Un goût amer, âpre même, restait en travers de la gorge d'Harley. Depuis la trahison de Captain America, elle s'était isolée du monde pendant un certain temps. Il faut dire que cet enculé, il lui a fait à l'envers. Elle s'amusait bien au parc, il est arrivé, ils se sont amusés, puis la maison poulaga est arrivée, a tout fichu en l'air ! Zéro amusement, nada, niet ! KEUTCHIWALOU ! Puis après, il a sorti son lot de baratin. Gnagnagna, j'ai fait en sorte que le camion qui te retenait soit détourné. Gnagnagna, j'ai trouvé une cachette mais c'est un taudis façon Resident Evil. Gnagnagna, crois-moi, j'suis toujours ton pote ! Mon cul, ouais ! Rien que d'y penser, ça lui donnait la nausée, ainsi que la grande envie de le retrouver et de lui casser la gueule. Il l'aurait amplement mérité, le salaud ! Il avait même raconté que Biquet était en prison aussi, alors pourquoi il avait cherché à la libérer ? Pour se la faire, hein ? Bah ouais, tout est une histoire de cul là-dedans. C'est toujours ça de toute manière. Le cul et les écus ! Haaa, il voulait se faire la belle Harley, et bah il l'a eu où j'pense ! Dans l'os ! Maintenant, il doit se ronger les ongles et le frein. Bien fait. Pfeuh.
Toujours bougonne, la blonde traînait ici et là, tantôt dans des taudis, tantôt dans des appartements ou chambres d'hôtel, plus ou moins luxueux, voire pas du tout. Tout dépendait des recettes de ses larcins. Après le souci avec Captain, l'Arlequin devait se faire discrète, car elle était toujours recherchée pour intrusion dans une propriété privée, meurtres et délit de fuite. Cela lui coûterait cher si elle se faisait attraper. Mais elle savait parfaitement se fondre dans la masse, Harley, l'adepte du déguisement et du maquillage.
Ce soir-là, elle avait entendu parler d'une soirée dans un club, avec pour thème « Héros et Vilains ». Mmh, elle s'était un peu renseignée pour savoir si c'était des personnages historiques ou quoi. Qu'elle fut sa surprise de savoir que les gens pouvaient se déguiser...en elle. Paaaaaardon ?
« Depuis quand j'suis vilaine ?! Biquet a toujours dit que j'étais une bonnasse!
Une étincelle...Un brin de génie parcourut son cerveau malade, lui procurant un sourire magnifique. S'il allait y avoir des héros, il y aurait également des vilains, et donc possiblement le Joker. Bien sûr, il y avait un risque qu'il n'y ait que des pâles copies, mais si ça se trouve, son Biquet y sera ! Ce serait son genre de s'inviter à une fête dont il n'a pas réellement été invité. Il s'amuserait même avec ses doubles, avec ceux de Batou et j'en passe. Cela pourrait finir en feux d'artifice ! Non, ne cherchez pas. Harley a toujours fait des plans sur la comète, et quand elle s'emballe pour quelque chose, plus rien ne l'arrête. C'était décidé. Ce soir, elle ira à cette fameuse fête, déguisée en elle-même, et elle croisait les doigts, les orteils et les nichons pour avoir la chance de tomber sur son amour...
Dans les toilettes du Mc Donald's, la jeune blonde avait pris soin de mettre sa tenue d'arlequin si célèbre, de noir et de rouge, mettant sa collerette blanche. Tirant sa longue chevelure blonde, la coiffant en couette, la demoiselle prit soin ensuite de se poudrer le nez...Enfin, pas que d'ailleurs. Toute la face, pour ainsi dire. Pouch par ci, pouch par là, et abracadabra, la faça touta blanca ! C'est pas français, je sais ! On pose le petit masque noir puis, avec précaution, elle arrange sa coiffure pour qu'elle épouse les pompons qui ornent sa capuche. Cling ! Cl-cling! Parfait ! Ah non, il lui manquait le sourire de folle à lier. Sortant de sa poche un petit rouge à lèvres, elle assombrit ses lèvres pulpeuses. Voilà, là, c'est parfait.
Bien sûr, quand elle sortit de là, plein de gens vinrent la voir pour faire une photo avec elle. Miss Quinn fit tout de même vite pour ne pas s'encombrer ou même attirer les flics. Fiça, elle se rendit au lieu de la fête et...C'est vrai que c'est plein de Batman, Catwoman, Captain America...C'est une grimace de dégoût qui tira les traits du visage blanchâtre de l'Arlequin. Que des têtes d'abrutis. Au moins, elle ne vit personne qui lui ressemblait. De toute manière, il ne pouvait y avoir qu'une seule Harley Quinn, pardi ! Ainsi qu'un seul...
« Biquet ? », murmura-t-elle.
Ses yeux bleus papillonnèrent, incrédule. Alors oui, elle y avait pensé mais le voir là. Rêvait-elle ? Possible, hein, on ne sait pas ce qu'il se passe dans un esprit aussi déluré, pour ne pas dire malsain, que celui de cette fausse Harley ? D'un pas mal assuré, la blondinette s'approcha de sa cible, celle-ci l'ayant invité d'un clin d’œil. Et j'espère que c'était bien une invitation, parce que de toute façon, elle vient, elle arrive, elle est là. Plantée devant la personne, de nouveau, elle bat des cils comme pour se dire que c'est réel.
« B...Mh... »
Harley était tiraillée entre sourire et bouder, vérifier que c'était le bon ou faire semblant, l'embrasser ou l'engueuler, lui parler ou l'éviter. Bouder semblait être la meilleure solution pour elle, croisant ses bras sous sa poitrine, la mine renfrognée, sans ciller du regard.