Les alentours de la ville / Re : Un petit verre, ça fera pas de mal, pas vrai ? (pv Grayle)
« le: Aujourd'hui à 18:41:54 »La réaction de l’inconnue, pour brusque et froidement cordiale qu’elle était, avait rassuré Grayle. Si elle avait été trop entreprenante, il aurait flairé un piège. Mais rien de ça cette fois. Bien que toujours aussi lascive, ne le quittant pas des yeux tout en buvant à la bouteille d’une manière plus suggestive qu’elle ne le réalisait, la somptueuse femme refusait de partager son butin. Comment l’avait-elle transporté jusqu’ici d’ailleurs ? Mystère.
Allongé sur l’herbe à côté d’elle, dos au sol, le cœur du jeune homme battait à tout rompre, tant de sa marche forcée ininterrompue que l’excitation provoquée par la vision qui s’offrait à lui. L’être devant lui était un pur appel à la débauche, et s’était habillée en conséquence. Le corps brûlant sur l’herbe fraîche, il inspira. Elle puait l’alcool. De toute évidence, le précieux liquide renfermé dans ces bouteilles était particulièrement fort, ce qui n’était pas pour déplaire à l’immortel, dont le corps pouvait absorber d’invraisemblables quantité d’alcools avant de perdre le contrôle.
- De quoi une femme comme vous pourrait avoir envie ?
Il avait utilisé le terme « envie », et non « besoin ». La tête contre le sol, il la regardait, fronçant les sourcils. Théâtral, il réfléchissait, croisant les bras un instant.
- Vous ne ressemblez pas à une démunie. Vos vêtements sont de qualité… une noble en fuite ? Dois-je m’attendre à voir une nuée de chevaliers débarquer ?
Il roula sur lui-même, se retrouvant face au sol.
- La seule chose de valeur que j’ai, c’est moi-même, dit-il en pointant le pouce vers son torse dévoilé par l’ouverture de sa chemise, encore brillant de transpiration. Mes bras, mon intelligence, mon esprit et ma vigueur. Je n’ai besoin de rien d’autre, et c’est bien suffisant pour satisfaire mes employeurs.
Ses yeux se concentrèrent sur la corne qui ornait le front de la femme. Une corne… comme une licorne ? Cette femme était-elle une hybride, née des amours interdits entre une licorne et un homme ? Ou peut-être même une licorne ? Grayle avait des siècles d’aventure derrière lui. Il avait rencontré de nombreuses choses et de nombreux êtres, et était familier avec les créatures capables de revêtir une forme humaine.
Qu’elle l’ait appelé « poulain » n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. D’un geste fluide, presque serpentin, il ouvrit son sac. Il savait ce qui pourrait lui plaire.
Une simple gourde. Ronde, enfournée de cuir marron, avec un bouchon en liège. Comme il en existe des millions à travers les mondes. Il l’ouvrit dans un « pop ».
Avant d’en verser le contenu sur l’herbe. En quelques secondes, la gourde fut vide.
Et puis, soudainement, le cours d’eau reprit sa chute. Encore. Et encore. Et encore.
Même quelqu’un de bête à manger du foin aurait compris que cette gourde pouvait contenir bien plus de liquide que ce que son apparence pouvait suggérer.
- Il n’y a pas de limite dit-il, comme pour répondre à la question que la belle blonde pouvait se poser. Pour l’instant, elle est remplie d’eau.
Il s’approcha lentement d’elle, ses yeux brillants dans la nuit pâle, même si la lune et les étoiles l’éclairaient d’une lueur d’argent.
- Mais je suis sûr que nous pouvons la remplir de quelque chose de bien plus intéressant, n’est-ce pas ? Et au passage, je n’ai plus l’âge d’un poulain. Quitte à me surnommer, "étalon" sera bien plus approprié…









