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Les terres sauvages / Re : La découverte du coeur des Abysses { Pv ~ Balhzanar }
« le: dimanche 10 septembre 2023, 20:03:28 »
Elle l'écoutait. Patiemment, calmement, elle laissait ce démon lui répondre avec des arguments qui, malgré tout, avaient tendance à le faire passer our un coupable cherchant tant bien que mal de se défendre face à une accusation qui n'était pourtant jamais venue sur le tapis. C'était ... presque amusant. En soi, elle ne venait effectivement que par le biais d'une simple curiosité personnelle, son rôle et ses devoirs l'ayant finalement poussée afin qu'elle possède une justification valable, mais elle ne pouvait nier qu'elle avait volontairement cherchée à en apprendre plus. Quel en était le résultat ? Eh bien, dans l'immédiat, le démon aux puissant pouvoirs lui faisait l'effet d'un chaton, tellement replié sur lui-même et sa propre survie que le moindre de ses propos visait à sa propre protection, à une volonté fière de se faire passer pour un tigre de peur que l'on se rende compte qu'il n'en avait pas encore les griffes. Le petit défaut decette observation, c'est que même l'Exécutrice avait bien conscience que les pouvoirs et attributs qui avaient été concédés à cette créature par le pouvoir de l'imagination humaine pouvait très bien suffire à lui causer quelques problèmes. C'était, effectivement, un tigre, aussi il était intelligent de la part de l'archidémone de ne pas se complaire dans une attitude supérieure. Le risque restait qu'un affrontement imprévu puisse lui causer plus de dommages qu'elle ne le désirerait.

En tout cas, elle laissa le fameux Balhzanar s'adonner à sa défense et son repondant sans l'interrompre, l'observant simplement se déplacer dans son imposant hall des temps anciens pour aller quérir la boisson qui se trouvait un peu plus loin. Ses yeux se posant d'ailleurs sur la bouteille de vin, elle n'osait imaginer le contenu qui se trouvait dans la bouteille s'il n'avait pas été suffisamment bien gardé, un détail qui lui semblait particulièrement peu probable au vu de son existence dans les profondeurs océaniques. À moins que quelques sortilèges d'autrefois n'ait été utilisé pour figer la liqueur dans le temps, il devenait assez évident pour Keleth que l'on pouvait craindre pour le plaisir qu'allait procurer pareil breuvage. Pourtant, elle ne fit pas mine d'afficher sur ses traits ces observations, ces introspections, préférant simplement quérir la bordure de la coupe d'un geste gracile, plaçant la pulpe de ses doigts sur le contour du calice. L'homme but en premier, acte souverain dont le regard qui s'ensuivit l'informa qui la prenait à partie. Point de poison. Une manière de montrer patte blanche relativement intéressante pour la démone : Nombre des corps des enfers sont immunisés aux affres de l'empoisonnement de par leur nature éthérée, non-vivant dans le sens le plus factuel de celui-ci. En revanche, d'autres formes d'éliminations détournées existaient, le genre de secrets que bien des êtres infernaux se gardent de mentionner.

En tout cas elle ne lui offrit pas la honte de refuser son présent, trempa ses lèvres dans le breuvage pour constater avec joie que celui-ci semblait effectivement avoir survécu au temps. Un tour de force qu'elle se permit d'apprécier en silence tandis qu'elle recevait les utlimes réponses de Balhzanar. Le pauvre semblait continuer sa tirade sur le fait qu'il n'avait rien à voir avec les "autres", ceux de l'enfer, n'ayant visiblement pas plus long discours que celui de défendre sa nature si différentes de ses comparses. Malheureusement pour lui... L'archidémone avait quelque-chose qu'il n'avait pas dans l'immédiat. Le fait tout simple qu'elle, de manière claire et unanime, avait une place dans les enfers, une place suffisante qui lui permettait d'en parler en premier lieu, d'argumenter en second... Chose qu'elle entama de faire tandis que son interlocuteur venait de finir son verre, puis de lui jeter une énième préconception de l'enfer qui lui était toute personnelle.

" Ce royaume et l’enfer ne sont pas connecté. Il est même certainement plus difficile d’atteindre mon royaume que l’enfer. Il faut bien avouer que la frontière de l’enfer est un vrai gruyère. Je n’ai aucune affaire avec l’enfer et c’est certainement bien mieux ainsi. Alors que peut-on reprocher à un royaume qui n’a aucune lien avec un autre ?
 - Effectivement, il y a de la vérité dans ce que tu dis. Mais il y a aussi beaucoup de suppositions, voire même une espèce d'innocence qui est presque fascinante quand elle provient d'une entité qui ne connait pas la souffrance de la vieillesse et du temps qui passe. Permets moi donc de t'instruire un court instant. "

Elle s'approcha en deux pas, se pencha un peu en avant pour pouvoir se glisser à l'oreille du démon des abysses, dont la taille semblait être légèrement inférieure à la sienne. Alors, elle laissa glisser ces mots entre ses lèvres, d'un ton joueur, presque amusé.

" Visiblement, les humains ne t'ont pas donné seulement forme. Ta compréhension du monde semble actuellement être limitée à ce que les humains même pensent et conçoivent de celui-ci. "

Ricanant tout bas, elle le dépassa alors pour se retrouver dans son dos, reprenant dès lors son propos par une explication presque scolaire, peut-être même un peu maternisante. Tant pis si cela le vexait, mais l'Exécutrice considérait qu'il était temps de donner à ce garnement un brin de conscience vis-à-vis de ses homologues. Car qu'il le veuille ou non, il était de manière absolument évidente une entité démoniaque, une forme de vie à nulle autre pareille d'ailleurs car il avait de quoi prouver que son essence pouvait rivaliser avec certaines des plus puissantes de ce monde et des autres. C'est donc avec un grand renfort de geste presque surjoués que la démone à l'apparence humaine se permit de l'instruire, lui offrant le détail de ce qu'elle avait vécu, bien loin de la forme de compréhension crûe et stérile de l'humanité :

" Les enfers ne sont qu'un lieu parmi d'autre, une nation où le chaos qui y règnent fait perpétuellement face à une caste rigide, dans le simple espoir de ne pas avoir à vivre dans les méandres incessants d'un illogisme hébétant. Il existe des êtres démoniaques qui à mon instar découlent de lignées plus ou moins anciennes, d'autres qui sont, comme toi, le fruit d'agglomérat de cultes, d'imaginaires et de contes divers et variés. Certains sont des bêtes, à peine capable de comprendre leur nature, tandis que d'autres sont des formes de vie qui n'appartiennent même pas à notre univers, ne provenant que d'espaces lointains, perdus entre les dimensions. En tout cas, ce n'est pas parce que tu "es né de part les humains" que tu n'as rien à voir avec nous. Ton essence, ta nature, elle parle pour toi, rien de plus, rien de moins. "

Elle se retourna en sa direction en un demi-tour vif, allant pour prendre une grande gorgée de son breuvage. Qu'il essaye de lui répondre, de rejeter son propos, ou de garder le silence, elle n'en eut cure. Elle reprit juste après son exposition sans aucune forme de respect, le coupant en haussant la voix comme on le ferait auprès d'un écolier qui pose encore et toujours la même question. Elle avait encore bien des choses à dire, ne serait-ce que pour remettre le terrain à plat. Ce petit bout aux pouvoirs phénoménaux avait besoin d'entendre une vérité différente que ce que son esprit avait conçu jusque là afin de le conserver dans cette distance instinctive avec les êtres de l'Enfer.

" De même manière, je ne suis pas venu pour te frapper sur les doigts, ni te faire un sermon, ce ne serait pas le moyen le plus intelligent de procéder. Les démons ont tous des espaces qu'ils affectionnent, des domains qu'ils se choisissent et protègent. Agni se trouve depuis des millénaires dans les volcans d'un espace lointain. Astaroth privilégie un domaine clos où il empile les ouvrages de temps et d'êtres révolus. Je préfère le palais familial, dissimulé dans les miroirs d'une citadelle fantôche au coeur du Tartare. Personne ne viendra ici avec le désir de te faire quitter les lieux, ni de te dire que tu es illégitime à cette place. Peut-être que quelques créatures souhaiteraient, par orgueil, défier ton pouvoir et ta royauté sur ce monde, mais ce n'est pas mon cas... "

Elle amena le calice à ses lèvres, termina la boisson dans une nouvelle gorgée manquant relativement de tenue, puis rabaissa son regard sur la forme délicate du seigneur des Abysses. Décidément, elle était en train de tomber dans ses travers, elle adorait les damoiseau dans son genre, à la fois puissant, mais semblant étrangement posséder quelques brins d'innocence, un petit manque de contrôle, des failles dans lesquels elle pouvait se glisser. Ce n'était encore une fois pas le but d'aller le titiller, mais c'était presque incontrôlable, comme un frisson qui lui parcourait l'échine à mesure qu'elle laissait ses paroles glisser de sa bouche pour venir occuper la pièce sous-marine. Enfin, elle ne pouvat pas pour autant continuer ainsi, elle n'allait pas non plus monopoliser la parole. Alors elle allait enfin répondre directement à une des questions de l'élégant prince qu'elle détaillait presque comme une gourmandise désormais.

" Vais-je toutefois te reprocher ton silence, ton absence des affaires infernales ? Plus ou moins. Le nouvel ordre infernal s'est créé pour ne plus avoir à laisser un dirigeant grabataire, ancien serviteur d'un Dieu sans consistance, être l'unique Roi des affaires infernales. Et si les plus puissants furent rassembler pour que les décisions soient prises, ce fut de manière à ce qu'aucuns d'entre eux ne cherchent à prendre le pouvoir à leur manière. À partir de là, à l'instant même où un petit prétendant apparaît soudainement devant moi, penses-tu qu'il m'est naturel, logique même, de le laisser batifoler sans venir vérifier de quel genre d'être il s'agit ? "

Elle s'arrêta une demi-seconde, faisant mine de réfléchir en passant sa main le long de sa joue, puis rabaissant son regard perçant sur la forme de Balhzanar.

" Déjà, il est bien plus mignon que l'on pourrait s'y attendre. En revanche, son instinct séparatiste est un mauvais point; à n'en pas douter. "

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Les terres sauvages / Re : La découverte du coeur des Abysses { Pv ~ Balhzanar }
« le: dimanche 10 septembre 2023, 01:42:32 »
L'archidémone avait trouvée une place de choix sur ce morceau de récif. Assise au rebord, presque lévitante grâce aux eaux turbulentes du milieu marin, elle contemplait les environs avec un intérêt feint, espérant avoir rapidement l'occasion d'obtenir une réponse de celui qu'elle venait de déranger en infiltrant une partie de son propre pouvoir en son terrain. Elle n'était pas sotte, un être qui témoignait d'une telle puissance n'allait que peu apprécier qu'on vienne le débusquer, mais il était presque plus intéressant d'observer sa manière de réagir que de simplement aller à sa rencontre. La manière dont quelqu'un se comporte en dit long sur sa manière de voir le monde, encore plus quand il s'agit d'être dont l'âge atteint quelques seuils canoniques que seule l'imagination peut tenter de concevoir. Ainsi, Keleth prolonge sa lente progression énergétique dans les abysse jusqu'à ce qu'elle ressente un trouble, une forme de réaction, un rejet... Et cela ne manque pas de survenir. Tandis qu'elle se faufile le long des courants, elle reçoit un court instant une riposte quasi-immédiate, une puissance sourde qu'elle pourrait presque traduire comme un équivalent de "ne va pas plus loin". Bien, elle avait capté l'attention de celui qui se terre dans les profondeurs. Plus qu'à attendre afin de constater simplement les conséquences de ce premier contact.

Une bonne demi-heure devra malheureusement s'écouler avant qu'enfin quelque-chose semble se mouvoir en direction de la démone. Celle-ci se poussera tout naturellement de son assise, retournant alors en position stationaire pour observer d'un oeil scrutateur le titanesque messager qui s'approchait. Le calamar était grandiose. D'une taille incomparable, d'une forme sculptée par les âges, la bête marine oscillait par endroit entre l'ancestrale et le décrépit, lui donnant quasiment cette impression universelle de sagesse. Pourtant, cette créature s'arrêta à distance raisonnable de l'Exécutrice, ne mouvant ses tentacules qu'en de lents mouvements afin de se stabiliser au milieu de l'abysse, tandis qu'une voix désincarné vint briser le silence, glissant dans les ondées sans être ni déformée, ni corrompue. Son "hôte" lui répondait :

" Il sera ton vaisseau … T’attaquer à lui reviendra à t’en prendre directement à moi. Je te prie de le pardonner, il n’est pas habitué … A ce genre de service. "

Le ton était sec. Keleth s'y attendait. Étant donné la situation, elle ne lui répondit pas pour autant, tout au plus laissa-t-elle la bête majestueuse tendre l'un des ses massifs tentacules pour englober le haut de son corps, couvrant ses hanches et sa poitrine en un seul tour. Se trouverait-elle en dehors de l'eau qu'elle ne doutait pas de l'impression visquese que ce contact lui aurait provoqué, mais dans l'immédiat, ça ne la gênait pas plus que ça. L'Exécutrice attendit que le poulpe face son office, qu'il soit certain de la poigne sûre et ferme qu'il avait sur le corps de la démone, puis quand il se mit en route, elle se laissa balloter comme un simple bagage. Très honnêtement, elle avait connu bien plus agréable comme moyen de transport, toutefois elle relevait une certaine originalité ! Se faire assez véhiculer par une forme de vie aussi particulière avait un petit côté magique qu'elle reconnaissait. Si elle avait l'occasion de le relever, elle le fera sûrement. Mais pour cela, bien des choses devaient d'abord survenir. Notamment une discussion qui, au vu du premier contact qu'ils avaient eut avec la forme de vie démoniaque des profondeurs, ne semblait pas promettre beaucoup de bonne entente.

Glissant donc dans des profondeurs de plus en plus spectaculaires, Keleth profita du voyage tout à fait passivement, se contentant d'observer les splendeurs qui se cachaient dans les ténèbres des tréfonds. Heureusement que sa vision ne peinait pas du manque de lumière, faire un tel voyage dans ces tréfonds marins sans se permettre de contempler les épaves millénaires, les richesses qui tapissaient le sol de poussières organiques, sans même parler des formes marines qui lentement présentent une curiosité croissante maintenant que leur maître semble avoir reconnu l'existence de l'intrus, s'aurait été un gâchis monumental. Si elle ne parvenait pas à s'entendre avec le maître de ce domaine, au moins aura-t-elle eut le bonheur de se permettre un voyage à nul autre pareil. Elle notait cela comme une bonne sortie de vacance. C'est dire combien elle restait détendue, malgré le fait que c'était l'appel de son devoir d'Exécutrice qui l'avait amenée à s'enfoncer dans l'océan. Mais de toutes les splendeurs qu'elle pouvait observer, il fallut bien qu'il y ait une fin. Prenant enfin un ultime virage, son guide et moyen de déplacement s'enfonça dans toute sa longueur au travers d'une faille, puis la fit déboucher au-dessus d'une ville rayonnante des lueurs antiques d'une gloire antédiluvienne. Aaaaah voilà sa destination donc.

Déposée peu après devant la bulle d'air, Keleth se retourna en direction de la bête sous-marine, prête éventuellement à lui offrir un signe de gratitude, mais l'entité naturelle sembla plutôt s'éloigner d'elle sans même demander son reste. À se demander à quel point le voyage, donc la demande de son maître, n'avait pas été en soi un véritable traumatisme pour cette animal d'une vive intelligence. Mais bon, elle n'allait pas pour autant le retenir, aussi fit-elle un nouveau cent-quatre-vingts degré sur elle-même puis traversa la fine pellicule séparant les tréfonds de l'océan avec la ville mythique, lui permettant donc de profiter par simple plaisir de la présence d'un oxygène frais et pur. Si les lieux étaient enfermés sous l'eau et la roche depuis des millénaires, ce n'était visiblement pas pour autant pour qu'il se détériore malgré tout durant les âges : Les tours splendides, les dépendances à l'architecture d'un autre temps, les technologies mélangeant science et occultisme païen, tout ces éléments lui rappelait l'aube d'or des espèces intelligentes, non sans qu'elle n'en sourit délicatement à l'idée. Une époque lointaine à ses yeux, où elle était alors elle-même bannie des terres démoniaques. Un drôle de souvenir à revivre dans ce genre de situations, mais ce n'était pas pour autant désagréable, même si elle ne pouvait se laisser aller à la pointe de nostalgie qui imprégnait son coeur. Elle avait une mission après tout.

Elle traversa la ville d'un pas ferme. Se glissa entre les hautes structures des temps anciens, parcourut les pavés indemnes qui tapissaient les rues tel un pied de nez aux affres du temps. Puis elle atteint le palais. Ou peut-être le temple, la structure rappelant ce que la Grèce Antique avait-elle même conçue pour honorer son panthéon. Elle en gravit les marches, en passa les portes, débarqua immédiatement sur un hall souverain. Là, au fond de la pièce, assis tel un seigneur dans sa plus grande et évidente gloire, elle trouvait enfin son semblable. Le démon laissait s'échapper une aura lourde, tumultueuse, comme si l'orage grondait déjà au coeur de l'abysse. Il n'avait visiblement pas aimer son message, le lui faisait sentir sans détour, s'assurant que son regard, son expression faciale, sa posture et la situation tout ensemble permette de véhiculer cette idée. Mais la démone ne s'en emballa pas pour autant. Elle avait un égo à toute épreuve après tout, se faire dévisager et regarder de haut par un autre démon ne pouvait pas suffisamment l'ébranler pour qu'elle en ressente une pic bien sentie au creux de la poitrine. En revanche, elle se mit à avancer vers lui, tandis que son hôte brisa le silence :

" Te voilà au centre de mon royaume … Une cachette qui n’en est pas une et dont les trésors qui s’y cachent reflètent l’histoire des mondes que tu peux connaitre. Que me vaut … ce qui s’apparente à une visite ?
 -  Pour être tout à fait honnête avec toi, simplement la conscience professionnelle. "

Cette réponse sembla faire réagir son interlocuteur, mais pas assez pour qu'il ne lui rende immédiatement le propos, aussi enchaîna-t-elle tout en couvrant la distance qui les séparait. Elle ne comptait pas s'arrêter pile devant son trône pour autant, préférant ne pas commencer à le provoquer ouvertement, mais elle fit toutefois suffisamment de pas pour terminer à la base des quelques marches qui surélevaient le trône, l'obligeant alors à redresser légèrement le menton afin d'observer de près celui qu'elle était venue dénicher :

" Je me permets d'ouvrir les présentations. Keleth, actuelle Exécutrice des Enfers. Mon rôle se tient principalement à poursuivre, débusquer, châtier et éliminer ceux qui portent atteinte au nouveau système démoniaque. Quelles qu'en soient les raisons. "

Elle posa le regard sur celui qui se trouvait encore assit. L'homme portait des traits délicats, son visage laissant voir une superbe finesse de la mâchoire, soulignant des lèvres fines et un regard glacial. Avec une certaine ironie, l'archidémone remarqua que les goûts vestimentaires de son hôte semblaient porter sur un aspect relativement oriental, un goût qu'elle partageait étrangement avec lui, même si son actuelle tenue vestimentaire ne pouvait pas vraiment le prouver. Entre son justaucorps au maillage léger et crû, ses bas qui ne couvraient pas ses pieds et ses gants qui ne couvraient ni ses mains ni ses épaules, il aurait été plus facile de croire qu'elle était une succube en recherche de proie qu'une des entités démoniaques les plus mortellement reconnues de cet univers et des autres. Enfin, c'était peut-être un bon moyen d'adoucir leurs futurs propos, après tout la solitude de ce démon océanique le rendait peut-être sensible aux charmes d'une dame ? Une question qui restera en suspens étant donné qu'elle avait d'autre sujets à amener sur le tapis dès maintenant, aussi enchaîna-t-elle sans se faire demander d'extrapoler :

" Hors, je profitais d'un temps de repos personnel quand j'ai perçu ton existence depuis le littoral. Je connais les force en présence dans le monde démoniaque. Non sans dire que tu es unique en ton genre, il est toutefois assez exceptionnel de posséder une nature telle que la tienne sans pour autant occuper l'une des places dirigeantes de ce monde. Aussi ma curisité fut suffisamment piquée pour que je vienne à ta rencontre. "

Elle s'arrêta, se permettant un quart de tour dans une volonté apparente de montrer un certain détachement, ainsi qu'une évidente confiance en soi. Faisant mine de réfléchir, elle le pointa du doigt peu après, avant de prononcer un dernier propos sur un ton soudainement bien plus sac, où la joie et le jeu qu'elle présentait jusqu'ici semblaient avoir clairement quitté son corps :

" Oh et j'aurais bien eu la décence de te vouvoyer, mais visiblement nous avons déjà dépassé les phases de politesse. Qui es-tu, petit être perdu dans les profondeurs abyssales ? Que font les racines des démons les plus tempêtueux du monde marin sur ton être ? "

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Les terres sauvages / La découverte du coeur des Abysses { Pv ~ Balhzanar }
« le: samedi 09 septembre 2023, 18:31:40 »
L'Exécutrice vivait toujours sa vie entre deux eaux : Les moments où elle pouvait se permettre de prendre du repos et ceux où son devoir punitif prenait le dessus sur tout autre forme de d'occupations. Dans le premier cas, elle s'affairant alors soit à ses devoirs sous les différentes identités qu'elle s'était conçue au fil des éons, soit à des vacances bien méritées, parcourant alors les univers et les dimensions qui lui étaient accessibles. Dans le second cas, elle s'abandonnait pleinement à son rôle au sein des enfers, filant les traîtres et les audacieux, les idiots et les orgueilleux, afin de leur faire connaître les décisions de la cour infernale ainsi que d'appliquer immédiatement la sentence correspondante. C'était là les deux pans les plus évidents de sa vie, un rapport maladif au travail et la recherche de quelques formes de décontractions dès lors que ses devoirs le lui permettait. Une chose rare, mais toutefois dûment apprécié lorsqu'elle survenait, permettant à cette femme aux âges perdues d'enfin se mettre à la page quant aux évolutions du monde, dans sa politique, dans ses peuples, dans sa science. Souvent, elle parvenait à garder le tout à l'oeil, ne se laissait pas surpassée par les événements. Aujourd'hui, les choses allaient être un peu différentes.

La démone à l'apparence humaine avait enfin eut le droit à un moment pour souffler après plusieurs années de chasses diverses et variées. Ses armes n'étaient plus aux fourreaux mais chez elle, dans les profondeurs de l'enfer, amenant cette guerrière inexpugnable à traverser les contrées de Terra avec un aspect qui la laissait croire désarmée aux yeux des gueux sans expérience. Elle s'était ainsi permise de traverser quelques milieux fous, des terres que nul être n'osait arpenter, puis s'était tout simplement perdue dans les contreforts des terres Nexusiennes pour alors s'approcher d'un milieu peu commun pour bon nombre des badauds et paysans de ce monde : l'Océan. Ce n'était guère plus qu'un caprice de sa part que de rejoindre le littoral, et pour cause, elle n'avait pas sentis les embruns sur son visage depuis plusieurs dizaines d'années, une grande majorité des démons en fuite ne cherchant pas vraiment à trouver refuge sur un bateau, milieu exiguë où l'arrivée potentielle de l'Exécutrice serait synonyme d'un fin immédiate et douloureuse. Après, elle ne s'attendait pas non plus à profiter d'un bain de soleil tropical, tout au plus comptait-elle faire quelques jours de marches le long des plages avant de trouver un nouveau lieu de décontraction à visiter. L'avantage quand l'on est aussi vieux qu'elle, c'est qu'il n'y a guère de mal à se permettre de flâner.

Ainsi donc elle trouva sur son chemin les landes délicates qui bordent les milieux océaniques, les forêts de pins qui envahissent les zones côtières de part leur capacité unique à survivre aux terrains salins, puis les marais salants, milieux curieux où la pellicule blanche couvrant le sol rayonne au soleil de midi comme si la terre était faite de perles et de diamants. Mais enfin, après ces paysages tantôt superbes, tantôt misérables, voilà que la puissante démone trouve enfin sous le sabot de ses chaussures la structure instable de la plage, du sable chaud et des tristes algues encore là à sécher après avoir été laissées à mourir par quelques mauvaises vagues. Le bruit de ces dernières vient emplir l'air ambiant d'un rythme naturel auquel l'on se laisserait presque abandonner, comme si la respiration souhaitait d'elle-même s'y accorder afin de trouver le même calme sempiternelle, la même vacuité de sens. Keleth ne manqua pas de s'en amuser intérieurement. Après tout, si elle fait partie de ces êtres dont la nature dépasse de loin la conscience humaine des âges et des époques, il est amusant de constater que malgré cela elle se trouve en face d'une entité bien plus ancienne qu'elle : une étendue d'eau titanesque, sans forme, sans réflexion, sans égo, suivant simplement des règles physiques qui l'amènent, en chaque instant, à se mouvoir sans jamais cesser. Cela forcerait presque le respect, si quelque-chose d'autre ne vint pas titiller l'esprit de l'Exécutrice, la tirant de son état vacancier et contemplatif.

Ce fut d'abord un fumet. Une délicate odeur qui s'échappa des vagues, comme si les eaux avaient voulue charrier jusqu'à elle une fragrance qui n'aurait dû se trouver ici. Ils'agissait à n'en pas douter d'une forme de pouvoir, une puissance suffisamment importante pour que celle-ci développe une forme propre, accompagnée de quelques signatures perceptibles. Le genre d'élément que Keleth lisait assez naturellement. Ce qu'elle ressentait, là, dans les airs, libérée par l'écume blanchâtre du remou, c'était une force démoniaque. Sourde et imposante, du genre qu'on ne cherche pas à écraser par la force ou le mensonge. C'était là quelque-chose ... de surprenant. Les êtres de cette nature sont en grande majorité réunies dans les confins des Enfers, notamment dans la cour infernale, de manière à ce qu'ils fassent tous partie de la direction de ce monde à nul autre pareil. Les sièges étaient peu nombreux, certes, mais c'était le moyen par lequel les entités plus mesurées avaient assurée la sauvegarde des pouvoirs infernaux, et la capacité des plus anciens et puissants démons à ne plus faire partie intégrante des mondes humains, où leurs simples présences est synonyme d'annihilation pure et intégrale. Keleth, d'ailleurs, répondait aux Ordres de ces "sièges". Elle avait troquée son droit de vivre où elle le souhaitait contre une subordination limitée. Elle était la Loi des Enfer, celle qui condamne et juge les autres. Elle pouvait se retourner contre les régnants au besoin, c'est ce qui permettaità la situation de rester vivable, de garder un équilibre.

Sauf que là, elle trouvait une existence similaire bien loin des tréfonds infernaux. La rigueur voudrait qu'elle vérifie cette présence, mais son esprit lui rappelait qu'étant actuellement en vacance, elle devait simplement se préoccuper d'elle-même plutôt que d'aller trouver réponse au coeur des océans. Malheureusement, cas de force majeure oblige, elle allait devoir accepter de mettre une courte pause à sa tranquille période de répos, aussi laissa-t-elle filer au loin ses pensées paresseuses et s'approcha-t-elle des flots d'un rythme lent. Clairement, l'absence absolue de changement dans les légers vents de pouvoirs qu'elle avait perçue laissait entendre que son objectif se trouvait loin, profondément enfouie sous les flots. Très bien, ce n'est pas comme si elle avait besoin de respirer, aussi allait-elle simplement suivre sa trace aux travers de l'immensité océanique. Ôtant sa ceinture de tissu, puis le par-dessus de ses vêtements, ne conservant que le résillé moulant qui couvrait son corps, puis jetant ses soques plateformés de manière à libérer ses pieds, elle avança alors lentement dans l'eau glacée du littoral Terran. Puis, l'eau parvenant à mi-hauteur de son bassin, elle élança son corps pour plonger toute entière, en piquée, fendant alors les flots et réveillant sa musculature inhumaine pour entamer une longue nage en direction de sa toute nouvelle et curieuse cible. Ondulante, rapide, Keleth s'enfonça de plus en plus loin, de plus en plus profond, en direction d'un royaume qu'elle ne connaissait pas encore.

*
*   *

Trois jours complet lui furent nécessaire pour enfin sentir un changement dans les ondées de puissances qui lui parvenait. L'influence du seigneur des lieux commençait à se faire plus honnêtes, mais tandis qu'il voilait sa présence au plus profond de ce monde marin, Keleth entamait de pressentir, dans la lecture de ces courants de pouvoir démoniaque, des influences qui entamait de la questionner. Continuant toutefois de s'enfoncer toujours plus loin dans les profondeurs de l'océan, elle entama de lister les forces qu'elle percevait au coeur des abysses vers lesquelles elle se dirigeait. Si elle percevait, d'une manière assez dérangeante, la présence de Léviathan entre ses eaux, démon qui a disparu du cercle infernale depuis de nombreux millénaires désormais, il y avait dans les encres profondes de ce monde d'autres présences, telle le Béhémoth biblique ou Charybdis. Autant d'éléments qui entament sérieusement les nerfs de la démone. Fait-elle face à une forme d'agglomérat de conception mythique, influencée par l'imagination des vivants, ou plutôt à un démon qui aurait fait le choix de dévorer nombres de semblables afin d'accroître en puissance. Dans le second cas, elle allait peut-être devoir l'affronter, une option qui ne lui plaisait pas foncièrement. Non pas que l'absence de ses armes impacte grandement ses capacités, mais l'envie personnel de l'Archi-démone n'était clairement pas à l'affrontement.

Elle approchait en tout cas de son but. Désormais, et ce depuis quelques heures, elle fendait les profondeurs abyssales à un rythme effréné, atteignant quelques tréfonds où ni lumière, ni douceur, ni violence existait. La pression océanique se faisait sentir sur la peau de la démone, suffisamment d'ailleurs pour que Keleth commence à théoriser ce qu'un être démoniaque moins capable physiquement qu'elle pourrait subir à vouloir atteindre ce domaine. Inutile d'imaginer ce qu'un être plus orienté sur la nature psychique de ses pouvoirs pourrait d'ailleurs expérimenter en venant ici, l'image de Ruthgal, sa chère soeur, se faisant écraser malgré ses multiples et incompréhensibles barrières magiques ne manquant pas de faire sourire l'Exécutrice. En tout cas, ce fut avec ces ultimes réflexions que la démone cessa son aventure et bascula dans les eaux, trouvant un rebord de récif marin pour y mettre pied, contemplant les ténèbres de ce monde. Sa vue n'était pas basé sur le spectre lumineux, cela lui permettait de percevoir au travers de ces abysses dépourvues du moindre éclat, toutefois il n'y avait rien à voir. La présence de la démone avait fait fuir une bonne partie des formes de vie. Quand à celle qu'elle était venue voir, ça émettait de plus loin dans les abysses. Toutefois la démone commençait à se dire qu'elle avait fait suffisamment de chemin. Désormais, elle allait agir avec un minimum de bonne manière, aussi s'installa-t-elle calmement sur le bord de récif qu'elle occupait... Puis laissa échapper sa propre énergie, guidant cette force en direction des profondeurs, simple manière d'informer la créature de sa présence.

" Je t'attends, sors donc de ta cachette que je te vois. "

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Centre-ville de Seikusu / Re : Une enchère aux allures maudites? [PV Keleth]
« le: mercredi 18 août 2021, 22:48:52 »
Si il y avait bien quelque chose sur lequel elle ne pouvait guère reprendre l’homme en face d’elle, c’était son écoute. Bien loin de chercher à la navrer de toutes les questions qu’ils pouvaient voir naître en son esprit, il se contentait de garder le dos droit, le menton haut, et de suivre ses explications les plus vagues et les plus précises avec une concentration constante. L’archi-démone appréciait ce comportement, même si elle n’allait pas non plus lui en offrir alors ses félicitations. Il s’agissait malgré tout d’un comportement tout ce qu’il y a de plus adulte. La différence ? C’est qu’elle le voyait suffisamment peu souvent pour s’en sentir en aise. Elle eut donc l’ensemble du temps nécessaire pour détailler ce qu’elle avait à lui présenter, dans une forme relativement respectueuse d’échange, malgré le soulignement très clair de sa propre posture : Pour elle, rien ne viendrait entacher son devoir : Si l’outil que venait d’acquérir Sennefer se devait d’être détruit, elle ne laisserait pas quelques maladroites demandes, ou forme d’égocentrisme, prendre le dessus. L’homme pouvait tout aussi bien tenter de forcer ses arguments, si ils ne lui plaisaient pas, Keleth ferait fi des détails et de la bonne conduite pour transformer les lieux en un bain de sang, et annihiler par la même occasion l’objet de sa présence en ces lieux. Elle voulait juste s’éviter des efforts inutiles… Autant de points qui n’étaient, désormais, dépendant que de la bonne conscience de celui avec lequel elle échangeait, et de sa capacité à intégrer que son achat n’avait tout simplement aucuns poids face à la mission de la Loi démoniaque. Ce qui sembla effectivement se concrétiser quand elle lui offrit enfin sa voix au chapitre :

« Mon point de vue sur ce sujet est simple. Si ces objets sont aussi dangereux que vous le dites alors j’ai tout intérêt à les voir disparaître. Je n’ai guère envie de voir le cours de l’histoire se faire perturber par la simple présence d’un objet.
Je doute que cela puisse encore survenir. Nous craignons finalement pire, bien pire, mais cela reste de mon intérêt, point du vôtre. »

Les événements allaient dans un sens idyllique pour l’instant. Curieux, à son goût, quand elle avait eut l’occasion de voir à quel point le jeune être en face d’elle s’était empressé de marquer sa supériorité lors de l’acquisition du fusil. Elle s’était attendue, en toute logique soyons honnête, qu’il ait à coeur de trouver un autre chemin, une autre possibilité, afin de permettre au nouveau membre de sa collection de ne pas disparaître dans un néant obscur et éternel. Deux probables occurrences se présentaient donc à elle quant à ce soudain changement : Soit l’homme y trouvait un intérêt personnel qu’il n’exprimait pas de vive voix, soit il avait tant et tant de ressource que la perte de l’objet, malgré sa récente acquisition, ne présentait pas suffisamment de perte pour qu’il en prenne ombrage. Keleth avait du mal à aller vers la deuxième possibilité mais ne comptait pas pour autant se perdre en réflexion stérile : Il lui fallait l’arme, tandis que son négociateur opposé semblait prêt à accepter cela, il s’agissait du seul point important de son dernier aveu. Le silence qui s’ensuivit en revanche ne fut troublé que par le mouvement d’aise de l’archi-démone, cette dernière se permettant de boire une ou deux gorgée du breuvage qui lui avait été présenté. Il était évident qu’il allait reprendre ses propos de manière imminente, aussi allait-elle se montrer des plus patiente jusqu’ici. Honnêtement, elle avait grand hâte de voir jusqu’où ils iront dans l’échange cordial avant que le tout puisse déraper, et les entraîner dans le coeur d’un débat animé qui … était voué à survenir :

« Si j’ai bien compris cet objet n’est pas le seul que vous chassez…Mais visiblement, vous manquez parfois de ressources pour arriver à vos fins… Vous ne seriez pas là pour négocier si ce n’était pas le cas. Si ces objets sont aussi puissants que vous le dites alors il semblerait qu’ils ne sont pas utilisés de manière régulière et donc … certainement dans une situation comme celui que je viens d’acquérir n’est-ce pas ?  Je vais donc … me permettre de vous faire une offre … bien que ça n’aboutira en rien aux négociations en cours.
Continuez donc, j’écoute.
Je peux vous proposer mon aide afin de réunir les objets de votre liste. De cette manière, vous pourrez détruire les objets en toute discrétion une fois en ma possession et vous ne serez plus confronter à des problèmes de ressources. Vous resterez dans tous les cas anonymes dans toutes les actions entreprise. Mais pour cela, il faudra me partager vos informations si vous accepter ce terme. »

Proposition intéressante, mais empoisonnée. Pourquoi ? Parce que Keleth y voyait la présence d’un intermédiaire autrement plus gênant dans l’ensemble de ses actions. Ce n’était pas un mal que d’avoir parfois une main capable d’agir sur un monde dans lequel l’on est pas inscrit, dans lequel l’on existe pas. Toutefois, il demandait par là des informations qui n’avaient pas gageur à exister sur le plan humain : Les origines des destructeurs de ces outils tout d’abord, les démons, ce qui allait foncièrement apporter un certain risque si cet élément pouvait s’ébruiter. Ensuite, l’existence malgré tout de transaction toujours colossale pour l’acquisition de ces objets sur le plan terrien, autrement dit le fait qu’il restait une trace tangible de leur existence, ainsi qu’un point d’accroche identifiable. Enfin, et le plus gros problème aux yeux de la Loi démoniaque, mais le fait qu’il s’agisse d’une personne externe à sa juridiction. Ce n’était pas qu’il n’était pas un démon. Enfin, ce n’était pas la seule chose à prendre en compte. C’est surtout qu’au travers de ce genre de contrat, celui-ci pouvait se retrouver avec une accumulation d’outil de pouvoir tellement puissant qu’il aurait sûrement de quoi se déclarer comme une nouvelle divinité s’il venait à accumuler les trophées. Autrement dit, sa proposition était caduque. Même auprès d’une personne de confiance, Keleth n’aurait put accepter de tels termes. Elle se devait donc de massacrer ces espoirs dans l’oeuf, de ne pas les laisser se poursuivre. Ou alors… Elle se devait de les modifier de telle manière que rien ne saurait lui retourner à la gueule avec la violence d’un uppercut de boxeur professionnel alors qu’elle avait la garde baissée jusqu’aux mollets. Et pendant qu’elle analysait, cet homme poursuivait sans qu’elle n’en perde une miette :

« Bien entendu … maintenant il faudrait convenir de la manière dont vous comptez vous acquitter de ces dépenses d’argent. Peut-être avez-vous déjà réfléchi à plusieurs propositions ? D’autant plus qu’il ne s’agit pas seulement de cet objet si vous acceptez mon aide. J’ose espérer que vous puissiez trouver quelque chose à la juste valeur de cet échange …Oh… Et pardonnez mon impolitesse Keleth ... Vous pouvez m'appeler Sennefer …
Très bien. Écoutez Sennefer, je pense que vous avez l’audace de vous présenter sous vos meilleurs atours et je ne peux que respecter l’action d’un être qui tente de tirer son épingle du jeu dans une situation comme celle-ci. Toutefois, comprenez dès maintenant que je vais vous refuser cette offre. Pourquoi ? »

Sur cette note rhétorique, elle imita le geste de l’homme à l’instant où il avait vidé son verre avant de lancer sa tirade négociative. Sauf qu’au contraire de son hôte plus contraint qu’autre chose, elle ne le vida qu’à moitié, reposant alors le verre de manière à ce qu’il soit particulièrement bien visible pour l’homme qui lui faisait face. Dans le fond, l’archi-démone aimait à se targuer de métaphores et d’exemples pour pouvoir appuyer ses commentaires, et elle avait là le meilleur outil possible pour le faire. Aussi enchaîna-t-elle avec un léger sourire :

« En premier lieu parce que ce n’est pas parce que je choisis une voie simple et pouvant satisfaire deux parties d’un coup que j’y suis réellement contrainte. Comprenez Sennefer que j’ai la possibilité très pratique d’annihiler ce lieu et de faire passer cela pour un attentat terroriste en moins de deux secondes. Je veux juste éviter des dommages collatéraux s’il m’est possible de le faire. »

Elle se redressa, puis replaça la main au bout du pommeau d’un de ses deux sabres, avant de reprendre :

« Je vous prie de ne pas paniquer. »

Produisant alors un geste expert, mêlant ses millénaires d’entraînement et sa nature démoniaque parfaitement appréhendée et maîtrisée, elle tira l’arme du fourreau en un instant, et vint sectionner le pied du verre que lui avait servie l’homme. Comme si le temps avait été tout simplement inexistant entre le début et la fin de cette action, Keleth se trouvait désormais l’arme au clair, à bout de bras, se tenant aux abords de la pointe de son sabre la partie bombée du verre encore emplie du liquide frémissant. Le pas, lui, trônait encore sur la table, comme si nulle élément n’était venu le déranger. Alors, l’Archi-démone ponctua son action d’un ton soudainement plus sérieux, plus dur :

« Un peu comme ce que je viens de vous démontrer, je n’ai pas vraiment tendance à ‘m’embarrasser’ d’auxiliaires. Je produis une action, et j’en récolte le résultat, point. Votre fortune, toute conséquente qu’elle soit, est un grain de sable contrairement aux millénaires qui se présentent face à moi pour accomplir ma tâche. Et avec la vélocité qui est mienne, soyons honnête dans le fait que je ne pâlit pas d’efficacité. En revanche... »

Elle fit glisser le contenant le long de sa lame, doucement, avant de le récupérer dans sa main libre, puis de le porter à ses lèvres. En consumant l’ensemble du breuvage, elle se permit d’en absorber le contenu restant sans trop se targuer de bon comportement… Pour finalement se détendre, et prendre une posture un peu moins sérieuse, un peu plus avenante. Finalement … Elle se détendait face à l’homme qui devait sûrement, lui, avoir eut un léger coup de chaud, qu’il en fasse la démonstration ou non. Et si ce n’était pas le cas, félicitation pour son sang-froid. Keleth, elle, allait amener l’échange dans une autre direction, et elle espérait voir en son interlocuteur la marque d’intérêt personnel qu’elle attendait alors de sa part. Après tout… Elle était une démone, et appréciait encore, à ce jour, de pouvoir de temps à autre tenter ses adversaires d’un instant sur un chemin aussi dangereux que distrayant :

« … Je ne peux pas manquer une occasion comme celle-ci pour ne pas rendre les choses un brin plus amusante. Vous souhaitez une compensation ? Je ne souhaites pas marchander avec vous plus que de raison ? Pourquoi alors ne pas se permettre de se perdre sur le chemin d’un hasard plus ou moins maîtrisé ? Je vous propose un jeu, Sennefer. Disons même un pari. »

Rangeant alors l’arme qu’elle avait encore sortie tandis qu’elle s’était plus moins installée de biais dans son fauteuil, elle reposa le corps du verre sur son pied, puis quitta des yeux son interlocuteur avant de présenter enfin ce qui lui était venu à l’esprit au fur et à mesure de l’échange. Une idée qui mêlait activement l’audace de cet homme, son envie d’y gagner, et le besoin de la démone d’accomplir son devoir sans pour autant perdre de temps en quelques longues palabres ennuyeuses et redondantes :

« Acceptez de me céder votre acquisition dès que vous l’obtenez, ou jouons pour son obtention. Bien sûr, le prix s’élève de chaque côté dans le cas où nous jouerions. Disons que je me permets d’annoncer dès maintenant ce que vous devrez mettre en jeu : Un accès direct à votre fortune, le don immédiat de cet outil de pouvoir, ainsi que votre subordination absolue pour les cinquante prochaines années. Cela me semble un prix suffisamment élevé pour vous permettre de réfléchir à votre propre demande, et donc de présenter un contre-enjeu d’égale valeur. En échange de mon accord préalable à vos souhaits, je me garde le choix du jeu auquel nous nous défierons l’un l’autre. »

Elle se prit alors d’un élan et se redressa, dans toute sa splendeur infernale. Elle posait ici un ultimatum, mais dont la nature avait encore bien des délicatesses et des concessions. Elle lui offrait une échappatoire dangereuse, mais initialement inexistante. Désormais, seul comptait sa décision, et elle souhaitait l’entendre avant de retourner dans son plan originel. Elle ne reviendra le voir qu’une fois l’objet précieux en sa possession définitive.

« J’attends votre réponse, Sennefer. »

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L'Enfer / Re : Lutte à mort au Pandemonium [PV Keleth]
« le: mercredi 18 août 2021, 22:45:27 »
L’enfer… Autant dire que Keleth n’en avait sûrement connu que les meilleurs jours. Ceux où, se libérant de la tyrannie bête d’un despote incapable de contenir sa propre stupidité, les grandes familles démoniaques et autres puissances des tréfonds avaient découvert qu’ils étaient bien plus puissants et capables qu’on ne le leur avait fait croire. Ces temps où, par l’action d’un démon qui n’avait alors ni prestige ni reconnaissance, l’ensemble du monde infernal s’était transformé à mesure que l’ichor infâme de Satan avait lentement abreuvé les terres déjà rouges de l’Ampelyon, la porte sur les autres plans du monde connu. Ce n’était dans le fond pas un mal, même si parfois, l’archi-démone avait encore l’occasion de se demander ce à quoi devait ressembler ce domaine de chaos et de luttes incessantes. Finalement, ce que son ancêtre, qu’encore maintenant nombreux appellent l’Ancien, avait apporté lors de la mise à mort de celui qu’on prenait pour le plus puissant des êtres démoniaques, c’était un ordre. Un ordre qui, même si il mettait à mal de nombreux démons de par leur nature diamétralement opposée, avait eut le bienfait de permettre à tous de progresser, de s’améliorer, de se ranger de la façon la plus optimale afin de donner aux différentes castes, aux différentes légions, un second souffle. L’Ancien, alors de rang inférieur, provenant d’une famille qui n’avait jamais obtenu la grâce des puissances des Enfers, avait de ses mains acquis le pouvoir, le respect, et la preuve que le système chaotique n’apportait que malheur et opprobre sur l’ensemble de la race démoniaque. Un haut-fait qu’encore aujourd’hui tout le monde a en mémoire.

Mais à cette époque, encore une fois, Aethesa Shivas Al-Keleth n’était pas encore de ce monde. Certes, elle avait reçue les enseignements de son ancêtre quand elle n’était encore qu’une pauvre petite bouse sans forces, ayant entendue par la même occasion l’ensemble des histoires de son tout-puissant grand-parent, mais elle n’avait jamais eut la gloire de pouvoir contempler cet instant de providence passée. En revanche, elle connaissait la suite, bien plus sombre, bien moins miraculeuse. Une fois au pouvoir, le tout-puissant démon avait tôt eut fait de mettre en place le conseil des Archi-Diables, et y occupait une place prépondérante, mais le temps, les éons et les âges, avaient eut le malheur de le choisir comme principal ennemi. Difficile fut la découverte de la folie qui hantait cet être pourtant signe d’une implacable volonté, sans parler d’une force à nulle autre pareille. Quand l’Ancien entama de perdre l’esprit, qu’il fut englouti par sa propre rage, par sa nature de destructeur impitoyable incapable de continuer à affronter un ennemi à sa hauteur depuis qu’il avait atteint les ultimes sommets du monde infernal, nombreux furent ceux qui tournèrent les armes vers cet être avec une certaine peine sur la conscience. Keleth fut de ceux-ci à l’époque, et si elle ne fut pas de ceux capable de lui porter le coup suffisant pour enfin pouvoir l’arrêter et le sceller dans quelques autres dimensions dont il ne pourrait revenir, elle ne manqua point les détails de cet assaut : Des morts parmi les plus hauts souverains de la nouvelle caste infernale, des blessure qui mirent des millénaires à se résorber, même chez les membres du conseil des Archi-Diables, mais surtout… Les quelques perles écarlates qui s’échappèrent de l’unique blessure dont souffrit le tout-puissant Ancien, dont elle ne sut malheureusement jauger l’importance à cette époque.

Maintenant, après plus de cinq cents siècles de vie, ses millénaires de bannissement derrière elle ainsi que ses trois derniers siècles au poste de Loi démoniaque, Keleth avait autrement plus conscience de ce qu’il s’était passé ce jour-là. Dans l’arène elle-même, seuls les plus grands, les plus puissants des démons s’étaient permit d’affronter le symbole du nouvel Enfer, par simple désir de purger avec honneur la nouvelle source de rage et de chaos qui s’installait dans ce plan infernal. Mais les charognards, les avides de puissances et de faveurs avaient eut un tout autre objectif, qui malheureusement n’allait pas de pair avec les dirigeants de ce plan. Quand l’Ancien perdit les quelques précieuses gouttes de son essence naturel, quand les perles rubis s’échouèrent sur le sol en crépitant, bouillonnant de la puissance contenu dans la moindre infime once de leur matière… Il y eut des êtres suffisamment stupide pour les récolter, les amasser en une hâte qui ne pouvait faire qu’écho au projet suicidaire de se retrouver au coeur d’un affrontement d’une telle envergure. Mais ils parvinrent à accomplir leur sale besogne. Ils acquièrent alors l’un des objets les plus légendaires du marché noir des bas-fonds infernaux, connue sous diverses noms : Ichor de Rage, Once de chaos, Tue-Malin ou même encore Breuvage d’Adieu. Quelques gouttes de sang d’un être qui pouvait sûrement réduire les mondes en esclavage. Quelques gouttes du sang du mentor, grand-père, membre de famille le plus proche de l’actuelle Exécutrice des Enfers : Keleth.

Autant dire que l’Archi-démone avait depuis longtemps fait le choix de faire de cette affaire un objectif personnel. Elle respectait l’Ancien comme nul autre, aussi voyait-elle désormais dans l’existence de ce breuvage, vendu contre des fortunes que nul être vivant n’aurait l’audace d’imaginer, une hérésie et un outrage qu’elle ne pouvait laisser impuni. Si il s’agissait du sang de son parent, elle avait surtout fait le choix de le voir comme un objet impie qui méritait la destruction la plus simple et immédiate. Il ne s’agissait pas tant là de son devoir d’Exécutrice que celui de descendante directe : Cette potion infâme devait disparaître, être transportée le plus loin possible de la moindre convoitise, et foutue sous scellée au même endroit où se trouvait désormais l’Ancien, à savoir le coeur de la plus gigantesque des prison ésotérique jamais produite pour un être démoniaque. Et que l’ombre maudite de ce tout-puissant démon soit bien la dernière chose que les quelques pillards trop cupide rencontrent, Keleth n’en avait cure. Nul n’avait le droit d’en posséder la plus petite des gouttes.

C’est ainsi que la femme passait parfois des semaines à la recherche d’une de ces fioles remplie de sang. Rare étaient les véritables ‘Breuvage d’Adieu’, beaucoup de démon cherchant surtout à confondre les plus faibles représentants de ce monde infernal afin de leur vendre un mélange odieux les rendant malade pour une décennie contre un prix monumental. En revanche, de manière quasiment inexistante, l’Exécutrice entendait parfois parler d’une occurrence, d’un court instant, parfois de rumeurs qui l’amenait à découvrir l’une de ces légendaires fioles emplie de sang. Par deux fois, elle les avait récupérées. Et par deux fois, elle avait manquée découvrir l’étendue de la toute-puissance conférée par ce liquide impie, ne manquant pas pour autant de s’en sortir à grand renfort d’expertise dans son domaine martial, et d’une belle part de violence aux proportions titanesques. Depuis maintenant plus de cent-vingt ans, elle n’en avait plus entendue parler, et avait ainsi commencée à croire que les autres contenants étaient déjà aux mains de démons collectionneurs, voyant en ces objets une valeur de prestance et de supériorité notoire sur d’autre nobles du monde infernal, voire parfois sur les membres même du conseil des Archi-Diables. Grand mal lui en fut quand elle découvrit, il n’y a pas moins de deux semaines, que l’une de ces légendaires boissons étaient depuis peu entre les main de Rebiusz le dément, un marchand humain qui avait tant et tant pactisé avec les démons que nombreux se disputaient encore son âme sans jamais savoir qui l’emportera un jour.

Pour la démone, cette affaire d’appartenance d’âme n’avait point vraiment d’importance, mais sa prétendue marchandise était autrement plus dérangeante. Elle se devait non seulement de vérifier la véracité de ces rumeurs, mais surtout se préparait déjà à transformer le contrevenant d’une manière qu’elle seule était encore capable d’appliquer : une torture infinie, lente et douloureuse, au bout de laquelle l’être infâme allait bien sûrement finir entre les griffes de l’Ombre, ultime forme d’existence de l’Ancien, chose indéfinie qui déambulait sans but au coeur de la zone où était désormais scellée l’entité autrefois si lucide. Elle organisa donc avec précaution son passage, ne voulant pas perdre l’occasion en or qu’elle avait de peut-être, une nouvelle fois, éliminer une autre de ces fioles maudites du marché noir. Cela fut relativement simple pour elle, et elle obtint rapidement un lieu et une horaire précis où se devaient de survenir un échange de bons procédés dans lequel la fiole devait être échangée. Autant dire que la patience avec laquelle elle dût composer pour ne pas tout simplement se présenter, dans toute sa supériorité, afin de massacrer l’ensemble de ses suspects et récupérer l’objet de son obsession sur leurs cendres, fut passablement peu appréciée. Mais elle ne jeta pas l’ensemble de ses chances aux oubliettes pour une affaires de jours, puis d’heure. Elle attendit l’instant exact de l’accord commercial. Qui était l’acheteur ? Elle ne le savait pas, mais elle ne comptait pas le laisser partir sans le mariner un minimum. En revanche, connaissant déjà le vendeur, elle se fit une joie de lui apposer une marque de chasse, s’assurant par la même de pouvoir aller le cueillir sans souci une fois cette affaire réglée.

C’est ainsi que la démone passa ses dernières heures de préparations dans une certaine montée de pression incontrôlable… Avant de finalement tendre la main pour ouvrir l’un de ses portails de poursuite, puis de s’y engouffrer, traversant les plans infernaux… Pour enfin aller à la rencontre de sa cible.

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L’Exécutrice apparut de nulle part, et son arrivée ne manqua pas de provoquer un émoi particulièrement visible, ainsi qu’audible, à tout ceux qui n’avaient pas suffisamment de puissance pour identifier celle qui venait de se téléporter. Certains gémirent, d’autres encore plus lucide entamèrent immédiatement un certain repli stratégique, se frayant un passage, à demi-paniqué, entre leurs confrères pour se terrer dans une rue annexe à la large voie marchande où ils se trouvaient. À la fois si étrangement humaine d’apparence et si éminemment démoniaque dans sa nature, son aura, sa présence, Keleth se laissa doucement tomber sur le dallage depuis le portail qu’elle avait créée pour enfin se rattraper sans un bruit, se redressant de toute sa hauteur avant de couvrir d’un regard rapide l’ensemble des occupants de ces lieux. Certains avaient peur, d’autres priaient pour ne pas être les prochaines têtes coupées, et les derniers avaient déjà entamés de fuir au plus loin que possible. Ce fut d’ailleurs ceux-ci qu’elle voulut entamer d’analyser, mais elle abandonna rapidement cette idée. Non pas parce qu’ils n’étaient pas suspects, ça non, mais plutôt parce qu’elle venait, en l’instant, de poser son regard aux prunelles sombres sur un homme des plus audacieux. Le démon avait la main sur le fourreau, et au creux de ses habits, un étrange objet qui battait presque à l’unisson des battements de coeur de l’Archi-Démone. Le lien étrange, corrompu, mais suave de cette puissance cachée sous quelques fins vêtements ne fut pas non plus pour simplifier le tout nouvel acheteur dans l’éventuelle recherche d’une cachette. Elle le sentait, elle savait où il était, et contempla alors avec un regard de glace l’être qui se trouvait à quelque mètres d’elle sans pour autant s’être mise à bouger.

Il ne pouvait pas l’ignorer, Keleth savait ce qu’il portait sur lui et c’était évident qu’elle était là pour cette raison. Mais pour le moment, elle ne fit même pas mine d’être agressive, du moins si l’on prenait le temps d’ignorer l’écrasante aura meurtrière qui s’échappait d’elle. Non, à la place, elle prit la parole avec un ton qui ne laissait aucun doute sur ses intentions : froide, sèche et tranchante, telle les lames qu’elle comptait bientôt utiliser :

« Sais-tu qui je suis, démon ? »

Avec un peu de chance, sa seule réputation la précédera, mais autrement elle ne pouvait pas du tout être sûre que l’homme en face d’elle puisse imaginer le pétrin dans lequel il se trouvait. À cette distance, elle pouvait dégainer et le trancher sans peine, mais la question était de savoir qu’elles étaient les compétences de cet acheteur… Ou de ce coursier ? Visiblement, l’homme portait le flacon de bien étrange manière, suffisamment pour que l’Exécutrice en vienne à se demander si il était vraiment à l’origine de cet achat. Même si ça n’avait pas vraiment l’air bien important, car elle ne comptait pas changer le sort qu’elle lui réservait malgré tout, cela avait le mérite d’être questionné… Et ce suffisamment pour qu’elle enquille rapidement avec un propos qui n’avait, visiblement, aucune raison d’être commenté ou nuancé :

« Sois mignon, donnes moi ce que tu caches sous tes frusques, et expliques moi ce que tu fais ici avec un tel objet, avec un peu de chance, ça m’évitera de passer directement à l’étape du découpage. »

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Centre-ville de Seikusu / Re : Une enchère aux allures maudites? [PV Keleth]
« le: samedi 24 juillet 2021, 18:57:07 »
L’apparent jeune homme en face d’elle semblait en confiance. Point de forme de peur ou de malaise, il se contentait simplement de rebondir sur ses propos avec une mesure laissant entendre le plein contrôle qu’il avait sur ses mots. Quelque chose qui, sans forcer le respect de la démone, avait au moins le bon point de rendre la discussion aussi distrayante que réfléchie. Keleth appréciait cela. Elle s’attendait, au début, à avoir à faire avec ce genre de pourceau disgracieux qui ne peuvent s’empêcher de se replacer un bourrelet dans un geste plein de ridicule malgré l’ampleur de la situation, mais à la place, elle avait à faire à quelqu’un de… distingué, presque aristocratique. Bon, le surplus de fioritures de sa tenue et de ses gestes n’avait pas non plus le meilleur des aspects pour ce qui était de la première impression, mais elle allait faire l’effort de passer outre ces petits points de détail. En revanche, elle ne perdit pas l’instant où, lorsqu’elle fit l’effort de reprendre sa forme initiale, l’homme ne sembla pas faire mine de réagir, conservant un calme olympien, et se concentrant simplement sur la production de ses boissons pour se contenter de quelques coups d’oeil afin d’identifier son interlocutrice. Aussi, elle en tira deux conclusions immédiates : Il n’avait aucune difficulté à faire la rencontre de créatures à la nature magique ou mystique, et il n’avait pas, de visu, ou par quelques autres manières ésotériques, reconnu la nature de son invitée surprise. Tout cela avait été d’un extrême intérêt, et lui offrait encore bien des éléments pour agir lors des futurs échanges. Même si pour l’instant, elle ne faisait qu’écouter :

« Je préfère la vérité au mensonge … le mensonge ne mène qu’à une perte de temps voyez-vous ? Ma demande peut vous paraitre étrange, je le conçois. Mais les codes voudraient que ce soit l’individu entrant dans une pièce ou elle ne connait personne de se présenter en premier afin de faire preuve de courtoisie. Mais je ne vais pas vous en tenir rigueur ne vous en faites pas. J’apprécie l’honneur que vous me faites en prenant votre apparence réelle. Vos armes ne me dérangent pas … du moment qu’elles restent au chaud. »

Les armes en question, dont la présence avaient été révélées lors de la perte du camouflage magique, étaient deux petits sabres dont la longueur ne devait pas excéder les cinquante centimètres. Nul besoin de dire que Keleth les affectionnait particulièrement et ne s’en départait jamais, ces petits outils n’étant pas nécessaire pour qu’elle puisse se défendre, mais bien parce qu’il s’agissait là de ce qu’elle maîtrisait le mieux en terme d’arguments offensifs. En un sens, elle avait portée à sa connaissance l’existence des deux armes non seulement pour qu’il soit assuré qu’elle ne comptait pas en faire l’usage, mais aussi pour qu’il les voit très clairement, qu’il sache dans les futures négociations qu’elle était, effectivement, quelqu’un qui pouvait ne pas s’embarrasser de détails. Tout pouvait être force de négociations selon la situation, elle le savait parfaitement et ne manquait pas d’en jouer, quelle que soit ses objectifs. Enfin … Ayant été servie d’une boisson qui, malgré tout, avait une couleur intéressante et un parfum certes simple mais rafraîchissant, l’archi-démone se permit d’aller le cueillir entre ses doigts, et apporta la canopée à ses lèvres pour laisser glisser le breuvage le long de sa langue, directement à sa gorge. C’était assez agréable, une boisson somme toute convenable pour une discussion moyenne, cet échange n’ayant rien de glorieux à présenter, et s’affairant à un sujet suffisamment commun pour qu’il y ait, dans le choix du breuvage, une juste retenue. L’homme avait tapé dans le mille, félicitation à lui. Aussi écouta-t-elle ses derniers propos avant de reprendre le contrôle de l’échange :

« Aussi charmante que vous soyez … Il est vrai que j’aimerai comprendre pourquoi il doit finir en pièce. Car pour le moment je n’y vois qu’une solution de facilité. Par exemple, pourquoi ne pas retirer une pièce importante du mécanisme ? Hm … je vous vois bien répondre qu’il serait facile de la remplacer. Comme je n’ai pas eu l’occasion de côtoyer cet objet en étant dans la même pièce, je ne vois qu’une explication … posséderait-il des propriétés magiques ?
Peut-être devrais-je simplement prendre les choses dans l’ordre, aussi vais-je procéder à une explication méthodique. Je… peux concevoir que mon manque de présentation soit un rempart à l’échange de bonne foi. Aussi vais-je vous offrir au moins la faveur d’un patronyme, cela pourra vous aider dans les échanges à venir : Keleth. »

Elle ne se mettait pas tant en danger que cela à offrir pareille dénomination. Il s’agissait certes d’une partie de son patronyme complet, mais elle avait la grande chance de ne pas avoir eut son essence être observée, manipulée, et consignée par quelques anciens mages dans quelques anciens grimoires. L’avantage d’avoir été bannie sur le monde terrestre durant des éons : les premiers singes n’avaient pas encore eut l’occasion de dresser un bâton pour se mettre des coups de canne sur le museau qu’elle sillonnait déjà le monde, aussi nul n’avait eut le pouvoir de la convoquer en ces terres. Et les quelques invocations inexpugnables dont elle avait été l’objet avaient bien trop souvent été la résultante de coups de chances, tant et si bien que nul, à sa connaissance, n’avait eut l’intelligence ou le pouvoir de consigner son véritable nom dans la moindre note capable de traîner entre les mains des démonistes et mages de tout droits. Aussi, elle pouvait lui offrir ce droit à un moyen de l’appeler durent leurs échanges. Maintenant, qu’il se présente lui-même ou non, elle avait désormais une identification sérieuse du flux vital de cet être, aussi n’aurait-elle aucun mal à user de sa poursuite si il venait à chercher une échappatoire. Aussi restaient-ils à égalité. Maintenant, reposant son verre avec toujours autant de mesure dans ses gestes, l’archi-démone se redressa un peu, croisant ses jambes avant de placer ses mains aux doigts entremêlés sur son genoux le plus haut placé. Le regard droit dans celui de son interlocuteur, elle allait lui donner ses raisons. Des raisons qui, à ses yeux, n’appelaient pas vraiment à négociations, mais peut-être aura-t-il l’audace d’aller à l’encontre de cet état de fait :

« Concernant maintenant votre acquisition : Oui, il s’agit d’un outil aux capacités surnaturelles. Je pourrait amener à votre connaissance que les origines de l’outil sont biaisées, mais ce n’est pas là le sujet d’importance. Résultante de quelques pactes avec quelques entités dont je tairais la connaissance, cet objet est un concentré de matériaux d’un autre monde dont le tout a été longuement chargé d’une énergie tout aussi contre-nature. En somme donc, un objet dont le pouvoir n’a rien à faire entre des mains mortels ou de ce monde. »

Elle prit une légère pause, observant un court instant les différents moniteurs que l’homme avait éteint lors de son arrivée. Elle savait qu’il avait dût faire ses manipulations par ici, quand à l’arrêt de ces outils, sûrement avait-il eut la crainte que la femme mal-intentionnées ne viennent y produire quelques modifications soudaines ayant pour but de lui faire perdre son lot, ou acheter quelques autres produits dont il n’avait le besoin afin de le ruiner. Allez savoir, en tout cas elle n’avait pas eut cette idée là en tête, et se mettait juste à imaginer comment il avait put la percevoir au premier abord. Une chieuse, sûrement. Une sacrée chieuse pleine d’une audace à toute épreuve. Peut-être aurait-elle dût jouer de cela pour le prendre de court ? Bon désormais il était trop tard, mais il était parfois amusant de se laisser aller à ce genre de réflexions. Enfin, l’homme sembla vouloir reprendre la parole, aussi leva-t-elle sa main, paume ouverte, pour l’inviter à lui laisser le temps de poursuivre encore un peu :

« Pardonnez moi, je viens à vos autres questionnements. Pourquoi le détruire ? Parce que cet objet, même démonté, conserverait les propriétés qui lui ont été prodigués auparavant. Pire encore, il serait entièrement plausible que chaque partie de cette arme ait alors des capacités identiques et de même ampleur, ce qui serait alors une situation tout simplement inacceptable. A été statué que ces éléments avaient l’absolue nécessité d’être réduit en cendre, ainsi qu’il s’agirait désormais de ma mission, que j’accomplis depuis plusieurs mois désormais. Votre acquisition n’est qu’un objet de plus sur ma liste, aussi comprenez que je n’y vois aucune forme de particularité : Ni assez exceptionnel pour que j’y mette plus de coeur à l’ouvrage, ni suffisamment commun pour que je me permette de l’oublier. Aussi, aussi décevant cela peut-il paraître ... »

Elle laissa sa phrase en suspens, puis se permit de placer sa main, précédemment ouverte en signe de patience pour son interlocuteur, sur le pommeau de son fourreau. La position était telle qu’il restait évident qu’elle ne tirerait pas l’arme, il s’agissait simplement d’offrir un point de vue plus judicieux sur ce qu’elle prévoyait de faire :

« … Je me devrais de détruire cet objet avec cette lame, qui aura pleine capacité de rompre les énergies qui se trouvent dans l’outil. Je ne vais pas vous mentir de quelques manières, après tout ‘le mensonge ne mène qu’à une perte de temps’, n’est-ce-pas ? En tout cas, chacun des objets étant passé par ce procédé ont finit par se réduire en cendre. Maintenant que tout les éléments sont sur la table, je vous écoute et suis prête à entendre votre point de vue. »

7
L’homme en face d’elle se mura dans le plus profond des silences une fois qu’elle ait finit sa présentation. Non pas qu’elle se soit attendue à une réaction chaleureuse et amicale, il faut avouer que ses mots n’étaient clairement pas les mieux choisis si ça avait été son objectif premier, mais elle avait tout de même eut l’instinct premier de se dire qu’elle allait avoir droit à quelques protestations immédiates. Après tout, l’impulsivité humaine n’était plus à définir depuis le temps. Dès que le moindre petit inconvénient venait à se glisser dans leur petite vie sans remous, ils avaient la première tendance de vouloir tout mettre en miette, pensant sincèrement que d’agir comme un gorille outragé allait être la meilleure des manières d’asseoir son propos, ou ses idées. Mais là, rien. Elle vit l’homme se raidir un court instant, avant de finalement changer de posture, s’installant de manière intéressée, ou tout du moins alerte, comme si il lui prêtait au moins une oreille attentive. Difficile de considérer cela comme une forme authentique de bonne foi de sa part, il pouvait tout à fait feindre son attention, mais elle était déjà plus encline à répondre à une personne qui savait prendre le temps de choisir ses mots plutôt que de les jeter en tous sens, dans le maigre espoir que l’un d’eux fasse mouche !

Elle lui permit en tout cas de prendre tout son temps pour lui adresser un retour, qu’elle se doutait déjà être négatif, mais dont elle avait du coup le mince espoir d’y trouver quelques finesses, quelques pirouettes habiles pour dissimuler l’embarras qu’il devait ressentir face à une telle entrée en matière. Sa manière de répondre ne fut donc pas vraiment celle à quoi elle s’attendait, mais elle n’en porta pas ombrage. Keleth étant une exécutante avant tout, elle savait bien que la diplomatie échouait relativement souvent face à ses méthodes les plus rudes. La seule chose qui allait compter donc serait sa patience : Combien de minutes tiendrait-elle avant de trouver l’échange stérile, et d’y mettre un terme par une option ô combien plus frontale ?

« Voyons … Vous savez très bien que pour le moment que les procédés moins cordiaux ne marcheront pas. Cela aurait été votre réelle intention, vous auriez placé cette menace en premier choix. De plus, je pense savoir que vous savez que je n’ai pas encore l’objet en ma possession et que s’il m’arrivait quelque chose, il vous sera d’autant plus compliqué de récupérer l’objectif. Même s’ils restent ne reste que des humains … Cela ferait que trop de bruit … »

Elle s’apprêtait à lui répondre qu’il pouvait bien se donner toutes les suggestions pour gagner du temps, elle chercherait malgré tout à détruire l’outil démoniaque par tout les moyens en sa possession, mais … Elle se trouva un brin calmée dans ses ardeurs quand elle put ouïr l’ultime phrase de la réponse de cet acheteur zelé. « Même s’il ne resterait que des humains ». En un sens, cela avait le don de l’informer de deux choses cruciales : Non seulement cet homme, quelque soit le procédé par lequel il avait put acquérir l’information, savait pertinemment que l’intruse de cet instant n’avait pas la moindre trace d’humanité en elle, mais surtout … Cela lui permettait de comprendre que son hôte malgré lui n’était pas non plus lié de près ou de loin à l’être humain. Cette surprise ne manqua pas de lui faire hausser un sourcil pendant une petite seconde, l’archi-démone ne pouvant s’empêcher de s’en vouloir un peu. Elle n’était pas douée pour lire l’essence des êtres, et n’avait jamais eut l’éducation lui permettant, par quelques rapides observations, de définir avec précision la nature de ceux avec qui elle échangeait. Voir la plus petite fibre musculaire d’un corps s’actionner ? Aucun problème ! Différencier un humain de n’importe quelle autre créature humanoïde, que ce soit elfique, sylvain, élémentaire ou spirituel… ? Rien, NADA. Ruthgal, sa très chère sœur, n’aurait sûrement pas eut le moindre problème, mais elle, la tueuse de la famille, le monstre qui n’avait jamais rien connu d’autre que le fil de la lame et l’improvisation de la guerre voyait en cette tâche une mission impossible.

C’est ainsi qu’elle ne vint pas rebondir, et le laissa-t-elle déblatérer la suite de ses explications, de sa voltige, non sans un brin d’intérêt ? Rien au monde n’aurait put la détourner de son objectif, c’était un fait, mais elle pouvait se permettre d’écouter un être vivant en pleine phase d’argumentation :

« J’ai déjà senti cette odeur quelque part … hmm … Dans tous les cas, je ne pourrai pas récupérer mon gain avant la fin des enchères. Et elles vont durer un moment vu la liste des trucs sans valeur qui doivent encore passer. Ce qui nous laisse entièrement le temps … même toute la soirée. Donc, nous avons devant nous de quoi discuter. Vu la somme que j’ai mise pour l’avoir … »

Si « l’humain », car oui elle avait compris sa différence d’existence sans pour autant avoir défini la bonne manière de le catégoriser, avait commencé à parler tout en quittant son assise, se dirigeant visiblement la partie « standing et boisson » des lieux, elle ne fit pas mine de l’arrêter. Pour quelle raison, alors même que la plus juste des précautions de sa part serait de s’assurer que la plus petite forme de liberté personnelle soit anéantie, moyen particulier de faire pression pour qu’il abandonne immédiatement l’idée de s’en sortir à bon compte ? Tout simplement parce que la démone n’avait proprement aucune envie de se battre, et que si le cas survenait où il tente de fuir pas surprise, il n’aurait pas le temps de faire un geste qu’elle serait sur lui, lame au clair et prête à lui rappeler qu’un manque d’envie ne rimait pas forcément avec un manque d’action. En revanche, elle se laissa aller à l’écoute la plus simple, encore et toujours, l’entendant même maugréer sur l’état de la somme qu’il avait put mettre dans cet outil. Malheureusement pour cet acquéreur minutieux et obnubilé, elle n’avait pas vraiment de considération à lui offrir pour cela. Certes, rien n’aurait put le prévenir qu’elle allait débarquer pour détruire son nouveau jouet, mais en même temps, si l’humanité cessait de déterrer et vendre ces vieilleries, elle n’en serait pas là, à leur faire la chasse ! Enfin, il était visiblement temps pour elle de reprendre sa place dans la conversation, ce qu’elle allait faire volontiers :

« Vous désirez quelque chose à boire ? Il y a de tout dans le bar … Et … me donneriez l’honneur de me parler sous votre vrai visage ?
Je vais faire ça dans l’ordre… Vous pouvez me servir ce que vous voulez, car effectivement je me doute bien que nous avons quelques longues discussions à entreprendre. N’ayez juste pas la présomption de droguer la boisson, cela serait parfaitement inutile. »

Elle se tourna alors vers lui, ne quittant pas sa position avant de rebondir sur les propos qu’il avait eut plus tôt, préférant s’affairer au plus immédiat avant de venir se plonger dans l’échange commercial qui allait sûrement occupé l’ensemble de leur dialogues futurs :

« Soyons clairs, j’avais pour projet d’acheter cet outil avant de le réduire en miette. Voyant votre comportement lors des enchères, j’ai sut que cette possibilité était entièrement impossible, vous n’auriez pas démordu de votre éminent besoin de l’obtenir. Et sachant comment fonctionne les enchères de ce monde, je n’allais pas, ni ne vais, vous mettre le couteau sous la gorge. Comprenez donc que je suis venu au meilleur moment pour que nous soyons sur un terrain neutre. »

Elle s’arrêta, l’observant depuis sa place tandis qu’il vaquait au milieux des diverses bouteilles d’alcools, semblant chercher celle sur laquelle il avait porté son choix. Le dernier point qu’elle souhaitait engager était son apparence. Le fait qu’il soit un non-humain, et donc qu’il puisse avoir une certaine forme de relation naturelle avec les arts occultes était un danger qu’elle ne pouvait ignorer. Les démon, en révélant leurs formes, laissaient bien trop souvent glisser un peu trop de leur pouvoir sur le commun des mortels en direction des mages, qui avaient alors une clé supplémentaire pour les asservir et les obliger à l’obéissance. Mais en même temps … Elle ne lui avait pas donnée son nom, encore moins son nom complet, et il n’avait sûrement pas idée de l’origine infernale de son invitée. Aussi concéda-t-elle à lui offrir la transparence la plus absolue quant à sa forme : allant chercher dans sa poche le petit morceau de papier couvert des petites pattes de mouches manuscrites de Ruthgal, elle le déplia minutieusement avant de prononcer un mot dans une langue proprement incompréhensible, brisant immédiatement le sortilège de sa petite sœur. Et comme si sa couverture magique se consumait sous l’effet d’un feu intense, l’illusion s’évapora en volutes de fumées âcres et en cendres rougeoyantes, laissant lentement apparaître la véritable Keleth.

Quasiment humaine dans son apparence, l’archi-démone détonnait seulement par quelques détails quasi-infime, mais qui mit bout à bout laissait sa vision être assez déstabilisante. Elle était assez grande, élancée même, et sa tenue n’aidait en rien, semblant allonger ses jambes et ses bras tandis que son buste apparaissait comme plus petit et étroit que la normal. Ses muscles, curieux amas de puissances ne répondant à aucune loi physique connu, étaient aussi fins que tendus, comme si ils étaient, en toute circonstances, prêt à se relâcher dans une détonation cinglante et mortelle. Son accoutrement quant à lui mettait en valeur avec un soin étudié les particularités physique et la liberté de mouvement de Keleth. Soit moulant, sois absent, les tissus révélant bien trop de choses pour ne pas mettre normalement mal à l’aise, mais nombreux sont les êtres désormais à ne pas se laisser sottement charmé par quelques bout de peau douce et invitante. Enfin, trône sur ce corps aussi délicieusement incohérent qu’évocateur un visage fin, des traits acérés soulignés par une malice légère, et un air honnête de supériorité naturelle. Des prunelles de braise, des lèvres souriantes, et une tignasse blanche tirée vers l’arrière, coupée relativement court, lui donnant cet air un brin masculin qui parachevait l’illogisme soigné de cette femme à la nature plus guerrière que tout autre chose. Ce n’est qu’une fois les résidus magiques en train de voleter dans la pièce qu’elle reprit à nouveau la parole, avec un léger ton railleur :

« J’imagine que les faux-semblants et les tromperies dérangent ce monsieur. Comprenez que pour une personne qui ne prends pas la peine de se présenter directement à la foule de ses compères, je trouve ce genre de demandes assez ironique. Mais passons… Me voici donc sous mon vrai visage, et je vous prie de ne pas faire cas de mes deux amies au fourreau. Elles n’ont pas volonté à se libérer de leurs entraves ce soir, mais je me sentirais nue sans elles. »

Reprenant sa posture précédente, elle enchaîna gaiement.

« Donc, en parlant de ce fusil, peut-être aimeriez vous comprendre pour il se doit de finir en pièces détachées ?  Moins que vous n’ayez d’autres questions ? Je suis prompt à y répondre dans l’immédiat, tant que les négociations ne sont pas entamées. Voyez cela comme une forme … de magnanimité. »

8
De tout les temps, de nombreux objets occultes ont été utilisés par les êtres humains à des fins de conquêtes ou de vengeance. L’usage de la magie, des pouvoirs sacrés ou infernaux, la manipulation de quelques entités maléfiques ou gracieuses, voire même l’appel à des forces sans substances nées des plus terribles entités ont été bien des fois des facteurs d’extrêmes importances pour la victoire de quelques malheureux auparavant sans la moindre qualité. Mais avec le temps, au travers des héritages, des pillages et des dons, nombreux sont les outils de pouvoirs qui ont disparus de la circulation, finissant entre des mains bien assez secrètes ou vigilantes pour ne pas faire l’erreur d’informer le grand public de l’existence de ces influenceurs de destins. Pourtant, il arrivait par miracles, ou en d’incroyables occasions, que ces objets puissent refaire surface, et deviennent alors des sujets de convoitise malsaine dans le pire des cas, d’intérêt curieux dans le meilleur.

Depuis peu, cela survenait étrangement plus souvent. Suffisamment pour que dans les plus basses sphères des enfers, la question d’une prise de décision quand à ces artefacts d’un temps et de pactes résolus soit à faire. Pouvait-on encore accepter que certains de ces objets, dont la nature et la puissance trouvaient leurs racines dans les enfers et ses occupants, puissent circuler entre les mains des hommes, sans qu’ils ne se rendent compte des pouvoirs et des influences que ceux-ci provoquaient ? Il faut dire que la politique démoniaque avait connue de nombreux changements au travers des dernières époques, notamment à propos de l’aspect un peu trop « intrusif » des démons dans les affaires humaines. Il fallait l’avouer, ces singes à peine évolués possédaient suffisamment de nuances et d’intérêts pour être la meilleure des nourritures, une fois manipulés et désavoués, poussés aux vices et à la détresse. Sauf qu’ils ne pouvaient plus vraiment se permettre de provoquer leur regard sur leurs affaires. Non seulement parce que nombre de sociétés humaines avaient suffisamment développés leurs savoirs occultes pour prendre désormais des précautions telles que l’amusement n’était plus au goût du jour, mais surtout … Parce qu’il y avait désormais certains codes moraux qui s’étaient installés à la table des Princes, et ces codes pouvaient très bien se résumer de cette manière : « Étant bien trop puissant pour le commun des êtres de ces mondes et des autres, il est désormais de notre honneur de ne plus répondre à leur appel ». De ces choix provenaient les actuelles discussions quant aux artefacts démoniaques, ainsi que de la décision qui en découla :

« Ces objets ne doivent plus circuler. Les précédents maîtres infernaux se sont baignés dans une débauche d’orgueil et de stupidités, désormais nous en faisons les frais. Nos serviteurs deviennent les leurs, les trahisons sont légions, et la structure loyale que nous établissons se brise à mesure que nous nous acharnons à l’établir. Désormais, chaque outil d’autrefois devra être détruit dès que nous avons l’occasion de le découvrir.
Et qui s’en chargera ?
Seule notre Loi est suffisamment digne de confiance. Les punitions se faisant plus rare, je propose que l’Exécutrice soit mise en charge de cette mission.
Soit. Quelles familles sont en désaccord avec ce choix ? »

Trois mains seulement se levèrent sur les quinze plus grande familles des Enfers. Et aussitôt fut voté l’une des nouvelles (et énièmes) tâche de l’Exécutrice infernale. À son plus grand déplaisir actuel…


*
*   *

La décision de détruire les outils infernaux avait été prise depuis plus de trois ans. Trois années où , en plus de poursuivre les fuyards, les traîtres et les idiots, l’Exécutrice infernale avait dût apprendre et comprendre le comportement humain menant à la découverte et la transaction des objets susceptibles d’être des artefacts d’un autre temps. Elle n’était guère sotte, et appliquait son devoir avec une rigueur méthodique, mais malgré cela, il lui arrivait parfois de se demander comment ces petits êtres sans la moindre jugeote étaient capable de mettre la main sur autant d’objets dont la simple existence et manipulation pourrait les renvoyer au néant. Sincèrement, elle en avait déjà eut pour plus d’une trentaine d’outils à détruire, allant de l’armoire menant à d’autres dimensions chaotiques au couteau qui permet de faire couler du vin depuis une fente produite par sa lame. Et aujourd’hui encore, elle se devait de rejoindre une petite place d’enchères pour mettre en œuvre tout ce dont elle était capable pour récupérer un lot, un seul, dont la présence était plus que dérangeante. C’était donc grimée de la tête au pied, revêtant la délicate et innocente apparence d’une humaine tout à fait lambda grâce aux sortilèges de sa très chère sœur, qu’elle avait acquise sa place, puis s’était infiltrée dans le merveilleux milieu des acheteurs d’antiquités de Seïkusu. Simple et honnête dame de la haute société, elle s’installa à l’intérieur de la salle principale pour observer le déroulement des opérations, analyser les pièces qui seront amenées pour s’assurer qu’aucune autre ne puisse être dangereuse… et éventuellement, si la chance le veut bien, acquérir le plus facilement du monde l’objet de sa présence en ce domaine.

L’événement traîna en longueur, autant son démarrage que sa mise en route, non sans parler que de nombreuses personnes dans la salle s’extasiaient du moindre bibelot présenté par l’organisation, résultant en des heures terribles de débats stériles, à grand renfort de panneaux levés bien haut pour relever encore un peu plus le prix des banalités mises en vente. Mais enfin survint le clou du spectacle pour Keleth. Dans un large coffret de bois, installé sur une couverture de soie brillante et protégé par un dôme de verre permettant malgré tout d’en observer l’authenticité, l’archi-démone put contempler l’objet terrible qu’elle venait quérir. Il s’agissait d’un fusil d’aspect primitif, présenté comme un des infimes rescapés de la guerre de réunification du Japon, et portant encore la trace de la signature de son concepteur, un soi-disant célèbre forgeron de l’époque. Le nom résonnait aux oreilles des intéressés, mais Keleth avait conscience que cela ne pouvait pas être entièrement vrai : l’aura glauque et mortifère de l’objet laissait entendre que son créateur avait fait partie des anciens Princes des mondes abyssaux, ce dernier s’étant sûrement grandement amusé en offrant une telle arme à un simple humain rongé par le désir de vengeance ou de notoriété. Elle n’avait pas la pleine connaissance de ses pouvoirs, et ne pouvait réellement en faire une analyse précise pour l’instant. En revanche elle tenta de l’acquérir dès lors que fut annoncé, annonçant une augmentation légère en permanence, s’attendant simplement à faire diminuer les acheteurs au fur et à mesure en usant leurs nerfs. Malheureusement… Cela n’alla pas comme prévu.

Soudainement, le prix de ce lot explosa. Une augmentation tellement faramineuse que rien ne pouvait réellement concourir avec une telle dépense. Surtout que celle-ci annonçait clairement qu’il y avait là, quelque part dans le bâtiment, un richissime fils de capable de mettre encore bien plus d’argent sur la table dans le simple objectif de remporter ce fusil. Ce revirement soudain de la situation fut tout à fait incongru pour l’archi-démone, mais cela l’amena à revoir sa méthode d’acquisition. Très bien, elle n’allait pas se battre à coup d’argent, elle allait plutôt … Trouver l’origine de cet achat, et voir les choses avec un peu moins de diplomatie. Quittant son siège immédiatement, laissant derrière elle les riches petits cochons humains, elle se glissa rapidement en dehors de la salle des enchères, puis se glissa en direction des cabines personnalisées. Nulle chance que l’acquéreur du lot soit autre part, en revanche, elle pouvait chercher longtemps avant de tomber dessus, vu le nombre de participants. Mais elle avait retenu le numéro d’acheteur annoncé lors de l’acquisition, plus qu’à trouver le premier… serveur du coin, et son petit chariot plein de denrée et de vaisselles. Elle le trouva près de l’ascenseur de service, s’approcha sans la moindre forme d’agressivité, toujours sous couvert de son apparence illusoire, offrit un sourire quand l’homme se tourna vers elle… Puis lui fondit dessus, l’attrapant à la gorge et le décollant du sol, faisant pression pour qu’il ne puisse laisser un bruit s’échapper d’entre ses lèvres. La porte de l’ascenseur s’ouvre avec un petit tintement délicat, et la voilà qui entre avec sa proie, sans un bruit, pour enfin appuyer sur le bouton obligeant la fermeture de ce petit transport professionnel.

« Bonsoir monsieur. Je n’ai besoin que d’une information, et tu vas respectueusement me la donner avant de piquer un somme, d’accord. Je veux le numéro de loge de l’acheteur 00536-DI. Donc je lâche légèrement ta gorge, tu me réponds, et tout ira bien. Autrement… je serrerai plus fort, d’accord ? »

Elle ne cherche pas à observer un éventuel accord, mais relâche simplement sa gorge comme convenu, le pauvre jeune homme ayant manqué finir sa vie une première fois, asphyxié. L’archi-démone l’observe inspiré nerveusement quelques rapides bouffées d’air, puis… lui répondre, d’une voix étranglée mais rendue sincère par la plus pure crainte de ce qu’il pourrait subir à mentir :

« L-...la… 2...200...17... 
Excellent, tu es un amour, tu sais ? Maintenant, dors, j’ai une visite importante et ne peux pas vraiment te laisser te balader, pardon. »


*
*   *

« Le salon est occupé. Veuillez en choisir un autre s’il vous plaît. »

Quand elle se glissa dans le salon, elle ne répondit pas. Elle n’avait pas de raisons de le faire, et cet humain n’avait potentiellement aucuns pouvoirs pour l’y contraindre, encore plus quand elle était en pleine mission. Elle conserva malgré tout son apparence purement humaine, n’ayant pas de raisons de la quitter pour l’instant, et fit quelques pas sur la moquette rase qui couvrait le sol, s’avançant vers la place de choix qu’occupait l’acquéreur du fusil. Une petit table basse se trouvait devant un large téléviseur, et l’homme semblait posséder en plus une tablette pour signaler ses enchères et ses action. Le genre d’équipement que l’on s’apprêterait à entrevoir dans le cagibi d’un gros dégueulasse dont la capacité à se déplacer demandait deux mois de logistique et un monte-charge personnel contre-plaqué or, pour faire encore un peu plus ridicule. Mais à mesure qu’elle progressait, le tableau qui s’offrait à elle était … différent. L’homme qui se trouvait actuellement dans le fauteuil principal, bien dignement positionné, se révélait peu à peu être plus proche de l’illuminé que du porc suintant sa richesse. Une tenue d’une telle grandiloquence qu’elle en bavait les plus vieilles époques de la royauté terrienne par la plus simple de ses fibres, un lot de grelots et de chaînes dont l’affublation était presque dérisoire, ainsi qu’une posture si souveraine qu’elle en sentait la poussière étaient tout autant d’éléments qui manquèrent un instant prendre l’Exécutrice par surprise. Mais le rapprochement avec l’univers de Terra n’allait pas pour autant l’empêcher d’accomplir sa mission, et si cette étrangeté vivante devait être le dernier rempart entre elle et la destruction de l’outil démoniaque, soit, elle allait se prêter au jeu.

« Allons, allons… Je ne suis pas ici pour le salon en lui-même. »

Ne lui accordant pas plus de regard, elle tira l’un des fauteuil ovoïde de la pièce et l’installa au côté de cette homme, avant de s’y installer confortablement, s’assurant par ailleurs qu’il ne puisse encore bien l’observer en plaçant le dos parfaitement rond de l’assise dans son champ de vision. Puis, lentement, elle se laissa pivoter sur le pied amovible pour se placer sur le même axe que son interlocuteur des prochaines minutes, jambes croisées, venant placer ses mains croisées sur son genou surélevé. Le dos droit, la posture professionnelle, elle observa un court instant l’homme contempler la suite des enchères avant de prendre la parole, cherchant presque à capter le moment même où il allait entrouvrir les lèvres pour lui demander ce qu’elle faisait ici. Après tout, elle était là parfaitement ravi de commencer par lui couper l’herbe sous le pied, petit jeu innocent qui pouvait malgré tout avoir son effet, même mineur :

« Peut-être souhaiteriez vous une présentation, mais je n’en ai guère à donner. Vous venez de faire l’acquisition d’un objet que je dois mettre au rebus, et face à l’ampleur de la situation, j’ai préférence à venir vous voir directement plutôt que de perdre du temps à lutter à coup de menue monnaie. Je ne viens pas non plus procéder à un échange, même si foncièrement cela pourrait être possible. Mes termes seront donc ceux-ci : dois-je agir cordialement ou voulez-vous me forcer à trouver des procédés bien moins cordiaux ? »

9
Son compagnon n’était guère aussi jovial que plus tôt. On ne pouvait pas non plus dire qu’il conservait cette espèce d’innocence dont il s’était revêtu plus tôt pour mimer quelques faiblesses naturelles, celui-ci ayant désormais le regard acéré d’un homme qui a vu plus d’un mauvais jour. C’était assez intéressant en un sens, qu’il soit aussi honnête soudainement, parce qu’il était tout simplement évident qu’il s’agissait là de sa véritable nature, induite par l’urgence de la situation, et non pas son charmant mais pauvre jeu d’acteur qu’elle avait pu déceler dès leurs premiers échanges. Au moins pouvaient-il tout deux comprendre que l’autre avait son lot de cachotteries à garder précieusement en soi, mais au vu des événements, ni l’un ni l’autre ne pouvait continuer ainsi, à vivre dans un passager mensonge le temps que les choses se calment. L’un contre l’autre durant la majeure partie de cette marche hâtive en direction d’un lieu plus sûr, l’archi-démone n’aurait été que bien sotte de ne pas percevoir les mouvements hasardeux mais lubrique de son allié. Il avait d’autres espoirs, comme son comportement de plus tôt le laissait entendre, et cela … Pouvait être invitant, mais ils allaient devoir attendre qu’il se trouvent dans un lieux propice à ce genre d’errances. Chose qu’elle avait dû lui dire malheureusement. Comme quoi, si il n’était pas un faible damoiseau en détresse, il avait encore assez peu d’expériences pour ne pas se laisser emporter dans le feu de l’action. Somme-toute, il était plus mignon comme ça qu’en petite chose geignarde au bord de la détresse. Mais ça, c’était encore quelque-chose qu’elle ne dirait pas de suite.

Tandis qu’elle se retrouve sur le sol en attendant que le jeune homme apprête l’insecte gargantuesque qui allait leur servir de monture, elle tentait de trouver un calme relatif, de reprendre un peu le contrôle de son état pour réfléchir plus clairement à l’ensemble des événements. Elle était certaine que sa cible avait été plus ou moins en contact avec les gobelins, sinon il n’aurait pas put se terrer si bas, alors qu’avait-il put leur promettre pour ne pas finir embroché et cuisiné par ces horreurs à la peau noire ? Rien de pertinent ne lui venait à l’esprit, ses terribles fantasmes lui mettant en tête quelques tristes mais agréables images d’un lot de jeune femme en triste prise avec ces violeurs nés, et elle se doutait que si ses lubies prenaient ici une trop grande place, elle avaient surtout le malheur de l’éloigner de la véritable situation qui avait dû se produire. Tant pis, elle n’allait pas lever le voile de la perfidie de sa cible en cet instant, surtout qu’elle entendait déjà son compagnon revenir lentement, accompagné du cliquetis étrange mais pas désagréable de la gigantesque monture qu’ils se permettaient d’emprunter. Alors, mollement, elle se tira de son assise froide avec quelques hésitations maladroites, son corps encore en pleine lutte pour agir proprement, puis s’aida à nouveau de son allié pour qu’il l’accompagne sur la chitine creusée de la bête, afin d’y trouver enfin une position valable lui permettant de s’assurer un voyage stable. Malheureusement pour elle et son compagnon en revanche, les encoches produite dans l’armure naturelle du scarabée n’étaient clairement pas à leurs taille, aussi allaient-ils devoir faire autrement qu’en s’y installant.

Le temps jouant contre eux, la solution fut simplement de ne pas lutter plus longuement pour s’assurer de se déplacer sans problèmes de cahots et de mouvements, de simplement guider la bête sur les chemins les moins abîmés pour pouvoir rapidement s’avancer dans les tunnels sans manquer de voler hors de leurs assises. Un claquement de rênes fut amplement suffisant pour lancer le coléoptère, au grand bonheur de la démone qui avait eut la peur de quelques signaux secrets de ces terribles peaux-noires afin de donner l’ordre à leurs montures de se mettre en marche, et aussitôt les deux fugitifs s’enfoncèrent dans les profondeurs de ces cavernes titanesques. En cet instant, la démone pensait à deux choses. Tout d’abord, elle restait bien malgré elle particulièrement impressionnées par la quantité surprenante de tunnels qu’ils croisaient au fur et à mesure de leur chevauchée. Il était passablement surprenant qu’autant de vers des montagnes aient put se trouver au même endroit sans s’entre-dévorer, aussi Keleth se demandait si ils ne se trouvaient pas sur une zone de ponte pour ces êtres phénoménaux, nurserie de l’extrême où ces bêtes pouvaient manger et grossir suffisamment pour ensuite parcourir les terres de ce monde sans craindre pour leur vie. Le deuxième point auquel la démone laissa ses pensées s’attarder fut de désigner, au fur et à mesure de leur avancée, les chemins les moins utilisés, ceux qui portaient le minimum de traces de griffes de la part des énormes coléoptères. Car si cela pouvaient effectivement manquer un peu de discrétion face à un pisteur chevronné, ils pouvaient espérer que le manque de présence sur ces chemins soient la raison de quelques croyances pour les gobelins de ces grottes, et qu’ainsi ils n’oseraient les poursuivre malgré leur évidente présence.

L’archi-démone paria sur cette possibilité. Elle s’enfonça donc dans des chemins de moins en moins praticables, le jeune homme derrière s’accrochant à elle avec une lubricité qui ne manquait pas de rendre la chevauchée ô combien difficile. Il le faisait exprès, c’était non seulement évident, mais surtout il ne se cachait guère. Et non, les quelques rebonds de leur cheminement ne pouvaient pas justifier que sa main se détache soudainement de sa peau laissée à l’air libre pour se rattraper sur sa poitrine, obligeant la démone de se mordiller la lèvre pour ne pas répandre un léger gémissement en écho le long de ces cavernes tubulaires. Si il pouvait la laisser tranquille, ne serait-ce qu’un court instant, qu’elle puisse inspirer un peu d’air frais, qu’elle puisse garder le contrôle de sa chair, mais non, il semblait dévoué à cette idée qu’il devait la garder sur un fil tendu, alors qu’elle était déjà aux portes de l’incontrôlable. Cela allait se payer sévèrement à ce rythme ! Mais elle ne pestait pas, elle se gardait du silence le plus tempéré qui soit, et elle se contenta de finir cette chevauchée le plus rapidement possible. Le coléoptère était non seulement rapide, mais il était aussi fin grimpeur, et rapidement ils purent en profiter avec joie, car même les tréfonds les plus inégaux et pentus de cette caverne ne manquèrent pas d’être de simple route pour l’insecte de forte taille, celui-ci galopant de ses six membres pour les amener plus loin, encore plus loin, toujours plus loin à l’intérieur des demeures les plus secrètes que ces monts ont put créer au fil des siècles. Pour autant, même après plus d’une heure de trajet, la démone restait insatisfaite. Nul lieu ne trouvait grâce à son besoin de sécurité, et son état d’alerte permanente n’aidait en rien. Ce fut à son compagnon de signaler son choix, pointant une grotte un peu plus lointaine, en bord de gouffre. Par défaut, Keleth obtempéra.

« Au fait, je dois te faire une confidence Keleth. Je t’ai menti sur quelque chose me concernant, je ne suis pas un humain. Mais cela, je pense que tu as déjà dû t’en douter. Je pense qu’au vu de notre situation, tu as le droit de connaître ce que je suis vraiment. Je te rassure, je suis bien ici pour explorer le monde et je me nomme bien Himéros… Cependant, je suis un Dieu, un Dieu Déchu de l’olympe pour être plus précis. Et sache que je ne suis pas n’importe quel Dieu, je suis celui qui a offert le désir charnel, le plaisir de l’ébat, les penchants, la lubricité à tous les êtres de ce monde… Tu comprends ce que cela veut dire n’est-ce pas ? »

Première paroles depuis un long moment, l’archi-démone épuisée ne manqua pas pour autant la moindre miette de son discours. Il était donc venu le temps des aveux hein ? Cela ne promettait rien de bon, mais au moins cela sous-entendait aussi que les deux approchaient effectivement enfin d’un lieu de repos convenable à leurs yeux. Elle ne répondit que calmement à ses termes tandis qu’elle faisait ralentir leur puissante monture alors qu’ils approchaient du cours d’eau scintillant qui zébrait leur point de retraite :

« A part que je comprends effectivement d’où tu tires ton sursaut d’assurance et tes manières. Mais oui, il était peu plausible que tu n’ai quoi que ce soit d’humain, de ce que j’avais entraperçue. »

Enfin à l’arrêt, elle le laissa descendre en premier, n’ayant que peu de raisons de bondir immédiatement de la bête qui les avait tant aidés, surtout qu’elle n’avait guère l’information rassurante comme quoi ses jambes sauraient la tenir une fois de retour au sol. En revanche, elle vit la main de ce camarade se tendre pour l’aider à redescendre de son perchoir, et malgré une petite moue de la part de la démone, elle se permit d’accéder à cette aide. Un léger soutien le temps qu’elle glisse son corps nubile en direction d’une surface solide ne pouvait guère lui faire de mal, et de toutes manières elle se doutait bien que le garnement qui la regardait avec des étoiles dans les yeux avait d’autres pensées autrement moins cordiales. Alors pourquoi s’inquiéter, si les événements étaient déjà gravés dans le marbre. Elle se laissa choir en maintenant son appui sur Himéros, et vint quérir le sol froid de ses pieds nus, puis se tourna vers le court damoiseau devant elle. Aussi étrange cela pouvait-il être, mais malgré le fait qu’elle n’avait plus ses chausses favorites, elle restait tout de même plus grande que lui. De peu de choses, soyons honnêtes, mais le damoiseau manquait clairement de prestance. Pourtant, l’éclat d’or de ses yeux avides laissait entendre ô combien d’autres terribles idées qu’un si élégant personnage ne devrait avoir à l’esprit. Cela l’amusa profondément le temps qu’elle eut pour l’observer, car la poigne du jeune homme commençait déjà à se durcir, portée par quelques terribles échos dont il semblait être le divin représentant :

« Je pense sentir le désir de n’importe qui Keleth et le tiens n’a pas perdu en force depuis que l’on a quitté ce repaire. Et n’ose pas me sortir à nouveau l’excuse que se sont les produits des gobelins. Tu étais dans une position où tu allais te faire violer, alors je comprends que la drogue fasse de l’effet, mais pas au point de t’excité autant que tu l’es. Car même moi qui suis affecté et l’incarnation du désir, je ne suis pas aussi excité que toi. Il serait donc bien d’avouer que tu désires que l’on abuse de toi Keleth. »

Il était …. oppressant ? Peut-être, mais au moins était-il honnête avec lui-même. La divinité pour autant semblait être bien bavarde, restait à une distance sommes toute raisonnable et… Elle percevait une forme d’hésitation ? A la fois si assuré et si mesuré, elle en avait rencontrée des plus méchants comme des plus gentils, et le petit jeu auquel s’adonnait le dieu ne manqua pas de lui tirer ce léger sourire quand elle le sentit l’attraper et chercher à la mettre au sol. Elle ne résista pas un instant, lui laissa le don de goûter à cette victoire vu qu’il semblait se croire en capacité de soudainement l’y forcer, mais quand elle le vit s’asseoir sur ses hanches, la toiser de haut de son petit corps plus fin que le sien, et surtout quand elle perçut ses doigts sur sa gorge, cherchant à y appliquer une pression qui avait sûrement volonté de lui donner une impression de faiblesse, elle ne put s’empêcher de lui offrir ce regard mêlé d’amusement. Il y avait là un jeu qu’elle connaissait, même très bien, et quand ce damoiseau si terrible se trouvait être le roi du monde, elle savait aussi très bien qu’elle était en pleine capacité de le troubler bien plus qu’elle ne pourrait jamais l’être. Pourquoi ? Parce qu’il avait des pulsions, et qu’elle, malgré son état, avait une discipline de fer pour l’aider à lutter contre ses désirs. En avait-elle toutefois envie en cet instant ? Les choses dépendaient très clairement du chemin que comptait emprunter Himéros, aussi le laissa-t-elle finir l’expression de ses desire rata avant de rebondir sur ses propos :

« Donc maintenant que l’on est en sécurité Keleth, je vais faire ce que les gobelins n’ont pas pu faire à ton corps, le souiller. J’en profiterais aussi pour réaliser ton désir d’être simplement utiliser. Alors maintenant fait moi le plaisir d’écarter les cuisses bien sagement.
Eh bien, eh bien. Pardonnes moi charmant sauveur, mais je crois que tu mélanges bien des choses . »

Les yeux de la démone pétillaient de la même lubricité que ceux d’Himéros, mais elle avait sa manière de jouer. Et même si celle-ci n’était pas forcément mise à mal par les comportements du jeune homme, elle pouvait tout aussi bien avoir le droit de s’exprimer vu combien il s’était permit de monologuer. Alors elle posa deux de ses doigts ainsi que son pouce sur le poignet du Dieu, celui de cette main qui cherchait à lui couper le souffle, puis tordit le poignet dans un geste lent et simplissime. Une simple connaissance des arts martiaux suffisait pour cela, pas besoin de force, et quand elle amena son autre bras pour alors taper doucement dans le creux du coude d’Himeros, ce fut pour lui couper sa prise, le faisant chuter en avant et enfouir, bien malgré lui, sa tête dans la poitrine démoniaque.

« Écoutes moi, terrible et méchant petit Dieu tout vilain. Je ne veux pas être mauvaise, mais je t’avoues que ton petit numéro de terreur n’est pas vraiment pour me faire craindre quelques représailles que ce soit. »

Elle ne manqua pas un délicat sourire. L’avoir contre elle était déjà satisfaisant, l’amenait à respirer lourdement, son corps appelant à quelques caresses supplémentaires, à quelques contacts moins chastes. Mais pour l’instant, elle gardait Himéros contre elle, l’un de ses bras envelopper autour de son dos tandis que l’autre s’était un brin surélevé pour aller piocher dans ses jolis cheveux roses quelques unes des terribles idées que le jeune homme pouvait avoir en tête. Il était plus innocent qu’il le pensait sur ses propres règles, du moins en avait-elle l’impression. Est-ce qu’avec le temps, le dieu déchu n’avait pas eut l’occasion de voir combien les démons, les bêtes, les monstruosités de Terra pouvaient agir comme les pires ordures qui soient en échange d’un petit trou fragile à remplir ? Elle ne le savait pas, mais tandis qu’elle laissait ses doigts parcourir la tignasse légèrement bouclée par l’humidité d’Himéros, elle reprit la parole délicatement, avec un ton presque professoral, ou à la manière de quelques grande sœur prodiguant conseils et informations à un benjamin un peu trop impétueux :

« Oui, petit Dieu, quand on est aussi ancienne que moi, on finit avec de drôle de lubies. Mais franchement, petite tête, tu penses vraiment que le jeu du grand méchant qui m’ordonne « d’ouvrir les cuisses » va m’affecter ? Quel grand méchant ne prends pas immédiatement ce qu’il veut sans se passer du moindre avis, tu ne crois pas ? »

Elle se mit à rire, délicatement, sincèrement, puis eut la vilaine intention de le déstabiliser encore plus. Que pouvait-elle faire pour le provoquer encore un peu plus, pour jouer sur son honneur ou sur ses valeurs ? Allait-elle juste le pousser à bout pour qu’il lui saute dessus ? Se moquer gentiment jusqu’à ce qu’il n’accepte plus ses railleries et se venge ? Ou alors lui laissait-elle le choix, qu’il puisse se dire qu’il avait « effectivement le droit » de vouloir la posséder sans se dire qu’il ne se comportait pas bien ? Tant de possibilité, mais autant de voies qui montraient que dans l’esprit de la démone, le damoiseau n’était pas vraiment un grand prédateur, plutôt ce lionceau qui commence à montrer les crocs sans pour autant encore oser mordre son semblable. Ce n’était pas un mal, et dans le fond cela lui donna son idée. Elle le repoussa. Point de manière bien violente, mais elle se redressa, et dans le mouvement, Keleth appliqua une légère poussée du bras pour que le damoiseau divin aux cheveux roses se retrouve hors de ses hanches, ses fesses tombant juste délicatement au sol. Elle ne le laissa pas vraiment questionner son action, profitant de la surprise d’Himéros face à son évidente retenue quant à ses propres désirs avoués, et s’amusa à ramener ses jambes contre elle, de biais, voilant sa poitrine d’un de ses bras tandis qu’elle installa son autre main devant son visage dans une feinte pudeur.

« Que préfère-tu, la faible démone sans forces qui s’écrie : Oh mon dieu je vous en prie, ne punissez pas mes péchés de votre engin ardent !? »

Elle y mettait de la voix, et la gestuelle qui allait avec ses étranges mais amusantes provocations face au manque de constance de son compagnon et sauveur. L’instant d’après se déplaçait-elle déjà à quatre pattes vers lui et venait poser sa main sur le-dit « engin ardent », déjà ô combien stimulé :

« La rédemptrice pleine de bonne volonté qui te regarde avec passion et te dis : Mon bon Seigneur, je ne vois que ma chair de pécheresse pour vous récompenser de votre divin sauvetage. Laissez donc mes lèvres impures goûter à votre délicieux nectar. »

Ricanant juste après, la voilà qu’elle reprend de la distance, s’asseyant en tailleur, glissant ses doigts entre ses jambes avant d’ouvrir d’elle-même son antre humide aux yeux du Dieu, et ce non sans reprendre encore quelques paroles bien piquantes pour souligner son nouveau trait de caractère :

« Ou peut-être la grande sœur qui te souris joyeusement : Allez, vient Himéros, tu m’as percée à jour, alors pourquoi ne pas éteindre mon feu en m’aidant à l’aide de ton superbe instrument. Que je te montre comment un homme se comporte ! »

L’amenait-elle à bout ? Allait-il finalement lui sauter dessus sans réfléchir et prendre ce qu’il voulait ? Dans le fond elle ne voulait pas non plus l’y inviter si clairement, elle adorerait le voir se le permettre, tout simplement, mais comme toujours son mauvais caractère prenait le dessus ! Ce genre de taquinerie pouvait tout simplement le dégoûter, elle savait que certains hommes supportaient très mal de se voir se faire railler leur virilité… Mais il était un dieu, elle espérait qu’il avait l’intelligence, peut-être même tout simplement la lubricité, de voir derrière ses comportements une sorte de provocation sommaire, honnête, chaleureuse. Finalement, un comportement parfaitement taquin, qui n’avait pas le ton moqueur que l’on pouvait y accorder, mais surtout qui cherchait l’invitation, le jeu, ce jeu qu’elle maîtrisait si bien et dont elle donnait aujourd’hui le parfait spectacle. Enfin, il était temps que ça cesse, aussi elle laissa le couperet chuter et mettre fin à sa petite scène de théâtre habile :

« Alors, dois-je jouer, ou veux-tu réellement être celui qui joue avec moi, vilain petit Dieu si poli ? »

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Prélude / Re : Terem Tarvok Mihraïl, le Mage d'or [Keira]
« le: dimanche 07 février 2021, 23:57:55 »
Bienvenue par ici, et un bon courage pour ta future validation.

Prends un jus de fruit et installes-toi bien, bonhomme.

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Comment expliquer la situation dans laquelle se retrouvait la démone ? Dénudée, installée de manière à être une offrande pour la moindre peau-verte qui voudrait se plonger en elle pour vider leur matériel génital, la démone était très clairement dans une posture des plus humiliante, et même dans sa confusion actuelle, elle ne pouvait guère en ignorer la gravité. Ce n’était pas qu’elle puisse réellement craindre que ces bestioles ne viennent planter en elle quelques graines viciées, tout simplement parce que comme une grande majorité des entités démoniaques, la probabilité de produire naturellement une engeance charnelle était extrêmement faible, et dépendait très souvent de la volonté de la génitrice. En revanche, l’accumulation des encens, de la multitude, et de sa position pouvaient être autant de facteurs pour que la pauvre Exécutrice finisse par perdre l’esprit, et qui sait réellement quand elle pourrait en reprendre le contrôle si ces créatures déplorables décidaient de profiter d’elle des jours, voire des semaines durant ? En somme, même si elle ne pouvait donner naissance à une autre de leurs saloperie verdâtre ignoble, elle finirait sûrement brisée, à ne plus pouvoir faire autre chose que de les servir jusqu’à ce que son corps soit jeté dans quelques limbes d’obsidiennes dont elle ne pourrait sortir, et cela laissait entendre une mort certaine sans qu’elle ne puisse se tirer jusqu’aux enfers pour récupérer, étant donné qu’elle était venue en ce monde avec son enveloppe véritable, et non quelques factices chairs dont elle aurait put disposer pour rappeler son âme. En clair, la situation était dramatique…

Pourtant, au plus profond d’elle, quelque chose était en train de gonfler, de prendre le dessus sur sa pensée confuse, sur son inquiétude, sur la clarté d’esprit qu’elle pouvait avoir sur la situation. Comment l’expliquer ? Peut-être que malgré l’urgence, malgré les risques qu’elle encourait, les encens parvenaient à tant affecter sa réflexion que la pauvre femme se perdait dans quelques tristes imaginations qui ne l’aidait guère à se concentrer ? Ou peut-être que son corps malmené déjà, mais robuste, se refusait de donner gloire à la douleur, la privant non seulement des peines de la chair, mais lui proposait en échange quelques tristes pactes avec une lubricité dont elle ne parvenait pas encore à taire les doux chuchotements ? Peut-être que les psaumes du gobelin chamanique, ancestral rituel, avait pour quelques dons d’induire non pas un effet magique, mais psychique sur l’esprit de la condamnée, et que dans les suggestions de ces voix nasillardes et grotesques se cachaient le secret de quelques provocations sexuelles dont elle ne percevait le sens, mais ressentait l’afflux ? Non, il était bien plus plausible qu’elle ne soit que son propre bourreau. Que malgré toute la dignité dont elle pouvait faire preuve, que malgré toutes les forces qu’elle possédait naturellement, malgré la bonne volonté de la femme aux cheveux d’argent, et son désir d’accomplir prestement son travail en ce monde vicié… Elle possédait, au plus profond d’elle, ces quelques faiblesses propre à chacun, ces faiblesses qui étaient tant et si bien attisée en cet instinct qu’elle ne parvenait pas à passer outre.

Car oui, quand elle releva péniblement la tête pour observer autour d’elle, malgré son état déplorable, et ces odeurs horribles qui lui prenait le nez, la femme ressentit une excitation telle qu’elle ne pouvait pas médire qu’il s’agisse là de ses propres péchés. Il fallait la comprendre, elle était une démone quasiment invincible dont la plupart de sa vie se résumait à faire régner la loi parmi des hordes et des hordes de démons, de toutes classes et de toutes puissances, les intimant à la fois au respect, mais aussi à l’obéissance. Qu’ils soient forts ou faibles, puissants ou solitaires, elle en rencontrait chaque jours, et subissait autant un flot d’insulte qu’une crainte sans limite dans leurs regards. Alors finalement, la supériorité et la peur était devenu son lot habituel, quelque chose dans laquelle elle ne trouvait ni grâce, ni plaisir, pas la moindre forme d’intérêt. En revanche, à mesure que les siècles s’étaient doucement écoulés, elle avait lentement prit conscience de quelque chose de terrible en son coeur : Elle n’appelait qu’à un juste retour. Que les faibles qu’elle pouvait écraser d’un simple mouvement ripostent. Qu’ils s’en prennent à sa chair, qu’ils l’écrasent, qu’ils lui fasse payer ses actions de toutes les manières imaginables. Ce n’était pas tant un élan de masochisme normalement, car elle savait qu’elle pouvait s’en remettre, mais ici, ses propres pulsions étaient en train de la rendre d’autant plus facile à corrompre alors même qu’elle n’avait jamais tant risquée son existence qu’en cet instant ! Sans même que les vapeurs ne fassent leurs offices encore, elle avait déjà le souffle lourd, et chaque mouvement qu’elle tentait était l’occasion d’un frisson d’extase. Non, elle ne pouvait pas se laisser faire, mais … mais pourtant, son esprit comme son corps vagabondaient sur un flot terrible d’une excitation malsaine.

Ils avaient gagnés, et elle avait perdue. Les faibles prenaient leurs droit sur le corps de la puissante. Cette idée la faisait panteler, elle n’avait presque qu’un désir, de sentir cette première forme de vie misérable s’en prendre à elle, qu’il assouvisse ses besoins avec la chair démoniaque de Keleth, pourtant interdite à ces engeances infâmes. L’idée même, et pourtant traumatisante pour qui que ce soit, qu’il puisse le remplir de son jus épais, la tacher du fruit de sa masculinité, pour ensuite laisser la place à un autre qui en fera de même, sans même qu’ils ne lui laissent le moindre instant pour se reprendre manqua de la faire chavirer, à tel point qu’elle se sentit un instant capable d’en faire la demande, avant que sa fierté ne vienne prendre place à nouveau dans sa petite caboche dysfonctionnelle, et la rappeler à la honte la plus évidente pour oser imaginer se laisser faire alors qu’elle se ferait violer sans sommation. Haletante, elle tenta de tirer sur les liens qui l’entravait, mais elle ne parvint même pas à réellement bouger ses bras, ses forces l’ayant tant abandonnée qu’elle ne semblait pas capable d’accomplir la moindre action. Merci l’obsidienne et sa terrible nature. Pourtant, elle ne manqua pas d’entendre peu après le chaman finir ses grands appels à quelques forces supérieures inconnues, appelant forcément la démone à quelques rappels de ses inavouables péchés, et relançant la machinerie terrible de son esprit dépravé en quête de maltraitance !

Mais rien ne se déroula comme elle le pressentait. Ou le désirait, peut-être ? A l’instant où les événements firent mine de se précipiter, et que sa « juste sentence » pour avoir éliminer une dizaine de leurs camarades allait lui être inculquer, une explosion soudaine se fit entendre. Déflagration perturbante au milieu de la caverne, inquiétante pour bien du monde, l’on peut l’avouer, cette première détonation vint troubler l’ensemble des peaux-vertes, qui quittèrent immédiatement leur poste de luxure pour commencer à se déplacer de manière désordonnée et dramatique à l’intérieur du camp. La femme ne pouvait le voir depuis sa difficile posture, et même si elle tenta de jeter un coup d’oeil en se tordant le coup, elle ne perçut pas plus que quelques hautes fumées noirâtre dans cette gigantesque caverne qui abritait la population gobeline. Seul le chaman était encore auprès d’elle, comme si il se trouvait être le gardien de leur futur jouet, mais pour autant, il ne se permit pas de s’adonner à quelques atrocités, ce qui ne manqua pas de faire encore grimper d’un cran la frustration de la démone, et ce malgré toute la bonne volonté qu’elle essayait d’appliquer à son comportement afin de ne pas se laisser errer à quelques inavouables fantasmes. Foutu cerveau et ses  outrages, maintenant elle était non seulement des plus excitées, mais en plus cette espèce d’attente entre ses états et son châtiment était en train de faire tourner les engrenages de sa perversités à une vitesse folle, emballant la machine et amenant Keleth à se retrouver dans tout ses états. Le pire ? Elle ne pensa pas un instant que cette explosion pouvait être le fait d’Himéros, d’un potentiel sauveur donc, si bien qu’elle ne put encore chercher à se contenir, à dissimuler sa malheureuse nature et ses dépravations… Cela n’allait pas aller en se simplifiant.

Car la suite fut un parfait exemple de génie militaire. Si elle ne put en observer les effets, elle entendit à la fois les prochaines détonations comme autant de meurtres de sang-froid, mais la poursuite des affrontements sembla aller grandissant, quelques rugissements et cris horribles donnant le goût de ce qu’il se passait à l’intérieur du camp. Le chaos régna pendant un moment, puis celui-ci se fit plus calme à mesure que le temps passait, laissant comprendre que les événements approchaient, lentement mais sûrement, vers son dénouement. Et la pauvre était là, interdite, incapable, princesse en détresse quand elle n’était normalement que fureur et destruction. Frustration sur frustration, la dame percuta à mi-chemin que tout cela était trop bien organisé pour être la bourde d’une peau-verte sans cervelle, et c’est à cet instant seulement qu’elle se remémora son étrange compagnon, mais que pouvait-elle faire de plus ? Appeler à l’aide ? En avait-elle seulement réellement envie ? Non ce n’était pas la bonne question, elle aurait put le faire, mais si le jeune homme se démenait pour l’aider, ce n’était sûrement pas pour qu’elle le déconcentre par quelques appels, surtout qu’elle informerait alors les survivants de la nature du danger qui les attaquait. Et il fallait être honnête, ils s’en sortiraient mieux si les horribles humanoïdes aux mœurs infâmes se prêtaient au jeu confus que son compagnon avait mis en place. Alors elle ne put qu’attendre, silencieuse, cherchant tant bien que mal à calmer ses pensées et son souffle, même si elle comprit rapidement l’inutilité de ses tentatives, avec les vapeurs qui l’avaient désinhibée de ses valeurs morales.

Et enfin, le monde se tût. Le délicat orangé des flammes provoquées par les explosifs commençait lentement à se ternir, à se laisser gagner par l’ombre discrète des profondeurs. La démone entendait encore, au loin, le souffle court de quelques chose de bien plus humains que les gobelinoïdes améliorés de ces montagnes, et elle manqua un temps d’imaginer dans quel état ce bien frêle jeune homme devait se trouver après un tel affrontement. Au moins pourrait-elle louer son génie après coup, le damoiseau ayant accompli un exploit que peu d’humains étaient capable d’accomplir, et ce même si elle se souvenait de l’étrange effet que l’obsidienne avait eut sur lui, laissant entendre de ses natures inhumaines. En tout cas, elle resta …. patiente ? Elle ne pouvait faire autrement dans son état, même si son corps avait la grave tendance de vouloir se replacer, et encore plus en considération du feu qui lui brûlait l’intérieur du ventre. Et visiblement son compagnon sans forces désormais avait fait le choix de reprendre son souffle et ses nerfs avant de se mettre en chemin pour la libérer de ses liens, action toute compréhensible malgré sa position et son désarroi. Au moins, avec un minimum de chance, cela allait lui permettre de se reprendre un peu ? Nullement malheureusement, et sûrement pas tant que les ignobles vapeurs n’avaient pas fini leur triste ouvrage sur sa chair féminine, sa peau frissonnante semblant même vouloir désormais lui faire connaître quelques soupçons de plaisir à leur simple frottement sur la surface rugueuse et inégale de la dalle de pierre. Ça n’allait pas être de la tarte pour dissimuler son embarras…

Pour autant, elle l’entendit enfin se diriger vers elle, et c’est avec bien des difficultés qu’elle tenta de tourner son visage en direction de la forme humaine qui venait la libérer de son malheur. Petits pas après petits pas, l’attente ne manqua pas de lui donner envie de rouspéter, mais si elle se permettait un tel écart en cet instant, elle risquait bien de donner aussi quelques mauvaises informations à son camarade, chose que l’Exécutrice avait bonne envie d’éviter. Non, elle resta statique, ne fit pas plus de gestes, parvint finalement une fois qu’il était à portée de placer son regard sur le corps en partie blessé et dénudé du jeune homme, un air sauvage l’ayant emporté loin de son côté « petit estudiantin fragile » qu’il avait quand ils s’étaient rencontrés. Les cheveux roses du jeune homme étaient désormais en bataille, un peu de sang séché et de terres fines s’y étant mêlés, tandis que l’exquise finesse du damoiseau révélait désormais quelques blessures qui montrait la hargne avec laquelle il avait dût engager son affrontement précédant. Mais le plus surprenant était encore l’étrange soupçon d’impureté qui brillait dans ses yeux d’or, son regard semblant étrangement occupé par la forme diaboliquement alléchante du corps de Keleth. Elle en rougit immédiatement, ne s’attendant pas du tout à découvrir ce genre de faciès en observant le délicat damoiseau qui l’avait supplié avec douceur de l’aider un peu plus tôt dans la journée. Quant au moment où elle sentit l’assaut cuisant dont fit office la chair rebondie de son fessier, elle manqua gémir, mais la démone retint comme elle put l’expression de son plaisir par une couinement étouffé. Heureusement que ses bras étaient tendus et ligotés, où il l’aurait même vu trembloter.

« Punaise, j’ai fait demi-tour pour sauver une démone qui allait se faire violer par tout un régiment de Gobelin, ainsi qu’un Hobgobelin. Je mets ma vie en jeu pour sauver ton cul et qu’est-ce que je découvre, une archi-démone qui ne semble demander qu’une chose de subir ce viol ? Ne me dis pas Keleth que j’ai risqué ma vie pour essayer de sauver une putain de perverse qui voulait servir de jouet ?
Nnnh… Haa...Arrête de … de déconner… T’as vu ce que ces… aaaah… Petits fils de pute utilisent ? Libères-moi Himeros … hnnn… S’il-te-plaît. Qui sait si d’autres… d’autres tribus ne se trouvent pas… haaa… Dans quelques tunnels proches. »

Son état était déplorable, et même si le jeune homme semblait avoir quelques soudains regains d’arrogance et de perfidie, ce qui pouvait être surprenant au vu de la première partie de leur voyage, la démone ne put voir en lui qu’une forme de compréhension toute naturelle quand elle parla de l’éventualité d’une nouvelle attaque. Il avait changé, mais il restait prudent, tant mieux en un sens, l’archidémone ayant sûrement trouvé le damoiseau bien incompréhensible si il n’avait pas fait preuve des quelques premières valeurs de survie en cette situation. Dès lors qu’il trancha les liens qui la retenait au morceau d’obsidienne, la démone put se senti ô combien plus à l’aise, même si elle glissa mollement et faiblement de la dalle de pierre pour venir trouver avec bien peu de grâce le contact d’un sol un peu moins élevé. Elle avait la respiration courte, et les jambes faibles. Là de suite, elle se demandait si elle parviendrait à se redresser, et si elle tenta avec le support de son précédent lit de fantasme sous la main, ce fut pour ne parvenir à se tirer qu’à grand renfort de persévérance. Elle posa rapidement le regard sur son compagnon qui semblait encore l’observer dans son triste état, la démone soupirant alors en acceptant le fait qu’elle allait encore devoir lui faire une demande, un peu maladroite toutefois, étant donné que si il ne l’accompagnait pas dans sa démarche, elle ne saurait quitter ces lieux désormais gouverné par la mort. Au moins put-elle être débout en cet instant, plutôt qu’avachie au sol, et elle préférait ne pas souligner le tremblement hiératique de ses jambes qui ne parvenaient que peu à maintenir son poids.

« Désolé Himéros, mais je vais avoir encore besoin de ton aide… Je ne … je ne tiens pas debout… »

Bras dessus bras dessous, c’est ainsi qu’ils purent enfin quitter ces lieux. Ils ne pouvaient pas réellement faire le chemin retour, surtout que celui-ci serait sûrement le plus emprunté sitôt la moindre forme gobelinoïde passant par les ruines de ce campement. D’un commun accord, la rescapée et le demi-dieu durent donc continuer leur cheminement vers les profondeurs, les deux passant par un escalier de pierre taillé grossièrement dans la roche pour descendre à une chemin de ronde plus profond, menant à de multiples tunnels. En choisir un ne fut pas compliqué, ils prirent le premier qui se présenta à eux pour pouvoir mettre le plus rapidement une distance avec les lieux du carnage produit par Himéros, et s’approchèrent alors d’une petite sortie qui menait à quelques grandes galeries, dont la nature quasiment cylindrique laissait entendre de leurs formation par quelques titanesques vers-mondes. Très honnêtement, si elle aurait trouver l’affrontement avec une de ces antiques bestioles plus qu’intéressant en ses instants de grâce, l’idée même de tomber sur une de ces gigantesque horreur capable de dévorer tout ce qui leur passait sous la dent comme autant de Tekhane se jetterait sur un minou bien huilée n’était pas vraiment quelque chose qui l’amusait. Au moins cela avait le don de la ramener un peu à la réalité, même si le contact du damoiseau avec sa chair mise à nue avait déjà été plus de vingt minutes de supplices charnels. La seule chance qu’ils eurent furent de trouver, un peu plus loin, un enclos mal bâti où une espèce d’énorme scarabée était en train de dévorer quelques herbes flétries, rencontre stupéfiante qui laissait entendre que les gobelins usant de ces galeries avaient domestiqués quelques unes des bêtes s’y trouvant.

Mais plus encore, la présence d’un cache-gueule muni de rênes rustiques permit à la démone de comprendre immédiatement la fonction que les peaux-vertes dédiaient à cette forme de vie surprenante.

« Himéros ? Pose-moi s’il-te-plaît. Tu vas peut-être me trouver folle mais … Que penses-tu que nous … profitions de cette bestiole pour nous enfuir ? Cela me paraît autrement pratique, et au moins nous pourrons nous déplacer le plus rapidement possible, malgré nos états… »

L’idée sembla trouver un écho particulièrement raisonnable chez son compagnon. Retrouvant assez prestement le sol, Keleth s’évertua à calmer son souffle et son esprit galopant d’idées perverses en fantasmes maladroits tandis que son compagnon apprêtait la bête avec une facilité déconcertante, cette forme de vie semblant bien assez docile pour se laisser faire. Ils allaient devoir « galoper » un certain moment pour être enfin hors de portée de leurs éventuels poursuivants, mais l’avantage de cet audace, c’est qu’ils allaient ensuite pouvoir s’assurer un véritable repos. Discrètement, Keleth laissa un regard passer sur la forme relativement active et prévenante du jeune homme. Outre la fessée qu’il lui avait porté plus tôt, il ne semblait pas de mauvaise foi envers elle, et elle ne l’avait même pas entendu proférer la moindre taquinerie tandis qu’ils s’enfuyaient péniblement, l’un contre l’autre. Avait-elle juste imaginée la lueur lubrique dans ses yeux ? Elle ne le savait pas, et de ne pas savoir était encore un autre élément qui faisait tourner sa tête dysfonctionnelle. Il était temps que son corps se calme décidément. La démone avait eut le plus grand mal à dissimuler les frissons terribles qu’elle avait eut à sentir la main de son compagnon sur son ventre ou sur sa hanche, surtout qu’il avait dut forcer pour l’aider à se déplacer, si bien qu’il avait quelques fois rentrer ses doigts dans sa chair plus que de raisons. Franchement, elle se désespérait que de si petites choses l’aient tant désarçonnée. Enfin, la bête une fois tirée de son enclos, elle se fit de nouveau aider par le jeune homme pour monter sur la carapace creusée du scarabée, puis ils s’éloignèrent dans quelques nouveaux tréfonds.

Décidément, cette aventure était aussi particulière qu’emplie de nouvelles expériences.

12
« Je suis parti d’un petit village se situant autour du Mont Olympe. Je pense qu’une démone comme toi doit le connaître, vu les légendes que l’on raconte autour de ce lieu. C’est le fait d’être bercé par ces légendes qui m’a donné envie d’explorer le monde et le découvrir… Et concernant mon physique, je sais qu’il est handicapant. Pour cela que j’ai voulu apprendre la magie, afin de me défendre et faire comprendre que même en temps qu’homme j’ai ma valeur, sans avoir un physique de monstre. »

Le Mont Olympe… La dernière fois qu’elle avait dut y aller, c’était pour un problèmes entres les enfers et la direction de quelques divinités, notamment un petit seigneur des morts bien orgueilleux qui pensaient pouvoir prendre le dessus sur l’acquisition des âmes par quelques démons pactisant. Cela avait été l’occasion d’interminables palabres, qui s’étaient d’ailleurs soldées par une mise au défi relativement audacieuse de la part de la précédemment mentionnée divinité, celle-ci ayant eut le malheur de prétexter qu’une messagère telle qu’elle ne pouvait décemment se croire suffisamment importante pour oser forcer la main des dieux. Cela avait aboutit à un affrontement sommaire où l’archi-démone avait eut le malheur de combattre de manière un peu radicale dans sa colère, et elle croit encore se souvenir avoir fait sauter l’un des bras de son corps, au niveau de l’épaule, ce qui manqua de peu de créer un incident diplomatique qu’elle s’affaira à corriger peu après. Enfin, hors divagations, elle connaissait effectivement ce domaine, désormais bien vide, nombre des dieux ayant quitter leurs saints domaines, mais quant elle y pensait, peu étaient les villages alentours, et généralement ceux-ci étaient principalement habités par des communautés extrêmement renfermées et pieuses… Était-ce le cas de son compagnon ? Cela lui semblait un brin étrange, il aurait sûrement tiqué un peu plus sur sa nature démoniaque si la religion avait une telle place dans son coeur. Une question qu’elle pouvait se garder dans un coin de la tête pour plus tard, sûrement, en attendant ils avaient d’autres points à converser :

« Pour ma part, je pensais pouvoir compter sur ma magie, je n’ai donc pris que ma dague et de quoi me sustenter. Je n’ai donc rien d’autres pour me défendre aussi. Nous devrions donc être plus prudent dans nos déplacements je pense, sinon nous sommes mal.
Effectivement, nulle magie en ces lieux. Les dons de détections viennent à manquer, les sorts basiques de résistances et de protection aussi. J’oserais dire qu’heureusement pour moi, je suis ton bon contraire : la magie ne fut jamais mon fort, malgré ma nature, et une majorité de ma puissance vient de mon entraînement et de mon corps. Quant à notre progression eh bien … Effectivement, nous pouvons encore ralentir le pas. Après tout, le salopard que je poursuis ne fuit pas, il s’est juste terré au plus profond de ces lieux. J’ai donc tout mon temps. »

La faille qu’ils longeaient étant désormais derrière eux, les deux compagnons de bonne grâce continuaient leur descente vers les profondeurs. Ils gardaient tout deux un pas lent, mesuré, et si il ne tenait qu’à la démone d’allonger son allure pour pouvoir perdre le moins de temps possible, elle ne se l’aurait permit de quelques manières, souhaitant conserver auprès d’elle l’homme à l’aspect androgyne. Points de questions de nécessités ici, ce damoiseau aux cheveux roses n’étant, en soi, pas le compagnon le plus impactant de son temps en ces lieux. En revanche, elle avait à coeur de s’assurer que quiconque se trouve en ces lieux avec elle puisse s’en sortir avec le moins de peine imaginable. Question d’orgueil sûrement. En tout cas elle avait toujours l’occasion de passer par dessus son épaule un coup d’oeil discret en sa direction, et si le jeune homme semblait tenter de dissimuler certains points de sa chair de manière à ne pas en offrir les secrets, elle ne put que remarquer l’effet des plus étranges dont il fut le sujet une fois la faille passer. Elle crût à une forme de fatigue de sa part lorsqu’elle l’avait vu se fondre lentement dans le décor, comme si les contours de son corps ne sauraient être suffisamment net pour en conserver l’existence. Désormais éloignés de l’obsidienne, elle ne put que constater que ce point de vue était aussi faux que son impression d’honnêteté chez son compagnon ! Il reprenait forme à mesure qu’ils s’éloignaient du maudit cristal et de son incroyable, son omniprésente existence en ces lieux. De là à comprendre qu’il lui avait menti sur son humanité, il n’y avait pas besoin de longtemps réfléchir, mais elle ne saurait lui relever cet état de fait pour l’instant.

En revanche son inconfort, son manque d’assurance, lui, semblait ô combien réel. Keleth avait fait le choix de lui parler des éventuelles monstruosités que pouvaient abriter les cavernes ancestrales de  ces montagnes, et elle avait pleine conscience que cela avait dut affecter plus que de raisons le damoiseau. Nerveux, elle le voyait être d’autant plus prudent, regardant bien souvent derrière eux pour obtenir la confirmation que rien ne se terrait dans leurs dos, s’apprêtant à leur sauter dessus avec la plus grande des malices. Sur ce point, l’archi-démone devait sûrement paraître bien calme aux yeux du garçon aux cheveux roses, étant donné qu’elle ne prenait jamais le temps de se retourner. Elle se fiait à ses sens, tendait simplement l’oreille, laissant son ouïe faire le travail dans ce genre de caverne si profonde que la moindre présence dans le même couloir ne pourrait pas ne pas être remarquée. A moins qu’il ne s’agisse de quelques spectres d’aventuriers ayant connu une triste fin au creux de ces monts, et que celui-ci, dans ses terribles griefs, se déplacent sans un bruit pour assouvir vengeance et cruauté sur tout être de chair se présentant à ses griffes. Dans la situation éventuelle où cela arrivait, son arme aurait toute capacité à trancher la forme spectrale, mais l’effet de surprise ne saurait que leur coûter en forces et endurances partagées. En tout cas, leur progression se fit dans le calme, l’un comme l’autre ne souhaitant visiblement pas échanger dans les situations où ils risquaient, par leur verbe, de signaler leur position à quelques entités belliqueuses. Et honnêtement, Keleth s’en satisfaisait. Elle aimait échanger, mais seulement quand le cadre s’y prêtait, et elle appréciait que son compagnon sache reconnaître les instants où ils pouvaient se le permettre.

Atteignant les abords d’un boyau, Keleth manqua poursuivre son chemin tout droit, mais l’instinct l’appela à faire un court arrêt, et de contempler le passage qui fendait la roche pour filer vers les tréfonds de ce domaine. Est-ce que son fugitif aurait put l’emprunter ? Si il voulait trouver le plus rapidement possible un chemin vers les lieux les plus sûr, cela paraîtrait évident … Suffisamment pour qu’elle prenne elle même le risque de le faire ? La démone aux cheveux d’argent finit par se dire que oui, si bien que s’éloignant de son chemin principal, son compagnon masculin sur les talons, ils dévièrent de leur cheminement premier pour s’enfoncer plus rapidement vers les profondeurs par le biais de cet étrange passage. Comme leur surprise fut grande quand, deux cent mètres plus loin, ils débouchèrent sur cette fantastique cavité naturelle, tant et si haute qu’elle obligea son compagnon dénué de vision nocturne d’élever sa torche, laissant les flammes miroiter dans l’éclat singulier et terrible d’un plafond d’obsidienne aux aiguilles aussi larges que longue. Une véritable arène de force brute. Une ouverture de plus de vingt mètres de diamètres, relativement plane, couvée par le regard noir du cristal annihilant toute formes de pouvoirs, et ce à une telle concentration qu’il était tout simplement inconcevable que la plus petite forme de magie ne puisse jamais naître en ces lieux, même par la volonté des plus puissants mages du monde. Keleth leva le menton vers les sommets de la cavité, jeta un regard noir à cette terrible forme cristalline qui lui rendait son air suspicieux. Une catastrophe. Leur présence ici était une catastrophe.

Et ce qu’elle entendit de son ouïe fine ne tarda pas de confirmer son pressentiment :

« Vite Keleth, partons de cette pièce. Si on croise quelque chose ici, là on sera vraiment mal.
- C’est déjà trop tard ... »

Sortant de quelques tréfonds puants, par le biais de l’unique autre sortie de cette arène naturelle, ce fut une véritable avant-garde de gobelinoïde qui se tirèrent des ténèbres, l’oeil vil habité par quelques appétits malsains. Un frisson parcourue le corps de l’Exécutrice, et pas de ceux qui sont agréables. En dénombrant une dizaine sans le moindre problème, elle fut d’autant plus mise sur ses gardes quand elle vit en sus la forme plus sombre encore de deux Hobgobelins à leurs suites, ces derniers ayant en main les fameux kopesh, armes orcs qu’ont sut affectionner ces ersatz de gobelins bourrés de stéroïdes. Une menace qu’elle aurait jugée tant et tant insignifiante normalement qu’elle se serait permise de les ignorer tout de go, mais dans le cas présent, ce petit armada de chasseurs aux mœurs aussi viles que leur faciès ne laissait guère de doute sur les risques qu’elle et son compagnon encourraient désormais. Et si la démone était prête à se défendre avec une rage qui auraient même sûrement de quoi faire trembler ce petit groupe, il était clair que le moral d’Himéros ne saurait faire le même effet, la femme ayant comprit dès ses premières paroles que l’aventurier ne se sentait guère en capacité de faire face à ces monstruosités dont le cuir avait muté à force de vivre dans ces profondeurs malsaines. Plaçant lentement sa main sur le pommeau de son arme, elle s’apprêta à dégainer à la moindre forme d’assaut de la part de leurs nouveaux hôtes, tandis qu’elle sentit le jeune homme se rapprocher de plus en plus de son dos. Pitié, elle n’avait pas besoin de ça, si il restait si proche il allait la gêner.

« S’il-te-plaît ne … QUE ! »

Dérapage, panique ou autre, en tout cas, alors qu’elle allait lui intimer de lui laisser de l’espace, le pauvre jeune homme en plein désarroi la poussa en avant de toutes ses forces, la projetant en avant, la déséquilibrant, et l’obligeant surtout à se rattraper comme elle le put au sol, sonnant par la-même une attaque immédiate et violente de ces saloperies de peaux-ver… de peaux-noirs. Hurlant et caquetant, elle en entendit deux lui passer à côté comme pour se mettre à pourchasser l’androgyne tandis qu’elle se redressait en toute hâte. Mais déjà les autres se ruaient sur elle, l’obligeant de réagir le plus rapidement possible, et ce sans pouvoir s’occuper de l’état de son compagnon, dont la traîtrise évidente ou maladroite venaient de les mettre tout deux dans la pire des situations. Elle n’eut pas le temps de tirer sa lame de son fourreau que l’une des peaux noirs voulut lui attraper la tête, sûrement pour l’handicaper, mais elle eut le réflexe de l’en empêcher, venant claquer sa paume au niveau du menton de l’ignoble petit pourceau pour l’assommer sommairement. La bête gargouilla péniblement tandis qu’un autre vint bondir au flanc de l’Exécutrice pour tenter de planter son coutelas dans sa chair. Comme si elle allait se laisser faire… Attrapant le crâne difforme du gobelin qui voyait encore quelques étoiles, elle l’attira sur le chemin de la lame du second, le fier peau-noir quasiment sûr de son coup se retrouvant à transpercer la tête de son camarade d’une oreille à l’autre, en ligne droite. Un cri de stupeur de la part de cette raclure plus tard, et Keleth, le regard fou, avait enfin tirée sa propre lame, s’octroyant le droit à une torsion de son buste pour sectionner le corps malingre de la saloperie qui avait manquée la blesser.

« Même affaiblie, j’ai de quoi vous massacrer, vermines ! »

Cinq restaient encore proche d’elle, sans parler des hobgobelins, et sa première démonstration manqua lui offrir un moment de flottements pour se reprendre, si ce ne fut pour le grognement guttural de l’un des deux supérieurs, sommant sûrement aux plus petits de se jeter sur leur futur petite poupée de chair. Ce qu’ils firent, en compagnie de l’un de leur chef d’escadrille, le derniers restant étrangement en arrière. Tant pis, elle cueillit le premier à portée d’un geste vif, plantant sa lame dans son estomac d’un mouvement sec, avant de l’en sortir tout aussi rapidement pour le laisser vider ses entrailles au sol. En revanche, elle en vit un second qui ne chercha même pas à faire semblant de l’attaquer, celui-ci s’élançant sur son sabre pour l’attraper à pleine main et l’immobiliser. Elle n’eut pas le temps de dévier sa lame, dont le tranchant dépendait bien plus de ses muscles et du mouvement que de l’outil en lui-même, et se retrouva avec son arme bloquée par les mains caleuses de l’ignoble bête lui servant un rictus glacé d’amusement sournois. Deux autres gobelins arrivant au contact pour lui arracher les chairs de leurs lardoirs, l’Exécutrice n’eut d’autre choix que de reculer, lâchant son arme dans la foulée pour pouvoir esquiver le premier coup, le second zébrant son ventre superficiellement. Si ce ne fut pas l’action la plus probante de ces petites saloperies, cela fut encore plus ridicule quand les vêtements de l’archi-démone, endommagés par la lame, lâchèrent d’un coup, libérant son ventre mais surtout son pubis imberbe à la vue de ces immondices. Cette simple vision les arrêta un court instant, mais celui-ci fut suffisant pour que la démone prenne un bon appui après l’esquive soudaine, et élance sa jambe, envoyant la lourde plate-forme de sa soque dans le nez crochu du gobelin le plus proche, lui enfonçant l’arrête nasale dans le crâne. Et de deux…

Mais ce n’était pas assez. Surtout quand elle remarqua la forme sombre du hobgobelin se détacher sur sa gauche, ce dernier abattant lourdement son kopesh sur elle. Elle ramena sa jambe rapidement pour qu’il ne puisse pas entamer sa cuisse, voir la sectionner au vu de sa faiblesse, et manqua effectivement de peu la puissante arme qui eut suffisamment de puissance pour fendre la roche au sol. Putain, elle n’avait pas intérêt de se prendre le moindre coup ! Tout juste eut-elle le temps de se dire cela que le gobelinoïde lui ayant volé son arme se jeta sur elle et son équilibre précaire, la propulsant au sol alors qu’elle lui attrapa le cou pour le lui rompre de sa poigne. Mais elle n’avait pas les mêmes forces, et même si elle l’étouffait, il conservait assez de puissance pour entamer d’arracher sa faible tenue, réduisant en charpie le tissu qui couvrait le reste de corps. De rage, elle relâcha son emprise pour mieux lui attraper la tête et la fit tourner sur elle même violemment, produisant un craquement sinistre. Elle n’eut que le temps de rejeter ce corps sans vie que l’hobgobelin reprenait son assaut sur elle, amenant le plat de sa lame avec force en direction de la tête de la démone, cherchant très clairement à l’étourdir. Heureusement qu’elle avait encore sa vivacité pour elle. Elle roula en avant le plus rapidement possible, évitant le second coup d’un cheveux, et attrapa la dague d’un des trois gobelins mort dans la foulée, avant de l’envoyer telle une arme de jet dans le torse de sa quatrième victime, le pauvre se retrouvant immédiatement arrêté net dans sa volonté d’attaquer la démone. Elle bondit alors en direction de son sabre, que le gobelin avait abandonné après qu’elle l’ai lâché, en récupéra la réconfortante présence, et se redressa en direction des deux survivants de l’assaut.

Le sang lui battait les tempes, la sueur lui perlait sur le front. Cet enchaînement, aussi court réellement que rigoureux en terme d’effort physique lui pesait, et elle remarqua que malgré son application parfaite de ceux-ci, elle en ressortait affaiblie, et essoufflée. Dire qu’elle pouvait normalement combattre aussi vivement, même plus encore, pendant des heures sans jamais ne se sentir affaiblie ou perturbée par son corps. Là, nue, elle avait déjà quelques traces de griffures sur le haut du corps, et son ventre portait la longue ligne rougeoyante de la pointe du couteau qui avait touché ses chairs… Quel enfer décidément. Surtout que ses deux ennemis fondirent de nouveau sur elle, ne lui laissant pas plus de temps pour se reprendre. Elle voulut viser le gobelin, afin de se retrouver sans gênes face au plus gros, mais quand elle voulut le faucher de sa lame, la petite forme de vie ignoble fut tirée du sol par le hobgobelin, qui s’en servit comme d’une massue pour venir percuter la tête de la démone aux cheveux argentés. Le corps de l’être vil craqua lorsqu’il rencontra le crâne de Keleth, mais le choc lui fit perdre l’équilibre, cette belle dame élancée et nubile partant de côté en titubant. Elle voyait double, et l’une de ses oreilles sifflait. Seule l’expérience lui permit de comprendre quand son traître adversaire revint à la charge, la luminosité changeante à l’approche du corps massif lui permettant d’éviter bien moins gracieusement son troisième coup de kopesh, heureusement qu’ils sont lents, pour qu’elle élance alors sa lame et la fasse passer aux trois-quarts dans la tête de son ennemi, avant qu’elle n’y reste fichée.

« Putain de salo… perie… Et restez bien mort petites merdes... »

Elle avait oubliée le dernier un court instant, et cela lui coûta son dernier sursaut de réactivité. Confuse, la vue trouble, elle le sentit à ses côtés alors qu’il était déjà prêt à agir, et c’est dans un mouvement d’urgence qu’elle élança alors sa jambe pour tenter de lui mettre un coup au crâne pour le perturber. Mais ce fut trop lent, trop prévisible pour le hobgobelin qui l’avait observée faire durant tout l’affrontement. Il attrapa sa cheville sans problèmes, l’écrasant douloureusement entre ses gros doigts calleux, puis la tira du sol sans qu’elle ne puisse s’y opposer, en trop mauvais équilibre. Epuisée, ses cheveux d’argents collés aux tempes par la sueurs, tout ce qu’elle eut le temps de voir fut le lourd poing de cette créature partir et se ficher puissamment dans son estomac. Elle essaya de tenir le coup, mais … elle perdit le souffle, puis conscience.

*
*   *

Quant elle ouvrit les yeux à nouveau, elle mit un certains temps à comprendre ce qu’il se passait. La première chose qui la fit réagir ne fut pas la lumières des flambeaux environnants, pourtant suffisamment vive pour révéler les formes rustiques et aléatoires de quelques tentes faites de peaux tendues et de chitines récupérées sur quelques-uns des insectes géants qui se baladent dans les galeries. Ce en fut pas non plus les propos tout simplement indescriptible qui environnaient sa conscience, à base de sons gutturaux, de bruits de crachats comme si un félin enroué essayait de prononcer des mots, ou même caquètements qui auraient put être comiques si ils n’étaient pas affiliés à quelques voix nasillardes et obscènes. Non, ce qu’elle perçut en premier lieu fut l’odeur âcre d’encens lourds, à base d’herbes étranges et de substances indescriptibles, qui grillaient en crépitants autour d’elle. Les vapeurs avaient sûrement quelques effets, et outre le fait qu’elle avait été sonnée plus tôt, les fragrances horribles qui envahissaient son nez et ses poumons depuis un long moment désormais avaient entamés depuis longtemps leurs fonctions dépravés. La femme avait horriblement chaud, né de ce cuisant brasier interne au corps. L’excitation, l’avilissement, ses pensées n’étaient pas bien nettes mais il en ressortaient de terrible images qu’elle comprenaient être induites par ces produits chamaniques. Elle se tortilla, vainement. Ses forces l’avaient bien quittées actuellement, la faute en étant très clairement le large morceau d’obsidienne auquel était attaché ses poignet par une corde rugueuse et épaisse.

Elle eut un court temps pour comprendre sa position. Elle était allongée sur le ventre, sur une haute dalle de pierre, et n’avait désormais de tenue que ses gants et ses cuissardes, le reste ayant été ôté depuis longtemps. Ses bras étaient tirés en avant pour l’empêcher d’en utiliser les forces, pour finalement être attachés directement à l’outil qui drainait ses pouvoirs. Enfin, comme si ce n’était pas assez drôle, le bas de son corps était en dehors de la stèle, ses hanches dans le vide et ses jambes pendantes, ses pieds nus ne touchant même pas le sol. Elle était quasiment certaine, au vu de la sensation, que quelques peintures lui avait été appliquée sur le dos, mais elle ne pouvait le voir. Et pendant qu’elle fit cet inventaire, elle retrouva lentement ses sens, assez pour donner un sens aux paroles chamaniques et rituels autour d’elle :

« Rohka toa ! Krul ku virshasa. Rokeh Kshus tuva ! Krul ku virshasa. »

13
Tandis qu’elle se permettait de faire bonne place à son discours, lui expliquant à la fois sa vision des choses, mais surtout la légère et bien innocente supercherie dont elle avait fait l’usage pour juger de sa bonne foi, elle restait alerte. Même si la démone avait conscience de sa supériorité physique, il fallait l’avouer, un coup porté à son corps aurait actuellement bien plus d’impact qu’en n’importe quelle autre occasion, sa nature étant lourdement affectée par les boyaux environnants et leurs revêtement de gemmes sombres comme la mort qu’ils représentaient. L’obsidienne était une horreur de la création, donnée aux humains, si inférieurs dans leur essence, pour pouvoir lutter contre toutes les formes vivantes valable de ce monde. Et sincèrement, l’archi-démone pourrait grandement en vouloir à la, ou les, divinité qui avait osée en faire l’ignoble production. Surtout qu’elle savait que ces cristaux avaient même le pouvoir d’affecter les êtres d’origines divines, ce qui laissait entendre que son initiateur était au choix un affreux malin qui voulait flouer ses comparses, ou un masochiste sans égal qui avaient comme but final de pouvoir se faire attraper par la moindre andouille voulant s’amuser avec ses irrévérencieux petits jouets cristallins ! Bon, cette idée lui rappela ses propres mœurs, et elle préféra tourner un instants ses joues légèrement rougissantes, ne voulait guère révéler ses étranges fantasmes. Surtout que si elle pouvait apprécier ce genre de fourberies en privé, il était clair qu’en pleine mission, ce genre d’influences n’étaient guère appréciables à ses yeux. Elle avait besoin de ses forces pour éviter les quelques drames et atrocités que les plus faibles et fourbes des formes de vie aimait à accomplir avec des êtres de son sexe.

Tout cela pour dire qu’elle avait dût rester vigilante quant à la dague de son étrange rencontre, celle-ci restant un bon moment fermement enveloppée dans les doigts du damoiseau, comme si il s’apprêtait à se défendre contre la moindre agression soudaine. Pourtant, elle fit tout pour le mettre plus à l’aise : Elle échangeait avec lui, elle lui montra le dos dans un signe de confiance, et elle vint même finalement s’enquérir de son propre état, prouvant qu’elle n’était pas juste une folle perdue dans ces galeries, mais bien une personne de pleine conscience qui pouvait s’inquiéter pour autrui. Bon, peut-être que ses mots n’étaient pas les mieux choisi, ça elle pouvait l’entendre. Elle n’était pas la plus tact dès qu’il s’agissait de soulever les quelques incohérences qu’elle observait, mais ce n’était pas franchement de mauvais ton à ces yeux. Elle était simplement … directe ? Oui c’était le mot, peut-être un brin trop honnête. Après tout, Keleth n’avait jamais rien eut à cacher à qui que ce soit, sa nature supérieure et superbe lui permettant bien souvent de vite apposer son jugement sans même qu’on ne le lui relève dans un sursaut d’orgueil. Et d’ailleurs, cela sembla encore être le cas vu que ses dernières paroles, bien loin de provoquer quelques insurrections soudaines de la part de son interlocuteur, amena le jeune homme à enfin se détendre, lâchant son arme et y préférant un geste simple, celui de lui présenter sa gourde. Très honnêtement, l’archi-démone hésita, mais face à ce comportement altruiste, elle finit par répondre par l’affirmative, tendant sa main pour quérir le contenant tandis qu’elle écouta ce qu’il avait à lui répondre :

« Je me nomme Himéros. Je suis un explorateur, même si je sais que je n’en ai pas vraiment la carrure. Mais ce qui me manque en physique, je le compense par la magie, qui s’est trouvé être inopérante dans ce lieu. Je suis passionné par la découverte du monde, je voyage donc un peu partout, afin d’explorer les environs. Je ne savais pas que ce lieu contenait un tel filon de gisements d’obsidienne. Je me suis retrouvé un peu démunie, mais j’étais bien trop curieux pour rebrousser chemin. Puis, j’avais de quoi me défendre avec ma dague, puis j’ai marqué aussi mon chemin à la craie pour me retrouver et ne pas me perdre, j’ai avancé intelligemment.
- Enchantée, Himéros. Je dois avouer que je ne savais pas non plus pour ce qui parsemait les murs de ces galeries, à mon grand damne...»

Elle se permit de dévisser le capuchon de la gourde, puis se permit de boire quelques rapides goulées d’eau avant de lui rendre son affaire. Elle ne voulait pas vraiment le priver de quelque chose dont il allait avoir bien plus grande utilisation qu’elle. Ce n’est pas tant qu’elle n’avait pas besoin d’eau, quoique, normalement elle pouvait tout simplement ignorer les besoins naturelles des êtres vivants par le seul fait de ses origines malignes, mais une ou deux gorgées lui suffisaient encore pour tenir, tandis que le moindre être humain aurait le devoir de s’abreuver conséquemment dès lors d’une activité physique. Et au vu du frêle jeune homme qui se trouvait à ses côtés, elle se doutait bien qu’il allait en avoir grand besoin. Alors non, elle n’abusa guère de sa gentillesse, profita simplement de ressentir en son corps le plaisir et la satisfaction de recevoir le minimum d’hydratation nécessaire, puis se reconcentra sur ses objectifs. Ce fut l’instant où le damoiseau fit le choix de se glisser devant elle, avec ce petit air de chien battu qui ne manqua pas de lui faire froncer les sourcils. Oh pitié non, il n’espérait tout de même pas que ce genre de facéties la ferait plier ? Elle n’avait jamais été ainsi, les petits mignonnets qui pensent que leur charme suffit pour obtenir tout ce dont ils ont besoin, ce n’est guère sa tasse de thé. Pourtant, visiblement, il essayait de la faire plier à ses désirs par quelques mimiques saugrenues, et une petite voix craintive qui n’allait pas, mais vraiment pas même, avec le fait qu’il était prêt à sortir sa dague pour se défendre quelques instants plus tôt. Bon, au moins pouvait-elle le recadrer si cela finissait par l’énerver, mais pour l’instant elle allait juste … ignorer ce point désagréable du caractère du jeune homme :

« Je dois quand même dire que lorsque j’ai vu une ombre plus loin dans la grotte, j’ai eu peur de tomber sur un monstre ou une bête. Je n’étais pas vraiment rassuré, mais heureusement c’est toi que j’ai trouvé. Une demoiselle qui semble forte et gentille, car tu ne m’as rien fait de mal comme tu l’as dit. Je me sens en sécurité de te savoir à mes côtés… Du coup Keleth, est-ce que je peux t’accompagner dans la grotte, je n’ai pas envie de me retrouver seul et sans défense. Tu veux bien ?
- S’il-te-plaît, évites de faire cela. J’aurais accepté que tu m’accompagnes sans que tu ne te mettes à me lécher la joue comme un chiot. T’es un explorateur, non ? Agit comme tel. C’est normal de se sentir plus à l’aise en progressant avec quelqu’un d’entraîné, encore plus dans nos conditions. »

Elle soupira, puis fit quelques pas en avant pour ensuite se retourner vers lui.

« C’est un oui, d’ailleurs. Ramènes-toi donc, mais je te préviens, je ne vais guère me diriger vers une quelconque sortie. Je cherche quelqu’un dans ces tunnels, et je compte bien lui mettre la main dessus ! »

Reprendre le chemin avec une nouvelle compagnie ne manqua pas d’alléger un peu le poids de la démone. Non pas qu’elle soit chargée de quelques monstrueux sac à dos, contrairement à celui qui lui emboîtait le pas, mais deux consciences alertes valaient tout de même mieux qu’une, et elle pouvait lui laisser l’observation fine d’une partie des galeries tandis qu’elle s’occupait du reste. En somme, une impression plus importante de sécurité s’emparait d’elle à mesure qu’ils s’éloignaient de leurs point de rencontre pour progresser discrètement vers les profondeurs. Keleth en profita pour l’examiner un peu plus en profondeur. Il ne semblait clairement pas des plus athlétiques, car même si elle avait eut à calmer son pas pour ne pas elle-même s’épuiser, ce dernier peinait parfois à suivre sa cadence. Finalement, vu que tout pouvoirs étaient à proscrire, il y avait comme seule différence leur entretien physique, et l’Exécutrice conservait l’avantage de milliers d’années d’entraînements aussi drastiques que douloureux. Pour autant, elle fit d’elle-même l’effort de se retenir encore un peu plus, ne voulant guère perdre le damoiseau dans quelques tronçons obscurs de ces cavernes définitivement labyrinthiques. Elle s’arrêtait parfois pour qu’il reprenne son souffle, ou alors elle se mit à l’inviter à un court arrêt, le temps qu’elle fasse une léger repérage en amont, puis qu’elle revienne pour l’inviter à reprendre leur avancée. En somme, elle agissait de manière relativement prévenante, malgré un silence de plombs dès qu’ils se trouvaient à cheminer plus en profondeurs, simple précaution. Elle relança leurs échanges de manière assez légère et soudaine alors qu’ils commencèrent à longer une nouvelle partie de la faille d’obsidienne, dont la longue pente permettait tout juste de passer à un de front.

« Alors, un explorateur donc ? Pardonne moi ce terme, mais j’ai vraiment manquée te prendre pour une femme à première vue. Si tu ne connaissais pas la topographie des lieux, c’est que j’imagine que tu ne proviens pas de cette région, non ? Alors, d’où es-tu partie ? »

Elle se permettait ces quelques paroles étant donné qu’elle ne trouvait pas de traces de passages sur ce renfoncement qu’ils empruntaient, alors que les galeries avaient toujours eut quelques marques, que ce soit celle de griffes, de cornes, ou autres formes de pas. Elle savait depuis le début de son excursion que ces montagnes devaient posséder une faune et une flore unique, mais maintenant qu’elle était au coeur des monts, elle comprenait que ce qui était observable à l’extérieur ne valait tout simplement rien avec l’ensemble de ce qu’ils pouvaient rencontrer dans les galeries. Des bêtes appréciant le contact de l’obsidienne, il y en avait bien peu, mais celle qui parvenait à s’habituer à son influence terrible devenaient souvent des forces de la natures dont l’agressivité allait de pair avec la dangerosité. Aussi, Keleth percevait bien le problème de la situation : si elle, dans toutes ses connaissances martiales et militaires, pouvaient encore avoir confiance en son expérience et ses talents pour lutter contre ce genre de saloperies, cela ne pouvait guère être la même pour son compagnon de voyage, dont l’aspect juvénile ne laissait pas vraiment croire à quelques parangons de l’aventure dissimulé par de bien avantageuses natures. Il ne possédait ni traits spéciaux remarquables, comme les elfes, et sa forme semblait constante jusqu’ici, ce qui éloignait les esprits, les élémentaires, et autres créatures magiques. Au choix, il n’était qu’un simple humain, ou un être extrêmement puissant comme elle l’était, même si il n’était pas taillé dans le même moule que l’Exécutrice. Et très honnêtement, elle souhaitait pouvoir quérir cette information le plus tôt possible pour savoir comment elle devrait se comporter en cas de danger. Aussi reprit-elle la parole, calmement :

« Tu sais, je vais être très honnête, mais je suis monstrueusement diminuée. Ces monts me drainent mon énergie, et heureusement que je suis venue ici avec mon corps d’origine, car je doute sincèrement que j’aurais put m’en sortir avec un avatar qui aurait eut tôt fait de disparaître avec la tonne d’obsidienne ambiante. Je ne sais pas à quel point je pourrais protéger ma vie et la tienne, même si je ferais de mon mieux. Mais si tu as quelques expériences qui pourraient nous être utile dans notre exploration, cela ne pourra que nous avantager. Présomptueuse comme je peux l’être, je suis venue dans ces galeries sans préparation. Résultat, je n’ai rien prit, ni pour m’orienter, ni pour palier à la faiblesse forcée que je subis. »

14
Elle ne pouvait peut-être pas faire l’usage de sa vue pour l’instant, ses mirettes ouvertes pouvant être une information pour ce qui s’approchait d’elle, mais elle avait par le biais de ses sens bien plus de données qu’elle n’en avait réellement besoin pour juger de la situation. Tout d’abord, elle était absolument certaines que ce qui s’approchait d’elle n’était pas quelques formes de monstruosités. Les pas étaient réguliers, lents, et surtout le son qui s’en échappait était plus ou moins cyclique, un premier coup au sol, puis un deuxième d’emblée. En comme, ce qui s’approchait d’elle était un bipède, et même un bipède qui était muni d’une tenue correcte, le fait que ni le raclement de quelques griffes, ni le son étouffé de la peau sur le sol ne l’informait de quelques fourberies dans l’existence de son invité inopportun. Donc il était déjà clair qu’il s’agissait d’un humanoïde plus ou moins civilisé, et c’était là ce qui était le plus étrange : Que faisait-il ici ? Pas le moindre village ne se trouvait dans les environs, les montagnes étaient plus dangereuse par leur simple existence qu’une tribu de mercenaire assoiffée de richesses, alors pour quels genres de stupidités ce qui s’approchait d’elle avait-il eut en tête pour venir se perdre dans ces profondeurs !? Raaaah cette simple incohérence la mettait en colère, elle aurait aimé pouvoir glisser un regard discret envers sa forme, mais celle-ci devait sûrement être encore dissimulée parmi les ombres du tunnel, aussi son essai ne se muerait qu’en échec cuisant. Elle se fit patiente, continua de simplement analyser les quelques sensations qui lui étaient communiquées par ses oreilles et son expérience du terrain.

Elle crût percevoir, au travers de ses paupières closes, une légère différence de luminosité, mais il ne pouvait s’agir que d’une création de son esprit en pleine alerte. En revanche, elle l’entendit ralentir brusquement, ce qui laissait entendre que cet être l’avait remarquée, et ainsi avait sut limiter sa progression. S’il était prudent, il était plus que possible qu’il soit dans la même situation qu’elle, mais elle ne pouvait pas encore assumer ce genre de constat. Elle préféra donc ne pas s’avancer pour l’instant, laissant à cette créature qu’elle n’avait pas encore identifiée le soin de faire les derniers mètres qui devaient les séparer. Quand celui-ci d’ailleurs progressa à une allure des plus mesurée, elle constata enfin que la différence de luminosité n’avait rien à voir avec quelques conceptions de son esprit fatigué, la chaude lueur venant passer au travers de la couche légère par dessus ses yeux pour être immédiatement traduite par quelque tableaux impressionnistes fait de rouge et d’orange entremêlés. Si elle se décidait à agir, c’était maintenant, mais jusqu’ici, elle n’avait pas entendu le bruit d’un défourraillage, ou le lourd mouvement d’une arme dans les airs. Sortir sa propre lame maintenant pouvait être une mauvaise idée, une très mauvaise idée, mais si elle laissait s’approcher de trop près un réel danger, cela risquait de devenir critique. Un choix draconien, entre le fait de se défendre préemptivement, ou de risquer un léger morceau de chair si elle ne parvenait pas à dégainer assez vite face à un être qui serait plus agile qu’elle. Un choix qu’elle finit par faire. Pas un bruit ni un geste supplémentaire, juste sa main dans la position idéal pour dégainer le plus rapidement possible sans avoir la main posée sur la hampe de son sabre.

Immobile et silencieuse, elle le laissa aller encore un peu plus près, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle entende son souffle. Il n’était pas affolé, pas non plus anormalement froid, le souffle d’un être humain tout au plus, un peu celui qu’elle devait avoir depuis que son corps démoniaque avait été drastiquement réduit par la présence tout simplement dantesque d’obsidienne dans les lieux. Elle était quasiment sûre qu’il s’agissait donc d’un être perdu dans les galeries comme elle-même pouvait l’être, ce qui ne manqua pas de la rassurer. Pour autant, elle ne fit pas plus de gestes pour l’instant. Disons que quitte à avoir jouée l’endormie, elle allait le faire jusqu’au bout ? C’est donc assez sereine qu’elle l’entendit s’accroupir à sa portée, se tendre un peu en avant vers elle pour l’observer… puis poser une main légère, presque trop même, sur son épaule, la secouant très légèrement comme pour l’éveiller à la situation dans laquelle ils se trouvaient. Elle ouvrit lentement les yeux tout en l’écoutant parler, et très honnêtement, elle n’avait pas le regard d’une femme qui sort tout juste de sa torpeur réparatrice… Et le sachant très bien, elle lui répondit avec honnêteté quand il lui posa sa tonne de question, ne cachant guère sa supercherie :

« Tu vas bien ? Tu m’entends ? Qui es-tu ? Tu as besoin d’aide ?
Je vais bien, je vais bien. Je me reposais simplement quand tu t’es mis à t’approcher, et j’ai fais semblant de rester endormie pour voir si j’avais à faire face à un danger ou non. Visiblement j’ai eut une bonne lecture, ça me rassure quant à mes capacités alors que je n’ai plus une once de pouvoir... »

Elle se redressa légèrement, laissant tout de même ses yeux s’adapter à la lumière provoquée par la torche, la plus vive des lueurs qu’elle avait rencontrée depuis sa descente dans les profonds tunnels. Puis elle tourna la tête pour faire face à cet inconnu, dont la voix délicate était malgré tout entaché par un timbre masculin perceptible sans le moindre doute. Ce fut une fois en face de lui qu’elle manqua se demander si soudainement son ouïe n’avait pas tentée de lui faire défaut. Les traits doux et délicats qui la regardait d’une moue boudeuse n’avait tout simplement aucune commune mesure avec ceux d’un homme, et même la coupe courte qui ornait ce visage féerique n’avait pas suffisamment de négligence pour laisser croire qu’il s’agisse d’un homme. Ses membres, malgré la tenue relativement ample, ne pouvait avoir d’autres adjectifs que fluet, et l’ensemble de cette forme humanoïde devant elle respirait un semblant de féminité mystérieuse. Puis l’instant d’après, Keleth manqua hurler que ses yeux étaient, à leur tour, en train de la faire tomber dans quelques illusions bien mals avisées, et pour cause : Un second regard l’aida à remarquer le manque absolu de formes féminines sur ce corps. Point de chairs trop saillantes, points de hanches amples, et finalement même ses traits, premières marques de son doute, semblaient s’être désormais arrangés pour lui coller un doute terrible. Un homme très mignon ? Une femme très mignonne ? Pour l’Exécutrice, en tout cas, il était de ce genre qui sont… horriblement à son goût, bien trop même pour sa propre sûreté. Heureusement qu’elle était en mission, ou elle aurait vite manquée de rougir.

Là, à la place, elle enchaîna en tentant un ton désintéressé, même si elle l’avait un peu trop longtemps observée :

« … Toi en revanche, tu n’aurais pas dût tant t’approcher. Tu imagine si j’attendais juste que tu sois à portée pour tirer mon arme ? Je suis affaiblie mais tout de même, un corps vivant resterait assez évident à trancher pour moi. »

Elle fit la moue, observa autour d’elle. Pas d’autres bruits, ni d’autres formes de vie que les deux leurs, perdus encore dans les profondeurs de la montagne. Peut-être devrait-elle plutôt avoir un minimum de décence et se présenter avant de lui faire la moindre morale, ce serait sûrement plus sain. Finissant de s’asseoir, et rabattant ses longues jambes vers elle, l’archi-démone s’installe de manière à pouvoir observer cet étrange homologue, ce voyageur affaibli en plein coeur des ténèbres profondes de ce monde. Si a première vue Keleth semblait pâle et transpirante, il n’en restait pas moins qu’une fois éveillée, elle respirait la dignité, la droiture, comme si sa simple présence instillait une certaine forme de danger autour d’elle. Ça, elle ne pouvait rien y faire dans le fond, ce n’était pas vraiment quelque chose qui incombait à ses dons ou sa nature, mais simplement la résultante d’années et d’années, de siècles et de siècles même d’affrontements et d’entraînements. D’ailleurs, qu’elle soit aussi affaiblies en cette heure, elle le prenait presque comme une forme de faiblesse, parce qu’après avoir survécu si longtemps sur le monde des humains sous une forme bien inférieure à la sienne actuelle, être ainsi réduite à haleter doucement à cause de l’humidité et la raréfication de l’air était vraiment pitoyable. Enfin, elle déglutit, puis se permit un très léger sourire sur ses lèvres fines, prenant un ton un poil plus cordial :

« Désolé, dans le fond c’est une déformation professionnelle. Je m’appelle Keleth. Enfin, c’est un diminutif, mais avec un peu de chance tu sais que les démons ne donnent jamais leur nom complet, c’est trop dangereux pour eux. Je n’ai pas vraiment besoin d’aide, même si je ne me doutais pas que ces grottes soient parcourues de filons d’obsidiennes, ce qui explique mon état. »

En parlant de cela, elle se passa une paume sur son front pour en enlever quelques perles de sueurs qui s’y étaient invitées, puis ramena ses cheveux argentés vers l’arrière, comme par espoir que la vive fraîcheur provoquée par ce mouvement au niveau de son crâne l’aide un peu à subir la moiteur environnante. Elle se mit sur ses talons et se releva auprès de cet invité surprenant, à l’androgynie parfaite, se tournant de nouveau vers lui une fois bien droite, désormais bien trop réveillée pour retourner au sommeil, mais surtout ayant besoin de poursuivre sa mission d’ici peu. Toutefois, elle n’allait pas abandonner l’innocent personnage tout de suite. Finalement, elle était malgré tout un brin touchée qu’un simple être humain ait semblé s’inquiéter pour elle, et le fait qu’il soit tout simplement ravissant à ses yeux l’aidait aussi à gagner quelques bons points à son égard. Elle ne faisait d’ailleurs pas très attention à où il posait son délicat regard, vu que pour l’instant elle s’était encore à peine élancée sous son regard, mais il fallait l’admettre que sa tenue n’était guère faite pour être discrète, encore moins à la vue d’un simple être humain. D’ailleurs, l’était-il vraiment ? Elle n’avait pas encore vraiment cherchée à le savoir tout d’abord, mais surtout l’Exécutrice n’avait pas le moins du monde la capacité d’user de ses dons naturelles pour pressentir l’essence de l’entité qui lui faisait face. Peut-être serait-ce une question à poser plus tard ? En tout cas, elle faisait quelques étirement de manière désintéressée, dos à lui, tandis que son appendice caudale à la pointe triangulaire filait dans l’air tel un fouet. Puis elle s’exprima sur le même ton délicat et intéressé :

« Mais d’ailleurs… Que fais-tu donc ici ? Je doute que le moindre idiot aurait assez peu de jugeote pour venir se glisser dans ces boyaux infernaux… Et tu ne m’as guère l’air d’un soldat sacré à la recherche d’une quelconque aventure à raconter par la suite pour gonfler sa gloire ! Oh, même avant tout cela, comment t’appelles-tu ? »

15
De l’herbe, un chemin rocailleux, quelques ravins pour compléter une zone désolée, et surtout, plus loin, l’entrée funeste vers quelques ténébreuses galeries sans fond. Voilà plus ou moins ce qui se profilait sous le regard de l’Exécutrice tandis qu’elle mettait lentement un pas devant l’autre en observant ce qui pouvait lui donner la moindre information quant à sa cible. Il n’était pas rare que la démone ait à chercher dans quelques territoires reculés pour trouver ceux qui se cachaient de son influence et de sa Loi, mais pour une fois, elle ne pouvait pas réellement prétendre que celui-ci n’avait pas utiliser un brin sa cervelle : Les lieux étaient tant éloignés de la civilisation et surtout si renfoncés dans les cols montagneux austraux des terres sauvages, seul les plus fous pouvaient se permettre de s’en approcher, ou même de chercher à y faire quelques promenades de santé. Et si l’archi-démone aux cheveux d’argents n’avait guère eut de soucis jusqu’ici, il s’agissait tout bonnement de ses capacités physiques largement supérieures à toutes autre forme de vie des environs… Ce qui ne saurait tarder à se complexifier.

Elle l’avait pressenti depuis quelques temps, mais quelques chose n’allait pas dans ces monts. Il ne s’agissait pas de leurs hauteurs, de leurs nombres, de la végétation ou des bêtes qui y vivaient en surface, non … Cela concernait bien plus ce qui se trouvait dans les profondeurs de celles-ci. Forcément, depuis le début de son excursion dans ces lieux loin de toutes formes d’existence humanoïde, elle avait prit le temps de sonder les lieux, notamment grâce à ses dons personnels, ceux de l’archi-démone représentant la Loi. Une forme d’extra-sensorialité qui lui permettait, avec l’existence d’une cible, d’une forme de vie définissable à viser, de pouvoir la repérer, la tracer, même parfois de se déplacer à ses abords si elle était suffisamment proche. Et dans son cas, suffisamment proche pouvait tout aussi bien être quelques mètres que plusieurs kilomètres, si elle partageait la même zone géographique. Pourtant rien. Elle avait suivit la piste de son renégat jusque dans cette chaîne de montagne, et une fois qu’elle s’y était enfoncée, elle n’en trouvait plus la moindre origine, la moindre présence. Elle avait encore ses talents de pistage, en chasseresse revancharde et experte, ce qui lui avait permit de trouver le chemin emprunté par cette fourbe entité démoniaque, mais de là à pouvoir le repérer plus précisément, c’était tout simplement impossible. Comme s’il s’était fait dévorer quelques part dans ces montagnes, par quelques sombres grottes, et que depuis celle-ci le gardait au chaud dans son antre perclus de mystères. Et cela ne laissait entendre rien de bon alors que la toute-puissante démone s’approchait de l’entrée qu’elle avait analysée comme étant celle empruntée par le malfrat qu’elle poursuivait.

Il s’appelait Anek’thr, et faisait partie de cette espèce de démon relativement moyen qu’on appelle les E’theron. Des êtres plus ou moins sanguinaires, souvent attirés par le pouvoirs, les E’theron étaient dans 35 % des cas les entités récalcitrantes et hautaines que la démone se retrouvait à punir pour leurs mauvais comportements. Ici, l’être en question s’était adonné à quelques empoisonnements pour tenter de prendre la place du seigneur démon qu’il servait. Le genre d’empoisonnement long et douloureux, du sang de Kralga, forme de vie plus ou moins bestiale qui se baignait dans les larges bassins de souffre des enfers. Imaginez donc un crapaud avec un faciès de singe grimaçant, gonflé à l’hélium et son les yeux globuleux ont tendances à paralysés leurs victimes grâce à une certaine forme d’hypnose. Enfin, Keleth s’égarait en y repensant. Le plan dont on lui avait fait part avait le don d’être intelligent, comme bon nombre de ceux des E’theron, vu que ces derniers ont conscience de ne pas avoir les mêmes dons que leurs souverains et chefs, mais pour autant il avait échoué : l’une des favorites du seigneur infernal avait bue dans la coupe de son protecteur avant lui, et s’était mise à brûler de l’intérieur immédiatement, agonisant longuement sur place en se tordant dans tout les sens. Quatre heure plus tard, elle décédait, et le haut seigneur avait appelé à punition. Anek’thr s’était alors enfuit sur Terra par quelques procédés inconnus, et courut en ces lieux : C’est là que l’Exécutrice intervenait, et pour l’instant, elle ne sentait pas du tout cette balade qui allait finir au coeur de montagnes particulièrement secrète.

Pour autant, elle avait besoin d’accomplir sa tâche, quelqu’en soit les difficultés. Elle n’allait donc pas bailler aux corneilles, et quand elle atteignit enfin l’orée de cette ouverture béante dans le flanc montagneux, elle avait déjà en tête son devoir, celui de le ramener après une rossée exemplaire entre les mains de son seigneur. Ce qu’il en fera ensuite ne serait plus de son ressort, mais d’ici là, elle aurait tout choix de juger de sa valeur, ou de son droit à la vie, car elle avait toute possibilité de le considérer comme inapte à la vie infernale et d’en bannir l’essence à l’aide de sa lame. En tout cas, l’entrée de la grotte laissait percevoir de nombreuses traces, fraîches pour certaine, et cela laissait entendre d’une certaine activités sous ces pierres millénaires. Autant de chose qu’elle espérait ne pas avoir à inutilement trucider. Elle resserra le cordon qui maintenait son fourreau à sa hanche, puis elle reprit sa route. Pénétrant dans les longs et profonds tunnels, elle ne se doutait pas … de ce qu’elle y découvrirait.


*
*   *
Elle était … lessivée. Et dieu qu’il était difficile d’être fatiguée quand l’on ne peut normalement connaître ce genre d’affliction. Quant elle était entrée dans ces cavernes, deux jours plus tôt, et qu’elle s’y était enfoncée, Keleth n’avait jamais vraiment fait attention à combien son être était affectée par les lieux. Résultat, elle s’était retrouvée en une demi-journée dans un méandre de galeries sans logiques, perdues dans des cheminements et des cheminements sans sens, où les routes et les tunnels s’entrecroisaient et se mêlaient sans la moindre logique. Mais surtout, plus que tout… Elle ne s’était pas rendue compte que les lieux étaient autrement plus dangereux qu’elle ne l’avait prédit.

Au tout début de son passage dans les montagnes, la démone avait éventuellement eut l’intuition que quelque chose s’y trouvait et bloquait ses capacités sensorielles, ce qui l’avait amenée à louer l’intelligence du démon qui avait choisit un tel endroit pour se cacher de son éventuelle apparition dans l’équation. Elle s’était ainsi doutée qu’il pouvait s’agir de quelques artefacts bénis par des mages aux dons particulièrement développés, voire peut-être un ancien démoniste qui, ne voulant pas avoir à donner ce qu’il avait promis contre ses pouvoirs, s’était terré dans la misère et la peur. Mais non, nul lâcheté, nul veulerie en ces lieux. Il ne s’agissait ni plus ni moins d’un renfoncement cavernicole menant directement à l’une des plus grande faille d’obsidienne que la démone n’avait jamais eut l’occasion de voir ! C’est au milieu du second jour qu’elle était tombé dessus, au bout d’une galerie qui menait sur une crevasse de plusieurs centaines de mètres de profondeurs, et dont les murs étaient couverts de ces cristaux d’un noir profond et malin. Le résultat ? Eh bien elle put parfaitement comprendre son état physique ! L’obsidienne ronge l’ésotérisme, absorbe les forces occultes, s’abreuve des forces divines et se repaît voracement du moindre pouvoir qui rentre en son contact. Cette pierre, vorace, pouvait à elle seul réduire un démon à l’état de cendre si l’être infernal restait trop longtemps en sa présence. Et là, une telle quantité était tout simplement démentiel. Heureusement que sa nature mystique était telle qu’elle pouvait encore réussir à garder forme humaine dans ce monde, mais Keleth était tant et tant affaiblie qu’elle … qu’elle… Eh bien qu’elle n’avait plus le choix que d’y aller pas-à-pas, comme le ferait la moindre milicienne de campagne à qui l’on aurait donnée une arme par pitié.

Donc, épuisée, elle s’était arrêtée au coin de deux galeries de petite taille et profitait des mousses luminescentes pour y voir un peu plus clair. Elle ne pouvait plus marcher, ses muscles étaient fatigués et son corps demandait un peu de sommeil… Mais dormir, seule, dans ces lieux sombres et où elle n’avait plus une force n’était guère une bonne idée. Alors elle luttait, pestant que ce petit salopard d’Anek’thr avait bien choisit sa retraite, même elle ayant bien du mal à aller le trouver dans ses profondeurs. Par chance elle n’avait encore rencontrée rien de bien dramatique, et à part un énorme scarabée qu’elle avait finit par tuer en le décapitant bon gré mal gré, elle n’avait pas encore rencontrée de véritable danger. Mais elle savait qu’il y avait de l’activité dans ces galeries, alors la méfiance était de mise. Soufflant sur les mousses d’Arcosia, elle leur donna le dioxyde de carbone supplémentaire pour qu’elle s’illuminent encore un peu plus, et elle observa le chemin par lequel elle était arrivée. De loin, la luminosité troublante qu’elle provoquait serait visible, mais elle préférait encore cela que de se retrouver dans le noir absolu. Finalement, tout les dons que sa nature démoniaque lui offrait étaient réduit à peau-de-chagrin dans ce territoire, et la frustration qui en découlait ne l’aidait pas à garder les idées claires. Elle en voulait au monde d’avoir créé cette saloperie d’obsidienne, encore plus dans un lieux aussi tortueux… Mais elle ne pouvait guère faire autrement, son devoir l’obligeant d’accomplir sa mission.

Alors elle compensait, vigilante, endurante et surtout professionnelle, elle usait de l’ensemble de son bagage militaire pour tenir le coup un maximum, encore plus dans cette phase de repos. Et même quand elle ferma les yeux, ce fut pour rentrer seulement dans un état de sommeil léger. Quand le moindre bruit suspect vint résonner à son oreille, brisant l’équilibre précaire de son sommeil, l’archi-démone ne fit pas mine d’ouvrir les yeux, mais vint simplement faire glisser sa main près du manche de son sabre. Quelqu’un approchait… Des pas réguliers…

Un danger, ou une autre âme en peine dans les tréfonds de ces cavernes ?

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