La nuit qui a changée ma vie... [PV Mélinda]

- Humm... Aie...

Doucement, Akira reprenait conscience, remuant faiblement. Elle tenta de bouger les bras, mais ceux-ci étaient suspendu au dessus de sa tête, accrochés à un mur par quelque chose de froid et dur autour de ses poignés. Elle-même était assise sur un sol froid et dur, dans une pièce humide où régnait l'obscurité, sans être dans le noir total. En effet, la lumière de la lune éclairait un peu la salle dans laquelle la lycéenne était solidement attachée, des objets indéfinissables trainant sur les autres murs ou encore sur des étagères. Mais surtout, son uniforme scolaire était déchiré par endroit, mettant ses parties intimes à nue...

Il lui fallut un moment, avant de pouvoir reconstruire le fil des évènements... Une limousine noir avait surgit de nulle part alors qu'elle rentrait de cours et se trouvait dans une rue déserte. La portière c'était ouverte et on l'avait fait montée de force, un mouchoir humide contre ses voies respiratoires. Sans doute du chloroforme... Ensuite, elle avant de vagues souvenirs, de bref moments de lucidité... ses vêtements déchirés... quelque chose de dur perçant son hymen... une douleur insupportable entre les fesses... et elle se réveillait dans cette cave, se demandant quel pouvait bien être la suite de ce doux programme...

Des bruits de pas dans le couloirs... une porte qui s'ouvre et se referme en claquant... le silence, suivit de cris de souffrances et de fouet qui claque... Akira avait peur... Elle avait le sentiment d'avoir été enlevée par des trafiquants d'esclave, qu'on allait abuser de son corps indéfiniment... Malheureusement pour elle, elle était bien proche de la vérité, excepté le fait que ce n'était pas un réseau de criminels, mais tout simplement une camarade de classe, qui fini par passer la porte une heure plus tard. Akira la reconnue, cette élève jalousée et détestée par beaucoup au lycée : Mélinda Warren.

- Laisse moi... partir... s'il te plait...

*BLIM !*

Ce fut plus ou moins le son que la bouteille produisit en se fracassant contre le mur. A moitié pleine, elle explosa, en répandant sur le mur sa délicieuse liqueur, qui coulait lentement vers le sol, formant des espèces de petites rivières. On aurait dit du vomi. Ou de l’urine. Une substance acide, âcre et écœurante, et qui alla rejoindre les autres cadavres de bouteilles de verres explosées, grossissant toujours un petit peu plus la flaque qui se trouvait sur le sol. Mélinda ne pleurait plus. Elle n’était pas une chialeuse. Les enfants pleuraient. Les humains pleuraient. Pas les vampires. Mais ça ne l’empêchait pas d’être ailleurs. La pièce n’était éclairée que par un feu de cheminée mourant, plongeant cette dernière dans une relative pénombre, et Mélinda parlait avec ses seules amies du moment, d’une voix rocailleuse, faible, plaintive, geignarde : ses bouteilles d’alcool.

« J’suis trop conne, tout simpl’ment... Beurf... ‘Fais chier... ‘Loperie de vie de merde...[/color] »

Elle décapsula la bouteille avec ses dents, et but une nouvelle gorgée, et se mit à roter. La sensualité de Mélinda venait probablement de perdre quinze points. Il n’avait fallu de rien pour qu’elle s’enferme dans une chambre, en train de boire. Les cadavres de bouteilles s’entassaient dans un coin, et elle continuait à boire. Tout avait démarré quand Kaileesha avait décliné son invitation à passer une soirée avec elle. En soi, les raisons de Kaileesha étaient justes : une campagne militaire d’envergure se préparait au sein de l’Empire, et Kaileesha était débordée. Elle n’avait donc pas pu perdre de temps, et, si Mélinda avait accepté ça, toute sa soirée avait été foutue en l’air.

Pour l’occasion, elle avait même été chercher une petite humaine, sachant que Kaileesha aimait bien jouer avec des lycéennes vierges. Elle en avait trouvé une, très belle, très timide, avec de petits seins, comme la démone les aimait. La capturer avait été simple, mais, malheureusement, la démone avait refusé. Akira Aoyama. Comble du minable, elle se trouvait maintenant avec une lycéenne dans sa cave, qu’elle venait de violer pendant des heures pour se défouler. Elle était déboussolée, à tel point qu’elle en avait violé une pauvre fille qui suppliait qu’elle la libère. Elle avait hurlé en la violant, mais n’avait pas hurlé son nom alors qu’elle déchirait ses vêtements, qu’elle la plaquait contre le mur. Après ça, Mélinda était partie en courant, n’arrivant pas à croire de ce qu’elle avait fait.

Alors que la jeune fille hurlait, implorant sa pitié, Mélinda ne voyait plus en elle une innocente lycéenne, mais une arrogante prof’ d’anglais qui l’avait rejeté. Une certaine Hitomi Yamagashi, qui avait choisi de rejeter sa proposition de devenir une vampire, pour les beaux yeux d’un homme. Mélinda en avait été blessée dans sa fierté, dans son amour-propre, mais aussi dans d’autres choses plus profondes et plus intimes. Depuis lors, Mélinda faisait un effort pour ne rien montrer de sa souffrance, de sa frustration, mais son état était assez instable.

*Et il a fallu que tu refuses... Ma chère démone... Et il a suffi de ça pour que je me mette à plonger, et à boire... Putain... A quoi est-ce que je ressemble, moi, à me saouler comme à une vieille ivrogne ?*

Elle avait vidé sa cave à vins. Ce n’était pas dans son habitude de boire. Les Terriens la contaminaient. Certains buvaient pour noyer leur souffrance, et, après avoir violé cette femme, cette pauvre fille qui n’avait pas mérité ça, Mélinda avait bu, et continuait à boire. Elle ne savait plus si elle l’avait tué ou pas. Tout était flou, tellement obscur. Elle termina de boire une bouteille, et la laissa tomber de son fauteuil, avant de roter à nouveau. Elle somnola lentement, jusqu’à ce qu’une porte s’entrouvre.

Tournant lentement la tête, Mélinda aperçut la petite tête d’une de ses nekos. Le personnel s’inquiétait. On ne reconnaissait plus Mélinda. En soi, qu’elle capture des femmes n’était pas nouveau, mais qu’elle les viole aussi sauvagement, par contre... Ce n’était pas dans son style. Difficile toutefois d’approcher une telle femme.

« Maî... Maîtresse... murmura la petite neko.
 -  K-Kwuâh ?! »

Mélinda tenait entre ses seins une bouteille, et remarqua alors qu’un peu d’alcool en avait dépassé, coulant sur sa peau, dans le décolleté de sa robe. Pestant, elle se redressa subitement, renversant la bouteille.

« Le... Le gâteau est prêt, et...
 -  Le gâteau ?! Quel gâteau ?
 -  Et bien, euh...
 -  ’M’en fiche ! Fichez-moi la paix ! »

La neko s’éclipsa, ne demandant pas son reste. Debout, Mélinda tenta d’avancer, mais l’une de ses pieds se planta dans l’un des ourlets de sa robe, et elle tomba à la renverse, s’écrasant sur le sol. Grognant, Mélinda se mit à ramper, jusqu’à retrouver la force de se relever, et sortit dans le couloir. S’appuyant contre le mur, la vampire titubait. Elle rejoignit l’escalier, mais les marches... Les marches étaient bizarres, glissantes, mal formées. Elles... Elles tournaient sur elle-même, et Mélinda, en tentant de descendre, tomba à la renverse. Une simple humaine aurait eu un os brisé, mais elle avait juste mal au bras en atterrissant sur le couloir du rez-de-chaussée.

*Je crois que ça va pas du tout... L’alcool... Putain...*

Impossible de former des pensées cohérentes. Elle tremblait toute seul, et reprit sa marche. Elle ne portait même pas de culotte, ayant abandonné celle-ci dans la cave, et atteignit d’ailleurs cette dernière. Titubant encore, la vampire rejoignit sa prisonnière, qui, en la voyant, tenta bien vainement de la supplier, d’implorer sa pitié :

« Laisse moi... partir... s'il te plait...
 -  Ta gueule... » grogna Mélinda.

La vampire défit sa robe, voyant cette femme. Elle l’avait griffé, et, ici et là, sur certaines plaies, elle pouvait voir son sang qui perlait. Une délicieuse offre. Mélinda avait bien trop bu, et avança lentement vers elle. Elle manqua tomber, mais réussit à atteindre la chaude lycéenne. Elle lui cracha son souffle alcoolisé à la face, et contempla son cou. Le sang... Le sang, le sang, le sang.

Sans rien dire de plus, Mélinda fit pointer son sexe, et viola à nouveau la lycéenne, avant de la mordre, et de boire son sang.

Mélinda avait l'air... Ailleurs... Comme si elle avait vidée un bar entier. Elle s'approcha d'elle en titubant et menqua même de se remasser en la gratifiant d'un très agréable...

-  Ta gueule...

... des plus charmant. La blonde lorgna sur son corps et sur ses blessures avec un regard des plus avide, ce qui acheva de la terroriser. Lors de son premier viol, elle n'était qu'à moitié consciente et n'avait donc pas prêtée attention au corps de son bourreau, mais à présent qu'elle était bien réveillée, et bien... elle aurait préférée rester dans le coltard...

Car lorsque Mélinda se mie nue devant elle, Akira eu alors l'occasion de voir un membre masculin pointer hors de son entrejambe... et il était relativement imposant. La lycéenne comprenait mieux à présent pourquoi elle avait si mal aux fesses. Mais c'est surtout en voyant ses canines qu'elle crue ne jamais s'en sortir, bien qu'elle n'en croyait pas ses yeux... Une vampire !? C'était impossible !

Son halène puait l'alcool... ou plus précisément, un grand mélange d'alcools, quelque chose d'indéfinissable et d'écœurant qui lui emplit les narines, des effluves donnant une envie irrésistible de vomir sur l'instant. Mélinda se mit à genoux devant elle et la pénétra de nouveau très brutalement tout en pénétrant ses ongles profondément dans sa peau. Akira ne criait pas, elle n'en avait plus la force. En revanche, elle pleurait beaucoup, ses larmes dégoulinant sur son visage et son cou. Du sang coulait un peu partout sur elle, mais également en elle. Depuis quelques heures à présent, elle avait perdue sa virginité, mais il n'y avait pas que son hymen qui était déchiré. Ses parois vaginales l'étaient également, ainsi que son colon.

Mais lorsque la vampire planta ses crocs dans sa gorge et qu'elle sentit son fluide vital se faire aspirer hors de son corps, elle lâcha un hurlement silencieux, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés de terreur.

- Non... Je veux pas... mourir... Pas... comme ça... P-Pitié...

Rien n'y faisait, son sang continuait de quitter son corps d'un peu partout... Mais c'est au moment ou Akira avait de plus en plus froid, qu'elle avait de plus en plus de difficultés à respirer, qu'un liquide s'insinua par dans les veines. La lycéenne avait la sensation qu'un feu liquide s'emparait de son corps et une extraordinaire souffrance se fit ressentir dans tout son être.

- Aaaah....aaah... HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRrrrrglurg... !!!!!!

Son corps fut prit de violents spasmes et elle eu l'impression que sa tête allait exploser sous la douleur, que ses organes fondaient à l'acide et que ses os étaient broyés sous des tonnes de fonte. Ses doigts se crispèrent et tout son corps se raidit, de la bave aux comissures, avant qu'elle ne perde connaissance de nouveau, inconsciente des changements qui s'opéraient en elle...

Elle la viola. Avec force. Avec brutalité. Avec rage. C’est du moins ce qu’elle aurait aimé se dire. En réalité, la queue de Mélinda était aussi tendue qu’un sac en plastique, et aussi dure qu’un morceau de beurre décongelé. Il n’y avait aucune force, aucune énergie dans ses actes, car elle n’était pas là. Son esprit était fracturé, dilué dans l’alcool, et elle avait une furieuse envie de vomir. Même pour l’organisme d’une vampire, le surplus d’alcool était dangereux. Sa tête commençait à lui tourner, et elle entendait la lycéenne pleurer, bredouillant des propos incompréhensibles. A moins que ce ne soit elle qui pleurait. Tout était tellement confus, tellement flou, tellement incohérent. Qui était cette fille, déjà ? Hitomi ? Liana ? Shii ? Clara ? Non, non... Ayoru, ou quelque chose comme ça... Mélinda n’arrivait même pas à voir à quoi elle ressemblait. Perdue, la vampire s’était alors rabattue sur tout ce qu’il lui restait, afin de lutter contre ce poison vicieux qui avait renforcé sa déprime. Elle planta ses crocs dans le cou de cette femme, mais elle ne fut même pas capable de faire une morsure de ce nom, car elle eut un haut-le-cœur. Quelque chose remonta le long de son estomac, et elle ne put que percer une veine. Elle la perça d’ailleurs de manière trop profonde. Elle ne fut pas sectionnée, mais suffisamment ouverte pour faire couler le sang.

Mélinda vomit alors, non pas sur la lycéenne, mais sur le sol, à côté d’elle, incapable de se retenir. Elle était fiévreuse, tremblante, malade. Son organisme vampirique perfectionné neutralisait normalement efficacement l’alcool, mais elle avait pris de quoi alimenter un pub’ irlandais à elle toute seule. Même pour un organisme de vampire, ça faisait un peu trop.

Des cascades pourpres glissaient sur le corps de la lycéenne, et Mélinda se recula lentement. Elle tournait de l’œil.

*Bravo, Mélinda ! Tu as tué quelqu’un !*

Elle grogna.

*Je... Je voulais juste une vampire... Était-ce trop demandé ? Me créer un clan, une famille... C’est de sa faute !*

Mélinda passa une main sur son front. Elle était en sueur, et avança à nouveau vers la femme.

« Une fille... C’est tout ce que je voulais... Une fille à éduquer, une fille à former, une fille qui me seconderait et m’aimerait... »

La lycéenne s’affaiblissait. Elle n’avait plus assez de sang pour survivre, et ce dernier commençait à former une flaque sur ses pieds, où elle glissait. C’était assez glauque. Mélinda posa ses doigts sur les lèvres de la femme. Elle avait une belle bouche, un joli corps... Le sang glissait entre ses seins. Mélinda mordit sa langue violemment, profondément, et alla poser ses lèvres sur les siennes, faisant vomir son sang dans la bouche de la femme, avant de planter à nouveau ses crocs dans son cou. Elle agissait presque par instinct, se rappelant qu’elle voulait une fille. Une fille ! Le sang jaillit de sa bouche, et toma dans les veines de la femme.

Mélinda partit ensuite à la renverse, et ne réussit plus qu’à détacher la lycéenne, ouvrant les chaînes. Elle tomba sur elle, et Mélinda sombra pour de bon.

*
*  *

« Hnnnnnnn... »

Un léger gémissement. Étouffé. Bref. Venant du fin fond de la gorge. Elle grommela, sentant quelque chose à côté d’elle, ainsi qu’une horrible odeur à proximité. Un mélange de sang et de vomi. Et une violente migraine, aussi. Oui, elle avait l’impression qu’elle avait la tête fracassée en deux, comme si on avait tapé dessus avec un marteau. Ouvrant lentement les yeux, Mélinda réalisa qu’elle était nue, et tourna sur le sol. Son œil s’ouvrit sur une flaque de vomi, et elle se releva d’un coup.

*Mais... Mais où est-ce que je suis ?!*

Akira était complétement nue, adossée contre le mur, sa tête dodelinant sur le coté, toujours aussi inconsciente que la veille. Toute la nuit durant, son corps avait subis des mutation notamment dans son système immunitaire, musculaire, digestif et tant d'autres encore. Sa peau avait légèrement pâlie, ce qui ne se voyait pas tant que ça. Après tout, les femmes de sa famille avaient toujours eu la peau très blanche.

Une humaine normale n'aurait sans doute pas survécût à une telle métamorphose. Et la lycéenne ne devait sa survie qu'à ses énormes réserves de Ki. En devenant vampire, ses blessures c'étaient cicatrisées très rapidement. Pour autant, elle était très affaiblie et elle respirait très faiblement, son corps parcouru de sueurs froides. Même devenue un être nocturne, supérieure aux humains, Akira avait besoin de soins. Malgré le temps passé, son corps était toujours parcouru de spasmes et de tremblements.

Lorsqu'elle reprit conscience, la jeune fille était allongée dans un lit, une serviette humide sur le front. Elle ignorait depuis combien de temps elle était là, mais une chose était certaine pour elle... Elle avait survécu au bain de sang et se trouvait sans doute dans une chambre d'hopital à l'ancienne. Au fond, elle espérait que la criminelle avait écopée d'une peine assez lourde pour enlèvement, viol et tentative de meurtre, pour ne citer que son cas...

Elle tenta de parler, appeler quelqu'un pour dire qu'elle était réveillée, mais sa voie était rauque et elle ne parvint qu'à tousser bruyamment...

Mélinda avait fait un drôle de rêve. Et elle avait affreusement mal au crâne. Mélinda passa une main sur son front, se demandant où elle était. Où était son lit ? Ses esclaves endormies qui la câlinaient quand elle se réveillait ? Il faisait assez froid ici... Des courants d’air la traversaient, et elle se demanda si on ne l’avait pas capturé. Mélinda avait fait un cauchemar dans lequel elle faisait l’amour avec une femme.

*Quel rêve atroce... Mais qu’est-ce que je fiche ici ?*

La vampire entendit alors un gémissement... Et se retourna, sentant la panique la saisir. Elle vit une espèce de scène de carnage. Du sang partout derrière elle, formant une grosse flaque, avec, au milieu, un corps qui se tortillait. Mélinda en eut un sursaut, un tel cri qu’elle se recula, glissa sur une flaque de sang, et tomba par terre.

*Ce... Ce n’était pas un rêve ! Oh non ! Non, non, non, non, non !!!*

Mélinda se releva rapidement, et s’approcha lentement de la femme. Cette dernière se tortillait sur le sol, semblant atrocement souffrir. Et son sang... Tout son corps était en ébullition. C’était une sensation que Mélinda n’avait jamais ressenti auparavant chez d’autres êtres. La vampire serra les dents, et tourna la tête, n’en revenant pas. Elle... Mais qu’est-ce qu’elle avait fait ? Qu’est-ce qu’elle avait fait ?!

« Mon Dieu... Oh, c’est pas vrai, c’est pas vrai ! »

Complètement désemparée, Mélinda secoua la tête, paniquée. Est-ce qu’elle avait vraiment fait ça ? Non... Non, ce n’était pas possible ! La vampire regardait avec horreur cette lycéenne, cette lycéenne qui... Qui était en train de devenir sa fille ! Pour le coup, Mélinda était complètement perdue. Elle se recula, et son corps nu atterrit contre le mur. Elle avisa la porte, envisagea de fuir, et se ressaisit. La transformation était encore loin d’être terminée. Mélinda s’avança lentement, prudente, son cœur battant follement la chamade. Elle était inquiète, nerveuse, agitée, et sentait une sourde panique naître dans le creux de son estomac.

Avait-elle vraiment fait ça ? Elle avait bu, oui, mais tout de même... La vampire tomba à genoux devant la lycéenne, et se rappela, dans un flash, son nom. Akira Aoyama. Elle l’avait violé. Sans raison aucune. La soirée. Kaileesha. Hitomi. Tout revenait par bribes, des images, des sensations... Le sang. L’alcool. Liana qui essayait de lui parler. Elle qui tombait dans l’escalier. La lycéenne qui la suppliait, et elle qui plantait ses crocs... Mélinda sentit alors, sur sa langue, un petit creux. Elle avait du se mordre la langue pour répandre son sang, et tout avait cicatrisé. La lycéenne se tortillait faiblement, et Mélinda la regarda, surtout son cou.

*La transformation a bien avancé... Elle survivra... Mais une fille... Non, non... Ce n’est pas ainsi que j’en voulais une... Je ne peux pas... Non, je ne peux pas ! Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Tu pars en vrille, Mélinda !*

Pour transformer une quasi-inconnue sans raison, oui, elle partait effectivement en couille. Mélinda la regarda, et se surprit à verser quelques larmes. Elle avait réussi... Sa première transformation. Sous l’effet de l’alcool ! Quelle vampire minable ! Elle avait tout d’un coup furieusement honte d’elle. Était-elle devenue si basse ? Elle vit la lycéenne remuer, et ses doigts s’approchèrent lentement de son cou, griffes sorties.

*Il y a encore un moyen de rattraper mon erreur... Un coup bien placé, et elle partira... Une fille... Non, je ne peux pas, c’est... Mon sang coule dans ses veines...*

Indécise, la vampire tremblait au-dessus du corps de la femme. Un simple coup avec ses griffes serait suffisant pour en finir avec elle, mais il fallait encore le porter. Elle n’arrivait pas à se décider, et tremblait de nervosité. Un simple coup, un simple coup... Rien de plus, rien de moins. Elle sentait la lycéenne se battre, s’accrocher à la vie. Si Mélinda hésitait autant à transformer les gens, c’était parce que, généralement, un humain normal ne survivait pas à une transformation vampirique. Mais elle... Elle, elle était en vie, alors ça devait vouloir dire qu’elle avait en elle une force supérieure... Mélinda gémit. Penser lui donnait mal au crâne. Ses griffes continuaient imperceptiblement à se rapprocher de ce cou, quand elle entendit du bruit sur sa gauche.

Tournant rapidement la tête, Mélinda vit une petite tête avec des oreilles pointues se dissimuler rapidement dans le couloir, et se releva.

« Liana ! » l’appela-t-elle.

La neko s’arrêta sur place, hésita, et apparut dans l’embrasure de la porte entrouverte.

« Je... Nous nous inquiétons, Maîtresse... »

Liana baissa les yeux, et Mélinda se mordilla les lèvres, regardant à nouveau la lycéenne... Elle baissa à son tour la tête, et un profond soupir traversa ses lèvres. Elle avait besoin de réfléchir. Elle soupira, incapable de prendre une décision, et parla :

« Dis aux filles de la nettoyer, et de l’allonger dans une chambre. Et... Nettoyez ce bordel, aussi.
 -  B-Bien, Maîtresse... »

Mélinda sortit rapidement, et alla prendre un bain bouillant. Une demi-heure plus tard, elle se tenait dans la chambre, un verre de sang à la main, et une robe propre sur le corps, mais toujours aussi indécise. Une fille... Elle avait une fille... Et il était probable qu’elle ne l’aimerait pas beaucoup, vu que Mélinda l’avait violé. Et failli la tuer. Mais c’était bien son sang qu’elle sentait dans ce corps. Son sang qui battait dans ses veines. Le sang d’Akira se calmait, cessait de s’agiter. La transformation était achevée. Vampire. Elle était devenue une vampire. Une Warren.

Mélinda reposa le dossier que ses esclaves avaient été lui chercher. Il comprenait quelques informations sommaires sur cette donzelle. Elle était née à Kyoto, et avait reçu des formations dans la maîtrise du Ki par le biais de ses parents. Ces derniers possédaient en effet une école de kendo, très populaire. Sur une autre page, en annexe, on présentait le kendo comme l’art de savoir manier les sabres. Le kendo était l’art de savoir pratiquer l’escrime à la manière des samouraïs, et fortifiait aussi l’esprit. C’était sans doute cet entraînement qui avait permis à Akira de survivre. Elle avait fugué. Sans doute était-elle brouillée avec ses parents. Elle avait fugué à l’âge de 12 ans pour aller à Seikusu, chez sa tante. Pour le reste, rien d’anormal.

Elle avait seize ans. Seize petites années. Mélinda avait été transformée à peu près vers cet âge. Cette dernière se réveilla alors. On lui avait passé sur la tête un torchon avec de l’eau chaude. Akira remua dans son lit, et Mélinda sursauta. Elle avait peur. Peur de cette lycéenne, cette humaine qui...

*Non. Ce n’est plus une humaine, c’est... C’est ma fille. Je ne peux pas le renier, et je ne peux pas revenir sur ce que j’ai fait.*

Akira essaya de parler, et Mélinda se releva alors. Les rideaux de la pièce étaient tirés, plongeant cette dernière dans une relative pénombre. La vampire s’approcha de sa fille, dans une scène surréaliste, et posa une main sur sa joue. Elle voulait la réconforter, la rassurer.

« Calme-toi... Tu es en vie... Et probablement paniquée. Je... »

Qu’est-ce qu’elle était supposée dire ? Elle avait fait d’elle une vampire, alors qu’elles ne se connaissaient quasiment pas. Mélinda retira sa main, et resta debout, indécise, avant de fermer les yeux.

« Je... Je... »

La vampire secoua lentement la tête, et se reprit, inspirant longuement.

« Je suis désolée, Akira... Désolée de... De t’avoir... Enfin... Je n’aurais pas du.. Pas comme ça, en tout cas... J’accepterai ton châtiment, car j’ai fauté. Mais il y a plus grave. »

Et c’était lié. Si Akira n’avait été qu’une simple humaine, Mélinda l’aurait abandonné dans une poubelle. Seulement voilà, elle n’était pas une simple humaine.

« Tu... Tu dois le sentir, probablement. Dans tes veines, dans ton corps... Tu... Tu n’es plus une humaine. »

L'une des première chose que Akira avait ressentie en se réveillant, c'était un immense brouhaha de sons en tout genre. Ça allait des battements de cœur d'une personne proches, à des paroles indistinctes échangées plus loin... ou plus bas, ce qui n'était pas pour arranger son atroce mal de crâne. Ensuite, une odeur particulièrement forte, dont elle n'arrivait pas à déterminer l'origine, lui remplissait les narines et masquait toutes les autres. La lycéenne ne savait pas ce que c'était, mais ça lui donnait soif, mais vraiment très soif.

Après sa quinte de toux, elle rouvrit les yeux – qu'elle avait fermés en toussant – et vit avec horreur sa violeuse juste en face d'elle... et une peur panique s'empara de son corps. Elle n'était pas dans une chambre d'hôpital, mais dans celle de cette cinglée de vampire, qui l'avait presque vidée de son sang. Malgré toutes ses courbatures, elle tenta de se reculer, le plus loin possible de cette folle qui tennait en plus un verre rouge bordeau à la main... et sans doute très loin du vin.

- Calme-toi... Tu es en vie... Et probablement paniquée. Je...

"Probablement paniquée" ?! Sans blague ! Elle avait été enlevée, séquestrée, violée durant des heures, battue jusqu'au sang et égorgée. Alors non, elle n'était pas paniquée, elle était littéralement terrorisée.

- Je... Je... Je suis désolée, Akira... Désolée de... De t’avoir... Enfin... Je n’aurais pas du.. Pas comme ça, en tout cas... J’accepterai ton châtiment, car j’ai fauté. Mais il y a plus grave.

Pas comme ça ? Comment alors ? En lui demandant gentiment si elle pouvait abuser de son corps avec un SM très avancé pour l'égorgée ensuite ? Mais avec grand plaisir ! Il fallait absolument qu'elle quitte cet endroit pour. Elle s'enfermerait dans sa chambre et se ferra oublier deux petit mois, avant d'oser sortir de nouveau. Akira se surprit alors à lorgner le cou de Mélinda, plus particulièrement en entendant la phrase «Mais il y a plus grave. ». Et sen teint devint livide.

- Tu... Tu dois le sentir, probablement. Dans tes veines, dans ton corps... Tu... Tu n’es plus une humaine.

Cette attirance pour le cou de cette cinglée... Pour cette odeur qui lui embrumait l'esprit... Alors c'était... ça !? Akira parvint à retrouver l'usage de ses muscle – au prix d'un terrible effort – et tomba du lit, avant de reculer sur ses quatre membres vers l'arrière et se retrouver dos au mur. Dans le même temps, la nouvelle vampire avait sentit ses dents pointues et ses ongles d'une taille anormale.

- Vous... Tu... Je suis une.... une.... Que ma... tu... fait...

Elle replia ses jambes contre elle et pris sa tête entre ses mains... l'odeur était de plus en plus forte et les sons de plus en plus puissants. Akira voulu faire taire cette douleur et se frappa le crâne contre le mur, avec force, mais ne parvint qu'à légèrement effriter ce dernier, augmentant sa terreur de deux crans.

- Je suis... un... monstre...

Des larmes coulèrent sur ses joues, tant elle sentait que sa tête allait exploser... La lycéenne s'en rendait compte à présent. Elle avait soif. Soif de sang. Elle voulait boire jusqu'à la dernière goute le sang de cette fille qui avait brisée sa vie. Mais son esprit encore humain était en opposition à cette idée, lui dictant qu'elle serrait une meurtrière si elle agissait de la sorte et que finalement, elle ne vaudra pas mieux qu'elle... Ce n'était pas tant de la tristesse ou de la colère qu'elle ressentait, mais la peur profonde de ce qu'elle pourrait faire, si jamais elle perdait le contrôle de son esprit, de sa raison...

Akira sembla réaliser ce qu’elle était devenue... Et, naturellement, elle en fut paniquée. Paniquée au point qu’elle tomba du lit, et alla ramper contre le mur, complètement perdue. Mélinda la regarda silencieusement, sans savoir quoi lui dire. Non, elle ne pouvait pas la tuer, ni la renier. C’était sa fille. Son sang. Si elle lui faisait du mal, elle serait définitivement un monstre. Elle ne pouvait tout simplement pas la blesser, ni l’abandonner. Si elle la jetait, Akira mourait. Mélinda eut un nouveau soupir, se mordillant les lèvres, restant sur le lit.

« Je suis... un... monstre... » lâcha alors Akira.

Elle était une vampire très récente. Elle avait logiquement besoin de sang. Mélinda s’extirpa du lit, et se rapprocha lentement d’elle. De sa fille. Sa fille... C’était... C’était tout simplement surréaliste. Se serrant les lèvres, Mélinda fléchit les genoux devant la femme, et la regarda, hésitant à la prendre dans ses bras.

« Tu... Tu es une vampire, Akira. Tu n’es pas un monstre... Est-ce que je t’ai fait pousser des cornes ? Une deuxième tête ? Un corps monstrueux ? Tu es loin d’être un monstre... Je t’ai violé. Durement. Je n’aurais pas du faire ça, même si c’était involontaire. Avec le temps, tu comprendras toutefois que je me suis faite pardonnée en t’offrant ce don qu’est le vampirisme. »

La vampire eut un léger sourire, et la regarda plus attentivement. Akira était une petite beauté. Indéniablement. Au moins, Mélinda avait choisi une belle fille. Avec son air innocent, ses grands yeux, elle était très tendre. Comment Mélinda avait-elle pu sombrer au point de violer une telle femme ? Elle soupira à nouveau, se mordillant les lèvres, puis reprit ses explications.

« Vous, les Terriens, vous avez en vous cette manie de voir ce qui est différent comme monstrueux. En tant que vampire, Akira, tu ne vieilliras plus. Tu es également plus forte sur bien des points. Plus résistante, plus puissante, et tu as également une perception très accrue de tes sens. Ainsi qu’un autre sens que tu dois commencer à percevoir. Ton sens sanguin. »

C’était d’ailleurs la caractéristique principale des vampires : leur affinité avec le sang. C’était ce qui permettait de les singulariser dans le grand échiquier des races et des espèces. Les vampires avaient un rapport avec le sang qu’aucune espèce n’avait, de près ou de loin. Mais maîtriser ce sens était assez difficile. Fort heureusement, Akira aurait la chance d’avoir ce que Mélinda n’avait pas eu : une mère pour la guider. Une mère vampirique qui lui apprendrait à contrôler son sens, ses émotions, et les morsures.

« Tu as besoin de sang, Akira, et tu en auras toujours besoin. Le sang est pour nous aussi vital que le fait de manger ou de respirer. Mais ne t’inquiète pas, je t’apprendrais à boire du sang sans tuer tes proies. Je t’offrirai la chance que je n’ai pas eu : être éduquée par une vampire. »

Mélinda tenta de lui faire un sourire rassurant, tout en sachant qu’Akira n’aurait besoin que de temps pour aller mieux. Fort heureusement, le temps était le meilleur des alliés. Elle tendit alors vers elle l’un de ses poignets. Le premier sang versé, pour un vampire, était sacré, et tous les vampires s’accordaient généralement à dire, pour ceux qui en avaient eu la chance, ce premier sang était celui du vampire qui les avait transformé. Une manière poétique et symbolique, vampirique, de sceller l’appartenance à un clan. Mélinda enfonça alors l’une de ses griffes dans son poignet, et le sang se mit à couler.

« Pose tes lèvres, ma fille, et ne pense à rien d’autre. Bois ce sang, bois ce sang qui te tente. Bois le merveilleux sang de celle qui t’a offert une vie de bonheur pour une longue nuit de souffrance. Bois-le. »

Mélinda espérait qu’Akira ne serait pas rebutée par l’arrière-goût d’alcool qui traînait dans ce sang. Il y avait toutefois peu de chance ; la pauvre devait être affamée ! Ça avait été le cas de Mélinda, quand elle était devenue une vampire, en tout cas. Le sang miroitait de son poignet, se mettant à couler le long de sa belle peau.

Un appel irrésistible.

Akira avait la sensation qu'une rafale soufflait dans son crâne, tant les sons ambiants résonnaient fort à ses oreilles. La respiration de Mélinda était semblable à une tempête et ses battements de cœur à une série de percutions. Et l'odeur... qui annihilait toutes pensées cogérantes. La lycéenne n'avait pas non plus des capacités immenses, mais c'est le fait d'avoir des sens plus aiguisées et récents, qui lui donnaient une telle impression. Les yeux fermés, elle ne vit donc pas sa mère vampirique poser un genou devant elle.

- Tu... Tu es une vampire, Akira. Tu n’es pas un monstre... Est-ce que je t’ai fait pousser des cornes ? Une deuxième tête ? Un corps monstrueux ? Tu es loin d’être un monstre...

Non, elle avait des griffes, des canines et une soif de sang infinie, c'est quoi ça si ce n''est être un monstre ?

- Je t’ai violé. Durement. Je n’aurais pas du faire ça, même si c’était involontaire. Avec le temps, tu comprendras toutefois que je me suis faite pardonnée en t’offrant ce don qu’est le vampirisme.

Oui... condamnée à boire les fluides vitaux des autres pour survivre... Super le don... Connaissant sa famille, jamais elle ne serait plus acceptée tel quel. Et comme ils étaient spécialisés dans l'extermination de ce qu'elle était devenue, y compris sa tante de Seikusu, elle n'avait plus aucun endroit où vivre. Mélinda lui parlait d'un don, mais c'était l'éternelle solitude qui l'attendait, et elle n'était même pas en âge d gagner sa vie pour pouvoir payer un endroit où se loger. Elle se voyait même arpenter les hôpitaux de nuit pour pas se jeter sur le premier innocent venu.

- Vous, les Terriens, vous avez en vous cette manie de voir ce qui est différent comme monstrueux. En tant que vampire, Akira, tu ne vieilliras plus. Tu es également plus forte sur bien des points. Plus résistante, plus puissante, et tu as également une perception très accrue de tes sens. Ainsi qu’un autre sens que tu dois commencer à percevoir. Ton sens sanguin.

- Trop... de bruit... Odeur... trop forte... Mal... au crâne...

Elle était toujours repliée sur elle-même et ses mains se crispaient plus fort sur sa tête. Le pire était sans doute qu'elle n'avait eu aucune préparation à ce qui l'attendait. Elle devait changer de vie du jours au lendemain. Toutes ses amies étaient à présent des proies potentielles. Il lui fallait couper les pont pour ne pas leur faire de mal... Y compris Kaori, l'une de ses meilleures amie. Si seulement elle savait que, malgré ses bonnes résolution, elle les verrait toujours...

- Tu as besoin de sang, Akira, et tu en auras toujours besoin. Le sang est pour nous aussi vital que le fait de manger ou de respirer. Mais ne t’inquiète pas, je t’apprendrais à boire du sang sans tuer tes proies. Je t’offrirai la chance que je n’ai pas eu : être éduquée par une vampire.

Ou être éduquée par celle qui a foutue votre vie en l'air dans l'alcool et la douleur. Mélinda se ratrappait du mieux qu'elle pouvait après tout mais Akira se souviendrait longtemps de ce viol brutal et sanglant. Même si elle finissait par se faire à cette vie, ce souvenir la hantera suffisamment longtemps pour ne jamais vraiment apprécier cette vampire. Dans d'autres circonstances, elle aurait peut être pu accepter plus facilement, mais c'était trop tard. Lorsque sa nouvelle "mère" se fit saigner, quelque chose se brisa dans l'esprit de la lycéenne... L'odeur de sang était si forte, que sa morale déserta son cerveau.

- Pose tes lèvres, ma fille, et ne pense à rien d’autre. Bois ce sang...

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, la jeune vampire avait déjà plantée ses crocs dans la chaire de Mélinda, sans toucher une seule veine. En revanche, elle aspira le sang sans réfléchir, sans même apprécier ou être dégoutée. En fait, toutes pensées cogérantes étaient occultées par cette soif de sang. Le fluide imbibé d'alcool était en soi, écœurant, mais ça ne l'empêchait de vouloir la vider jusqu'à la dernière goute. Inconsciemment, peut être voulait-elle se venger et la mener proche de la mort à son tour....

Akira se jeta sur le bras de Mélinda, et cette dernière la laissa faire, la laissa boire comme une assoiffée. Mélinda avait aussi été comme ça, quand elle s’était réveillée, quand elle était devenue une vampire. Mais le vampire qui l’avait mordu n’était rien de plus qu’un sous-fifre, et on l’avait nourri avec des poches de sang. Ça, c’était bien mieux, puisque Akira goûtait au sang de sa mère. Cela ne suffisait pas pour autant à ôter à Mélinda un puissant sentiment de culpabilité. La vampire si sûre d’elle se sentait extrêmement idiote, et profondément stupide. Elle n’avait eu aucun projet sérieux sur Akira. C’était Kaori qui lui avait parlé de cette jeune femme, en lui disant qu’elle faisait partie de ses amies, et avait fui ses parents.

La récente vampire but donc avec appétit, sans tenir compte de l’arrière-goût d’alcool. Elle était trop jeune, et avait surtout trop soif pour faire la fine bouche. L’autre main de Mélinda alla lui caresser les cheveux. Cette sensation était malgré tout délectable... Bien des humains avaient peur des vampires, et trouvaient cette étreinte vampirique, cette morsure, répugnante. Pour Mélinda, c’était tout le contraire. Il se dégageait de cette scène une sensualité et un amour intenses. C’était la mère donnant le sein à sa fille, la nourrissant avec son sang. Alors, qu’elle boive. Mélinda la laisse boire plus que de raison, tout en caressant lentement ses cheveux. Ce sang qui partait l’aida à retrouver les idées claires, et à se convaincre d’une chose sûre.

On ne pouvait pas revenir en arrière. Ce qui est fait est fait. C’était aussi simple que ça, mais même les vampires avaient une importante propension à vouloir parfois revenir sur certains éléments du passé. Akira était devenue une vampire, et, comme Mélinda à ses débuts, elle devait croire à une malédiction. Une sinistre plaisanterie. Il allait falloir la convaincre du contraire, ce qui, naturellement, ne serait pas simple. Mais rien n’était simple avec un vampire. De surcroît quand c’est une Warren.

*Elle est ma fille, et je suis sa mère... Voilà qui remet bien des choses en perspective, mais je ne peux que l’aimer... Car c’est mon sang qui résonne en harmonie dans ses veines.*

Son sang... A cette idée, Mélinda s'en mordilla les lèvres, et commença à tirer sur les cheveux d’Akira. Elle avait déjà bu trop de sang.

« Là, là, ma belle, arrête-toi... »

Vu sa tête, ça ne lui faisait pas plaisir, et Mélinda eut un léger sourire.

« Au moins, tu es aussi gourmande que moi en ce qui s’agit du sang. C’est bon, hein ? Quoique... Mon sang ne devait pas être super, avec tout cet alcool... Mais ça sera mieux la prochaine fois, ne t’en fais pas. »

Mélinda la prit alors dans les bras, la serrant fort, et se confia :

« Tu sais, je ne désirais pas non plus devenir une vampire. C’est quelque chose qu’on m’a imposé, sans aucune réelle préparation psychologique à ce qui allait m’attendre. Et je n’ai pas eu la chance d’avoir un exemple à suivre, un guide pour me conseiller. »

Elle était devenue vampire pour satisfaire les lubies de la femme à qui son père l’avait revendu, et aussi pour pouvoir tuer ce dernier. Sur ce point, elle avait au moins toujours été d’accord avec sa seule et unique maîtresse : mettre fin aux jours de son paternel biologique.

« Dis-moi ce que tu ressens, Akira... Je dois le savoir. N’aie pas peur. Je t’ai déjà tué, je ne pourrais rien te faire de pire, après tout. Je t’expliquerai tout, ne t’en fais pas, mais je dois d’abord savoir ce que tu ressens, ce que tu éprouves... »

Une légère forme d’humour, peut-être, ou l’aveu que Mélinda savait très bien ce qu’elle lui avait fait. Elle se doutait plus ou moins de ce qu’Akira allait lui dire, mais il fallait que ça sorte d’elle. Qu’elle crache tout son venin, qu’elle laisse parler sa fureur et sa frustration, afin de pouvoir laisser place à la compréhension et à l’acceptation... Dans un premier temps, du moins. Car les vampires dépressifs étaient une création hollywoodienne. Il était en réalité rare de croiser un vampire qui ne soit pas heureux de son propre sort.

Plus la Lycéenne buvait ce sang, plus elle prenait conscience de ce qu'elle était devenue... Un monstre qui se nourrissait du sang des autres pour survivre. Ses idées devenaient également plus claires. Mais le plus important était sans doute le fait que ses sens la faisaient moins souffrir. La cacophonie ambiante cessait doucement mais les sons eux, se faisaient plus précis, sans devenir assourdissant. Sa vue se faisait également plus nette et son odora devenait également plus fin.

Bien que le fait de boire un fluide vital la terrorisait, elle ne parvenait pas à s'arrêter, comme droguée. Heureusement, Mélinda la tira un peu par les cheveux. Pensant que cette dernière souhaitait lui éviter de vraiment devenir une meurtrière, elle (re)tomba de haut.

- Là, là, ma belle, arrête-toi... Au moins, tu es aussi gourmande que moi en ce qui s’agit du sang. C’est bon, hein ? Quoique... Mon sang ne devait pas être super, avec tout cet alcool... Mais ça sera mieux la prochaine fois, ne t’en fais pas.

Ce n'était pas bon, c'était immonde. La vampire ainée – en terme d'existence – pensait à tord qu'il s'agissait de gourmandise. Akira elle, voyait ça comme le seul moyen de survivre et, se nourrir de sang la dégoutait au plus haut point. Surtout après avoir été éduquée par des tueurs de démons ou autres créatures infernales. Si elle ne réagit pas plus que ça lorsqu'elle se retrouva dans cette étreinte affectueuse, elle ne cacha pas sa mine de dégout lorsque son menton se retrouva sur l'épaule de Mélinda.

- Tu sais, je ne désirais pas non plus devenir une vampire. C’est quelque chose qu’on m’a imposé, sans aucune réelle préparation psychologique à ce qui allait m’attendre. Et je n’ai pas eu la chance d’avoir un exemple à suivre, un guide pour me conseiller.

C'était quoi le but ? Que Akira ait pitié d'elle et se résigne à vivre avec sa nouvelle mère ? C'était inutile. Résignée, elle l'était déjà. Mais quitte à se nourrir de sang, elle préférait encore en boire dans des pochettes en se servant à l'hôpital, comme dans des briquettes de jus... L'image lui fit un peu peur envers elle-même, mais au moins il n'y avait aucun risque de tuer.

- Dis-moi ce que tu ressens, Akira... Je dois le savoir. N’aie pas peur. Je t’ai déjà tué, je ne pourrais rien te faire de pire, après tout. Je t’expliquerai tout, ne t’en fais pas, mais je dois d’abord savoir ce que tu ressens, ce que tu éprouves...

Ça c'est sûr, elle était morte. Ou tout du moins, aux yeux de sa famille, leur fille était morte au moment où elle avait cessée d'être humaine...

- Tu veux que je te dise... Je te haïs... Même si j'avais pris mes distances avec ma famille, j'espérait au fond pouvoir les retrouver un jour... Cet espoir c'est éteint au moment où je suis morte... Maintenant, j'ai même peur d'eux, si ils découvrent ce que je suis devenue...

La jeune vampire s'éloigna et se releva en chancelant un peu, testant son "nouveau" et déroutant corps. Elle semblait plus légère et plus souple, bien que plus forte...

- Ma famille ne tient pas seulement une bête école de Kendo parmi tant d'autres... Les techniques de Ki enseignées sont principalement utilisées dans l'exorcisme et l'exécution de tout ce qui est en rapport plus ou moins direct avec le mal... Comme les démons, les esprits et les vampires. A leurs yeux, je suis devenue une créature de plus à abattre, même si je suis leur fille. Et ils sont parfaitement capables de briser les barrières magiques, je peux en témoigner.

Son regard exprima enfin tout ce qu'elle ressentait envers sa "nouvelle" mère, exprimant toute l'aversion au fond d'elle.

- A cause de ça, je suis obligée de couper définitivement les ponts avec ma tante. Je préfère qu'on me crois morte plutôt que d'être en face de mes parents. C'est la première raison pour laquelle je te déteste. Ensuite, c'est la façon de se nourrir. Le fait de boire ce dont les autre ont besoins pour vivre, comme de vulgaires animaux d'élevage, destinés à l'aratoire. Quitte à en boire, je préfère le faire dans des poches de sang. Au moins, je n'aurais pas l'impression de dévorer un être humain. Rien que l'idée de devoir en boire me dégoute. Je te haïs comme je haïs ce que je suis devenue. Et ce n'est pas parce qu'on ne t'as laissée aucun choix, que tu dois en faire de même avec les autres.

Avec cette dernière phrase, Akira donna un violent coup de poing dans le mur. Si elle n'eu pas bien mal, elle ressentit néanmoins le mur se fissurer un peu et vit même des morceaux de plâtre tomber au sol.

- Tu vois ce que je suis devenue ?! Je pourrais tuer et détruire sans même chercher à le faire !

En réalité, Akira ressentait bien plus de peur envers elle-même et sa famille que de colère envers Mélinda. La peur d'être assassinée par ses propres parents, celle de tuer et détruire chaque fois qu'elle fait un mouvement... En revanche, si dégout il y avait, c'était bien celui de prélever dans la vie des autres pour son propre compte. Qu'on ne vienne pas lui parler de plaisir ou de gourmandise, c'était totalement faux...

« Je te haïs... »

Mélinda se surprit à sentir quelque chose percer son cœur. Elle ferma lentement les yeux, et essaya de se contrôler, de rester de marbre, forte et fière d’elle. La dernière fois qu’elle avait laissé parler ses sentiments, qu’elle avait laissé la situation lui échapper, c’était avec Hitomi. On en voyait les résultats. Elle ne tenait surtout pas à laisser Akira, sa fille, s’en aller. Mélinda se mit dans un coin, croisant les bras, et l’écouta silencieusement lui parler d’elle, et lui exposer, lui vomir à la figure, sa haine des vampires. De ce discours, Mélinda retint le cheminement logique : un vampire était un monstre, car il se nourrissait de sang humain. Et c’était d’autant plus vrai pour Akira qu’elle avait été éduquée par des chasseurs de démons.

*S’ils sont si doués que ça, je devrais peut-être songer à les envoyer sur le Sentier du Rayon, et à affronter Ram Aballah... Si je t’envoyais là-bas, Akira, tu ferais nettement la différence entre un vampire et un monstre, car tu y verrais par toi-même le Roi Rouge et ses supplices.*

La vampire décida néanmoins d’aborder la situation différemment. Akira frappa violemment contre le mur, et tout son dégoût des vampires tenait du fait de devoir se nourrir avec le sang humain. La logique humaine était décidément très hypocrite, et Mélinda allait le lui montrer. Elle se racla la gorge, et commença donc à répondre à sa fille :

« Je suis désolée de t’avoir violée, Akira. Vraiment. Mais ce que je t’ai offert compense largement ce fait, et tu t’en rendras compte avec le temps. Tu dis que les vampires sont ignobles et monstrueux parce qu’ils se nourrissent d’autres êtres vivants pour survivre, n’est-ce pas ? C’est bien cela ? Je n’ai fait aucune erreur d’interprétation ? »

Des questions rhétoriques. Une petite pause volontaire, afin qu’Akira comprenne où Mélinda voulait la mener, et cette dernière lança :

« Alors, dans ce cas, tous les humains qui se nourrissent de viande, de porc, voire même de simples plantes, sont des bouchers, des assassins, et des meurtriers sanguinaires. Qu’est-ce qui, selon tes critères, différencie un humain lambda d’un vampire lambda ? Le vampire se nourrit de sang, l’humain se nourrit de chair vivante. La Nature est faite ainsi, Akira. J’ignore comment tes parents t’ont éduqué, mais, s’ils t’ont éduqué en te faisant croire que les vampires étaient foncièrement mauvais parce qu’ils se nourrissaient de sang, ils t’ont déballé des conneries racistes ! »

Le ton était péremptoire, fulminant, mais non moins honnête. Mélinda se rapprocha lentement d’Akira, continuant à parler, sur sa lancée. Elle avait presque envie de la gifler, mais c’était sa fille, après tout. Elle ne pouvait pas lui faire du mal, car elle l’aimait.

« Tu n’es pas un monstre, Akira... Si tu as peur de tuer tes proies, tu te nourriras avec des poches de sang. Je t’en fournirai, mais tu dois savoir une chose. Boire le sang de quelqu’un ne signifie pas nécessairement le tuer, loin de là. Je te formerai, et tu verras par toi-même que bien de tes petites camarades apprécient de sentir mes crocs en eux tandis que je leur fais l’amour... Le sang excite notre libido, Akira. Mais ce n’est qu’un détail... »

Mélinda contempla le mur effrité, tendant sa main pour le caresser. Elle avait la puissance d’une vampire, et elle détestait effectivement sa mère. C’était un tableau déchirant. Mélinda lui tourna le dos, et dut se retenir. Des tremblements nerveux parcoururent son corps. Elle soupira longuement, et secoua lentement la tête, avant de se retourner vers la femme. Ses lèvres tremblèrent légèrement, indiquant son trouble, et elle reprit :

« Quant à tes parents... S’ils pensent que leur fille est un monstre simplement parce qu’elle est différente... Alors, ils ne savent rien aux monstres. Tout comme toi. Je ne suis pas un monstre, Akira, et je... Je suis tellement désolée, tellement... »

Mélinda craquait. Sa propre fille la détestait, et elle ferma les yeux, en baissant la tête, avant de se relever. Ses mains saisirent celles d’Akira, les attrapant sans aucune fermeté.

« Crois-moi, je comprends ta colère et ta frustration, mais... Avec le temps, tu finiras par comprendre la chance que tu as. Bien des lycéennes qui vivent dans ce manoir t’envient, tu sais... Kaori rêverait d’être à ta place... »

Mélinda savait que Kaori était l’amie d’Akira, car c’était elle qui lui avait parlé de la jeune femme. Mélinda soupira à nouveau. Elle ne savait plus quoi dire.

« Je t’en prie, Akira... Laisse-moi une chance de me racheter, et de te montrer... Tout ce que je peux t’offrir... »

- Je suis désolée de t’avoir violée, Akira. Vraiment. Mais ce que je t’ai offert compense largement ce fait, et tu t’en rendras compte avec le temps. Tu dis que les vampires sont ignobles et monstrueux parce qu’ils se nourrissent d’autres êtres vivants pour survivre, n’est-ce pas ? C’est bien cela ? Je n’ai fait aucune erreur d’interprétation ?

Akira se demanda brièvement où elle voulait en venir exactement, mais elle eu sa réponse bien rapidement.

- Alors, dans ce cas, tous les humains qui se nourrissent de viande, de porc, voire même de simples plantes, sont des bouchers, des assassins, et des meurtriers sanguinaires. Qu’est-ce qui, selon tes critères, différencie un humain lambda d’un vampire lambda ? Le vampire se nourrit de sang, l’humain se nourrit de chair vivante. La Nature est faite ainsi, Akira...

Elle se foutait d'elle ou quoi ? Depuis quand les humains se nourrissaient-ils de chair vivante ?

- Jusqu'à preuve du contraire, les animaux vont dans un abattoir et sont découpés, leurs viande préparée, avant d'être vendues et cuisinées. Le jour où tu vois un humain se jeter sur un animal pour le dévorer vivant et prendre plaisir en le voyant paniquer et agoniser, surtout, n'hésite pas à m'appeler. A ce moment là, je réviserais sans doute mon opinion sur les vampires et leur manie à se jeter sur des êtres innocents.

Le ton était ironique, mais Akira montrait qu'il y avait bel et bien une grosse différence entre un vampire et un humain. Les vampire – du moins la plus grande majorité – se délectaient d'avantage de voir leurs victimes mourir sous leurs crocs, que du sang qu'ils absorbaient. Parfois même, ils massacraient sans spécialement se nourrir, si ce n'est de la peur qu'ils provoquaient. La jeune vampire était bien placée pour le savoir... elle l'avait vécue dans sa jeunesse. Quelques jours avant sa fugue en vérité. Elle observa Mélinda se rapprocher d'elle, méfiante...

- Tu n’es pas un monstre, Akira... Si tu as peur de tuer tes proies, tu te nourriras avec des poches de sang. Je t’en fournirai, mais tu dois savoir une chose. Boire le sang de quelqu’un ne signifie pas nécessairement le tuer, loin de là. Je te formerai, et tu verras par toi-même que bien de tes petites camarades apprécient de sentir mes crocs en eux tandis que je leur fais l’amour... Le sang excite notre libido, Akira. Mais ce n’est qu’un détail...

Géniale... Parce qu'en plus, boire le sang d'autrui excitait sexuellement les vampires. Elle était donc condamnée à boire un liquide qui agirait comme un aphrodisiaque. C'était bien sa veine, sans mauvais jeu de mots... Une minute là... Ses petites camarades ? Elle n'était donc pas la seule lycéenne présente dans ce manoir ?

- Quant à tes parents... S’ils pensent que leur fille est un monstre simplement parce qu’elle est différente... Alors, ils ne savent rien aux monstres. Tout comme toi. Je ne suis pas un monstre, Akira, et je... Je suis tellement désolée, tellement...

Le corps de la vampire était parcouru de tremblements, tout comme sa voix. C'est seulement à cet instant que Akira voyait à quel point elle s'en voulait. Sa colère et sa haine diminuèrent nettement. Mélinda puait l'alcool au moment du viol. Et généralement ceci est synonyme d'une terrible peine. Mais même si elle la haïssait moins, elle ne lui pardonnerais pas facilement, en un claquement de doigts. Ce sera long et difficile pour qu'elle lui pardonne un jour. Elle lui prit les mains et continua, pratiquement au bord des larmes.

- Crois-moi, je comprends ta colère et ta frustration, mais... Avec le temps, tu finiras par comprendre la chance que tu as. Bien des lycéennes qui vivent dans ce manoir t’envient, tu sais... Kaori rêverait d’être à ta place...

- Les parents de ma mère ont été vidés de leurs sang par des vampires quand elle n'était âgée que de 8 ans, sous ses yeux, riant en entendant les supplications. Pendant ce temps, des démons violaient ses amies avant de les égorger. Elle a faillit être égorgée à son tour après son viol, mais mes grand parents paternels sont intervenu à temps... J'ai pratiquement subit la même chose qu'elle dans cette cave... Comprend moi donc quand je dis considérer ces deux espèces comme des monstres...

Je me dégagea de son étreinte et me dirigea vers la porte, avant de l'entendre pratiquement supplier.

- Je t’en prie, Akira... Laisse-moi une chance de me racheter, et de te montrer... Tout ce que je peux t’offrir...

- Je ne suis pas rancunière, mais je risque de mettre du temps avant de te pardonner... beaucoup de temps... Ce n'est plus ce qui me manque... Vu dans quel état tu étais, je me doute que tu n'étais pas dans ton état normal... Mais rien ne peux pardonner ce que tu a fait en un claquement de doigt. Maintenant, tu m'excuseras, mais je vais allez voir la seule personne ici qui peut comprendre ce que je peux ressentir...

Akira ouvrit donc la porte et sortit hors de la chambre, dans une chemise blanche ressemblant beaucoup à celles que l'on peux trouver dans les hôpitaux, laissant là Mélinda.
Pendant ses péripéties dans le manoir, elle se rendit compte à quel point celui-ci était remplis de lycéennes, pratiquement toutes connues dans l'établissement... Bon, peut être deux où trois à la limite... En passant devant le salon, elle vit une Clara à fond sur un jeu vidéo, hurlant après son adversaire, une Shii qui travaillait à la bibliothèque et même Ayumi, la championne de natation du lycée, qui faisait justement ses entrainements dans une piscine de la cour centrale... En fait, elle avait même l'impression d'être dans une annexe du lycée, jusqu'à ce qu'elle trébuche contre une autre fille, à quatre pattes devant elle.

En y regardant de plus près, elle vit des oreilles de chats et une queue féline, de la même couleurs que sa chevelure. Si la jeune vampire connaissait bien les vampires et les démons, elle ignorait tout des hybrides, hormis dans les manga. Et elle trouvait ce cosplay de Maid Neko très réussie, même pour les lentilles...

- Heu... excuse moi... Peux-tu me dire où je peux trouver la chambre de Kaori, s'il te plaît ?

« Maintenant, tu m'excuseras, mais je vais allez voir la seule personne ici qui peut comprendre ce que je peux ressentir...[/b] »

Vaincue, Mélinda ne pouvait que se maudire, et maudire le destin. De toutes les candidates potentielles, il avait fallu qu’elle en choisisse une qui, non seulement connaissait les vampires, mais également les haïssait ! Elle avait tiré le gros lot. Mélinda la laissa partir, restant dans la pièce, seule. Elle s’assit lourdement sur le lit, comme si elle avait tout le poids du monde sur les épaules, et soupira à nouveau longuement. Akira était partie, et ça n’empêcha pas Mélinda de parler.

« Je... Je ne suis pas comme eux... »

Elle eut un nouveau soupir. Si Akira avait son caractère, ce serait difficile. Une transmutation vampirique n’amenait parfois pas forcément qu’à transmettre du sang. Le sang, après tout, était le véhicule de la vie, et il ne transportait pas que de l’oxygène. Akira semblait avoir reçu de Mélinda son caractère buté et têtu. C’était génial, tout simplement... Ça promettait de belles réunions de familles. Mélinda allait de Charybde en Scylla. Le problème Hitomi avait donné naissance à un autre problème, bien plus important.

*Je trouverais forcément une solution... Dans sa rancœur, elle finira bien par voir qu’elle n’est pas maléfique... Que ce n’est pas parce qu’elle est une chasseresse qu’elle est forcément cruelle et abjecte...*

Akira, quant à elle, explorait le manoir, et vit plusieurs lycéennes. Elle vit Clara, qui jouait avec Shii à un FPS, et, par une fenêtre, vit également Ayumi, qui faisait des brasses dans la piscine. Toutes faisaient comme si rien ne s’était pas passé, mais toutes savaient que leur Maîtresse avait craqué, qu’elle avait bu la moitié de sa cave à vins, et que Liana l’avait vu baignant dans son vomi, avec Akira à côté d’elle. Et toutes ne savaient pas comment aborder cette situation. De toutes, Kaori se sentait la plus responsable. C’était, après tout, elle qui avait parlé à Mélinda de cette dernière. Kaori aimait bien Akira. Et elle avait plusieurs fois réfléchi à la possibilité de l’inviter au manoir, soit à en faire l’une des protégées de Mélinda.

Elle ne s’était pas attendue à ce que leur Maîtresse pète les plombs, et viole Akira. Alors, évidemment, elle se sentait responsable, car elle tenait naturellement énormément à Akira. Elle savait que la pauvre souffrait de sa situation familiale, et elle pensait que l’inviter au manoir ne pourrait que l’aider à aller mieux. Si elle avait su... Alors, Kaori restait enfermée dans sa chambre, craignant et ayant en même temps envie de la revoir. Une situation bien paradoxale, et difficilement conciliable.

Akira finit par tomber sur Liana. Déboussolée, la neko ne reconnaissait plus sa Maîtresse. Elle était normalement un roc imperturbable, la femme sur qui tout le monde pouvait se reposer, et Liana la voyait partir en vrille. Elle espérait que sa dernière bêtise amènerait sa Maîtresse à reprendre du poil de la bête, car la jeune neko savait que cette dernière commençait à avoir, financièrement, des problèmes. Ses créanciers et ses fournisseurs commençaient à voir que Mélinda était à côté de la plaque. Toute perturbée, elle ne vit donc pas Akira approcher, et se la reçut dans les côtés.

« Hey ! protesta-t-elle. Non, mais y faut pas se... »

Elle se tut subitement en voyant la femme en chemise blanche longue, légère. Akira ! Liana écarquilla les yeux de surprise, et bondit en arrière, avant qu’Akira ne lui parle :

« Heu... excuse moi... Peux-tu me dire où je peux trouver la chambre de Kaori, s'il te plaît ? »

Bon... Au moins, elle avait l’air toujours en vie... Et visiblement pas trop secouée... Liana fronça les sourcils. C’était une Warren... Une nouvelle maîtresse ? Non, il était probable que sa seule et unique maîtresse resterait Mélinda. Se mordillant les lèvres, Liana reprit ses esprits. Elle voulait voir Kaori... Soit.

« Elle... Elle est dans sa chambre... Dans l’aile est... Je vais t’y conduire... »

Se retournant, Liana avança à quatre pattes, sa queue remuant à droite et à gauche. Elle marcha rapidement, jusqu’à atteindre une porte, et la désigna avec sa queue.

« C’est là... »

La chambre en question était assez similaire à celle dans laquelle Akira s’était réveillée, même si elle était différente, et aménagée selon les goûts de Kaori. Sur le placard, il y avait un grand poster d’un groupe que la jeune femme appréciait. Un groupe de rock indépendant finlandais qu’elle avait découverte avec un ex’ qui aimait jouer, Poets of the Fall. C’était sans doute le seul truc vraiment utile que cet ex’ lui avait donné. Il y avait aussi, dans plusieurs cadres sur un meuble. On voyait Kaori entre son père et sa mère, sa petite sœur devant elle, un grand sourire sur les lèvres à la sortie d’une visite à un zoo. On la voyait déguisée en Sailor Moon à l’occasion d’un cosplay qu’elle avait confectionné avec sa sœur, et on la voyait aussi, sur une autre, avec Akira. Kaori arborait un sourire radieux en faisant un clin d’œil, et Akira restait... Plutôt discrète.

Liana ouvrit donc lentement la porte. Kaori écoutait silencieusement de la musique, et les airs de musique jaillirent. C’était la troisième de leur second album (son album préféré), Carnival of Rust. Bien de ses amies n’aimaient pas POTF, car ils trouvaient que ça manquait de rythme... Les paroles de Maybe Tomorrow Is A Better Day se répandirent aux oreilles pointues de Liana :

When everything with meaning is shattered, broken, screaming
And I'm lost inside this darkness and I fear I won't survive

Kaori referma alors rapidement son ordinateur portable, mettant fin à la musique.

« Qu’est-ce qu’il y a ?! »

Elle parla sur un ton mauvais, et, émue, Liana bondit à nouveau en arrière, la portant s’ouvrant en grand sur Akira. En la voyant, Kaori changea du tout au tout. Elle regarda la femme en sentant ses lèvres trembler, et Liana dut pousser un peu Akira avec sa queue pour qu’elle rentre, avant de refermer la porte.

« A... Aki... Akira... » lâcha Kaori d’une voix faible.

Les yeux de Kaori s’embuèrent alors, et elle bondit vers elle, la serrant contre ses bras avant de se mettre à pleurer :

« Oh, Akira, Akira, je, je... Je suis... Je suis tellemnt désolée, tellement, tellement, tellement... »

Des sanglots vinrent stopper sa tirade, et elle continua à pleurer, sans pouvoir se contrôler.

Quelque part, voir cette cosplayeuse bondir en arrière, comme voir la normalité de cette demeure et de ses camarades de classes, lui fit un peu de bien... Savoir que, même enfermée dans le manoir et coupée du monde extérieur, elle pourrait encore voir des amies, l'aida à se sentir un peu mieux... Mais malgré tout, Akira sentait toujours cette boulle dans la gorge qui menaçait d'explosr à tout moment et de la faire fondre en larmes...

- Elle... Elle est dans sa chambre... Dans l’aile est... Je vais t’y conduire...

- Merci...

Elle suivit donc cette fille qui imitait vachement bien le comportement d'une Neko... Peut être un peu trop bien même, non ? N'empêche qu'elle se posa pas mal de questions en voyant sa queue bougée au rythme de la marche. La jeune vampire aurait pu penser que la queue bougeait au rythme des hanche depuis une agrafe sur sa culotte, si elle n'avait pas pointée du bout de la dite queue la porte. Bien, il semblerait que les hybrides humains/animaux existent également...

- C’est là...

Lorsque la... Neko... ouvrit la porte, Akira reconnue aussitôt qu'il ne pouvait que s'agir de la chambre de sa meilleure amie, comme le prouvait la photos d'elles par exemple. Kaori était occupée à écoutée une chanson au rythme lent, qui collait bien à ce que la jeune fille pouvait ressentir en ce moment. Mais ce fut le ton sur lequel elle lui parla qui la fit craquer pour de bon.

- Qu’est-ce qu’il y a ?! A... Aki... Akira...

Et voilà ce que ça donne, les déboires d'une vampire alcoolique... Deux lycéennes pleurant toutes deux dans les bras de l'autres, dont l'une n'est même plus humaine... Si Kaori s'en voulait de ce qui était arrivée à Akira, cette dernière pleurait en se disant que la situation aurait pu être différente...

- Tu... *Snif* Tu p-pouvais pas... ce n'est... p-pas ta faute... Kao-chan... *Renifle* Ce n'est p-pas toi qui... Q-Qui m'a... V... Vio... et t-t-tuée... Pas t-toi...

Ça aussi, elle en voulait à Mélinda... Sa virginité, elle l'avait perdue dans la terreur et la douleur... Comme première fois, on fait bien mieux... Et par tuer, elle sous entendait qu'elle n'était plus humaine. Connaissant la nature de la Maîtresse de maison, il n'était pas difficile de deviner ce qu'était devenue la lycéenne. Elle pleura encore un moment contre Kaori, la seule personne en dehors de sa tente – la seule personne au monde désormais – à qui elle se confiait. Son amie était, par exemple, la seule avec sa tante, à connaître la raison pour laquelle elle avait fuguée... Et elle était la seule à pouvoir comprendre pourquoi Akira serrait terrifiée à l'idée de sortir du manoir, prenant ainsi le risque de croiser sa famille...

A l'âge de 12 ans, Akira avait assistée impuissante à la possession démoniaque de sa sœur cadette, âgée alors de 6 ans. Lorsque ses parents le découvrirent et constatèrent qu'il était impossible de purifier leurs fille, ces derniers l'ont embroché sans remords, considérant qu'elle était déjà morte. Akira ne voulant plus d'une vie ou on mourrait soit par des créatures, soit par sa famille, avait fuis l'école de Kendô pour trouver refuge à Seikusu. Mais si sa tante ne pratiquait pas le Kendô, elle avait la même mentalité. La seule raison pour laquelle elle vivait avec elle, c'était le fait qu'elle vivait une vie normale... Dû moins, avant de tomber sur Mélinda. A présent, la voir de nouveau, même par hasard, signerait son arrêt de mort. Même si sa tante ne la tuerait pas directement, elle ne manquerait pas d'en informer les dirigeant de Shinmeï, qui la verraient alors comme une menace à exterminer et rappliqueraient aussitôt en ville.

En y repensant, Kaori avait tout de suite crue Akira. Sans doute était t-elle déjà au manoir au moment où elle lui avait racontée son plus lourd secret... ou alors croyait-elle déjà à l'existence de créatures non humaine... Dans tout les cas, elle avait toujours été là pour lui remonter le moral et l'aider à allez mieux... Même si là, elles semblaient toutes deux dans le même état émotionnel... Après avoir versée toutes les larmes de son corps durant dix bonnes minutes, Akira se recula un peu. Son teint était un peu plus pâle et ses crocs étaient toujours sortit, tout comme ses griffes.

- Autant le dire tout de suite... même si ça doit se voir un peu... Je suis plus humaine, mais... mais une... V-Vampire... Par contre... Excuse moi, mais... Je sais pas comment rétracter... t-tout ça...

Même si elle se nommait à présent Akira Warren, elle restait toujours la même petite Akira timide et mal à l'aise devant certaines choses... sauf peut être devant sa nouvelle mère...