Il n’aimait pas Nexus. Il ne l’avait jamais aimé. Dans son ancienne vie, en tant qu’Ashnardien, Nexus était l’invincible ennemie. Sans cesse attaquée, sans cesse assiégée, l’insubmersible cité avait toujours réussi à se remettre de ses blessures, à reconstruire ses forts, brisant les immenses hordes ashnardiennes, discréditant le pouvoir impérial, incapable de soumettre des marchands. En tant qu’Ashnardien, c’était un devoir national que de haïr Nexus, mais, même en tant que simple aventurier, il n’arrivait pas à apprécier cette ville. Évidemment, rien n’était subjectif chez Cahir. Il savait que la ville avait des qualités, de gros points forts. Sa place du Marché était un lieu incroyable, où on trouvait absolument de tout. Les falaises entourant la ville offraient de superbes promenades, et voir le soleil se coucher était féérique. On trouvait chez les boutiques d’artistes de nombreux tableaux illustrant des couchers de soleil nexusiens. Vue sur la falaise, depuis le port... Cette ville était un ode au commerce, une déclaration d’amour pour la liberté, la mer... Les goélands survolaient tout le long de la ville, et les quais de Nexus étaient interminables, faisant du port le plus grand port du monde, au niveau des flux commerciaux, même au-delà des ports tekhans. La ville était extrêmement vivante, avec bon nombre de spectacles de troubadours, de foires ambulantes, de cracheurs de feu, d’artistes itinérants... Mais, quoiqu’il fasse, peu importe l’endroit qu’il visitait, Cahir voyait toujours la crasse, la pourriture qui, petit à petit, rongeait la ville. Il voyait les bas-fonds sinistres, des zones de non-droit, il voyait la corruption gangréner la ville, il voyait le développement des pouvoirs privés concurrençant le pouvoir public, il voyait la puissance écrasante des puissantes guildes commerciales, le paupérisme qui engloutissait les artères de la ville... Cahir n’était pas subjectif. Il détestait Nexus, mais, pour autant, il y avait certains éléments qui, à ses yeux, lui donneraient malgré tout une impression bonne de cette cité. Louane était l’un de ces éléments.
La kitsune était plaquée contre le mur, nue comme un ver, ses soupirs, ses caresses, son corps délicieux, lui rappelant la première fois qu’ils avaient fait l’amour, dans la forêt. Également nu, Cahir sentait un désir refoulé naître et exploser. Il avait eu des rapports sexuels à Nexus, mais il n’avait jamais vraiment fait l’amour. Il avait essentiellement couché avec des prostituées de rue, rien à voir avec les putes de luxe des harems et des maisons de charme, et sans être vraiment sobre. Avec Louane, l’apatride voulait être à la hauteur des espérances de cette dernière. Il se forçait donc, ce qui rendait l’exercice bien plus stimulant, autant pour elle que pour lui. Le sexe, contrairement à ce qu’on pouvait en dire, le vrai sexe, celui qui faisait rêver, n’était pas que de la pure bestialité. C’était aussi, et avant tout, une question de fierté et d’honneur. Quiconque oubliait ça ne pourrait jamais vraiment faire l’amour comme il convenait, a fortiori si c’était lui qui était de l’autre côté de la queue.
« Hummm... Oh, Louane... » soupira-t-il, dents serrés.
Il la baisait avec passion, retrouvant en lui le guerrier d’élite, ce soldat qui avait engrossé sa femme, et probablement plusieurs prostituées et autres femmes dans des villes assiégées. Il pénétrait la jeune kitsune, et sentait cette dernière de plus en plus excitée. Elle se blottissait contre lui, le griffait, mais il ne jouirait pas maintenant. Le numéro n’était pas encore terminé, et, contrairement au sexe féminin, on ne rechargeait pas aussi facilement un pénis. C’était comme un pistolet à un-coup. Une fois la cartouche partie, il fallait recharger l’arme. Il tenait donc à tirer sur la corde le plus longtemps possible, avant de la laisser se rompre.
« Ca... Cahir. Je vais jou... jouiiiir ! Aaaaaah... » s’exclama-t-elle alors.
Et, suivant le geste à la parole, Louane s’abandonna en lui. Cahir ferma les yeux, se pressant contre elle, ralentissant alors le rythme, écrasant le corps de la kitsune contre le mur, le temps de la sentir s’abandonner en elle. Ses griffes s’enfoncèrent dans son dos, faisant perler son sang, et il grinça légèrement. Sa queue était dure, baignant dans de la cyprine, et il rouvrit lentement les yeux, le dos rouge, en sueur, cessant de bouger.
« Ma belle Louane... J’espère que tu as encore des réserves, car... Je t’avouerai que j’ai bien l’intention de t’envoyer grimper au plafond. »
Et, disant cela, il vint l’embrasser, savourant la chaleur de son corps.