Pluie battante [ Lelouch ]

S'il y avait bien une chose qu'elle ne comprenait pas sur cette fichue terre, c'était le climat. Il y a une demi-heure, elle crevait de chaud dans le parc, au point de boire énormément d'eau pour se rassasier un maximum.
Et là, c'était une pluie - certes, chaude, mais peu commode - qui était venue faire son nid au milieu des nuages, chassant une chaleur arrassante pour la changer en temps humide et tiède. Elle avait donc décidée de s'abriter sous un kiosque, ce genre d'endroits où vous pouvez vous asseoir, à l'abri, non sans frotter ses bras qui commençaient à devenir frais. Elle faisait trop confiance à la météo. C'était affreux, cette naïveté. Elle était sortie, tranquillement, avec ses cheveux gentiments coiffés et sa robe chinoise dorée et blanche, chantonnant presque entre les fleurs et les feuilles, comme dans une comédie musicale de série B.
La pluie, elle, s'était invitée dans ce tableau idyllique.

Prudence s'accouda au kiosque, et regarda les fleurs se courber sous le poids de l'eau. La pluie devenait forte, et les minutes s'écoulaient.

" Tatie va me gronder, songea t'elle. Si je rentre trempée, et si je rentre en retard. Elle me grondera de toute façon. "

Elle s'installa sur un siège, sous le kiosque, et continua de regarder le paysage qui subissait, immobile, la violence de la météo japonaise. Cela lui rappelait un peu la Chine, quand elle sortait jouer avec ses cousines, et que la pluie les attrapaient par surprise, les faisant rire, puis pleurer. Non pas qu'elle soit hydrophobe, mais elle n'appréciait que moyennement l'eau, sauf celle des rotenburo, et celle de la douche.
Elle fut consternée en remarquant que la pluie redoublait de violence. Et prit peur en pensant entendre, au lointain, un orage proche.

Les derniers évènements qui c’étaient produits dans sa vie l’avait rendu anxieux et amer, et pourtant ne les avaient ils pas choisis ? Ne les avaient ils pas provoqué ? La cohabitation avec ce démon, l’acquisition de ce « pouvoir-fardeau » il l’avait accepté de bon gré, il n’avait pas hésité une seule seconde alors qu’il aurait pu très bien dire tout simplement : non.
Malgré cela, le remord d’avoir agis en désespoir de cause et sur le coup de l’émotion, qui malgré le temps passé était encore forte ne le quittait pas.
C’est sans doute la raison qui le faisait marcher dans le parc, l’envie de décompresser, comme après le coup d’une forte émotion…il avait du mal à faire comme si rien ne c’était passé, lui qui pourtant avait repris une vie normale du jour au lendemain après de nombreuses épreuves, et qui ne laissait souvent rien paraitre.

"Hum…je peux comprendre aisément les questions que tu te poses, et ce que tu peux te demander et dans la mesure du possible je veux bien y répondre, mais cela ne t’avancera à rien de marcher ici sans but… " Lui murmura la voix du démon

" La ferme ! Tu as eu ce que tu souhaitais et de toute manière tu… "

Une goutte de pluie s’abattit sur son visage, puis une seconde, en un instant le temps était passé de plaisant, à passable et mauvais. Mais le temps, il s’en fichait pas mal, ce qui le gênait c’est…qu’il n’avait rien remarqué, lui qui pourtant était si attentif…ses pensées sur les choix qu’ils avaient fait dernièrement l’obsédais, il ne pouvait faire autrement, et il faudrait régler ça au plus vite.

" Tu es ce genre de personne qui possède un critique derrière chacun de leurs actions, tant que tu ne seras pas satisfait par ton action…le fait est que tu resteras prisonnier de tes pensées. "

" Je sais bien, je pense qu’un peu de repos ne me ferait pas de mal, pour le reste…on verra plus tard. Déjà trouvons un abri pour passer ce déluge. "

Son regard alla de droite à gauche, un regard qui avait perdu certaine de ses illusions mais qui gardait un sourire, un sourire de clown triste et d’homme perdu. Il vit enfin un kiosque sous lequel s’était déjà abrité une fois avec Gwen, une jeune femme un peu trempé s’y trouvait déjà.
 Elle n’avait pas l’air d’ici, sa tenue, son allure, elle semblait songeuse… peu importe. Il s’y dirigea doucement, presque automatiquement, la pluie glissait sur sa veste, si bien qu’en arrivant là bas il se trouva bien arrosée.
Esquissant un geste de salutation et un sourire il dit tout en s’asseyant.

« Si vous le permettez je vais m’asseoir a vos cotés le temps que la pluie passe, je ne tiens pas vraiment à prendre ma douche ici, elle est un peu trop tiède pour moi…et de toute façon je n’ai pas de rechange ! Je suis peut être un peu trop curieux mais à votre allure vous n’avez pas vraiment l’air d’habiter dans le coin…je me trompe ? »

La jeune fille eut un petit sursaut en le voyant.
Elle ne l'avait pas sentie approcher, plongée dans ses pensées illusoires, et, étant habituée à entendre les gens parler chinois autour d'elle, elle fut surprise de l'entendre lui adresser la paroles en japonais. Pendant quelques secondes, d'ailleurs, elle le fixa, analysant lentement ses paroles dans son esprit. Prudence resta donc environ une minute à le fixer, sans parler, les yeux grands ouverts comme s'il venait pour lui dire qu'il allait l'assassiner froidement.
Puis un petit sourire naquit sur ses lèvres. Elle avait à peu prés compris. Alléluïa, comme disent les Européens ! Elle secoua son visage, un réflexe qu'elle gardait quand elle était timide, renfermée, surprise, et répondit finalement :

" Je vous en prie. Ce ... Cet endroit est à tout le monde."

Suivi d'un sourire. Avec un japonais hésitant, marqué d'un fort accent chinois, elle arrivait à se faire comprendre.

" Je ne suis pas ... D'ici. Je viens de la .... elle montra du doigt la direction de la Chine .. Chine. Je suis ici pour travailler et ... rencontrer des personnes un peu plus aimables que ma famille. Et ... vous ? Vous êtes Japonais ? Vous avez l'air de venir ... d'autre part. An other world. "

Elle eut un nouveau petit sourire, et regarda autour d'elle, la pluie qui devenait affreusement violente. Elle avait peur que le kiosque ne lui tombât dessus. Elle entendit à nouveau un grondement, celui de l'orage qui se précipite, et sursauta.

Malgré ce qu’il avait pu dire en s'efforçant d'être naturel le bilan n'était pas très brillant, la jeune fille ne semblait pas très heureuse de son arrivé, du moins c’était l’impression qu’il en avait. Faisait-il si peur que ça ? Pour qu’elle reste consterné par ce qu’il venait de dire et qui n’étais pourtant que d’une banalité commune pour lui ?
Après tout, peut être avait elle des soucis ou l’envie de rester seule un moment, il se prenait la tête sans doute inutilement.

" Je vous en prie. Ce ... Cet endroit est à tout le monde." Finit elle par répondre avec un semi sourire

Cette phrase le soulagea, le ton hésitant de la phrase prononcé avec un fort accent qui ne lui disait pas grand-chose, hormis qu’elle n’était certainement pas d’ici ou qu’elle n’y était plus revenue depuis un moment déjà. Lui montrait également que la frayeur et la consternation qu’avait pu avoir la jeune fille a son arrivé pouvait être simplement dû au fait qu’elle avait du mal à comprendre ce qu’il disait sur le coup, cela le rassurait, il ne tenait en aucun cas à ce qu’on ne puisse se rendre compte pour l’instant que quelque chose avait changé.
De plus le fait qu’elle secoue son visage comme elle l’avait fait précédemment, comme pour les personnes qui ne sont pas encore sûr de leurs propos et qui tiennent à rassurer leur interlocuteur en joignant le geste à la parole, prouvait qu’il était sans doute sur la bonne voie.
S’asseyant, elle enchaina


" Je ne suis pas ... D'ici. Je viens de la .... elle montra du doigt la direction de la Chine .. Chine. Je suis ici pour travailler et ... rencontrer des personnes un peu plus aimables que ma famille. Et ... vous ? Vous êtes Japonais ? Vous avez l'air de venir ... d'autre part. An other world. "

" Elle…elle l’a donc remarqué… " Pensa t il stupéfait

" Vraiment…si la première fille, étrangère de plus, que tu croises dans la rue arrive à deviner ça…tu dois avoir du souci à te faire sur ta capacité à faire comme si de rien n’était. "

Et pourtant, comme pour contraster avec le temps qui devenait de plus en plus capricieux et colérique, il sourit pour ne rien laisser paraitre à son étonnement de paraitre si transparent.
Un nouvel éclair se fit voir au loin, l’orage se rapprochait…ou s’éloignait.... difficile de juger quand tout ce qu’on peut voir ce sont de gros nuages noir qui assombrissent le ciel et qui laissent couler un monceau de gouttes sur soi.
Elle avait encore eu un peu de mal à prononcer sa phrase, incertaine, néanmoins « another world », ces paroles hésitantes mais pourtant peu loin de la vérité, résonnait dans sa tête..

« Vous êtes chinoise ? Et malgré les tensions que peuvent avoir ici les chinois et les japonais vous n’avez pas trop peur d’être un peu victime de discrimination ?
De plus pour ainsi partir comme ça loin de votre famille, il devait vous en faire baver un peu…mais excusez moi je suis peu trop curieux et malpoli, je pose des questions sans répondre aux votre !
Je vis ici mais je ne suis pas originaire du Japon, en vérité je viens de l’Europe Occidentale, mais à force…je m’y suis habituer, je ne considère pas ce pays comme mon chez moi mais comme un bon pied à terre, au fait je m’appel Nicolas. »

Parlant lentement et plutôt calmement, au contraire de ses habitudes il se voulait rassurant et compatissant, pour que la jeune fille puisse comprendre facilement et totalement le sens de ses propos, il avait d’ailleurs songé à employé le plus possible des termes plutôt connus et simple. Néanmoins ce n’étais pas uniquement par gentillesse, de même que ces questions n’étaient là que pour distraire son attention pour qu’elle soit concentré sur ces questions et déchiffrer ce qu’il disait.
Cela aurait l’avantage qu’elle en oublierait peut être l’impression étrange qu’il pouvait lui faire ressentir, de plus l’Europe Occidental…cela suffirait à calmer ses craintes, sans doute…
S’il cherchait un message d’espoir comme pour approuver qu’il était convaincant, il ne devrait pas le chercher vers le ciel, car il n’aurait vu que la pluie et des nuages couleurs charbons.
Mais pour le moment il regardait avec curiosité son interlocutrice, d’un regard amusé et curieux.

Quand Prudence s'exprimait, on aurait dit qu'elle usait du langage des signes. Elle parlait beaucoup avec ses mains, mimant presque ce qu'elle essayait de dire, espérant que cela l'aide à se faire comprendre.
Quand elle écoutait, elle avait cet air si attentif, celui d'un enfant à qui l'on raconte une histoire agréable, à qui on explique quelque chose qu'elle voulait comprendre, à qui on racontre l'histoire de son pays, celle des étoiles et de la galaxie, toutes ces choses inconnues.
Elle asquieçait à chacunes de ses phrases, pour signifier qu'elle comprenait, ou faisait une petite grimace si elle butait sur un mot.

" Nicolas "

Répéta t'elle lentement. Elle n'avait jamais entendue ce prénom auparavant. Il était Européen, c'était normal. Elle, elle n'avait jamais quittée la Chine, et ne connaissait que Paris, et encore, à cause de photos que leur professeur leur avait montré. Paris, Berlin, Rome ... capitale de la mode, de la culture, selon ce même professeur. Elle trouvait Pékin si morne face à l'étendue mondiale qu'elle n'avait jamais foulée du pied.
Mais elle reprit rapidement un sourire, avant de lui répondre.

" Oh, je ne crains pas les ... Japonais. Ils ne sont pas plus dangereux que les membres de ma famille."

Elle eut un petit sourire.

" Je viens d'une famille trés ... fermée. Je ne sais pas si cela se dit. Ils ne veulent pas connaître ... autre chose que la Chine. On dit même qu'ils sont ... elle chercha ses mots, un instant l'index posé sur la joue , réactionnaire, ou conservateurs. "

Elle posa sa main sur son coeur, et fit un signe négatif avec son index, pour signifier qu'elle ne les aimait pas. Ils l'empêchaient d'être curieuse, de découvrir, l'enfermant dans leur univers. Non, elle ne les appréciait pas.
Elle sursauta à nouveau, apercevant un éclair.

La jeune fille l’intriguait, au point même qu’il avait dépassé l’appréhension du début de se savoir mal à l’aise à cause du fait qu’elle le sentait étrange. Il avait de la compassion pour elle au fur et à mesure qu’elle parlait pour cette famille qui avait l’air de cloitrée totalement sa fille pour préserver…pour préserver quoi d’ailleurs ? Une attitude de mépris envers toute sorte de culture n’étant pas chinoise ?
Mais surtout il trouvait qu’elle forçait l’admiration par son courage de braver cette famille et de vouloir voir le monde, même si ce n’était que pour aller dans un pays où l’on ne l’apprécierait pas facilement et où la communication serait difficile.

« Oui Nicolas… vu comment tu le répètes, ça doit être vraiment un prénom étrange pour toi…peut être que mon surnom te plairait mieux ? Orphée, mais je crains que cela ne te plaise guère non plus. »

Il tenait vraiment à l’aider, qu’elle se sente chez elle ici, il connaissait en partie ce sentiment qu’elle pouvait ressentir, l’isolement et la crainte…la présence de la jeune fille le touchait, il pensait à ce qu’elle avait pu vivre et la volonté qu’elle devait déployer pour rendre ses rêves possibles. La compassion ressentit l’apaisais, néanmoins cet apaisement n’était pas au goût du démon qui trouvait ces niaiserais trop sentimentales à son gout.

" Hé oh, du calme Don Juan, je te rappelle que ton but est qu’elle ne découvre pas ma présence, pas de savoir ce qu’elle fait ni qui elle est, on s’en fiche pas mal. "

" Toi, tu t’en fiche pas mal, mais moi cette fille  m’intéresse, le courage qu’elle à du avoir pour… "

Vraiment elle forçait son admiration, de plus il trouvait vraiment touchant sa manière de s’exprimer avec ses gestes quelques peu maladroits parfois, si seulement le temps pouvait aller mieux, s’il faisait plus beau, qu’elle puisse sourire et surtout arrêter de tressaillir a chaque coup de tonnerre.

« Je vois…ta famille n’est pas très ouverte, c’est triste, vraiment. Comment fais tu pour vivres ici alors ? Tu as des amis qui te logent ? Au fait, excuse moi mais je ne connais pas ton nom... »

Même s’il souriait sur le moment en la regardant, il était agacé, agacé par le démon et le temps qu’il faisait, il aurait aimé qu’elle voit au Japon des cotés positifs qui l’auraient enclin à rester ici pour un moment, qu’elle soit plus à l’aise et prenne son indépendance de cette encombrante famille conservatrice.
Hélas le ciel n’avait, pour l’instant, pas l’air de vouloir accéder à sa requête.

Prudence eut un sourire. Elle commençait à se sentir mieux, plus à l'aise, moins opressée, et ce malgré l'orage croissant. Elle plaça sa main, paume ouverte, sur son coeur, et balbutia quelques paroles en chinois. Prudence avait-il une prononciation spéciale, ici ? Elle ne le savait pas. Elle savait que ce prénom était européen, mais ignorait s'il était allemand, français, anglais, ou autre.

" Je m'appelle ... Prudence. "

Dit-elle enfin, suivi d'un sourire.

" Et Orphée est ... joli. A nice surname ! "

Elle sourit à nouveau, d'un sourire accentué. Elle passa sa main dans ses cheveux d'encre, qui lui collaient au visage, et releva les yeux vers Nicolas. Il avait l'air sympathique, pas bien dangereux, et semblait vraiment quelqu'un de bien. Elle n'avait aucun appréhension, quand à qui il était.

" Ma famille m'interdisait de ... discuter avec des gens ... Qui ne sont pas Chinois "

Balbutia t'elle, d'une manière honteuse. Elle n'aimait pas savoir qu'elle avait eu une éducation fermée, et avait peur que cela n'ait des répercussions sur son avenir. Elle jeta un coup d'oeil à la pluie, espérant qu'elle se calme un peu, mais celle ci semblait bien décidée à nicher ici pour un bon moment.
Elle continua la discussion.

" Je vis chez ma tante. A une demi-heure d'ici. Elle ... m'accueille, pour que je puisse étudier. Et toi, tu ... est étudiant ? "

Elle était intriguée, décidement, par ce jeune homme. Il ne semblait pas si normal que ça, mais pas non plus dangereux. Elle avait le pressentiment qu'il ne lui ferait pas de mal, mais sentait qu'il n'était pas ... commun. Et cela la troublait, de ne pas savoir ce qu'il avait de si peu commun. Sa manière de parler, sa stature ? Non. Ses yeux ? Non plus. Elle le dévisagea étrangement, puis, se rendant compte de son manque de discrétion, se calma.

Il était ravi, ravi qu’elle apprécie ce surnom peu commun donné par son ancien amour lors d’une occasion où Nicolas jouait un morceau particulièrement émouvant, il l’encouragea à l’utiliser.

« Si tu préfères la prononciation tu peux m’appeler comme ça, si pour toi c’est plus facile ! Prudence ? Eh bien enchanté ! Mais ça ne fais pas très chinois comme prénom ! »

Le fait qu’elle commence à sourire détendait l’atmosphère, de triste et préoccupée, elle semblait maintenant détendue et enclin à parler.
Cela était devenue beaucoup plus simple maintenant de lui parler dans cette atmosphère plus chaleureuse, bien sur ce n’était encore qu’une inconnue avec qui il passait un agréable moment, mais la providence des fois…fait bien les choses.
Elle avait un petit je ne sais quoi, qui l’intéressait…peut être comme lui une volonté de se battre malgré tout les préjugés, se battre envers et contre tous ?
Il y avait un peu de ça sans doute mais pas que.
Il remarqua que dès qu’il s’agissait de sa famille…celle-ci avait comme un blocage, une envie de ne pas en parler, ce qui était compréhensible du fait de ce qu’ils avaient pu lui faire vivre et qu’ils ne l’aidaient pas vraiment dans ses projets de voir le monde.

« Oui je suis étudiant dans un établissement pas loin d’ici, a vrai dire je m’y suis inscris il y a peu, avant j’étais dans une école plutôt de style occidentale mais cela ne…
Hum, tu as l’air un peu préoccupée ce n’est pas à cause de la pluie j’espère ! Ne t’en fais pas, elle finira bien par s’arrêter ! » Dit il d’une manière qui se voulait rassurante

Elle semblait de nouveau un peu ailleurs, peut être songeait elle a sa famille laisser là bas…en Chine, car malgré leurs différent c’était sa famille, son père, sa mère…Il ne devait pas la laisser penser à ça, sinon elle n’en serait sans doute que plus malheureuse.

« Si tu veux, quand la pluie se sera arrêter je te ferais visité un peu le quartier comme ça tu prendras tes marques ! Je pense que ce serais pas mal non ? Pour une amie étudiante je me dois de te servir de guide ! »

Il avait espéré que cette proposition lui change les idées du tout au tout, pour lui permettre de s’habituer à envisager la vie ici comme une libération et non comme une leçon.
Comme pour accréditer ceci, l’orage qui n’avait cessé depuis qu’il s’était rendu au kiosque, semblait perdre en intensité.

La jeune fille lui rendit un sourire. Même si elle avait eu du mal à le comprendre, mettant beaucoup de temps pour analyser ses propos, elle ne pouvait s'empêcher de le trouver sympathique. Elle se gratta la nuque, regardant la pluie qui commençait à détaler. Un autre sourire ravi. Les yeux brillants, heureuse d'avoir rencontré une personne qui lui ferait découvrir ce pays si étrange qu'était le Japon, elle s'atela à répondre à Nicolas.
Elle fit quelques gestes rapides, se remémorant le vocabulaire japonais.

" Mon prénom est .. occidental. J'ignore son sens. On me dit qu'il ... veut dire une chose, mais je ne connais pas ... Les langues occidentales. "

Sourire gêné.

" Je suis d'accord pour visiter, je ne connais pas encore ... suffisamment la ville. Je viens juste de ... atterir ici. "

Elle fit le signe d'un avion qui se posait, pour lui faire comprendre. Il fallait qu'elle se remette à travailler son japonais ! Elle entendit soudain un petit oiseau chantonner, et regarda le paysage. Quelques gouttes de pluies tombaient encore, mais elles étaient sans danger, comparé à la bourrasque précédente. Elle se recoiffa, doucement, sa mèche de cheveux revenant se poser devant un de ses yeux.
Une averse passagére. Mélancolique, elle se souvint de ses étés où sa mère lui expliquait que ces averses étaient dangereuses, qu'elle pourrait glisser, et que, par conséquent, il fallait qu'elle reste à la maison.

" Est-ce plus beau que la Chine ? "

Demanda t'elle, amusée.

" J'ai un esprit un peu ... patriotique. J'aime mon pays natal. On me dit que ... Le Japon est beau et magique. Mais je ne le connais pas."

Il savait maintenant ce qu’il appréciait chez Prudence, c’était son coté un peu enfantin, pas au sens péjoratif du terme évidemment, mais le fait qu’un rien, quelque chose d’anodin pour lui, puisse lui plaire et la faire sourire.
Il trouvait ça touchant et cela lui plaisait, sa famille…le fait qu’elle ignore même jusqu'à la signification de son prénom, qu’elle soit nouvelle ici…

« Prudence…eh bien je vais tenter de t’expliquer cela…cela caractérise une personne qui prend beaucoup de précautions avant de faire quelque chose, pour être sur de faire le bon choix et de ne pas se précipiter dans ses décisions… »
Tout le contraire de moi ! Compléta t il mentalement.

Elle le regardait captivé, déchiffrant chacun de ses termes avec une infinie minutie…jusqu’au moment où elle remarqua qu’il faisait meilleur désormais, la beauté du parc après la pluie semblait l’époustoufler et la comblée.
En même temps il y avait de quoi, c’était magnifique, un paysage féérique qui devait sans doute la rassurer quand à l’avenir ici…tant mieux.

« Je ne sais pas…je ne suis jamais allé en Chine…mais j’imagine que tout les pays sont superbes du moment où l’on sache où regarder. » Annonça t il en souriant

Puis il ajouta en souriant comme pour la rassurer

« Si je viens en Chine j’espère qu’a ton tour, tu me feras visiter ton pays que tu as l’air d’aimer tant »

Il était encore étonné des ressources que Prudence pouvait déployer pour se faire comprendre, les gestes joignant la parole…cela lui donnait vraiment une grâce inouïe. Et, sans vraiment qu’il fasse attention, il lui prit sa main, une petite main froide et encore mouillé par la pluie et ajouta.

« Je te ferais visité le Japon et tu me feras visité ton pays, cela te va comme ça ? »

Cette idée enchanta la jeune fille.
On dira souvent qu'un rien la rendait heureuse, qu'une toute petite chose pour la faire sourire, et là, effectivement, c'était le cas. Ce genre de propositions, empreintes de gentillesse, de douceur, la rendait maladroite, gênée, mais surtout heureuse. Si elle s'était attendue à ce genre de rencontres, ici, au Japon ! Sa mère s'était bien trompée, au sujet des Japonais ! Ils n'étaient nullement violents et incultes ! Elle admirait chez ce garçon son attitude, son interêt pour elle, ses gestes gracieux et peu violents.
A l'aide de son autre main, elle se recoiffa un peu, puis se leva, entraînant avec sa main le garçon à en faire de même.

- J'en serais ... ravie, ajouta t'elle avec un sourire. Ce serait une ... pardon, un plaisir.

Elle eut un nouveau sourire, immense, dévoilant sa dentition blanche et presque parfaite, et sauta hors du kiosque. L'air sentait bon. Elle regardait autour d'elle, savourant un paysage qu'elle n'avait pas eu le temps de déguste,r à cause de la pluie.

- Je suis ... Peut-être un peu comme mon ... prénom. Mais je reste ... Impulsive. Mais tout de même ( elle réfléchit un instant à comment décliner le mot prudence, en français ) prudente. C'est cela, prudente ?

Elle lui adressa à nouveau un sourire.

- Et j'aime ta ... façon de voir les choses.