Son genou avait craqué durant sa chute, ça faisait un mal de chien, même avec la dose de calmants qu'il lui avait "gentiment donnée". Il ne la ménageait pas, profitant de sa faiblesse pour lui casser un doigt, il la maltraitait un maximum, et ce avant de l'attacher, purement et simplement. Elle avait un rire nerveux, posée sur ses coudes, attrapant son doigt pour le remettre en place, comme elle l'avait fait des dizaines de fois. Ça faisait mal, mais c'était déjà ça de gagné. Elle reconsidérait sa situation: Elle était à terre, impuissante, devant un homme aussi abjecte que manipulateur. C'était intolérable. Son regard croisa le sien:
- Non... NON!
Prise de panique, elle chercha des yeux la sortie, et s'y précipita en rampant frénétiquement, ses coudes et son genou valide s'éraflant contre le sol à chaque mouvement. Elle approchait de la porte fermée avec espoir, sans se soucier un instant de comment l'ouvrir. Il fallait sortir, c'est tout.
Les illusions créées par son désespoir s'évanouirent soudainement, quand la chaîne se tendit et qu'elle se retrouvait dans l'incapacité d'avancer à deux mètres de la porte. Ses yeux devinrent larmoyants, et elle roula sur le dos, se saisissant du lien de ses deux mains. Elle tira vainement dessus pendant quelques minutes, en grognant comme un petit animal pris au piège, pour la détacher du collier. Inutile, elle essaya donc de forcer le collier, inutile aussi.
A l'autre bout de la chaîne, la poigne de Don ne flanchait pas, et Kamishini se rendit alors compte qu'il portait un chapeau multicolore, d'où sortaient des bulles qui faisait "ding ding" quand elles éclataient. Les hallucinations et les délires ne faisaient qu'empirer, mais son regard inquiétant demeurait. C'était fichu, il n'y avait plus qu'une échappatoire.
Elle émit un cri qui ressemblait vaguement à une parodie de rugissement, et empoigna son avant-bras gauche. Elle commença à appuyer au centre de son poignet avec le bout de son pouce. Tant pis, une mort lente et douloureuse serait toujours mieux qu'une vie longue et atroce, près de Don, et loin de son père. C'est dans cette optique qu'elle appuyait du mieux qu'elle pouvait pour percer les vaisseaux sanguins.
Mais rien n'y fit. Dans son état, elle avait autant de forces qu'un chaton mort-né. Cette fois, elle sanglotait, et elle ne pouvait plus retenir ses larmes. Même pas moyen de crever, tout était perdu. Il n'y avait plus que le désespoir. Et curieusement, la seule question qui lui torturait l'esprit était: pourquoi avait-elle ses vêtements habituels? Et donc, pourquoi avait-il pris la peine de changer la chemise blanche qu'elle avait à l'hosto? Elle croisait ses bras sur sa poitrine dénudée, et fixait le plafond avec un regard vide:
- Je travaillerai pour vous, je... Je serai votre bras armé... Alors s'il vous plait, ne... Ne me touchez plus!
Elle s'était effondrée en pleurs à prononcer cette phrase. Plus de combat de rue, plus de "papa", tout ça pour obtenir la parole d'un menteur et d'un tricheur? Elle était au fond du gouffre, mais elle n'avait plus d'autres options. Quoiqu'il arrive, elle ne voulait pas qu'un homme ne la touche.