La fuite éperdue et désespérée de Luna dura sensiblement moins longtemps qu’elle ne pensait. Force lui était d’admettre qu’elle n’était pas très familière avec la magie, et qu’elle pensait avoir tellement mordu cette mégère qu’elle pourrait trouver un moyen de s’enfuir, en grimpant à des rideaux pour atteindre une fenêtre, par exemple. Ou elle espérait encore que les hurlements de douleur de cette folle feraient venir des gardes, lui permettant de fuir.
C’est en plein dans son élan que quelque chose la fit s’écraser lourdement sur le sol, lui faisant pousser un cri de stupeur, alors qu’elle sentit ses membres être tirés dans des sens opposés. Quatre liens l’emprisonnèrent, l’empêchant totalement de bouger, et elle essaya de se libérer, grognant, remuant son corps, tirant aussi fort qu’elle pouvait, mais il n’y avait rien à faire.
« LÂCHEZ-MOI ! » s’exclama-t-elle, furieuse.
Elle continua à se débattre, mais la dame se rapprocha, sa blessure visiblement soignée, ce qui aurait encore pu étonner Luna, si elle ne sentait pas la panique s’emparer d’elle. Elle avait l’impression qu’un étau s’était resserré autour de ses membres, l’immobilisant totalement, malgré tous ses efforts. Elle vit la femme se poser à côté d’elle, et entretint, encore une fois, l’esprit fou qu’elle allait la libérer, mais, quand elle vit un couteau se matérialiser, une peur panique s’empara d’elle, alors que l’arme se rapprochait de son corps.
« N-Non, non !!! » glapit-elle, terrorisée à l’idée qu’on cherche à la planter.
Le couteau s’enfonça contre la robe qu’elle portait, frôlant délicatement sa peau sans l’entailler, et elle se retrouva nue, entreprenant à nouveau de se libérer, dandinant ainsi ses fesses sous le regard pervers de la femme noire. La femme lui annonça qu’elle allait être punie, et Luna reprit de plus belle.
« Je… Je veux partir !!! Laissez-moi PARTIR ! »
De telles supplications furent aussi efficaces que l’eau se brisant contre les rochers, et elle ne vit pas la femme matérialiser entre ses doigts un fouet. Ce même fouet évolua, mais, si elle n’entendit pas les lianes, elle entendit les sifflements d’animaux qu’elle connaissait plutôt bien, ayant après tout vécu dans la forêt. Des serpents ! Tournant la tête à droite et à gauche, elle ne vit aucun serpent, et se demanda si elle ne devenait pas folle.
« Au secours !!! rugit-elle alors. Au secours, aidez-moi !!! S’il-vous-plaît, au sec… »
La fin de sa phrase fut noyée par un hurlement de terreur et de douleur quand des trucs s’abattirent sur elle. Sept serpents, dont les claquements sur sa peau la firent rugir. La douleur explosa dans son corps, mais le pire était encore à venir. Chacun des serpents remua sur ce corps, trouvant visiblement cette fine peau fraîche de neko particulièrement exquise, et elle se fit mordre à chaque reprise. En sentant les crochets des serpents s’enfoncer en elle, Luna se tortilla à nouveau, se tortilla comme jamais, hurlant et rugissant, mais des ondes électriques parcoururent alors son corps, et ses cris devinrent plus saccadés, alors que les serpents, après chaque morsure, laissant des points rouges sur le corps de la neko, se déplaçaient ailleurs, la mordant à nouveau.
Le fouet se redressa, les serpents disparurent, arrachant de petits lambeaux de peau, mais il revint à nouveau, et, pendant ce laps de temps, Luna sentait son corps bouillir de l’intérieur. La douleur atteignit des seuils intolérables, devenant si forte qu’elle avait l’impression de devenir folle. On lui planta des crochets dans les fesses, dans le bas du dos, sur une cote, au milieu, près du cou, et la torture semblait ne jamais devoir cesser. Ses yeux se nimbèrent de larmes, alors que ses griffes raclaient contre le sol, qu’elle continuait à se tendre et à se battre, le fouet continuant à venir, s’abattant de plus en plus rapidement, ce qui, paradoxalement, diminuait les morsures multiples des serpents sur son corps.
« Aaaarr… Arrrê… AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH !!! » en hurla Luna.
Elle miaula de douleur, sa queue remuant dans tous les sens, hérissée et gonflée, les poils dehors, ayant au moins triplé d’épaisseur, mais le fouet continuait à s’abattre, insupportable torture, alors qu’elle continuait à pleurer.
« Pi… Pitié, aaaaaahhhh ! Pitié !!!! » sanglotait-elle.
Était-il seulement possible de souffrir autant ? Que s’était-il passé ? Tout son dos lui faisait mal, de la tête jusqu’au milieu des pieds. Allait-elle mourir ici ? Cette douleur lui semblait insupportable, si terrible qu’elle en aurait préféré mourir.
« Pour… Aaaaaaahh !!! »
Elle aurait bien aimé savoir ‘‘pourquoi’’ elle souffrait autant, ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter un tel châtiment. Certes, elle avait mordu cette femme, mais elle avait après tout été trimballée dans un état semi-léthargique, avait été attaquée, vendue… On pouvait aisément comprendre son traumatisme. L’évidence s’imposa d’elle-même ; cette femme n’était pas une « sauvage », oh non, mais clairement une démone.
« St… STOOOPPP !! Pitié !!! » répéta-t-elle encore.
Le fouet sembla s’arrêter pendant quelques secondes, et on entendit rien de plus que ses sanglots, mais ce n’était visiblement pas suffisant pour cette femme sans cœur, qui l’abattit à nouveau. Rien qu’à imaginer son dos après ses multiples morsures, elle vit un véritable champ rouge, parcouru de rivières pourpres et sanglantes. Elle réfléchit rapidement, et, entre deux coups de fouet, alors que tout son corps tremblait nerveusement à cause des spasmes électriques, elle parvint à dire.
« Je… Je ne recommencerai plus… Mais arrêtez ! C’est… C’est insupportable ! »
Elle avait l'impression d'hurler cette dernière phrase, mais, en réalité, elle se contentait de la soupirer, tant elle avait mal.