Rituel Nocturne [ PV : Snow Burton ]

Cramponné à la tasse mauvais café brûlant que lui avait servie Yamazaki, Nigel Barclay tentait désespérément de se concentrer sur ce que ce dernier lui disait pour ne pas céder au sommeil.

Le sergent Yamazaki était l'un des rares amis que Nigel se soit fait depuis son arrivée à Seikusu ; jeune et vif d'esprit, il faisait preuve de beaucoup d'humour pour survivre au sein de la Police Criminelle. L'analyste avait autrefois collaboré avec lui pour un profiling sortant des sentiers battus, avec succès ; Yamazaki avait bénéficié d'une promotion, et Nigel d'une réputation flatteuse au sein de la Criminelle, où il avait à présent ses entrées. Seul le psychologue attitré de la brigade lui vouait une rancoeur et une jalousie tenaces, ce qui n'avait guère surpris Nigel, habitué à susciter ce genre de sentiment autour de lui.

Nigel aurait envoyé au diable n'importe quel olibrius qui aurait osé le tirer du lit à trois heures du matin sans motif sérieux, mais Yamazaki lui était sympathique, et il semblait avoir un besoin urgent de ses services en tant que psy. Nigel avait donc traversé Seikusu pour venir écouter le récit du sergent au poste de police, devant un café franchement dégueulasse. Ce qu'il fit remarquer.

«  - Votre café, il est dégueulasse à dessein ? C'est pour mieux vous réveiller, ou c'est une manière de forcer les suspects à parler ?
- C'est le seul moyen qu'on a trouvé pour que les gars des Moeurs cessent de venir nous en piquer en permanence. Bon, j'admets qu'il est vraiment mauvais, mais de toute façon, te connaissant, seul un verre d'alcool aurait eu grâce à tes yeux, pas vrai ? »

Touché.

«  - Bon, et ton affaire, alors ? Tu me disais qu'une nana s'était faite serrer il y a une heure sur les lieux de ce meurtre dont les journaux ne cessent de parler ? Cet homme qu'on retrouvé quasiment étalé dans tous les coins de son séjour hier soir ?
Exactement. Et comme on n'a pour l'instant ni piste, ni suspect, ni mobile, tu imagines à quel point on est intéressés d'avoir coincé ce joli p'tit lot dans l'appartement de la victime tout à l'heure. Maintenant, il faudrait qu'on sache exactement ce qu'elle est venue y faire, et c'est pour ça que tu es ici.
Au risque de te paraître idiot, je ne saisis pas vraiment mon rôle là-dedans ? Tu penses que mon boulot de psy me rend apte à mener un interrogatoire ?
Quand on a pincé la fille, elle était en train de psalmodier à côté d'un cercle tracé à la craie, et elle avait placé divers objets ayant appartenu à la victime près d'elle. Elle a piqué une crise terrible quand mes collègues l'ont forcée à sortir de l'appartement, elle disait qu'il fallait qu'on la laisse finir, que c'était dangereux, puis elle a traité Yamato de crétin ignorant avant de lui coller un coup de pied dans la rotule suivi d'un autre dans les parties.
Si je te suis bien, cette fille était en train de simuler un rituel magique ? C'est du délire, là.
Précisément, d'où ta présence parmi nous ce soir.
Vous n'aviez pas un autre psy sous la main pour discuter avec notre fan d'occultisme ?
Si, mais il se trouve qu'aucun n'avait l'avantage d'être un gaijin comme toi, sans vouloir te vexer. On s'est dit que ce serait un plus si elle voyait une sorte de compatriote. C'est un raisonnement stupide, je te l'accorde, mais honnêtement, je préférais que ce soit toi qui la voies. Elle a l'air maligne et vicieuse, la petite sorcière. 
Vous avez vérifié son identité ? Elle a donné une raison à sa présence ici ?
Snow Burton, 23 ans, journaliste. Elle dit qu'elle était là pour son boulot, et elle a refusé de nous expliquer son cirque à l'appartement.
Pas de lien avec la victime ?
Pas que l'on sache. Maintenant, si tu pouvais nous dire à quel point cette nana est folle ou pas, ça pourrait nous aider à décider si on la boucle pour de bon ou si on l'expédie à l'asile dans lequel tu bosses. »

Nigel regarda par la petite vitre dans la porte de la salle d'interrogatoire, et observa Snow Burton. Sacrément bien roulée, décida-t-il. Elle et lui auraient du se trouver au fond du même lit à cette heure, dans un monde parfait, et pas au poste de police pour une confrontation. La fille tourna la tête vers lui à ce moment, et Nigel eut l'impression fugitive qu'elle le voyait, ce qui était impossible.  Il remarque qu'elle avait une forte rougeur qui allait de la joue gauche à l'arcade.

«  - D'où lui vient ce coup à la tête ?
Le coéquipier de Yamato a réagi un peu vivement à l'agression de son collègue, il en a pris pour son grade, mais il paraît que cette fille est une vraie furie. « 

Nigel soupira.

«  - Ok, j'y vais, tu es le seul à suivre ça, on est d'accord ?
Tout le monde est au lit, sauf nous, mon vieux. Elle est à toi.
Si seulement … « 

Nigel entra, son café toujours à la main, ferma la porte derrière lui et s'assit posément. La fille n'esquissa pas un mouvement, se contentant de le suivre des yeux avec une intensité perturbante.

«  - Bonsoir, Mlle Burton, je me présente, Nigel Barclay. Je suis analyste, et je ne travaille pas pour la Police de Seikusu. Je viens simplement entendre ce que vous voudrez bien me dire sur ce qui s'est passé ce soir, si vous le désirez. « 

Nigel baîlla, puis regarda la fille …

«  - Café ? Mais je vous avertis, il est infect. »

J'aurai du me douter qu'en mettant les pieds dans cette ville de demeurés, que je ne tomberai que sur des balourds à l'allure franchement douteuse et à l'esprit étriqué.
Déjà qu'un journaliste en temps normal peine à pouvoir faire son boulot convenable, il l'est d'autant plus dans cette cité qui n'abrite en son sein que des flics ignares dépourvus de toute évidence de matière grise.

Ce soir, j'ai eu la charmante petite idée d'aller faire un tour dans l'appartement de ce pauvre garçon ayant subit de toute évidence, le courroux d'un désaxé. J'avais pour intention, par quelques rituels bien trouvés, de pouvoir m'afficher de la scène dans son intégralité et ainsi, pouvoir mettre la main sur le taré qui officiait derrière tout cela. Aucunement dans le but de le livrer à la police, il ne manquerait plus que je fasse leur boulot alors que les frasques des ces déséquilibrés font mon gagne pain, mais tout simplement afin d'avoir dans l'optique par la suite, de me rendre chez lui et d'obtenir quelques informations juteuses que je pourrai publier dans le journal local.
Mon petit bardât en main, j'ai donc filé entre les hauts bâtiments de la ville et je me suis insinuée ni vue ni connu dans le sinistre appartement.
A peine avais-je mis les pieds à l'intérieur, que cette affreuse odeur me prit directement à la gorge. Prenant une forte inspiration en fermant les yeux,  je cherche d'abord une éventuelle présence avant de m'atteler à la tâche.
Sur le sol, je dessine scrupuleusement le cercle de protection, dans lequel je rajoute quelques glyphes spécifiques à ma recherche et je dispose soigneusement des effets personnels de la personne sur les bords. Brosse à cheveux, vieux pantalons et chemisette, serviront aisément à créer le lien. Je suis donc prête à faire ma petite affaire et m'assied sur le sol en m'apprêtant à psalmodier mes quelques sortilèges, qui feront apparaître dés lors, les énergies nécessaires à mon bon vouloir. Le silence est de mise et je ne dois en aucun cas briser le cercle sacré avant que tout cela ne soit terminé, sous peine de libérer des forces néfastes à même les murs de cette sinistre bâtisse.

Mais voilà, parce qu'il y a toujours un mais, à peine prononçais-je mes mots que la porte s'ouvre à toute volée et entre toute une flopée de petits gendarmes. Et malheureusement, pas les insectes. Je jure alors qu'ils semblent éberlués de me trouver là. Et il y a de quoi...

- Merde ! Qu'est-ce que vous faîtes-là vous ?

Je me relève d'une traite, prête à tenter de me faufiler entre les mailles du filet, quand l'un d'eux m'attrape vigoureusement par le bras.

- Lâche-moi espèce de benêt ! Tu ne sais pas ce que tu fais ! Laisse-moi terminer !

Il me sort expressément du cercle et je pousse un nouveau juron avant de lui coller un bon coup de pied dans la rotule.

- Espèce de garce ! Putain, elle m'a fait mal !

Et avant même qu'il  ne reprenne ses esprits, c'est un nouveau coup qu'il reçoit en plein dans les joyeuses. La chose faite, il me lâche dans l'immédiat. Mais c'est sans compter sur son ami fidèle qui dés lors, se voit obligé de lui porter assistance et me frappe tellement fort au visage que j'en perds connaissance. Foutu macho de m****.

Et voilà comment je me retrouve à errer entre les quatre murs de ce foutu commissariat, alors qu'ils s'animent tous derrière leur glace sans teint, pensant que je n'ai en aucun cas repéré leur présence. Tout bon cinéphile qui se respecte et qui aura vu suffisamment de films policiers, sait qu'ils sont en train de boire leur café tranquillement en déblatérant sur mon cas. Ou sur celui qui a la plus grosse... Au choix.
Sauf que moi, je peux en plus les voir. C'est l'avantage.
Une nouvelle personne vient d'ailleurs de faire son entrée et je plisse un instant le regard alors qu'il pose le sien dans ma direction. Je pousse un soupir d'agacement en posant mes doigts sur ma joue douloureuse.
Le con, il m'a pas loupé... Mais qu'il ne s'inquiète pas, je ne le louperai pas par la suite moi non plus.

La porte s'ouvre enfin et entre le dernier arrivé dans les rangs des toutes ces raclures. Il se présente et je lève les yeux au ciel.

- Un psy... C'est bien ma vaine. Voilà à présent que ces crétins me prennent pour une folle....

Il baille, me propose un café et je tends juste la main pour m'en saisir, ne lui accordant pas un mot.

Je pose la tasse prés de mon nez et fait la grimace. De la lavasse ! Il n'aura pas menti. Seulement, j'ai quelques tours en main qui changeront bien rapidement cette ignominie en quelque chose de potable. La tasse bien au chaud entre mes mains, je ferme un instant les yeux. Quelques bulles se forment à la surface et immédiatement, je replonge mon regard dans celui de Barclay avant de porter la tasse à mes lèvres.

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Ce café est un délice.

Et je ponctue ma phrase par un léger sourire sournois au coin de mes lèvres.
Je prends le temps de l'analyser, sans dire un mot et je tire ma chaise légèrement vers l'arrière avant de croiser mes jambes dans un mouvement gracile.

- Alors qu'est-ce qu'il va se passer à présent ? On vous a tiré de vos rêves pour venir m'interroger et vérifier si je suis saine d'esprit ? Epargnez-vous cette peine, je suis aussi limpide que de l'eau de roche. Mais de toute évidence, les flics n'ont rien de mieux à faire que de malmener les jeunes femmes. Quelques fantasmes inassouvis certainement...

La fille était sur la défensive, ce qui ne surprit pas Nigel outre mesure. Elle avait beau avoir sa carte de journaliste, sa situation restait mauvaise, et le coup qu'elle avait reçu au visage ne semblait pas lui avoir donné envie de coopérer. Nigel ne pouvait l'en blâmer.

Snow Burton jouait la carte du défi, jusqu'à croiser ses jambes dans une tentative inconsciente de mimer Sharon Stone dans Basic Instinct. Portait-elle une culotte ? se demanda Nigel, légèrement amusé.

L'analyste se leva et sortit un instant, revenant avec une poche contenant des glaçons, qu'il tendit à la journaliste. « Tenez », dit-il, et il se rassit flegmatiquement.

Il attendit que la fille se détende un peu, la regardant avec bienveillance. S'il fallait qu'elle passe ses nerfs sur lui pour se venger du coup que lui avaient administré les policiers, qu'il en soit ainsi. Il se sentait prêt à supporter un accès de mauvaise humeur, et se consolerait des paroles acerbes en profitant de la vue superbe que la journaliste lui offrait.

De toute évidence, celui-là ne semble pas aussi stupide que toute la flopée qui trainent encore dans les couloirs, épiant mes moindres faits et gestes et, certainement, un petit dérapage de ma part. Ce ne serait que leur accorder trop d'importance de jouer les furies en cassant tout se qui se trouve dans cette pièce, au demeurant bien vide. Je préfère donc me concentrer sur l'homme qui se trouve face à moi et qui vient de quitter la pièce sous mes yeux, alors que je hausse un sourcil de surprise.
Il revient finalement, quelques secondes plus tard, une poche de glace entre les doigts, qu'il me tend obligeamment.

- Trop aimable...

Furent mes seuls mots avant que je pose la glace salvatrice sur ma joue bien amochée. Je fais la grimace sous le contact froid sur ma peau et ferme un instant les yeux, poussant un soupir d'aise. C'est que ça fait fichtrement du bien...
Je laisse une goutte d'eau glisser le long de ma joue avant que je ne la récolte du bout de mon doigt et je pose délicatement la poche sur la bureau avant de relever le regard vers le psy.

- Bien. Et maintenant ? Je suppose que le protocole veut que vous me posiez tout un tas de questions, je me trompe ?

Ses questions, je suis prête à les entendre. De plus, la vue est loin d'être désagréable, ce qui me pousserait presque à me montrer plus coopérative. Encore faut-il que ses questions ne me mettent pas dans l'embarras et ne tente pas à briser ma couverture. Tous les imbéciles environnants seraient bien trop heureux de m'entendre crier haut et fort ma condition et me faire passer de ce fait, le restant de ma vie dans une pièce capitonnée.

L'atmosphère semblant être plus propice à un dialogue, Nigel détourna son attention des courbes de la journaliste pour plonger ses yeux dans les siens.

«  - Je ne ferai pas injure à votre intelligence en vous expliquant pourquoi vous êtes ici, Mlle Burton. Je suis ici à titre officieux, je ne ferai que donner un avis consultatif. La bonne nouvelle, pour vous, c'est que je ne suis pas de la Police, donc je n'ai pas vraiment à vous poser des questions, vous juger … Je suis là uniquement pour écouter ce que vous voudrez bien me dire, et me faire un avis sur ce qui s'est passé ce soir pour vous. « 

Nigel fit une pause, puis reprit, sur un ton légèrement ironique qui semblait être davantage le sien au naturel :

«  - De toute façon, je suis sans doute votre meilleure carte à jouer pour sortir d'ici avant qu'un policier trop zélé ne décide de vous garder au frais quelques jours, dans le doute. Par ailleurs, il est trois heures du matin, et nous sommes plus ou moins contraints, vous et moi, de faire ce qu'on attend de nous afin de rentrer chez nous pour aller au lit le plus vite possible, qu'en dites-vous ? »

Je l'écoute patiemment dans sa première tirade et je fronce quelque peu les sourcils. Bien qu'il ne soit pas de la police, tout ce que je dirai aura un impact significatif sur le déroulement de la soirée et plus précisément sur le fait de me voir par la suite incarcérée ou pas.

- Ce qu'il s'est passé ce soir ? Je ne vois pas vraiment ce qu'il y aurait à raconter... Après tout, j'ai été prise en flagrant délit de... Comment ils disent déjà ? Sorcellerie, c'est ça ?

Je me penche légèrement sur la table, croisant les bras sous ma poitrine alors que mon regard sonde le sien, le tout agrémenté d'un sourire narquois.

- Mais nous savons vous et moi que les sorcières ça n'existe pas Mr Barclay. N'est-ce pas ?

Et je reprends ma place au fond de mon siège, au demeurant fort inconfortable pour mes frêles petites vertèbres et je reprends une gorgée de café tout en écoutant ses nouvelles paroles.
Mon regard se détache du liquide noir qui oscille docilement au fond de mon verre et je pose de nouveau le regard sur mon vis à vis. Ses mots me poussent à vouloir me montrer sarcastique et je saisis la balle au bond.

- Aller au lit le plus vite possible ? C'est une proposition ? - je souris - Mais soit. Vous êtes donc cette clé vers la liberté, alors je vais me montrer coopérative. Après tout, c'est ce que tout le monde veut ici. Si je me trouvais sur les lieux de ce crime, ce n'était juste que pour relever des indices qui me permettraient de dresser un portrait type de l'assassin. Vous voyez, pour mon prochain article. Et puis, le cercle et tout le tintouin autour de moi... ils étaient là avant mon arrivée. Etrange n'est-ce pas ?

Cette fille risquait davantage de lui faire passer la nuit ici qu'au lit, que ce soit seul ou avec elle, comprit Nigel. Visiblement, elle n'était pas du genre à se rendre sans résistance, au moins pour la forme. Par ailleurs, elle semblait sérieusement suggérer qu'elle pouvait pratiquer la sorcellerie. Ce genre de patients était une plaie : intelligents, dotés d'une forte personnalité, ils avaient en général réponse à tout, et il était souvent difficile de les amener à se rendre compte du caractère illusoire des pouvoirs ou malédictions dont ils se paraient.

La journaliste cherchait clairement la confrontation, le provoquant, attendant qu'il mette en doute l'existence du surnaturel. Débattre de la théorie avec elle n'avait aucun intérêt, étudier la manière dont elle concevait la sorcellerie, en revanche, pouvait lui donner des indices pour l'aider.

Nigel dévisagea la jeune femme. Il allait miser sur son intelligence et lui donner une chance de s'en tirer à bon compte …

«  - Bon, écoutez, Mlle Burton, n'étant pas policier, voilà mon conseil : vous êtes journaliste, vous avez peut-être accès à des informations ou des sources dignes d'intérêt pour la Crim'. Négociez vos tuyaux contre une remise en liberté rapide et tout le monde sera gagnant.
  Par ailleurs, je serais curieux de vous voir réaliser un de vos rituels … Serait-il possible que vous puissiez le faire ici ? «

Et bien, j'ai comme l'impression que je suis tombée sur aussi têtu que moi. Voir peut-être même plus. Mais n'est-ce pas dans les gênes de tout psychiatre, psychologue et autres charlatans ? Je pense malheureusement.
J'écoute ses paroles et pour dire vrai, elles ne me plaisent pas vraiment. Ce n'est ni plus ni moins que du chantage ou je m'appelle plus Snow Burton. Aussi, je fais une légère moue agacée alors que je glisse mes mains dans les poches de ma veste pour en tirer mon étui à cigarettes et porter l'une de celles-ci à mes lèvres. Je prends une profonde inspiration avant d'inhaler la fumée et laisse ma langue caresser mes canines alors que je me donne l'air de réfléchir.

- J'avoue que je ne vous suis pas, Mr Barclay. N'êtes-vous pas ici pour tenter de savoir si je suis bonne pour votre précieux asile ou pas ? Si je vous informais être effectivement une de ces demoiselles capables de manipuler les forces de l'ombre, cela causerait ma perte non ? Même si vous êtes curieux de me voir officier, il semblerait que vos petits amis derrière ce miroir, espèrent que justement, je ne sois pas une de ces envoyées de satan. Vous me mettez dans une situation bien inconfortable...

Etrangement, je me sens comme piégée et la cigarette entre les lèvres, je me relève doucement pour contourner le bureau et m'afficher dans son dos. Je reste un instant ainsi, le regard flanqué dans le miroir auquel je fais face, avant de faire un petit clin d'oeil aux mirettes qui doivent certainement être en train de profiter du spectacle.
Je pose donc une main sur l'épaule de Barclay et me penche jusqu'à son oreille.

- Il est hors de question que je fasse quoi que ce soit ici. Si vous êtes convaincu de ce que je suis, pourquoi devrai-je en faire la démonstration devant tout ce petit monde qui ne jure que par mon incarcération ? Ca serait signer mon arrêt de mort...

Décidément, il était dit que le discours de la fille resterait classique … Déni de la réalité, complexe de persécution … Nigel songea un instant à lui rappeler que l'on ne condamnait plus personne pour sorcellerie depuis quelques siècles, mais préféra s'abandonner à la contemplation de Snow Burton évoluant avec une grâce féline dans la pièce. Son discours est banal, elle moins, mais elle ne s'en rend pas compte, se dit l'analyste. Ce qui est intéressant chez elle, c'est cette énergie et ce côté félin, indompté, même s'il s'agit probablement d'un style qu'elle se donne … Le personnage est attirant.

Il s'approcha de la fille, se pencha à son oreille et murmura : «  - Bon, écoutez, Burton, je ne recrute pas pour l'hôpital psychiatrique dans lequel je bosse, croyez-moi, on manque de place, et je ne vous le conseillerais de toute façon pas, le paysage est assez déprimant. Maintenant, soyons clairs, vous me plaisez bien en tant qu'individu, mais les flics derrière la vitre vous laisseront sortir uniquement si vous leur donnez un os à ronger ; donc soit vous leur donnez des renseignements utiles, soit vous finissez la nuit en cellule, et très probablement les prochaines 48 heures qui suivront. A moins que vous n'ayez un joker en poche, comme faire vraiment de la sorcellerie, je pense qu'en vous obstinant, vous allez droit dans le mur. De mon côté, je suis venu ici juste pour vos beaux yeux, mais je retournerai dormir seul dans mon lit sans aucun regret si vous ne m'aidez pas un peu à vous sortir de là. A présent, faites votre choix, dormez en cellule ici, chez vous ou chez moi, mais décidez-vous. »

Nigel plongea son regard dans celui de la jeune fille, et ajouta : «  Et oubliez cette histoire de sorcellerie, personne n'y croit ici, donc vous ne risquez pas grand chose. Vous n'aurez qu'à me faire une démonstration dehors. »

Saleté de flics ! Non mais vraiment, y'a pas idée de créer pareille profession. Mais après tout, faut bien que les simples d'esprit aient de quoi gagner leur vie. Aussi, je pousse un long soupir à l'entente des mots du psy. C'est qu'il va finir par devenir agaçant lui aussi avec ses sempiternelles demandes.
Je m'approche donc de la glace sans teint et donne un baiser du bout des doigts à l'attention des hommes se dissimulant derrière et je refais face à Barclay, les mains sur les hanches.

- Oh ! D'accord ! J'avoue ! Si j'étais sur les lieux du crime, c'est tout simplement parce que je souhaite apporter assistance à notre chère communauté policière ! Ce crime est bien trop affreux pour qu'il reste impuni ! Un peu d'aide n'est donc pas la bienvenue ? Tout le monde sait que les journalistes ont le chic pour trouver les indices qui auraient échappé à l'esprit vif des policiers.

Je me rapproche de la table et pose mes mains obligeamment sur la table, le regard rivé dans celui de l'homme qui me fait face.

- Dois-je donner une allure plus dramatique à mes aveux ? Factices les aveux, je le consens.

Je reste un instant le regard rivé dans le sien et fronce les sourcils. Je ne ferai pas la joie de pratiquer quoi que ce soit devant ses empafés et j'ai encore moins envie de passer la nuit entre les barreaux. Le choix est mince. Je pourrai peut-être prendre ce garçon en otage ? Brisant la tasse gentiment offerte afin de me servir des morceaux de porcelaine comme d'une arme potentiellement dangereuse contre la peau fine de sa carotide. Hum... Idée stupide compte tenu du fait que les autres auront rapidement le temps de se ramener et cette fois-ci, je ne donne pas cher de ma vie.
Je pousse un  soupir excédé et baisse un instant le regard, tapotant la table du bout de mes doigts.

- Je commence à être sérieusement agacée et vos précieux conseils me semblent tous plus confus les uns que les autres. Maintenant, parlez clairement ! Dîtes-moi comment me tirer d'ici, sans que je n'ai a dévoiler que je suis ce que je suis. Vous ne pouvez pas griffonné simplement sur un papier des mots dans le genre "Saine d'esprit. S'était perdue dans le noir et à vu de la lumière" ?

Je saute sur la table et croise les jambes avant de les laisser pendre dans le vide, avant de me pencher légèrement vers l'arrière et donner une pichenette sur le nez de Barclay.

- Et je ne dormirai pas chez vous... Ne vous accordez pas autant d'importance...

Visiblement, la fille avait décidé de ne rien lâcher, peut-être sure de son impunité en tant que journaliste, ou confiante en des appuis extérieurs. En tout cas, Nigel voyait mal comment elle éviterait de passer les prochaines heures en détention préventive. Coincée sur les lieux d'un crime atroce en plein rituel étrange, elle avait résisté aux forces de l'ordre et refusait de s'expliquer, aggravant son cas en considérant ouvertement ses interlocuteurs comme des idiots. Quelques heures de cellule et la présence d'un avocat calmaient parfois ce genre de fortes têtes …

Quoiqu'il en soit, il ne pouvait plus faire grand chose pour elle. Restait son verdict en tant que psychiatre … Il ne pensait pas réellement que Snow Burton croie elle-même qu'elle disposait de pouvoirs surnaturels, mais en s'accrochant à son histoire pour se défendre, elle ne lui avait donné aucune preuve du contraire non plus.

Nigel sortit de la pièce après un dernier petit salut à Snow Burton, et vint se placer face à Yamazaki.  Il expliqua que Snow Burton n'était pas folle, mais que sa personnalité excessive la conduisait peut-être à se persuader elle-même qu'elle disposait de dons occultes. Certaines personnes avaient besoin de se persuader qu'elles étaient extraordinaires pour donner le meilleur d'eux-mêmes, il n'y avait pas de quoi faire enfermer cette fille. Yamazaki et lui convinrent toutefois que la Criminelle n'aurait pas d'autre choix que de garder Burton en détention pour le moment. Ce fut le moment que Nigel choisit pour proposer un coup de poker à Yamazaki.

Son projet était de laisser sortir Snow Burton pour la laisser agir à sa guise. La jeune femme était suffisamment sure de sa supériorité pour ne pas faire grand cas d'éventuelles ruses de la part de Yamazaki ou de Nigel. En lui confisquant sa carte de presse, le sésame journalistique par excellence, et dur à obtenir, on s'assurerait d'un éventuel moyen de pression sur elle. Il conviendrait de lui demander de passer consulter un psychiatre pour reprendre son travail, quelques séances de routine devraient suffire. Et un ou deux mouchards assortis d'une ligne sur écoute pourraient peut-être mener la Criminelle à des informations que la journaliste refusait obstinément de donner.

Yamazaki était tenté mais circonspect, mesurant les risques de laisser sortir Snow Burton vu les circonstances. Nigel avait des doutes également, mais sentait que la jeune femme pourrait être assez entêtée pour faire perdre son temps à la Police Criminelle, uniquement par orgueil. Elle semblait d'ailleurs avoir de sérieux problèmes avec l'autorité et les forces de l'ordre.

Yamazaki donna finalement son accord, à condition que Nigel s'implique officiellement dans le processus. L'analyste repassa dans la salle d'interrogatoire et vint expliquer à Burton les conditions de sa sortie : interdiction d'écrire quoique ce soit sur les événements liés au meurtre, carte de presse confisquée en attendant un éclaircissement pour cette nuit, et obligation de voir un psychiatre pour reprendre le travail.

Nous sommes dans une drôle de situation. Je n'obtempère pas et je n'obtiens pas non plus ce que je désire, à savoir, la liberté. Nous finirons l'un et l'autre par sentir la fatigue nous étreindre et bientôt, c'est la colère qui prendra le dessus. Lui, serait susceptible de me faire passer la nuit ici, rien que pour me punir de mon impertinence avant de partir comme si rien ne s'était passé, déclarant mon cas comme étant perdu et moi je serai susceptible d'utiliser la sorcellerie à mauvais escient. Très mauvais escient... Ce qui ne serait pas pour arranger mon cas et me vaudrait de nombreuses nuits au frais.
Néanmoins, j'ai presque envie de faire étalage de mon savoir faire devant leurs yeux ahuris. Ils en resteraient certainement bouche bée et conviendraient de l'utilité que je peux leur apporter. Il n'a finalement peut-être pas tord ce charmant psy de pacotille...
Je croise les doigts sur mes jambes en réfléchissant, jetant par instant quelques regards vers le miroir sans teint, refoulant la furieuse envie qui me prend de le faire sauter en mille éclats. Je pousse un long soupir et m'apprête finalement à sortir quelques mots de ma bouche, qui m'aideront finalement à ficher le camp d'ici. Mais déjà, Barclay me salue de quelques politesse et j'en fais de même, reléguant au placard, mes idées de coopération, bien que je me sente tout à coup perdu. Il ne m'a fait part aucunement de sa délibération et à présent, ils sont en train de débattre de mon cas sans que je puisse me défendre. Mouais... J'ai peut-être joué les fortes têtes devant les mauvaises personnes. L'heure tardive ne m'a pas aidé à analyser la situation avec plus de mesure.

Je patiente donc dans la salle quelques instants, faisant les cents pas, regardant par les barreaux ce qu'il peut bien se passer au dehors, jouant du bout de mes pieds avec un morceau de gomme qui traine par là et finalement, il revient. La mine grave mais néanmoins semblant avoir en tête quelques idées qui devraient contenter tout le monde. Je prends une profonde inspiration, quelque peu nerveuse mais tout de même calme.
Je le laisse donc reprendre sa place près du bureau pendant qu'il m'énumère ses possibilités et je garde la bouche ouverte comme un poisson qui manquerait d'air.
Oublier l'existence même du meurtre de hier soir ? Je fais une légère moue, mais j'acquiesce. Après tout, dans cette ville miteuse, ce n'est pas les assassinats qui manquent. Mais ce qui me plait moins c'est d' avoir à remettre ma carte de presse et devoir suivre de maudites séances de psychiatrie.
Je m'assieds sur la chaise en plantant mes coudes sur la table, la tête enveloppée par mes mains et je pousse un soupir.
Après tout, ma carte ne m'a jamais vraiment été d'une grande utilité. Je n'avais qu'à me trouver un autre moyen d'entrer sur les scènes de crimes, mais effectivement, ça sera tout de même contraignant.
Je relève alors la tête vers lui.

- Ces séances, seront-elles avec vous ?....Je n'accepterai que si c'est le cas.

Décidément, cette fille ne devait pas avoir souvent l'habitude qu'on lui tienne tête, se dit Nigel. En dépit de la situation, voilà qu'elle se permet d'avoir des exigences … Bah, après tout, il y avait bien une chance sur deux pour qu'elle le désigne comme psy, les gens sont souvent plus à l'aise en continuant à voir la même personne. N'empêche que Nigel fut traversé par le désir d'administrer une bonne fessée à cette journaliste un peu trop sure d'elle, avant de reconnaître avec une certaine lucidité et humour qu'il aurait probablement été aussi insupportable qu'elle dans sa situation. Le fantasme des fesses nues de Snow Burton revint à la charge un bref instant, puis l'analyste reprit son sérieux, un léger sourire aux lèvres.

«  - Entendu, Mlle Burton … Je ne peux pas vous recevoir à l'hôpital dans lequel je travaille, mais vous pouvez passer à mon domicile quand j'aurai fini ma journée, disons vers 19 heures 30 tout à l'heure ? Je vais prendre votre numéro de téléphone, afin de vous rappeler au cas où je serais contraint de rester plus longtemps que prévu sur mon lieu de travail. Voici mes coordonnées personnelles … »

Le Dr Barclay griffonna quelques mots sur un bout de papier, le tendit à la journaliste, qui put y lire son nom, son adresse et son numéro de téléphone, ainsi que l'heure du rendez-vous.

«  - Si vous ne pouvez rentrer par vos propres moyens chez vous, mon ami le sergent Yamazaki vous fera appeler un taxi. Rentrez, et tâchez de vous reposer un peu. »

A mes exigences, j'obtiens satisfaction. Et un rendez-vous pour le soir même qui plus est. Les séances donc, commencent bien rapidement. Je me retiens de soupirer une fois de plus, mais saisis le bout de papier qu'il me tend, admirant un instant la typographie de son écriture. Sèche, penchant légèrement vers la gauche. Une écriture de médecin en somme.
Je prends soin de lire l'adresse et souris en constatant qu'il vit dans les beaux quartiers. D'ailleurs, nos adresses respectives ne se trouvent pas loin l'une de l'autre. Je glisse le papier dans le fond de ma poche et je me relève de ma chaise, silencieusement, avant de remettre ma veste sur mes épaules.

- Bien. Je vois que vous ne perdez pas de temps. J'y serai.

Et je le salue brièvement d'un signe de la tête avant de passer la porte. Je reste un instant appuyée contre le chambranle avant de lui adresser un dernier regard, comme s'il s'agissait de la dernière fois que nous nous voyons. Je souris légèrement et m'engage dans le couloir.
Evidemment, je suis bien rapidement rattrapée par le chien de garde qu'il m'a semblé entendre être nommé Yamazaki et le stoppant dans ses paroles d'un seul geste de la main, je m'exprime à mon tour.

- Je peux me débrouiller seule pour rentrer.

Je peine à garder quelques réflexions plus cinglantes que je voudrai lui adresser, mais je garde la mesure et me contente juste de lui tourner le dos pour quitter ce lieux sordide que j'exècre tout particulièrement, pour rentrer de ce pas dans mon appartement, dans lequel je me prélasserai dans un bain bouillant avant d'entamer une courte nuit de sommeil.

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Les rayons du soleil dardent de leurs rayons, entre les stores de ma chambre et je cache expressément mon visage sous l'oreiller en râlant. Une envie irrépressible de passer la journée au lit me prend les tripes et je m'étire telle une chatte entre les draps et ouvrant les yeux. Je tourne la tête vers le réveil et m'assieds sur le matelas aussi rapidement que s'il avait été rempli de chardons ardents. 18H ?! Par Merlin, je crois bien qu'il s'agit de la plus longue grasse matinée que je n'ai jamais faîtes.
Je saute hors de mon lit et m'empresse de filer sous la douche.
L'eau glisse docilement le long de mon corps et je termine de me réveiller en plongeant un regard hagard dans le carrelage. Ma première séance avec un psy. Si un jour on m'avait dit ça, je crois bien que je ne l'aurai jamais cru. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à croire que je vais sagement obéir. Mais après tout, si je veux que les flics me fichent la paix, je vais bien être obligée de me montrer docile.
Inutile de décrire les sempiternelles même choses lors de la préparation d'une jeune femme avant de sortir, nous passerons ce couplet on ne peut plus ennuyeux.
Toujours est-il que je termine à l'heure, l'estomac dans les talons de n'avoir pu me restaurer de toute la journée et jette un oeil au dehors pour constater de la météo. De nuages sombres sont à l'approche, je ferais donc mieux de me munir d'un parapluie. Et comme si quelques dons de médium avaient eu raison de moi, voilà qu'à peine posé le pied dehors, le ciel laisse échapper une trombe d'eau.
Je m'empresse d'héler un taxi et l'informe de l'adresse pendant que je me recoiffe dans mon miroir de poche. Geste superficiel mais nécessaire tout du moins et j'arrive rapidement à destination. Je m'empresse de grimper les quelques marches qui me séparent du hall d'entrée et zieutant une dernière fois le petit bout de papier, je me dirige vers son appartement.
Devant la porte, je prends une profonde inspiration. Les psy ont toujours eu le don fâcheux de m'ennuyer au plus haut point et je me pose encore les mêmes questions, à savoir, qu'est-ce que je vais bien pouvoir avoir à lui dire.
C'est en haussant les épaules et en me disant qu'après tout que c'est son travail de faire parler les gens, que je frappe à sa porte.

Nigel poussa un soupir déconfit en entendant que l'on frappait à sa porte. Snow Burton était ponctuelle, ce qui signifiait qu'il n'aurait vraiment pas eu le moindre instant pour souffler dans cette fichue journée. Il inspira un bon coup, se recomposa un visage plus professionnel, tout en faisant le tour de son appartement du regard. Il n'avait pas eu le temps de faire trop de ménage, mais cela irait …

L'analyste ramassa néanmoins une pile de livres et revues diverses, dans lequel on trouvait pêle-même des ouvrages traitant de l'oeuvre de Freud, un programme de concerts de musique classique, la trilogie des Millenium et un roman de Murakami. Il posa le tout sur une étagère, et se résigna à aller ouvrir.

Snow Burton l'attendait sur le seuil, tenant avec grâce un parapluie. La jeune femme ne semblait guère à son aise, mais fidèle à elle-même, tentait d'afficher une certaine assurance. Il faudrait vraiment qu'il la mette en confiance pour qu'elle baisse des défenses, celle-là, sans quoi son travail promettait d'être difficile.

Il salua la journaliste, la fit entrer et lui offrit de s'asseoir sur le canapé, tandis qu'il s'adjugeait le fauteuil. Il proposa à la jeune femme un verre, et lui demanda si elle avait déjà mangé. Lui-même n'avait rien mangé de la journée, et il songeait à se faire livrer par un magasin de sushis.

Il s'assit ensuite, adressa un sourire chaleureux à la jeune femme, et entreprit de lui expliquer le principe de son travail ici. Il ne posait que rarement des questions, orientant ou recadrant son patient, ce dernier pouvant parler de ce qui venait à l'esprit. Snow n'était pas forcée de lui parler d'hier soir ni de sorcellerie, à elle d'aborder les sujets qui lui tenaient à coeur ou lui paraissaient pertinents. Nigel pressentait que ce genre d'approche déstabiliserait la jeune femme, visiblement adepte de la confrontation directe. Cette méthode la mettrait face à elle-même, elle ne se sentirait plus forcée de s'affirmer par rapport à lui, et son agressivité tournerait court. Nigel attendit de voir comment Snow allait réagir ...