En route! C’était les deux mots qui sortaient de la bouche de Lily Rose chaque fois où elle allait quelque part, exprimant ainsi son éternelle enthousiasme pour toutes choses en ce monde. Ces mots, elle ne savait pas combien de fois elle les avait prononcés... Sûrement assez, justement, pour ne plus s’en souvenir! Presque jamais découragée, toujours partante et souriante, la belle se faisait une joie de partir en balade une fois de plus, à la recherche de mystères et même de danger, si ça se trouvait!
Dernièrement, l’adorable jeune femme s’était rendu dans une toute petite ville qui semblait rongée par les secrets. Cette ville, elle en avait entendu parler une lune auparavant. On disait qu’elle était la plus dangereuse des Terres Sauvages, remplie de brigands et de meurtrier en tout genre! Ah, mais elle s’en moquait bien, la Lily! Tout ce qu’elle voulait, c’était de vivre les aventures les plus folles que son père n’ait jamais connu de son vivant. Autant dire qu’elle prenait littéralement la relève de celui-ci en parcourant des paysages qu’il n’avait jamais eu la chance de voir de ses yeux. Cette ville, il l’aurait sans doute trouvé de son goût, avec ses vieux bâtiments qui avaient des histoires à conter, avec ses souterrains abandonnés, où on y enfermait autrefois des esclaves de toutes sortes, de travail, sexuels, etc. Il aurait sans doute aimé voir la plus vieille auberge du coin, au toit tout raplapla par le temps et les intempéris. Mais cette chance, c’était maintenant Lily Rose qui l’avait, et elle comptait bien profiter de la vie!
Elle était entrée dans cette fameuse auberge durant cet après-midi chaud et humide. Elle avait attaché sa belle crinière de feu avec un beau ruban blanc. Quand elle était entrée dans l’endroit, tous avaient été surpris de voir une si jeune demoiselle, richement vêtues mais portant un lourd bagage et de toutes petites lunettes sur le bout de son nez. Avec tout ça, la pucelle avait l’air d’une sorte d’archéologue amateur. En fait, c’était un peu vrai, puisqu’elle n’avait pas eu beaucoup de temps au cours de son périble pour faire de l’archéologie. Cela ne faisait même pas un an qu’elle avait quitté le nid familial à la recherche d’aventures palpitantes, ainsi n’avait-elle obtenu que de maigres connaissances des os. Mais elle comptait bien se mettre à la tâche! Tout de suite après avoir étanchée sa soif d’histoires de lieux hantés.
En effet, depuis quelques semaines, Lily s’était concentrée sur l’exploration d’endroits que l’on disait hantés. Elle voulait voir des fantômes, des poltergeists et toutes sortes d’évènements surnaturels! Non, elle n’avait pas peur de ce genre de chose. Cette peur inexistante étant plutôt remplacée par une curiosité enthousiaste. Il fallait dire que Lily Rose était si naive, si insouciante, si sûre d’elle-même, qu’elle ne croyait pas un seul instant que quelqu’un ou quelque chose pouvait lui faire du mal. Après tout, elle n’avait jamais rien fait à personne, elle. Alors qui voudrait bien s’attaquer à une jeune fille si innocente et à croquer? Croquer...c’était le bon mot!
Après qu’elle eut interrogé bon nombres de clients dans la salle, elle obtint enfin une histoire croustillante! Elle allait pouvoir visiter son premier lieu hanté! Super! D’après le vieil homme qui lui en avait fait part, c’était un vieux manoir qui avait, il y a bien longtemps de cela, appartenu à un noble de la ville. Le pauvre homme était devenu complètement fou après la mort de sa femme, et il avait assassiné ses deux jeunes enfants! Mmmh... C’était une histoire que la petite Lily aurait pu classer comme classique. Pas très original, en effet, mais elle se força à y croire. Il fallait toujours rester optimiste! Dès qu’elle eu terminé de parler avec l’homme, elle le remercia et parti immédiatement.... après avoir acheté une part de tarte au cerise, bien sûr!
À présent, elle se trouvait aux portes de l’impressionant vestige du manoir. Oh oui! Il avait l’air vraiment très sinistre. Pas étonnant que tout le monde le croit rempli de fantômes hurlants. Lily retroussa donc ses manche, rangea ses lunettes rectangulaires dans son lourds sac en bandouillère et grimpa le petit escaliers menant aux portes principales. D’un pas souple et agile, elle se glissa entre les battants entrouverts de l’édifice. Oulah! La poussière y avait élu domicile de façon royale! Elle failli éternuer, mais un index habilement posé sous son nez la sauva. Ouuuh... Elle voulu crier s’il y avait quelqu’un, mais elle aurait été un peu bête... Elle fit donc quelques pas dans ce grand hall. Il y avait si épais de poussière à certains endroits que cela faisait un tapis qui étouffait le son de sa marche...
Attentive au moindre mouvement, Lily Rose fut déçue de ne voir aucun fantôme ici. Elle décida donc de monter à l’étage, à la recherche de meilleures trouvailles. Avec prudence, elle grimpa les escaliers décrépits, prenant garde à ce qu’il ne s’effondre pas sous son poids qui était pourtant négligeable. Elle tourna le coin du couloir et...
Elle poussa un cri étouffé quand un rat s’éclipsa entre ses jambes. Elle battit des bras un instant eeeeeet....BOOM! tomba sur ses jolies fesses rondes. Ouille......
Soulagée que ce ne soit qu’un rongeur, elle se releva péniblement, continuant ses fouilles qui étaient pour le moment infructueuse. Bon...
C’est en longeant un interminable couloir que la flamboyante aventurière entendu des pleurs étouffés. Un fantôme pleureur? C’était possible, ça? Vite! Lily suivit les bruits jusqu’à un mur à moitié démoli. Elle s’accroupit donc au dessous d’un trou qui perçait le mur et jeta un coup d’oeil discret. Et là, dans cette pièce, c’était l’horreur. À quelques mètres d’elle, une véritable scène de torture et d’épouvante se déroulait sous son regard. Ses yeux s’écarquillèrent alors que ses cheveux s’hérissaient sur sa nuque. Que... Un meurtrier, ici? En train de lacérer le corps d’une pauvre fille?
N’importe qui de sensé aurait déguerpi au plus vite... Mais pas Lily. Avec précaution, elle déposa doucement son sac sur le sol et l’ouvrit. Elle plongea la main dedans, gardant toujours un oeil attentif sur le tableau de frissons. Et merde.... Son calepin à dessin était au fond... Elle dut sortir du sac sa lanterne, ses bougies, sa corde d’escalade et ses vêtements de rechange afin de l’avoir enfin en main. Elle l’ouvrit délicatement, tremblant plus d’excitation que de crainte réelle. Après tout, cet individu étrange était bien occupé, non? Elle avait là tout un scoop a raconter! Elle s’appliqua donc à la tâche, dessinant les traits du criminel d’un mouvement agile, presque parfait. Lily Rose était très douée en dessin, d’ailleurs. Elle avait presque terminé ses cheveux quand elle le vit mordre la femme...
Un vampire!!! Encore ‘’mieux’’!
Elle s’attarda sur le regard du démon suceur de sang, dessinant ses yeux comme elle les voyait, glacés et sans âme. On aurait pu la qualifier de folle de ne pas avoir peur devant tel spectable. Elle avait hérité de cette folie par son père, aussi téméraire qu’elle. C’est quand elle fut rendue aux traits de son torse qu’il se redressa d’un coup, comme alerté par un son imaginaire. Lily se figea, retenant son souffle.
« Qui est là ? Montrez-vous, je sais que je ne suis pas seul ici ! »
Merdouille! Elle voulu reculer de quelque pas, mais, dans sa position précaire, elle marcha sur un morceau de verre.
Crac.
Ah! Pour la première fois paniquée, la jeune fille se redressa d’un bon et fila vers une autre salle au pas de course. Elle était agile et rapide, ainsi, peut-être ne pourrait-il pas la suivre.
Le soleil était maintenant complètement couché, rendant sa fuite difficile. Elle courut vers les marche et, comme si le hasard décidait de mal faire les choses, l’escalier principal menant au hall s’effondra d’un coup. Lily du freiner de justesse pour ne pas tomber dans le vide, et tourna les talons pour trouver refuge dans la salle de musique. Elle passa devant la harpe sans corde, contourna le piano pousséreux mais opérationnel, sauta par dessus les deux petits tambour et ouvrir la porte d’un immense placard qui, à son soulagement, était vide. Elle se glissa furtivement à l’intérieur avant de refermer les battants presque au complet, se laissant une légère interstice afin de vérifier que le danger ne venait pas rôder par ici. Après quelques secondes, elle fut soulagée et le ferme complètement....
...Son sac! Merde, elle avait laissé son sac la bas... Elle ne pourrait pas prendre sa longue dague de combat qu’elle avait apporté sous conseil de sa mère. La pucelle glissa sa main sur sa hanche, où était accroché un fourreau contenant une dague simple d’une vingtaine de centimètres.... Elle avait au moins cela pour sa défense, s’il la trouvait.
Mais il ne la trouverait pas, n’est-ce pas?