Prête à relever le défi, la brune se fait impatience, à l’idée de connaître les attentes de l’employeur. Gonflée par son orgueil, l’échec n’est alors une option envisagée. Pour elle, c’est une route vers un salaire mirobolant qui s’ouvre, sans embûches ni obstacles contraignants. Mais la réalité s’annonce tout autre.
Et June aurait pu réussir. Débrouillarde, l’humaine a les capacités pour trouver et gérer de telles tâches… Mais en une journée ou une semaine, le temps de comprendre comment fonctionnent les différents logiciels installés, de s’habituer à ces derniers. Le délai donné est humainement impossible, à ses yeux. La frustration découle de son échec cuisant - perturbée par les nombreuses tâches, elle n’en a au final accompli aucune -.
Que faire dans une telle situation ? Si l’humaine ne tenait pas autant à ce salaire, une réponse insolente, à limite de l’irrespect serait naturellement sortie. Remettant en cause les propres compétences de son futur patron, lui demandant explicitement d'utiliser sa mémoire. Après tout, elle-même a été capable de se bouger jusqu’ici, de se souvenir du rendez-vous, sans avoir besoin de le noter.
Ose-t-elle vraiment comparer les deux situations ? Oui.
Mais elle est confrontée au silence. Aucun mot ne sort à l’issue des trois minutes ; elle tente tout de même d’accomplir une seule tâche afin de satisfaire son égo. En vain. June doit se confronter à cette défaite, l’accepter et ne pas remettre la cause sur l’employeur. C’est difficile, vraiment très difficile. Plus les secondes s’écoulent, plus ses pensées démontrent un profond agacement. Plus ses idées s’enfoncent dans l’insolence, à contre-courant de ce qu’elle cherche.
Et c’est là que l’illumination paraît. Avec son fiasco, il n’existe désormais peu de chance qu’elle soit retenue. Autant dévoiler le fond de sa pensée ? Déchirée entre la prudence, menée par des résidus d’espoir et la lassitude, l’honnêteté, poussée par la fatigue, finit par l’emporter, frôlant les limites de l’acceptable.
« Si telles sont les tâches que vous avez à confier, je ne peux que vous recommandez d’engager un robot. Vos demandes impossibles seront réalisables. »
Au final, on en revient au même ; ce n’est son incompétence qui a parlé, juste les attentes absurdes et irréalisables demandées. Son égo en reste blessé, humilié, elle qui s’imaginait déjà réussir la moindre demande avec une facilité déconcertante. Mais la solution se profile déjà : une nouvelle soirée de décadence. Ses malheurs seront oubliés, en quelques secondes à peine. Or, pour y accéder, lui fallait-il encore couper court à l’entretien.
« Et donc si vous n’avez plus besoin de moi, j’aimerais bien prendre le chemin de la sortie. »