La vie est une chienne.
Une saloperie, du genre à vous faire croire que vous allez recevoir des bonbons à votre prochaine sortie, alors que finalement vous prenez dans la face que le père noël n'existe pas en même temps que le divorce de vos parents. Autrement dit, la vie est un bon gros doigt adressé à tout être doué d'une conscience, quelque chose qui est naturellement le cas de Koda. Alors bon, il est tout à fait vrai que le jeune homme ne s'était pas vraiment fendu d'une activité scolaire exemplaire depuis les deux derniers mois. Il était tout aussi vrai que sa propension à étudier une fois chez lui n'était pas non plus bien vive, ce qui se résumait à relire une fois son cours les weekends avant d'aller se permettre quelques heures de distractions bien méritées. Mais pourtant, le jeune homme pensait, actuellement, qu'il était sincèrement en droit d'en vouloir au monde pour ce qu'il vivait. Pour ce que l'on lui forçait à vivre même plutôt, car oui, ce n'était pas seulement une provocation du destin, non ! C'était, surtout et avant tout autre chose ... une provocation du système éducationnel.
Car le jeune homme avait été inscrit de force aux cours du soir. De FORCE ! Il n'avait même pas eut son mot à dire, ni même exprimé éventuellement l'intérêt de s'y présenter, pourtant l'éphèbe avait reçu sa convocation il y a deux jours, l'accueillant comme il se doit alors par un flot de grossièretés. La responsable de cette trahison, il avait mis un peu de temps à la trouver. Il faut dire qu'elle avait été vigilante la garce, profitant du fait qu'ils n'aient pas de cours ensemble la veille pour ne pas lui donner l'opportunité de se plaindre ou de contester cette convocation. Toutefois, dans la matinée, le jeune homme avait finalement acquis l'information cruciale qu'il recherchait, mettant le doigt sur un nom, une professeure qu'il appréciait pourtant, mais qui venait de bien tristement le trahir :
Ubechi Kusino.
Professeure de Physique Appliquée... dont la moitié de la classe voulait pratiquer son physique. Il faut dire que cette toute jeune enseignante sortit tout juste de ses études. Tout au plus avait-elle sept ou huit années de différence avec ses élèves, ce qui donnait méchamment envie à certains. Pour ce qui était de Koda, l'idée ne l'avait pas vraiment effleuré, lui qui normalement préfère éviter les soucis immédiats. Par contre, maintenant qu'elle venait de le provoquer ouvertement, il ne comptait pas se débiner. D'ailleurs, ce matin déjà, il s'était présenté à son bureau, document en main, avant de finalement plonger son regard furibond dans les prunelles douces et calmes de l'adulte. Il lui avait demandé des explications, qu'il se doutait qu'elle était à l'origine de cette demande. Tout au plus, l'androgyne s'attendait à ce qu'elle perde un peu le contrôle, qu'elle soit déstabilisée par cette attaque frontale. A la place, elle lui avait sourit avec délicatesse, puis répondu ces mots, qui lui restaient désormais profondément ancrés en tête :
"
Tu as de magnifiques compétences Koda, et tu les gâches en en faisait rien. Donc, je te force à étudier. Et je serais là pour te surveiller, sois en certains ! Je refuse que ton talent soit foutu en l'air parce qu'aucun adulte ne décide à te prendre en charge. "
Que répondre à cela ? Rien... Sur l'instant, l'efféminé fut tellement prit de court qu'il ne put avoir la moindre réaction. Il l'observa, béat, avant de regarder la convocation, puis de retourner en direction de sa place, complètement séché. Voilà, le monde était une traînée lubrique, lui un vermisseau sans répartie, et il se retrouvait, le soir, en heure de travail supplémentaire. Quel enfer.
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* *
Dans les faits, le jeune homme aux cheveux lilas comptait les minutes. Les cours étaient fini depuis bien longtemps, le soleil s'était couché, et il n'y avait bien que la lumière fade et blafarde des luminaires de la salle de cours pour lui donner encore la capacité de rester éveillé. Il en était à son septième exercice, tandis que son enseignante, elle, était assise à son bureau, visiblement en train de corriger quelques copies tout en tapant il ne savait quoi sur son ordinateur. C'était l'enfer. Il rêvait de son logis, de son chat, et d'une bonne bière. À la place, il voyait qu'il lui restait encore une bonne heure et demie avant de pouvoir oser imaginer rentrer. Le silence était absolu, hormis quelques grincements de chaise, laissant présupposer que l'ensemble du lycée était désormais vide, résumant les deux acteurs de cette scène comme seuls occupants du campus. C'était assez déprimant. Quitte à se retrouver seul avec une femme, le damoiseau aurait préféré être autour d'une table, dans une situation plus intime. A la place, il se faisait garder à l'oeil comme un chaton de quatre mois, cumulant l'insulte à l'ennui.
Le tapotement des touches de claviers lui permettait toutefois de se rendre compte quand elle ne le regardait plus. Cela lui permettait de soupirer sans se prendre une réflexion, ou de se gratter le sommet du crâne sans qu'elle ne lui fasse remarquer qu'ils devraient déjà avoir les réponses. Tout était bon pour paraître un élève modèle pour qu'elle lui lâche la grappe, sans qu'il ne se doute que Mademoiselle Kusino n'avait clairement pas l'intention de le laisser fuir après une seule séquence de travail supplémentaire. Par ailleurs, quand Koda releva son regard en direction de cette dernière, il ne sut dire si elle était fatiguée ou non, pourtant il aurait aimé la voir perdre en vigueur. En revanche, il remarqua avec beaucoup d'amusement qu'elle était suffisamment préoccupée par autre chose pour ne pas se rendre compte qu'elle laissait voir ses dessous au travers de la fente de son tailleur. Une lingerie noire du plus bel effet, très classique toutefois.
Enfin bon, ce fut une observation qu'il ne put faire que sommairement, avant de remettre le nez dans ses études pour encore un moment.
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Sa montre se mit à biper, tirant le jeune homme de ses exercices. Il coupa le son de l'alarme, puis avec un long soupir s'étira, cherchant à détendre l'ensemble de ses muscles. Quelle horreur franchement, par bonheur tout cela était terminé ! Rabattant ses membres sur ses feuilles de travail, l'androgyne les rassembla en maugréant encore tout bas, puis tourna son visage vers son enseignante... avant d'ouvrir de grands yeux surprit. Elle ... Elle était endormie ! Couchée sur le bureau, Ebichu Kusino semblait être plongée dans un sommeil si profond que même le bruit pourtant élevé de la montre de Koda n'avait pas suffit pour la tirer de sa torpeur. Honnêtement, il n'en fallut pas plus pour que le damoiseau, la mine ricanante, quitte sa chaise sans un bruit avant de finalement se rapprocher de la nouvelle membre de l'éducation nationale. Dans les faits, il voulait l'observer de plus près, peut-être opérer à une petite vengeance, afin de se libérer du poids qu'il avait ressenti quand il n'avait su rétorquer face à la logique de sa professeure. Ce qu'il découvrit fut... autrement plus intéressant :
Arrivé sur l'estrade, il contempla l'écran de l'ordinateur personnel de son enseignante. Et sur celui-ci, il put non seulement remarquer une image que la morale réprouvait... Mais aussi un long texte dont la nature érotique était absolument indéniable. Ce qui avait été un enfer était en train de se transformer en une occasion en or. Une occasion que le damoiseau se refusait de ne pas immédiatement prendre en main.
Il prit une photo, puis deux. Quelque chose manquait encore pour en faire un outil de chantage absolument fantastique. Alors, délicatement, il ouvrit les boutons du chemisier de sa professeure, pour alors reprendre une pleine série de photo. Il n'avait plus qu'à attendre son réveil, ce qui fut bien trop long à son goût. Prenant une chaise, il la jeta dans la pièce afin de produire un horrible tintamarre, histoire de tirer en sursaut son aînée des songes qui l'occupaient tant.
"
Oh bonsoir madame Kusino, désolé, je vous dérange ? Apparemment ce n'est pas la pudeur qui vous étouffe ! "
Il ne manqua pas de jouer prodigieusement la marque de l'outragé, pointant sans aucune honte la poitrine de son enseignante, à peine protégée par son soutien-gorge du regard de l'étudiant.