La Terranide n’appréciait pas qu’on lui vienne en aide. Capricieuse, indépendante, fière, arrogante… Elle n’avait pas que des défauts, mais ils avaient cette fâcheuse tendance à bien ressortir et à occulter les qualités qu’elle possédait sûrement. Et en particulier, sa haine visible des humains n’aidait pas à la trouver sympathique…
Raphaël souffrait. Sa blessure était trop grande, trop profonde. Il avait voulu jouer les héros, montrer qu’il valait mieux que ce qu’elle pensait des humains, et voilà le résultat : il allait crever. La plaie ne cicatriserait sûrement pas assez vite, il allait mourir bêtement en parant un coup qui aurait facilement pu être évité. Crachant du sang plus qu’il le croyait possible, il regarda la lapine prouver qu’elle pouvait se défendre seule.
« Je n’en doutais pas un seul instant, mais… »
Un nouveau flot de sang l’empêcha de parler. Tant pis, il laissait tomber la conversation pour se concentrer sur la bataille tant qu’il lui restait des forces, c’est-à-dire d’après ses estimations encore une dizaine de minutes.
Thalia, elle, achevait un autre ennemi en le décapitant avec sa propre arme, ce qui ramenait le nombre d’esclavagistes à cinq. Mais elle vit l’état de son chef, et arrêta aussitôt le combat pour venir le soutenir, inquiète.
« Tu devrais t’arrêter là, tu vas te tuer pour rien. J’ai pas envie de devoir annoncer ta mort à ton frère.
La ferme. Je peux encore me battre. »
En effet, il avait encore l’air plutôt en forme, mais il ne fallait pas se faire d’illusions. S’il continuait, il était fichu. Il para un coup en traître destiné à Thalia…et s’écroula, fauché aux genoux par sa camarade.
« C’est pour ton bien, andouille. »
Il n’eut pas le temps de protester, et de toute façon il n’en avait pas non plus la motivation. Avant que quoi que ce soit d’autre ne puisse se passer, de petites formes brillantes apparurent. Il s’agissait de pétales de rose lumineux. Une nuée de pétales qui volaient entre les belligérants. Puis ils se mirent en mouvement. Chaque fois qu’un pétale touchait l’un des esclavagistes, celui-ci se voyait marqué d’une profonde entaille. Rapidement, les cinq hommes comprirent qu’il valait mieux ne pas rester là s’ils ne voulaient pas se faire tuer par des fleurs et prirent la poudre d’escampette.
Un peu plus loin, un homme baissa le bras, un demi-sourire aux lèvres.
« J’arrive à temps, on dirait. Tout va bien ? »
C’est alors qu’il vit Raphaël, et son sourire s’effaça aussitôt…