Aujourd’hui était une journée comme les autres pour Lucie. Elle s’était levée à six heures, lavée, habillée d’un jean et d’un haut simple et protégée avec une veste rouge, comme une jeune femme qui partait au boulot en fait. Sept heures, notre rondouillette était déjà à la crèche, accueillant les premiers bouts-de-choux dans le bâtiment. Les enfants arrivaient petit à petit, et la journée se promettait d’être chargée. Il fallait s’occuper d’eux en permanence : changer les couches, faire des activités ludiques, leur donner à manger au midi, les laisser se reposer pendant la sieste, rechanger les couches, laver les enfants sales…Ce n’était qu’en fin d’après-midi, lorsque la sonnerie des écoles retentissait la fin de la journée, que Lucie avait terminé son travail. Elle était relayée par une de ses jeunes collègues qui s’occupait des bambins pour la soirée et la nuit.
Il est dix-sept heures et Lucie attrapa sa veste rouge, l’enfila, fit la bise à ses collègues, dit aussi au revoir aux enfants et sortit enfin de la crèche. Dehors, elle agrippa son vélo et l’enfourcha, prenant la direction du parc et de sa maison. Si elle avait chouchouté toute la journée ces petits monstres, en rentrant, elle devrait prendre soin de sa petite famille à poils…Ses chats, chiens, herbivores, toute cette belle ménagerie était ses enfants. Alors sur son vélo, elle pensa déjà à tout ce qu’elle devait faire en rentrant…
Mais quelque chose attira son attention. Une foule de gens, formant une masse importante, la força à poser pieds au sol et descendre de son vélo pour contourner tout ce monde. En pensant un regard au centre de la foule, elle vit trois jeunes hommes : deux bien jeunes adolescents, et un autre plus grand et plutôt bien fringué, comme un bourge en fait…Qui semblait donner des conseils, ou des indications à un des plus jeunes, le chétif. L’autre pré-pubère était un peu plus costaud. Une bagarre ? On dirait bien…Et personne qui réagit ! Non mais n’importe quoi !! Lucie balança son vélo par terre et bouscula quelques personnes pour arriver au centre de toute l’attention : les adolescents. Elle s’installa entre eux, portant ses mains comme pour les stopper. Il n’en restait que deux, et déjà, le plus costaud s’était pris une raclée par le plus chétif. Lucie ne supportait pas qu’on se prenne sur le coin de la gueule. Fronçant les sourcils, elle s’adressa au costaud, le nez en sang.
- Toi, tu mérites ce qui t’arrive. Et que je ne te reprenne pas à chercher des noises à plus petit que toi ! Rentres chez toi !
Chose qu’il fit, à toute allure d’ailleurs, ayant trop peur de se reprendre un coup de la part de l’autre pré-pubère. Parlons-en de lui aussi…
- Toi aussi, rentres chez toi ! Ce n’est pas avec tes poings que tu vas tout arranger !
Toujours en colère, elle s’adressa cette fois-ci à toute cette populasse qui n’avait rien fait pour arrêter cette bagarre. Pourtant, il y avait des adultes dans le lot…
- Et vous, vous tous ! Vous n’êtes que des inconscients ! Et des lâches aussi, ainsi que des cons. Vous n’êtes même pas capable de vous conduire en adultes…Le spectacle est fini !
Elle pouvait rentrer tranquille maintenant…Pourtant, elle savait qu’elle n’avait fini de rouspéter tout ce beau monde. Non, il y en avait un qui manquait à l’appel. L’autre adolescent, sûrement un lycéen, dans son beau costume bourgeois, allait en prendre pour son grade. Laissant toujours son vélo, ne se souciant même pas qu’on pouvait lui voler, elle courut un peu pour rattraper ce jeune homme. Arrivée à sa hauteur, elle lui agrippa le bras…Un petit bruit de déchirure s’entendit mais la rouquine ne fit pas attention.
- Et toi, jeune homme, je ne sais pas ce que tu as dit à ce garçon, mais tu aurais pu les arrêter ! Au lieu de rester là, à ne rien faire, les laisser se taper dessus…
Elle ne lâcha pas le jeune homme. Elle voulait une explication et lui faire la morale aussi. Non mais c’est à croire que les gens sont de plus en plus cons de nos jours…