Descente dans l'entrepot 407 [pv Shinu]

02H47

Dans un entrepôt désaffecté servant de laboratoire clandestin en bordure de ville, Zeke, un petit dealer, courait pour sauver sa vie la peur au ventre.

« Mais c’est quoi ça ?! Y’a un monstre dans l’entrepôt, il a démembré Tony je l’ai vu… »

« Combien de fois on t’a dit de ne pas consommer la marchandise…T’a les pupilles dilatées et tu respires comme un obèse qui vient de finir le 100 mètres haies, combien t’en as pris Zeke ? Combien de pilules ? Rép… »

La tête de Zeke éclata comme un fruit trop aspergeant de sang la zone qui se trouvait autour de lui.
Tous ses complices l’air stupéfait restait immobile contemplant le corps de leur ami qui tombait en avant.
La scène irréaliste semblait se dérouler au ralenti et au moment où le corps toucha le sol une forme noire se distingua en arrière. Ne bougeant pas elle était semi accroupi derrière les restes fumants du trafiquant, un monstrueux sourire sur le visage et les muscles des jambes bandés au  maximum elle s’apprêtait à bondir.

«  Ti.ti..Tirez ! Allez prenez vos flingues et allumez moi cette saloperie ! »

Les trafiquants  empoignèrent leurs armes, trop tard, leurs vies se terminaient avant qu’ils n’aient même pu lâcher une rafale. La silhouette avait bondit d’homme en homme, dévorant, démembrant, déchirant, tuant. C’était une vraie boucherie, un carnage, l’œuvre de la sauvagerie de Venom.
Il avait toujours tenu à se distinguer de Carnage, un autre symbiote dément, mais ces derniers mois à se faire étudier par les scientifiques l’avaient rendu bien plus dément.
Désormais il ne voulait plus que se baigner dans un océan de sang, pouvoir éventrer et se battre jusqu’à en être rassasier.

Un bruit se fit entendre non loin, se fondant dans l’obscurité et remontant l’origine du bruit il aperçut une sorte de commando qui progressait dans le bâtiment. Voilà qui promettait d’être amusant.
Calmant ses pulsions meurtrières il utilisa ses dons de polymorphie pour se déguiser en un jeune inspecteur qu’il avait déjà aperçut dans la ville, un jeune homme de type asiatique plutôt petit portant le plus souvent un impair marron, un jean et une chemise. C’était terriblement kitch mais c’était un bon déguisement.

Le commando n’allait plus tarder, ils les entendaient défoncer les portes pour se rendre ici.
S’allongeant à côté d’une caisse il ferma les yeux et feinta l’inconscience.

Il était deux heures du matin, l’équipe tactique travaillant sous le nom de Bravo 3-4 s’était mis à couver  dès qu’ils avaient remarqués les vigiles. Un jeune homme portant un bandana noir s’approcha tranquillement de son chef, un homme aux cheveux noirs, courts, tenus dans les airs par du gel, puis se pencha vers celui-ci, occupé à vérifier  l’état de sa mitrailleuse automatique et de son pistolet, tous deux étaient équipés d’un silencieux; on était non loin d’une zone résidentielle, il fallait être discret et ne laisser personne derrière.

Caporal? Qu’est-ce qu’on fait? On a une couverture?

Oui, voici le plan, on attend qu’Echo 8, une unité de snipers, se mette en position et bute les vigiles. Ensuite, on suit le plan à la lettre; on nettoie le secteur, vite fait, bien fait.

Alors que les deux hommes parlaient entre eux, un autre commando, qui avait entendu les propos du chef, à quelques mètres d’eux, cachés derrière une benne à ordure lança un soupir de mécontentement, la tête levée vers le ciel.

Z’etes sérieux chef? Une unité de TDE pour nous couvrir? Mais c’est ridicule!!

Soudain, la radio qui était dans l’oreille de chacun des six commandos d’élite émit des interférences, signe que quelqu’un tentait de se connecter à leur réseau.

Ouais, on sait. Le premier plan d’Overview avait été de vous envoyer un détachement complet de tanks lourds, accompagnés de trois ou quatre hélicos de combat, mais les rues étaient trop étroites, ils ont dû se rabattre sur nous. Echo 8-5 au rapport, nous sommes prêt et attendons les ordres, Bravo 3-4.

Heureux d’entendre ta voix, Shunï. On commençait à croire que vous vous étiez perdu! Vos premières cibles sont les deux vigiles; Un sur la tour Nord,  l’autre sur la tour Est, près de l’entrée.

L’entrepôt en question flanquait une colline par le nord, dont le sommet était à peine plus haut qu’un bâtiment de deux étages, mais il donnait un angle de tir large sur l’entrepôt en question. Shoun, l’observateur de l’unité, était allongé au sol, dans sa tenue de camouflage, dans l’herbe haute. Il avait focalisé son attention sur la tour Nord, la paire de jumelles en main; pour un novice, il aurait été évident qu’il fallait abattre le vigile dans la tour Est pour permettre à Bravo 3-4 d’entrer sans être vu, mais le tir, malgré si l’arme était équipée d’un silencieux, pouvait très bien être vu par l’autre vigile, il fallait donc faire très attention et choisir ses cibles avec soin… Shunï, quant à elle, vérifiait le mouvement extérieur, dans la cours, histoire de donner la position des autres gardes au commando, qui n’attendait que leur feu vert pour entrer et faire un massacre.

La tour Nord,  bute-le, au plus vite.

Le canon de la belle changea rapidement de position, allant se poser à l’autre bout de la tête du vigile. Comme il n’y avait aucun vent et que le vigile était assez près, cinquante mètres environ, il n’y avait pas vraiment de quoi calculer. Shunï se mit alors à respirer lentement, profondément, l’index sur la gâchette.

Le tir était parfait, le vigile était tombé, une balle ayant traversé sa boîte crânienne. L’observateur donna le feu vert à sa TDE pour abattre l’autre. L’autre n’eut pas plus de chance que son collègue, se faisant abattre aussi facilement.

Bravo 3-4, menace écartée, vous pouvez y aller. On reste en couverture si un enfoiré tente de vous la mettre dans le cul.

On est Oscar Mike, Echo 8-9. Merci de l’appui.

L’escouade entra alors sur le terrain, tirant sur chaque homme qui se mettait sur leur chemin. Rapidement, l’escouade avait pris le contrôle sur les trafiquants à l’extérieur de l’entrepôt, Echo 8 s’étant prit un malin plaisir à éliminer des hommes  avant qu’un des membres de l’escouade n’arrive à l’atteindre, le faisant rager et lâcher une salve d’insultes et de jurons aux deux militaires, chose qui les amusaient beaucoup.

Bravo 3-4, vous vous apprêtez à entrer à l’intérieur, il n’y a aucune fenêtre, nous ne pourrons donc vous couvrir, procédez avec caution. Nous allons tout de même rester pour vous prêter main forte si jamais ça dérape.

Génial…

BOOM! La porte vola en éclat, des grenades incapacitantes furent lancées dans tous les couloirs, toutes les pièces. Les résistances avaient été rapidement maîtrisées et le commando s’était rapidement dirigé vers la pièce où le carnage avait eut lieu, il y a quelques minutes à peine.

Putain, mais qu’est-ce qui s’est passé ici… Cherchez pour des survivants!

Rapidement, les hommes s’étaient séparés et trouvèrent l’homme, allongé au sol. Le jeune au bandana posa un genou au sol, rangea son arme et posa son index et son majeur dans le cou, cherchant le pouls.

Il est toujours vivant chef… Qu’est-ce qu’on fait?

On le sort d’ici et on attend qu’il se réveille, il doit savoir ce qui c’est passé.

Regardant les cadavres démembrés il ajouta, encore sous le choc.

Ce n’est pas un humain qui a fait ça…

Comme il s’y attendait, on le souleva de terre. Des bras vigoureux l’empoignaient et le trainaient sur le sol rugueux et abimé de l’entrepôt. Des voix se firent entendre, horrifiées, la boucherie qu’il venait de faire avait mis les soldats en émois et même leur chef semblait passablement choqué.
Pourquoi donc ? Après tout ce n’était que des dealers, de la mauvaise herbe qui contaminait cette citée, ils ne valaient pas qu’on pleure leurs morts. Ils n’avaient eu que ce qu’ils méritaient.

Ces soldats étaient pitoyables, ils n’avaient pas le cran de faire ce qui devait être fait ou alors… serait-ce les méthodes de celui-ci qui les avaient troublés ? Pourtant les moyens qu’il employait  étaient meilleurs que les leurs à n’en pas douter. La perspective de la douleur est plus efficace que la douleur elle-même et c’était pourquoi la dissuasion marchait si bien.

Il grogna et se débattit comme l’aurait fait un être humain après avoir fait un rêve déplaisant, l’air hagard et passablement sonné. Il se débattit avec une telle véhémence que les soldats furent obligé de le poser par terre avant même qu’il ne quitte l’entrepôt.
A vrai dire c’était ce qu’il souhaitait, au dehors les dangers pouvaient être multiple et ici il pouvait y faire face plus efficacement, les espaces restreints et les zones d’ombre le rendait quasiment invulnérable. Sur son terrain il était le roi.

Les paupières semi closes et l’air qu’il se donnait lui donnait une impression parfaite de victime, tournant la tête vers les deux soldats, les observant l’un après l’autre il les jaugeait.
Il n’avait pas l’air de foudre de guerre et se laisserait sans aucun doute prendre au piège qu’ils voulaient leur tendre. Prenant une voix voilée par la peur il annonça aux soldats debout à côté de lui.

« Ma tête… Vous ne devriez pas rester ici. C’est un montre il a tué tout le monde…je suis flic et j’enquêtais ici quand il est venu…faut dire à votre capitaine de vous faire dégager d’ici et vite.*

Se frottant la tête jouait à merveille le rôle de victime, cependant ses yeux froids et fixent trahissaient l’expression qu’il tentait d’avoir. Yeux fixées sur le communicateur des soldats, il attendait impatiemment que ceux-ci transmettent à leurs commandant ce qu’il venait de leurs annoncer…

Tous étaient regroupés autour de l’homme inconscient, attendant qu’il se réveille. Selon les dires du toubib de l’unité, il n’aurait pas été prudent de transporter le survivant, il aurait pu tomber en état de choc et là, bonjour les réponses aux questions qu’ils avaient tous en tête.

Echo 8, on est tombé sur une scène des plus troublantes; des dealers démembrés un peu partout dans la pièce principale… Et c’est pas nous qui avons fait ce carnage.

Aucun survivant?

Il y en a un, mais il est inconscient, on attend qu’il se réveille pour savoir ce qui c’est produit ici… Donc, dès qu’on sait ce qui leur est tombé dessus, on se replie, vous nous couvrirez, au cas où ils ont envie de se faire une unité militaire.


Puis, se retournant vers deux des hommes, il leur fit signe d’aller voir, au cas où il y aurait d’autres survivants, ou des traces de ceux qui auraient fait le raid.


C’est à ce moment que l’inspecteur se réveilla, dans un état de panique, leur demandant de l’aider. Une fois qu’il fut légèrement plus calme, les hommes lui demandant tranquillement de se détendre, l’ex inconscient leur parla d’un monstre qui les avaient attaqués, et leur demandait, non, suppliait d’appeler des renforts, afin qu’ils puissent venir et tuer le monstre qui avait fait de cet endroit une boucherie.


Sans réfléchir, le plus jeune appuya sur le bouton de la radio, mais alors qu’il allait parler, le chef agrippa son bras puis le baissai tranquillement, le forçant à lâcher sa radio, ses yeux regardant ceux du rescapé.


Votre voix tremble de peur, mais vos yeux sont beaucoup plus révélateurs de vos intentions, et vous en savez plus que ce que vous ne semblez vouloir dire. Emmenez le à l’extérieur, on va le faire parler.


Jamais ce militaire ne s’était trompé lorsqu’il voyait quelque chose en les gens, quand ils mentaient ou qu’ils savaient quelque chose qu’ils ne voulaient dire, c’est pour ça que ses hommes lui obéirent sans hésiter, deux d’entre eux l’attrapèrent par un bras chaque avant de le forcer à se relever pour l’entraîner à l’extérieur.

La réponse du capitaine lui fit l’effet d’une gifle cinglante. Semblable à une main géante qui s’abattant sur sa joue, il sentit presque ce coup pourtant inexistant.
Le visage apeuré qu’il arborait comme un pavillon il y a quelques instants laissait place à une moue contrarié. Non, pas contrarié. Venom était en réalité vexé de ce qui venait de se produire et maintenant il en voulait personnellement au capitaine.

D’un mouvement d’humeur il se défit de l’étreinte des soldats qui l’empoignaient, les laissant stupéfaits. L’expression de son visage avait encore changé. Maintenant il fixait d’un regard ardent le capitaine de l’escouade, celui-ci lui rendant un regard dur et froid et empoigna son fusil d’assaut. 

« C’est un mauvais calcul mon pote. Ta cervelle aura recouvert les murs avant que tu n’aies pu me toucher. »

Au fur et à mesure qu’il prononçait ces mots, sa voix mua. Les notes douces et sucrées des premiers instants se changeaient en sons rauques et gutturaux qui n’admettaient aucunes répliques possibles.
Sa métamorphose se prolongea jusqu’à son corps, sa peau semblait se craqueler et se déchirer comme si elle était trop petite pour lui jusqu’à laisser émerger une apparence d’un noir d’encre.
Lâchant un hurlement bestial autant dédié à la mise en scène qu’a son envie, il bondit sur les hommes présents. Eventrant, lacérant, déchirant et mutilant tout ce qui était à sa portée.

Maintenant ceux-ci faisaient presque autant de bruit que lui, presque.
Des bruits de joies et de douleurs, de jouissance et de peur se mêlaient dans un ballet diabolique.

Un long gémissement plaintif se fit entendre et mit fin à ces cris. C’était enfin finis, mais pour combien de temps ?

Laissant le corps du capitaine sur lequel il s’était acharné plus que de raison et même de déraison, il le jeta au loin sans le moindre respect pour le capitaine qu’il fut. Ses deux acolytes gisant sans vie à côté de Venom.

Celui-ci désormais ne cherchait plus à se cacher, ce combat l’avait emplit d’une soif de sang et d’une fureur sanguinaire. Il allait nettoyer cet entrepôt à sa manière. Pièce par pièce, couloir par couloir, mètre par mètre il allait leur faire ressentir la peur.

C’était comme le calme après une tempête, terrible, qui aurait tout saccagé et tué tout le monde sur son passage. Les deux membres de l’équipe TDE étaient sans voix, ils venaient tout juste d’être les témoins auditifs d’un massacre sans précédent, par autre chose qu’un humain; un monstre sanguinaire à la recherche d’hommes pour pouvoir les dépecer vivants. Shunï était sous le choc; son plus vieil ami, ainsi que son rival de toujours venait tout juste d’être éliminé, sans aucune forme de respect, elle laissa donc ses larmes couler, autant de tristesse que de frustration, puis regarda au travers de sa lunette de visée, espérant pouvoir voir sortir une silhouette, prête à tirer.


Puis, soudain, une voix se fit entendre dans la radio. Enfin, un murmure, une série de petites respirations qui formaient des mots seraient plus approprié; le jeune soldat ne voulait pas se faire repérer.


Echo 8! Je crois que Satû et moi sommes les seuls survivants. On était à la recherche de survivants quand on a entendu les bruits…


Bien reçu, Bravo 3-4. Foncez à l’extérieur, on va pouvoir vous couvrir si la bête vous attaque.


En position, Shunï suivit de l’œil les deux hommes qui sprintaient pour atteindre un point éloigné, leur fusil toujours braqués vers la porte de l’entrepôt, prêts à recevoir ce qui allait en sortir pour pouvoir le canarder convenablement. Finalement, une ombre se dirigeait vers l’extérieur; on pouvait le voir grâce à la lumière que laissait entrer l’ouverture. La chose passa alors la porte, tranquille, lentement, comme si elle voulait savourer la peur que les hommes avaient alors qu’ils la voyaient s’approcher, comme si s’était la mort en personne. Peut-être l’était-ce? Les choses que nous n’avons jamais vues ne sont pas forcément comme nous les décrivons… Une chose était cependant claire dans l’esprit de Shunï; elle n’avait jamais vu quelque chose de semblable auparavant, et elle n’avait pas l’air très amicale. Concentrant toute son attention sur ce qui venait tout juste de sortir, la rouquine se mit à ralentir sa respiration, inspirant et expirant très profondément. Alors qu’elle retint son souffle pour avoir un maximum de précision, la bête se mit en mode attaque. Elle n’eut même pas le temps de tirer que la créature avait bondit sur ses quatre pattes et était déjà rendue sur les soldats, les démembrant, écharpant… C’était une scène horrible à voir, mais il fallait lui tirer dessus alors que ce sauvage était immobile. Passant outre son dégoût de voir une chose aussi violente et la rage de voir des coéquipiers se faire éventrer sans le moindre respect, la jeune femme tira.  Haussant les sourcils de surprise, elle regarda l’endroit où son observateur était dissimulé.


Je l’ai raté?


Le jeune homme eut quelques secondes d’hésitation, comme s’il tentait de reprendre ses esprits sur ce qu’il venait tout juste de voir.


Tu l’as touché en pleine poire…


Généralement, à cette distance, ce sniper pouvait faire éclater la tête comme un ballon lorsqu’il rencontre une aiguille. Cependant, la chose qui était debout, regardant dans leur direction, n’avait à peine une égratignure… Les deux partenaires étaient bouche bé.


On part d’ici.


Il va nous rattraper. Je te couvres, va-t’en, et c’est un ordre Sergent!


Soupirant, Shoun savait qu’il n’avait d’autre choix que de partir. Mais avant, il rampa jusqu’à la TDE avant de lui donner son arme automatique, équipée d’un viseur holographique à vision nocturne. Lui disant que ça pourrait lui être utile, le jeune homme rampa encore quelques instants avant de se lever pour de bon, une fois sûr que la créature ne le voyait pas et se mettre à courir.


La créature avait bougé, et Shunï tirait autant qu’elle pouvait du fusil de précision, ne la ralentissant que légèrement. Comme on aurait pu s’en attendre, l’arme fut rapidement à court de balles, et la rouquine dût se résoudre à sortir de sa cachette, le fusil automatique de Shoun en main avant de se mettre à courir, fonçant derrière la colline, l’œil collé contre le viseur thermique. Soudain, un truc rouge passa rapidement devant elle, disparaissant dans l’ombre de la nuit. Le truc rouge devait être la bête, ou plutôt sa chaleur détectée par le viseur, elle lâcha donc une rafale, en vain. Shunï dût s’arrêter, elle ne pouvait pas continuer, ce truc l’entourait de part sa vitesse.


Elle ne s’avoua cependant pas vaincue; elle tirait à chaque fois que le truc rouge repassait devant son arme. Mais, avant qu’elle n’ait le temps de tuer la bête, ou même de vider son chargeur, la belle se prit les pieds dans une racine et s’étala au sol comme une loque, laissant son fusil d’assaut s’échapper d’entre ses mains pour finir loin d’elle, trop loin pour qu’elle puisse le reprendre rapidement. Se rassoyant, elle regarda autour d’elle, mais Shunï ne distinguait rien d’autre que la noirceur, et ne percevait absolument aucun mouvement dans ce voile. Sortant son pistolet, elle flanqua le bout du canon contre sa tempe.


Va te faire foutre! Tu n’auras pas le plaisir de m’entendre hurler lorsque tu me démembreras!


Ce n’était pas le désespoir qui poussait la jeune femme à commettre cet acte; elle savait qu’elle allait mourir et préférait nettement cette manière à celle proposée par le monstre, tapis dans l’ombre.   

-   Hrp : Désolé pour l’attente. -

Bondissant hors des ombres qui le camouflaient, il sauta sur la jeune femme avec une rapidité inhumaine qui trahissait sa nature monstrueuse.
N’hésitant pas à y mettre tout son poids pour la déséquilibrer et la faire tomber pour atteindre son objectif qui était la prise de celle qui l’avait touché.
Un bruit de tir se fit entendre pendant leur chute mêlée,  dommage pour elle puisqu’elle n’avait réussi qu’à tirer dans le vide. L’intervention du « monstre » l’ayant privée d’une fin rapide et sans douleur, le temps qu’elle appuie sur la gâchette il était déjà sur elle.
Parmi tous les humains qu’il avait éventrés ce soir-là elle était la seule à avoir réussi à le toucher et cela l’irritait. Comment une humaine pouvait-elle prétendre le tuer ? C’était inacceptable, inadmissible.  C’était comme si un rat souhaitait chasser un lion.
Lui épargnant une paralysie sévère, il n’atterrit pleinement sur elle. La privant de connaitre sans doute la sensation de se faire bondir dessus par une panthère ou un autre animal du même gabarit.
Néanmoins il s’arrangea pour finir au-dessus d’elle à la fin du « saut », la désarmant en envoyant son pistolet et ses autres éventuelles armes au loin.

« Finalement je pense que tu avais tort…j’aurais le plaisir de t’entendre hurler lorsque je te démembrerais… »

Haletant et transpirant il regardait autour de lui en proie à une fièvre sanguinaire, bouillonnant il ne se rendit pas compte qu’il l’avait agrippé et la secouait à la manière d’une personne atteinte de Parkinson.
Finissant par relâcher son étreinte il se leva et se dirigea vers l’un des soldats qu’il avait massacré quelques instants plus tôt. Sans aucune forme d’humanité il se mit à boire le sang qui dégoulinait de sa carcasse, arrachant ses membres un à un et les pressants pour faire jouer les artères et satisfaire sa soif.

« Le sang,…ne suffit pas...»

Empoignant un des membres du soldat il se mit à croquer dedans à pleine dents, le sang désormais giclait sur le torse de ce monstre qui luisait grâce à l’éclat de l’astre lunaire lui donnant un aspect plus qu’irréel. Le bruit de la mastication et des morceaux de viande qu’il arrachait produisait un bruit étrangement métallique
Passant sa langue sur les contours de ses gencives aux allures encore plus sanguinaire que d’habitude pour apaiser la créature qui sommeillait en lui. Il lâcha après cela un cri rauque et guttural venu d’une autre planète.

Oubliant la carcasse méconnaissable du soldat, il se redirigea vers Shunï qui le regardait partiellement inconsciente.