Les terres sauvages / Sans pouvoirs dans un cercueil d'obsidienne [Pv ~ Himéros]
« le: samedi 23 janvier 2021, 15:48:06 »Elle l’avait pressenti depuis quelques temps, mais quelques chose n’allait pas dans ces monts. Il ne s’agissait pas de leurs hauteurs, de leurs nombres, de la végétation ou des bêtes qui y vivaient en surface, non … Cela concernait bien plus ce qui se trouvait dans les profondeurs de celles-ci. Forcément, depuis le début de son excursion dans ces lieux loin de toutes formes d’existence humanoïde, elle avait prit le temps de sonder les lieux, notamment grâce à ses dons personnels, ceux de l’archi-démone représentant la Loi. Une forme d’extra-sensorialité qui lui permettait, avec l’existence d’une cible, d’une forme de vie définissable à viser, de pouvoir la repérer, la tracer, même parfois de se déplacer à ses abords si elle était suffisamment proche. Et dans son cas, suffisamment proche pouvait tout aussi bien être quelques mètres que plusieurs kilomètres, si elle partageait la même zone géographique. Pourtant rien. Elle avait suivit la piste de son renégat jusque dans cette chaîne de montagne, et une fois qu’elle s’y était enfoncée, elle n’en trouvait plus la moindre origine, la moindre présence. Elle avait encore ses talents de pistage, en chasseresse revancharde et experte, ce qui lui avait permit de trouver le chemin emprunté par cette fourbe entité démoniaque, mais de là à pouvoir le repérer plus précisément, c’était tout simplement impossible. Comme s’il s’était fait dévorer quelques part dans ces montagnes, par quelques sombres grottes, et que depuis celle-ci le gardait au chaud dans son antre perclus de mystères. Et cela ne laissait entendre rien de bon alors que la toute-puissante démone s’approchait de l’entrée qu’elle avait analysée comme étant celle empruntée par le malfrat qu’elle poursuivait.
Il s’appelait Anek’thr, et faisait partie de cette espèce de démon relativement moyen qu’on appelle les E’theron. Des êtres plus ou moins sanguinaires, souvent attirés par le pouvoirs, les E’theron étaient dans 35 % des cas les entités récalcitrantes et hautaines que la démone se retrouvait à punir pour leurs mauvais comportements. Ici, l’être en question s’était adonné à quelques empoisonnements pour tenter de prendre la place du seigneur démon qu’il servait. Le genre d’empoisonnement long et douloureux, du sang de Kralga, forme de vie plus ou moins bestiale qui se baignait dans les larges bassins de souffre des enfers. Imaginez donc un crapaud avec un faciès de singe grimaçant, gonflé à l’hélium et son les yeux globuleux ont tendances à paralysés leurs victimes grâce à une certaine forme d’hypnose. Enfin, Keleth s’égarait en y repensant. Le plan dont on lui avait fait part avait le don d’être intelligent, comme bon nombre de ceux des E’theron, vu que ces derniers ont conscience de ne pas avoir les mêmes dons que leurs souverains et chefs, mais pour autant il avait échoué : l’une des favorites du seigneur infernal avait bue dans la coupe de son protecteur avant lui, et s’était mise à brûler de l’intérieur immédiatement, agonisant longuement sur place en se tordant dans tout les sens. Quatre heure plus tard, elle décédait, et le haut seigneur avait appelé à punition. Anek’thr s’était alors enfuit sur Terra par quelques procédés inconnus, et courut en ces lieux : C’est là que l’Exécutrice intervenait, et pour l’instant, elle ne sentait pas du tout cette balade qui allait finir au coeur de montagnes particulièrement secrète.
Pour autant, elle avait besoin d’accomplir sa tâche, quelqu’en soit les difficultés. Elle n’allait donc pas bailler aux corneilles, et quand elle atteignit enfin l’orée de cette ouverture béante dans le flanc montagneux, elle avait déjà en tête son devoir, celui de le ramener après une rossée exemplaire entre les mains de son seigneur. Ce qu’il en fera ensuite ne serait plus de son ressort, mais d’ici là, elle aurait tout choix de juger de sa valeur, ou de son droit à la vie, car elle avait toute possibilité de le considérer comme inapte à la vie infernale et d’en bannir l’essence à l’aide de sa lame. En tout cas, l’entrée de la grotte laissait percevoir de nombreuses traces, fraîches pour certaine, et cela laissait entendre d’une certaine activités sous ces pierres millénaires. Autant de chose qu’elle espérait ne pas avoir à inutilement trucider. Elle resserra le cordon qui maintenait son fourreau à sa hanche, puis elle reprit sa route. Pénétrant dans les longs et profonds tunnels, elle ne se doutait pas … de ce qu’elle y découvrirait.
* *
Au tout début de son passage dans les montagnes, la démone avait éventuellement eut l’intuition que quelque chose s’y trouvait et bloquait ses capacités sensorielles, ce qui l’avait amenée à louer l’intelligence du démon qui avait choisit un tel endroit pour se cacher de son éventuelle apparition dans l’équation. Elle s’était ainsi doutée qu’il pouvait s’agir de quelques artefacts bénis par des mages aux dons particulièrement développés, voire peut-être un ancien démoniste qui, ne voulant pas avoir à donner ce qu’il avait promis contre ses pouvoirs, s’était terré dans la misère et la peur. Mais non, nul lâcheté, nul veulerie en ces lieux. Il ne s’agissait ni plus ni moins d’un renfoncement cavernicole menant directement à l’une des plus grande faille d’obsidienne que la démone n’avait jamais eut l’occasion de voir ! C’est au milieu du second jour qu’elle était tombé dessus, au bout d’une galerie qui menait sur une crevasse de plusieurs centaines de mètres de profondeurs, et dont les murs étaient couverts de ces cristaux d’un noir profond et malin. Le résultat ? Eh bien elle put parfaitement comprendre son état physique ! L’obsidienne ronge l’ésotérisme, absorbe les forces occultes, s’abreuve des forces divines et se repaît voracement du moindre pouvoir qui rentre en son contact. Cette pierre, vorace, pouvait à elle seul réduire un démon à l’état de cendre si l’être infernal restait trop longtemps en sa présence. Et là, une telle quantité était tout simplement démentiel. Heureusement que sa nature mystique était telle qu’elle pouvait encore réussir à garder forme humaine dans ce monde, mais Keleth était tant et tant affaiblie qu’elle … qu’elle… Eh bien qu’elle n’avait plus le choix que d’y aller pas-à-pas, comme le ferait la moindre milicienne de campagne à qui l’on aurait donnée une arme par pitié.
Donc, épuisée, elle s’était arrêtée au coin de deux galeries de petite taille et profitait des mousses luminescentes pour y voir un peu plus clair. Elle ne pouvait plus marcher, ses muscles étaient fatigués et son corps demandait un peu de sommeil… Mais dormir, seule, dans ces lieux sombres et où elle n’avait plus une force n’était guère une bonne idée. Alors elle luttait, pestant que ce petit salopard d’Anek’thr avait bien choisit sa retraite, même elle ayant bien du mal à aller le trouver dans ses profondeurs. Par chance elle n’avait encore rencontrée rien de bien dramatique, et à part un énorme scarabée qu’elle avait finit par tuer en le décapitant bon gré mal gré, elle n’avait pas encore rencontrée de véritable danger. Mais elle savait qu’il y avait de l’activité dans ces galeries, alors la méfiance était de mise. Soufflant sur les mousses d’Arcosia, elle leur donna le dioxyde de carbone supplémentaire pour qu’elle s’illuminent encore un peu plus, et elle observa le chemin par lequel elle était arrivée. De loin, la luminosité troublante qu’elle provoquait serait visible, mais elle préférait encore cela que de se retrouver dans le noir absolu. Finalement, tout les dons que sa nature démoniaque lui offrait étaient réduit à peau-de-chagrin dans ce territoire, et la frustration qui en découlait ne l’aidait pas à garder les idées claires. Elle en voulait au monde d’avoir créé cette saloperie d’obsidienne, encore plus dans un lieux aussi tortueux… Mais elle ne pouvait guère faire autrement, son devoir l’obligeant d’accomplir sa mission.
Alors elle compensait, vigilante, endurante et surtout professionnelle, elle usait de l’ensemble de son bagage militaire pour tenir le coup un maximum, encore plus dans cette phase de repos. Et même quand elle ferma les yeux, ce fut pour rentrer seulement dans un état de sommeil léger. Quand le moindre bruit suspect vint résonner à son oreille, brisant l’équilibre précaire de son sommeil, l’archi-démone ne fit pas mine d’ouvrir les yeux, mais vint simplement faire glisser sa main près du manche de son sabre. Quelqu’un approchait… Des pas réguliers…
Un danger, ou une autre âme en peine dans les tréfonds de ces cavernes ?