La froideur de cette femme ferait geler le sang de n'importe qui en n'ayant qu'un simple contact physique avec elle. Mais bon, qui étais-je pour juger les gens par leur apparence? Elle était peut-être simplement timide? Mmm… Non, elle avait plus l'air de quelqu'un qui avait appris à ses dépends qu'on ne peut se fier à personne et qu'il vaut mieux se retourner sur soi-même que de laisser quelqu'un nous toucher. Brillante, la petite.
Le repas se passa plutôt bien, le fait qu'elle accepte d'être mon invitée pour le repas était en soi déjà plus que bien, mais, il était à l'image de notre rencontre, silencieux et, avouons-le, légèrement froid. Il était déjà évident que la jeune femme était habituée à la solitude, et donc à se fondre dans le mutisme le plus total. On peut passer pour un fou que de se parler tout seul, mais, parfois, ça permet d'éviter l'état de folie…
À la suite du repas, Marine me remercia pour le gîte et le repas, en prononçant le mot que je détestais le plus entendre alors que je n'étais pas au bureau, ou encore en train de "former" une esclave. M'essuyant la bouche avec une serviette de table en tissu, je retirai mes lunettes avant de les poser sur la table.
Maître Atayoshi… On ne m'appelle ainsi que lorsque je suis au travail. Ailleurs, et spécialement chez moi, on m'appelle Hiro, merci de bien vouloir faire de même. Quoiqu'il en soit, il m'a fait plaisir de vous aider.
Certains diront que j'ai été froid, mais peu m'importe, je déteste que l'on m'appelle ainsi, et c'était peut-être aussi pour lui remettre la monnaie de sa pièce qui sait. Mais, même si mon ton pouvait croire à une certaine froideur, le petit sourire que j'avais tout au long de ma phrase pouvait faire croire que je n'étais pas sérieux, et ainsi, désamorcer une situation qui aurait pu devenir problématique…
Bien sûr. C'est la porte à la droite de celle que vous avez dormi… Il y a de quoi vous laver et sécher dans la petite penderie, entre la toilette et la douche.
Alors qu'elle s'enfermait dans la salle de bains pour pouvoir prendre une douche, j'allai dans ma chambre, où le lit était encore défait, les couvertures dans un grand pêle-mêle de frustration suite à m'être fait réveillé si tard, ou si tôt, alors que je souffrais d'un sommeil agité…
Nous avions dit que c'était d'un commun accord que nous nous étions laissés, mais je voyais encore son corps dans mon lit, son odeur parfumait encore les draps… Et merde, pourquoi avait-il fallu que je me laisse entraîné dans cette tornade autodestructrice qu'est l'amour? Soupirant légèrement, je replaçai le lit pour qu'il soit plus convenable à mes normes, la perfection, puis tirai une mallette de sous le lit. Un million de Yen pour un homme, soit un peu plus de neuf mille Euro. Pour moi, ce n'était pratiquement rien, mais pour elle…
Me levant, je traînai la mallette jusqu'à la porte avant de la mettre sur le parquet… Je crois que, si j'avais dû analyser les gestes que j'avais posés aujourd'hui, j'aurais dit que c'était une sorte de tentative pour me repentir des gestes que j'avais commis, des horreurs auxquelles j'avais participés, et que je continuerais à participer… Enfin, il y a des lustres que j'ai arrêté de me poser des questions sur ce que je faisais…