Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Itami no Kyô

Dieu

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    Entité chaotique mi-Dieu, mi-chieur, mi-playboy. Ça fait beaucoup de moitiés, c'est parce qu'il est très grand.

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vendredi 09 novembre 2012, 18:06:38

Prise de conscience. L'obscurité. Bouche pâteuse. Mal au crâne. La chaleur, le confort, un soupir ravi. Kyô relevait la tête de ses oreillers, ouvrant progressivement ses yeux, les laissant s'accommoder à la lueur du jour. Il bailla mollement, et regarda autour de lui. C'était sa chambre. Un lit assez large pour accueillir quatre personnes -pas faute d'avoir vérifié- sur une grande estrade, des tapisseries sur les murs, des chaînes suspendues ça et là de façon artistique et harmonieuse à un plafond haut de quatre mètres. La pièce faisait bien vingt-cinq mètres carrés à tout casser, et ma chaîne hi-fi à l'autre bout de la pièce jouait en répétition la même chanson depuis la veille au soir. Oui, Kyô avait modernisé sa demeure depuis 1951, et avait également installé le gaz, l'eau courante et l'électricité. D'ailleurs, on raconte qu'elle proviendrait d'un prêtre de Zeus enfermé dans la cave, mais l'authenticité de l'information est peu fiable, faute de source sûre.
 Il s'agenouillait sur le grand matelas, laissant la couverture descendre au bas de son dos, se massant les tempes, avant de sortir du lit en passant sa main dans ses cheveux, rabattant un épi. S'en suivirent quelques allers-retours en tenue d'Adam dans la pièce pour ramasser les vêtements éparpillés dans la pièce, et les poser sur la commode. Certains n'étaient pas à lui. Ah, oui, la nuit a été longue. Résultat de petites festivités à base de nectar d'ambroisie, d'hydromel et de vodka, il fallait recoller les morceaux. Il s'arrêta devant son grand miroir, réorganisant une dernière fois ses cheveux, et se perdit une nouvelle fois dans la contemplation de son unique cicatrice. Puis il broncha, pesta et aurait même pu troublimenter si le verbe avait existé, parce que les demoiselles qui étaient parties sans le réveiller avaient oublié de fermer la porte, et qu'un courant d'air vint le surprendre à des endroits peu agréables. Il parti se laver, puis revint, et sortit sa tenue favorite, veste et pantalon noirs, foulard blanc et Pain en poche. Il se tenait à nouveau devant le miroir, ajustant ses habits, et se sourit à lui-même parce qu'il se trouvait drôlement beau. De la classe, de la prestance digne d'un véritable Dieu de l'Olympe. Enfin, en excluant Héphaïstos et Pan, qui ne sont même pas sortables. Il récupéra le paquet de clopes sur la table basse et en tira une en pinçant le filtre entre ses lèvres, avant de l'allumer en enflammant son doigt. Il se rappelait ces paroles érudites en souriant: Elle a ce pouvoir là, la clope du matin. Celle de fêter dignement ta résurrection. Et puis elle te prépare à rouler le joint du matin.

Mais aujourd'hui, pas le temps de fumer le joint du matin. Il sortait. Car en effet, il était temps de fêter sa résurrection. Le retour officiel de Kyô sur l'Olympe. La naissance d'Itami no Kyô, le Dieu sans lignée. Et ce jour-là, l'occasion était d'or. On lui avait parlé d'une de ces réunions barbantes entre Dieux. Il y avait été presque à chaque fois pour foutre le bordel, sans savoir de quoi on y parlait. Mais Kyô avait disparu il y a six mois sans laisser de traces. Qui s'attendait à ce qu'il revienne? Personne, pas même Hadès, ni Héra. Alors, c'était maintenant qu'il ferait son retour officiel chez les Dieux. Il savait où c'était, mais il s'était levé tard, raison pour laquelle il n'avait pas traîné, raison pour laquelle il n'avait même pas pris le temps de manger. C'était important. Aujourd'hui,il fallait leur dire, leur montrer à tous que Yamiusagi Kyô était mort.

Il progressait sur l'Olympe d'une démarche assurée, jusqu'au bâtiment où devait avoir lieu ce rassemblement de divins. Il s'arrêta devant, profitant à nouveau du tube de tabac calé entre son index et son majeur. N'importe qui le voyant là y verrait un type impressionné par la grande bâtisse et le fait que tout le gratin se trouvait à l'intérieur de ses murs. Non, il réfléchissait juste à son entrée en scène: cramer la porte, l'enfoncer à coup de pied, ou simplement la pousser? Pourquoi entrer par la porte? Allait-il démolir un mur, passer par le toit pour se retrouver au beau milieu de la pièce? La première impression était importante.
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Oneiros

Dieu

Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 1 vendredi 09 novembre 2012, 19:34:38

Les réveils des dieux sont, de toute évidence, aussi glorieux que ceux des humains. Quand le fils d'Héra ouvrit - enfin - les yeux, il était affalé sur le ventre, le visage enfoui dans son oreiller. Ses membres hurlèrent, épuisés par une très longue nuit, quand il se renversa sur le côté. La sylphide qui était visiblement à ses côtés aussi couina, sans doute parce qu'il venait de la gifler, sans faire attention. D'un oeil, il la dévisagea. Bon. Il ne se souvenait même pas de ses traits. Il lui tourna le dos, la laissant tranquille. La pauvre "enfant" - s'il est possible qu'une enfant puisse avoir ces mensurations - semblait épuisée. Pour Oneiros aussi, une chanson planait dans la pièce. Sauf que lui lança un verre sur sa radio ( un cadeau de sa mère ), la noyant par la même occasion. Un crépitement, quelques étincelles. Foutu réveil. Son dos craqua quand il se redressa pour remettre correctement le kimono qu'il avait porté la veille. Il puait le whisky. Des miettes de tabac tombèrent de ses cheveux quand il les ébouriffa, et il sentit sa joue le tirer quand il bailla. Oneiros balaya son visage de sa main ; il avait une cicatrice toute neuve sous l'oeil gauche. Pour sûr, sa génitrice allait lui taper sur les doigts. Héra détestait quand il se battait. Le jeune dieu se souvenait vaguement d'une altercation avec des prêtres, la veille, chez Dionysos ... Mouais, on verra. S'étirant une bonne fois pour toutes, il ignora la présence de la délicieuse blondinette dans son lit, et se précipita vers sa douche. Il devait se donner figure humaine : aujourd'hui était un grand jour.

Ce n'est qu'en sortant de ladite douche qu'il se roula le joint du matin, objet sacré à ses yeux, tout en cherchant un kimono digne de ce nom. Celui qu'il avait porté hier finirait au feu, c'était une certitude, et imbibé comme il était, il ne prendrait sûrement que quelques secondes pour s'enflammer et disparaître. Quand Oneiros croisa son reflet, nouant la ceinture de son kimono, allumant son cher joint, il manqua de sursauter. Toute Olympe aurait pu deviner qu'il n'était absolument pas frais. Et sa mère ne manquerait sûrement pas de lui faire remarquer qu'il ressemblait à s'y méprendre à ce cher Kyô. P'tain, ça fait longtemps que je ne l'ai pas croisé, lui ... Une dernière bouffée de ce cannabis transcendantal, et il ouvrit la porte de ses appartements, prêt à partir. Les couloirs étaient vides. Le son, en sourdine, ne venait que d'un endroit ; la salle des banquets. Toutes les divinités seraient réunies, sauf les plus drôles. La veille, Dionysos avait maugréé qu'il ne foutrait pas un pied là-bas, en tout cas temps que son corps n'aurait pas filtré les litres de vin qu'il s'était enfilé. Il serait donc seul. J'ai bien fait de fumer. Il ébouriffa à nouveau ses cheveux, quand ...

- Tu pars ?

La jolie blonde s'était réveillée. Oneiros se retourna vers elle, tachant de garder une certaine dignité. Grands dieux, je suis déchiré.

- Une cérémonie ... importante, oui, bafouilla t'il. Je ne me souviens plus vraiment de ce que c'est, mais ...

- Ah, oui, Dionysos en parlait, hier ! C'est aujourd'hui que le fils d'Héra va être nommé Dieu, et détenir ses pleins pouvoirs, il me semble.

Il manqua de s'étouffer. Comment avait-il pu oublier cela ? ... Putain, mais quel boulet. Non seulement il était à la bourre, mais il était complètement défoncé. Sans attendre, il quitta sa chambre, faisant promettre à la fille de rester là jusqu'à ce qu'il revienne - besoin qu'on lui rafraîchisse la mémoire sur la soirée et la nuit qu'il avait passé - et gambada dans les couloirs. Le jeune dieu aurait pu se foutre des gifles. Aujourd'hui, il allait passer du stade "d'apprenti dieu qui doit se coltiner des cours à n'en plus finir avec Morphée" à "dieu". Il ne serait plus vu comme le sale gosse de l'Olympe, mais comme un dieu, un vrai. Serrant les poings, il se dirigea vers la salle de banquet, croisant les doigts pour que personne ne remarque sa cicatrice sur la joue. Tout le monde devait déjà y être. Misère.

Ce n'est qu'au tournant qu'il remarqua qu'il n'était pas le seul à être en retard. Devant la porte, là, à trois pas de lui, se tenait une autre personne. Une autre déité. Dont il reconnut l'aura avec un sourire hagard.

- ... Kyô ?

Articula t'il avec la (non) grâce qu'ont les gens défoncés. Cela faisait un peu scène de film, ces retrouvailles face à cette porte fermée, qui laissait entendre de multiples voix, dont celle de sa mère. Il ne savait pas s'il devait apprécier cela, ou trouver ça gerbant.

Itami no Kyô

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 2 samedi 10 novembre 2012, 13:33:49

"Hein? Le môme?"

Malgré tout ce temps, il se rappelait la voix d'Oneiros. C'était peut-être dû à la baguette de Vlad, allez savoir. Toujours est-il qu'il se retournait, l'air espiègle, vers son cousin. Et là, ses joues se gonflèrent dans un petit bruit nasal, et il éclata de rire, littéralement. Il essayait de placer néanmoins une explication, qui au final disait on dirait Moi au sortir d'une soirée avec Hadès. Il faut dire que Kyô et le Dieu des Enfers avaient tendance à boire énormément quand ils étaient ensemble, de quoi faire sombrer un Mortel dans un coma éthylique en l'espace de deux heures.
Il faut dire que pour une fois, les rôles étaient inversés: Kyô était bien habillé, présentable, et Oneiros semblait aussi frais qu'une boite de sardines entamée laissée au fond du frigo pendant six mois. L'ironie de la situation échappait totalement au Dieu sans lignée, parce qu'il était content de tomber sur un ami et pas sur cette vieille salope d'Artémis. Tiens c'est vrai, elle doit sûrement y être cette trainée...
Il terminait sa clope, et la piétina. Et puis il désigna du pouce la grande bâtisse derrière-lui, avec une expression du type qui est emmerdé par la réunion, alors qu'il n'y avait pas foutu les pieds, et qu'il ne comptait pas suivre la conversation de toute manière.

"Tu sais à quoi ça rime, cette coalition des glandus? Une prêtresse de Dionysos m'en a parlé hier mais on a... Détourné la conversation, tu vois. J'comptais en profiter pour annoncer mon retour, comme tu peux le constater j'ai un peu changé!"

Un peu, oui. Enfin c'est pas comme si sa coiffure avait changé, que ses yeux n'étaient plus rouges, que ses bandages et sa flamme avaient définitivement disparu, qu'il portait des vêtements plus élégants,et que les marques sur son bras avaient été remplacé par une cicatrice longue et fine quoi. Kyô n'était plus le même ça sautait aux yeux. Même son aura était beaucoup plus intense, ce qui le rendait beaucoup plus crédible quand il disait être l'égal d'Arès. Mais c'était toujours à vérifier, ça.
Normalement, il aurait dû tout raconter à Hadès dès son retour en Olympe, la mort de Choupi, l'aide de Vlad Aurion, sa complétude, les six mois passés au bordel, Junko... Mais il n'avait pas voulu s'en soucier en rentrant à la maison, et avait préféré faire la fête pendant quelques jours, comme avant.

Vous savez ce qui est bien, en Olympe et sur Terra? Personne ne vous fera chier si vous fumez dans des lieux publics. Alors il sortit son paquet, alluma une deuxième clope et le tendit à Oneiros. Et puis, il lui montra son index enflammé, en expirant de la fumée tout en parlant:

"Ah ouais, et j'ai des nouveaux pouvoirs vachement marrants aussi. Les chaînes noires c'est démodé, maintenant j'peux remplacer les maillons par des lames!"

Il songeait à entrer, en se disant que maintenant qu'il n'était plus tout seul, l'entrée en scène était à revoir. Oh et puis merde! Si il poireautait davantage à chercher comment entrer, il ne tarderait pas à les voir sortir. Il posa alors une question qui pouvait paraître anodine pour n'importe quel étranger, mais qui était capitale et même essentielle en Olympe si on ne voulait pas passer les trois prochaines années cloué au lit.

"Comment va ta mère?"

Même s'ils étaient immortels, l'humeur d'Héra influait beaucoup sur l'existence des Dieux, selon Kyô.
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Oneiros

Dieu

Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 3 samedi 10 novembre 2012, 17:24:04



Oneiros accepta la cigarette en grimaçant. L'odeur du tabac lui picotait l'estomac, réveillant une nausée à peu prés assoupie. J'aimerais me souvenir de ce que j'ai bu, hier. Un arrière-goût de whisky tachait encore son palais. Une gorgée de nectar et, pour sûr, il vomirait quelque part. Cependant, il n'osa montrer aucune expression de son "mal-être" à Kyô ; il le raillerait à coup sûr, le traiterait de petite nature, le ridiculiserait lors de leur prochaine beuverie auprès d'éventuelles conquêtes féminines. Chose qu'il voulait à tout prix éviter. Le jeune dieu s'ébouriffa les cheveux, clignant violemment des yeux. Foutu réveil. La question à propos d'Héra le fit doucement sourire. Oneiros secoua la tête, prit une inspiration violente.

- En me sachant en retard pour mon investiture, pour sûr, elle doit être d'excellente humeur !

Ricana t'il, se massant les tempes. Il sentit quelques courbatures tendre ses jeunes muscles.

- ... Ouais, je me fais nommer "dieu" pour de bon, aujourd'hui. J'imaginais autrement cette journée. Enfin, j'aurais aimé m'en souvenir, avant de vider les bouteilles de Dionysos jusqu'à n'en plus pouvoir.

Là, il se sentit vaguement con. Tous les dieux l'attendaient, le saluerait, lui montrerait du respect. Enfin, davantage que lorsqu'il n'était que le rejeton d'Héra, dont le père était connu, mais dont on osait pas prononcer le nom. Être le fruit d'un adultère lui plaisait pas mal ; être le fils d'Arès lui semblait plus classe qu'être celui de Zeus, cela instaurant un respect ... plutôt différent. Zeus, on se moquait souvent de lui. Arès, il valait mieux éviter. Oneiros tira une large bouffée de tabac sur la cigarette, bouffée qui eut le mérite de le réveiller pour de bon. Pour être motivé à subir tous ces regards, là, il lui faudrait bien plus ... Héra serait là, le jaugerait sans rien dire, et finirait attendrie sans doute. Et Arès aussi, le surveillant du coin de l'oeil, attentif à ses moindres faits et gestes. Ohlala. Il pressentait que tout tournerait à la catastrophe. C'était une certitude.

Oneiros poussa un lourde inspiration.

- T'as vachement changé, sinon. Pour tout te dire, je ne pensais même pas te revoir un jour.

Ajouta t'il, cherchant à changer de sujet, et à retarder son entrée dans cette vaste salle. La cigarette, entre ses doigts, était déjà à moitié terminée. Elle faisait office de compte à rebours. Quand elle se serait consumée, il devrait fatalement entrer. Et merde. Il ne savait pas s'il devait se sentir excité ou effrayé. Et puis, sa joue le tirait franchement. Fais chier.

Itami no Kyô

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 4 samedi 10 novembre 2012, 21:31:53

Ah, c'était donc de ça qu'il s'agissait. En effet ça expliquait le remue-ménage à l'intérieur. On entendait de la déconne, mais la vieille devait s'impatienter et l'ambiance allait se plomber rapidement, surtout si l'invité d'honneur manquait à l'appel. Attendez un peu... Quoi? Kyô se mit à rire à nouveau:

"T'arrives à la bourre et déchiré à ta propre cérémonie d'investiture? Hahaha, c'est génial, j'admire!"

Son envie d'y mettre son grain de sel s'évanouit d'un coup, simplement parce que c'était déjà un beau bordel en perspective, et qu'il voulait voir ça. Lui qui voulait faire un retour mouvementé et se la ramener à mort avec cette nouvelle fonction préférait s'éclipser derrière Oneiros: on ne rate pas une cérémonie en l'honneur d'un copain, et on ne la gâche pas non plus. Pourquoi la gâcher? Il suffisait juste de la rendre intéressante. Il restait juste une chose:

"Comment ça tu pensais pas me revoir? Je suis Kyô-sama, je vais détrôner Zeus sale mioche, l'Olympe a pas fini d'entendre parler de Moi! Tu mériterais des coups de pompes!"

Il n'était pas vexé, et ça se voyait à sa bonne mine. En un sens c'était vrai, lui non plus n'était pas sûr de revoir qui que ce soit. Est-ce que ça lui avait traversé l'esprit au moment où il croisait le fer avec son fils? Pas un instant. Il le savait pertinemment: s'il avait perdu cet affrontement, il n'aurait pas eu un seul regret. A parler, il avait terminé sa clope, sans réfléchir. Oneiros terminait la sienne. Il tournait la tête vers les grands battants de la porte.

"C'est parti, on va les bluffer. Suis-Moi."

Il s'élança vers la porte, et l'ouvrit d'un grand coup de pied, dévoilant la grande salle: d'immenses tables couvertes de mets raffinés et en grand nombre, des prêtres et prêtresses qui circulaient avec plateaux et cruchons, et attablés, tout Olympe: Zeus et Héra, Hadès, Poséidon, Déméter, Hestia, Apollon, Arès, Athéna, Moros, Nyx, Thanatos, Artémis, Volpe -Pourquoi il était là, ce connard?- et tant d'autres encore. Il ne manquait à l'appel qu'Héphaïstos, qui était parti en vacances (sans quoi il n'aurait pas raté une occasion de sortir), Dionysos pour des raisons plutôt sombres, ce qui était dommage vu qu'il était vachement sympa, et Aphrodite qui avait de plus en plus tendance à se balader sur Terra. Et toutes ces divines prunelles à quelques exceptions près lancèrent un regard incendiaire uni vers Kyô, dont l'aura était d'autant plus reconnaissable que son visage défaisait tous les doutes.Putain, il est revenu... Souriant, snobant complètement le courroux de ses semblables, l'homme aux yeux noisette s'adressa à l'assistance:

"Olympiens! Dieux de tous âges! Que vous soyez hommes, femmes ou avec un sexe indéterminé..."

Il avait jeté une œillade vers Volpe en laissant ce blanc, petite pique à son ancien frère dans la foulée. Et puis il releva les yeux vers Zeus et Héra, Roi et Reine, face à qui il affichait un regard assuré aux limites du défi. Même s'il avait prêté allégeance à la Reine, et ce dans la plus grande discrétion, il devait sans doute l'agacer. Bah, elle comprendra que j'veux faire en sorte que son môme passe pas pour un plouc... Il fit un pas de côté pour laisser entrer son cousin, en espérant qu'il ait profité de ce petit moment pour se donner de la carrure. Genre lancer une illusion sur tout le monde pour faire semblant qu'il était fringuant, ce genre de trucs. C'était un Dieu bordel, si son pouvoir emplissait la salle dès son arrivée, les mauvaises langues apprendraient à la boucler.

"Je vous demande de tous fermer vos grandes gueules et de faire un triomphe à Oneiros, Dieu des Songes!"

C'était la première fois que Kyô envoyait chier tout Olympe en une seule phrase, mais maintenant au moins, il en avait les moyens: Hadès, outre la surprise de voir son petit-neveu de retour, en pleine forme et semblait-il bien plus fort que jamais, eut un petit rire étouffé devant son audace. Il dénota ensuite l'amertume dans l'aura de Kyô, qu'il essayait de cacher tant bien que mal. Il s'était passé quelque chose, depuis son départ. Et à la surprise générale, Kyô inclina légèrement la tête en avant au passage d'Oneiros: on avait jamais vu Kyô courber l'échine ni ployer devant qui que ce soit, même après une grosse branlée. Et comme si il avait eu ce mérite-là, tous oublièrent leur frustration et témoignèrent leur respect envers l'invité d'honneur. Le Dieu de la Souffrance était satisfait: il remplissait son rôle d'aîné, et il avait réussi à manipuler ce troupeau de moutons à son aise. Une pensée qui n'était pas la sienne vint s'immiscer dans son crâne, il y reconnut la voix d'Hadès. Il lui disait "très bien joué, petit".
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Oneiros

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 5 lundi 12 novembre 2012, 13:54:27




Tout alla brusquement beaucoup trop vite pour le jeune dieu. Il eut à peine le temps de réfléchir à répliquer quelque chose de potable et de compréhensible que, déjà, tous les dieux étaient face à lui. Et Kyô qui venait de dire qu'il l'admirait ... Oneiros soupira. Si sa mère l'entendait parler ainsi, il subirait forcément les foudres de la reine d'Olympe. Et beaucoup pouvaient témoigner que ce genre de foudres étaient franchement douloureuses, et trop facilement récurrentes. Bref, tout ça pour dire qu'il se retrouva immobile, les yeux écarquillés, un maigre sourire sur le regard, alors que Kyô le présentait à la foule. L'odeur de la nourriture s'attaqua à lui ; un relent manqua de l'agiter, mais il sut se retenir. Oneiros était plein de ressources, quand il s'agissait de dissimuler une gueule de bois. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre une certaine contenance, avant de réaliser que tous regardaient Kyô. Il avait envie d'hurler de rire. Ce qui était une colossale journée d'investiture devenait un monumental n'importe quoi. Il croisa le regard vaseux d'un prêtre de Dyonisos, vraisemblablement encore bourré de la veille, et lui adressa un sourire amusé. Un instant, il se perdit dans ses pensées ; la soirée de la veille lui revenait doucement en mémoire. Surtout le passage avec la prêtresse, une charmante blonde qui ...

"Je vous demande de tous fermer vos grandes gueules et de faire un triomphe à Oneiros, Dieu des Songes!"

Il sursauta. Tous les regards convergeaient vers lui. Putain, ça fait combien de temps qu'ils me regardent ? Le prêtre avec qui il avait échangé un sourire était tordu de rire devant son air complètement paumé. Oneiros chercha le regard de sa mère ... Qu'il trouva bien trop vite à son goût. Ses yeux incendiaires alternaient entre le dieu des lapins et son fils. Et son regard disait clairement "Quel cinéma !". Elle se fit un cul-sec de vin, ce qui manqua de refiler la nausée à Oneiros, de manière plutôt violente. Dans son état, même l'eau lui apparaissait comme quelque chose de venimeux. Sa mère était très soucieuse des traditions ; il allait se prendre une raclée. Aussi fit-il le choix de jouer une illusion, d'un simple claquement de doigts. Kyô y avait pensé, Oneiros l'avait fait. Il apparut brusquement face à l'assemblée comme un futur dieu frais, léger, propre. Il n'y avait que sur sa mère que ce sortilège ne fonctionnait pas - vu son regard - mais les autres semblaient épris, et beaucoup s’inclinèrent face à lui.

Alors le jeune dieu se permis un sourire immense, celui qu'il tenait de son père ; le sourire du conquérant. Et bim, dans tes flancs, Olympe ! Prestement, il s'appuya sur l'épaule de Kyô, faisant à lui comme aux autres de se redresser.

- Je ne saurais comme te remercier, Kyô, souffla t'il.

Tous les autres dieux reprirent leur discussion, tranquillement. La cérémonie débuterait dans une petite heure, le temps pour chacun de préparer un éventuel, et long, et chiant, et inintéressant discours. Mais lui qui espérait être au calme et à l'abri fut bien vite calmé par l'arrivée d'Héra. La déesse se posta près d'eux, les dominant par sa stature. Elle en imposait vraiment. Il en eut le souffle vaguement coupé.

- J'ai bien cru que tu ne viendrais pas, mon cher fils, grinça t'elle. Quant à toi ...

Elle planta son regard dans celui de Kyô.

- Quelle arrivée triomphale. Je ne m'attendais pas à ce que tu accompagnes Oneiros. Et j'ose espérer que tu n'es pas la cause de son retard.

Ce serait un euphémisme d'avancer que la voix de la reine d'Olympe était pleine de colère, de rage, enfin de toutes ces joyeusetés. Puis, comme pour contraster avec ces reproches, elle caressa la joue de son fils et l'embrassa sur le front. Dans son regard et son sourire, quelques grammes de fierté était dissimulée entre quelques tonnes de ressentiment. C'était peu, mais déjà très rare venant d'elle.

- J'espère que tu es prêt, Oneiros. Et je te souhaite la bienvenue, Kyô.

Puis Héra s'en alla, laissant là son fils qui s'estimait heureux qu'elle ne l'ait pas engueulé devant toute cette foule.

- Je crois que jamais je n'ai eu aussi peur de ma vie, souffla t'il.

Il parlait aussi bien de sa mère que du cérémonial. Il lui semblait bien que toute sa vie s'écroulait, avant une complète résurrection.

- ... J'vais être un dieu, Kyô. J'vais être un dieu, et te détrôner après que tu ais détrôné Zeus. Franchement, j'ai hâte.

Lança t'il avant de cueillir un verre de nectar, histoire de se donner une contenance, sur un plateau que lui tendait une prêtresse qu'il ne connaissait pas encore.

Itami no Kyô

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 6 mardi 13 novembre 2012, 18:49:28

"Si tu penses pouvoir faire mieux que Moi, je te prends quand tu veux... Franchement, j'ai soif!"

Il chipa un verre à son tour, laissant la prêtresse s'éloigner en reluquant son joli postérieur: c'était une coutume, sur l'Olympe, on voyait rarement des prêtresses moches. Même si certaines divinités n'étaient pas le summum de la beauté, les serviteurs avaient quand même ce minimum, comme quoi on les choisissait quand même souvent selon la tête de l'emploi. Héra était hors de portée de voix, il pouvait s'exprimer librement:

"Te laisse pas impressionner par la vieille, si elle s'est déplacée juste pour nous dire bonjour et repartir, c'est qu'elle veut te foutre la pression. C'est comme coller un flingue sur la tempe d'un Mortel et lui demander si il veut qu'on tire."

Il essayait de passer outre le fait qu'elle lui avait souhaité la bienvenue, ce qui relevait quand même de l'inédit: personne ne savait rien à propos du serment d'allégeance, et même Oneiros n'avait pas besoin de savoir. Il s'était quand même retenu de sourire pour sous-entendre que oui, c'était peut-être à cause de lui qu'Oneiros était à la bourre, et alors?, mais se promit de répliquer à la prochaine occasion, ne serait-ce que pour la forme. Il donna des nouvelles à Oneiros, pour détourner le sujet:

"Oh, je t'ai pas dit! Je suis devenu le Dieu de la Souffrance, des Chagrins et de la Dualité des Êtres! C'est déjà plus clair et moins con que Dieu mineur des lagomorphes, non? Tiens à ce propos..."


Il héla Artémis, et lui annonça de but en blanc qu'il n'avait plus rien à voir avec elle, qu'elle pouvait se mettre à lui chercher un remplaçant, et aussi qu'elle pouvait se récurer le fondement avec le contenu d'un plein carquois. La dernière remarque ayant été la moins surprenante de sa part, les quelques convives qui avaient entendu cela furent surpris de la légèreté avec laquelle il se permettait de renier sa lignée, son origine et toute son existence passée en général. Volpe, lui, brûlait tellement de rage qu'il en tremblait. Kyô se remit à discuter avec Oneiros comme si de rien n'était, et comme si sa déclaration avait eu la même teneur que s'il avait annoncé une énième rediffusion des épisodes d'Astérix à Noël.

"Tu vois? Avant d'effleurer l'idée de m'égaler, faudrait déjà que t'aies du répondant envers ta grand-mère... Enfin, ta mère!"

Il se mit aux piques malsaines: il pouvait se le permettre, il était aussi lié à Artémis que le premier homme à Zeus: rien à péter, pas trop de problèmes de consanguinité de son côté. Il continua sur sa lancée, histoire de ne pas parler pour rien.

"On va faire comme ça alors. Tu pourras venir me détrôner quand tu pourras passer pour le digne demi-frère d'Arès, plutôt que son morveux."
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Oneiros

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 7 jeudi 15 novembre 2012, 20:31:16






- Je suis son môme, Kyô.

D'accord, ça, il l'avait peut-être dit parce qu'il était un peu encore bourré de la veille. Qu'Arès soit le père d'Oneiros, qu'Oneiros soit le fils du Dieu de la Guerre, personne ne le savait, ici,en Olympe. Mis à part les intéressés. Et peut-être bien que Zeus se doutait qu'il n'était pas le père de ce brailleur, bientôt nommé dieu, bientôt libre. Et foutre de dieu, qu'il avait hâte ! Le jeune dieu se frotta les mains, regardant sa mère sagement éviter son père. Un manège qu'il connaissait assez bien. Pas question pour eux de s'exhiber fièrement, eux dont les ego et les échines semblaient bâties de marbre ; jamais elles ne ploieraient devant quiconque. Autant dire que s'il leur avait un jour vraiment tenu tête, les mandales n'auraient pas manquées de voler. Aussi, bien vite, il avait su se faire discret. Une gorgée de nectar, qui réveilla pour de bon son estomac, agitant sa cervelle par la même occasion. Il se sentait vaseux, mais apte à survivre. En somme, il achevait de cuver, et plutôt proprement, pour une fois. Oneiros se pinça la joue, geste qu'il affectionnait quand il était gêné. Que Kyô soit au courant ... Bah, il était trop bourré pour se rendre compte de sa connerie.

Et quand bien même il aurait voulu se rattraper ... Il dut supporter les saluts de quelques déités, sauf Artemis qui n'osait guère s'approcher, et de quelques prêtres et prêtresses plutôt charmants, qui cherchaient pour la plupart à entrer à son service. Quelle blague.

- Dieu de la Souffrance, des Chagrins, de la Dualité des Êtres ? Putain. Ça en jette !

Il se recoiffa - à comprendre par s'ébouriffa les cheveux -  au passage d'une prêtresse. Pas question de terminer la soiré seul, sobre. Il faudrait dignement fêter cela.

- Et il s'est passé quoi, pour que tu ... changes ?

Son visage fin, encore bien adolescent, se plissa en une grimace inquiète. Oui, il était capable de ressentir de l'inquiétude, de la tristesse. Je vous jure. Surtout envers quelqu'n qu'il affectionnait : pas de bol, c'était tombé sur Kyô.

Ses yeux se baissèrent, vers son verre. Vide. Il commençait à avoir une descente inquiétante.

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 8 jeudi 15 novembre 2012, 21:53:58

Oui, Kyô savait. Arès ne lui avait jamais vraiment dit, mais Kyô avait suffisamment de jugeote pour comprendre qui si Oneiros avait un mana qui tenait du Dieu de la Guerre et pas de Zeus, c'était pas pour des prunes. Et alors? Au fond il s'en foutait, il était la preuve que le destin n'était pas décidé à la naissance. Tout avait toujours dépendu d'Oneiros, et son ascendance n'avait rien à voir avec le fait que Kyô le considérait comme un ami, un cadet. Le regard d'Itami no Kyô -car tel était son nom à présent- croisa pendant une fraction de seconde celui d'Artémis. Elle ne s'était jamais sentie autant humiliée. A croire qu'elle crevait d'envie de lui ficher une flèche entre les deux yeux. Et l'expression qu'il avait affichée durant ce court instant la mettait au défi d'essayer. Il baissa les yeux, et se força à sourire. Il prenait un ton désinvolte, mais il espérait que personne ne voit son chagrin, pas même son cousin. Hadès s'était rapproché subtilement, espérant capter quelques bribes de la conversation.

"Je t'ai déjà parlé de mon fils, Choupi? Oui, en principe."

Le Dieu des morts leur avait envoyé une de ses prêtresses, avec un plateau sur lequel était disposé un pichet d'ambroisie. Ce vieux, il me connait bien. Il garda le pichet et congédia la femme d'un geste, avant de remplir son verre. Son faux sourire demeurait, mais il avait dû se concentrer pour cacher les remords de ses yeux. Il relevait la tête, et prononçait avec une légèreté surprenante ces mots:

"J'ai cassé mon épée sur sa gueule de con. C'est comme ça, dans la famille. Si un gosse décide de tout péter et de s'éloigner du troupeau, on le crève comme un chien dès que c'est possible."

Il n'avait su cacher son amertume, toute cette colère qui le gagnait. Il dût rassembler toute sa volonté pour contenir son aura, mais Hadès, habitué, avait déjà compris: son petit-neveu avait une formidable envie de tuer, et était prêt à brûler sur le champ le premier prêtre qui passerait trop près. Le Seigneur des Enfers se fit à cette idée: il ne voulait rien lui demander, finalement. Le Dieu aux cheveux noirs soupira, histoire de lâcher un peu de pression.

"Et puis voilà, son corps est revenu à celui qui l'a créé, et j'ai atteint un genre de complétude. Après, je pense pas que j'aurais atteint ce stade si je l'avais jamais créé: tonton m'a fait subir les pires souffrances corporelles, et j'ai pu expérimenter ce jour-là le plus douloureux des chagrins."


Il dévoila à Oneiros la cicatrice qu'il avait sur l'avant-bras gauche. Les divins ne gardaient pas de cicatrices qui venaient entacher leur corps parfait. Les Dieux étaient parfaits, ils n'étaient pas marqués. Et pourtant, Kyô ne semblait pas éhonté de cette ligne dépigmentée. C'était la preuve qu'il avait eu mal, et que cette blessure ne s'effacerait jamais. Il poursuivit:

"Après,je suis resté six mois dans un bordel à me reposer. La chevauchée du héros vers le crépuscule, tu me suis... Et hors de leur temps de travail, ça m'a pas couté un rond! J'te les présenterai, à l'occasion."


Kyô avait ce genre de talents cachés, de pouvoir passer d'un sujet sérieux et triste à ses histoires de cul, en faisant passer ça le plus naturellement possible. Il avait certes fait son deuil, il détestait surtout le fait que la personne qui avait ôté la vie de son fils n'était ni plus ni moins que la personne qu'il appréciait le plus au monde. Et ce même s'il s'était répété des milliers de fois qu'il n'avait pas eu d'autres alternatives.
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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 9 dimanche 18 novembre 2012, 14:17:38





L'amertume avec laquelle Kyô s'exprimait avait fait grincer les dents d'Oneiros. Il n'aimait guère que ses proches souffrent. Et même si ce court récit s'était achevé sur une note qui prêtait à sourire, le jeune dieu pouvait parfaitement sentir ces relents de haine, de rage, de tristesse émanant de son aîné. Il se contenta de poser une main sur son épaule, geste fraternel, et surtout seul geste de tendresse qu'il pouvait avoir envers lui. Pas question de lui faire un câlin. D'ailleurs, cela ne lui avait pas traversé l'esprit. Juré. Si tous connaissaient les moeurs libres d'Oneiros, il lui semblait évident que jamais il ne ... Non, pas avec Kyô, roooh. De nouveau, il ébouriffa ses cheveux, souriant à sa mère, et inclinant légèrement la tête face à Morphée. Ce dernier le nommerait Dieu, d'ici quelques minutes, lui cédant sa place pour de bon. Mais le fils d'Héra ravala sa joie, tournant à nouveau son regard vers Kyô. Hadès n'avait de cesse de le regarder. Il ne savait pas s'il trouvait ça classe ou inquiétant.

- Décidément ... Tôt ou tard, nous sommes destinés à souffrir, souffla t'il d'une voix grinçante, sur un ton triste franchement surjoué.

Oneiros détestait se plaindre, et n'aimait guère les longs épanchements. Quant au pichet ... Il le piqua à l'ancien dieu des lapins. But une large rasade. Refoula une grimace de dégoût. Pour un peu, son foie l'aurait salement engueulé.

- Il est étonnant de constater que Chryséis n'ait pas subit le même traitement, elle qui se complaît dans le refus d'obéir aux règles élémentaires.

Cette remarque fut faite à voix basse, bien évidemment, et avec un sourire en coin. Oneiros avait toujours eu des relations conflictuelles avec ses frères et soeurs ; et Chryséis n'échappait pas à la règle. Leurs antécédents étaient plutôt ... N'y pensons plus. Il chassa cette pensée d'une nouvelle gorgée d'ambroisie.

- Ce soir, je te le jure, nous noierons ces souvenirs. Cela ne durera que quelques heures, mais ce sera ça de gagné.

Une promesse qu'il fit avec un mince sourire, voyant que l'on commençait doucement à installer les dispositifs, et toutes ces choses qui feraient de lui un véritable dieu. Il pourrait même engueuler son père et sa mère. Quoique ... Non, non, il préféra oublier cette idée. Pas question de mourir jeune.

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 10 dimanche 25 novembre 2012, 20:17:49

"Haha, c'est pour ça que j'veux plus être considéré comme un môme, mais bien comme un membre du Panthéon!"

Son amertume s'était totalement dissipée, il souriait, sincèrement, en tapotant l'épaule d'Oneiros. Il y avait encore autre chose. Une chose qu'il avait rendu fort, mentalement. Responsable aussi, peut-être, mais qui faisait toute la différence. C'était ce pourquoi il se sentait bien meilleur qu'avant, la raison pour laquelle il était plus déterminé que jamais:

"Je ne veux plus oublier, Oneiros. Personne. J'ai fait ce souhait, c'est à la fois un bien et un mal, mais je ne peux plus oublier les personnes que j'ai appréciées. Tout l'alcool du monde ne noierait pas ces souvenirs."

C'était en quelque sorte son fardeau, mais il ne le regrettait pas. Les gens qu'il avait connus, ceux qui étaient morts, il ne pouvait plus les oublier, même au fil du temps. Et alors? Il gloussa, et son sourire était confiant, et aussi menaçant qu'inquiétant. Son cousin pouvait comprendre qu'il était hors de danger, mais ce n'était peut-être pas le cas pour tout le monde dans la salle. Et son expression redevint chaleureuse, alors qu'il parlait:

"Tu sais ce que ça veut dire? Même en portant cette croix sur le dos, j'vais créer mon Nouveau Monde! Je suis vraiment trop puissant!"

Les personnes alentours, qui entendaient des bribes de conversation sans vraiment écouter, tiquèrent en entendant Kyô parler encore de son "Nouveau Monde". Celui-là, quand il a une idée fixe... Mais c'était vrai, qu'il soit enfant d'Artémis ou Dieu sans lignée, Kyô était quand même une vraie tête de mule. Le ton du Dieu noir devint mielleux, rassurant, amical. Il récupéra la pichet, limite à l'arracher des mains du Dieu des Songes, et le finit cul sec. Il le reposa bruyamment sur la table en expirant, puis s'essuya la bouche.

"T'en fais pas va, une partie de mon nouveau job consiste à accompagner les gens dans la souffrance jusqu'à ce qu'ils en sortent. Ça vaut autant pour les humains que pour les Dieux, donc je t'aiderai autant qu'il faut. Surtout que ça m'arrange aussi, pour le coup!"

Les grandes portes s'ouvrirent à la volée. Tous se tournèrent vers l'entrée. Qui pouvait donc manquer? Tout le monde était là, la cérémonie allait même bientôt commencer. Un cortège de quatre hommes en soutane rouge, encapuchonnés, tenant avec respect un objet caché sous un grand tissu de velours. Leur aura ne faisait aucun doute, mais leurs mains calleuses, leur buste large et les trois symboles brodés dans leur dos, un marteau, une enclume et une flamme, ne laissait aucun doute: ils étaient quatre prêtres d'Héphaïstos. Ils s’arrêtèrent au milieu de la salle, attendant le silence sans oser le demander. Puis l'un d'entre eux parla:

"Notre maître nous a fait mander ici pour le représenter. Il nous est revenu, le temps d'une journée, pour créer ce présent et l'offrir à son demi-frère Oneiros."

La surprise fut générale: le forgeron était parti avant la naissance d'Oneiros, et il ne l'avait jamais vu. Et maintenant, voilà qu'il avait interrompu ses vacances pour créer un nouvel artefact? Ce vieux boiteux... Qu'est ce qu'il cherche à faire? L'appellation en elle-même était bizarre. Il aurait été d'usage de dire "nouveau Dieu" en une telle occasion, mais l'artisan faisait ce présent en sa qualité de demi-frère? C'était complètement soudain, et inexpliqué. Kyô se tourna vers Oneiros:

"Haha, mais c'est Noël en fait! Je sais pas ce qu'il y a là-dessous, mais vu l'énergie que ça dégage, c'est certainement pas une contrefaçon!"
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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 11 samedi 01 décembre 2012, 17:18:50




S'il avait eu des poches, Oneiros aurait sans aucun doute fourré ses mains dedans. Kyô s'exprimait avec un ton grave. Et ça, franchement, ça emmerdait pas mal le jeune dieu, qui poussa un long et lourd soupir. Voilà qu'il ne voulait plus oublier. Putain, une vie sans oubli, sans échappatoires, c'pas une vie ! Aurait-il aimé crier aux oreilles de son aîné. Mais non, il n'en fit rien. Et puis, Oneiros était assez sage pour savoir que, de un, il ne connaissait pas grand-chose à la vie comparé à lui, et, de deux, il ne savait rien de ce qui lui était arrivé. Alors voilà, il fermerait son clapet encore pâteux de la veille, roulant tout de même des yeux. Eh, à vingt ans, il ne se sentait pas l'âme compréhensive ! Tout ce qu'il pensait, c'était : "Même pas drôle". Et, dieu merci, il se contenta de le penser, ne laissant aucunement sa bouche déblatérer quelques conneries d'ivrognes. L'ambroisie lui montait un peu au cerveau, escaladant son cervelet pour noyer son cortex. C'était plutôt agréable. Ce n'est que quand la petite troupe inquiétante d'Héphaïstos entra dans la pièce qu'il reprit une certaine contenance. Tout le monde le regardait. Ah, ouvrir ses cadeaux devant toute la sainte famille, il détestait cela au plus haut point ! Mais, docile pour cette fois, il courba l'échine face aux prêtres, respectueux. Il n'eut que le temps d'esquisser un sourire à la remarque de Kyô avant qu'on ne lui dépose entre les mains un ... écrin plutôt imposant. Oui, une boîte. Mais dont l'aura avant la même puissance qu'une bouteille de rhum ouverte, dont les relents ... Non, ne pense pas à ça.

Regards à droite, à gauche, en haut, en bas ...Eeeeeeh, macarena-ah. Tous les préparatifs étaient achevés. Il n'avait plus qu'à ouvrir cet écrin. Et il n'était pas dur, pour lui, de deviner ce qu'il cachait. D'un geste, il fit sauter l'ouverture, et laissa le loisir, et à lui, et à Kyô, qui était à ses côtés, de voir. Un sabre. Un shinken, pour être plus précis. Imitant le modèle du katana japonais, en plus moderne, il ... Il envoyait du lourd. Sur le coup, c'est tout ce que le jeune dieu parvint à penser. Long de plus de 60 cm, presque 70 - il avait du mal à donner une taille précise à l'arme - il était surmonté d'un manche noir brillant et sculpté, incrusté ici et là de pierres noires, blanches, argentées. Divin. Ses doigts se baladèrent sur la lame - protégée par un étui foutrement travaillé - puis il referma l'écrin. Ses yeux se relevèrent sur le prêtre qui lui avait tendu ce cadeau.

- Remerciez mon ... demi-frère, dit-il d'une voix qui se voulait ferme, mais qui laissait trahir son excitation. Je saurais me montrer digne de ce présent.

Les prêtres le saluèrent, et quittèrent la pièce calmement. Lui ne moufta pas. Il réalisait à peine que, désormais, il possédait son arme. Et qu'elle était plutôt conséquente. Alors qu'il allait réouvrir l'écrin, curieux, Oneiros croisa le regard de sa mère, qui lui fit signe de venir vers elle. Il confia l'arme à Kyô, se frotta les mains, et obéit. La cérémonie allait commencer. Héra étant la mère - sans aucun doute possible - du jeune dieu, c'était elle qui allait l'accompagner jusqu'à ... Un homme, plutôt âgé, au regard clair et fuyant : Morphée. Son ancien précepteur allait lui offrir ses propres pouvoirs, afin que le fils d'Héra prenne le relais. Les doigts serrés contre sa paume moite, Oneiros s'inclina silencieusement face à lui. Plus de nausées. La sacralité de l'instant l'avait guérit de sa gueule de bois. Pour s'assurer une certaine stabilité, il posa une de ses mains au sol, son autre bras étant croisé sur sa poitrine. Quelques vers grecs sacrés furent psalmodiés par le vieux dieu, qui termina son discours en posant sa main sur la tête d'Oneiros. Tiède, elle écrasa sa chevelure, si bien qu'il du faire un effort pour ne pas flancher. C'est alors que l'éclair survint. Et Oneiros comprit pourquoi sa mère venait de croiser les mains devant son visage, les serrant avec violence, tout en souriant, émue. Le jeune homme sentit un éclair bondir en lui, tressauter sans sa cage thoracique, remuer ses vertèbres, agiter ses organes, si bien qu'il perdit momentanément la vue, celle-ci se brouillant un instant. Un hoquet. Et Morphée posa sa main sur l'épaule d'Oneiros, murmurant à son oreille :

- Te voilà dieu. Par ma volonté, par mon pouvoir, par toutes les forces que nous régissons, te voilà enfin dieu. Tu as les pleins pouvoirs.

Ces derniers moments secouèrent violemment ses entrailles. Il dut attendre que sa mère, émue - putain, il ne l'avait jamais vu comme ça - vienne lui caresser la joue, pour réagir enfin. Il s'appuya sur elle, se releva avec une vigueur approximative, pour faire face à tous ces dieux qui applaudissaient. Il sentait un sang bouillant qui crépitait dans ses veines ; les bouts de ses doigts semblaient sertis de piques ; ses yeux étincelaient comme des piécettes d'or pur. Je suis puissant. Chaque battement de cils menaçait de faire trembler l'air, la terre, les corps. Il resta un moment là, sa mère à ses côtés, à regarder les dieux s'incliner. Eh oui. Attention à celui qui ne salue pas correctement le fils d'Héra. Cette dernière, d'ailleurs, scrutait chacun d'un regard acéré, vérifiant si personne ne jouait les fortes têtes. Et lui, lui, désormais dieu, respirait enfin. Et savourait cet instant de grâce. Au bout de quelques minutes - combien ? Il n'aurait su le dire - il quitta cette petite estrade, adressant un signe de tête à Morphée, qui se dirigeait vers les pichets d'ambroisie. Voilà. C'était lui, le dieu, désormais.

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 12 lundi 14 janvier 2013, 22:35:04

A peine Oneiros lui avait confié l'arme que Kyô ouvrait à son tour la boîte contenant la nouvelle arme de son cousin. Ce n'était pas de la curiosité bête et méchante, en tant que guerrier qui commençait à en avoir vues des vertes et des pas mûres, il voulait juste examiner ce bel instrument. C'était signé Héphaïstos, il s'attendait donc à un équilibre parfait, une légèreté surprenante et un tranchant sans pareil. Mais il se produisit quelque chose qui le fit avoir un hoquet de surprise: alors qu'il venait d'empoigner le manche, il sentit les muscles de son bras le brûler, et des douleurs saccadées remonter jusqu'à son épaule. Et pour couronner le tout, il avait l'impression que ses os vrillaient à l'intérieur de son bras, ce qui n'était pas la chose la plus agréable qu'il ait pu vivre. Il lâcha l'objet, cligna des yeux et jeta un oeil autour de lui. Arès l'observait, de loin, et souriait comme un con. Lui au moins avait compris: ce n'était pas un outil qui pouvait être manié par n'importe qui. Alors, l'air de rien, il fit mine de s'intéresser à ce que racontait Morphée, sans même chercher un projectile à lui balancer. Quand je vous disait que Kyô avait mûri! Hadès s'était rapproché subrepticement (j'ai un doute sur le sens, mais ça fait joli):

"J'ai senti ton aura tanguer... C'était quoi, ça?"

Ils eurent une discussion plus palpitante que la verbe cérémonielle à quelques mètres, se questionnant sur le pourquoi créer un artefact si puissant dans la foulée pour un frère inconnu, comment l'effet pouvait être aussi fort sur un Dieu majeur, et aussi pourquoi ce connard de Morphée parlait aussi lentement. Hadès lui fit la vieille blague de la prêtresse d’Éole qu'il avait tenté de séduire et qui lui avait laissé un vent, blague qu'il faisait environ tous les 80 ans, que tout le monde connaissait et qui donna envie à Kyô de lui écraser son verre sur la gueule, juste pour récompenser son humour de merde. Une œillade mauvaise de la Reine dans leur direction leur intima de fermer leur clapet, et ils firent mine d'avoir un soudain intérêt pour les interminables paroles qui ne servent à rien, un demi-sourire aux lèvres. C'est qu'elle était capable de rendre les situations comiques, cette vieille Héra.

Oneiros fut ainsi nommé Dieu, et tous s'inclinèrent, même Hadès qui ne voulait pas trop se faire taper sur les doigts pour une fois qu'il circulait librement en Olympe. Kyô se contenta d'adresser un signe approbateur, ce qui était déjà pas mal: il s'était incliné quand Oneiros était entré dans la salle, fallait pas trop lui en demander non plus. Et puis, tous disposèrent, les bavardages revenaient progressivement. Kyô alla poser la boîte sur une table, pas trop loin d'Arès, et se dirigea d'un pas vif vers Oneiros, attrapant deux pichets d'ambroisie au passage: vu qu'il avait meilleure mine, il pouvait bien remettre ça. Il le rejoignit, passa un bras derrière ses épaules, et leva l'autre pichet en l'air, en criant à qui voulait l'entendre:

"GIGA TEEEEEUF!"


Dans la religion de Kyô, c'était par ces mots que l'on entamait les beuveries festives. Et pour une étrange raison, d'autres levèrent leur verre à l'unisson, même ceux qui ne le portaient pas dans son cœur. L'heure était à la fête, et Kyô avait bonne réputation de ce point de vue-là. C'était une fête de famille, alors on pouvait mettre de côté la bienséance.
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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 13 samedi 19 janvier 2013, 14:29:25




"GIGA TEEEEEUF!"

Dés qu'il prononça ces mots, Oneiros sentit quelques regards lui brûler la nuque. Sa mère, qui allait sûrement bientôt quitter les lieux, ne souhaitant pas voir son fils ivre mort. Morphée, songeur, qui le soutenait du regard. Et, bien plus intéressant, une flopée de prêtresses aux poitrines rondes et insolentes qui lui jetaient des regards amusés. Il n'allait pas chômer. Le jeune dieu attrapa le pichet, versant une rasade d'ambroisie dans sa bouche. Ne pas être ivre tout de suite. Il faudrait aller chez Dionysos, ensuite, lui qui avait des prêtresses charmantes. Mais si l'appel de l'alcool avait une bonne emprise sur Oneiros, la curiosité n'était pas en reste. Aussi s'éloigna t'il un moment de Kyô, pour mieux regarder ce shinken. Diable. Il était vraiment beau. Et il dégageait quelque chose de ... Mh. Alors qu'il allait le prendre en main, une charmante blondinette croisa ses bras autour de sa taille, reposant son minois sur son épaule, ronronnante.

- C'est joli, ça ... murmura t'elle.

Elle approcha sa main de l'arme ... Et se retrouva propulsée en arrière, à quelques mètres de lui, se tenant le bras, muette de surprise. Moi qui pensait qu'elle parlait de moi, souffla t'il dans un sourire. Les jouets des dieux étaient décidément de farouches armes pour les humains. Oneiros le plaça autour de sa taille, dans son étui, bien sagement. Ce cadeau, il le garderait sur lui. Matérialiste comme pas deux, oui.

Il revint vers Kyô qui papotait avec Hadés, attrapant un verre d'ambroisie.

- Vous faites un très joli couple, glissa t'il dans un sourire moqueur.

Cul sec d'ambroisie. Le verre claqua sur la table.

- Plus sérieusement ... Cette arme, elle rime à quoi ? Son aura est si puissante qu'elle vient de rendre inutilisable une prêtresse.

Son regard oscillait entre Hadés et Kyô. Et il espérait sincérement qu'un des deux daigne lui répondre avant que ce shinken ne se la joue Excalibur.

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Re : Like I'd give a fuck... [Oneiros]

Réponse 14 samedi 23 février 2013, 20:21:50

"Quatre mètres. J'ai gagné!"

Kyô tira une clope de son paquet, et le donna à Hadès en grognant. Il le savait pourtant, qu'il ne fallait jamais parier avec le Dieu des Morts. Il avait sûrement triché. Sûrement, oui. Vu le poids de la donzelle, elle aurait dû voler sur six mètres, environ. Maintenant Kyô n'avait plus que celle qu'il tenait entre ses lèvres, et qu'il allumait du doigt avec un air irrité pendant qu'Hadès rangeait le paquet -son paquet- sous sa toge avec un sourire narquois. Oneiros revenait vers eux, un verre à la main.

"Vous faites un très joli couple."

Possible, oui. Avec les petits problèmes que ça implique, aussi. Kyô roula des yeux, exaspéré, alors qu'Hadès haussait les épaules, amusé par la situation. Le sujet de l'épée étrange revenait sur la table, et on y couperait pas. Hadès commençait à être agacé de se poser des questions sur un simple artefact, et son créateur faiblard et étrange. Il faut dire que même s'il était tout aussi coincé que lui, Héphaïstos avait au moins le loisir de côtoyer les Dieux. Si seulement cet imbécile ne s'arrêtait pas à son paraître... Le Roi des Enfers fit juste mine d'avoir été appelé par Poséidon et Zeus, et s'éloigna en ignorant la question.
Kyô, quant à lui, se pencha à nouveau sur le sujet. "Tous les vieux sont des cons et des magouilleurs", ça il l'avait déjà dit plusieurs fois à Oneiros. Et il le pensait toujours. Le forgeron croulait sous les commandes sans arrêt, et il s'était offert un répit de quelques années. Alors pourquoi faire un objet de ce genre, sans qu'on ne lui ait rien demandé? Ça ne ressemblait pas à Dieu du feu qu'il connaissait. Une autre question lui frappa l'esprit: qui connaissait vraiment Héphaïstos? Sa mère était juste une de ses meilleures clientes, et quant à sa femme... On ne pouvait même pas lui poser la question, cette allumeuse n'avait même pas pointé le bout de son nez. Curieux d'ailleurs, on se serait attendu à ce qu'elle tourne autour du nouveau Dieu, jusqu'à ce qu'il termine dans sa couche. Coup d’œil à Oneiros. Il aurait pas hésité longtemps, même Moi, je sauterais sur l'occasion. Il fallait répondre un truc, qui ne pourrirait pas l'ambiance, et qui ne lui torturerait pas l'esprit.

"Te fatigue pas avec ça, les trucs louches, c'est monnaie courante et c'est pas la peine de te lancer à corps perdu dans les intrigues de cour à deux balles. On verra la tournure que prennent les évènements, et on saura quoi faire le moment venu. Inutile de jouer les détectives quand il suffit d'aviser. Et puis t'es un Dieu maintenant, je vois pas ce qu'un pauvre artisan boiteux peut te faire de mal..."

A part te brûler, ou te coller une baffe avec ses mains énormes. Il ne terminait pas sa phrase, parce que faire abstraction de la douleur physique était plus facile pour lui que pour son cousin. Déjà parce que le Dieu de la Souffrance, c'était lui, et aussi, parce qu'il était plus âgé, et qu'il en avait éprouvé davantage. Coup de vieux. Inspirer la fumée, voir le bout du tube rougeoyer. Tendre le rouleau plein de tabac à son cousin. Et changer de sujet. Un lieu festif n'avait pas besoin de voir les magouilles faire surface. Qu'elles restent cachées, dans les murmures et les couloirs déserts.

"Bah, maintenant que t'es un Dieu, faut qu'on pense à te marier! Une autre cérémonie à la con, et t'auras toujours au moins une personne dans ton pieux! Ce qui ne change pas vraiment de d'habitude, en fait."

Kyô n'était pas marié non plus, mais il voulait juste aborder un sujet qui prête à boutades et autres blagues foireuses. Il avait quelqu'un qui l'attendait quand il rentrait à la maison, de quoi s'envoyer en l'air, et quelqu'un à qui parler quand il en avait vraiment besoin. Pas la peine d'avoir tout en un, d'autant que si c'est toujours la même personne, c'est barbant. Pourtant, il en avait ressenti le besoin, récemment. Comme l'envie d'avoir un fort lien affectif, une famille proche. Comme si la perte de son fils avait laissé un énorme vide. Comme si la courte période de quelques jours où lui et son enfant formaient une famille, était le souvenir le plus précieux de son existence déjà riche en rebondissements.
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