel si illimité que s’ils décidaient de changer la tapisserie même de la réalité, eux, pauvres humains et « somnoleurs » ne seraient même pas capable de remarquer le changement, grâce à un effet surnaturel qui se contenterait simplement de leur faire oublier ces règles. Mais passons ; le moins une personne parlait des Magi, le moins ils risquaient d’attirer leur attention.

Marcel n’était pas un mauvais type. Franchement, le tuer lui ferait un peu mal au cul, mais d’un autre côté, le passer à tabac semblait une excellente façon de lui communiquer sa frustration. C’était le risque avec les Magi, ils n’étaient pas toujours conscients des erreurs qu’ils commettaient, et il leur arrivait même de lancer des sorts par simple réflexe ou un souhait accidentel.

Calypso lui expliqua alors qu’elle avait été transformée par un vampire qui était physiquement aussi âgé qu’elle. Une surprise, à ne pas en douter, et comme elle le dit, probablement un nouvau-né, considérant le manque de considération dans la métamorphose d’un nouveau vampire. Elle admit n’avoir aucune connaissance des disciplines de Caïn ou d’un autre pouvoir.

Elle prit place à son côté et, dans un élan de courage auquel il ne s’attendait pas, lui admit qu’elle voulait essayer. Qu’elle voulait tenter de trouver un moyen d’être un vampire, et de pouvoir se contrôler. De ne plus succomber à la Bête en elle. Elle en profita aussi pour lui faire une pique ; elle le traitait de détaché.

« Je prends exception au terme ‘détaché’. Je préfère ‘résigné’. Ce n’est pas de l’indifférence, c’est simplement accepter que certaines choses ne me concernent pas. Quant à apprendre à être une créature de la nuit… cela peut prendre des années. Des décennies. En même temps… » -Il regarda le plafond de la grotte- « Je suppose qu’il n’y a pas moyen de savoir quand je trouverai un moyen de rentrer, donc je pourrais vous apprendre à vous contrôler. Ou du moins à ne pas tuer à chaque fois que la faim vous tenaille. »

Donc, il suffisait à Calypso de ne pas lui révéler qu’elle connaissait un moyen de retourner sur Terre, et elle pourrait jouir d’un professeur aussi longtemps qu’elle le souhaitait. Après tout, ce n’est pas comme si Hadrian était au courant que s’il existait des portails sur Terre qui menaient à ce plan, il y en avait d’autres qui allaient dans l’autre sens.

« Le soleil ne va pas tarder à se lever. Mine de rien, il doit être près de quatre heures du matin. Si vous avez des questions, c’est le bon moment. Demain, je vais aller chercher une ville ou un village. Il faut bien que je commence à trouver des informations quelque part, et je doute que les locaux sont habitué de voir un homme se balader avec un complet Armani.

11
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: mardi 22 novembre 2022, 08:19:44 »
- Je ne sais pas...En quoi un vampire serait un cadeau de Dieu ? Nous sommes des immondices...Des êtres sans âme, flirtant entre deux eaux...Nous ne sommes qu'en attente de jugement, et je trouve que c'est une situation pire que la mort elle-même.

- Cela implique que Dieu serait foutu de faire un cadeau à quiconque que lui-même, mais oui, je vois ce que vous voulez dire.

Le Tremere haussa des épaules, témoignant ainsi de son détachement envers la conceptualisation générale de l'entité divine. Pour un Caïnite, Dieu n'était rien de plus qu'un autre tyran avec beaucoup, beaucoup de pouvoir. Si Caïn était la première génération de l'espèce, alors Dieu était la génération zéro, l'origine, et considérant la cruauté du monde, autant du côté des humains que des créatures peuplant les rues une fois la nuit tombée, il n'était pas impossible que Celui d'En Haut prenait un certain plaisir à insérer le plus de facteurs de chaos dans le monde. Comme il l'avait dit plus tôt; vampires ou non, Dieu avait assez de puissance du bout des doigts pour mettre fin à tout ce qui dérogeait à son "plan" d'une pensée, ce qui voulait dire que soit les êtres comme eux faisaient parti de son plan, soit Dieu n'en avait simplement rien à faire, et donc, se soucier de son grand plan n'avait aucune importance.

- En vérité, je n'ai jamais trop pris le temps d'observer ce monde nouveau pour moi, et encore moins de profiter de moments de ce genre. Je suis toujours là à fuir, esquiver le monde et me cacher...Comment peut-on profiter dans cette demi-mort ?

Le vampire lui tendit sa cigarette, et la regarda alors qu'elle en tira une seule bouffée, qui lui arracha un toussotement fort agressif. Le vampire eut de nouvelle fois un haussement de sourcils rempli d'interrogation; est-ce que cette demoiselle avait encore des poumons fonctionnels malgré son état de mort-vivante? Fascinant. Définitivement, si elle était de son espèce, elle devait être une Caitiff de sang éclairci, car jamais il n'avait vu un membre de sa race cracher ses poumons de cette façon. Il s'abstint cependant de la questionner, et lui tendit le mouchoir pour qu'elle puisse s'essuyer les lèvres après avoir autant toussé.

- Ce n'est même pas bon. C'est donc ça « profiter » en tant qu'immortel ?

- C'est un des bénéfices d'être mort; c'est que je suis incroyablement difficile à... eh bien, tuer. Non, je parle de sensations, de plaisirs, d'émotions, et nos vies en sont normalement remplies, pour peu que nous nous y accordions. Les mortels se complaisent dans le sexe, la drogue, la violence et le vice, mais ne font qu'égratigner la surface de ce que nous pouvons atteindre, si ainsi inclinés.

- Vous...Vous êtes seul ici ? Vous n'avez pas toujours été un vampire ? Pour tout vous dire, vous êtes le deuxième ou troisième vampire que je rencontre, mais le premier de ce monde...Et les autres étaient des cinglés. Et j'espère sincèrement que vous ne l'êtes pas. Je ne sais pas comment vivre réellement comme un vampire. J'ai juste l'air d'une pauvre clocharde sous un pont, attendant qu'un passant jette son sandwich pour croquer dedans.

-Seul? Oui. La plupart des vampires se suffisent à eux-même, et n'apprécient pas d'avoir un autre semblable dans les environs, simplement parce que nous semblons attirer l'attention dès que nous nous regroupons. Peu commode lorsque notre mode de vie requiert discrétion. Et non, je n'ai pas toujours été un vampire. De fait, je n'ai jamais entendu parler d'un vampire ayant toujours été un vampire. Même ceux qui se décrivent comme étant des vampires purs ne sont simplement que des anciennes sangsues de basse génération. Leur pouvoir est certes redoutables mais fut un temps, ils étaient tout aussi humains que nos proies. Quand à savoir si je suis cinglé... à vous de me le dire. Assurément moins qu'un Malkavien, mais la barre est haute, dans leur cas.

Il tira une bouffée sur sa cigarette, et souffla un épais nuage de fumée, avant d'écraser le mégot contre le sol de terre et de s'allonger sur la peau d'ours, les bras croisés derrière la tête, les yeux levés au plafond.

- Je ne suis pas d'ici. Je viens des États-Unis, mais je me suis installé à Seikusu. Le pourquoi du comment je me suis rendu ici m'échappe complètement. À vrai dire, je soupçonne encore être sous l'emprise d'une discipline quelconque, mais ces disciplines ne me laisseraient normalement pas en mesure de contrôler mes capacités, et comme mes propres capacités ne suffisent pas à me tirer d'ici, je suppose que je me suis fait éjecté de ma réalité par un Mage, ou une autre entité capable de forcer un tel voyage. Peut-être même un thaumaturge s'étant aventuré sur une Voie que je ne connais pas, et probablement qu'il ne maîtrise pas. Beaucoup de suppositions, peu de réponse. En ce qui concerne votre éducation, il est le devoir de votre Parent de vous former. J'en déduis, par votre confusion et votre terreur face à votre propre nature, que le bougre a pris la poudre d'escampette peu après votre Étreinte, ce qui veut dire qu'il est soit mort, en danger ou simplement très imprudent. Dans tous les cas... il ne fera pas long feu. Vous éduquer prendrait un temps considérable, des années voire des décennies, et encore.

Il cligna des yeux, quelques fois.

-Mais si vous tenez à apprendre à survivre, la première chose que vous devriez faire est vous débarrasser de votre peur de vivre. Nul n'arrive à quoi que ce soit s'ils craignent chacun de leurs actes. Vous êtes peut-être un prédateur sauvage et sans merci, mais vous avez autant sinon plus le droit de vivre que ceux qui voudraient vous priver de votre vie, et également de ceux dont la mort ou la souffrance vous apporte votre pitance. Humains, animaux, quitte à devoir tuer d'autres semblables, vous devez apprendre à chérir votre existence plus que celle de quiconque. D'expérience, la vie d'un vampire n'est souffrance que si ce vampire l'autorise, que ce soit volontairement ou inconsciemment.

12
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: jeudi 22 septembre 2022, 18:50:23 »
- Qu'est-ce que j'ai fait ? ...Non!

Comme Hadrian s’y attendait, la jeune femme se mit de nouveau à sangloter et s’apitoyer sur son sort. Pour sa défense, se dit-il, elle était soit une nouvelle venue dans le monde des ombres, ou alors elle avait simplement un bon coeur. Le Tremere avait perdu une grande part de son humanité, au point qu'il n'y avait que très peu de choses qui pouvaient bien le surprendre ou le choquer.

- À quoi bon...une vie de la sorte ? Si je puis appeler ça une vie...Ça me répugne. Je me dégoûte. Pourquoi m'avoir sauvé ? Vous auriez très bien pu me laisser mourir.

- Vous savez, je me pose moi-même la question. Je ne me prends pas souvent de pitié pour la progéniture des autres.

Le Tremere agrippa la carcasse exsangue de l’homme à plumes et le jeta dehors sans plus de cérémonie, une offrande pour les esprits locaux, qu’ils aient la gentillesse de lui ficher la paix en cette nuit. Il revint vers la jeune femme, tirant un mouchoir de sa poche pour lui frotter les yeux, avant de marquer une pause et de regarder les marques humides sur le tissu. En voilà une surprise ; un vampire pouvant pleurer à la façon des humains

Il y avait peu de chose qui pouvait bien surprendre le Tremere, mais c’était la première fois qu’il voyait des larmes, de vraies larmes, venir d’un vampire. Ce n’était pas quelque chose d’habituel.

Après, ce n’était que des larmes. Il finit d’essuyer les yeux de la demoiselle et lui pinca le nez avec le mouchoir, comme un parent avec un bambin morveux.

- Loin de moi l’idée de vous pousser à l’introspection, mais vous savez, vous n’êtes pas plus nuisible à autrui qu’un autre. Je veux dire… les humains n’ont besoin de personne pour s’entretuer ou se faire tuer par une autre bête.

Le vampire rangea le mouchoir et la regarda dans les yeux.

- Et puis, vous ne trouvez pas que vous noircissez un peu le tableau? Vous êtes un vampire. Vous avez l’autorisation même de Dieu, le type qui pourrait effacer notre existence d’un claquement de doigts –que dis-je, d’un coup d’œil- si nous ne figurions pas sur son grand projet, d’être un monstre ou un sauveur. Vous pouvez être plus fort, plus rapide, plus endurant et plus résistant que l’homme commun, pour peu que vous vous nourrissiez proprement. Le meurtre en soi n’est pas nécessaire, sauf si vous ne vous abreuvez pas assez régulièrement.

Après tout, même lui ne commettait qu’un meurtre de temps en temps, souvent dans l’urgence, mais les vampires modernes devaient faire attention ; contrairement au Moyen-Âge, il ne suffit plus de déménager dans une autre contrée pour éviter les chasseurs de sorcières ou les forces de l’ordre ; une fois votre identité grillée, vous êtes dans la merde.

Pour lui, il n’y avait pas vraiment de mauvais côté à la vie d’un vampire. Bien avant d’être un vampire, il vivait déjà surtout de nuit, ne voyant le soleil que dans les rares occasions où il parvenait à se lever assez tôt. Cependant, cela n’enlevait rien au fait que la jeune femme était assurément sous d’énormes angoisses, mais le fait qu’elle ne voyait pas de bénéfice à cette vie lui était un peu insultant.

- Et puis, il y a des choses que seuls les vampires peuvent expérimenter à leur juste valeur. N’avez-vous jamais regardé les étoiles ou la lune pendant des heures, juste pour voir ces astres d’une façon nouvelle ? Ne vous êtes-vous jamais ravi des mille et unes expériences que vos sens accrus. Miss Wymfire, je ne souhaite pas vous vexer, mais… vous avez une opportunité qui n’est offerte qu’à une poignée d’êtres humains. Vous avez tout ce pouvoir à portée de votre main, et tout ce que vous voyez, c’est le côté négatif des choses.

Après cette tirade, il se redressa et ajusta son complet. Malgré les nombreuses déchirures du vêtement, il semblait toujours aussi professionnel, comme s'il s'apprêtait à rencontrer le comité des directeurs d'une entreprise. Il plongea alors une main dans son veston et en tira une cigarette, ainsi qu'un briquet électrique. Les flammes étaient une forte mauvaise idée pour les gens comme lui. Apres l'avoir allumée, il en aspira une bouffée, avant de lui en offrir une à son tour. Après tout, le cancer n'était pas une maladie que les vampires pouvaient développer, alors pourquoi s'en priver?

13
Les contrées du Chaos / Re : Suis-je comme vous ? [Hadrian Kensley]
« le: jeudi 22 septembre 2022, 00:59:56 »
- Je suis une vagabonde...Je n'appartiens à aucun clan...Seule. Je suis seule.

Une Caitiff esseulée au milieu de nulle part? On pouvait changer d'époque, mais visiblement, on ne changeait pas les habitudes. Encore une pauvre néophyte abandonnée, laissée à elle-même, dans un monde qui ne demandait qu'à lui mettre un pieu au coeur. Enfin, Hadrian ne pouvait que supposer que cela était le passé, et que ces créatures n'étaient que d'autres créations plus ou moins artistiques d'un Tzimisce en manque d'activité.

Malgré sa capacité pour la violence, Hadrian relâcha la tension de ses doigts, décidant qu'il n'était pas nécessaire d'asséner d'autres coups à la jeune femme. Son regard glissa un moment sur les formes de la néophyte, plus pour en faire un examen visuel que par envie; elle était fort jolie. Émaciée et affaiblie, assurément, mais fort jolie, ce qui le poussait à croire que son progéniteur ou progénitrice était peut-être un Toreador en manque d'amour. Enfin, cela ne lui importait pas vraiment.

- Je vous...remercie. Sans vous, je ne serais déjà plus là...Merci. Vous...Hadrian, êtes-vous aussi un vampire ?

- Les humains appellent mon espèce ainsi. Entre nous, nous nous appelons Cainites, ou descendants de Caïn.

Caïn était le premier être humain à se voir infliger la malédiction du vampirisme après avoir commis le premier meurtre. Une punition, certains disaient, de Dieu, mais considérant que Dieu n'en avait pas grand chose à faire des humains après le péché originel, Hadrian adhérait à la théorie Noddiste qu'en fait, ce serait des anges peu scrupuleux qui auraient châtier le Progéniteur pour avoir refusé le pardon de Dieu. Enfin, cela ne le concernait pas vraiment; l'existence de Caïn était à peu près aussi certaine que l'existence d'Adam et Ève, autant dire que les preuves sont minces.

Voyant qu'elle n'était ni en état de se battre ni en état de se nourrir ou de se défendre contre d'éventuels prédateurs, le Tremere se pencha sur Calypso et entoura ses genoux de son bras avant de la soulever de terre avec aisance, la tenant d'un bras, agrippant deux des cadavres des emplumés de sa main libre pour les traîner derrière lui.

"Perdu au milieu de nulle part avec une néophyte et des hommes-oiseaux. Je ne le vivrais pas, je ne l'aurais jamais cru."

Ils marchèrent pendant un bon moment, alors que le Tremere cherchait un abri de cette foutue pluie et surtout quelque part où ils pourraient dormir sans risquer de s'exposer au soleil. Le vampire semblait se vouer à un mutisme, mais dans les faits, il était simplement attentif; la dernière chose qu'il voulait était de tomber sur un village complet rempli de ces cervelles d'oiseau et devoir pratiquer un massacre général. Autant le concept même d'un homme-oiseau l'horrifiait, car il se demandait quel genre d'énergumène pouvait bien prendre du plaisir à pénétrer le cloaque d'un oiseau, et l'image en elle-même le dégoûtant foncièrement, il ne se voyait pas comme le responsable derrière un génocide.

Après une bonne heure, il dénicha enfin une grotte! Oui! Une grotte.

Habitée.

Par un ours.

Et par ses oursons.

Merde.

Il déposa donc Calypso au sol, près des deux cadavres, et tira un couteau de sa poche en s'approchant de la petite famille d'ursidés. À son approche, les bêtes massives se mirent immédiatement en position d'attaque, et le vampire bondit, comme un félin, sur le plus gros représentant présent de cette espèce, sans la moindre peur, et enfonca sa lame précisément dans la nuque du monstre poilu, sectionnant la colonne vertébrale au niveau du cou, avant de flanquer un coup de pied brutal dans un des oursons, qui s'envola vers les bois. Les deux autres représentant de l'espèce, des juvéniles, prirent la fuite, sachant que celui qui venait de mettre fin au jour de leur parent ne les laisserait pas vivre s'ils passaient à l'attaque.

Est-ce qu'Hadrian se rendait compte à quel point il était un enfoiré de première aux yeux de toutes les associations de la protection des animaux? Assurément. Il n'était pas extraordinaire pour lui de montrer un mépris notable pour les animaux, surtout parce qu'ils lui montraient naturellement de l'hostilité (après tout, les animaux comprenaient d'un simple regard que ce qu'ils voyaient n'est pas censé bouger, ce qui témoignait d'un instinct et d'une intelligence que nombreux humains ne possédaient pas) et du coup pouvaient lui causer des problèmes avec les autorités ou leur propriétaire.

Après avoir débarrassé la grotte d'excréments et de souillures, le vampire se posa avec sa nouvelle connaissance, puis fit entrer la carcasse d'ours puis la carcasse d'oiseau et entrepris de les drainer, un à la suite de l'autre, jusqu'à ce qu'il soit parfaitement rassasier. Il laissa le dernier homme-oiseau à la disponibilité de la néophyte alors qu'il trainait l'ours dehors et l’éviscérait à coup de couteau et le nettoyait à l'eau de pluie, ramenant ensuite l'animal à l'intérieur pour en faire un lit de fortune sur les pierres.

- Mangez. Ce serait un gaspillage et une offense de ne pas vous rassasier de ce gibier. Et je vais vérifier, hein, alors ne faite pas semblant.

14
L'absence de curiosité de Seki surprit le mort-vivant. Il s'attendait à une myriade de questions, du genre "comment savez-vous ceci" ou "comment savez-vous cela", mais il n'en fut rien. Dans les faits, il lui semblait même que la jeune demoiselle n'en avait plus ou moins rien à fichtre d'Omcorp. Sa surprise laissa ensuite place à une certaine satisfaction; le fait qu'elle ne soit pas intéressée plus que cela démontrait qu'elle ne s'accrochait pas à son passé, une anomalie chez le genre humain. Il se contenta d'un simple sourire, alors qu'elle étirait le bras vers une assiette posée sur la table de chevet. Comme il ne savait pas quand elle se réveillerait, il avait opté pour un repas froid, à savoir un sandwich, des fruits, une compote de pomme. Visiblement, il avait bien choisi, considérant le fait qu'elle en dévora la moindre miette.

Lorsqu'elle finit de manger, elle déposa l'assiette et lui demanda ce qu'il comptait faire d'elle, prétextant qu'elle n'avait pas grand chose d'intéressant. Visiblement, elle ne se rendait pas compte elle-même à quel point sa situation était exceptionnelle. Ce qui lui avait été infligé pour arriver à ce résultat, il n'en savait évidemment rien, mais pour ce qui est du résultat en lui-même, elle était immortelle, la preuve formelle que la science pouvait accorder à un être humain la vie éternelle si elle était suffisamment poussée. Elle commença alors à déboutonner la chemise de soie du pyjama, s'attendant visiblement à ce qu'il lui réclame des faveurs sexuelles en échange de sa liberté ou du moins de sa sécurité. Le fait est que la simple idée qu'elle soit prête à se donner au premier venu sans provocation lui faisait douter de sa capacité à survivre. Cependant, il ne pouvait nier qu'il serait fort simple de profiter de la situation. Définitivement, elle n'était pas hostile à l'idée, et il avait assurément commis des crimes ou des actes répréhensibles qui, sur papier, étaient définitivement plus grave qu'abuser d'une captive.

Cependant, elle était également la solution à un problème qui l'ennuyait assez régulièrement; puisqu'elle semblait capable de régénérer de toute blessure, elle était, du moins en théorie, une source inépuisable de sang. Même sans compter les Caïnites, il y avait pas moins de six pour cent de la population de Seikusu qui se nourrissait, pour une raison ou pour une autre, de sang. C'était un marché très lucratif, et très intéressant dont il pourrait prendre le contrôle. Mais la première étape était de gagner la confiance de la jeune femme, et potentiellement de s'assurer de sa coopération et de sa discrétion.

"Eh bien, ce n'est pas ce que j'avais en tête pour ce soir, mais bon, pourquoi pas," lui dit-il en retirant son veston puis sa cravate.

Il prit délicatement le menton de Seki entre son pouce et son index, plongeant son regard dans le sien.

"Cependant, après votre satisfaction personnelle, mademoiselle, j'ai fort l'intention de vous faire une offre, à notre bénéfice mutuel."

Objectivement parlant, Hadrian était un homme adapté aux normes sociales de beauté masculine. Sans être exagérément viril dans son apparence et dans ses habitudes, il maintenait cependant un charisme indéniable qui attirait les partenaires potentiels, hommes comme femmes, et surtout que sa nature en tant que créature étrangère, sa simple présence intriguait la plupart. Les Caïnites attiraient l'attention, d'une manière ou d'une autre. Cela pouvait s'exprimer en terreur ou en obsession, et Hadrian avait été l'objet des deux.

Il usa d'un peu de Vitae pour raviver ses pulsions de vie; le sang qui coulait dans ses veines, normalement inerte, se remit à circuler normalement, redonnant à sa peau une couleur plus rosée, plutôt que sa pâleur maladive habituelle, son coeur normalement silencieux pompant le liquide au travers de son corps en entier. Ses poumons recommencèrent à respirer de l'air sans qu'il n'ait à y penser. Activer ses fonctions vitales étaient, après tout, nécessaire pour satisfaire les prérequis à l'acte sexuel.

Il se pencha alors sur Seki et déposa quelques baisers au creux de son cou, puis son buste, alors qu'il grimpait la rejoindre dans le lit. Hadrian était beaucoup plus grand qu'elle, et visiblement plus musclé qu'elle ne l'était; il ne lui en faudrait pas beaucoup pour lui imposer sa volonté par des moyens plus brutaux. Cependant, il n'était pas pressé. Seki sentit alors les mains du vampire se glisser sur sa chemise et déboutonner les derniers obstacles, avant de se glisser sur son ventre, massant sa peau délicatement, avant de remonter le long de ses flancs, jusqu'à ses épaules. Sous les mouvements d'Hadrian, la tenue de soie glissa simplement le long des bras de la jeune femme. Une main d'Hadrian se nicha au creux de son dos, la supportant, alors que l'autre venait masser délicatement son sein droit, le palpant adroitement, sans lui faire de mal, taquinant son téton entre le majeur et l'annulaire.

Hadrian préférait commencer lentement puis explorer ce qui venait réellement attiser ses partenaires. Son but n'était pas de blesser la jeune femme, mais de gagner sa confiance, et pour gagner sa confiance, il fallait qu'il maintienne au moins l'illusion de la considérer comme son égal, et cela passait par un respect, sincère ou fictif, de sa part, un art qu'il avait depuis maîtrisé.

15
" Où se trouve mes vêtements ? "

Question simple, et prononcée assez clairement pour qu'Hadrian redresse la tête et jette un coup d'oeil vers la chambre, dont la porte bien ouverte lui laissait l'opportunité de surveiller la dormeuse. Il la regarda un moment, portant la cigarette à ses lèvres pour en tirer une bouffée et la souffla dans un purificateur à filtre, une merveilleuse petite invention qui limitait les dégâts causés par la cigarette, ainsi que les odeurs. C'était relativement limité, puisque la cigarette en elle-même émanait ses propres effluves, mais c'était toujours mieux qu'un nuage de fumée. Il fit tomber la cendre dans le cendrier, déposant la petite pile de papiers sur la table basse.

" Il serait de mauvais ton de vous laisser dormir avec des vêtements maculés de sang dans un lit aussi confortable, non? Qui plus est, je me ferais passer un savon par la femme de ménage. "

Propre à tous les sociopathes fonctionnels, malgré le fait qu'il soit dans une situation où il serait assurément accusé de kidnapping et potentiellement de négligence criminelle pour ne pas avoir guidé la jeune femme vers l'hopital, Hadrian restait parfaitement calme et courtois envers son invité, se différenciant par ce fait du criminel commun, contrôlé par ses pulsions.

Il se releva de son siège de cuir et marcha pour couvrir la distance qui le séparait de la jeune femme. Dans le silence complet de l'appartement, ses pas résonnaient comme des coups de marteau, jusqu'à ce qu'il se retrouve à son côté, ses yeux bleus brillant légèrement malgré l'absence de lumière vive. Il glissa alors un doigt entre les pans de la chemise que la jeune femme portait, faisant sauter les deux boutons inférieurs, révélant son abdomen. Il posa alors ce même doigt à l'endroit où la blessure aurait dû se trouver, un endroit où il ne restait même pas l'ombre d'une cicatrice. Il ne la quittait pas des yeux, étudiant ses réactions, avec la même fascination qu'un scientifique devant une anomalie.

"J'ai vu beaucoup de choses étranges dans ma vie, mais c'est la première fois que je vois quelqu'un se rétablir d'un coup de couteau aussi rapidement et pourtant être aussi humain. Et pourtant, vous voilà ici, en parfaite santé. Une visite à l'hôpital vous aurait garanti un séjour de très longues durées dans un laboratoire gouvernemental, et je me doute que cela n'aurait pas plu aux investisseurs d'Omcorp. "

Il étira un sourire, puis il retira sa main pour rattacher les boutons.

" Ne vous inquiétez pas. Mon intérêt dans cette compagnie n'est rien qui vous concerne directement. Certains de mes semblables y portent une plus grande attention, et je ne serais pas surpris que certains soient directement impliqués. En ce qui vous concerne... c'est surtout votre remarquable capacité de régénération. Au fait, avez-vous faim? "

Pendant qu'elle était inconsciente, il avait pris la peine de faire livrer de la nourriture par son assistant, d'un coup que la régénération était également accompagnée d'un appétit conséquent. Rare étaient les capacités apparemment surnaturelles qui pouvaient être utilisées sans effort ou sans ressource.

Pages: [1] 2 3 4