Après cette première ébauche, la priorité, pour Hélène, était de faire à Andromaque un rapport détaillé sur ce qui venait de se passer dans les souterrains de Micahualca. Les araignées, l’arbre géant, la porte close, le carnet, les meurtres... Elle avait appris bien des choses, et avait eu autant de réponses à ses questions que de questions supplémentaires. Qui était cet inconnu qui venait de les aider ? Pourquoi le savait-il aidé ? Que cherchait-il ici ? Il n’avait pas dit grand-chose, ayant rapidement filé. Hélène ne savait pas quoi en penser, mais tout cela lui semblait très suspect. Micahualca, elle en était sûre, n’avait pas encore fini de révéler tous ses secrets... Et, pire encore pour la fière Amazone, elle était redevable à un homme, un Nephalem qui l’avait sauvé. Sans lui, elle n’aurait jamais pu fuir le cocon des araignées, ni échapper aux dragons près de l’arbre. Cette constatation était amère, et Andromaque la réprimanderait sûrement pour un tel amateurisme... Mais les faits étaient là. Elle était débitrice du Nephalem, et, en vertu de la coutume amazone, il avait droit à un privilège.
*
Une chance qu’il ne connaisse pas la coutume amazone...*
Il n’était pas exclu que Cymé lui en parle, dans la mesure où les deux semblaient s’être intimement rapprochés... Cymé n’était pas une guerrière, mais une métallurgiste. Et la fierté des guerrières n’était pas aussi prononcée chez les métallurgistes. Cymé pouvait donc aisément coucher avec un étranger, et lui parler des traditions guerrières des Amazones. Hélène y songeait silencieusement en suivant le Nephalem, perdue dans ses pensées. Être redevable d’un homme était une sorte d’humiliation pour ces femmes fortes. Ils remontèrent le long d’un long escalier. Épuisant pour les pieds, mais le long chemin en colimaçon, comme l’avait expliqué leur providentiel sauveur, sembla les ramener dans la bibliothèque.
La pièce était sombre, faiblement éclairée, et Hélène s’avança, reprenant son souffle après avoir du grimper toutes ces marches. Elle était assez fatiguée, et écouta les précisions du Nephalem. Elle était d’accord avec son analyse. Elle s’approcha des rangées comprenant des livres, mais ils tombaient tous en poussière. Il n’y avait que les gravures qui étaient intacts, mais, encore une fois, la langue était incompréhensible... Ou presque. Parmi les gravures, elle vit en effet des espèces graffitis dans des idiomes plus reconnaissables. Étant d’origine princière, Hélène, au sein de la Horde, avait veillé à rester polyglotte, consciente que de telles capacités pouvaient toujours être utiles pour une guerrière, ce qui se justifia en ce moment.
N’ÉCOUTEZ PAS LES VOIX QUI MURMURENT !
QUAND VOTRE ÂME EST DAMNÉE, IL N’Y A PLUS DE SORTIES POSSIBLES !
TU MOURRAS, GODRIC !!
Il y avait encore quelques autres inscriptions, mais elles étaient illisibles. En explorant un peu plus la pièce, Hélène aperçut des cadavres dans les coins. Des squelettes qui prenaient la poussière. Elle grinça des dents, et alla vers la porte.
«
Nous n’avons que trop traîné ici, il est temps de rejoindre Andromaque, et de lui faire notre rapport. »
Elle avança vers la lourde porte en bois permettant de sortir. Elle la poussa, et la porte s’ouvrit en grinçant. Hélène s’avança alors... Et entendit alors du bruit.
«
Attention ! »
Elle se planqua immédiatement sur la gauche, et évita de justesse une petite hache qui fila en tournoyant, frôlant de près l’une des ailes d’Edean, avant de se loger contre le mur.
«
Huaaarrghhhh-huuuuuurgh, huuuunnghhh ! » entendit-elle alors.
Un cri de frustration et de dépti, semblant appartenir à une espèce de sauvage, suivi de bruits. Hélène sortit son épée, et s’élança dans le couloir sombre. Le sol craquait sous ses pieds, et elle fila dans un couloir à droite, voyant une espèce de créature filer à quatre pattes. Probablement un genre de sauvage. Elle tenta de le poursuivre, mais il fila dans une pièce, et disparut dans un petit trou sous un mur, lui permettant de filer. Hélène pesta... Et entendit alors le sol craquer sous ses pieds.
«
Oh non... »
Le sol se brisa ensuite, et elle tomba... Réussissant de justesse à s’accrocher au rebord. Un piège classique, qui continuait à confirmer qu’elle agissait comme une amatrice. Juste sous elle, il y avait des pointes tranchantes en métal, qui n’attendaient que son corps pour lui ôter la vie. Toute cette structure était bancale, ancienne, et elle comprit que l’individu qu’elle avait poursuivi, cette espèce de sauvage, lui avait tendu un piège minable, dans lequel elle était tombée. Elle ne pouvait pas forcer sans risquer de détruire son appui, et devait donc attendre que le Nephalem vienne,
encore une fois, la sauver. Deux dettes dans la même journée...
*
Il va falloir te ressaisir, Hélène !*