À peine les recrues étaient parties que les étudiants de la classe des fantassins arrivèrent, accompagnés de leur instructeur; le capitaine Khan. L’instructrice des TDEs se mit alors au garde à vous, la main près du front devant le capitaine.
Repos, lieutenant… Mesdames, je vous présente le Lieutenant Azikamu, une Tireuse d’Élite, la femme TDE la plus décorée de la section de Seikusu. Ce seront ses recrues que vous devrez trouver messieurs! Rappelez vous, si vous réussissez à les trouver, vous avez droit au ticket doré, donc un dîner de haut gradé, vous mangerez quand même dans l’étable à cochons qu’on appelle une cafétéria, mais c’est déjà ça. Allez, ils sont déjà postés. N’oubliez pas, si vous les voyez mais que vous n’arrivez pas à les atteindre avec votre fusil à ‘’ paintball’’ ça ne compte pas, n’oubliez pas qu’ils peuvent quand même se défendre et ce, même s’ils ne sont pas armé. Allez-y mesdames!
Les soldats partirent tous, deux par deux, dans la direction de la forêt, se disant qu’il y avait plus de couverture entre les arbres. Amusé, le Capitaine regarda ses recrues partir.
Le faucon cherche là où il aurait l’idée de se cacher, dans la forêt.
Shunï, sans même regarder le capitaine, vérifiant l’allure des hommes de son Capitaine, termina sa phrase.
Mais il y a tellement d’endroits où le faucon n’aurait pas l’idée de se cacher, endroits que le serpent connaît.
Le Capitaine se retourna vers le Lieutenant, souriant légèrement. Tous deux avaient assez d’expérience pour savoir qu’il ne fallait pas, pour un TDE, se cacher dans la forêt, à moins d’avoir la combinaison de camouflage de forêt, celui où les feuilles mortes séchées sont entremêlées aux fausses branches très réalistes.
Tu te rappelles, Shunï, ta première mission en tant que TDE? Lorsque je n’étais qu’un Sergent…
La jeune femme se mit à rire. Oui elle s’en rappelait comme si c’était hier; ils venaient tout juste de couvrir la retraite de quelques soldats et, alors qu’ils se retiraient pour pouvoir atteindre le point d’extraction, ils se firent découvrir et poursuivis par des gardes. Soudain, à la croisée des chemins entre une forêt et la prairie, où patrouillaient plusieurs gardes. La TDE et son observateur avaient décidé de filer vers la forêt, alors qu’ils portaient des tenues de camouflage pour les herbes hautes, le même que les recrues de la rouquine portaient en ce moment.
Si je m’en rappelle! J’ai encore trois cicatrices dans le mollet droit pour me le rappeller!
Les deux gradés se mirent à rire ensemble. Le reste des heures, ils les passèrent à se raconter leurs missions, où ils étaient allés, à quels endroits ça avait été la galère, d’autres comment ça avait été du gâteau. Les deux s’étaient perdus de vue, alors que le Capitaine Khan avait quitté les TDEs au profit d’un grade d’infanterie, où il commandait désormais trois sections de quatre unité chacune.
Et puis, après la moitié de la séance, Isaak revint, seul, mort de honte. Les bras croisés, Shunï regarda son élève, ses yeux noisettes durs comme le roc.
Il te reste deux heures, tu vas me faire 200 pompes, et le reste du temps, tu va le passer à assembler et désassembler ton arme, me suis-je bien faite comprendre?
Euh…. Oui, mon lieutenant!
Répondit-il avant de se mettre à la tâche. Un autre homme, une recrue du Capitaine, vint voir son instructeur.
Capitaine! Irano est tombé dans un fossé, creux d’environ trois mètres, et ne peut plus en ressortir! Nous avons besoin d’aide!
Le capitaine n’eut même pas le temps de réagir que Shunï sauta sur l’occasion. Demandant les directions à la jeune recrue, le lieutenant se dirigea vers le lieu de l’accident, si on pouvait appeler cette erreur un accident.
Une fois arrivé, Shunï remarqua rapidement l’homme, prit au piège dans le fossé. Descendant rapidement pour rejoindre l’homme à sauver, la rouquine lui fit signe de monter sur ses épaules; ainsi, il pourra agripper le rebord d’une pierre et pouvoir remonter sans trop de mal. Seule dans le fossé, la jeune femme s’écria aux deux autres, qui se demandaient bien comment elle allait sortir de là.
Regardez, et apprenez, les recrues!
Sur ses mots, elle sauta, avec la meilleure explosion que ses jambes pouvaient produire, avant d’atteindre la racine d’un arbre. S’y agrippant, elle réussit à poser ses pieds sur des pierres solides, avant d’entreprendre une escalade, lente et sûre, pour finalement atteindre le rebord.
Retournez à votre mission, messieurs, et gardez l’œil ouvert. Les TDE sont comme des serpents…
L’instructrice était revenue auprès de sa recrue et du capitaine peu de temps après son départ, et avait recommencé à attendre les autres. Au fil des deux heures qui avaient suivis, elle vit trois autres de ses recrues revenir, une ou plusieurs taches de peinture sur leur tenue de camouflage, l’air honteux. Leur infligeant aussi le même sort qu’au premier, Shunï attendait la fin de l’exercice, pour voir si au moins une recrue TDE s’en sortirait. Tous étaient revenus seuls, et non deux par deux, signe qu’ils avaient été seuls tout le long de l’épreuve…
Voilà, c’était au terme de l’exercice, et tout le monde avait été rameuté autour de son instructeur respectif. Deux recrues n’avaient pas été retrouvées, ça aurait pu plaire à la Lieutenant, mais non.
Quelle est la première phrase que j’ai écrite? TDE égal TRAVAIL D’ÉQUIPE! Je vous l’avais dit que ce n’était pas un travail seul qui vous conduirait au succès! On va devoir travailler là-dessus apparemment… Même vous deux, Boris et Feûng, je ne crois pas que vous méritez votre récompense, mais je vais tout de même vous la donner, car vous avez réussi… Voilà un ticket doré pour chaque, vous aurez droit à un repas de haut gradé, lorsque vous le voudrez, tant que ça reste dans les heures de repas, bien évidemment.
Un « rompez! » fût le signe pour les recrues TDE qu’ils pouvaient aller retirer leur tenue de camouflage et rentrer se restaurer pour l’heure.
L’après-midi fût très semblable à celui du jour d’avant; de l’entraînement. Cependant, l’instructrice leur avait demandé de rester deux par deux, de s’encourager, de communiquer. C’est la clé du succès pour un TDE.
Shunï, pour leur échec, s’était décidé de les faire travailler; il était maintenant 23 heures et ils étaient toujours dans la salle d’entraînement. Il fallait qu’ils comprennent la gravité de leurs actes. Alors qu’il venait de boire sa dernière gorgée d’eau, Isaak appela son Lieutenant.
Lieutenant! Je ne crois pas pouvoir terminer…
Il ne reste que dix minutes, Isaak… Messieurs, vous savez, si ça avait été une véritable mission, des trois équipes tactiques envoyés, une seule serait revenue? Ce sont des statistiques que l’armée n’aime pas avoir, vous avez donc intérêt à pouvoir vous cacher dans un verre rempli d’eau sans vous faire remarquer, la prochaine fois, sinon c’est moi qui vous tue de mes propres mains!
La dizaine de minutes passée, Shunï demanda à ses recrues de venir près d’elle, un genou au sol. L’entraînement d’aujourd’hui s’était achevé et, malgré qu’elle soit en colère après les six hommes devant elle, la Lieutenant avait une bonne nouvelle à leur annoncer… Peut-être bien deux.
Messieurs, demain je veux vous voir à 7 h 00 dans la salle de classe; Je dois rendre service au Capitaine et l’assister dans son cours, vous aurez donc une heure de plus pour dormir… Soyez en forme demain, car vous allez décider de votre coéquipier pour le reste du stage et, si je suis de bonne humeur, vous pourrez tirer avec votre fusil avec des munitions. Rompez messieurs, allez vous doucher et dormir.