Confession [PV Père Carmody]

La place du marché était noire de monde. Les commères parcouraient les étals, achetant des provisions ; des baladins se trouvaient à divers emplacements, qui montrant son ours dressé, qui jonglant avec des balles de cuir, qui crachant du feu ; des personnages richement vêtus et escortés de gardes solidement armés se tenaient près des stands où se trouvaient les esclaves, leur maître vantant leurs qualités et leur provenance d'une voix enthousiaste ; des mendiants crasseux demandaient l'aumône.
La richesse côtoyait la misère, les soieries des puissants se mêlaient aux guenilles des manants, formant une sorte de tableau coloré, une tapisserie de tons et de motifs vivants.

Zoé progressait à travers la foule, ce qui était parfois malaisé car elle était compacte et toujours en mouvement. Fort heureusement sa petite taille et sa souplesse lui permettaient malgré tout de se frayer un chemin sans trop de difficultés.

Cela faisait plusieurs heures qu'elle venait d'arriver à Nexus et ses yeux avides contemplaient le spectacle chatoyant des toits dorés sur lesquels venaient se refléter les rayons du soleil, des somptueux brocarts portés par les personnes de condition aisée et des bannières flamboyantes et colorées sur les lances des quelques chevaliers et leur suite, montés sur leurs puissants destriers.

Arrivant à la lisière de la place, elle remarqua une sorte d'église qui ressemblait fort à celles que l'on pouvait voir sur Terre. Intriguée, elle y entra et aussitôt s'imprégna de l'atmosphère silencieuse et recueillie de l'endroit.
Même si elle n'était pas spécialement croyante, elle respectait quand même les religions, quelles qu'elles fussent et se comportait donc ainsi lorsqu'elle entrait dans un lieu de culte.

Elle se demanda quelle serait la réaction du curé chargé de ce lieu s'il la voyait vêtue de son accoutrement habituel...

Il faisait beau cet aprés midi la et le père Carmody vaquait à ses occupations. Il ètait vêtu de sa veste noir de prêtre et de son pantalon de cuir avec des rangers. En dessous de sa chemise de prêtre, il avait un T shirt sans manche noir avec une croix jaune or imprimé dessus. Voila a peu prés une semaine qu'il s'ètait installé dans cette petite paroisse et aprés pas mal de boulots pour la retaper, elle commençait à avoir une bonne gueule. Il avait apposé un écriteau à l'entrée de l'église

"Bienvenue aux enfants du très haut, si démon tu es, tu signes ton arrêt de mort !"

L'avantage de vivre dans une église fait de vieilles pierres, c'est qu'il y faisait toujours frais, jamais trop chaud en été et jamais trop froid en hiver, même si dans ce cas, il allumerait le chauffage. Aprés avoir passé le balais, John nettoyait ses pistolets et ses armes blanches. Il huila et aiguisa ses couteaux avant de démonter ses deux pistolets, gardant l'autre chargé au cas ou un fils de Satan débarquerait. Aprés les avoir nettoyait et remonter, il fit de même avec le revolver. Puis il introduisit les balles une par une dans le barillet avant de le faire tourner. Puis il enclencha le chien pour arrêter ce même barillet.

Il rangea son arme dans son dos avant de recharger les deux pistolets. Il entendit la vieille porte de bois de l'entrée de l'église couinait, signe qu'un visiteur pointait son nez. Il se retourna, avant de ranger ses calibres à sa ceinture, un  peu comme un cow boy. Il sortit une cigarette avant de l'allumer avec un zippo en argent. Puis il tira une grande bouffée avant de venir à la rencontre du curieux visiteur. En fait il s'agissait d'une visiteuse.

- Bienvenue ma fille, que puis je pour vous ? êtes vous venus prier notre seigneur ? vous confesser ?

D'un rapide coup d'oeil il dévisagea la jeune femme qui ètait légérement vêtue, surtout le haut. En plus, comme si cela ne suffisait pas, c'ètait une vrai bombe.

* Putain mon vieux, c'est un canon la cocotte ! Elle s'est pas trompé de clapier ? J'ai du mal à croire qu'elle soit croyante. je la verrais mieux dans un bordel. Enfin bon, ne jugeons pas sur les apparences, attendons de voir ce qu'elle vient faire ici. *

- Je me présente, je suis le révérend Carmody, nouvellement installé dans cette ruine...euh je voulais dire cette magnifique demeure du seigneur.

Comme elle était en admiration devant une petite statue de la Sainte Vierge, elle entendit des bruits de pas derrière elle et se retourna.

Devant elle se tenait un type taillé comme Schwarzenegger (dans sa jeunesse), ayant une coupe au carré, la mâchoire carrée et portant pantalon en cuir noir et rangers. Il avait une clope allumée au bec.

Excuzez-moi mais... commença-t-elle avant de remarquer la veste qu'il portait était celle des prêtres.

Quoi, ce loustic est le curé ?!

Elle en eut la confirmation quand il lui parla :

- Bienvenue ma fille, que puis je pour vous ? êtes vous venus prier notre seigneur ? vous confesser ?

Là elle tomba des nues : elle s'attendait à un vieil ecclésiastique aux cheveux blancs et à l'air un peu endormi ou encore à un curé du style Don Camillo mais certainement pas à un type qui semblait tout droit sorti d'un film d'action genre Rambo ou Opération Pète ta Gueule...
Elle surprit le regard admiratif qu'il avait porté sur ses formes et ses doutes augmentèrent quant à savoir s'il était vraiment serviteur de Dieu...

- Je me présente, je suis le révérend Carmody, nouvellement installé dans cette ruine...euh je voulais dire cette magnifique demeure du seigneur.

Enchantée de faire votre connaizzance mon révérend. fit-elle d'une voix plate. Euh, z'est donc vous qui êtes en charge de zette paroizze ? Z'est bizarre mais vous avez pas vraiment l'air d'un homme d'églize...

La mine surprise de la jeune femme l'amusa. Elle ne s'attendait surement pas a voir un type comme lui tenir une église, surement plus un vieux gâteux, pervers, prés à claquer.

- Oui je sais, on me le dit souvent. Les gens s'imaginent qu'ils vont tomber devant un vieux gâteux. Mais je vous rassure, dans le milieu y en a par paquet de dix des comme ça. je suis un jeune prêtre en quelque sorte. Mais je suis bien révérend.

Il laissa quelques secondes de répit avant de reprendre :

- J'ai plus l'air d'un Chuck Norris prêt a distribuer des coups de tatanes a tout va ou aller me faire une ptite guerre a moi seul en terre arabe ou en pleine jungle. La guerre, je l'ai faite et c'est un peu pour sa que je me retrouve dans ses frusques aujourd'hui.

Comme d'habitude, il ressentait toujours un besoin de se justifier. pourquoi ètait il cureton ? Comme quoi les préjugés et les clichés avaient la dent dure. Mais bon les religions et leurs doctrines n'aidaient pas non plus à casser ces clichés du genre.

- Bon maintenant qu'on a discuté de moi, si on s'occupait un peu de vous. Je ne pense pas que vous soyez un démon, auquel cas je vous aurais déjà collé un pruneau entre les deux yeux en vous donnant l'extrême onction. Vous avez ptet des choses à me confier, des péchés à vous faire pardonner.

Sur ces mots il prit une dernière bouffée de cigarette avant de jeter le mégot par terre et de l'écraser sous sa chaussure.

- A moins que vous ne soyez simplement venu par curiosité, amateur d'art et d'archéologie gothique ?

- J'ai plus l'air d'un Chuck Norris prêt a distribuer des coups de tatanes a tout va ou aller me faire une ptite guerre a moi seul en terre arabe ou en pleine jungle. La guerre, je l'ai faite et c'est un peu pour sa que je me retrouve dans ses frusques aujourd'hui.

Eh, z'est par pazifizme que vous avez embrazzé la carrière eccléziaztique ? demanda-t-elle d'une voix amusée.

Il l'intriguait de plus en plus car ce n'était pas tous les jours qu'on tombait sur un révérend pareil. Parmi ses coreligionnaires ce devait être même un spécimen !

- Bon maintenant qu'on a discuté de moi, si on s'occupait un peu de vous. Je ne pense pas que vous soyez un démon, auquel cas je vous aurais déjà collé un pruneau entre les deux yeux en vous donnant l'extrême onction. Vous avez ptet des choses à me confier, des péchés à vous faire pardonner.

Quand il eut terminé cette phrase, elle remarqua alors les deux flingues bien rangés dans leurs étuis, accrochés à sa ceinture. Elle ne put s'empêcher de rire doucement :

Oulah, on dirait que vous avez gardé zertaines habitudes de votre anzienne vie ! Mais je vous razzure : je ne zuis pas une démone. Quant à votre propozition de confezzion...

Elle prit le temps de réfléchir, jetant de temps à autre un coup d'oeil au Père Carmody : je parie qu'il doit avoir des magazines de cul dans sa piaule !

... je veux bien laver ma conzienze. dit-elle finalement. Elle n'avait pas accepté par conviction religieuse, elle n'y croyait pas trop à ces choses là, mais parce que le bonhomme l'amusait : elle aimait les personnages atypiques, les gens qui avaient le goût du paradoxe et ce gaillard en était un.

- Par pacifisme ? Non pas vraiment, j'ai plutôt pris conscience que je continuais a faire des conneries. Un jour j'ai failli y laissai ma peau, je suis resté pendant 2 semaines dans le coma et puis c'est la que j'ai communiqué avec dieu, une révélation, enfin je crois. Faut  dire qu'avec toutes les saloperies qu'on m'avait injecté et les drogues qu'on nous filait pour ne pas sentir la fatigue, genre LSD et amphet, je sais plus trop ce qui s'est passé...

Elle avait un accent qui lui rappelé un peu sa mère.

- Mais dites moi, vous ne seriez pas un peu Allemande vous ?

C'est peut être son accent qui lui faisait croire sa et qui lui rappeller quelque chose de familier. En fait la jeune femme était l'une des seules personnes à venir dans son église depuis son installation récente, a croire qu'il n'y avait pas beaucoup de croyants dans le bled. Elle parla ensuite de ses 2 flingues.

- Ah ça, oui, mais c'est aussi pour mon boulot, ma spécialité c'est l'exorcisme. Mais attention, moi je fais pas dans le vieux jeu avec mon crucifix et "vade retro satanas". Ce sont des balles spéciales plus puissantes et sensible pour les démons qui ont étaient béni. Et puis c'est aussi pratique de les faire parler. Faire sauter 1 ou deux rotules de ces saloperies, sa les fais tout de suite jaser sur des sujets interessants.

Il s'arrêta, voila qu'il se mettait a causer encore de sa vie avec une personne qu'il connaissait à peine, bien lui sa. le fait qu'elle veuille se confesser le stoppa un peu.

- Bien, dans ce cas, pour une fois je vais suivre la procédure habituelle, suivez moi, on va aller dans le confessional, les sortes de photomaton pour églises, mais bon je vais pas vous tirer le portrait.

Il lui indiqua le confessional et ils s'y rendirent.

- Prenez place, je vous en prie...

Il ouvrit ensuite la porte avant de la refermer et de s'assoir en attendant ce qu'elle avait à lui dire.

- Je vous écoute, mon enfant...

Zoé écouta la première réponse du Père Carmody et ne put s'empêcher de sourire : visiblement son entrée dans les ordres n'était pas vraiment due à une vocation religieuse mais plutôt à un abus de substances plus ou moins illicites. D'un autre côté, il était possible qu'il était lassé de faire le barbouze dans la jungle avec un couteau dans les dents (ça doit faire mal ça).

- Mais dites moi, vous ne seriez pas un peu Allemande vous ?

Ja ! s'exclama-t-elle. Mon père est allemand et ma mère japonaise. Je zuis née à Paris zinon et je viens au Japon durant les périodes zcolaires. Mais dites-moi, vous êtes allemand ?

Question stupide car ce Père Carmody n'avait pas l'air d'être porto-ricain mais bon c'était par pure politesse qu'elle demandait ça.

Quand il lui parla de sa manière dont il exorcisait les démons, elle rit doucement : décidément ce révérend était vraiment atypique et lui plaisait de plus en plus ! Il tenait plus de Dirty Harry* que de Don Camillo mais au moins on ne devait pas s'ennuyer avec lui.

Eh ben, ça doit pas être triste la messe avec lui ! Et je parie qu'il doit siffler en douce le vin de messe...

Puis il l'invita à venir au confessionnal pour qu'elle lui confie les péchés dont sa vilaine âme était sûrement entachée...

Eh bien mon père, je dois vous avouer que je zuis une fille plutôt portée sur les plaizirs de la chair...

Elle aurait pu lui avouer qu'elle avait piqué des gâteaux à la cantine la veille mais elle avait l'impression que ce genre de péché devait être pour le Père Carmosy des "peccadilles" ; quant à lui parler de son intérêt pour la Magie Noire, elle se disait qu'il ne valait pas mieux tenter le Diable...

* L'Inspecteur Harry (incarné par Clint Eastwood)

Le révérend pris un air ravi, en écoutant les paroles de sa compatriote. Il lui serra la main

- Ah enfin, une compatriote ! Et d'ou venez vous Berlin ? Dortmund ?, Munich ?, Francfort ?, la frontière du Rhin ? Personellement je suis né au USA, a New York, dans le Bronx, d'ailleurs c'est la que j'avais ma paroisse auparavant, je m'arrangeais bien avec les délinquants du quartier. Une sorte d'éducateur pasteur en quelque sorte. Mais ma mère est originaire de la banlieue de Berlin.

En parlant de ça, il se serait bien pris une petite biére hollandaise, un ptit verre de jagermeister de sa chambre ou bien un verre de bourbon, qu'il n'essayait même pas de cacher, la bouteille se trouvant juste a coté de l'autel principal.

Puis la jeune femme se confessa, protégé du secret de confession, de son péché de luxure, non sans que le père n'arbore un sourire jusqu'au oreilles.

- Oh oui ma fille, c'est bien sa...Euh non, excusez moi...Oh ma fille, c'est péché que faire plaisir de son corps. Racontez moi tout

" Quel con, t'as envie de te la taper, mon salaud, cette vicieuse. Aprés tout ce temps d'abstinence et de conneries, c'était quand même mieux le temps ou tu butais des enfoirés et que tu baisais de la gonzesse."

" Putain, quelle connerie  je raconte... Et Jésus et son père te pardonneront , alleluhua ! Qu'est ce que je suis parti foutre dans ces ordres catholiques. j'aurais mieux fait d'être protestant, au moins j'aurais pu me marier et faire des gosses. "

John continua d'écouter les confessions de kla jeune femme qui devait avoir beaucoup de choses sur  le coeur a raconter. Le révérend ne s'en trouvait que plus ravi.