je sais ne rien savoir

Nexus avait changé depuis la dernière fois que j’étais venu. Dans cette ville autrefois imposante et puissante, une révolte grondait. Ancien esclave, je n’y serais pas retourné sans raison, d’autant plus que les soldats, armés jusqu’aux dents, avaient sensiblement resserrés leurs gardes.

Je pensais m’être reconstruit une vie sur terre, cachant avec soin mes ailes aux terriens, mais il y a peu je me suis découvert de nouvelles aptitudes hors du commun, comme la possibilité de « plier » l’esprit des gens à ma volonté. L’ennui c’est que je ne maîtrisais pas du tout ses pouvoirs angéliques faute d’éducation en ce sens. Il me faillait un maître pour m’apprendre cet art. Comme je ne risquais pas de le trouver sur terre, j’abandonnai ma vie de lycéen, m’équipa de mon sabre, d’un pantalon  et d’un long manteau de cuir noir, dans lequel j’avais pratiqué deux trous dans le dos, faisant ressortir mes ailes et je sautai dans une faille qui menait à Terra.

Les anges m’ayant abandonné à la naissance, ils ne seront certainement pas d’accord de m’enseigner leurs pouvoirs. Je me dis alors que le tavernier devait tout savoir des potins et sur les gens qui les diffusent, pour quelques piécettes il pourrait sans doute me fournir un renseignement sur les gens qui maîtrisait la magie dans le royaume.

L’auberge du coucher de lune était un grand bâtiment relativement bien tenu, la grande porte en bois massif donnait une écrasante impression de petitesse. Une fois la porte franchis je rentrais dans une grande salle ou l’odeur d’alcools divers et variés attaqua mon organe olfactif. Je promenai mon regard sur la salle, elle était bondée. Des jeunes jouaient à un jeu de dés, les habitués cuvaient dans l’ombre leurs bière de trop, les excités s’isolaient dans un coin avec une ou deux jolies serveuses… et le reste des clients buvaient calmement leurs boissons alcoolisés. Mon capuchon relever sur ma tête, je me dirigeai vers le comptoir d’un pas décidé, le tavernier, un petit homme rondouillet, m’accosta d’un ton joyeux (surement ravi de voir un nouveau client) par un :

-   Qu’es ce qu’on lui sert au voyageur ?
-   Un cidre…
-   Et un jus de pomme qui pique ça roule !

Je fus servi en un temps record, le tavernier me dit en déposant ma chope :

-   Prenez voir une table, vous serez comme un coq en pâte…
-   Non merci, répondis-je, pourriez-vous m’aider ? demandai-je en déposant une pièce de platine sur le comptoir. L’expression du tavernier changea du tout au tout et sérieux comme la mort, il se pencha vers moi et me dit :
-   Je vous écoute…
-   Très bien, je cherche un magicien ou tout autre personne maîtrisant cet art.

Le tavernier parut réfléchir un instant en tapotant ma pièce toujours sur le comptoir, puis il me montra une table au fond de la salle, une femme y était assise et buvait tranquillement.

-   Elle sait elle, dit-il en fourrant la pièce dans sa poche…

Je me retournais, elle était face à moi, je m’approchai. Je distinguais le contour de son visage, sa longue chevelure noire en queue de cheval, sa poitrine généreuse… c’était sans conteste une belle femme. Arrivé à portée de voix je lui déclarai :

-   Puis-je m'asseoir à vos côtés ?

Tranquillité. L’auberge du Coucher de Lune avait cela de bien pour Anéa, au moins pour une soirée. Personne pour l’embêter, pour venir la chercher ici, anges comme démons. Et c’était un parfait point stratégique pour attendre parler de toutes les rumeurs qui pouvaient circuler sur Terra. Des on-dit, des catastrophes ou tueries qui avaient eu lieu dans Nexus ou sur les terres éloignées de Terra. On entendait tout et rien à la fois. Mais au moins, ici, la nouvelle mi-démone pouvait continuer son travail de toujours, à l’affut de la moindre information sur n’importe quel démon.

Considérée encore comme un vulgaire ange déchu, personne ne pouvait savoir ce qu’elle était devenue, à part bien sûr son créateur. Son physique n’avait que peu changé. Enfin, juste sa peau était devenue plus blanche, légèrement grisâtre, et ses yeux avaient pris la couleur des glaces. Pour le reste, sa chevelure noire était toujours remontée en queue de cheval haute. Ah si, sa lèvre inférieure était piercée désormais. Et ses vêtements ? Toujours ce pantalon bouffant et miteux qui cachait à merveille ses armes. Pour le haut, adieu bandelettes d’avant, sa poitrine imposante était quasiment exposée à la vue de tout le monde, un vulgaire tissu cachant à peine ses tétons, un peu comme cela en fait. Et les tatouages rouge sang et ses capsules du « Mal » me direz-vous ? Elle avait reçu cette capacité de les effacer visuellement lorsqu’elle en avait envie, et elle l’avait fait ici en allant à l’auberge.

Elle s’était tranquillement commandée une bonne choppe de bière au comptoir, avant de filer dans une table au fond de la salle, un peu à part de tout ce brouhaha d’alcooliques et de dévergondées. Sirotant quelques gorgées assez prononcées, elle fut surprise lorsque, grâce à son nouveau pouvoir de démone, elle ressentit une aura quelque peu étrange entrer dans l’auberge. Ne faisant guère attention, ou du moins, faisant semblant, elle replongea son nez dans sa choppe encore quelques gorgées avant que quelqu’un ne vienne l’interrompre. Un drôle de jeune homme lui posait la question s’il pouvait s’installer à côté d’elle. D’un oui de la tête, elle se décala de la banquette pour lui laisser une place. Mais pourquoi ? Cette étrange aura, elle venait de lui…Et ressemblait étrangement à celui d’un ange, pas un vrai, ni un déchu, et pourtant…

- J’imagine que si tu es venu ici, c’est qu’il y a bien une raison. Dis-moi ce que tu veux, faux ange ?

Elle s’était fait un certain nom en étant déchue, décimant les démons, même puissants. Elle était connue sur Terra par les chasseurs, et aussi le tavernier qui n’avait pas su tenir sa langue. D’un regard plissé lancé au tavernier, elle allait gentiment lui demander une autre chopine, d’une voix pas très douce d’ailleurs…

La sorcière (enfin, je soupçonnai qu’elle fut une sorcière) leva les yeux de sa chope, répondit à ma question de toute à l’heure d’un signe de tête affirmatif et se poussa un peu afin que je m’assoie. je rougis un peu quand je m’aperçut de la légèreté de sa tenue, heureusement pour moi j’étais caché derrière mon capuchon et elle ne remarqua, ou fis semblant de ne pas remarquer ma timidité. Finissant sa chope déjà bien entamée, elle me dit d’une voix neutre :

-   J’imagine que si tu es venu ici, c’est qu’il y a bien une raison. Dis-moi ce que tu veux, faux ange ?

Et sans me laisser le temps de répondre elle se leva, alla au comptoir, je ne pus m’empêcher de poser un regard sur sa démarche fluide et sa déhanché gracieux, c’était vraiment une femme avenante. Elle commanda une autre chope cette fois d’un ton glacial au tavernier. Je ne lui demandais pas de m’offrir un verre, cela aurait été déplacé et de toute manière je ne buvais pas ou très peu.

-   Comme vous avez pu le voir, je suis un Nephilim c’est-à-dire le fils d’un ange et d’un simple humain. J’ai hérité d’une grande partie des pouvoirs angélique de mon ascendant céleste, mais je ne parviens à contrôler ces pouvoirs. Alors j’arpente le pays afin de trouver un maître capable de m’enseigner à les utiliser.

J’eu un Toc, je passai ma main dans cheveux argentés, écartant une mèche asymétrique pour dévoiler un pentacle gravé sur mon front duquel partait une ligne rouge qui me barrait l’œil gauche. Le pentacle était le symbole de la déesse vénus, l’équivalent latin d’Aphrodite. Et la cicatrice qui me traversait le visage pourrait symboliser une clef… une clef d’Aphrodite ?

-   Pouvez-vous m’enseignez la magie de ce monde ? demande-ai-je d’une voix que je voulais déterminer.

La sorcière but à petite gorgés, le nez plonger dans sa choppe. Elle paraissait m’examiner de ces yeux bleu clairs, ils étaient si clairs que je les eu crus blancs si la pièce aurait été faiblement éclairé. Sensation étrange je me sentis comme aspirer par ses pupilles, je faillis me noyer dans ces yeux bleus de glace…

Ne laissant guère le temps à l’homme capuchonné de lui répondre, Anéa se leva, un peu énervée il faut l’avouer, prenant pour direction le comptoir. D’un ton froid, elle s’adressa au tavernier, demandant pourquoi il lui avait envoyé l’autre là.

- Je t’avais dit que je souhaitais être tranquille ce soir, alors pourquoi tu me l’as envoyé, bordel ?!

- Il a demandé à voir quelqu’un qui savait manier la magie. J’ai pensé bon qu’il te voit. Tu vas pas laisser c’pauvre buveur de cidre tout seul tout de même ?

- Grr, bien sûr que non ! Mais tu m’en dois une pour la peine !

Chose dite, chose faite. Avec sa choppe de nouveau plein de bière, Anéa s’en retourna à sa table, là où elle avait le jeune homme. S’asseyant et sirotant doucement, elle prit le temps d’écouter ce que le capuchonné avait à lui demander. De la magie, sérieusement ? Et attendez un peu là…Un Nephilim ? C’est bien la première fois qu’elle entend parler de ce terme. Alors ce jeune homme était un enfant de déchu maintenant…La loi angélique est stricte : les péchés sont punis, encore plus la luxure. Un ange se devait rester vierge. Bref, passons. C’est bien beau de vouloir apprendre la magie angélique, mais en réalité, Anéa était un archange et donc était plutôt une combattante, sans pouvoir. Mais elle connaissait un minimum tout de même.

- Je te préviens, je ne suis pas une spécialiste de la magie angélique, mais on va voir ce qu’une déchue comme moi peut faire pour t’aider…Mais d’abord…

Sans rien demander et assez soudainement, elle se saisit de la capuche qui cachait le visage de cet homme, pour l’abaisser et enfin découvrir son visage. Tiens, voilà quelque chose d’étrange. Il avait de tatouer une sorte de dessin, un sceau peut-être au-dessus de l’œil gauche. Aucune écriture angélique ni démoniaque d’ailleurs. Qu’est-ce que cela pouvait être ?

- Quel est ton nom ? Moi, c’est Anéa…Et aussi, dis-moi d’où vient ce symbole sur ton visage…

Peut-être était-ce un signe commun à tous les Nephilim. Après tout, ce jeune homme était bien le premier qu’elle voyait. De ses yeux bleus, elle posa sur lui un regard sondeur, sans pourtant être méchant, mais il faut dire qu’elle était bien curieuse sur le coup…Cessant ce regard, qui devait le gêner d’ailleurs, elle attrapa sa choppe pour mieux s’abreuver de quelques gorgées d’alcool.

- Et dis-moi, quels sont ces pouvoirs angéliques que tu possèdes ?

Elle, ancien archange, n’avait rien reçu de ce genre de « pouvoirs » dont il semblait parler. Ses dons à elle : le maniement des armes, rapidité et souplesse. Et c’est tout. Elle, ancien archange, n’était guère plus puissante qu’un simple Nephilim alors ?

-   Je te préviens, je ne suis pas une spécialiste de la magie angélique, mais on va voir ce qu’une déchue comme moi peut faire pour t’aider… Mais d’abord…

Sans ménagement elle prit ma capuche et l’abaissa dévoilant mon visage d’ange. Je vis qu’elle semblait intriguer par la marque sur mon visage, peu de gens découvre le tatouage qui normalement était caché par mes cheveux argentés, et ils prenaient ça pour une simple cicatrice. Apparemment elle ne savait pas plus que moi de quoi il s’agissait, je ne le saurais peut être jamais.

-   Quel est ton nom ? Moi, c’est Anéa… Et aussi, dis-moi d’où vient ce symbole sur ton visage, me demanda t’elle curieuse.
-   Je m’appelle Edean, fils d’Azraël. Cette marque était gravé en moi à ma naissance, le pentacle et une étoile à cinq branche, symbole païen du féminin sacré entre autre. J’ignore cependant qui et pourquoi on me l’a tatoué…

Elle me scruta de son regard bleu de glace. Je lapais une petite gorgée de cidre en tentant d’éviter le regard envouteur d’Anéa. Cette femme dégagea une aura très puissante, elle devait être diablement forte comme ange déchue.

-   Et dis-moi, quels sont ces pouvoirs angéliques que tu possèdes ?
-   Et bien je me suis rendu compte que j’avais le don de Télépathie et de Télékinésie, j’ai aussi le pouvoir de… Comment dire ? d’annihiler toute formes de magie démonique, je n’ai qua toucher un vampire pour qu’il retourne à l’état de cadavre… je suis sure que parfaitement maitriser, ces pouvoir pourrait m’être grandement utile dans ma quête de justice…

Je parlai d’une voix profonde, mes mains trituraient ma chope de cidre à moitié vide tandis que je me dandinai sur la banquette, tellement d’émotions ressortaient quand je pensais à ma vengeance que j’étais tout excité. Je rêvai de rendre la liberté aux esclaves de Terra, de faire payer le prix fort aux esclavagistes, mais pour cela j’avais besoin de devenir fort, j’avais besoin d’un maître, j’avais besoin d’Anéa. Quand j’eu fini de parler, je me rendis compte qu’elle m’observait et je lui rendis son regard. Elle était très belle, j’avais envie de… Je m’empourprais encore une fois. Détournant le regard et maudissant mon esprit de me jouer de pareils tours, je dis tentant de maîtriser ma voix afin de ne pas laisser transparaitre mon embarras :

-   Avec une aura aussi puissante, vous avez du accomplir de grande choses n’es-pas ?

Décidemment, cet être fascinait l’ange déchue. Déjà par sa nature de Nephilim, de par son inscription sur son visage, mais aussi…Parce qu’il était le fils de l’Ange de la Mort. Un « Merde alors ! » ne put se retenir et passa entre les lèvres d’Anéa. Surprise, elle s’excusa de ce qui lui était sorti de la bouche. Et même le jeune Edean ne savait ce que signifiait ce tatouage… Bien bizarre.

- Azraël n’a pas su te dire ce que c’était, ni pourquoi tu avais cela ?

Boh, c’était des affaires de famille en fait. Elle n’avait pas à s’en occuper. Enfin, les tatouages de ce genre réservaient pas mal de surprises à son hôte généralement. Anéa en était un bon exemple, même si le sien venait d’un démon. Et alors qu’il commençait lui aussi sa boisson, la jeune femme lui demanda quel genre de pouvoirs il possédait. Et par certains traits, il ressemblait bien à son père. Gloups…

- Annihiler la magie démonique ? Et qu’est-ce que ça donne sur les démons ? Et quelle est cette quête de justice qui te rend si impatient ?

Oui, parce que la jeune femme à la peau pâle voyait bien qu’Edean ne cessait de remuer sur la banquette. Mais à vrai dire, l’énonciation de ses possibles pouvoirs ne rassurait pas l’ange déchue. D’un, s’il pouvait lire dans les pensées, il risquerait de découvrir son côté démoniaque. Et de deux, s’il s’avérait qu’il en prenne connaissance, il pourrait utiliser son pouvoir d’annihiler tout ce qui révèle du démoniaque. Et dans ce cas-là, elle tomberait raide morte comme un vampire ? Brrr, l’idée lui donna un frisson qui lui parcourut l’échine. Prendre ce nephilim sous son aile n’était peut-être pas une bonne idée en fin de compte.

Soudainement, Edean se mit à rougir alors qu’Anéa ne faisait que le regarder. Peut-être était-il gêné qu’elle ait pu remarquer son impatience de façon si…expressive ? Néanmoins, cela la fit sourire. Ainsi que la question que lui posa le jeune homme.

- Tu peux donc aussi ressentir les auras…Intéressant. À vrai dire, en tant qu’ancien archange, j’ai accompli beaucoup de choses, mais pas forcément importantes. Bref.

Agrippant sa choppe pour en finir le contenu en quelques longues gorgées, elle approcha la choppe vide près d’Edean. On allait voir déjà de quoi il était capable.

- Fais appel à ton pouvoir de télékinésie, et ramènes la choppe près de moi.

-   Azraël n’a pas su te dire ce que c’était, ni pourquoi tu avais cela ?
-   Non, je l’ai très peu connu, ma naissance ayant été découverte par l’archange Uriel, mon père a été condamné à errer au purgatoire pour l’éternité… je ne dû que la bienveillance des chérubins pour n’être qu’a abandonné sur Terra.
-    Annihiler la magie démonique ? Et qu’est-ce que ça donne sur les démons ? Et quelle est cette quête de justice qui te rend si impatient ?
-   Je ne maîtrise pas encore très bien mes pouvoirs, je ne me jamais mesurer à un vrai Démon, et annihiler l’énergie démonique d’un être démoniaque serait comme retirer la vie à une personne…  Ce n’est qu’une supposition bien sûre, ce serait détruire chaque atome de son être comme si il n’avait jamais existé… Ma vengeance me rend impatient, dis-je avec un regard songeur, il y a bien longtemps, j’ai été moi-même un esclave et à présent je tue chaque Esclavagiste que je croise, comme vous vous tuez les démons. C’est pour ça que je dois apprendre à me servir de mes pouvoirs.
-   Tu peux donc aussi ressentir les auras…Intéressant. À vrai dire, en tant qu’ancien archange, j’ai accompli beaucoup de choses, mais pas forcément importantes. Bref.

Ma réponse parut faire frissonner Anéa et sans réfléchir je lui effleurai le bras de mes doigts fins, alors qu’elle finissait sa chope à longue gorgée. Elle ne parut rien remarqué et sourit, étirant ces lèvres pulpeuses en un magnifique sourire, amusée de ma timidité elle fit glisser sa chope vers moi et me dit d’un ton des plus sérieux :

-   Fais appel à ton pouvoir de télékinésie, et ramènes la chope près de moi.
-   Je ne contrôle pas encore très bien se pouvoir…

Je regardai la chope et me concentra dessus, ce n’était pas simple et me coutais énormément d’énergie. On pouvait sentir la tension entre moi et la chope, finalement celle-ci bougea de quelque centimètre vers Anéa, raclant la table en un bruit suraiguë, agaçant. Je failli m’évanouir, mais me retins en buvant une grande gorgé de cidre, cela me revigora et j’eu une idée, me reconcentrant sur la chope vide elle s’éleva en l’air et flotta doucement jusqu’à Anéa… une fois la chope vide dans la main de la sorcière, je poussai un soupir de soulagement.

-   Voilà de quoi je suis capable, mais avec un peu d’entrainement je pourrai très bien faire mieu…

Et bien, ce jeune homme n’en savait donc pas davantage sur l’origine de son pentacle. Mmh, la curiosité d’Anéa la tiquait encore, mais elle laissa cela sur le côté, prêtant attention à ce qu’Edean racontait. Son pouvoir, encore latent, sur les démons…Brrr, un nouveau frisson, plus intense, lui parcourut le corps, faisant rouler légèrement les épaules. Mais elle préféra oublier ce point, se disant que si elle se focalisait sur ce pouvoir et sur la possibilité qu’il découvre qu’elle était devenue à moitié démone, cela arriverait plus vite que prévu. Parce que, pour sûr, ça arriverait.

En tout cas, le néphilim se plaisait à annoncer la couleur de son excitation. La vengeance…Cela sonnait doux et léger aux oreilles de l’ange déchue. Dans un certain sens, elle aussi avait été esclave, aux ordres perpétuels des Hauts-Anges, qui ne lui ont pas laissé la moindre chance de se laver de ses péchés et retourner au Paradis. Mais peut-être qu’un jour, ils paieront. Edean avait fait ressortir le feu de vengeance qui animait et faisait brûler les yeux de la jeune femme.

Soit. Les paroles c’est bien, les gestes c’est mieux. Action, réaction ! Sa choppe de bière vide, Anéa l’approcha du jeune en lui demandant, d’un ton sérieux, de la remettre à sa place grâce à son pouvoir de télékinésie. Ce n’était qu’un simple test, histoire de voir ce dont il était déjà capable. Se redressant sur la chaise, elle croisa ses jambes, ainsi que ses bras sous sa poitrine, attentive à tout ce qu’Edean faisait. Ses yeux de glace scrutaient le moindre mouvement de la choppe, qui avançait avec bien de mal, malgré toute la concentration que porter le faux ange sur elle. Semblant défaillir, Anéa était prête à intervenir, puis finalement, le laissa reprendre des forces, avec son jus de pomme à bulles. Elle ne s’attendit pas à ce qu’il continue et ramène, par les airs, la choppe devant elle. Un sourire apparut sur le visage de la demoiselle, satisfaite de ce qu’elle avait vu.

- Plutôt pas mal, même si cela consomme beaucoup de ton énergie encore. Voyons…

Le test n’allait pas se terminer ici. Écartant la choppe de son bras, elle s’avachit sur la table, coudes dessus et son visage retenue par ses mains. Il y avait la télékinésie, mais aussi, un autre pouvoir…

- Bien. Montres-moi de quoi tu es capable avec ton autre pouvoir. Dis-moi à quoi je pense. Après cela, que tu y arrives ou non, on arrêtera là. On reprendra tout ça plus sérieusement demain.

Dans un sourire, elle ne pensait plus qu’à ce que le jeune homme devait découvrir en lisant dans ses pensées. Mais que devrait-il y lire ?

* Est-ce que je te plais ? *

Un sourire charmeur, en plus des yeux envouteurs…Mmh, il ne fallait pas être un génie pour comprendre les gestes de la demoiselle !

-   Plutôt pas mal, même si cela consomme beaucoup de ton énergie encore. Voyons…

D’un geste de la main, Anéa envoya valdinguer sa chope  à l’autre bout de la table et, alors que je me demandai ce qu’elle allait tester cette fois-ci, elle s’avachit sur la table. Les coudes sur la surface de bois, le visage souriant retenu entre ses paumes… J’aurai pus croire avoir affaire à une gamine, cependant la poitrine imposante que j’avais presque sous le nez me fis dire le contraire, Anéa est une femme très bien développer.

-   Bien. Montres-moi de quoi tu es capable avec ton autre pouvoir. Dis-moi à quoi je pense. Après cela, que tu y arrives ou non, on arrêtera là. On reprendra tout ça plus sérieusement demain.

Bien, en somme cet exercice était presque plus simple que faire se déplacer un objet par la penser, je n’avais qu’à toucher son esprit avec le mien et je saurai à quoi elle pense derrière son petit sourire. Je du me concentrer, mais proportionnellement, la quantité d’énergie que requérais cette exercice était infime. Mon esprit quitta mon corps, s’apprêtant à revenir à tout moment, et alla effleurer la conscience d’Anéa. Cette conscience était bien plus complexe que celui des humain, quoi de plus normal pour une ancienne Archange ? Mais une énergie étrange émanait d’elle, destructrice, tentatrice, bien que les esprits soit informes, incolore et inodore, ils semblaient se toucher, curieux. Cette énergie n’est pour sure pas Angélique, mais de quelle créature peut provenir une telle puissance ? Je n’osai pas m’aventurer plus loin et me focalisa sur les pensés présente de la jeune femme. Je reçu alors une vague de sensation, d’image et dans ce mélimélo d’information, je pu distinguer des mots qui s’assemblèrent pour former une phrase : Est-que je te plais ?

L’opération dura une seconde à tout casser, et mon esprit regagna mon corps. Elle me fixait avec ce deux beaux yeux de glaces semblant attendre ma réponse à ça question muette. Je vidai ma chope de cidre en de longue gorgé en réfléchissant à toute vitesse, je ne pouvais dire non et la dénigrer, mais je ne pouvais pas non plus aimer mon futur maître de magie. Qu’allais-je donc lui dire ? Je lui jetai un petit coup d’œil et son regard bleu envoutant eu raison de moi, son sourire espiègle vint directement se planter en mon cœur comme un poignard.

-   Oui… murmurai-je tout bas.

Nous allons bien voir jusqu’où peuvent aller les pouvoirs du jeune Edean. Après la télékinésie qui lui avait tout de même coûté en énergie, le nephilim s’engagea à lire dans les pensées de la mi-démone. Une pensée pas compliquée du tout à décrypter, mais Anéa attendait patiemment réponse à sa question. D’un côté, pour voir s’il manipulait assez correctement ce pouvoir, mais aussi pour voir s’il allait être franc avec elle. La jeune femme savait parfaitement qu’elle plaisait aux hommes, du moins, à la grande majorité. Elle avait hérité de traits angéliques et démoniaques, les deux étant faits pour attirer les personnes. Elle avait un physique redoutable. Donc, s’il répondait non, c’est qu’il mentait. Ce n’est pas de la prétention, Anéa n’est pas comme ça mais, disons qu’il y a des choses qui ne trompent pas. Alors qu’elle l’observe attentivement, celui-ci vint finir son cidre. Est-ce qu’il avait déjà fini, ou bien, cela lui coûtait encore trop en énergie et il récupérait comme quelques minutes auparavant ? Néanmoins, l’ange déchue le fixait doucement, le sourire aux lèvres. Et un petit « oui » sortit de la bouche d’Edean…Se redressant sur la banquette, Anéa se mit à sourire de plus bel, les joues légèrement roses.

- Tu n’es pas mal non plus dans ton genre !

Cherchait-elle à le mettre encore plus mal à l’aise qu’il ne devait l’être ? Non, du tout. Elle se voulait être honnête comme lui l’avait été.

- Je trouve que pour quelqu’un qui ne sait pas encore totalement user de ses pouvoirs, c’est plutôt impressionnant. Si tu es bon élève, cela risque de prendre moins de temps que je ne le pensais. Allez, viens, suis-moi.

Sur ce, la mi-démone se leva de sa chaise et se dirigea vers le comptoir, en espérant que le jeune homme la suive. Tapotant le comptoir, elle appela le tavernier doucement, le remerciant pour les boissons et lui approcha plusieurs pièces d’or.

- Tu as encore une chambre pour lui, s’il-te-plaît ?

- Désolée ma belle, mais la dernière chambre que j’ai donné, c’était pour toi !

- Ah…

Bon, pas grave. Après tout, ça ne serait pas le premier homme à partager sa couche. Si lui, ça le gênait, elle irait dormir sur le grand fauteuil de la chambre. Il lui était déjà arrivée plusieurs fois de dormir assise dans la forêt, alors avoir le lit ou non ne la perturbait pas tant que cela. Attrapant la main d’Edean, elle prit direction des escaliers pour aller jusque sa chambre. Ouvrant la porte et lâchant désormais sa main, elle rentra dans la pièce, près du lit. Elle se mit à fouiller sous ce pantalon miteux, y sortant son katana, son sabre arabe et ses dagues, les déposant au coin de la pièce et sur la commode. D’un signe de la main, elle désigna le lit au nephilim.

- Installes-toi. Moi, j’vais prendre une douche.

Anéa se dirigea vers la salle de bain, laissant la porte de celle-ci ouverte pour éviter l’accumulation de buée dans la pièce étriquée. Posant son pantalon et son haut sur le bord du lavabo, elle entra finalement dans la douche, faisant entendre un fin filet d’eau, histoire de trouver la bonne température. Ceci fait, l’eau tapa plus fortement sur la peau de la jeune femme, profitant que son corps se couvre d’eau, des pieds à la tête. Coupant l’eau pour se mousser, elle porta davantage sa voix, espérant que le jeune homme l’entende avec la porte ouverte.

- Un conseil Edean : ne te laisses pas porter par ta soif de vengeance. Cela te bouffera un jour, tôt ou tard.

-   Tu n’es pas mal non plus dans ton genre !

Je voulus répondre que le savait, après tout je n’en étai plus à ma première fois. Mais cette Anéa avait quelque chose d’attirant, outre son corps de rêve et son ascendance Angélique, elle posséder  un « quelque chose » d’étrange qui éveillait ma curiosité.

-   Je trouve que pour quelqu’un qui ne sait pas encore totalement user de ses pouvoirs, c’est plutôt impressionnant. Si tu es bon élève, cela risque de prendre moins de temps que je ne le pensais. Allez, viens, suis-moi.

Anéa se leva de sa chaise et se dirigea vers le comptoir, je la suivais bien entendu au travers de la foule emplissant l’auberge à cette heure. Anéa se déplaçait avec un tel déhanché que je ne pu lever les yeux et je trébuchai sur une chaise laisser vacante en plein milieu du chemin. La déchue poursuivis son chemin vers le comptoir et entama une discussion brève avec le tavernier. Alors que je la rejoignais à peine, elle prit ma main et me dirigea vers l’escalier au fond de la salle que nous montâmes pour arriver face à une porte qu’elle ouvrit, lâchant ma main. Je rentrai dans la pièce, une petite chambre classique avec un lit, une armoire et un petit miroir, c’était loin d’être la plus belle chambre de l’auberge, mais cela me suffirais amplement.

-   Installes-toi. Moi, j’vais prendre une douche.

Dit Anéa en entrant dans la salle d’eau, elle laissa la porte ouverte et je dus me retourner pour ne pas la voir alors qu’elle se douchait. J’enlevai mon manteau de cuir épais et ma chemise, mais je décidai de garder mon pantalon…

-   Un conseil Edean : ne te laisses pas porter par ta soif de vengeance. Cela te bouffera un jour, tôt ou tard.
-   Je sais, mais c’est ce qui donne un sens à ma vie. Et sans mon éspoir de revenche, je serai mort à l’heure qu’il est.

Dis-je en jetant un œil dans la salle de bains et tandis qu’Anéa se savonnait, je me rendis compte que j’étais en érection, pas étonnant d’un autre côté.

Je rentrais dans la douche et tout proche d’elle, je posai mes mains sur ces hanches, mes doigts fins remontant la courbe que dessinait ça délicieuse chute de reins. Elle sursauta, et d’une voix qui se voulut rassurante je dis :

-   Ne vous inquiéter pas maître, laisser moi vous savonnez le dos comme il faut…

Mes mains allèrent frictionner son dos, décrivant des petits ronds aux endroits sensibles et formants des bulles de savon. Mes doigts remontèrent ensuite sur ses omoplates, ses épaules pour arriver sur son cou, je distinguais nettement la trachée sous la peau fine de la jeune femme, avec mes pouces plein de savon je me mis à frotter délicatement la nuque de la déchue.

Voila ce que j’eu envie de faire, mais écoutant pour une fois la voix de la sagesse, je n’en fit rien et m’allongea plutôt sur la couche au centre de la pièce, m’enfonçant dans un sommeil réparateur, pour me préparer à une longue journée demain…

Ce n’était qu’un conseil, ou peut-être même plus. Une recommandation ? Anéa connaissait parfaitement ce sentiment de vengeance. Elle le perpétuait tous les jours en affrontant des démons. Cela la rongeait de l’intérieur. Un démon de tué était toujours un démon en moins. Jusqu’au jour où son envie de vengeance la fit tomber entre les griffes d’un prince démoniaque et qui avait fait d’elle une mi-démone, folle et destructrice. Elle était devenue ce qu’elle pourchassait…

Perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas le jeune homme entrer dans la salle de bain et sursauta lorsqu’Edean posa ses doigts fins et frais sur les hanches d’Anéa. Il l’avait appelé « Maître » et cela fit sourire doucement la jeune femme. Pendant ce temps, elle se laissait bien faire, son apprenti lui passant la mousse dans son dos. Cette délicate caresse fit frémir la mi-démone. Qu’allait-il se passer après ? Mais c’était déjà tout vu ! Une scène presque digne d’un film érotique. Il la rejoindrait, tous deux nus, et ils feraient l’amour passionnément. Mais…Non, du tout. Les yeux écarquillés de surprise, Anéa se rendit compte que le jeune homme était sorti de la salle d’eau pour se coucher, encore en pantalon, et de s’assoupir sur le grand lit. D’accord…La jeune femme se mit à rire, la main devant sa bouche pour ne pas le réveiller. Si elle s’attendait à ça ! Mais qu’importe, au moins, celui-là était un sérieux et elle n’allait pas vraiment perdre son temps avec lui.

Finissant sa toilette, l’ange déchue rouvrit l’eau légèrement, la mousse disparaissant peu à peu de son corps blanc. Sortant de la douche, elle s’enroula dans une serviette et fit de même pour ses longs cheveux noirs. Éteignant toutes les lumières, Anéa profita de l’obscurité pour au moins mettre une culotte, mais juste ça. Retirant toute serviette et les laissant sécher sur le dos d’une chaise, elle s’installa dans le lit, passant sous la couette, sans se coller au jeune homme, de peur de le réveiller. Voilà bien un moment qu’elle n’avait pas profité d’une nuit dans un bon lit, bien plus confortable que le sol d’une forêt. Son sommeil en pâtissait d’ailleurs, mais pour une fois, elle n’eût aucun mal à s’endormir. Était-ce du aussi à la présence du faux ange ? Plausible.

L’aube avait pointé son nez depuis un moment déjà, mais Anéa dormait toujours. Moins enroulée dans la couette, celle-ci s’était lentement retirée dans son sommeil, laissant sa poitrine à nue, ses cheveux noirs ébouriffés ne couvrant rien. Et comment dire, la jeune femme s’était un peu beaucoup affalée dans ce lit, oubliant carrément qu’elle n’était pas seule. Mais que voulez-vous ? On ne se contrôle lorsque l’on dort…

L’aurore s’engouffrant dans les volets me réveilla, je ne voulus d’abord pas rouvrir les yeux, craignant que tout ceci ne soit qu’un rêve. J’avais passé la nuit à ressasser ce qui aurait pu se passer hier soir si j’avais été une plume plus entreprenant, je m’étais finalement convaincu qu’elle n’était pas pour moi et que de toute façon je ne lui plaisais pas tant que ça… Agacer par la lumière naissante, je me décidai à levé une paupière. La couverture avait été à moitié tirer, et une jambe reposait sur mon ventre. J’écartai délicatement la jambe d’Anéa, sans la réveiller et je la vis de travers, la tête toute proche du bord du lit, la poitrine nue et les cheveux ébouriffer. Elle avait le sommeil agité celle là, mais la déchue dormait profondément avec une respiration lente et régulière qui soulevai ses seins…

Sans bruits je me levais, défit mon pantalon et rentra dans la salle d’eau. Je veillai quotidiennement à garder une hygiène irréprochable « Mens sana in corpore sano ». Sur Terre comme sur Terra, la plupart des gens n’étaient sain ni de corps ni d’esprit et comme j’ai été banni des cieux, il ne me reste plus que mon enveloppe humaine à lavé. Je refermai la porte et fis couler l’eau régler pour être bien chaude, J’eu envi de me masturber, mais résistant à cette envi, je pris une douche rapide et ressorti de la salle de bains. Anéa dormait toujours comme un loir tandis-que je m’habillais, jetant de temps à autre des regards tantôt inquiet, tantôt légèrement voyeur à mon nouveau maître. Il fallait que je me rentre ça dans le crâne elle devait m’apprendre la magie… Et en plus elle ne me trouvait pas à son gout. Une fois rhabiller, je glissai mon sabre dans son fourreau, remis mes bottes, sortis de la chambre sans bruit et descendis dans la grande salle.

Une fois arrivé dans la pièce déjà pleine de monde malgré l’heure matinal, je me dirigeai vers le comptoir pensant commander mon petit déjeuner préférer, des œufs sur le plats avec des patates, quand le barman, qui ne me quittai pas du regard, m’accosta d’un ton satisfait :

-   Alors mon gars, bien dormi ? dite, vous avez été drôlement silencieux là haut…
-   Silencieux ? ben on dormait… oui je me suis bien reposé merci.
-   Mais, c’était comment ?
-   Comment quoi ?
-   Et ben vous savez, quand un homme et une femme se retrouvent dans le même lit...
-   Aaah non on ne c’est pas toucher plus que ça.
-   Mais, mais, dit le barman interloqué, si un homme dort avec un mangonneau (équivalent médiéval du canon) comme elle sans lui faire l’amour comme un fou jusqu’au lendemain, je ne comprends pas ce qui se passe dans la tête de cet homme…
-   Elle n’est pas pour moi.
-   Oh je vois, vous êtes homosexuel…
-   Quoi ? non surement pas moi, dis-je en riant et en regagnant la table d’hier.

C’est vrai que je n’avais pas été très dégourdis, mais tant pis « Aléa jacta est ».

Quelle heure était-il et combien de temps avait-elle dormi ? Un peu trop sûrement. La tête encore dans le brouillard, elle tata d’une main le reste du lit. Vide ? L’alcool l’aurait-elle fait rêver de cet Edean ? Ou bien était-il bien réel et était-il déjà parti ? Non, elle n’avait pas assez bu la veille pour avoir imaginé tout cela. Se relevant en position assise, les cheveux dans tous les sens, ses yeux de glace s’ouvraient lentement en direction de la fenêtre qui laissait passer la lumière du soleil. Elle commençait bien la journée tiens…

Décidée à se remuer, elle reprit rapidement un douche froide, glaciale même, pour se donner du pep’s. Juste cinq minutes encore et elle était habillée, de son pantalon miteux et son haut qui ne couvrait pas grand-chose de sa poitrine. Soit. S’armant de son katana, sabre arabe et de ses dagues, Anéa prit soin de fermer la porte derrière à clé et de descendre fiça au comptoir du bar. Edean était bien là, papotant avec le propriétaire tout en attendant, sûrement, de quoi déjeuner. Et la jeune femme comprit de quoi parler l’aubergiste quand il posa un regard qui en disait long, sur elle. Un petit sourire malicieux se dessina sur les lèvres de la déchue, s’asseyant au comptoir à côté d’Edean.

- Yan ! Occupes-toi d'abord de ce que t’as dans ton propre caleçon plutôt que dans celui des autres. Y’a ta femme qui n’attend que ça !

- Peuh…

Elle l’avait remis correctement en place. Ce n’était pas la première fois qu’il posait la question aux gens qui avaient croisé l’ange déchue. Mais nom de dieu, ce n’était pas une catin ! Elle ne se donne pas facilement. Il fallait lui prouver certaines choses. Passant une main derrière la tête, gênée, elle s’adressa à Edean dans un sourire tout aussi gêné.

- Désolée, j’aurais du me réveiller plus tôt. Je suis un piètre maître, ma foi…

Tendant une main contenant la clé à Yan qui boudait encore, elle lui demanda de garder la chambre pour ce soir encore, et peut-être plusieurs autres jours. Tout dépendra de l’avancée du faux ange à manipuler correctement ses pouvoirs. Venant de derrière le bar, la femme de Yan apporta ce qu’avait commandé Edean pour le déjeuner. Anéa, elle, ne mangeait pas grand-chose le matin, c’est pourquoi, elle demanda juste un verre de lait et une pomme. Aussi, elle commanda une miche de pain et un morceau de jambon, le tout dans un grand torchon. Il en aurait besoin les deux moineaux s’ils s’entraînaient.

Croquant dans sa pomme tout en regardant devant elle, Anéa se posa quelques questions. Par rapport à hier soir justement. Elle pensait plaire à Edean, il s’était même montré un minimum entreprenant en venant lui savonner le dos ainsi. C’est le pourquoi de son arrêt dans sa lancée qu’elle cherchait à comprendre…Peut-être qu’elle n’était finalement pas à son goût. Qui sait. Elle ne préféra pas chercher plus loin dans les explications, se concentrant sur le programme de la journée.

Se relevant de son siège quand le jeune homme eût fini de déjeuner, elle sortit une pièce de son pantalon miteux et l’offrit à l’aubergiste, en plus d’une deuxième pour la chambre à garder. La pomme à moitié croquée en bouche, pas très glamour je sais, elle fit signe de la tête à Edean de la suivre dehors. Parcourant les rues de Nexus, elle restait muette, un peu trop d’ailleurs. Cela pouvait mettre mal à l’aise le jeune homme. Arrivés à l’entrée de la ville, sa pomme finie, elle en balança le trognon dans les fourrés. Se reculant doucement, elle prévint Edean de leur future destination.

- Il est préférable d’aller dans les bois. Je connais un endroit où on sera tranquille pour la journée. Montres-moi tes ailes.

À ces dires, Anéa fit de même, toute aile dehors. Elles n’étaient plus exactement comme avant. Ce blanc poudreux était toujours présent, quoique un peu moins pur qu’avant, des plumes d’une douceur inimaginable, mais la pointe de ses ailes étaient devenues noires après sa transformation en mi-démone. D’un geste rapide, elle se retrouva haut dans les airs, attendant son apprenti, pour prendre la route vers l’endroit dont elle lui avait parlé. Arrivée là-bas, elle déposa le torchon rempli de nourriture aux pieds d’un arbre. L’endroit était désert, personne à l’horizon. Juste un point d’eau, sorte de lac avec une fine cascade cassait le silence de cette forêt. S’approchant doucement d’Edean, elle passa sa main sur le haut du fourreau du sabre du jeune homme, puis sortir l’arme d’un seul coup.

- Sais-tu te battre ?

C’est bien beau d’avoir une arme. Encore faut-il s’en servir correctement…

Anéa apparut en haut de l’escalier, elle portait les mêmes vêtements et la même queue de cheval qu’hier, mais avait l’air méfiant de ceux qui sont avisées. Elle descendait les marches d’un pas léger, fluide. La déchue vint me rejoindre avec son éternel déhanché qui a dû faire tourner la tête à bon nombre d’hommes avant moi. Un sourire malicieux aux lèvres, celle qui était à présent mon maître, s’assit a mon coté, sans doute n’avait t’elle rien perdue de notre petite discussion avec le tavernier. Elle lança d’ailleurs à son attention :

-   Yan ! Occupes-toi d'abord de ce que t’as dans ton propre caleçon plutôt que dans celui des autres. Y’a ta femme qui n’attend que ça !

Le bougre répondit à peine un grognement et se détourna d’Anéa. Avait elle seulement conscience de l’état dans lequel sa tenue vestimentaire plus que légère mettait les hommes ? Elle se tourna vers moi avec un sourire gêné,

-   Désolée, j’aurais du me réveiller plus tôt. Je suis un piètre maître, ma foi…
-   Ne vous en faites pas pour ça, dis-je de ma voix profonde. C’est notre premier jour pour tous les deux…

Anéa donna la clef de la chambre à l’aubergiste en lui disant de garder la chambre encore un jour ou deux. Mon apprentissage risquait de durer plus longtemps que ça, mais je ne fis pas cette réflexion quelque peu malvenue trouvais-je. Une petite femme nous apporta ce que nous avions commandé, Anéa mangeait frugal alors que moi, le nez sur ma gamelle, je dévorai avec appétit la nourriture. Mon maître demanda un sac plein de provision, sans doute pour ne pas mourir d’hypoglycémie pendant l’entrainement. Tandis qu’elle buvait son verre de lait, le liquide blanc glissait dans sa gorge, je levais les yeux de mon assiette et les posa sur la déchue l’air de dire, et maintenant ?

Sans me regarder elle se leva et sortit deux petites pièces d’or jaune qu’elle offrit au tavernier. Elle sortit dehors, sa pomme toujours en bouche et déambula ainsi dans les rues de la ville. Anéa ne disait rien, ce qui me mit quelque peu mal à l’aise. Continuant de la suivre à travers Nexus, je dis à son attention :

-   A propos de hier soir, je… Je n’aurai pas du venir vous rejoindre… Pardonnez-moi si je vous ai offensé.

Anéa ne prêta pas attention à ce que je dis, je doutai même qu’elle ne m’ait entendue. Nous sortîmes de la ville, jetant sa pomme dans un fourrée, mon maître daigna enfin à ouvrir la bouche pour m’informer de notre destination :

-   Il est préférable d’aller dans les bois. Je connais un endroit où on sera tranquille pour la journée. Montres-moi tes ailes.

A ces mots deux ailes blanches sortirent du dos de la déchue. Des magnifiques ailes au blanc légèrement déteint dont les bouts étaient bizarrement noires comme le jais. Mes ailes à moi étaient d’un blanc ivoirin, immaculé. Je la suivis dans les airs jusqu'à l’endroit tranquille qu’elle connaissait.

Nous nous posions dans une clairière, une petite source cascadait dans une sorte de lac. Seul les pas feutrés des chevreuils et le grignotement des petites bêtes troublaient la quiétude de l’endroit, néanmoins ces milliers de petites vies animales étaient rassurantes. Anéa s’approcha de moi et pris mon sabre, le tirant de son fourreau d’un seul coup, le faisant crisser contre les parois de cuir dur, et me dit en me le tendant :

-   Sais-tu te battre ?

Je pris le sabre, sûre de moi, et répondit :

-   J’ai eu un entrainement sommaire, dans mon enfance. Je sais me débrouiller avec une lame, mais je n’égale certes pas les meilleurs Samouraïs.