Désir, gêne, amusement, appréhension, trouble... Autant de sentiments, d'émotions, qui se bousculaient en la jeune femme. Cet homme, à ses côtés, était lui aussi fait de contrastes. Fila aurait aimé le détester. Elle aurait vraiment aimé réussir à entretenir une flamme de rancune en son coeur. Mais un je-ne-sais-quoi en lui la poussait à l'apprécier, contre toute attente. Peut-être pas pardonner, pas tout de suite, mais... Elle était faible face à lui. Il lui faisait perdre tout ses moyens. Et ça, la meilleure amie de la rousse l'avait bien remarqué. Elle l'encourageait d'ailleurs. Avec forces gestes et mimiques évocatrices.
L'auteur observa le démon inscrire quelques mots sur un papier. Lieu et horaire du match. Elle laissa un léger sourire flotter sur ses lèvres. Un sourire censé masquer son trouble. Elle ne se serait pas retenue qu'elle fondrait comme neige au soleil devant son regard. Mais, pas plus qu'elle ne lui avait résisté la première fois, elle ne broncha pas lorsqu'il prit l'initiative de la faire le regarder. Son regard se plongea dans le sien, alors que son souffle s'accélérait sensiblement. Ô Dieu, l'effet qu'il lui faisait...
Le dîner ne comptait plus. Les invités, pourtant bruyants, n'existaient plus. Seul comptait pour Fila le souffle chaud du brun contre ses lèvres. Elle crut que son coeur allait sortir de sa cage thoracique tant il battait fort, le sang pulsant dans ses veines comme des roulements de tambours. Alors qu'elle s'attendait au contact de ses lèvres contre les siennes, l'homme la prit de court, venant chuchoter quelques mots à son oreille. Oh, cette voix... Elle en frissonna. Des images remontèrent à la surface, se mêlant entre elles. Des souvenirs de ces ébats le mois derniers. En ce contexte, ce n'était pas la honte qu'elle ressentait, ou la gêne. Mais une pulsion de désir.
Quand il écarta ses lèvres de son oreille, ce fut pour les poser sur celles de la jeune femme. Autre choc. Elle ne s'y attendait plus. Elle ferma les yeux, s'abandonnant à ces dents qui invitaient ses lèvres à s'ouvre. A cette main qui la poussa à répondre à ce baiser. A cette homme qui, sans se forcer, parvenait à rendre la jeune femme folle de désir. Elle émit un petit gémissement lorsque cette union buccale cessa, rouvrant les yeux doucement.
Il n'y avait que Stephen et elle, à cet instant, dans son esprit. Elle ne voyait plus la salle du gala. Elle n'entendait plus les rires et jacassements des convives. Elle ne faisait que ressentir encore la chaleur du démon à ses côtés, l'empreinte de ses lèvres sur les siennes. Et sa main, sur l'une des siennes, qu'elle vint recouvrir avec l'autre. Elle ne parvenait plus à détacher son regard du sien. Huguette lui faisait-elle encore des signes ? Fila l'ignorait et, pour tout dire, elle s'en fichait.
Dire qu'elle buvait les paroles du boxeur était proche de la vérité. Elle marmonna un «
Hm hm », signifiant qu'elle n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à lui, puis sembla revenir à la surface. Elle ne rougit pas de sa proposition. Elle ne la refusa pas non plus. Elle esquissa lentement un sourire approbateur, soufflant en même temps son assentiment.
«
Oui.. Oui. »
S'il fallait une énième preuve de son désir pour lui, ce serait sa voix qui avait prit les accents rauques de l'envie. Au diable les convenances. Au diable la retenue. Elle écarta ses mains de celles du démon, prenant la pochette qu'elle avait sur les genoux pour fouiller dedans un moment. Elle en ressortit une clé. Sa voiture.
Elle n'avait pas prit d'alcool, et pourtant, elle était enivrée. Ses sens étaient plus qu'aiguisés, et le moindre effleurement de Stephen la faisait frissonner, frémir.
«
Même pas besoin de payer le taxi... »
Fila qui se dévergonde ? En un sens oui. Le boxeur aurait été un parfait inconnu qu'elle n'aurait pas réagi pareil. Là.. Elle le connaissait. Mal, mais elle le connaissait. Et il l'avait déjà vu dans un pire état. Alors cette petite barrière de retenue qu'elle entretenait en tout temps venait de céder.
Autour d'eux, de nombreuses personnes retournaient danser. Ainsi, lorsque la jeune femme se leva, personne n'y fit attention. Après un regard, empli de ce désir qu'il savait si bien susciter en elle, vers le démon, elle marcha d'un pas assuré vers la sortie, le souffle court et le regard brillant. Elle ne prit pas la peine de vérifier s'il la suivait, mais elle l'imaginait sans mal.
L'air frais de la nuit lui remit un peu les pieds sur terre. Suffisamment, en tout cas, pour qu'arrivée devant sa
Nissan Roadster, marque japonaise oblige, elle demande soudainement :
«
Tu.. Euh.. Quelle adresse ? Tu préfères peut-être conduire ? »