Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

L'Éclat [Oneiros]

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Serenos I Aeslingr

Modérateur

  • -
  • Messages: 2365


  • FicheChalant

    Description
    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

L'Éclat [Oneiros]

lundi 02 décembre 2024, 00:47:16

Entendez que viendra du ciel un sombre être, Portant en son regard les feux des plus noirs traîtres. Son mandat par les cieux, terrible et divin, Sera de mettre fin à la vie, au destin.
Les cieux s'ouvriront, et dans un fracas immense, Descendra l'être sombre, porteur de défiance. Les mers s'agitent, les terres tremblent sous ses pas, L'homme et la bête fuient, redoutant son trépas.
Son souffle est de flamme, sa main de noir dessein, Il trace par son passage un funeste chemin. Les jours s’obscurciront, la lumière déclinera, Et l'espoir des cœurs vifs enfin s'éteindra.
Il est le messager de la fin des temps, Dont le règne sur terre sera bref et violent. Nul ne pourra échapper à sa sombre loi, Car le destin du monde s'accomplit par ses doigts.


-Astrius de Melain, la dernière crise


– Je vous le dis, mon Roi, jamais je n’ai vu de telles horreurs, dit le seigneur de Barin. Des semaines que personne ne ferme l’œil, mes gens sont terrifiés, et certains sont même morts de terreur dans leur lit ! Oh, mon Roi, ne doutez pas de la parole de votre serviteur, nous sommes la victime d’un odieux maléfice, j’en suis on ne peut plus certain ! Mon pauvre amant, lumière de mon cœur, le pauvre Welkyrn, il appréhende de s’endormir, et moi de même, de peur que nous ne nous réveillions plus l’aube suivant !

Voilà le septième des seigneurs de son domaine qui se présente à sa porte pour rapporter ces étranges phénomènes. Accablé de terreur, et faisant fi de la dignité et de l’orgueilleuse indépendance qui revient aux maîtres de fief, il en fallait beaucoup pour qu’un homme comme le seigneur de Barin ne mette sa fierté de côté pour s’aplatir ainsi devant son suzerain, et voilà le septième, et Serenos n’était pas optimiste ; si quelque chose de néfaste faisait son ouvrage sur les Trois Royaumes, nul doute qu’il entendra bientôt des rapports du régent des Terres du Nord et des Araniades.

D’ailleurs, n’étaient pas seuls ces pauvres hères étrangers à la grande capitale de Meisa qui souffraient de ces terrifiants cauchemars, car même dans les murs de sa propre forteresse, appelée par le peuple grand et petit l’Ancienne Citadelle, ses gens, des serviteurs aux gardes royaux, sans parler des chevaliers de l’ordre de l’Orchidée, tous semblaient d’humeur maussade, moribonde, et si le Roi n’avait guère à se plaindre de cauchemar, c’était simplement parce que ses nuits n’avaient jamais été habité par autre chose depuis fort longtemps, au point que les tourmentes que son esprit pouvait lui infliger n’étaient que de vieilles compagnes desquelles il ne se souciait plus autant.

Sans qu’il ne lui en fasse le geste, Aldericht, son fils, s’approcha de son royal père et posa une main sur l’accoudoir de son trône, avant de se pencher et lui murmurer quelque chose à l’oreille. Une courte interaction murmurante se fit entre les deux hommes, avant que le Roi ne lui fasse un signe de la main pour l’inviter à reprendre sa place, et ramena son regard sur le pauvre seigneur.

– Votre souci ne sera pas ignoré, noble seigneur de Barin, dit le Roi en se relevant de son trône, joignant les mains dans son dos, et soyez assuré que le trône enverra ses plus loyaux et dévoués serviteurs à remédier à ce problème. S’il est d’origine de quelque sortilège que ce soit, nous en trouverons le remède.

– Mon Roi, dit l’homme en s’inclinant bien bas. Une autre crainte nait dans le cœur de mes gens, et bien qu’il me peine de la partager, je crois qu’elle mérite d’être considérée par votre Majesté.

– Quelle est donc, cette crainte ?

– Les petites gens croient, votre Majesté, que peut-être un vestige se serait éveillé. Que… peut-être… oh, je n’ose point dire ces mots hideux…

– Dites donc, seigneur, soupira le Roi. Votre temps et le mien ne peuvent guère se permettre de détours d’oration.

– Oh, mon Roi, le bruit court que la magie que votre Majesté a employée pour endormir les anciennes menaces serait… affaiblie. Que ces cauchemars qui rendent malades l’esprit de nos pauvres gens ne sont que le signe avant-coureur d’une tragédie à en devenir.

L’accusation arracha soudainement à l’assemblée présente des murmures et, rapidement, des objections bruyantes, des injures, des accusations de folie ou de paranoïa. Le seigneur baissa la tête, gêné, et le souverain frappa d’un pied ferme le sol, à l’endroit où une planche de bois avait été spécifiquement installée précisément pour cette raison, et le bois émis un tambour digne d’un tonnerre.

– Silence !

Et le silence retomba.

– Ne soyez donc pas si empressé d’accuser le messager de mon peuple. Je ne connais pas la moitié d’entre vous qui aurait la bravoure de me remettre en question.

Un regard embarrassé fut échangé par les membres de l’assemblée, dont beaucoup firent même un pas de recul dans leur gêne d’être ainsi rabroués par leur souverain.

– Toute confiance que je puisse avoir en ma magie, il existe encore des choses que l’Académie n’a guère étudié, et des choses que je ne connaisse pas. Tel est le lot de la mortalité, que le savoir ne saurait être acquis en une vie. Peut-être notre vigilance s’est relâchée après des décennies de paix que nous n’espérions pas du temps de mes aïeux ; peut-être que mes enchantements ne sont pas à la hauteur de l’énorme tâche qu’est celle de contenir définitivement nos ancestraux voisins. Ainsi donc, une enquête sera menée aux différents lieux où nous savons avec certitude qu’un Vestige repose. Et entre temps, je ferai moi-même enquête du sort, afin de m’assurer qu’il ne s’affaiblit point.

Il jeta un coup d’œil sur l’assemblée puis ramena son regard sur l’un de ses conseillers.

– Les doléances doivent continuer, mais la situation me semble assez urgente pour que je doive m’en soucier immédiatement. Seigneur Hys, veuillez présider à ma place, avec l’assistance de mon conseil. Vous connaissez ma pensée, et je vous fais confiance.

Le seigneur Hys, un vieil homme de cent dix neuf ans dont l’expérience n’avait d’égale que la longueur de son impressionnante barbe qui menaçait, chaque jour qui passe, d’approcher dangereusement le sol et d’y rejoindre l’ourlet de sa toge, inclina respectueusement la tête et s’avança jusqu’au trône du Roi. Il s’inclina devant le siège et, avec l’humilité, y fit siège, sous le regard des gens présentes. Serenos se tourna alors et se dirigea vers la porte qui le mènerait au couloir, flanqué d’Aldericht qui, sans même avoir besoin d’étirer sa conscience jusqu’à son père, savait que celui-ci voulait être suivi.

– Ma magie ne faute pas, Aldericht.

– Je n’en doute pas, mon père, répondit le fils en marchant derrière lui.

– Mais quelque chose me trouble, depuis notre rencontre avec l’esprit de l’île.

Le souvenir de cette rencontre fit frissonner le Roi, dont le corps se souvenait encore que trop bien des supplices vécus.

– Il semblerait que nous attirions maintenant l’attention d’êtres qui, auparavant, n’avait pour nous aucun intérêt.

– Vous pensez que l’entité de l’île aurait partagé avec d’autres notre rencontre ?

– Non pas, dit le Roi en grimpant un escalier. S’il y a une chose que j’ai compris de cette femme, c’était qu’elle n’avait aucune affection pour ses semblables, et encore moins une raison de partager sa malheureuse rencontre avec nous. Cependant, le destin a une drôle de façon de lier les événements… Surtout en ce qui me concerne.

Aldericht ne releva pas cette arrogance. Serenos parlait parfois comme si le monde tournait autour de lui, et bien qu’il lui aurait été agréable de rappeler à son père que le monde se portait fort bien sans lui, et qu’il continuerait à le faire longtemps après son trépas, il ne pouvait nier que les coïncidences s’accumulaient autour du Roi. Plus souvent en mal qu’en bien, comme pour le marteler de malheurs jusqu’à le rendre sourd à celui-ci, et à celui des autres.

– Où allez-vous donc ? demanda le Prince en remarquant que son père, plutôt que de prendre l’un des escaliers secrets qui le mènerait jusqu’à Eglendal, prenait un couloir qui le menait vers le cœur de la citadelle.

– Voir ma fille, bien sûr. Si mes soupçons sont vrais, elle en aura assurément une idée. Qui d’autre qu’une pythie serait capable de me dire si un haut-esprit rôde à ma porte.


***

Parfois, pour remplacer un esprit préoccupé, il fallait trouver une distraction digne de ce nom, et dans tout le grand empire qui se faisait appeler les Trois Royaumes, les arts subtils des mots et des caresses étaient incroyablement efficaces.

Les filles et fils de la terre avaient de nombreuses fonctions dans la société Meisaenne. À la fois guérisseurs, éducateurs, confidents, conseillers et compagnons de plaisir, fonctions qu’ils occupaient depuis plusieurs siècles déjà, il n’était que rarement un Meisaen qui ne s’aventurait pas dans les quartiers des roses pour les côtoyer, une pratique qui, semble-t-il, serait vu comme honteuse et décadente dans d’autres contrées. Au contraire, ces gens jouissaient d’une remarquable et honorable réputation, car c’était entre leurs mains que beaucoup confiaient leur santé, plutôt que d’accourir à un docteur ou même un mage pour obtenir un traitement. Disait-on que si la Matronne demandait audience avec le Roi, celui-ci l’accorderait en priorité, tel était la grandeur de leur influence et importance dans la société.

Camélia, qui avait emprunté ce nom à une fleur comme se voulait la tradition, avait de nombreux clients, et autant de clientes, mais aucune n’était aussi illustre que la femme devant elle, et elle ne put croire qu’aucune n’aurait osé la quémander aussi souvent, mais compte tenu de sa position, il lui aurait été impossible de refuser ses requêtes, d’autant plus que l’argent qu’il lui était accordé pour son service aurait pu faire d’elle une femme riche si elle n’était pas vouée à un service au peuple.

Assise sur le bassin de sa cliente, dont les mains étaient liés d’une corde noire au-dessus de sa tête et solidement attachée à la tête de lit, elle observait cette jeune femme en silence pendant qu’elle reprenait son souffle. Voilà maintenant trois heures qu’elle s’acharnait à l’ouvrage, et encore cette avare créature était susceptible de lui en demander plus.

Elle leva une main et toucha le bandeau qui couvrait les yeux de la noble femme, qui se crispa un peu à ce simple toucher, même si indirect. Ses cheveux blancs étaient collés à ses tempes et son dos tant elle était en sueur, et elle tremblait d’épuisement, mais cela ne l’empêchait pas d’être encore avide de plus. Elle frôla ses lèvres du pouce, et la demoiselle tourna la tête pour le lui embrasser, puis baiser la paume de sa main, son souffle glacé contre sa peau lui arrachant un frisson.

– Je crois que nous devrions nous arrêter ici, Shion, fit la fille de la terre, ses doigts quittant les lèvres pour glisser sur le menton de la sublime créature.

– N… non… ! maitresse, n’arrêtez point… ! supplia la noble dame d’une petite voix aigüe. Je peux… je peux encore vous satisfaire… !

– Tu m’as déjà satisfaite un nombre de fois qui serait obscène de partager, dit-elle en caressant maintenant sa gorge, au toucher de laquelle elle pouvait sentir l’air passer avec urgence. Regarde-toi, tu n’es plus qu’une petite chose tremblante. Je ne vais pas te pousser plus que de raison.

– Encore juste un peu… une dernière fois ! que dit la belle.

– C’est ce que tu as dit les trois dernières fois.

– Une… dernière dernière fois ? tenta donc la cliente dans un ton presque enfantin.

– Non.

Elle se pencha sur la cliente et posa ses lèvres contre les siennes pour un baiser langoureux qui fit réagir la jeune femme, qui arqua le dos, usant de toute la force de ses reins pour relever son buste et venir à sa rencontre.

– Dis mon nom, souffla-t-elle entre deux baisers.

– Non… non, pitié… !

– Dis mon nom, répéta-t-elle en mordillant sa lèvre.

– Maîtresse…

– Dis-le.

– Camélia…

Et grâce à ce mot, la jeune femme fut libérée de ses obligations. Ce qui ne la força en rien à se montrer froide ou distante avec cette belle créature. Cependant, elle sentit une vague de soulagement et d’aise à ne plus être contrainte de jouer la maîtresse.

Elle fit tomber le bandeau et croisa les yeux améthystes et larmoyants de la noble fille qui, sans lui faire de reproche, regrettait amèrement que les choses soient maintenant terminées. La fille de terre s’apprêta à dénouer les nœuds qui tenaient la belle quand la porte à sa droite s’ouvrit subitement et sans avertissement, arrachant aux deux femmes un cri de surprise, alors qu’entrait deux hommes aux cheveux noirs comme la nuit, l’un de grande carrure vêtu d’un costume d’apparat et l’autre, les yeux voilés d’un bandeau qui ressemblait à celui que Camélia venait de retirer à sa cliente, ne portait qu’un pantalon bouffant et une écharpe de soie noire brodée d’or, aux poignets duquel brillaient des bracelets d’argent serti de pierres précieuses que Camélia n’avait vu qu’entre les mains des plus riches marchants.

Reconnaissant immédiatement le plus grande des deux hommes, elle se sentit soudainement embêtée.

– Votre Royale Majesté… ! s’étouffa-t-elle.

– Ah, voilà ma fille. Ah, et bonjour, ma Dame. Je suis confus de vous déranger, je vous l’avoue.

– Si vous êtes confus, partez donc ! grogna la femme aux cheveux blancs. Repassez dans quelques minutes, quand je serai présentable ! quand bien même vous auriez pu faire dépêcher un messager pour annoncer votre arrivée et je vous aurais invité moi-même !

– Le temps me manque, rétorqua le Roi, et ma Dame est enregistrée au registre depuis plus de quatre heures. Je ne sais point ce que vous lui demandiez, mais je crois que quatre heures de jeu méritent au moins une heure de travail.

Il jeta un coup d’œil à la fille de la terre, qui sembla enfin se remettre de son choc et de remarquer qu’elle était toujours assise sur la dame qui, de toute évidence, avait maintenant affaire au Roi. Avec un petit geste empressé, elle finit de détacher la jeune femme, puis se releva à côté du lit pour libérer ses mouvements.

En se massant les poignets, la demoiselle, la princesse compte tenu du fait que Serenos l’avait appelée « fille », adressa à son amante un regard désolé, et à son père un regard courroucé, alors qu’elle se levait du lit et s’emparait d’une robe qu’elle passa à sa hanche, ainsi qu’une étoffe de soie qu’elle passa autour de son cou, croisa sur son buste pour cacher ses seins et attacha dans son dos pour le tenir en place.

Camélia, elle, s’empressa de ranger ses affaires dans un petit coffre en bois munis de roulette, évitant sciemment le regard du Roi qu’elle était fort trop gênée de croiser, et se faufila timidement entre les deux hommes pour gagner l’escalier avec ses affaires.

Serenos regarda sa fille, qui le fixait avec un regard ardent de colère.

– Ce n’est point plus embarrassant que la fois où j’ai dû t’extirper d’une orgie de madame de Jorlé, dit-il avec un haussement d’épaule.

– Cela n’est point une excuse ! s’écria la princesse. Vous savez combien de temps j’ai cherché pour une compagne qui ignore mon nom et mon titre ? me voilà privée, encore une fois, d’une attention que je recherche par votre faute ! à tous les coups, elle sera trop intimidée pour me… pour me…

De colère, elle agrippa un petit vase à fleur et le lança en direction de son père, mais le rata à trente centimètres.

Elle s’apprêta à se laisser aller à une série d’injures bien méritées quand elle se rendit compte de la futilité d’essayer d’inculquer quelque normes à un homme qui a grandi en ces terres dont les normes différaient tant de celles où elle avait grandi.

– Qu’importe, soupira-t-elle avant de prendre place dans un fauteuil près du balcon, au travers duquel le soleil brillait de tous ses feux. Que voulez-vous ? Et je vous préviens que si vous m’avez dérangée pour rien…

Aldericht arrêta son père avant qu’il ne dise un mot, et s’approcha de sa sœur avant de prendre place sur le fauteuil qui lui était opposé. Joignant les mains devant lui, et incapable d’avoir pu l’observer sous ses atours dévoilés, la princesse sembla presque moins énervée. D’autant plus qu’Aldericht était fort beau garçon, ce qui avait toujours été un point faible de sa sœur qui, sans nourrir d’aspiration à son égard, ne se privait pas de le dévorer des yeux et donc se calmait imperceptiblement.

– Nous croyons, ma sœur, que quelque chose affecte notre peuple, et que cela pourrait être un grand esprit. Nous ne savons rien de cette créature, hormis qu’elle a peut-être la capacité de polluer l’esprit des gens de cauchemars si terrifiants qu’ils en gardent le souvenir au réveil, et redoutent le sommeil. Et comme vous avez le talent singulier de sentir leur influence…

La princesse examina les traits d’Aldericht pendant un moment, puis soupira de nouveau, saisissant une coupe de vin à demi-remplie qui était déposée sur la table à côté du fauteuil.

Elle n’avait, bien sûr, aucune envie de se frotter à un nouvel haut esprit, surtout considérant les hantises que lui avait réservé, et lui réservait encore, la Reine des Pierres, mais devant le regard suppliant de cet homme, et le danger que le peuple devait affronter si elle ne prenait pas ce risque, elle jugea que beaucoup en souffrirait.

– Pour vous, mon frère, je veux bien faire l’effort. Pour vous et pour ce peuple que vous chérissez tant.

Si Serenos remarqua son attaque, il n’en fit pas un cas et se tint muet.

S’adossant à son siège, Laurelian ferma alors les yeux. Il était temps d’aller à la rencontre de cet esprit, s’il en était un, qui s’attaquait ainsi au peuple de Meisa.


***

L’Olympe était plusieurs choses, mais notamment à la fois un endroit et un concept, une présence physique dans le monde des vivants mais plus important encore une présence dans l’astral. L’Olympe, ou les dieux, étaient partout et nulle part, et n’étaient jamais qu’à quelques pas de leur sanctuaire. En Olympe, il fait toujours beau. En Olympe, il fait toujours heureux. Les Dieux s’y aimaient et s’y détestaient librement et sans le souci. Certains pourraient croire que les Dieux, sur l’Olympe, n’était jamais en conflit, et que ce lieu sacré était leur refuge, leur sanctuaire, l’endroit où toutes hostilités devaient être abandonné au pied de la Montagne Céleste.

Certains dieux, cependant, ne résidaient pas dans l’Olympe, mais possédaient leur propre domaine dans la mer astrale. Tous les dieux, sans exception, avaient un domaine, et ce même s’ils étaient liés à la Terre-Mère, et qu’ils soient ou non manifestés sur Terre, une part d’eux résidait toujours dans cette mer invisible, sauf s’ils désiraient, bien sûr, ne pas y être dérangé. Notons le nombre de fois qu’Hermès, grand dieu farceur, s’était complètement effacé de l’Olympe pour ne pas subir les conséquences de ses nombreuses farces aux dépends de sa famille.

Mais ce n’était pas Hermès qui inquiétait ainsi Chryséis ; c’était Oneiros.

Chryséis visitait assez souvent son bien-aimé et caractériel demi-frère pour savoir exactement comment le trouver. Elle n’avait peut-être pas l’habitude de le déranger, mais ils avaient tous deux une demi-sœur, Harmonie, qui ne saurait ignorer les actes d’Oneiros sur Terra.

L’aura tempêtueuse de Chryséis tambourina aux limites du domaine du Dieu des Rêves.

Oneiros ! articula la voix orageuse de la petite-fille bien-aimée de Zeus
.
« Modifié: lundi 02 décembre 2024, 01:47:35 par Serenos I Aeslingr »

Oneiros

Dieu

Re : L'Éclat [Oneiros]

Réponse 1 mercredi 04 décembre 2024, 18:35:18

Un léger vallon creusé de quelques rivières dont le chant humide berce l’esprit. À l’horizon, une côte maritime baignée d’une lumière doucement brûlante – celle de la Sicile, une terre qu’il n’a jamais cessé de chérir. Ici et là, des cyprès d’un vert profond. Dans l’air, ce soleil chaud, sec et matinal, une douce odeur de terre humide, quelques timides embruns salés mêlés au parfum de la résine.
Le domaine où Morphée s’était retiré après avoir passé le flambeau à Oneiros était un petit havre de paix ; Héra s’y rendait donc fréquemment. La déité du sommeil, en plus d’être de bonne compagnie, avait le mérite de connaître Oneiros (presque) aussi bien que sa mère. Lorsqu’il la rendait soucieuse, elle passait le portail fleuri de la retraire de Morphée, et il l’accueillait avec déférence et plaisir.
Allongés sur leurs méridiennes, une coupe de nectar à la main, les deux dieux contemplaient l’horizon. Le dieu du sommeil devinait l’intranquillité de la reine d’Olympe ; néanmoins, cordial et compatissant, il attendait qu’elle aborde le sujet – ce qu’elle fit, après avoir posé délicatement sa coupe vide sur une table basse sertie de mosaïques. Héra attendit qu’un compagnon de Morphée – il se refusait à les appeler « prêtes » et « prêtresses » - remplisse sa coupe avant de s’éloigner pour se tourner vers lui.

- Je dois te parler d’Oneiros.
- Je le sais bien, ma chère. Je te connais, et je connais tes inquiétudes.

Héra haussa les sourcils. Elle laissa entendre un petit rire lassé.

- Je te sais lié à lui, Morphée. Tu as été plus que son précepteur – un lien continue à t’unir à lui, non ?
- En effet.
- Morphée, j’ai besoin que tu sois franc avec moi.
- Je l’ai toujours été.

La déesse prit une profonde inspiration. Elle avait suffisamment confiance en l’expertise du dieu retiré du sommeil, que tous et toutes respectaient pour sa profonde sagesse.

- Ai-je raison de m’inquiéter pour lui ? Je le sens si – comment dire.
- Je sais comment le dire, tu sais, reprit-il devant l’hésitation de sa souveraine.

D’un geste de la tête, elle l’incita à continuer.

- Ton fils est très jeune, Héra.
- Ne me ménage pas, s’il te plaît, le coupa-t-elle, devinant ses attentions.

Le dieu du sommeil sourit.

- Ton fils est vraiment un petit con. Il l’a toujours été, et j’ai bien peur qu’il soit condamné à le rester.

Héra le regarda, hochant la tête avec un triste sourire. D’une gorgée, elle vida sa coupe de nectar avant de se laisser happer par le paysage.

*   *   *

La veille.

Assis sur le sol, les jambes relâchées, les poings serrés, la tête baissée, Oneiros regardait dans le vide. Devant lui, une pauvre petite prophétesse s’était effondrée dans un sanglot qui semblait infini. Ses longs cheveux noirs se répandaient sur les dalles de pierres, son front appuyé sur le sol, son corps secoués par les larmes qu’elle crachait littéralement, jusqu’à s’en briser les cordes vocales.
Quelques jours auparavant, il avait eu une longue conversation avec sa mère à propos des prophéties. Celle-ci avait eu le malheur de lui confier, dans un sursaut de confiance en la maturité de son fils, que chaque déité était liée à une prophétie dès sa naissance, et qu’il ne tenait qu’à lui de s’en référer à une prophétesse. « N’importe laquelle, en soi, avait-elle ajouté, mais essaie d’être exigeant ». Le lendemain, il  s’était rendue chez la prophétesse la plus fréquentée par les dieux olympiens.

Une heure après son arrivée, elle se noyait dans ses larmes.

- Répète, souffla-t-il, encore sous le choc.
- Monseigneur, je ne peux… articula-t-elle douloureusement.
- RÉPÈTE !

Dans sa voix brûlait une colère vive. La prophétesse se redressa, et reprit, d’une voix brisée :

- Un matin, le ciel d’Olympe se couvrira d’une noire fumée.
Alors, sur le seuil se tiendra un être au regard foudroyant.
Il vous défiera, dieu d’Olympe,
Il vous défiera.
Cet homme est venu pour vous détruire.
Il est la fin.
Votre mort dort dans ses poings.
Son rire déchirera le ciel.
Toi, fils d’Héra et d’Arès,
Toi, maître des songes,
Toi seul extirpera cette bête venimeuse et rendra grâce aux dieux olympiens.
Toi seul empêchera ce désastre.


Son regard trempé croisa celui, glacé, du dieu.
Il quitta le temple d’un pas décidé, sans plus se soucier de la prophétesse terrifiée.

*   *   *

Les coups de poing de Chryséis extirpèrent le dieu du songe lucide dans lequel il était plongé. Sans grande surprise, il râla, tandis que les nuages orageux qui remplissaient la pièce s’estompaient lentement. Vivement, il se leva de son vaste lit ; ce lit qu’il utilisait pour « bosser », comme il le disait avec légèreté, c’est-à-dire pour entrer en transe et plonger dans cet univers qui lui permettait d’accéder aux songes des mortels, voire des dieux. Oui, il avait tenté d’agir sur les songes de ses semblables. Bien souvent, il l’avait payé – mais ça l’amusait toujours suffisamment pour continuer.
Quand il entrait dans cette transe, la vaste aile qu’il occupait dans le palais olympien – impossible pour lui de trop s’éloigner de sa royale mère – se remplissait de lourds nuages. Quiconque restait dans la pièce pouvait observer, s’il n’avait pas peur d’y plonger sa tête, les rêves qu’il concevait se projeter dans ces nuages. Plus les nuages étaient sombres et lourds, plus les cauchemars étaient noirs ; l’obscurité dans laquelle la pièce était plongée en disait long sur l’activité qui l’occupait.
Depuis quelques temps, l’aile d’Oneiros était d’ailleurs perpétuellement plongée dans cette nuit cauchemardesque, parfois balayée d’éclairs qui effrayaient les prêtres et les prêtresses qui osaient s’en approcher. Que préparait-il ? Personne ne le savait vraiment. Il aurait fallu, pour cela, non pas seulement connaître la prophétie dont Oneiros avait pris connaissance, mais également l’interprétation qu’il en avait faite ; interprétation qui l’avait tout naturellement mené à Serenos après des recherches acharnées durant de longues journées et de longues nuits.

Depuis, plus personne ne dormait à Meisa – et il s’en amusait beaucoup, imaginant les supplices les plus délectables pour la populace de cette contrée. Ah, qu’il aimait les regarder se tordre dans leurs sommeils, et crier, et pleurer, et leurs yeux se cerner, et leurs regards se vider.
Épuiser une population pour mieux abattre un roi : un petit classique de l’art de la guerre.

- Oneiros !
- Bordel de m-

Une chute malencontreuse lui coupa la parole. Mine de rien, ça l’épuisait, tout ça. Il avait hâte d’en finir.  « Boarf, les humains, ça s’écrase comme des cafards ». Remettant en ordre sa tenue – un kimono relativement sobre, noir et pourpre – il se dirigea vers la porte et l’ouvrit vivement, pour mieux faire face à sa demi-sœur.

- Tiens, Chryséis. Ça faisait longtemps. Que me vaut ce plaisir ?

Le ton était doux-amer, doucement insolent.
« Modifié: mercredi 04 décembre 2024, 18:54:00 par Oneiros »

Serenos I Aeslingr

Modérateur

  • -
  • Messages: 2365


  • FicheChalant

    Description
    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : L'Éclat [Oneiros]

Réponse 2 jeudi 05 décembre 2024, 01:12:52

– Tiens, Chryséis, dit-il avec son air un peu désinvolte, comme s’il ne s’attendait pas à être dérangé dans ses activités extracurriculaires. Ça faisait longtemps. Que me vaut ce plaisir ?

Chryséis, comme leur commun paternel, était revêtue d’une robe rouge qui semblait presque inappropriée pour une divinité de guerre, mais qui sublimait l’adage que les Enfers n’avaient pas de pire furie qu’une femme dédaignée. La bilieuse Chryséis était femme de sang chaud, d’action et, surtout, de réaction. La patronne des colères justes et des tempêtes, comme les concepts qu’elle représentait, ne supportait pas d’être ignorée. Une chose que, jusqu’à maintenant, Oneiros s’était bien gardé de lui infliger, soit parce qu’il l’aimait, la craignait ou préférait ne pas être distrait de ses projets, connaissant fort bien le caractère irascible et persistent de cette femme.

– Ce qui te vaut le plaisir, mon bien-aimé frère, c’est que tu causes des crises d’angoisse à Harmonie. Qu’est-ce que tu trafiques ? Voilà des semaines que tu es cloitré ici.

La déesse leva alors une main et posa un doigt sous le menton d’Oneiros pour venir chercher son regard du sien, puis elle lui enfonça le pouce et l’index dans la bouche pour agripper entre ses doigts sa langue insolente et menteuse, comme pour le prévenir, par ce geste, qu’elle la rendrait inutile s’il osait lui faire l’erreur de lui mentir.

– Des nuages noirs et une odeur de misère, je t’ai déjà vu t’acharner sur un mortel, mon frère, mais je sens les tourments de plusieurs milliers de personnes. Ça, mon chéri, ne passe pas inaperçu. N’as-tu pas appris, mon frère, du supplice de Demeter ? Si Zeus constate ce que tu fais, ce qu’il a infligé à sa propre chair, il te l’infligera avec la même hargne.

Le mythe de Demeter, tel que raconté par les mortels, supposait qu’à la suite de l’enlèvement de sa fille Perséphone, et de caractère mélancolique, elle serait à l’origine de l’hiver qui succède à l’automne et précède le printemps, au cours duquel son enfant lui reviendrait, garantissant ainsi le retour des vents chauds et de la repousse de la fleur et de la vigne. On dit que l’hiver était simplement le résultat d’une entente entre Hadès et sa sœur, une entente pacifique et cordiale entre frère et sœur, qui voyait donc Perséphone partager son année entre son mari et sa mère bien-aimée.

La réalité, c’est que cette entente avait été originellement rejetée par Demeter, qui comptait bien tuer l’entièreté du monde si on ne lui rendait pas sa fille. Elle fit l’erreur, cependant, de ne pas tenir compte de la tyrannie même de Zeus qui, voyant les mortels desquels son pouvoir et celui de ses semblables dépendait s’éteindre peu à peu et cessant de leur offrir tribus, sacrifices et rituels, aurait personnellement châtié Demeter pour son insubordination. Les cris de douleur de la mère des saisons étaient si sonores et son supplice si cruel qu’Hadès lui-même intervint pour protéger sa sœur de la folie de leur Roi, et Perséphone supplia sa mère de consentir à l’entente, de peur de la voir être anéantie pour de bon. C’est la bienveillance d’Hadès et l’amour de Perséphone qui sauvèrent, finalement, la déesse de sa propre rancœur contre l’humanité et Zeus, et donc elle accepta cette entente.

Depuis lors, aucun dieu ne pouvait même songer à causer une catastrophe de grande envergure qui pourrait mener à mal le pouvoir divin. Même les tourmentes de Chryséis et ses châtiments divins étaient fortement limités, et même Demeter se vit forcée de faire des concessions à sa déprime en épargnant l’équateur de ses humeurs.

Chryséis, a ce moment, agissait à titre de sœur, pas en tant que Déesse, et en tant que sœur, elle voyait comme son devoir de ne pas laisser son frère s’attirer la colère de Zeus, parce que si celui-ci était prêt à remuer ciel et terre pour s’épargner les conséquences de ses actions, notamment la furie d’Héra, même celle-ci n’avait pas le pouvoir d’arrêter Zeus dans sa rage aveugle.

En même temps, considérant ce que le pouvoir divin gardait à distance, notamment des créatures plus anciennes et terrifiantes encore que les titans eux-mêmes, Chryséis ne pouvait s’empêcher de croire que Zeus avait de bonnes raisons de vouloir conserver ce pouvoir.

Elle relâcha alors la langue de son frère et glissa une main contre sa joue, puis sa nuque, et l’arrière de sa tête, l’attirant vers elle et posant son front contre le sien. Les dieux ne voyaient pas nécessairement le temps de la même façon que les humains car ils étaient des dieux, donc le temps était soit sans importance pour eux, ou alors délibérément alien à leurs sens et perceptions, mais même sans cette mesure, Chryséis et Oneiros étaient deux très jeunes dieux. Chryséis voyait donc Oneiros comme son protégé, son comparse.

– Est-ce que tu as parlé à sa Majesté de tes projets, mon Oneiros ? demanda-t-elle d’une voix qui se voulait calme et posé, malgré l’anxiété qui se cachait derrière les traits de la déesse.


***

– Alors ? fit le Roi en tapant du pied.

La princesse pythie leva des yeux froncés vers son père et son impatience qui, loin de la motiver à donner le meilleur d’elle-même, semblait l’engager dans un potentiel chemin de violence qui se solderait par son pied nu écrasant son visage de grincheux.

– Eh bien, cher père, j’ai presque réussi à faire contact avec cette personne…

– Cette « chose », corrigea le Roi sur un ton un brin suffisant.

– Cette chose, voilà. Cependant, pour une raison ou pour une autre, son attention n’est plus sur nous. Donc, je l’ai perdue.

À cette annonce, un lourd soupir chargé de sous-entendus échappa au Roi de Meisa, qui pinça les lèvres trop tard pour le garder dans son secret. Il n’était pas nécessairement frustré envers elle, bien que ce fût encore ce qu’elle ressentit compte tenu de ce laps de temps fort trop opportun où il l’avait lâché, mais savoir qu’il y avait effectivement quelque chose qui avait l’œil sur eux, que ce soit un grand esprit, pire ou autre, ne pas avoir été en mesure de se préparer et de le contrer lui était fort préoccupant. Grand nombre de choses dépendaient de son peuple, et cela ne se limitait pas à son pouvoir ; il avait besoin de gens pour travailler les terres, cultiver les vignes, garder les routes, guider les navires. Si toutes ces personnes devenaient mentalement instables ou décédaient, il ne donnait pas cher de son royaume.

Encore une fois, quelque chose de surnaturel menaçait la quiétude de son royaume, et cela veut dire que, dans peu de temps, des doigts se pointeront, et à tous les coups, comme à l’habitude, ce seront les mauvaises personnes qui seront accablés d’accusations, et il savait que cela voulait dire que le sang n’allait pas tarder à couler, des justes comme des injustes quand les premiers se défendront.

Aeslingr père resta un moment interdit, ses mains jointes, les doigts entrelacés  devant lui, alors qu’il réfléchissait ; comment procéder ? Comment découvrir un ennemi qui ne se découvre pas ? Comment aller de l’avant avec une contre-attaque ou une protection s’il n’était pas même en mesure d’en déterminer la cause ou le fonctionnement ? Comme toute magie, le pouvoir des esprits avait des règles qui, bien que fort différentes des siennes, pouvaient forcément jouer en leur faveur, mais cela dépendait déjà du type d’esprit, de son calibre et simplement de sa nature ; était-ce un esprit, d’ailleurs ?

– Père ?

Serenos leva la tête et chercha du regard la source de cette voix ; c’était Aldericht qui avait parlé. À son air interrogateur qui suivit le geste, le prince enchaîna immédiatement :

– Peut-être serait-il plus judicieux de laisser ma sœur tranquille. Je crois que vous avez besoin de méditer, non ? Je tiendrai compagnie à Laurelian, et si quelque chose se présente, je vous en alerterai.

– Hm, oui, peut-être, fit le Roi dans un souffle. Je crois que je vais me recueillir dans le jardin de la Reine.

– Ah, voilà une bonne idée, dit le prince d’un hochement de la tête. Et passez-lui le bonjour !

Convaincu que la proximité avec la sépulture de sa mère donnerait au Roi une sérénité qu’il avait fort besoin, car il ne pouvait imaginer un endroit plus calme dans tout le palais pour calmer ce sang rouge et bouillant qui traversait ses veines, Aldericht n’avait aucune objection à offrir.

Les Meisaens n’avaient pas une grande sympathie envers la superstition, préférant de loin s’accrocher à des choses vraies et concrètes, des choses prouvées et palpables, d’où le fait que c’est un peuple qui, normalement, est très hésitant à attribuer tout phénomène rencontré à la magie, que ce soit ou non à leur bénéfice. La magie était, à son tour, quelque chose de concret, mais si peu connue et surtout traitée comme une entité surnaturelle, poussant le Meisaen à ne reconnaître une intervention magique qu’en cas d’absence de toute autre possibilité. La mort, et de ce fait l’âme des gens, avait depuis longtemps été démontré comme un fait réel, pas une question de foi ou de croyance.

Une fois le Roi disparut derrière la porte et avoir entendu son pas distinct disparaître dans les escaliers qui le mèneraient au reste du palais, Aldericht agrippa le fauteuil où il était assis, l’approcha de sa sœur et y prit place de nouveau.

– Tu crois que c’est une autre catastrophe qui se dirige vers nous ?

– Peut-être, admit-elle en s’adossant plus confortablement à son fauteuil, presque de biais en posant son dos sur l’accoudoir, agrippant une grande pipe à fumer posée sur la petite table ainsi qu’une poudre argentée qu’elle bourra dans le foyer, avant de poser ses pieds sur la cuisse du prince et d’allumer le contenu de sa pipe avec un petit briquet d’argent. Mais qu’importe ; si le destin est écrit, Meisa ne tombera pas avant son heure, et s’il ne l’est pas… eh bien, bonne nouvelle pour tout le monde. Sauf ceux qui vivent dans Meisa, bien sûr.

Elle tira sur sa pipe et inhala la fumée toxique qui se propagea de la chambre à la lentille, laissant la substance descendre de ses lèvres à sa gorge, puis remplir ses poumons, avant de relâcher le tout dans une volute de fumée dont les particules étincelèrent dans la lumière du soleil comme une constellation d’étoile.

– Ne prétends pas que cela ne t’affecte pas, Shion.

Utiliser le nom d’esclave d’une femme, surtout une princesse, constituerait sans l’ombre d’un doute une insulte à une autre personne, mais la princesse de Meisa semblait avoir une affection particulière pour cette époque où, à défaut d’être libre, elle n’était au moins pas suffoquée par le regard de plusieurs centaines de milliers d’étrangers, dont une bonne fraction n’attendaient que de la voir causer un autre scandale pour agrémenter leurs discussions, donc elle n’en fit aucun cas, jouant des orteils sur la cuisse d’Aldericht.

– Devant père, montre-toi aussi distante que tu le souhaites, mais ne te cache pas derrière un voile d’indifférence devant moi. Si tu vois en moi un ami, tout du moins.

– Je le vois, dit la Princesse en tirant sur sa pipe, ses épaules s’affaissant sous l’effet de la drogue qui se propageait maintenant dans son corps. C’est pour ça que je te le dis ; ne t’inquiète pas. Ce qui est inévitable arrivera, mais ton père sera victorieux, au final. Il est destiné à une mort fort plus… intéressante.

– Je n’aime pas quand tu en parles de cette façon.

– Tu préfères que je te parle de la mienne ?

– Non.

Elle sourit et leva un pied pour lui toucher le menton, geste qu’il répondit avec un geste de la main pour l’éloigner de son visage.

– Et si j’ai envie d’en parler ? demanda la princesse.

Aldericht l’observa un moment, mais devina à son visage qu’elle ne cherchait qu’à le faire tourner en bourrique.

–  Tu n’en as pas l’intention.

Eyn, admit-elle avec un sourire. Mais j’aime que tu l’aurais fait si je le voulais.

Le prince soupira.

– Continue simplement de surveiller l’astral. Dis-moi si tu perçois quelque chose.


***

Grymauch Aeslingr posa le pied à terre devant la chaumière, agrippant les rennes de son cheval pour que le brave frison ne se fasse pas l’idée d’aller visiter les neiges voisines.

– Hé là ! dit-il en s’avançant jusqu’à la porte. Il y a quelqu’un ?

Aucune réponse.

– Maître Trepan ? Madame Boda ? appela-t-il encore en poussant doucement la porte, une main glissée sous son manteau pour trouver le manche de son poignard.

Il ne craignait pas d’être attaqué, mais il avait assez d’entraînement en lui pour savoir qu’il préférait, et de loin, devoir des excuses pour une entrée armée que de regretter d’être entré sans préparation.

Voilà plusieurs maisons qu’il fouillait, et celle-ci était la demeure du seigneur nordien local, le chef du clan. Ce n’était pas un grand clan, limité simplement à la famille rapprochée du seigneur et sa famille étendue, mais ils étaient quand même bien connus pour l’hydromel produite dans ses hydromelleries, et donc avait forte bonne réputation chez leurs clients, desquels ils étaient non seulement appréciés mais dont ils jouissaient une confiance inestimable. Autant dire que lorsque leurs dernières livraisons d’hydromel n’était jamais arrivée, sans une lettre ou un message par messager pour informer d’un délai préalable ou après les faits, les gens s’étaient inquiétés qu’il aurait pu leur arriver malheur.

Et le voilà devant leur maison.

Il ne fit pas un pas dans la maison ; la porte vola en éclat et il sentit quelque chose lui foncer dessus. N’ayant pas le temps de s’écarter, il préféra encaisser le coup, et sentit ses pieds quitter le sol alors qu’il se retrouvait projeté sur quatre mètres. Il parvint à atterrir sur ses pieds sans perdre l’équilibre, et il vit foncer à toute vitesse vers lui une créature fort étrange ; complètement noire, avec des yeux rouges comme le sang et une gueule de laquelle jaillissait des flammes.

Derrière lui, deux hommes se ruèrent à ses côtés ; Ansglangr et Shertheing, deux massifs gaillards du Nord. Devant la créature, les deux hommes se jetèrent un coup d’œil, puis vers leur chef.

– Chef, qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Ansglangr en pointant le monstre.

– C’est un cauchemar, dit Grymauch en tirant son épée.

– Ah non, seigneur, moi, un cauchemar, c’est ma femme ! railla l’autre.

– Un esprit de misère, abruti ! mais qu’importe ! ne le laissez pas passer !

Le cauchemar se dressa alors sur ses pattes arrières et, faut d’un meilleur mot, il poussa un hennissement semblable à celui d’un cheval, et il fonca droit vers eux, son visage allongé montrant alors une série de dents acérées que Grymauch sût immédiatement ne pas vouloir dans sa chair.

– Eh bien, je crois qu’on a là une des créatures responsables des morts récentes…

Oneiros

Dieu

Re : L'Éclat [Oneiros]

Réponse 3 dimanche 08 décembre 2024, 11:35:12

L’orgueil et la colère.
Oneiros avait hérité de ces deux défauts puissants que partageaient son père et sa mère. Certes, il était courant d’admettre qu’il s’agissait là de deux défauts typiquement divins, mais il fallait reconnaître qu’une déesse comme Héra les incarnait avec une certaine grandeur.
Depuis sa naissance, orgueil et colère fermentaient en lui : non seulement sa personnalité s’y était enracinée, mais c’était là les deux pans du tempérament du jeune dieu les plus sensibles et les plus inflammables. Oneiros avait une très haute opinion de lui-même : il était après tout le fils de la reine des divinités olympiennes, celle devant laquelle on courbe l’échine avec déférence, et du dieu de la guerre dont le nom fait trembler ses plus féroces ennemis. Il caressait le rêve secret d’un jour susciter les mêmes réactions ; en somme, d’être respecté parce que craint par une humanité qu’il méprisait franchement et dont la seule valeur, à ses yeux, reposait sur la dévotion dont ils pouvaient faire preuve vis-à-vis de leurs dieux et déesses. Ce trait de sa personnalité chagrinait Héra, même si elle était lucide sur ce point : elle avait eu autrefois exactement la même opinion que lui sur les mortels. Seule sa petite escapade parmi eux lui avait permis de changer d’avis ; elle en était revenue plus humble. Néanmoins, elle n’avait jamais réussi à agir sur l’opinion désastreuse – à son sens – de son fils ; il considérait d’ailleurs la « fugue » de sa mère comme une marque de faiblesse.

Oneiros écouta Chryséis non sans froncer les sourcils, particulièrement au moment où cette dernière lui pinça la langue entre ses doigts. Le geste, s’il était familier, était vécu comme humiliant pour le jeune dieu ; humiliation renforcée par la demande de sa sœur. S’il comprenait qu’elle puisse chercher à comprendre ses projets et ses intentions, l’idée même de devoir rendre des comptes le répugnait au plus haut point.
Il était un dieu, merde, et pas n’importe lequel : le fils de la reine des divinités.
Le jeune dieu recula sa tête, échappant à l’étreinte de sa sœur. Elle put constater, à ses traits froissés, qu’elle l’avait fortement contrarié.

- Zeus n’a pas la bêtise de ma mère, quand on parle des mortels, répondit-il en esquissant une sorte de grimace de dégoût au moment de prononcer ce dernier mot.

Nul besoin de préciser qu’il n’aurait jamais assumé de dire cela devant sa mère. Héra avait beau aimer son fils, elle n’avait aucun scrupule à user de châtiments corporels pour le remettre à sa place.

- Je vais te raconter une histoire, Chryséis.

Joignant le geste à la parole, Oneiros fit apparaître un cumulonimbus au-dessus de leur tête, invitant sa sœur à lever les yeux au ciel pour assister à une projection onirique sur la surface nuageuse. Elle put voir apparaître une forme qui, peu à peu, se fit plus nette : la prophétesse en larmes, sur le sol de son temple, levant les yeux vers le dieu pour prononcer la prophétie fatidique annonçant la venue d’un être qui ravagerait Olympe – et que seul Oneiros parviendrait à vaincre. L’image de la prophétesse disparut, pour laisser place à une vue aérienne de Meisa.

- Meisa : tu connais ce royaume, non ? Celui qui règne dessus est décrit comme un destructeur – le messager de la fin de temps. Il est, d’après la prophétie, celui qui mettra fin au règne des divinités. Lorsque son règne viendra, tout sera destruction. Alors, il viendra pour nous, les dieux et déesses de l’Olympe ; il viendra pour nous détruire, car il aura le pouvoir de le faire.

On pouvait sentir une forme d’inquiétude solennelle dans la voix d’Oneiros, comme s’il avait pris conscience de l’importance d’une situation, s’apprêtant à agir avec la sagesse d’une profonde maturité. Quiconque le connaissait pouvait néanmoins en douter.

- J’en ai parlé à notre souverain, bien entendu – enfin, je lui ai parlé de Meisa, je ne lui ai pas dressé tout le tableau. Je lui ai demandé s’il tenait à ce royaume, et comme il réagirait si, par mégarde, il venait à disparaître. Tu sais ce qu’il m’a dit ? « Pfeuh, ce ne sont que des mécréants – qu’ils vivent ou qu’ils crèvent, peu importe ». Alors, j’ai pris cette initiative pour nous sauver, chère sœur : infecter Meisa de mes plus sombres cauchemars pour vider le royaume de sa substance, et n’en laisser que des ruines hantées par des fous.

Alors qu’il s’apprêtait à ajouter un mot, quelque chose dans le nuage se brouilla. Le cumulonimbus s’étendit dans toute la pièce, descendant sur Oneiros et Chryséis pour les envelopper de sa fumée sombre et cotonneuse ; une texture si dense qu’ils ne pouvaient plus se voir, perdu dans une sorte de brouillard traversé ici et là d’éclairs. Le jeune dieu ne savait pas si sa sœur était habituée à ce genre d’évènements ; aussi prit-il l’initiative d’attraper son poignet, un geste maladroitement tendre. Et là, la Princesse de Meisa se matérialisa, comme si elle se tenait à leurs côtés.
Les sourcils froncés, Oneiros mit un petit moment avant de comprendre ce qu’il était en train de se passer. Quand il comprit qu’une petite mortelle venait de s’inviter dans son aile du palais, dans son nuage, dans son monde, la colère monta en lui aussi vivement que violemment. Le jeune dieu se jeta sur elle, attrapant sa mâchoire entre ses doigts pour la serrer, tout en plongeant son regard noir dans le sien.

- Tu oses approcher des dieux sans leur accord, mortelle ?

Là, il venait d’utiliser sa voix de dieu – vous savez, la voix caverneuse et profonde qu’ils prennent quand ils veulent faire peur aux humains. Les doigts d’Oneiros se déplacèrent sur le visage de l’humaine, plongeant dans ses cheveux, les tirant en arrière dans un geste vif pour la forcer à relever le visage. C’est alors qu’il injecta dans son esprit son pire cauchemar.

Une façon de la punir pour son outrecuidance, mais aussi de révèler son identité : elle faisait face à la divinité des songes, et pouvait reconnaître dans l'empreinte qu'il laissait sur elle la marque des dieux olympiens.


Chryséis

Dieu

Re : L'Éclat [Oneiros]

Réponse 4 mercredi 11 décembre 2024, 19:44:48

À la connaissance de Chryséis, il n’y avait que six personnes parmi les divinités de leur panthéon qui pouvaient se permettre de telles libertés de langage à l’égard d’Héra, et elle était sûre, de ce savoir, qu’Oneiros n’y figurait pas, donc elle dût se mordre la langue pour ne pas lui pincer la langue plus fort.

Elle le voyait froissé. Bien. Au moins s’assurait-elle d’avoir son attention, ne serait-ce que pour la durée de cet agacement. Certes, Oneiros était le fils d’Héra, le fils d’une Reine, et de là, il en tirait une grande fierté, et parfois un dégoût prononcé pour la sagesse d’autrui, mais il oubliait souvent que cela ne faisait pas de lui un prince de l’Olympe. Pas qu’il y ait vraiment un concept de famille royale parmi les dieux, auquel cas Arès aurait peut-être droit à un peu plus de respect, et même Chryséis se retrouvait souvent à apporter sa divine colère sur la tête de son père, chose qu’elle ne ferait pas nécessairement sur Zeus, par exemple.

Il lui expliqua alors ses motivations. Qu’en Meisa, une prophétie s’était annoncée d’un nouveau destructeur, une entité qui, selon Oneiros, viendrait pour détruire les dieux, et pour rajouter à la surprise, il révéla même que Zeus lui-même avait donné son accord pour l’extermination d’une nation au complet. À cette annonce fort inattendue, ayant le mérite de n’avoir entendu que deux événements où une intervention divine avait été sanctionnée par le souverain des cieux, un bref instant de rage scintilla dans les yeux de la déesse, qui pressentait la colère juste et débridée d’une population ostracisée et attaquée.

– Je vois qu’encore une fois, les catins d’Apollon se paient la tête des dieux, et les mortels seront ceux qui paient le prix des ambiguïtés, cracha Chryséis en serrant le poing, posant un regard accusateur sur l’image de la prophétesse. Je te connais assez pour savoir qu’il est inutile de chercher à te dissuader, mon Oneiros bien-aimé, car tu as hérité de notre souveraine ton esprit fort et de notre père ta dévotion à tes causes, m-

Quelque chose apparut alors, dans le domaine même d’Oneiros, et Chryseis s’interrompit dans un cri de surprise, et sentant la main de son frère autour de son poignet, elle se reprit immédiatement, sondant les ténèbres du cumulonimbus, jusqu’à voir une petite forme lumineuse, brillante comme un flambeau dans la nuit, qui se matérialisa devant eux. En y focalisant son attention, faisant fi de l’éclat projeté dans le monde divin par le plan astral, Chryséis vit une silhouette ; une femme. Une jeune femme.

Dans sa rage, Oneiros bondit, comme un fauve, sur la petite mortelle ayant enfreint son domaine, mais Chryséis vit la surprise dans son regard ; quoi qu’elle eût l’intention de faire, elle ne s’attendait pas à se trouver en ce lieu, ou du moins pas par exprès.

– Oneiros ! fit la voix de Chryséis alors que le Dieu déversait son aura sur l’esprit de la pauvre mortelle.

La petite lumière danse émit un cri de terreur, alors que son esprit était envahi, encore et encore, de sa plus terrifiante vision, celle qui hantait constamment ses cauchemars et qui la laissait horrifié d’ouvrir les yeux.

Elle aurait pu rester là. Laisser cette créature insignifiante être éteinte par la puissance du Dieu. Rien n’aurait pu être plus facile. N’avait-elle pas elle-même éteint plus d’une vie ? N’avait-elle pas même encouragé la mort de son passage ? Thanatos ne l’avait-elle pas nommée « Chryséis aux mains de sang » plus d’une fois ? Qui était-elle pour juger son frère, pour intervenir ?

Elle ne comptait pas bouger. Elle n’en avait pas l’intention. Et pourtant, entre deux clignements d’yeux, elle se rendit compte qu’Oneiros et sa victime étaient beaucoup plus près qu’auparavant. Sa main se leva et agrippa Oneiros par le col de son hakama et l’écarta brutalement de la femme lumière, alors que de l’autre main, elle bannissait la mortelle du plan divin et du plan astral, probablement plus violemment qu’elle ne comptait le faire pour l’un comme pour l’autre.

Elle regarda alors Oneiros, et sachant que son intervention ne serait pas chaleureusement accueillie par son frère, elle relâcha son hakama. Elle ne pouvait faire autrement ; il était de sa nature de venir en aide aux faibles, ceux qui étaient même à l’origine de son existence. Tout comme il était dans la nature d’Oneiros et de Zeus de tyranniser ceux qui s’opposaient à la suprématie divine.

– Je suis désolée, amour, dit la déesse en s’armant d’un masque solennel. Mais si mon cœur décrocherait la lune pour toi, et si je ne peux que comprendre ta motivation, je ne peux pas te laisser faire. Il ne revient à personne, pas même aux dieux, de répandre aussi librement la mort, la destruction et la désolation.

Opinion, somme toute, assez controversée pour une divinité, dont la plupart avait répandu des pestes et des fléaux, donné et arraché leur faveur aux mortels pour quelque chose d’aussi infime qu’un mot déplacé ou un malentendu.

Elle aurait voulu lui prendre les mains, lui demander de comprendre, mais pour être honnête, elle ne croyait pas qu’il le pourrait.

Rappelons que Chryséis, malgré les apparences du moment, aimait Oneiros. Bien qu’il n’y avait pas beaucoup de raisons de l’aimer ; son frère, à défaut d’un meilleur terme, était un des êtres les plus turbulents, téméraires et probablement imbus d’eux-mêmes. Mais elle l’aimait, avec tendresse, autant ou sinon plus qu’Héra elle-même ne l’adorait.

Elle l’aurait combattu, là et maintenant, si cela lui était possible, mais elle était ici chez lui. Elle avait déjà enfreint les règles de l’hospitalité en mettant la main sur lui, chose qui était sûr de causer une syncope nerveuse à un Zeus enragé.

– Pour les mortels de l’Ayshanra, que tu vises de tes fléaux et plaies, je déclare une Troïade ; comme tu as déjà porté les premiers coups, et avec l’approbation de notre maître et souverain, je me battrai avec un désavantage.

Une Troïade était le terme employé par les Dieux pour signaler un conflit entre eux. Une civilité, en somme, qui laissait savoir que ce n’était pas un conflit personnel, mais divin, et qui permettait à des dieux de natures opposées ou d’Intérêts divergents de se départager sans en venir à un déicide. Comme à l’époque de la Guerre de Troie, les dieux se rangeaient de chaque côté selon leurs intérêts, et pouvait faire, à outrance, autant d’interventions divines que requis pour assurer leur victoire.

En temps normal, ces conflits ne voyaient pas un déséquilibre entre les intervenants divins ; fort peu de dieux étaient intéressés à intervenir dans les affaires des mortels, et certains, depuis la guerre de Troie, comme Artémis, Apollon et Demeter, avaient même résolu de ne plus jamais participer à une Troïade. C’était même, selon les plus grincheux, un jeu de jeunes dieux.
You shall experience the meaning of my Wrath!


Répondre
Tags :